Titre : Ah ! My Anbu
Auteur : Mokoshna
Manga : Naruto
Crédits : Naruto est la propriété de Masashi Kishimoto etc. Ca n'a pas vraiment changé depuis la dernière fois, à vrai dire...
Avertissements : Yaoi KakaIru, Iruka pas gentil et non, pas plein d'espoir et de joie... parce que franchement, vous avez déjà été prof vous ? J'en ai une comme coloc' et je peux vous dire que c'est pas la joie, vraiment pas... Veux surtout JAMAIS être prof.
Euh... et je m'excuse d'avance pour la personnalité... comment dire... bizarre de ce Iruka. J'en avais juste marre des Iruka parfaitement parfaits. Désolée.
Commentaires artistiquement idiots de l'auteur : Ce truc est un cadeau pour ma coloc', Berylia-Crystalia. C'est une fan finie d'Iruka. Chacun ses problèmes.
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Chapitre 1 : Anbu-sama !
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Iruka évita de justesse un kunai lancé de nulle part qui était sur le point de lui transpercer la gorge. La situation ne se présentait pas très bien. Il n'arrivait même plus à détecter la présence de ses ennemis, et sa réserve de chakra était loin d'être suffisante pour les contrer à cet instant. Il ne savait même pas leur nombre exact ! C'était très mal parti pour lui. D'un instant à l'autre, il allait rejoindre ses innombrables compagnons ninja tombés à la guerre... Il voyait déjà la scène : tout Konoha (ou presque, mais c'était son rêve après tout, on n'allait donc pas chipoter sur le nombre ! Il rajouta ceux de Suna pour faire bonne mesure), assemblé devant sa tombe un jour de pluie, pleurant à chaudes larmes sa disparition tragique sur fond musical de « Ce n'est qu'un au revoir, mes frères... ». Naruto désespéré qui s'accrochait aux brins d'herbe de sa tombe, ses élèves actuels faisant un concert de piaillements en son honneur qui pourrait s'entendre de Suna... Les parents d'élèves déposant chacun à leur tour une gerbe garnie de fleurs fraîches, le Hokage énonçant un discours élogieux sur les bienfaits de l'éducation, une troupe d'Anbu lançant une salve de shuriken pour célébrer la bravoure d'un Chuunin d'exception mort au combat, vaillamment le kunai à la main...
Sauf qu'il ne lui en restait plus. Zut, zut et re-zut. Et il était aussi un peu juste pour tout, en fait. Peut-être que s'il cassait une branche et qu'il l'agitait courageusement devant lui, cela intimiderait assez l'ennemi pour lui laisser le temps de fuir... Mouais. C'était peu probable. Ou alors ceux d'en face seraient tellement gondolés de rire qu'ils ne feraient plus attention à lui et passeraient leur chemin. Ca, c'était crédible.
Quelle vie ! Pourtant, la journée avait plutôt bien commencée. Son réveil avait sonné à exactement six heures. Il s'était levé du pied droit. Il faisait toujours très attention à mettre le bon pied. Il n'était pas superstitieux (enfin, peut-être un peu), mais mieux valait ne pas prendre de risque. Et rien n'égalait une bonne routine bien réglée pour ça. Il avait filé à la douche, s'était brossé intensivement les dents (une bonne hygiène corporelle et bucco-dentaire, c'était important). Puis il s'était habillé avec soin (mais c'était pas trop dur ça, il mettait toujours les mêmes vêtements), s'était préparé un bon café fort et un bon petit déjeuner à la japonaise (riz et tout le tralala, il adorait ça !). Tout en buvant son café, il avait lu dans le journal les dernières nouvelles. Un début de guérilla dans le pays du Son. Des morts en veux-tu en voilà. Quelques assassinats non résolus, des disparitions en tous genres, une infidélité par-ci par-là. La routine, quoi. Il avait refermé son journal sur la défaite de l'équipe locale au ninball (le sport national de Konoha ! C'était une espèce de condensé entre le football et le basketball, sauf que les techniques ninja étaient permises – sensations pures garanties !). Il avait ensuite attrapé son bento, son sac, ses cours, et était parti courageusement en classe.
Les enfants avaient été assez sages, pour une fois. Pour cause, ils avaient une sortie scolaire ! Le professeur Iruka devait les emmener en forêt pour les familiariser avec les alentours du village et leur permettre d'exploiter au maximum la configuration du terrain. C'était primordial ; si ses habitants ne pouvaient pas se débrouiller dans leur propre forêt, mais où irait Konoha ma bonne dame... Donc, entraînement intensif, en commençant par une reconnaissance des plantes comestibles locales (et c'était pas du luxe, la moitié de ces jeunes écervelés – euh il voulait dire ces jeunes pleins d'espoir et de potentiel - avait ramené quasiment tous les champignons vénéneux et autres baies empoisonnées du secteur, sans parler du groupe de trois garçons téméraires – et stupides – qui avaient failli être piétiné par une maman sanglier en furie après qu'ils aient levés par erreur ses marcassins).
Bon. Bilan du cours, blessures et bleus en tous genres, piqûres d'insectes divers et une presque intoxication alimentaire de la part d'un jeune membre du clan Akimichi un peu trop impatient qui avait voulu goûter aux baies avant de les montrer au professeur (heureusement Iruka avait prévu le coup et avait emmené avec lui tout un attirail d'antidotes et aussi des gants en plastiques pour introduire deux-trois doigts au fin fond de la gorge de cet abruti fini, histoire qu'il régurgite le tout et avec, son petit déjeuner – ah, ça faisait du bien quand même !).
Enfin, il avait été prévoyant. Il croulait même sous le poids de la trousse de secours qu'il avait emmené avec lui (et avec tout ce qu'il savait question premiers secours et autres soins intensifs, il aurait pu faire un médico-nin potable. Pourquoi, mais pourquoi n'avait-il pas choisi cette voie à sa sortie de l'examen Chuunin !). Il avait de la pratique sous la ceinture ; il fallait dire, avec tous les gosses excités dont il avait la charge, qui se faisaient une joie d'exploiter au mieux de leur maladresse et malice les objets contondants qu'on leur fourrait entre les mains... Les sales petits... !
Non, non, rectification, c'étaient des braves petits et la future élite ninja de Konoha, l'espoir de leur village... Et heureusement, il avait la satisfaction de recueillir des années de scènes embarrassantes et d'anecdotes croustillantes à leur sujet à raconter à leur future compagne ou compagnon et surtout à leurs enfants ! Il avait vraiment hâte qu'ils grandissent un peu et se mettent à avoir leurs propres gosses, tiens... Qu'ils souffrent à leur tour, après que leurs parents et leurs éducateurs aient passés les meilleures années de leur vie à s'assurer qu'ils ne démolissent pas le village avec leurs frasques !
Et donc voilà. Tout allait (presque) pour le mieux dans le meilleurs des mondes, jusqu'à ce qu'il entende un cri paniqué venant du fin fond d'une broussaille... et que le dernier héritier du clan Inuzuka, Pochi, n'en surgisse, agrippé par la peau du cou par un espèce de gros tas de muscle bardé de cicatrices. Sugoimaru, le familier de Pochi, était accroché à l'arrière-train du géant en grognant ; il avait enfoncé ses crocs si profondément qu'on aurait cru une extension naturelle de l'homme (c'était grotesque comme idée mais en même temps ce type était si moche...). Le géant avait marmonné quelque chose de sa grosse voix bourrue, Iruka n'avait rien compris à part « honneur bafoué », « responsabilité » et « duel ». Puis il avait relâché aussi sec Pochi qui avait atterri sur ses fesses en couinant, mais c'était bien fait. Il fallait qu'il pense à lui infliger la plus formidable fessée de sa vie en rentrant (s'il arrivait à s'en sortir vivant). Pas le choix. Il avait ordonné aux enfants de rester sagement dans la clairière où ils s'étaient réunis, tandis qu'il irait « botter le cul » (selon les mots de Pochi) à ce gros méchant pas beau qui pue. Note pour plus tard, une raclée de premier ordre ET un mois de retenue et de devoirs supplémentaires pour Pochi Inuzuka (là encore, s'il s'en sortait vivant). Mais ça aurait pu aller. Aussi gros soit l'adversaire, Iruka était quand même un Chuunin aguerri de Konoha. Aucun problème. Il avait affronté des hordes de gamins ninja turbulents depuis des années, il pouvait faire face à un adversaire. Ou deux.
Ils avaient été au moins cinq. Bien sûr, il aurait pu lui dire qu'il avait des frères jumeaux à la douzaine bien cachés dans les fourrés, mais ça aurait été moins drôle... Bande de sadiques, tous autant qu'ils étaient. Il était sûr qu'ils avaient été élèves à l'académie de ninja de Konoha avant d'échouer lamentablement à l'examen et de finir en mercenaires-bandits de grand chemin qui agressaient les petites vieilles qui allaient cueillir des framboises dans les bois. Et bien sûr, il avait emmené tellement d'objets pour soigner les petits diables dont il avait la charge (objets qu'il avait déjà presque tous utilisés !) qu'il ne lui restait que peu de place pour quelques pauvres armes et parchemins... Il fallait qu'il pense à demander une augmentation à Tsunade. Ou une retraite anticipée. Quoique, vu la tournure que prenaient les événements, il l'aurait sa retraite anticipée, bien au chaud au cimetière de Konoha... s'ils retrouvaient son corps.
Bon, un petit résumé s'imposait. Presque plus d'armes, plus de parchemins, réserve de chakra au plus bas (merci les enfants !), tout pleins d'ennemis invisibles qui voulaient lui faire la peau, et ses perspectives d'augmentation compromises par sa mort prématurée. Ô joie profonde. Il se demanda s'il était trop tard pour changer de boulot.
Une grosse pierre vint s'écraser à ses pieds, suivie par d'autres plus petites qui lui fonçaient dessus à toute allure. Iruka en évita toute une tripotée mais d'autres arrivaient en surnombre et fatigué comme il l'était, il ne put tout esquiver. Super, mort par lapidation. Il en avait toujours rêvé. Non seulement il trépasserait à coup sûr, mais en plus son corps serait horriblement déformé par les jets de pierre (vu la force avec laquelle elles étaient lancées ça ne serait vraiment pas joli à voir).
Il para à la dernière minute un de ces cailloux avec le bras, mais la douleur le retint un instant (il avait dû se casser quelque chose) et il mit un pied à terre. Un kunai, caché en traître derrière les pierres, était bien parti pour se ficher jusqu'à la garde dans son front... Il le vit arriver au ralenti, comme dans ces mauvais films d'action où le héros était censé l'éviter au tout dernier moment avec une pichenette... sauf qu'il n'était pas un héros de film d'action, il n'était qu'un professeur d'académie qui faisait la classe à une horde de gamins en furie. C'était la fin. Avec vaillance, il ne ferma pas les yeux (comme s'il en avait le temps, tiens !).
Le kunai fut rejeté au loin avec un tintement mélodieux. Un shuriken habilement lancé l'avait expédié à plusieurs mètres de là. Iruka leva les yeux avec surprise. Le flot de pierre avait cessé. Il vit le géant (ou l'un de ses frères ? Ils semblaient taillés dans le même moule) tomber lourdement d'un arbre en poussant un cri rauque.
Une ombre lui cacha le soleil. Levant les yeux (un rayon surgissant brusquement l'aveugla un instant), il aperçut, bien fièrement campé sur des jambes magnifiques que n'aurait pas dédaigné un mannequin professionnel, un Anbu de belle prestance lui tendre une main gantée aux doigts fins et sophistiqués. Le masque de chien qu'il portait luisait au soleil, comme une nacre délicatement taillée par des années passées dans l'océan... La silhouette élancée de l'homme était un véritable plaisir pour les yeux ; ses cheveux argentés en pointes élégamment peignées sur le côté semblaient faits de fils de la soie la plus pure. Le katana qu'il portait sur son dos était un bijou de finesse pour tout amateur d'armes blanches. Iruka tendit sa main encore valide et la mit timidement dans celle de son sauveur.
Il faillit la retirer aussitôt, mais l'homme l'avait fermement agrippée et il s'ingéniait à le relever avec poigne. Un léger courant électrique, prenant source dans la main de son vis-à-vis, avait parcouru le corps épuisé d'Iruka en lui procurant une sensation délicieuse, proche du plaisir sexuel (et c'était probablement le cas. Il était sûr que l'homme en face de lui était prodigieusement beau. Il n'y avait qu'à voir son corps de rêve pour ça !).
- Vous allez bien ? fit une voix superbement virile, un peu étouffée par le masque.
- Euh...
L'Anbu sembla remarquer son bras blessé. Il le prit avec précaution et l'examina ; Iruka pouvait sentir son regard chaud posé sur lui et c'était si tendrement délicieux... Heureusement que l'autre ninja était focalisé sur son bras, il devait arborer une magnifique expression post-coïtale bien idiote à l'instant...
- Ca n'a pas l'air trop grave, mais vous devriez vous faire examiner par un médico-nin compétent. Où sont les enfants ?
Oups. Il avait pourtant presque réussi à les oublier, emporté qu'il était par son euh... admiration ? envers l'Anbu... Il secoua la tête.
- Je les ai laissé dans une clairière en attendant. Ce n'était pas très malin, je sais, mais je n'avais pas vraiment le temps de penser à autre chose...
- Ca ira. Heureusement que je passais par là en rentrant au village. Ce n'est pas très prudent ni raisonnable de la part d'un professeur d'académie de provoquer en duel sept mercenaires entraînés.
Une raclée plus un mois de retenue PLUS un mot pour ses parents pour le jeune Inuzuka. Ou peut-être un redoublement en règle, ça lui apprendrait à le rendre ridicule devant l'homme de ses rêves.
Ou peut-être pas. N'y avait-il pas eu cette histoire de duel stupide, il ne l'aurait pas rencontré, cet Anbu de belle prestance. Donc pas de redoublement. De toute façon, Pochi n'avait pas besoin de son aide pour ça, vu les bêtises au kilomètres qu'il faisait chaque jour.
- Pour plus de précaution, je vais vous raccompagner, professeur Iruka.
- Hein ? s'étonna-t-il. Mais comment connaissez-vous mon nom ?
- Facile, et l'Anbu eut un rire harmonieux qui sonna comme mille chants grégoriens aux oreilles d'Iruka. Je sais tout de vous.
C'était fini. Iruka était définitivement amoureux... et définitivement en train de jouir sur place. Mais quelle idée d'avoir une voix aussi sexy... et bien sûr, il ne lui avait pas lâché la main et la sensation de ses doigts gantés sur les siens (de doigts gantés) était une caresse splendidement sensuelle... Ah, Anbu-sama... (1)
- Professeur ? Vous allez bien ? Vous faites une drôle de tête...
Iruka s'évanouit. (2)
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- Il se réveille !
Il entendit des cris, des pleurs et des reniflements. Assez pour le rendre sourd. Bon, les enfants allaient donc bien. Iruka ouvrit péniblement les yeux ; un mal de crâne de fin de semaine, comme la gueule de bois qu'il se payait tous les samedis soirs avec les autres professeurs de l'académie, lui tambourinait le haut du corps. Et on n'était encore que mardi. C'était pas une vie, vraiment.
Mais il y avait quelque chose de différent, cette fois. Une sensation un peu plus agréable qui s'y ajoutait... un peu comme quand il allait visiter le quartier chaud de Konoha (pour aller voir la mère d'un de ses élèves les plus turbulents, et pas pour ce que certains pervers pourraient croire ! Elle faisait les meilleurs petits gâteaux au gingembre qu'il avait jamais mangés, et de toute façon il était gay, alors question drague de mère d'élève c'était tranquille, et elle le savait). Ah, son entrejambe lui collait au corps... Mouais. Heureusement qu'il avait mis une coquille qui empêcherait une fuite gênante. Il le fallait bien, il était professeur d'une bande de gamins espiègles, il rappelait, une bande de gamins qui n'avait aucun scrupule à compromettre ses chances de reproduction si ça pouvait leur faire gagner une demi-heure de tranquillité et de jeux... Il fallait vraiment qu'il la demande, cette augmentation.
- Iruka ? fit une voix un peu plus grave que les autres.
- Anbu-sama !
Il se souvint de tout à l'écoute de cette voix, cette voix ! Du sake chaud au litre, cette voix. L'Anbu se mit à rire doucement. Ô bonheur, ô délectation...
- Anbu-sama ? Que d'honneur, je ne mérite pas un tel titre... mais ce n'est pas désagréable de l'entendre d'un homme aussi méritant que vous.
- Méritant ?
- Bien sûr ! Qui ne connaît pas le professeur Iruka, le meilleur professeur de l'académie, patient mais ferme, gentil, attentionné, courageux même ! Si vous saviez ce qu'on raconte sur vous ! On dit que vous feriez un parti idéal, vous pensez...
- Ah... oui, ça...
Iruka se gratta la tête d'un air gêné. Il avait bien entendu parler de cette rumeur ridicule. S'il attrapait celui ou celle qui l'avait lancée... Depuis, il était régulièrement la cible d'une pauvre fille désespérée ou deux en quête d'un mari acceptable à présenter à ses parents. Une bonne partie d'entre elles étaient déjà engrossée jusqu'aux yeux et elles espéraient bien profiter de la soit-disant gentillesse et naïveté du Chuunin pour couvrir ce qu'un autre petit malin avait provoqué... Mais oui, mais oui. Il pouvait être une bonne poire à ses moments, mais fallait pas charrier non plus. Et heureusement qu'il était pédé, tiens, parce que tout réticent à la chose qu'il était, certaines de ces demoiselles n'hésitaient pas à employer les grands moyens en désespoir de cause en se coulant par exemple toutes nues dans son lit à son retour de boulot ! Les garces ! Il allait finir par se fabriquer une pancarte « Gros Pédé, non merci les filles » à se balader partout avec si ça continuait !
- Vous savez, il ne faut pas croire tout ce qu'on dit...
Comme cette rumeur qui affirmait qu'il était un type extra et ordonné qui savait faire le ménage, la cuisine etc. Bon, pour la cuisine, il se débrouillait, il vivait seul depuis un moment (mais ses premiers plats, ils auraient dû goûter ses premiers plats tiens ! Des horreurs innommables et immangeables !). Le ménage, euh... moins. Certes, il avait ses manies (ah ça oui !) mais la propreté de sa maison n'en faisait pas vraiment partie. D'aspect extérieur, il était toujours propre, avec une tenue impeccable. Mais c'était facile quand on mettait toujours la même chose, et de toute façon le tissu de son uniforme Chuunin était anti-pli. S'il fallait qu'il touche un fer à repasser, ce serait la fin du monde (et de son appartement)... En parlant de celui-ci, il fallait qu'il sorte les poubelles à un moment ou à un autre... c'était ce qu'il se disait depuis trois mois déjà. Sa cuisine ne ressemblait plus à rien avec les tas d'immondices qui recouvraient le sol (il avait été blanc un jour, à ce qu'on lui avait dit). Sans parler de la vaisselle informe qui polluait l'évier (il n'en avait plus vu le fond depuis il ne savait plus quand, il se contentait de relaver toujours les mêmes plats utiles quotidiennement mais sans plus), du linge sale courant qui menaçait de s'abattre sur lui à chaque fois qu'il passait dans la salle de bain (pourquoi vous croyiez qu'il mettait toujours la même chose ?) et de ses affaires traînant un peu partout qui lui permettaient de s'entraîner à domicile en esquive des objets inanimés... Et malgré tout, il y avait encore des rêveurs qui croyaient qu'il était un mec extra ? Il leur en foutrait, des mecs extras, tiens...
- Ne soyez donc pas si modeste ! fit son interlocuteur avec gentillesse. Un homme tel que vous, voyons...
- Euh... oui ?
Des piaillements aigus vinrent ponctuer sa réponse. Les enfants réclamaient son attention. Les sales petites vermines, pas capables de s'occuper cinq minutes quand l'homme de sa vie lui parlait comme à une perle rare !
- Suzu, arrête de pleurer, je vais bien. Et toi Karasu, ne mets pas tes doigts dans la culotte de Mariko ! Suki, redescends de cet arbre, tu as le vertige je te rappelle, et je n'ai plus de pansement ! Pochi, ne mords pas le cadavre du brigand !
C'était sans fin. Il fonçait de droite à gauche pour remettre de l'ordre. Fort heureusement, les enfants avaient eu tellement peur en le voyant s'éloigner avec le géant qu'ils n'avaient pas bougé de la clairière, mais à présent ils se rattrapaient en courant partout. Et il n'avait même pas encore récupéré de son combat (et de son orgasme).
- Laissez, je m'en occupe, dit lentement son sauveur. Allez donc vous reposer un peu, vous l'avez bien mérité.
Et son Anbu s'était élancé pour ramener les démons qui composaient la génération suivante de Konoha. Iruka le regarda faire les yeux brillants d'une admiration non contenue. Qu'il attrape élégamment par la peau du cou Pochi (c'était le meilleur moyen), qu'il assène avec grâce par-ci par-là des claques bien senties et autres fessées en règle, qu'il coure après les quelques récalcitrants les plus rapides avec des pirouettes dignes d'une danse de salon... Ah, Anbu-sama...
- Euh... professeur ? fit la voix timide de Ruka, la fille la plus sage de la classe. Pourquoi vous bavez par terre ?
Son bel Anbu se dirigea alors vers lui, quatre gosses accrochés à divers endroits de son corps parfait. L'un d'eux tirait un peu trop fort sur son pantalon et avait par-là libéré un bout de hanche particulièrement délectable, et son haut qui avait été déchiré avec fureur par un autre laissait entrevoir un téton rose du meilleur effet.
Il s'évanouit de nouveau en poussant un petit cri ravi.
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Lorsqu'il se réveilla pour la troisième fois de cette fichue journée, ce fut à l'infirmerie de l'académie. Une jolie médico-nin était penchée sur lui et lui faisait un immense sourire. Il la connaissait, celle-là. C'était sa dernière conquête en date. Elle n'était pas enceinte (en tout cas pas à sa connaissance) mais elle rêvait de se trouver un gentil mari pour qu'il s'occupe de ses grands-parents gâteux, et il avait entendu dire qu'elle était la plus mauvaise cuisinière de tout le pays du Feu, au point que même un Akimichi avec l'estomac le plus endurci de son clan refusait de toucher à ce qu'elle préparait... non merci. Il lui rendit un sourire un peu crispé, et le regard heureux qu'elle lui lança alors lui donna la chair de poule.
- Dieu merci, vous êtes réveillé, Iruka ! J'étais si inquiète !
- Merci... euh... Ka... rako ?
Bon, elle jubilait, c'était donc qu'il ne s'était pas trompé. Elle lui prit tendrement la main dans les siennes (Iruka retint un frisson d'horreur en la sentant la caresser doucement).
- S'il vous était arrivé quelque chose, je n'aurais pas pu le supporter !
Mais il lui était déjà arrivé quelque chose, puisqu'il était à l'infirmerie. Et bon, c'était pas tout ça, mais il devait aller se changer. Et c'était urgent. Sa coquille commençait à être débordée (et ce n'était pas juste une façon de parler).
- Je suis désolée, mademoiselle Karako, mais il faut que... euh... j'aille m'occuper de mes élèves. Les pauvres petits, ils ont sûrement besoin de moi...
- Oh, ne vous en faites pas ! L'Anbu qui vous a emmené ici m'a chargé de vous dire qu'il les avait renvoyé chez eux sains et saufs !
L'Anbu ? Son Anbu-sama ? Quelle galanterie, quelle gentillesse... quelle déception. Il s'était lamentablement raté deux fois de suite devant lui et il ne savait même pas comment il s'appelait...
- Ah, oui. Il m'a sauvé la vie. Mais je n'ai malheureusement pas eu le temps de lui demander son nom... le sauriez-vous, mademoiselle Karako ?
Et il lui fit un sourire doux qui avait la particularité de faire fondre n'importe qui, y compris le Sandaime (et de lui soutirer n'importe quelle faveur. Il n'avait pas encore eu l'occasion de le tester sur Tsunade, ce serait pour quand il lui demanderait son augmentation). Karako n'avait aucune chance. Il pouvait la voir littéralement fondre sur place.
- Oh, il ne l'a pas dit, hélas. Mais je suis sûre qu'il vous recontactera ! Je veux dire, qui ne le ferait pas ? Il voulait prendre de vos nouvelles, en plus !
- Ah vraiment ?
Il réfléchit intensément. Bon, il allait donc repasser. Mais il ne pouvait pas rester indéfiniment dans ses vêtements sales. En plus, il lui fallait une bonne excuse pour mobiliser l'un des précieux lits de l'infirmerie. Son bras le tirait bien encore un peu, mais c'était rien, ça.
- Vous pourriez me rendre un service ? fit-il de sa voix la plus mielleuse.
Les yeux de Karako pétillèrent.
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Kakashi remit paresseusement son rapport au ninja qui s'occupait des dossiers de mission. Celui-ci l'accepta sans poser de question ; il était à son poste depuis sept heures du matin, il n'allait pas faire du zèle... déjà qu'on était presque à la fermeture. Il ne restait plus qu'un quart d'heure avant la sonnerie de fin de journée. Kakashi était arrivé à point ; cinq minutes plus tard, son rapport aurait été refusé sans ménagement.
- Toujours en retard, à ce que je vois, fit la voix bourrue d'Asuma.
Le Jounin lui mit une tape amicale dans le dos qui faillit le projeter sur le mur d'en face. Il avait toujours eu une de ces poignes ! Kakashi se massa avec peine l'épaule endolorie qu'il avait frappé sans ménagement. Il possédait déjà assez de courbatures comme ça !
- Dis donc, t'es pas beau à voir, fit remarquer son ami. La mission a été rude ?
- Hein ? Ah non, elle ne m'a posée aucun problème. C'est le retour qui a été... difficile.
- Développe ?
- J'ai croisé le professeur Iruka qui était aux prises avec sept mercenaires.
- Ah je vois, tu l'as aidé et ces mercenaires t'ont rendu la vie dure.
- Pas du tout. Ca a duré deux minutes.
- Mais...
- Seulement après, Iruka était si mal en point que je me suis proposé de l'aider à mettre de l'ordre dans sa classe...
- Houlà... t'es suicidaire ou quoi, en ce moment ?
- Mouais... Il le fait bien tous les jours, le professeur Iruka...
- Oui mais là, tu parles de l'élite de Konoha ! Il le faut pour s'occuper tous les jours de ces... de ces...
Et il fut pris d'un tremblement intense qui lui fit lâcher la brindille qu'il avait entre les dents. Kakashi haussa un sourcil sceptique.
- T'exagères pas un peu ?
- Demande à Anko, si tu veux !
- Anko ?
Le hasard étant ce qu'il était, celle-ci passait justement rendre son rapport (et aucun membre de l'administration n'osait le lui refuser, car elle était bien capable de les envoyer à l'infirmerie pendant un mois s'ils lui offraient la moindre contrariété). Elle détourna les yeux d'un petit homme frêle qui attrapa en frissonnant le dossier fin qu'elle lui tendait.
- Quoi ? grogna-t-elle de sa voix la plus naturellement hostile.
Le petit homme de l'accueil se recroquevilla sur son siège, prêt à rendre l'âme.
- Anko, toi qui a été professeur d'académie pendant une semaine, tu penses quoi des gamins des petites classes ?
La réponse fut assez comique, dans un sens horrible et fascinant. La jeune femme ouvrit des yeux ronds de la taille d'un pamplemousse ; le croassement d'horreur qu'elle eut peine à retenir rappela à Kakashi le cri d'agonie d'un lapin entre les griffes d'un renard particulièrement sadique et cruel. Elle claqua des dents ; l'Anbu put voir avec surprise au coin de ses yeux, deux fines gouttes tenter une percée... des larmes ? Anko ?
- La ferme ! s'écria-t-elle, paniquée. Je n'ai jamais été professeur d'académie !
- Mais si, souviens-toi cette fois où tu devais remplacer ta petite amie du moment, cette fille rousse avec deux belles paires de...
- JE N'AI JAMAIS ETE PROFESSEUR D'ACADEMIE ! UN POINT C'EST TOUT !
Et elle jeta sur lui une table, deux chaises et toutes les armes qu'elle avait dans sa besace. Asuma évita le gros des projectiles mais il fut cloué au sol par une bonne centaine de kunai qui retenaient ses vêtements et même ses sandales. Anko lui mit une lame acérée sous le nez.
- Je. N'ai. Jamais. Été. Professeur. D'académie, articula-t-elle, intraitable.
- Euh... ok.
Il n'avait plus qu'à s'incliner s'il ne voulait pas finir avec la peau en moins. Poussant un cri de rage teinté de désespoir, la jeune femme se releva et fila à travers la fenêtre en cassant le carreau. Asuma gémissait au sol en tentant de se défaire des armes qui le retenaient.
- Rappelle-moi de ne jamais demander de mutation à l'académie, fit avec effroi Kakashi en l'aidant à se libérer.
- Ok. Moi aussi.
- On n'en parle plus ?
- C'est d'accord. Ca te dit, un verre ?
- Plutôt deux fois qu'une.
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Iruka avait fait le tour de l'académie (après être rentré chez lui pour prendre une douche et se changer, bien sûr). En vain. Personne ne semblait connaître l'identité de son bel Anbu. Pensez donc, des Anbu, il y en avait des dizaines au moins qui passaient et repassaient dans le village et aux alentours... Il pesta en silence. Le sort était décidément contre lui ! Il trouvait enfin l'homme de sa vie, qui lui offrait le plus bel orgasme de sa courte existence de Chuunin, et il se volatilisait sans qu'il ait un moyen de le contacter ! Si seulement il avait un indice, un début de nom ou de matricule... mais rien. C'était désespérant.
Il décida d'abandonner pour la journée. Quelle vie ! Et il devait encore corriger des copies en rentrant. Mais bon, ça ça pouvait attendre. Il décida de faire bonne mesure en se dirigeant d'un pas ferme et décidé au bar le plus fameux de Konoha. Il noierait sa peine dans le sake, il l'avait bien mérité ! Ah, Anbu-sama ! Il le retrouverait coûte que coûte, même si pour ça il devait retourner une par une les rues de Konoha et du pays du Feu ! Il était même prêt à mettre un avis de recherche s'il le fallait !
Ses pieds le menèrent d'eux-mêmes à « La ripaille », le bar à sake où il allait se saouler d'habitude. Le patron et les employés le connaissaient bien ; ils connaissaient d'ailleurs tous les professeurs de l'académie qui étaient leurs habitués du week-end. Mais voir le jeune Umino dès le mardi, c'était plutôt rare.
- Dure journée ? demanda Kon, le barman.
- M'en parle pas ! Sortie éducative dans la forêt.
- Ouch.
- Ouais. Sers-m'en un double, non un triple, bien serré.
- Ca marche. Et un triple on the rock, un !
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- Et son cul... son cul ! Deux boules de glace réglisse avec son pantalon moulant. Ou deux bols de ramen, au choix. Aargh ! Ce que je donnerais pas pour avoir un cul pareil !
Il avait passé deux bonnes heures à noyer son chagrin dans l'alcool, mais ça n'avait pas été très heureux à vrai dire... Iruka beuglait à présent à qui voulait l'entendre qu'il avait raté la chance de sa vie avec le plus beau spécimen mâle sur lequel il avait jamais bavé. Heureusement que les autres clients du bar étaient encore plus amochés que lui, sinon sa réputation en aurait pris un coup. Quant à ceux qui travaillaient là, ils l'avaient déjà vu faire pire... Comme la fois où il s'était mis à danser nu sur une table, un panier de fruits exotiques sur la tête. Ou la fois où il s'était mis à embrasser tous les hommes qui étaient à sa portée, et il avait fini par vomir sur Jiraiya qui passait par-là... Jiraiya qui avait d'ailleurs eu un superbe saignement de nez quand Iruka s'était mis peu après à se frotter sur lui en poussant des gémissements obscènes. C'était un hétéro de pure souche mais il fallait avouer que quand il s'y mettait (et qu'il avait un coup dans l'aile) le professeur Iruka pouvait se montrer particulièrement... persuasif. Heureusement pour l'ivrogne, le Sannin était quand même un gentleman sous ses airs de pervers fini et il l'avait gentiment raccompagné chez lui, sans rien lui faire de cochon soit-dit en passant... (Le vieux pervers l'avait regretté pendant des mois. Fichu sens de la chevalerie !).
- Pourquoi j'ai paaaas un beau cul ? se lamenta-t-il, en larmes. C'est pour ça que je me trouve pas de meeeeeeeccc !
Et il se mit à sangloter bruyamment, sous les soupirs exaspérés de Kon.
- Allons, allons, fit le barman en lui tapotant l'épaule, il faut pas dire ça...
- J'ai un cul tombaaaant !
- Mais non, mais non...
- Et... et... j'ai même pas de poitriiinneuh !
- Euh... Iruka, tu devrais vraiment envisager de rentrer tu crois pas ? Tu commences à dire des trucs bizarres là.
Mais le Chuunin continuait à sangloter à s'en fendre l'âme. Kon se gratta la tête. Qu'est-ce qu'il allait faire de ce poivrot-là ? Il ne pouvait pas laisser son poste, il était encore trop tôt, mais il fallait que quelqu'un s'occupe d'Iruka, il ne pouvait pas rester là...
- Quelque chose ne va pas ? fit une voix lente.
- Ah ! Kakashi ! Tu tombes bien !
Le Jounin prit une mine étonnée. Il venait de revenir d'un bon dîner bien arrosé avec Asuma et Kurenai (il avait laissé les deux amoureux roucouler en paix après le dessert) quand il avait entendu de la rue Iruka exprimer de vive voix sa détresse. Curieux, il était entré dans le bar, pour trouver le professeur à moitié évanoui, abruti qu'il était par les liqueurs qui avaient pénétré dans son organisme... Pour la troisième fois de la journée, il contempla la silhouette avachie d'Iruka. Ca commençait à devenir une habitude.
- Qu'est-ce qui lui est arrivé ? demanda-t-il, incrédule, à Kon (il se connaissaient depuis l'académie).
- Dure journée. Trop bu.
- Oh.
- Tu peux le ramener chez lui ? Moi je peux pas, j'ai mon boulot.
- Euh...
- Allez, quoi ! C'était pas toi qui m'avait dit que tu le trouvais mignon ?
- Euh... Si tu penses à ce que je pense, je t'arrête tout de suite ! Je suis pas...
- Le pervers le plus célèbre du coin après Jiraiya ?
Kakashi n'eut rien à redire à ça. Il contempla la forme d'Iruka qui avait fini par attraper une bouteille grand format de sake. Il la serrait à présent contre lui comme une grosse peluche. L'expression heureuse qu'il arborait sans pudeur n'était pas sans rappeler celle d'un vieil homme frustré abordant une très jeune fille à la sortie d'une école.
- Anbu-samaaaa, susurra-t-il à la bouteille en se frottant contre elle.
- Qu'est-ce qu'il raconte ?
- Va savoir. Il est comme ça depuis son onzième verre. Alors, tu le prends ?
Ce fut au tour de Kakashi de soupirer.
- Quand faut y aller...
Il l'attrapa, bouteille comprise, et le mit sans ménagement sur son épaule. Iruka se mit à entonner une vieille chanson sur la ménopause des hippopotames.
- Faut y aller, finit Kakashi en secouant la tête avec consternation.
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Iruka se réveilla encore une fois avec une magnifique gueule de bois. Ca commençait à faire beaucoup. Il poussa un flot de jurons bien sentis. Et tant pis s'il y avait quelqu'un ! Il avait d'autres chats à fouetter, surtout quand sa tête était la piste attitrée d'un concours de samba !
Il tâta sous lui pour tester le terrain. Du tissu doux, une masse molle... un coussin ? Il était empêtré dans des draps qui sentaient merveilleusement bon. Il ouvrit un oeil avec précaution. Il lui sembla reconnaître les environs.
Un instant, cette fissure dans le mur, ce paysage à travers la fenêtre... Mais oui, il était dans sa chambre ! Mais qu'est-ce qu'il lui était arrivée ? Elle était... propre ! Plus de linge sale qui traînait, plus de piles de livres posées un peu partout, plus de tas de poussière de l'épaisseur d'une petite butte ! Et ça sentait bon le jasmin, et ça brillait, et la fenêtre était ouverte (il n'arrivait plus à la décoincer depuis que la crasse s'était accumulée devant le battant) !
Il passa dans les autres pièces de son appartement à une vitesse-éclair (forcément, il n'avait plus rien à esquiver !). Là, dans le salon, quelqu'un avait épousseté les meubles, nettoyé la crasse, enlevé tous les débris inutiles ! La cuisine avait un sol ! Un sol ! Il ne l'avait jamais vu ! Plus de poubelles, volatilisées ! Un évier qui scintillait en fraîcheur citron, une vaisselle qui séchait dans son bac en émettant des « plic-plic » dus aux gouttes d'eau pures qui traversaient la porcelaine ! Pareil pour les toilettes, le couloir d'entrée, son bureau où livres et parchemins étaient rangés à la place où ils auraient dû être ! Sa maison lui était devenue étrangère du jour au lendemain !
Abasourdi, il se laissa tomber dans le petit fauteuil gris de son salon, sa migraine complètement oubliée. Un miracle, c'était un miracle ! Il remarqua alors le petit bout de papier blanc posé sur sa table basse (tiens, elle était bleue... depuis quand ?). Une petite pierre joliment décorée était posée dessus pour l'empêcher de s'envoler ; Iruka s'en saisit et jeta un coup d'oeil curieux sur les mots qui y étaient inscrits.
L'écriture était fine, nette et élégante ; une légère odeur de jasmin se dégageait du message, semblable à celle qui flottait dans l'appartement. Iruka respira à fond le bout de papier avant de lire.
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Désolé de ne pas pouvoir être là à votre réveil, disait-il, mais j'ai encore des choses à faire. J'espère que vous allez mieux depuis l'attaque d'hier. Je vous ai laissé avec mademoiselle Karako, je savais qu'elle prendrait soin de vous.
Bon rétablissement,
Votre ami.
P.S. : Je me suis permis de faire le ménage, j'espère que vous ne m'en voudrez pas.
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Le « Anbu-sama » presque douloureux qu'il poussa à ce moment-là résonna dans une bonne partie de l'immeuble, faisant sursauter nombre de riverains et pleurer le bébé du cinquième étage (Iruka habitait au deuxième). Il serra sur son coeur le message de son bien-aimé Anbu, une expression doucereuse sur le visage, les yeux papillonnants d'extase et la bave s'écoulant doucement de ses lèvres tordues par un sourire grivois.
C'était décidé, Anbu-sama serait sien à tout prix, ou il ne s'appelait pas Iruka Umino !
A suivre...
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(1) Bon d'habitude j'évite de mettre des suffixes japonais aux noms (on est français ou on l'est pas, quoi !) mais là ça ajoutait un côté tellement ridicule que j'ai pas pu m'en empêcher. En sachant que le -sama est l'une des plus hautes marques de respect qui soient en japonais.
(2) J'avoue, Iruka qui jouit sur place au contact de son bel Anbu, c'est tiré de ce manga de Yuki Yoshihara, Darling (sorti en français chez Génération Comics) où une pauvre fille frigide rencontre l'homme de sa vie qui l'emmène au septième ciel en lui soufflant dessus, et elle s'évanouit la gourdasse. C'était euh... comment dire... trop... trop. J'ai bien aimé, en fait.
