Bonjour,
je suis sensée être en train d'écrire la suite de That secret we share (Castle), mais cette fic Stargate ne veut pas laisser mon cerveau se concentrer sur une autre histoire. Dooooonc... je cède et je me lance !
Dites-moi ce que vous en pensez...
Disclaimer : les personnages cités dans cette fic ainsi que la trame générale de leur histoire sont la propriété de leur créateur et/ou de leur diffuseur. Seule la trame spécifique de l'histoire de la fic m'appartient. J'écris pour le plaisir, sans contrepartie financière.
~ Nouvelle donne~
Daniel retira ses lunettes et passa son index et son pouce sur ses paupières closes. Il pinça l'arête de son nez en fronçant les sourcils, l'air visiblement las, avant de rouvrir les yeux et de rechausser ses lunettes.
- Jack, dit-il posément en croisant les bras sur sa poitrine.
- Daniel ? répondit d'un air innocent le général appuyé contre le bureau, les mains dans les poches.
Sam baissa la tête et esquissa un sourire alors qu'une lueur amusée naissait dans les yeux de Teal'c. Depuis la promotion de Jack à la tête du SGC, les briefings improvisés dans le bureau de Daniel étaient devenus récurrents. Lorsque l'équipe n'était pas à l'autre bout de la galaxie, il se passait rarement une semaine sans qu'ils ne s'y retrouvent pour discuter d'une mission passée ou à venir. Si les membres de SG-1 soupçonnaient le général d'échapper ainsi à certaines tâches administratives, tous appréciaient cette nouvelle routine qui s'était installée et qui leur permettait de retrouver des interactions proches de celles qu'ils avaient connues au cours des huit dernières années.
- Jack, reprit l'archéologue sans lui laisser le temps d'intervenir. Il faut que nous allions sur cette planète.
Le général dressa un index et ouvrit la bouche, puis il la referma immédiatement et fronça légèrement les sourcils.
- Pourquoi, déjà ?
Le sourire de Carter s'élargit et il aurait juré que les commissures des lèvres de Teal'c avaient frémi. Un léger sourire s'afficha sur son propre visage. Il savait depuis plus de vingt minutes qu'il leur donnerait l'autorisation pour la mission, mais il aimait trop provoquer Daniel – occasion devenue bien trop rare à son goût depuis qu'il avait quitté le terrain. Daniel leva les yeux au ciel et soupira.
- J'ai commencé à déchiffrer les inscriptions visibles sur les clichés que SG-7 a pris lors de la mission d'exploration et il y est fait mention des Anciens et de la présence possible d'un ZPM. Un ZPM, Jack !
O'Neill était prêt à continuer son petit jeu, mais c'était sans compter sur l'intervention du colonel.
- Mon général.
Il tourna la tête vers elle et soutint un instant son regard. Son visage était détendu et Jack savait parfaitement qu'elle l'avait percé à jour.
- Daniel a raison, poursuivit-elle. S'il y a vraiment un ZPM sur P7M445, nous avons tout intérêt à nous y rendre pour tenter de le localiser.
- On n'a jamais assez de ZPM chez soi, hein Carter ?
Elle lui sourit et souleva légèrement les épaules. Jack prit une profonde inspiration et reporta son attention sur Daniel, qui fixait Sam d'un air reconnaissant. Il savait que lorsqu'elle intervenait, ce n'était plus qu'une question de secondes avant que le général ne cède.
- Vous avez besoin de combien de jours ?
Daniel haussa les sourcils, un sourire apparaissant sur son visage.
- Sérieusement, c'est oui ?
Jack le regarda par en-dessous.
- Combien de jours, Daniel ?
- Eh bien je dirais deux jours pour le mur du temple qui fait mention des Anciens, plus deux autres jours pour la façade Est qui a l'air de retracer l'histoire de cette civilisation et...
- Vous partez pour quarante-huit heures, coupa le général. L'objectif de votre mission est de localiser le ZPM et de le ramener. Départ dans une heure.
Daniel ouvrit la bouche pour protester mais déjà, la silhouette de Jack disparaissait dans le couloir. Il se tourna vers Teal'c et Sam, l'air triomphant.
- Combien de temps, cette fois ?
- Vingt-sept minutes, répondit calmement le Jaffa.
- Je ne pensais pas qu'il pourrait tenir aussi longtemps, murmura Daniel. Vous auriez pu intervenir avant, Sam.
Elle passa à côté de lui en haussant les épaules, un sourire contrit sur le visage.
- Désolée, mais ça n'aurait pas été aussi drôle...
oOoOoOo
Assise sur le banc du vestiaire, les mains occupées à plier soigneusement les vêtements de rechange qu'elle emportait pour la mission, Samantha Carter était plongée dans ses pensées.
Elle nourrissait des sentiments mitigés quant à son nouveau statut. Elle aimait être à la tête de SG-1 ; après tout le travail qu'elle avait fourni, elle estimait avoir fait ses preuves et le fait de diriger sa propre équipe avait toujours été l'une de ses ambitions. Mais d'un autre côté, SG-1 sans le général O'Neill n'était plus vraiment SG-1. Ce n'était pas comme s'il n'était plus du tout de la partie – après tout, il dirigeait le SGC maintenant - mais ce n'était tout de même plus pareil.
Ce n'était pas moins bien, ce n'était pas mieux. C'était différent. Et elle n'était pas certaine de vraiment apprécier cette différence.
Bien sûr, il y avait encore Teal'c et Daniel et le fait de travailler à leurs côtés chaque jour était extrêmement gratifiant, mais la vérité, c'est que Jack O'Neill lui manquait. Ses regards, ses sourires, son humour. Sa présence.
Elle soupira, agacée que de telles pensées viennent la perturber alors qu'elle était en service. Depuis huit ans, toute l'histoire de sa vie semblait tourner autour de cet homme.
Elle savait que c'en devenait ridicule, qu'il lui faudrait bien un jour aller dans un sens ou dans l'autre, qu'elle aurait sans aucun doute déjà dû prendre une décision, mais malgré toutes ces années, elle était incapable de faire un choix. Jusqu'à présent, elle arrivait à compenser cette situation par le fait qu'ils passaient le plus clair de leur temps ensemble, mais depuis plus d'un mois, ils ne se voyaient plus aussi souvent et les missions perdaient une partie de leur intérêt. Les paroles de l'un de ses formateurs lui revinrent en tête :
« La plus belle connerie que vous pourriez faire dans votre carrière, c'est de vous amouracher de votre officier supérieur. »
Le major Fitzgerald était un officier rustre mais incroyablement populaire à l'académie. Elle se souvint qu'elle avait ri lorsqu'il avait lâché cette phrase dans l'amphi. Un rire amusé qui cachait une pointe de dédain. Tomber amoureuse d'un officier supérieur ? Sérieusement ? Il fallait vraiment être désespéré !
Quelle ironie...
- Sam, vous êtes là ?
Elle ferma les yeux un instant pour reprendre pied avec la réalité, puis elle tourna la tête vers l'entrée du vestiaire.
- Vous pouvez entrer, Daniel.
La tête de l'archéologue apparut dans l'entrebâillement de la porte. Il laissa son regard errer dans la pièce déserte avant de trouver Sam, presque cachée dans la pénombre. Il lui sourit et indiqua le couloir, le pouce pointé par-dessus son épaule.
- Le départ a été avancé, on part dans cinq minutes. C'est bon pour vous ?
Sam baissa la tête vers son sac et haussa les sourcils en constatant qu'elle y avait empilé pas moins de cinq tee-shirts. Elle en sortit quatre, qu'elle replaça dans son casier, et se leva.
- Je vous suis, dit-elle dans un sourire.
Daniel ouvrit un peu plus la porte et la laissa passer. Il ramassa le sac qu'il avait déposé contre le mur et lui emboîta le pas.
- Cette mission promet d'être passionnante ! dit-il d'un air enjoué.
Sam fit un effort pour ne pas rouler des yeux. Passionnante n'était sûrement pas le mot qu'elle aurait employé. Après tout, il ne s'agissait que de traduction et, avec un peu de chance, d'une mini chasse au trésor. En ce qui la concernait, l'aspect passionnant viendrait après la mission, lorsqu'il s'agirait d'étudier et de calibrer le ZPM.
Elle ne fit cependant aucune remarque et n'interrompit pas son ami. Daniel continua à lui vanter l'intérêt et l'excitation que lui procurait la future mission jusqu'à leur arrivée en salle d'embarquement. C'était quelque chose qu'elle comprenait. Après tout, Daniel était archéologue et aussi intenses qu'aient été leurs récentes missions, aucune ne lui avait donné l'occasion de se pencher sur des éléments de civilisation.
Ces dernières semaines, ils avaient couru pour sauver leur peau, couru pour sauver leur peau et encore couru pour sauver leur peau. La chose la plus proche de sa formation initiale que Daniel avait faite avait été d'essayer d'entamer la conversation avec des autochtones particulièrement agressifs sur P2M112. Sans succès. Les pour-parlers en vue de leur libération avaient abouti à une peine encore plus sévère que celle dont ils avaient écopé pour avoir traversé la Porte. Daniel avait cru comprendre les termes « étouffement » et « lama » dans la même phrase, mais SG-1 ne resta pas pour vérifier s'il avait bien interprété les paroles du chef du village.
Au moment où le vortex apparut, Sam se tourna vers la salle de contrôle et leva les yeux un peu plus haut, au niveau de la salle de briefing. Le général était là, le regard perdu au centre de la porte des étoiles. Sam n'avait pas besoin d'être devin pour savoir à quoi il pensait.
oOoOoOo
Le général O'Neill ferma le dossier qu'il venait de signer, un sourire satisfait sur le visage. Un de moins ! Son regard passa sur la pile qui s'accumulait devant lui et il ne put retenir un soupir alors que son sourire s'effaçait ; il lui semblait qu'il faisait beaucoup ça, ces derniers temps : lire et signer des dossiers, et finalement soupirer en réalisant que pour un dossier lu, trois autres venaient s'ajouter. Il ne comprenait pas pourquoi c'était comme ça : du temps du général Hammond ou d'Elizabeth Weir, jamais il n'avait vu autant de dossiers sur ce bureau.
Il se renversa dans son fauteuil, se demandant une nouvelle fois pourquoi il avait accepté un poste qui lui demandait de passer autant d'heures derrière un bureau. Ses articulations douloureuses y étaient évidemment pour quelque chose. Ses ex-coéquipiers aussi. Daniel, plus précisément. Il l'avait convaincu avec cet argument ultime : vous pourrez faire ce que vous voulez. Ça avait suffit à le convaincre.
Il avait sciemment ignoré la réplique de Carter. Dans la limite du raisonnable, mon colonel. Et encore une fois, c'est elle qui avait eu raison. Il pouvait faire beaucoup de choses, mais ses nombreuses obligations contrebalançaient largement le peu de libertés qui lui étaient offertes.
Carter...
Elle n'était pas directement la raison de sa présence dans ce bureau, mais elle était de toute évidence la raison qui l'avait fait choisir la direction du SGC plutôt que la retraite. Choisir le SGC, c'était clairement condamner toute relation intime avec elle. Choisir la retraite, c'était offrir une possibilité à leur relation d'évoluer, mais c'était avant tout devoir accepter d'ignorer où elle était et quand elle y était, et surtout, c'était ne pas savoir si elle était en danger ou non. Il n'était pas prêt pour ça et honnêtement, il ne savait pas s'il le serait un jour. Paradoxalement, s'il se donnait la possibilité d'entrer dans sa vie sentimentale, il avait l'impression de la perdre davantage que s'il restait dans ce statu quo qui durait depuis des années.
Il secoua légèrement la tête, prit son stylo, un nouveau dossier, et laissa un énième soupir mourir entre ses lèvres. Il ne dirigeait la base que depuis six semaines, mais si vous le lui demandiez, il aurait juré que ça faisait des mois.
- Mon général ?
Son cerveau mit quelques secondes à localiser la provenance de la voix presque nasillarde et il regarda l'interphone du coin de l'œil, ne sachant pas s'il devait se réjouir ou non de cette interruption. Il pressa le bouton, priant pour que l'airman qui lui servait de secrétaire ne lui annonce pas l'imminence d'une tâche encore plus barbante.
- Sergent ? répondit-il.
Il détestait parler à une machine, d'autant plus que Porter ne se trouvait qu'à cinq mètres de son bureau, mais il avait découvert que ce dispositif était un allié non-négligeable lorsqu'il lui arrivait, disons... de fermer les yeux quelques instants au cours de la journée.
- Mon général, répéta John Porter. Je vous rappelle que vous avez un débriefing prévu avec SG-7.
- Dites-leur de patienter dix minutes, grogna Jack.
Les briefings avec SG-7 étaient toujours d'un ennui mortel. Les débriefings encore plus.
- C'est ce qu'ils font depuis vingt minutes, monsieur, dit le sergent d'une voix gênée.
- Ah, répondit platement Jack.
Il regarda sa monte et grimaça ; il était déjà dix-neuf heures.
- Leur dernière mission était bien une mission d'exploration, non ?
- Oui mon général, répondit la voix. Le professeur Amaretti paraissait particulièrement enthousiaste à son retour.
Jack grimaça de plus belle ; Amaretti aurait été enthousiaste devant un grain de sable.
- C'est noté, sergent, j'arrive.
Il referma le dossier qu'il venait à peine d'ouvrir et fit jouer ses doigts dessus. Il se leva et aperçut SG-7 déjà présente dans la salle de briefing. Ses sourcils se haussèrent devant la quantité d'artefacts que le professeur Amaretti avait disposés sur la table.
Il se dirigea vers la salle de briefing, y pénétra, fit signe aux deux militaires de l'équipe de s'asseoir et il prit lui-même place en bout de table, le menton reposant sur sa main droite, l'air déjà blasé. Amaretti sourit, avala une gorgée d'eau, se leva et commença son exposé.
oOoOoOo
Sam soupira.
L'ennui l'avait guettée toute la journée pour finalement l'envahir tout à fait en ce début de soirée. Elle songea que si le général O'Neill avait été là, il aurait été celui qui se serait le plus ennuyé et il aurait tourné la situation en dérision, ce qui l'aurait divertie. Mais le général n'était pas là. Ce constat amer et récurrent constituait sa réalité depuis six semaines et elle ne semblait pas être capable de s'y faire.
Elle était assise devant une paroi rocheuse haute de plus de trente mètres qui offrait à l'œil des nuances de bleu du plus bel effet. La surface miroitante avait attiré son attention tôt dans la mâtinée, alors qu'elle faisait une ronde, et elle avait dit à Teal'c et à Daniel qu'elle souhaitait aller l'étudier de plus près. Elle les avait donc laissés tous les deux cinq cents mètres en arrière, près des ruines du temple. Daniel déchiffrait les symboles compliqués pendant que Teal'c filmait consciencieusement les parois du bâtiment.
- Sam, ici Daniel.
La voix de son ami la fit presque sursauter et elle réalisa qu'elle n'avait parlé à personne depuis des heures. Elle porta la main au niveau de son épaule et pressa le bouton de sa radio.
- Je vous écoute, Daniel.
- Euh... vous avez trouvé quelque chose d'intéressant ?
Sam regarda sa montre ; ça faisait plus de vingt-quatre heures qu'ils étaient sur la planète et près de six heures qu'elle s'était isolée loin de Daniel et Teal'c. Elle tendit sa main libre et effleura la roche du bout des doigts. La surface était lisse et froide, semblable en tous points à du verre, à ceci près qu'elle était indestructible et que sa structure restait un mystère. Tous ses détecteurs étaient restés au point mort : la roche n'émettait aucune énergie, aucune onde et il était impossible d'en connaître la composition dans la mesure où tous les outils qu'elle avait testés dessus, du scalpel au piolet, avaient montré des signes d'usure sans même que la paroi ne soit rayée.
- Rien ici, soupira-t-elle. Et de votre côté ?
- C'est plutôt décevant ; il n'y a qu'une partie du texte qui parle du ZPM et il semblerait que les « âmes brillantes » - c'est comme ça que son appelés les Anciens - l'aient emporté avec eux quand elles sont parties.
Il se tut mais Sam ne réagit pas.
- Vous nous rejoignez pour dîner ? reprit Daniel.
Son estomac se manifesta à ce moment et elle réalisa qu'elle n'avait pas mangé depuis trop longtemps.
- Oui, j'arrive. Carter, terminé.
En formulant sa réponse, elle se demanda si elle était vraiment censée garder ce genre de réflexe militaire dans une équipe composée d'un archéologue et d'un guerrier alien, mais l'idée se dissipa aussi rapidement qu'elle était apparue.
Elle resta encore quelques secondes à contempler cette roche qu'elle trouvait incroyablement apaisante et propice à la méditation puis elle finit par décider qu'il était temps de rejoindre le campement ; la luminosité diminuait et elle ressentit soudain une grande fatigue. Sans compter que Teal'c et Daniel devaient l'attendre, prêts à dîner. Et si elle avait appris une chose ces huit dernières années, c'est qu'on ne fait pas attendre un Jaffa affamé. Encore moins un archéologue frustré de ne pas avoir trouvé ce qu'il voulait.
En chemin, elle décida que si Daniel n'avait vraiment aucune piste concrète concernant le ZPM, elle ordonnerait l'abandon de la mission sitôt le repas terminé. Après tout, leur but était de retrouver la source d'énergie, pas de passer leur temps off-world à traduire des pans entiers d'inscriptions.
Elle se trouva injuste de heurter la sensibilité de son ami, mais elle se dit qu'il aurait suffisamment d'heures d'enregistrements sur sa caméra pour traduire les textes gravés sur les murs du temple une fois de retour au SGC.
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- … et c'est pourquoi la découverte de cette statuette revêt une importance particulière. Imaginez bien, mon général, qu'avant de la trouver dans ce qui devait être un temple, nous étions persuadés qu'il s'agissait d'une société qui vivait selon les préceptes de Noun ! Vous réalisez ?
Non. Très clairement, Jack ne réalisait pas et il était en train de regretter profondément le fait de ne pas avoir délégué ce débriefing à quelqu'un d'autre. Puis il se souvint qu'en tant que général, il ne pouvait pas déléguer ce genre de tâche. Pas quand il était lui-même physiquement présent, en tous cas. Il se demanda alors s'il ne pourrait pas en toucher un mot à ses supérieurs ; une modification du règlement devait toujours être possible. Il fit mentalement le tour des personnes susceptibles de pouvoir accéder à sa requête et se dit que le général Hammond devait être le mieux placé, sans compter qu'il avait lui-même subi des heures de réunions soporifiques. Rien que les longs exposés de Daniel, surtout dans les premières années, étaient d'un ennui mortel.
Il regarda sa montre, tapota le verre du bout de son index et haussa les sourcils. Le débriefing n'avait apparemment commencé que depuis quinze minutes mais à cet instant précis, Jack était persuadé qu'il devait se trouver dans une sorte de distorsion temporelle tant ce quart d'heure avait été long. Il inspira profondément et joignit ses mains.
- Tout ceci est... intéressant, enfin si on veut mais... concrètement, professeur Amaretti, avez-vous découvert quelque chose susceptible de nous aider dans la lutte contre les Goa'Ulds ?
Jack chassa de son esprit la voix moralisatrice de Daniel qui lui rappelait que la découverte d'autres cultures était aussi un des objectifs du programme. Amaretti le fixait, les sourcils haussés, la statuette fièrement dressées au bout de ses bras tendus.
- Eh bien, je...
- Non mon général, intervint le major Stiffle.
Jack se tourna vers l'officier et se demanda comment il faisait pour supporter ces missions rébarbatives qui ne consistaient quasi exclusivement qu'à surveiller les lieux pendant que les deux scientifiques de l'équipe faisaient... ce qu'ils avaient à faire.
- Néanmoins, reprit Amaretti, il y a ici un collier à l'effigie de Geb qui semble détenir un grand pouvoir.
Jack haussa les sourcils.
- Quel genre de pouvoir ?
Amaretti ouvrit la bouche et la ferma aussitôt.
- Ça reste encore à déterminer, mon général, répondit à sa place le professeur Thun.
Jack ferma les yeux un instant.
- Continuez, murmura-t-il alors que l'archéologue se saisissait de ce qui ressemblait à une brique avec un air qui n'était pas sans rappeler à Jack celui d'un présentateur de télé-achat.
Amaretti prit quelques secondes pour admirer l'artefact puis il reporta son attention sur le général.
- Près de la statuette, nous avons trouvé ceci. Une brique ? allez-vous me dire. Eh bien oui, une brique. Mais cette brique date de l'époque...
La voix d'Amaretti fut couverte par l'alarme de la base. Jack bénit mentalement la personne qui avait eu la bonne idée de composer les coordonnées de la Terre, mettant ainsi fin à son calvaire – au moins provisoirement. A cet instant précis, il aurait même accueilli Ba'al les bras grands ouverts. Il descendit en salle des commandes alors que Walter posait sa main sur la commande d'ouverture de l'iris. Jack le regarda, surpris qu'il prenne seul une telle décision.
- C'est SG-1, mon général. Je viens d'avoir le colonel Carter en contact visuel. Ils n'ont rien trouvé donc ils rentrent.
- Oh, dit simplement Jack.
Il reporta son attention sur le vortex, d'où émergeait le MALP, puis il se tourna à nouveau vers Walter.
- Et est-ce que vous êtes vraiment autorisé à...
Il fit un vague geste vers la commande d'ouverture de l'iris.
- C'est dans mes fonctions, mon général. Lorsque le code est doublé d'un message radio ou vidéo, je suis autorisé à ouvrir l'iris. Vous n'avez pas eu le mémo ?
Jack se figea ; du coin de l'œil, il perçut l'arrivée de trois personnes sur la rampe d'embarquement.
- Le... mémo ? répéta-t-il.
Celui relatif à l'élargissement des fonctions des techniciens de la salle des commandes, monsieur.
- Oh, ce mémo.
Il avait eu un mémo pour ça ? Walter acquiesça.
- Bien sûr que je l'ai lu, dit le général sur le ton de l'évidence.
Sans un mot de plus, il rejoignit SG-1 dans la salle d'embarquement. Daniel avait visiblement l'air contrarié, mais ce qui retint vraiment l'attention de Jack, c'était l'air blasé de Carter. En huit ans, elle n'avait jamais eu cet air là.
- Alors, cette mission ? dit-il d'un air enjoué.
- Sam a décidé de rentrer plus tôt, répondit simplement Daniel d'un ton qui rappela fortement à Jack celui que Charlie adoptait quand il boudait.
- Fantastique ! répondit le général dans un sourire. Débriefing immédiat ! Sergent ! dit-il en direction de Walter. Dites à SG-7 que leur briefing est reporté jusqu'à nouvel ordre.
Harriman fit un léger signe de tête et disparut en direction des escaliers.
oOoOoOo
- Mais général, nous étions là avant !
Jack ne cacha pas son exaspération devant la remarque d'Amaretti.
- Docteur, que lisez vous ici ? dit-il en désignant l'inscription brodée sur l'uniforme de Carter.
- SG-1... répondit ce dernier sans vraiment voir où le général voulait en venir.
Jack pointa un doigt triomphant vers lui.
- Ah ! Vous voyez, un ! Et qu'est-ce qui est inscrit sur votre uniforme ?
- Sept, bougonna Amaretti qui savait maintenant très bien où il allait.
- Exactement ! jubila Jack. Pas un, sept ! Et un vient avant sept. Je suis désolé, mon vieux, si ça ne tenait qu'à moi... mais on parle de maths, là...
D'accord, il poussait le bouchon et honnêtement, il ne savait pas si le commandant du SGC était véritablement censé agir ainsi, mais franchement... une brique ! Ceci étant, ça faisait sourire Carter et s'il avait bien appris quelque chose ces huit dernières années, c'est que ce qui faisait sourire Carter n'était pas foncièrement négatif.
C'est donc avec un air satisfait qu'il regarda le dernier membre de SG-7 quitter la salle de briefing. Il se tourna ensuite vers son ancienne équipe.
- Alors, pas de ZPM ?
- Non, confirma Carter en pinçant les lèvres. Daniel n'a rien trouvé dans le temple il semblerait que le ZPM, s'il a jamais été présent sur cette planète, ne l'est plus.
- Aucune chance d'en trouver un à proximité des ruines ?
Sam fit non de la tête, ce qui fit grimacer Jack ; un ZPM de plus en leur possession n'aurait pas été de trop.
Daniel affichait toujours un air boudeur et Jack savait très bien quelle en était la cause : donnez l'espoir de quarante-huit heures de contact avec une civilisation disparue à un archéologue, retirez-en vingt-quatre sans préavis, et vous obtiendrez exactement la tête du docteur Jackson. Mais Carter avait eu raison : leur mission avait un but précis et il ne servait à rien de rester inutilement sur cette planète.
- Quelque chose... d'intéressant ? demanda-t-il.
Sam nia de nouveau mais Daniel leva la tête.
- Eh bien... lorsque j'aurai pu terminer mes traductions, dit-il en glissant un regard plein de sous-entendus vers Sam qui s'enfonça dans son fauteuil, j'aurai peut-être de nouveaux éléments. Après tout, c'est une civilisation qui a été en contact direct avec les Anciens après leur ascension. On peut supposer que quelque chose est né de leurs relations.
Jack hocha la tête.
- Les Anciens auraient eu le droit d'intervenir après leur ascension ? demanda Teal'c.
- Normalement non, mais on peut imaginer qu'une raison spécifique les a poussés à faire une entorse à cette règle.
Le Jaffa inclina la tête. Jack s'appuya complètement contre le dossier de son fauteuil, les mains croisées sur le ventre.
- Et sinon, le paysage était beau ?
- Vous auriez aimé, répondit Daniel. Il y avait des arbres.
- Beaucoup d'arbres, confirma Sam.
- Des quantités d'arbres, ajouta Teal'c.
Les lèvres du général s'étirèrent en un sourire un brin nostalgique.
- Vous ne pouvez pas imaginer ce que je donnerais pour repartir en mission, murmura-t-il.
- Vous n'avez qu'à venir avec nous la prochaine fois.
La réponse de Sam avait été si spontanée que Teal'c inclina la tête, alors que Daniel haussait les sourcils. Jack se tourna vers le colonel, un sourire satisfait peint sur le visage. Sam regarda les trois hommes, les yeux ronds.
- Quoi ? dit-elle dans un haussement d'épaules.
Ils continuaient de la fixer sans rien dire mais avec un air mystérieux sur le visage. Elle avait dans l'idée que le mystère était proche de la moquerie.
- C'est une invitation, colonel ?
La voix du général avait ce ton de défi qu'elle connaissait bien.
- Eh bien vous dites que vous rêvez de repartir en mission, alors... Je veux dire, vous êtes le commandant de cette base et rien ne vous empêche...
Elle sentait le rouge lui monter aux joues et ne put finir sa phrase.
- C'est clairement une invitation, confirma Daniel en se levant.
- Oui, reprit Jack en l'imitant. Je pense que je lui manque.
- En effet, conclut Teal'c en quittant lui aussi son siège.
- Dans ce cas, puisque le colonel a l'air d'y tenir, je me joindrai à vous pour votre prochaine mission.
Les trois hommes sortirent et Sam resta seule dans la salle de briefing, bouche bée. Elle se repassait mentalement le film du débriefing pour essayer de comprendre à quel moment les choses avaient déraillé. Puis elle se fendit d'un sourire et secoua doucement la tête avant de prendre le chemin de son labo.
Elle avait hâte d'être à la prochaine mission.
