Ce petit texte est depuis bien longtemps dans mes fichiers, puisque je l'ai offert le 9 Février en tant que cadeau d'anniversaire à Albane, et n'avais pas eu l'occasion d'être publié.
Assise devant la fenêtre elle attend.
Il pleut, et le ciel sombre ne permet pas de faire grand chose.
A la lumière de la bougie, elle griffonne distraitement.
Un bruit dehors, elle se précipite à la porte.
Ce n'est que le vent qui fait claquer un volet.
Il n'est pas là. Il n'est pas rentré.
Il avait promis de revenir de bonne heure.
Elle se rassied, reprend sa plume et soupire.
La pluie redouble de violence contre les carreaux.
Elle hésite.
Aller se coucher, ou sortir à sa rencontre.
Un éclair et un coup de tonnerre la font vite choisir.
Mais impossible pour elle de se rendormir.
Chaque bruit, chaque grincement, chaque souffle la font sursauter.
Et à chaque fois, elle se lève.
Et du perron, elle scrute l'obscurité.
La main sur son ventre portant son héritier, elle s'inquiète.
Où donc est-il passé ?
L'inquiétude se transforme peu à peu en colère.
Tous les noms d'oiseaux, de Hobbits et de Nains y passent.
Elle tente de s'y faire.
C'est toujours pareil.
Un baiser sur le front avant de partir, un mot pour la rassurer.
"Je ne rentrerai pas tard chérie."
Et la porte se referme sur lui.
Elle a toujours peur que ce soit la dernière fois.
Qu'il parte, seul ou avec une autre.
Et maintenant qu'elle porte son enfant...
Elle se tord les mains, cogne des poings sur le chambranle de la porte.
Elle souffle les bougies, résignée.
C'est à ce moment là que le bruit dans l'allée est le plus distinct.
Elle s'y précipite, prête à dire ses quatre vérités à ce mari inconscient.
Il titube un peu sur ses jambes, il a trop bu.
Elle déteste cela, il le sait bien.
Elle veut crier, hurler.
Mais une goutte de pluie tombe sur son nez.
Ce qu'elle a toujours aimé chez lui.
Légèrement pointu.
Si on lui demandait, c'est ce qu'elle répondrait.
C'est son nez qui l'avait fait tomber sous son charme.
Et cette goutte qui roule le long,
Cette goutte qui tombe, emporte toutes les rancœurs, toutes les colères.
Et c'est tremblante qu'elle s'effondre dans les bras de son mari.
Peregrïn Touque, tu m'agaces à toujours te faire pardonner.
