Bonznour !
Comment allez-vous ?
Je publie ce loooong chapitre d'une petite fic toute triste et mignonne avec Akashi et sa mère.
Les personnages de sont pas à moi (dommage...) Mais l'histoire est mon idée et sortie de mon petit cerveau.
Cette histoire a un lien direct et indirect avec mon NijixAka et mon AoxAka. Dans mon NijixAka, Chôko ne jouera pas le même rôle contrairement à mon AoxAka. Donc on peut dire que cette histoire concerne les deux de manière différente. (Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire)
Pas grave, vous verrez plus tard ^^
Petite précision, Akashi a 7 ans dans ce premier chapitre.
Ne pleure pas
-Où est Mère ?
La servante se retourna, surprise. Le petit garçon la regardait avec ses grands yeux rouges, il attendait une réponse, les mains jointent derrière son dos, se balançant sur les pointes de pieds. Il était encore en pyjama et ses cheveux rouge n'était pas coiffé.
-Où est Mère ? Je suis allé dans sa chambre, elle n'y était pas. Où est-elle ? Continuait de demander calmement le garçon.
La servante chercha ses mots.
-Elle est partie pendant la nuit.
-Où ?
La servante détourna le regard.
-Dites-moi ! S'impatientait l'enfant.
La servante commençait à paniquer, elle eu de la chance, sa supérieure, Chôko, arriva et lui demanda d'aller s'occuper des draps propres.
-Chôko-san ?
-S'il te plaît Seijuro, je ne suis pas vieille au point que tu mettes « -san » à la fin de mon prénom.
-Oui mais je préfère.
-Moi je préfère que tu dises « Chôko ».
-Oui mais...
-De nous deux, c'est moi l'adulte alors je décide.
Chôko était sans doutes la seule qui avait l'audace de tutoyer le fils des Akashi et qui prenait un malin plaisir à lui rappeler qu'il n'était qu'un enfant. Il n'avait pas encore à se comporter en adulte.
-Où est maman ?
Chôko était aussi la seule avec qui Seijuro se permettait de briser le masque parfait qu'on l'avait forcé a crée. Il se laissait souvent un peu allé en présence de la vieille (tout est relatif, elle n'a que cinquante ans) gouvernante.
-Seijuro, dit-elle d'une voix douce en s'accroupissant devant l'enfant, tu devrais retourner te coucher, il est encore tôt.
-Je ne veut pas dormir, j'ai fait un mauvais rêve et je voulais aller voir maman, mais elle n'était pas dans sa chambre.
-Ta mère est partie pendant la nuit.
-Où ?
Chôko chercha les mots juste.
-Tu sais que ta maman est malade ?
-Oui.
-Cette nuit elle a eu une violente poussée de fièvre et beaucoup de toux, un médecin est venu la voir et a dit qu'elle devait aller à l'hôpital.
L'enfant baissa les yeux.
-Elle reviendra à la maison ?
Chôko lui sourit en lui ébouriffant les cheveux.
-Elle reviendra, maintenant retourne te coucher, il est encore tôt, même Monsieur Akashi n'est pas levé.
Le petit garçon acquiesça, il repartit vers sa chambre située au quatrième étages. Il montait lentement les marches et une fois arrivé en haut, il se laissa glisser contre la porte de sa chambre. Il regarda le plafond et laissa quelques minuscules secondes son masque se fissurer et dévoiler sa peine. Il n'était pas immature au point de ne pas comprendre que sa mère était vraiment malade et qu'elle ne reviendrait peut-être jamais de l'hôpital.
Lentement, l'enfant se releva, il n'alla pas dans sa chambre et se recoucher comme lui avait conseillé Chôko, il préféra aller chercher l'échelle cachée dans un des placards presque inutilisé de la pièce voisine de sa chambre. Il sorti la petite échelle et la plaça contre un des murs du couloir, il monta dessus après être sûr qu'elle est bien calée.
En se mettant sur la pointe des pieds, il atteignait le plafond. Seijuro tira d'un coup sec sur la poignée de la trappe installée dans le plafond. Un peu de poussière lui tomba dessus, il toussa mais ne s'attarda pas plus, il agrippa les bords du plafond et grimpa dans le grenier caché. Il entendit un grand bruit et vit l'échelle tomber sur le sol. Il était coincé. Ce n'est pas grave, il n'avait pas l'intention de descendre de toute manière.
Seijuro referma la trappe. Quel silence... Les petites fenêtres encastrées dans le plafond ne permettait qu'au minimum de lumière de passer. Le grenier était immense, un vrai repère de bandit et un lieu parfait pour un cache-cache. L'enfant avança au milieu des boites empilés et de la poussière volant dans l'air. Il trouva un grand coffre contenant des tenus des premiers Samouraï de la famille Akashi, sans doutes aussi les fondateurs de la ligné. Il trouva de vieux livres expliquant les origines de sa famille, mais aussi les guerres qui faisaient rage à l'époque, il y avait des récits de batailles épiques auquel ses ancêtres avaient participé.
L'enfant prit le plus gros des livres et parti s'installer dans un coin pour le lire. Il trouva un petit espace entre deux énormes boîtes. Il s'y glissa sans problème et ouvrit l'ouvrage. Les pages étaient en vieux papier jauni, les écritures stylisées en encre d'or recouvraient les milliers de pages du livre, des dessins magnifiques réalisés en encre rouge et or illustraient les plus importants passages des récits.
Seijuro se mit à lire mais trouva la langue trop dure à comprendre et abandonna. Il chercha alors plutôt des affaires de sa mère ou de ses grands-parents qui seraient entassés ici.
Il trouva de vieilles robes, des kimono en tissu précieux, des rubans marqués du blason de la famille : une cercle avec trois têtes de dragon vu de haut dont les museaux se rejoignaient et formaient un triangle avec, à l'intérieur, le nom « Akashi » écrit en kanji d'orée. Sur le cercle, de nombreuses inscriptions trop petites pour être déchiffrées sur d'aussi petits rubans.
Seijuro retrouva aussi d'anciennes assiettes marquées elles aussi du blason de la famille. L'enfant trouva des miroirs, des sabres, des médailles, des décorations, des actes de naissance de ses ancêtres, et beaucoup d'autres choses en rapport avec le passé guerrier de sa famille.
Dans un plus petit carton, il trouva enfin ce qu'il cherchait. Une robe magnifique, rouge et or, portant au niveau de la poitrine, le blason de deux famille entrelacé. Akashi connaissait les deux blasons, il y avait celui de sa famille et celui des Kurushima : Des pétales de nénuphars entremêlé ou chaque kanji composant le nom est représenté. Mais surtout, Kurushima est le nom de jeune fille de Shiori Akashi. Seijuro savait qu'il venait de trouver sa robe de marié. Il trouva les rubans qu'elle portait dans ses cheveux, les baguettes ornées de pétales de nénuphars dorés qu'elle devait porter dans son chignon, et aussi ses boucles d'oreille, le collier qu'elle portait. C'était une petite chaîne en or où se tenait un petit pendentif représentant un cercle rempli de fleurs de camélia en or et au milieu de ces fleurs, le kanji « conquête », qui est aussi le premier kanji du prénom « Seijuro ».
L'enfant regarda fasciné le collier, il remarqua aussi le Kanji « dix » sur la deuxième face du collier, sois le deuxième kanji de son prénom, et enfin, le kanji « jeune homme » qui est le dernier.
Seijuro prit le collier et le mit autour de son cou. Tant que sa mère n'est pas à la maison, il la garderait près de lui de cette façon. Il entreprit de fouiller un peu plus le carton et tomba sur un paquet de lettres et des photos du mariage de ses parents. Il n'en avait jamais vu. C'était la première fois. Sa mère portait cette robe rouge, elle lui allait si bien, dans ses cheveux, les baguettes qui relèvent son chignon composé de tresses fines entremêlées où son dispersé de petites fleurs. Apparemment, elle ne portait pas le collier. Sans doute que ce dernier avait été fait après sa naissance (celle de Seijuro). Akashi regarda longuement sa mère sur les photos, il ne prêtait presque aucune attention à son père. Il voyait surtout que les deux adultes ne semblent pas émus, pas vraiment heureux, comme s'ils accomplissaient juste un devoir et qu'ils ne faisaient rien par plaisir. Ils ne s'aimaient pas.
Seijuro ouvrit l'une des enveloppe après avoir reposé les photos, il y trouva une lettre, sans doutes écrite par sa mère. Elle était adressée à... personne. Aucun nom, juste une date et le texte.
Seijuro s'empressa de commencer la lecture.
Xx 11 xxxx
Je viens de rentrer à l'université. Mais je sais que je ne vais pas y rester longtemps, quand mes parents auront trouvé un mari convenable pour moi, je sais que je devrai arrêter et me consacrer à lui. Je ne peux pas dire que je suis impatiente. Je déteste même purement cette future vie. Mais mon statut social ne me permet pas de passer outre les mailles du filet. Je me marierai avec un homme riche, je serai à lui, il fera ce qu'il veut de moi, je porterai son héritier, je l'élèverai, puis mon travail s'arrêtera là. Je ne me suis jamais attendue à une vie palpitante, mais j'aurai au moins voulu guider un peu plus mon destin.
Mes parents ont aujourd'hui rendez-vous au restaurant avec les Midorima, ils veulent me marier à leur fils. Mais ce mariage n'apporterait pas grand-chose à notre famille étant donné que les Midorima on au rang social très similaire au notre. Mes parents veulent que j'épouse un homme de la très haute société, pas non plus l'empereur, mais au moins une famille très influente et qui a une longue histoire.
Parmi les prétendant au titre figure le descendant de la famille Akashi, la plus prestigieuse de Kyoto. Je ne l'ai jamais vu, je sais juste qu'il est noble, snob, impérieux et qu'il se croit supérieur à tous. Je n'aime pas ce genre de personne.
J'ai bien conscience que je n'y échapperai pas. Mon destin est tracé depuis ma naissance.
Je n'ai aucun moyen d'y échapper.
Seijuro relut la lettre, il s'apprêta à en commencer une autre lorsqu'il entendit quelqu'un l'appeler. Il se précipita vers le fond du grenier, là où personne ne pourra le retrouver avant de bonnes heures de recherche. L'enfant couru dans les coins les plus poussiéreux, les plus reculés, il avait l'impression de plongé dans des ténèbres de souvenir en passant à travers ces cartons et boites empilés. Cet endroit lui offrait pour la première fois un sentiment de liberté, c'est une cachette parfaite. Il va falloir qu'il vienne plus souvent.
Il était recroquevillé entre le mur et une étagère bourré de petites boites. Il entendit la trappe s'ouvrir.
-Jeune maître ? Demandai la voix.
Akashi ne répondit pas.
-Jeune maître, je suis sûre que vous êtes là. Votre professeur particulier d'histoire va bientôt arriver et vous n'avez pas encore mangé, où êtes-vous ?
Il ne se manifesta pas. S'il pouvait échapper au cours pour une journée, il le ferait sans problèmes et sans remords.
-Jeune maîtres ?
« Laissez-moi seul ! Partez ! Rien qu'aujourd'hui ! »
Sa prière semblait avoir été entendu.
Le bruit de la trappe qui se referme résonna dans le grenier. Akashi se déplaça pour être sous un rayon de soleil et ressortit le paquet de lettre qu'il avait gardé dans ses mains. Puis, il en ouvrit une autre.
Xx 02 xxxx
Mes parents viennent de renoncer à me faire épouser Môchi Midorima. A la place, il compte me faire rencontrer Masaomi Akashi.
Masaomi n'est pas le plus beau garçon que j'ai vu, mais il a beaucoup d'allure. Il est poli, noble, snob, galant, impérieux, cultivé, il n'a pas d'humour, il a les cheveux rouge, comme les miens, les yeux d'un rouge profond, différent des miens rose framboise. A vrai dire, ce qui m'a le plus troublé chez lui, c'est ses pupilles. Elles sont fendus comme celles d'un chat.
Mais cela lui donne un air mystérieux.
Malgré tout cela, je n'ai pas envie de passer ma vie à ses côtés. Son argent ne m'attire pas, il attire mes parents, mais pas moi. Il y a des pièges dans lesquelles je ne tombe pas.
Pourtant, il semblerait que je sois tombé dans celui de l'amour.
J'ai revu Masaomi, au détour d'une rue, il revenait d'une réunion. Il m'a simplement salué en me voyant, mais moi, j'ai rougi je crois, et mon cœur battait plus vite. Je lui souri de manière plus explicite, mon corps me trahissait. Je luttais, je ne voulais pas faire partie de la catégorie de celle qui tombe sous son charme au premier coup d'œil. Et pourtant...
Il me plaisait. Indéniablement. Pourrais-je passer ma vie avec lui ? Je ne sais vraiment pas. Mes parents pensent que c'est l'homme idéal. Moi j'y voyais un homme riche qui ne pense qu'a son statut et qui se fiche bien de qui partage son lit et sa vie tant que ses affaires tournent. A dire vrai, c'est ce que je pense toujours de lui après notre troisième rencontre. Il ne me porte aucun intérêt, moi je le regarde, ses yeux me fascine, sa voix aussi.
Aujourd'hui, j'apprends que ce sera lui mon époux.
Seijuro ne s'attarda pas plus sur la lettre, il voulait connaître la suite, même s'il s'en doutait. Il ouvrit la suivante et commença à la lire lentement.
Xx 03 xxxx
Je me suis marié. Mon nom a disparu, mon existence avec elle. Je suis désormais une Akashi, plus une Kurushima, j'ai l'impression de trahir mes origines. Je me sens invisible à ses côtés. Lors de la cérémonie, tout le monde a félicité Masaomi et personne ne m'a adressé la parole. Je ne suis rien de plus que son ombre.
Je le regarde de dos, il est plus grand que moi et me cache au yeux des autres, des rares qui me cherchent. Même mes parents ne m'ont dit qu'un ou deux mots pour me dire d'être irréprochable avec Masaomi et de ne pas lui donner une mauvaise image de l'éducation qu'ils m'avaient donné. Je dois être parfaite. Ce poids me déchire les épaules.
Une partie de moi a disparu.
Je suis rentré avec lui dans son immense demeure. Il ne m'a pas regardé, pas adressé la parole. Nous sommes restés muets comme des inconnus. Je me sentais presque ridicule à ressentir des sentiments pour lui, il était évident que lui se fichait de ma présence, je ne sers qu'a lui donner bonne image. Je suis simplement sa femme. Dans son monde, cela ne veut rien dire.
En rentrant, Masaomi à retiré sa veste, il a demandé à une domestique de me faire visiter la maison et de m'aider à m'installer dans ma chambre.
« Et vous, où allez-vous? » Lui ait-je demander.
Il allait travailler. C'était pourtant le jour de son mariage.
Ma chambre était grande, elle était au troisième étage, en face de celle de Masaomi. La servante qui m'a aidé s'appelait Chôko, je me suis dit que je pourrais peut-être faire d'elle ma confidente, elle semblait plus amicale que les autres, et elle était plus bavarde.
Le soir, j'ai mangé en têtes à têtes avec mon désormais mari, il ne m'a pas parlé, je ne lui ais pas parlé. J'ai simplement appris que nous n'aurions pas de voyage de noces, ni de nuit de noce. Moi qui rêvais d'un mariage de princesse avec le plus beau des voyages et un prince charmant en guise de mari, je dois dire que mes rêves s'effondrent.
A 18 ans, je n'ai pas choisi mon époux, je n'ai pas choisi ma vie, je n'ai pas choisi mes études, je n'ai rien fait qui puisse un jour changer mon destin.
La vie qui s'impose à moi me paraît terne et ennuyeuse.
Ma seule tâche désormais et de donner un enfant.
Mais je ne veux pas.
Seijuro relut la fin. Il commençait à se demander si sa mère l'aimait vraiment. Il apprenait qu'elle ne voulait pas vraiment de lui. Qu'elle n'aimait pas vraiment son père, qu'elle n'était même pas heureuse.
Il ouvrit l'avant dernière lettre.
Xx 05 xxxx
Je frappais à la porte du bureau de Masaomi. J'étais stressée, qui ne le serait pas ?
Il me dit d'entrer, c'est ce que je fis.
En six ans de vie commune, je n'ai que très rarement vu Masaomi hors de ce bureau. A vrai dire, ses journées étaient toujours organisées de la même façon. Il se lève, il va prendre un bref petit déjeuner, il va travailler, il va déjeuner, il va travailler, puis il va souper, il retourne travailler et il va se coucher. Je ne fais pas partie de son emploi du temps. Il n'a que très rarement du temps à m'accorder. Et les fois où il le fait, il semble s'ennuyer.
« Que veus-tu Shiori ? »
Je m'assis sans son autorisation sur l'un des fauteuils.
« J'aimerai que tu m'accordes cinq minutes de ton temps, j'ai quelque chose d'important à te dire »
Il soupira et se leva pour se mettre en face de moi.
« Je t'écoute. »
« Eh bien... je suis... »
Je le voyais s'impatienter. Alors je l'ai dit.. Dans un mumure.
« Enceinte. »
Je l'ai dit. C'est fait. J'ai soutenu son regard, je n'ai pas baissé les yeux.
Il ne réagit pas. Je me sentais inutile. Ce n'était pas ce qu'il voulait ? Un héritier ? Alors pourquoi il ne dit rien ?
Je me leva et sorti presque furieuse de son bureau. Chôko m'attendait au bout du couloir. Elle s'approcha lentement.
« Madame ? Vous lui avez dit ? »
« Oui. »
« Puis-je demander sa réaction ? »
« Il n'a rien dit et rien fait, je... J'ai l'impression de ne servir à rien. »
Sans m'en rendre compte, je fondis en larmes. Comme si le seul but pour lequel j'étais ici ne ravissait même pas le concerné. Pourtant, j'avais appris à l'aimer. J'aimais Masaomi.
La nuit, je dormais presque quand la porte de ma chambre laissa passer un trait de lumière. Masaomi était juste derrière, il attendait que je l'autorise à entrer. Je lui dis qu'il pouvait, il s'est alors avancé, il s'est assis sur le bord du lit, a retiré ses chaussures, et s'est glissé contre moi. C'était la première fois en six ans que c'était lui qui me rejoignait la nuit.
Je n'osais rien dire. Je le laissait juste me serrer contre lui. Furtivement, l'une de ses mains caressait mon ventre toujours plat.
« Il va falloir lui trouver un prénom, je te laisse cette charge Shiori. »
« Pourquoi moi ? »
« Tu seras sa mère, et c'est toi qui le porteras, tu sentiras mieux que moi sa personnalité. »
Il déposa ses lèvres sur mon front et parti. Avant qu'il ne quitte ma chambre, je lui demanda s'il était heureux, si cet enfant lui faisait un minimum plaisir.
« Oui, je suis heureux. »
Moi aussi je l'étais. J'allais avoir un bébé, une nouvelle présence qui ferait revivre cet endroit, j'aurai un enfant, une âme que je devrais protéger, éduquer, j'en serais responsable. Six mois à attendre désormais. Je pense que ce sera long.
Trop long.
Je veux mon bébé dans mes bras.
Maintenant.
Seijuro resta quelques secondes les yeux dans le vide. Il avait du mal à imaginer son père tendre qui embrasse sa mère ou qui vient quelques minutes dormir avec elle. Tout comme il ne l'imagine pas heureux. Pour lui, son père n'est qu'un tyran et sa mère une douce colombe.
Mais il était heureux de savoir que sa mère l'aimait et le voulait. Elle semblait heureuse.
Et après ? Que dit la dernière lettre ?
Il l'ouvrit immédiatement et l'a lu.
20 12 xxxx
Je sentais Seijuro bouger en moi. Il semblait énergique. Il me mettait des centaines de coups dans le ventre par journées. Je ne m'en plains pas, j'aime bien le sentir vivre dans mon corps.
La première fois qu'il a bougé, j'étais enceinte de quatre mois et demi. J'étais dans le jardin, assise en train de lire un livre quand j'ai senti quelque chose appuyer contre mon ventre. Je n'étais même pas sûre de ce que j'avais senti, c'était tellement infime comme sensation. Pourtant j'étais intérieurement sûre que c'était lui.
Je toucha mon ventre quelques peu rebondit et essaya de mieux sentir, mais il ne bougeait plus.
La semaine suivante, la même chose se passa, j'étais désormais sûre que c'était lui. Mon petit garçon bougeait.
Je suis la seule à avoir ce privilège. C'est moi et moi seule qui le sent et qui connais ses premiers gestes, je suis la première à le sentir vivre. Ce sont des instants magiques, je ne pensais pas être si heureuse de les vivres.
D'après le médecin, mon bébé devrait naître dans deux semaines, mais je suis persuadée qu'il va naître avant. Il a tellement d'énergie qu'il ne pourra pas attendre deux semaines pour sortir. Et puis, je n'ai pas dit au médecin que je commençais à avoir de petites contractions. Je ne pense pas que ce sois les vrais contractions, celles qui déchirent le ventre et qui font hurler de douleur. J'ai demandé conseil à ma mère, elle m'a simplement dit qu'on savait quand c'était le bon moment.
Je reçu au autre coup dans le ventre, celui là était violent. Je poussa un petit cri.
« Vous allez bien madame ? » demanda Chôko.
« Oui, c'est juste qu'il m'a frappé et que cela m'a surprise. »
« Vous êtes sûre qu'il vous aime pour vous frapper autant ? »
Je me mis à rire.
Masaomi qui passait par là entra dans le petit salon où nous riions.
« Que se passe t-il mesdames ? »
« Rien du tout, Seijuro m'a simplement donné un violent coup et cela m'a surprise. Tout va bien. »
Il acquiesça, me lança un petit regard, observa mon ventre et reparti.
Il n'a pas changé son comportement avec moi, même si je suis enceinte, je suis toujours aussi invisible à ses yeux.
Un jour, nous étions tous les deux dans le salon, ce qui est plutôt rare, Masaomi regardait mon ventre qui se déformait. Seijuro était dans une période particulièrement active. Même à travers ma robe, on pouvait voir mon ventre bouger sous ses coups. J'ai alors demandé à Masaomi qu'il voulait le toucher, il m'a dit que non. Il était tellement froid à ce moment. J'ai compris que ce bébé ne représentait pour lui qu'un héritier, pas un enfant. Moi j'étais pourtant heureuse de devenir mère.
Maintenant, je me rends compte que Masaomi ne me laissera même pas gérer l'éducation de mon fils, des précepteurs le feront pour moi. Je ne pourrais pas non plus m'occuper de lui, les domestiques le feront pour moi.
Après qu'il est quitté le salon. J'ai fondu en larmes. J'ai porté ce bébé, alors je veux au moins pouvoir l'élever. Je ne veux pas qu'il suive le chemin que Masaomi va lui tracer, je veux qu'il soit libre. Il ne doit pas faire la même erreur que moi.
Il me semble que c'est trop tard. Je me sens presque coupable de le mettre au monde pour qu'il y soit malheureux.
Je redoute le jour où il naîtra. Est-ce-que quelqu'un va venir me le retirer pour l'emmener je ne sais où et déjà lui bourré le crâne de règles de bonne conduite ?
J'ai peur. Une peur qui m'empêche d'être bien, de me réjouir pleinement de la naissance de mon enfant.
Une nouvelle contraction, un nouveau coup et soudain, une douleur plus forte que les précédentes. J'hurla presque de douleur. Chôko se précipita vers moi, je tenais mon ventre. C'était le moment.
Des domestiques allèrent prévenir le médecin et Masaomi. Chôko m'aida à aller dans ma chambre, je m'allongeas sur le lit, mais la douleur ne passait pas, je ne trouvais aucune position qui puisse me soulager.
La douleur venait pas vague régulières, comme le battement d'un cœur.
Après, je me souviens des heures d'attente à souffrir sur mon lit que mon col soit assez élargit pour que le bébé puisse passer. Je me souviens de Chôko qui tenait ma main, je me souviens que Masaomi n'est même pas venu me voir. Je me souviens que je priais pour que tout finissent vite. J'avais tellement mal.
Le médecin m'a demandé de pousser. Étonnement, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus difficile dans l'accouchement, c'était même le plus simple. La douleur des contractions était le pire.
Je voyais venir avec angoisse le moment où on me retirerait mon bébé.
Chôko me glissa à l'oreille qu'on voyait déjà sa tête et que c'était bientôt fini.
La douleur disparue d'un coup quand Seijuro sorti de moi. C'était étrange, je me sentais vide. Mais cette sensation cesse vite, à la place, la joie. Je l'entendais pleurer. Ce n'est pas que j'aime savoir que mon bébé a mal en respirant pour la première fois, mais j'ai tellement attendu ce moment. Je viens de donner la vie.
Chôko mit Seijuro sur ma poitrine. Il pleurait si fort, un cri aiguë. Il bougeait ses mains contre moi, ses jambes gigotaient. Je voyais ses petits cheveux rouge framboise contre moi, je sentais sa chaleur à travers la serviette qui l'entourait.
J'ai pleuré. Tellement.
Mais le médecin me demanda gentiment de lui laisser mon enfant pour qu'il le lave. Je l'ai laissé le prendre et me suis endormi.
A mon réveil, Chôko était là, elle tenait le bord d'un petit berceau, un berceau blanc que j'avais acheté pour Seijuro.
« Vous êtes réveillée madame. »
« Où est mon fils ? »
Elle m'indiqua le berceau et l'approcha de moi. Seijuro dormait paisiblement, il avait la peau rosé, les cheveux ébouriffé, les mains repliées. Il était sous une couverture bien chaude mais je pouvais voir qu'il portait le pyjama bleu avec le petit poisson rouge dessus. Même si Seijuro est un enfant issu de la noblesse japonaise, il est hors de question qu'il porte des costards-cravate dès ses premiers jours. J'ai obtenu de Masaomi le droit de choisir comment l'habiller pendant ses trois premiers mois.
J'ai passé des heures dans des boutiques populaires pour trouver des pyjamas tout mignons. Dans les publicités, je voyais des enfants adorables qui les portaient. J'imaginais bien mon fils dedans. Et le voilà, tout petit, dans le pyjama bleu.
Je m'assis dans le lit et me pencha vers le berceau pour prendre Seijuro dans mes bras. Je l'emballa dans sa couverture et le serra contre mon cœur. Il semblait si calme, bien différent du bébé énergique qui se trouvait dans mon ventre.
« Bonjour mon bébé, je te vois enfin... » Murmurai-je.
Je le changea de position et le mit dans le creux de mes bras. Il ouvrit alors les yeux. Cela n'a duré que quelques secondes, mais j'ai vu son regard. Il avait les yeux framboises, comme moi, et les pupilles fendu, comme Masaomi. C'était notre fils.
Je sentais que jamais personne ne pourrait nous séparer. Je voulais qu'il reste éternellement dans mes bras, qu'il continu de dormir si paisiblement.
Masaomi entra dans la pièce, le soleil entrait et frappait son visage. Son expression était dure, ferme.
« Bonjour Masaomi, dit-je, je te présente Seijuro, notre fils. »
« Héritier Shiori, c'est notre héritier. »
Ses paroles m'ont blessé. Mon sourire et ma bonne humeur disparurent. J'entrevoyais déjà la vie de Seijuro. Il vivra cloîtré ici à suivre une éducation bien trop stricte pour lui, il n'aura pas une enfance heureuse, il suivra un chemin qui ne sera pas celui dont il rêvera. Il sera malheureux, comme moi, et plus tard il épousera une femme qu'il n'aimera pas.
Masaomi quitta la pièce. Chôko s'approcha de moi et compris ce à quoi je pensais.
« Madame, tant que vous serez avec lui, je suis sûre que tout ira bien. »
« Oui, merci d'être là aussi Chôko. »
Mon bébé, je ne veux pas que tu souffre.
Je me sens coupable de t'avoir fait naître.
Les larmes dévalaient son visage. Il ne pouvait pas les arrêter. Sa mère l'aimait, elle l'aimait tellement, elle s'est battue toute sa vie contre son père pour qu'il soit heureux et maintenant... Maintenant elle est à l'hôpital et risque de mourir.
La vie est bien trop injuste.
Mais il était heureux de vivre.
Voilà, une histoire bien triste qui commence. Elle sera courte, 2 chapitre. Cette histoire trainait dans mon ordi depuis trois semaines et j'en ais parlé à une amie qui m'a dit de la publier. Alors je le fais.
Que pensez-vous de Shiori ?
Je ne suis pas sûre d'avoir bien développé ses sentiments (notamment quand elle dit à Masaomi qu'elle attend un bébé), mais je ne voulais pas qu'elle parle en langage soutenu, je l'imagine vraiment comme une femme forte qui veut le bonheur de son fils quitte à se faire détester par l'homme qu'elle « aime ». Oui, elle l'aime.
Et je pense qu'elle l'a aimé jusqu'à la fin.
