titre Aqua et Le Passeur
sommaire C'est l'histoire de deux apprentis horlogers. Avec des pouvoirs immenses. Qui créèrent deux puissants artefacts liés. Puis qui disparurent du jour au lendemain. Des centaines d'années plus tard, Kaito, Miku et Gumi vivent leur vie sans se douter que ces artefacts régissent leur existence, et bien plus.
pairing Kaito/Miku & Lily/Gumi, autres mentionnés tels que Akaito/Meiko
rating T
a/n J'étais partie pour faire du yaoi, un autre que Kaito/Len ou Kaito/Gakupo. Finalement, l'histoire a évolué pour dessiner du Kaito/Miku, et j'en suis pas mécontente. Pour faire quand même plaisir aux fangirls, y a des mentions de shonen-ai tout au cours de l'aventure.
*Paru Café
Aqua et Le Passeur
- Le dernier arrivé est une limace à pois roses !
Les deux enfants éclatèrent de rire et se mirent à faire la course. L'herbe douce s'aplatissait sous leurs pieds nus et roses.
Le souffle court, Miku arriva à la fin de la pente, pliée en deux. Des feuilles s'accrochaient çà et là dans ses cheveux turquoise. Triomphalement, elle releva ses deux poignets potelés vers le ciel, une expression de pur bonheur illuminant son visage.
- Ch't'ai battu, Kaito ! T'as vu, hein, ch't'ai battu !
Le garçon qui arrivait derrière en petites foulées était grand et dégingandé. Il avait des cheveux bleu marine en bataille. Coulant un regard de bleu améthyste sur elle, il se mit à sourire et gloussa gentiment.
- Tu me battras toujours, princesse.
Elle émit un son ravi puis s'assit au sol. Le soleil entamait sa lente descente à l'horizon. Dans un mouvement léger, Kaito s'approcha et s'assit aux côtés de la petite fille.
Le silence qui s'installa ne les gênait pas. Le vent leur ébouriffait leurs cheveux et faisait frissonner les feuilles des arbres alentour.
- Dis, Kaito, fit-elle doucement.
- Hum ? chantonna-t-il.
- Ca t'est déjà arrivé, de vouloir être Peter Pan ?
Il ne répondit pas, enfonça les paumes dans la terre meuble. Les brins d'herbe se firent un chemin à travers les interstices entre ses doigts.
Demain, il s'en ira.
Ses parents ont sûrement dû le chercher- puis, ils ont abandonné. C'est à cause d'eux que Kaito va déménager. Lui, il voulait rester ici. Dans cette ville. Ce n'était pas son village natal, mais il y avait grandi.
Aux balançoires de ce square où il s'était écorché le genou en faisant du skate, il avait rencontré Luka, une gamine responsable et mature qui protégeait deux jumeaux blonds, Len et Rin, l'un craintif et pleurnicheur, l'autre téméraire et effrontée. A l'école, il se battait avec Gakupo, et il assistait Meiko qui lâchait des bombes à eau partout. Une fois, Akaito en avait reçu une en pleine tête et depuis, son cadet vouait une haine sans bornes à leur voisine et amie d'enfance, un peu la grande sœur de ses petits frères.
Kaito était le plus grand de sa famille. Il avait de nombreux frères et sœurs. Ses parents s'étaient servis d'eux comme excuse pour déménager, ils avaient tenté de faire vibrer sa corde sensible de grand frère protecteur.
Mais il avait trouvé quelque chose de très important, ici. Plus que le square, plus que tout…
Miku.
- Oui, croasse-t-il, la voix enrouée. Je voulais être comme lui. Et toi, je voulais que tu sois Wendy.
Elle sourit. Il ne la regarda pas.
De neuf ans son aîné, Kaito ne savait pas ce qu'il trouvait à Miku. Il avait quinze ans, il était plutôt beau. Meiko le lui disait souvent. Mais petit à petit, il s'était horriblement attaché à Miku, cette petite fille perdue et naïve.
Elle lui prit la main gentiment.
- Viens, dit-elle en se levant. On va le voir de près.
Après une bonne dizaine de minutes de trotte pendant laquelle Miku empoignait Kaito vers leur destination, les deux enfants s'arrêtèrent. Ils étaient désormais dans une vallée cachée entre deux collines. Elle était presque invisible. Seul un saule pleureur se penchait vers le creux de la vallée où se cachait le trésor.
Kaito leva les yeux vers l'embarcation colossale. Un vieux trois-mâts abandonné, en bois pourri. Le lierre grimpait le long des voiles trouées, sortait par des hublots dont les verres étaient brisés.
Apparemment, le vaisseau datait du 17e siècle. Il était incroyablement bien conservé, malgré la nature qui reprenait peu à peu le dessus sur les ornements de la frégate.
Le flanc droit du bateau était légèrement enfoncé dans la terre, le rendant ainsi penché sur le côté. On ne pouvait lire le nom du vaisseau, qui était du côté invisible.
Miku et Kaito avaient découvert le bateau deux ans auparavant en jouant. Passé l'étonnement de voir un navire au milieu de l'herbe- quoi, était-il tombé du ciel ? Chaque jour, les deux gamins s'étaient posé des questions sur la présence du bateau- ils s'étaient amusés comme des fous pendant les vacances. Le creux de la vallée était difficile d'accès et caché aux yeux de beaucoup. Pendant tout leur été, ils avaient joué dans ce bateau sans interruption.
Leur coin secret.
Miku commença à rire.
- Tu sais, dit-elle, on s'est créé un Pays imaginaire ici. Tous les deux. Tu étais Peter Pan et j'étais Wendy.
Kaito hocha la tête, signe qu'il buvait ses paroles.
- Mais, Peter Pan s'en est allé un jour.
Kaito hocha la tête à nouveau. Le jeune garçon s'éloigna, grimpa sur le balcon du trois-mâts. Là où auparavant devait se trouver le timonier et son gouvernail rond, il n'y avait plus qu'une roue en bois pourri. Il frotta ses genoux toujours endoloris- il avait grandi d'un coup trop vite, bien plus rapidement que ses autres camarades. Ses articulations le faisaient toujours souffrir.
Le soleil se couchait. Les feuilles du saule, longues et tortueuses comme des cordes, flottaient au-dessus de la proue. Des papillons blancs et jaunes commencèrent un ballet léger, tout en s'élevant vers le ciel ocre.
- Et si on appelait ce bateau « Le Pays Imaginaire » ? proposa Kaito.
Pendant tout l'été, Miku et lui s'étaient disputés sur le nom du vaisseau. Miku voulait l'appeler « Le Fier Poireau » tandis que Kaito avait un petit faible pour « Gundam OX1 ». Au bout de deux longues semaines de boude, les deux enfants avaient passé un accord tacite que comme quoi, le bateau resterait sans nom, qu'il ne fallait en parler à personne, et que tous les deux seraient capitaines, rangers, flibustiers, corsaires, terreurs, prisonniers… tout cela à tour de rôle. Le bateau était à eux deux et à personne d'autre.
- Le Pays Imaginaire, souffla Miku. Oui, c'est joli. On l'appelle comme ça alors ?
- Ouais.
Dans un silence paisible, Miku grimpa sur le saule pleureur et sauta des branches sur le pont. La première fois, elle était atterrie trop fort et avait traversé le plancher qui constituait le bateau. C'est là qu'ils avaient découvert l'intérieur si fascinant du navire. Miku évitait donc de mettre tout son poids quand elle sautait, et Kaito et elle se glissait par ce trou pour atteindre les entrailles de la frégate.
Par dessus tout, Kaito adorait la cabine du capitaine. Les vitres étaient peintes en orange, ce qui donnait à cette pièce une atmosphère spéciale. Il n'osait amener de briquet de peur qu'un faux mouvement n'enflamme le bois qui constituait la frégate, mais il rêvait d'allumer la lanterne ajournée qui trônait sur la table bancale aux multiples gravures au couteau.
- C'est notre pays, dit la petite fille aux cheveux turquoise. Je vais m'en occuper précieusement, Kaito.
- Tu as intérêt.
- Quand tu reviendras, tu prendras la relève.
Kaito haussa un sourcil.
- Quand je reviendrai ? Tu penses vraiment que je vais revenir ? ajouta-t-il, tristement.
Miku hocha énergétiquement la tête.
- Oui ! Tu dois revenir, tu vas revenir. Je te fais confiance.
Il se mit à sourire.
- Tu as raison, princesse, je reviendrai sans faute.
Dans la nuit qui était maintenant tombée, les yeux de Miku brillaient. De larmes ou de joie, de larmes de joie, il ne saurait le dire. Mais lui, il savait que son cœur était déchiré. Il reviendrait. Il se le promit.
