Bonjour tout le monde, bienvenue !

Voici le premier chapitre de ma nouvelle fic, ma version du début de la saison 11 en réaction au final de la 10 ( je n'ai pas encore commencé la 11 d'ailleurs, pas avant d'avoir fini )

Alors, déjà, je ne tire aucun argent de cette histoire et les personnages ne m'appartiennent pas. Bla bla bla. Vive le partage, bon dieu de bon dieu !

Le titre de "Chaos" fait pour moi autant référence au chaos en lui-même qu'au chaos entre Dean et Sam. Je me concentrerais plus sur leur relation que sur les ténèbres, comme vous vous en doutez ;)

Comme beaucoup d'entre vous, j'ai été énormément touchée par le passage " Sammy close your eyes " et pour la première fois, moi qui pourtant en est souvent voulu à Sam tout en m'identifiant à lui, ai ressenti à quel point l'amour de Sam pour Dean était pur, bien plus pur en fait que celui que Dean éprouve pour lui, parce que son attachement à Sam est due aussi en partie à la mort de sa mère, à John... Et je me suis dit que pour Sam, tout avait dû s'écrouler à ce moment-là, même si Dean est pas allé jusqu'au bout. Donc j'avais besoin, pour une fois dans mes fics, que ce soit Dean qui soit un enfoiré de première et doive rattraper les choses. Je le dis, je l'avoue : i love Sam Winchester. And supernatural. De tout mon coeur. Et je vous aime aussi, vous qui lisez, car si vous êtes fan de Supernatural, en quelque sorte, on fait parti de la même famille. Always keep Fighting.

Ah oui ! Et aussi : je n'ai pas précisé ce qu'il s'est passé entre Crowley et Castiel ni comment Castiel s'en est sorti. J'ai commencé simplement en faisant comme si ça n'avait pas existé, mais vous pouvez aussi considérer que tout est réglé. Je n'avais simplement pas envie de traiter ça. par contre, j'ai fait comme s'il c'était passé quelque chose chez lui qui le rend humain, qui est peut-être une conséquence du sort, je ne sais pas, j'ai juste fait ça comme ça.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture ( et une belle soirée ) :)


Ouais, le monde avait fichu le camp. Quelque chose comme ça.

C'était devenu un combat permanent. Les monstres, les démons et tous les autres immondices innommés grouillant depuis la nuit des temps dans les entrailles des ténèbres, avaient envahi le monde. Les maisons brûlées, les familles détruites, les gens massacrés et les survivants regroupés ensemble par sortes de clans, se terrant, combattant et essayant de survivre. Peut-être la terre était-elle devenue une sorte d'hybride monstrueux de l'enfer et du purgatoire. Tout était devenu comme un de ces films sur la fin du monde. C'est plutôt cool, à la télé.

Mais le pire, ce n'était pas les montres. Si Dieu avait créé la Vie à partir du Chaos, il avait avant tout créé l'Amour. L'Amour qui liait l'humanité entre elle, les anges et mêmes les démons. Dieu était Amour. Et c'est l'Amour qui avait créé la terre, les arbres, la nature, la mer, les humains, les animaux, chaque être vivant, chaque particule de vie terrestre. Amour, espoirs, désirs, émotions, qui font de nous ce que nous sommes, qui nous donne une logique, un passé, un futur, un présent, des personnes à aimer, des choses que l'on aime et que l'on déteste. Maintenant que le chaos et la vie cohabitait... tout le monde redoutait d'être touché par le chaos. Le chaos. C'était pire qu'être jeté dans l'espace. C'était ce chaos originel à l'intérieur de soi, détruisant alors bien plus que nous même mais notre droit à être. Notre humanité, nos démons et nos anges intérieurs, pour devenir chaos, animé seulement d'une volonté de destruction dénuée de toute logique, de toute douleur, de toute colère ou de tout plaisir sadique. La destruction pour la destruction. La destruction parce que rien, rien en dehors du vide originel ne devrait avoir le droit à l'existence. Ni l'enfer ni le paradis, et encore moins la vie ; ou même la mort.

Sam ouvrit brusquement les yeux dans l'obscurité. Malgré le froid de la nuit, il grelottait et haletait de sueur, ses vêtements moites et collants sur sa peau. Il soupira, se passa une main sur le visage et s'extirpa silencieusement de son sac de couchage pour rejoindre le feu de camp. Il le réalimenta avant de se laisser tomber lourdement sur une bûche qui leur servait de siège. Dans le silence de la nuit, on entendait le hululement d'une chouette hulotte et les bruissements du vent haut dans les branches auquel se mêlait le crépitement des flammes dévorant le bois, que Sam fixait, le regard vague, cerné, le teint blafard.

Il s'était fait à cette vie. A dormir dehors la plupart du temps, à voler parfois, comme tout le monde, et parfois à chasser pour manger. A vivre parmi ces gens qu'ils avaient fort heureusement retrouvé et avec lesquelles ils partageaient cette vie de fuite, de traque et de vigilance constante.

Il avait connu sa propre destruction, et elle ne venait pas du Chaos. Elle venait de l'Amour.

Il avait toujours voulu être fort, aussi fort que Dean. Il avait finalement trouvé une force différente, plus sensible, plus intuitive, plus sombre et bien moins tangible que celle de son frère. C'était une force d'amour, que certains pourrait qualifier de faiblesse. Pour ou contre son gré, il avait grandi avec la plus profonde et totale certitude d'être le tout de quelqu'un. La surprotection de son frère lui avait souvent donné de furieuses envies d'indépendance et ça faisait mal, ça l'avait souvent rongé de culpabilité, comme s'il lui devait toujours quelque chose, quelles que soient les circonstances, et qu'en même temps il n'avait pas droit à la liberté.

Mais malgré ça, il fallait bien s'avouer la vérité : il avait laissé ce sentiment l'envahir chaque soir et l'accueillir chaque matin. Il pouvait s'endormir dans la plus grande assurance que quoi qu'il arrive, son frère le protégerait. Que ce soit un monstre ou un simple cauchemar, qu'il soit à des kilomètres de distance ou juste dans le lit d'à côté. Il pouvait s'endormir en sachant qu'il l'appellerait s'il le voulait, qu'il serait toujours là pour le protéger, qu'il donnerait sa vie pour lui s'il le fallait. Il pouvait se réveiller en toute confiance de ne jamais être totalement seul. Que quelque soit le nombre de personnes qui l'abandonneraient, lui serait toujours là. La présence rassurante, enveloppante et protectrice de Dean à ses côtés était ce qui l'avait construit. Elle faisait partie de lui, comme s'ils formaient ensemble un tout que leurs cœurs jumeaux ne pouvaient séparément constituer. Quelque part, il avait toujours eu le droit de craquer, de pleurer, de laisser libre court à ses émotions et même le droit de faire des conneries, parce que de toute façon, il y aurait toujours quelqu'un pour le rattraper. Déçu, bafoué, rejeté ou bouffé par la culpabilité, il n'avait jamais été seul dans son cœur. C'était comme une bulle d'amour à l'intérieur, logée juste dans son sternum. C'était chaud, doux, rassurant, ça apaisait et animait chacune de ses respirations. Tout ça paraissait tellement dérisoire, maintenant... Pourtant, c'était la vérité.

Quand Dean était devenu un démon et lui avait balancé toutes ces horreurs à la gueule, ça avait été dur, très dur de le supporter et de passer à autre chose. Mais après tout Dean était devenu un démon. C'était le démon qui parlait. Pas Dean...

Aujourd'hui, c'était différent. Pour la première fois, la priorité de Dean avait été l'humanité. Il lui avait dit qu'il aurait mérité de mourir. Il avait invoqué la mort pour être sur que lui, Sam, ne chercherait pas à le retrouver. Non seulement il avait voulu le tuer parce que c'était la meilleure solution, mais il l'avait aussi blessé par ses mots et par ses coups jusqu'à ce qu'il soit à terre, vulnérable, brisé. Il avait levé la faux au-dessus de lui et lui avait ordonné de fermer les yeux. Mais Sam ne l'avait pas fait. Il avait continué à se noyer dans le regard de son frère et y avait lu la plus profonde certitude de n'être plus rien. Il allait mourir, ici et maintenant, par les mains de celui pour lequel il pensait être tout. Celui qui était tout. Aucune autre trahison ne pourrait être jamais pire que celle-là. Aucune froideur n'y serait jamais semblable, et même si Dean avait renoncé au dernier moment, le mal était déjà fait. Parce que le pire, ce n'était pas de mourir. C'était de n'être plus rien. Il n'était pas celui pour lequel Dean avait trouvé la force d'arrêter. C'est dans les yeux de sa mère que Dean avait renoncé à le tuer. Et Sam avait compris, à ce moment-là, qu'il ne l'avait jamais été. Avait-il toujours existé pour combler le manque que Dean ressentait à la mort de sa mère ? Il avait peut-être comblé ce vide, mais lui, ce vide l'avait construit et Dean était réellement devenu son tout. Il aimait sa mère, bien sûr, mais elle ne lui manquait pas, pas comme elle manquait à Dean. Pour lui, rien n'avait jamais été une illusion... L'amour de Dean, ses attentions, ses inquiétudes, ses regards, sa tendresse. Il l'avait aimé sincèrement, sans manque, sans arrière-pensées. Il l'avait aimé par le simple fait d'aimer. Et il l'avait aimé de tout son cœur.

Alors toutes ses croyances s'étaient effondrées définitivement, détruisant les fondations de son être, et la bulle d'amour avait éclaté pour laisser place à un vide douloureux que rien, même pas le chaos, ne saurait atteindre.

Mais pourquoi en parler ? On lui aurait ri au visage. On l'aurait traité, une fois de plus, de fillette. Quelque part, il trouvait ça injuste. Il n'avait jamais demandé à représenter autant pour Dean. S'il l'avait laissé faire, Dean ne s'était jamais plaint non plus de sa dévotion sans borne. Ca leur convenait à tous les deux, il en avait toujours été ainsi, ce n'était pas plus la faute de l'un que de l'autre, mais bien sûr, il était facile de l'accuser... Sammy le faible, Sammy le fougueux qui trahi sans cesse son adorable grand frère...

Alors, il n'en parlait pas. Il passa les mains sur ses tempes dans un gémissement puis les laissèrent finir leur course dans ses cheveux avant de baisser la tête pour poser son front contre ses genoux, offrant sa nuque à la nuit. Les migraines ne le lâchaient pas, douleur lancinante et aiguë due au manque de sommeil. Il n'arrivait plus à dormir. Il faisait semblant, le matin, pour donner illusion, mais les cauchemars hantaient ses rares heures de sommeil, se muant parfois en délires qui finissaient par lui donner la nausée. Il revivait sans cesse la même scène, plus ou moins déformée.

Recroquevillé sur lui-même, il essaya de chasser les images du cauchemar de cette nuit.

Il est dans ce même restaurant vide. Dean le tabasse et dans le sommeil, la douleur le percute. Puis il lui saisit le visage et le regarde droit dans les yeux, sans sourire, sans étincelle.

« Qu'est-ce qui va pas, Sammy ? Me dit pas que t'y a vraiment cru, à tout ça ? Tu n'es rien pour moi. Si tu savais comme ça m'a coûté, de faire semblant toutes ces années. Maintenant tu vas crever. »

Anéanti, il ne peut retenir les larmes qui explosent sur ses joues ensanglantées. Dean le frappe de nouveau au visage et il s'écroule face contre terre.

« Arrête de chialer comme une gonzesse ! Soit un homme pour une fois dans ta putain de vie ! »

Dans un geste furieux, il lève la faux et brutalement, l'abat.

- Sam ?

Sam sursauta et se redressa d'un coup. Debout à côté de lui, une main sur son épaule, Castiel le dévisageait de son regard bleu profond. Plus de trench, plus de chemise bien boutonnée et de cravate impeccable. Il portait un pantalon kaki usé, un tee-shirt et un pull épais. Sam le fixa un instant, l'ombre des images encore dans ses yeux, puis il déglutit et cligna des paupières devant l'intensité du regard de Castiel et baissa la tête, les mains liées devant son visage. L'ange – même si Castiel ressemblait de plus en plus à un humain, il resterait toujours un ange à leurs yeux - s'assit à ses côtés et aucun des deux ne prononça un seul mot pendant un long moment. Sam finit par capituler dans un long soupir, sentant les regards inquisiteurs qu'il lui jetait.

- Va dormir, Castiel. Demain, il va falloir se lever et la journée va être longue.

Celui-ci ne répondit pas immédiatement, continuant à le dévisager.

- Et toi, tu ne dors pas ?

Sam se passa la langue sur les lèvres dans un sourire nerveux.

- Tu sais bien que non. Va dormir, je te dis.

Castiel se leva pour se placer derrière lui et Sam sur le qui-vive suivit son mouvement, en alerte.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Calme-toi, répliqua Castiel en posant les mains sur son front. Laisse-moi faire.

Sam esquissa un petit rire.

- Tu n'as plus ce genre de pouvoir, Cas.

- Je n'avais pas l'intention de les utiliser.

Sam se tu et ferma les yeux tandis que les mains fraîches de Castiel se posaient sur son front brûlant, ses doigts massant délicieusement ses tempes en un geste circulaire avant de parcourir son front, ses arcades sourcilières, son nez, puis de revenir aux tempes et de répéter le mouvement. Il poussa un petit soupir de soulagement.

- Tu es sûr.. tu es sûr que... tu ne préférerais pas... ?

- Sam. J'en suis sûr.

Alors, Sam ferma de nouveau les yeux et se laissa aller. Castiel laissa son visage et enfouit les doigts dans ses cheveux, massant son crâne palpitant jusqu'à sa nuque que Sam inclina aussitôt dans un soupir visiblement incontrôlé, l'offrant à Castiel qui marqua silencieusement un temps d'arrêt avant de laisser ses mains s'aventurer sur la nuque et les épaules de Sam.

- Et si tu me parlais un peu de tes cauchemars ?

Sam ouvrit les yeux, à fois déstabilisé et reconnaissant qu'il ne fasse aucun commentaires sur le fait qu'il était actuellement en train de lui masser les épaules, ce qu'il lui avait implicitement demandé.

- Comment... tu sais, pour mes cauchemars ? Lui demanda-t-il d'un ton las.

Castiel laissa ses gestes ralentir et devenir plus doux alors que ses doigts rencontrait un nœud. Sam grimaça et étouffa un gémissement de douleur, arquant le dos, mais Castiel le dénoua en douceur et il se détendit lentement.

- Tu crois peut-être que personne n'y fait attention, mais je t'entends gémir et gesticuler dans ton sommeil toutes les nuits. Puis tu te lèves et tu restes devant le feu jusqu'au levé du jour. Si tu continues comme ça, tu vas t'écrouler.

- Je n'ai pas le choix. Et puis, j'ai de la chance, cette nuit, ajouta-t-il avec humour, j'ai un ange qui s'est levé spécialement pour me faire un massage.

Un sourire se dessina sur les lèvres de Castiel. Il y eut un petit silence.

- Sam, parle-moi. Je sais que tu n'as pas l'habitude de te confier à moi et que tu n'aimes pas ça... Dean ne s'est jamais confié lui non plus, mais ça ne mettait pas sa vie en danger.

Le silence se prolongea jusqu'à ce que Sam lâche d'un ton véhément :

- Contrairement au pauvre petit Sammy qui pense toujours qu'à lui et qui a besoin de beaucoup d'attention pour survivre, c'est ça ?

Castiel se tendit mais ne répondit rien et Sam se dégagea de son emprise, se levant brutalement pour aller rajouter des bûches dans le feu déjà bien fourni. Castiel resta debout, muet, à le suivre des yeux.

- Je n'ai pas dit ça, Sam.

- Tu le penses si fort, répliqua ce dernier, un genou à terre devant les flammes qu'il fixait sans ciller, sourcils froncés. Va te coucher, Castiel.

Mais Castiel n'obéit pas et s'avança même jusqu'à lui.

- Tu as tort. J'ai toujours pensé qu'exprimer ce que l'on ressent est beaucoup plus sain que se refermer comme Dean le fait. Tu n'es pas obligé de l'imiter pour avoir l'air plus fort, et encore moins pour m'en convaincre. Je sais que j'en ai plus vraiment l'air, mais je reste un ange. Et je vous connais toi et ton frère plus que n'importe quelle créature au monde.

Sam avala sa salive, immobile. Castiel s'agenouilla à ses côtés et chercha son regard.

- Sam, je ne suis pas ton ennemi. Tu ne vas pas bien. Un jour, tu vas t'écrouler, et alors tu seras obligé de répondre aux questions que l'on te posera immanquablement. Veux-tu vraiment le faire devant Dean, ou préfères-tu m'en parler maintenant, à moi et à moi seul ?

Sam poussa un long soupir et se laissa légèrement basculer vers l'arrière pour s'asseoir à même le sol devant le feu, les bras sur ses genoux, la tête tombant entre ses épaules.

- Cas, c'est de ma faute. Tout est de ma faute. C'est ma faute si Dean a eu cette marque, c'est de ma faute si on a été obligé de l'enlever, si Charlie en est morte et si le chaos a envahi la terre. Peut-être que Dean avait raison, en fin de compte. Je suis qu'un putain de monstre.

Il marqua un temps d'arrêt. Assis un peu en retrait dans la poussière, Castiel n'émit pas le moindre son.

- Mais tu veux savoir ? C'est même pas le pire. J'ai amené l'humanité à la destruction en toute connaissance de cause, et je ne le regrette pas. Je le referai si je le devais.

Comme il n'ajoutait rien de plus, Castiel s'avança légèrement et posa une main sur son dos.

- Alors c'est quoi le pire, Sam ? Lui demanda-t-il doucement, d'une voix dénuée de toute sorte de jugement.

Seul un ange pouvait parler comme ça. Sam émit un ricanement nerveux.

- Comme si tu le savais pas.

Il se passa une main sur le visage. Ses yeux, ses tempes, son front le brûlaient de nouveau et à ça s'ajouta bientôt le picotement caractéristique des larmes dans sa gorge.

- Je devrais m'en remettre, Cas, mais j'y arrive pas. Je l'ai souvent déçu, il m'en a souvent voulu et il a toujours eu toutes ses raisons pour ça. Mais jamais... jamais comme ça. Ce n'était pas la marque qui parlait, c'était Dean. Il ne m'en voulait même pas, je n'étais juste... plus rien, pour lui. Il était prêt à me tuer de ses mains pour être sur de ne pas blesser l'humanité.

Des larmes roulaient sur ses joues et la main de Castiel caressa son dos. Sam ferma les yeux, laissant de nouvelles larmes s'écouler.

- Avant d'avoir la marque, il m'a dit qu'il serait prêt à tout pour moi, pour ne pas que je meurs, et ce jour-là, je l'ai renvoyé balader. Je pensais que j'étais un homme juste et que je saurais distinguer le bien du mal même s'il s'agissait de Dean. Je pensais que je ne serais pas prêt à tout pour le sauver si quelqu'un d'autre devrait en souffrir, et je sais que c'est à cause de ça que Dean s'est retrouvé avec cette marque sur le bras. Je crois que je sais aujourd'hui ce qu'il a ressenti... parce que j'avais tord. S'il fallait tuer demain l'humanité entière pour que Dean survive, je le ferai. Même si je ne suis plus rien pour lui, même si peut-être... ça n'a jamais été le cas.

Il ne mordit les lèvres très fort pour ne pas sangloter. Les mots sortaient et le blessaient comme de la lave en fusion. Il se redressa brutalement et se mordant le poing, commença à faire les cent pas. Une expression étrange sur le visage, Castiel se releva à son tour.

- Sam, tu ne peux pas dire ça, tu ne peux pas... enfin, je connais Dean. Il t'as maintes fois prouvé à quel point il tenait à toi, beaucoup plus qu'à n'importe q...

- Ah oui, vraiment ?

Sam stoppa son infernal va et vient et se tourna d'un trait vers lui pour le fusiller du regard. Il sembla sur le point de s'enflammer mais finalement, la colère s'éteignit dans ses yeux comme la flamme d'une bougie sous un souffle de vent. Cas aussi avait été blessé par Dean, et il le savait.

- Tu te trompes, Cas. Dean n'a jamais tenu à moi. En tout cas, pas sincèrement. S'il y a bien une chose sur laquelle j'avais raison, c'est bien celle-ci. Il m'aime comme un manque à combler. Comme la chose qui l'a aidé à tenir après la mort de maman. Comme la seule chose à laquelle il a pu se raccrocher, en fait. Et s'il m'a sauvé la vie tant de fois, ce n'était pas pour moi, c'était pour lui. Mais si la marque l'atteint, s'il devient un monstre, alors... Quelle importance, que je vive ou que je meurs, si lui est condamné ? Je ne suis plus rien alors. Rien que la chose... dérangeante, qu'il a déjà oublié depuis longtemps et qu'il vaut mieux faire disparaître si on veut avoir la paix.

Il semblait si clair en lui-même et à la fois tellement bouleversé tout en le dévisageant avec une sincérité si désarmante que Castiel en fut atteint instantanément. Il pencha la tête sur le côté, touché par sa détresse.

- Sam... souffla-t-il.

Celui-ci inclina la tête, vaincu.

- Alors, oui, je n'arrive plus à dormir, dès que je ferme les yeux je fais des cauchemars et non, je n'ai pas envie de t'en parler, parce que de toute façon tu ne peux rien y faire. Je me suis construit sur une illusion et maintenant je dois apprendre à vivre sans. C'est aussi simple que ça.

Il essuya ses larmes d'un revers de manche. Castiel s'avança vers lui comme pour le prendre dans ses bras mais Sam recula et fit volte face pour se rasseoir près du feu.

- S'il te plaît, Cas. Retourne te coucher.

Alors, Castiel hocha la tête et sans ajouter quoi que ce soit, il obéit et le laissa seul. Dans la pénombre, les yeux grands ouverts, Dean avala sa salive.


Fin de ce premier chapitre, merci d'avoir lu, et merci à tous ceux qui laisseront leur avis.