« Souviens-toi que tu es mortel, que rien ne t'appartient puisque tout est éphémère et qu'il me faudra un jour t'ôter la vie. »
La puissance immaculée qu'eut toujours possédée la masse corporelle de l'enfant du diable n'était en rien l'une des légendes urbaines non fondées que les clampes de quelques villages reculés murmuraient aux oreilles des malheureuses âmes égarées.
Nulle cause n'était par ailleurs plus réelle que les sévices assouvis par cet être sans cœur. Dénué de couleur.
En effet, la neige éclatante émanant de ses pores avait réduit à néant toute possibilité sentimentale. Une machine à tuer, dont la seule source de vie était insufflée par ses pupilles abyssales dans lesquelles résidait son oxymore, le plaisir à consumer l'humanité.
Paraît-il que la lumière est intérieure.
Néanmoins, il est indéniable que ce monstre de solitude n'en possède ni miette, ni trace. Inéluctablement, il n'existe en lui qu'un complexe désir de destruction.
Cet enfant, conscient des vices de l'humain, s'était alors résolu à vendre son âme aux cruels démons afin de s'éradiquer de l'univers duquel il était procréé.
Il devint à ce jour une grenade, prête à déverser sa rage au monde infâme qui lui avait arraché ce cœur, et qui malgré sa détresse, n'eut jamais cessé de marteler sa cage thoracique.
Il respirait sans vivre, marchait sans destination un véritable paradoxe provenait de son regard meurtrier alors qu'il aurait souhaité passer le restant de sa vie à poursuivre une quête d'idéal du bout de ces dix doigts.
« Gon est décédé. »
Furent les dernières notes miséricordieuses en provenance de ses lippes gercées. A ce jour, nul filet de voix n'eut l'ambition de faire surface.
Lors de la scène tragique, il en perdit irrémédiablement la parole.
Et par la même occasion, la raison.
Il n'espérait plus remédier à ce karma défectueux en ce monotone jour qui tintait tout aussi faux que les précédents.
Néanmoins, ses pas le conduire jusqu'au sommet de la falaise dévastée par la pluie continuelle sur laquelle il avait l'habitude de se rendre en compagnie de son défunt compagnon. Les yeux tout aussi morts que sa pitié, il fixait un point invisible sans porter quelconque intérêt aux gouttelettes éprises de son veston bleu nuit.
Sans réfléchir, il s'assit sur le gazon déchu et finit par déposer ses minces ongles jusqu'aux tempes pour les frotter ; les maux de tête se faisaient fréquents.
C'est alors qu'il comprit une fois nouvelle son humanité dont il ne pourrait se défaire. Il n'existe nul remède en ce monde pour cette peine là.
Durant longtemps, il eut souhaité silencieusement que son seul ami lui revienne. Que ce ne soit qu'un énième tour de magie en provenance de ce fou d'Hisoka, qui par ailleurs, demeurait vivant.
Mais aussi douloureuse soit-elle, la mort fut acceptée par l'homme sans couleur.
Contre son gré, ses pupilles assassines posèrent marque sur l'horizon aussi brumeux que son avenir. Du gris, du flou... Quelque chose d'impensable et de mauvais.
Le temps finit par s'égrainer, et il passa la nuit devant le vide immense qui se tenait devant lui, avec pour seule compagnie, le bruit des vagues agitées qui se fracassaient contre les rochers anormalement aiguisés.
Aux premières lueurs de l'aube, le soleil fit son apparition. Il illuminait la contrée d'un rubis sans nom.
Une quantité infinie de sang se déverserait cette nuit.
