L'oisillon prend son envol
[Avaïna a été élevé depuis sa naissance comme une femme, par sa mère. Bien qu'il soit un homme. Enfin, ayant bientôt atteint l'âge adulte, il décide de prendre son destin en main et de quitter sa mère.]
(La mère d'Avaïna danse au milieu de la pièce. Avaïna arrive au même moment)
Avaïna – Mère ? Permettriez-vous que je vous dise
Ce qu'il se pense et dans ma tête et dans mon cœur ?
Mère – Du temps que ça ne prenne pas toute l'heure
Car nous avons fort affaire. J'autorise !
Mais ne pense pas avec le cœur mon enfant,
C'est mauvais. Laisse plutôt cela aux hommes !
Avaïna – (la main sur le torse, au-dessus du cœur)
Justement Mère j'ai un cœur, je suis homme.
Mère – Tu vis, tu vis ! Tu en as un, c'est évident.
Ne pense point avec et oublies-le, vite !
Avaïna – Je n'en ferais rien ! Presqu'inutile qu'il est,
Tout pleins de trous que vous avez fait, vil mite !
Mère – Tu m'accuses, moi ? Qu'ai-je fait pour mériter
Tel châtiment, telle honte, telle insolence !
Tu te chamaille et darde ton venin,
Quel est ton but, que tu gardes sous silence ?
Avaïna – Mon but ? Il va vous sembler tant et si bénin.
Je suis venue à vous Mère, dire ; je pars !
Mère – Tu pars ? Mais où comptes-tu partir ? Où pars-tu !
Et pourquoi, ô pourquoi, de moi t'éloignes-tu ?
Avaïna – Je pars apprendre ce qu'est vivre, ce noble art !
Je pars être un homme libre de vos chaînes !
Je pars à la guerre sur les traces d'un père !
Je pars loin de vous, Mère, loin et sans haine.
Mère – Tu pars oui, tu cours à ta perte, misère !
Avaïna – Je perds plus à vos côtés qu'à partir vivre.
N'avez point à m'en donner le droit, je le prend.
Mère – (sanglote)
Damnation ! Déjà de douleur je suis ivre !
Tu m'abandonnes. Je vais me perdre, errant
Au hasard à attendre un traître de fils.
Avaïna – N'attendez rien. Je m'en vais, et que je jouisse
D'assez de chances pour que votre souvenir
N'éveille en moi guère triste ou mauvais désir.
Mère – Non ! Que tu sois maudit ! Ne prends pas ton envol !
Avaïna – Vous maudissez votre propre sang ? Pauvre folle.
Je vous adieu en dernières paroles.
