Harry en avait assez. Il fallait que tout cela cesse. Il avait trop souffert et il ne pouvait plus porter ce poids sur ses épaules. Il devait en finir maintenant. Il mit sa cape d'invisibilité et partit sur le Chemin de Traverse. Les rues étaient sombres et la pluie tombait. Il parcourut quelques mètres et se retrouva devant une maison particulièrement sinistre. Il frappa à la porte.

- Qui êtes-vous ? demanda une voix grave et inquiétante.

- Harry Potter. J'ai besoin de vos services.

- Entrez.

La porte s'ouvrit avec un grincement à faire frissonner. Harry pénétra dans la maison et retira sa cape. Une petite lueur lui parvenait depuis ce qui devait être le salon. Il s'avança prudemment en jetant de petits coups d'œil inquiets autour de lui. La maison était sombre, aucune décoration n'ornait les murs. Malgré la pénombre, il pouvait distinguer la pâleur des murs et la froideur du lieu.

- Approche, lui dit la voix grave.

Harry se rapprocha de la voix. Un fauteuil de velours rouge lui tournait le dos.

- Viens, insista la voix.

Harry fit le tour du fauteuil et se retrouva face à une silhouette couverte de noir, la tête encapuchonnée. Cette vision lui glaça le sang. Pourtant, il n'avait pas le choix. Il devait le faire.

- Assieds-toi.

Une main blanchâtre et décharnée sortit une baguette puis fit apparaître un autre fauteuil de velours rouge derrière Harry. Il s'assit non sans appréhension et posa ses mains sur ses genoux. La silhouette reprit la parole.

- Que veux-tu ? lui demanda-t-elle.

Harry prit une grande inspiration. L'odeur était nauséabonde et il n'avait guère envie de rester plus longtemps alors il se lança.

- Je voudrais…que vous m'aidiez…à faire…disparaître… ma souffrance, parvint à articuler Harry.

- Ah ! se moqua la voix, ce qui ne manqua pas de faire sursauter Harry. Si tu veux mourir, tu n'as pas besoin de moi !

- Je ne veux pas mourir, lui répondit-il. Je veux juste que vous me donniez quelque chose qui apaisera mon mal.

- Rien ne se donne, tout s'achète ! Suis-moi.

La silhouette noire se leva. Harry put remarquer à quel point elle était longue et maigre. Il l'a suivit dans le couloir. Ils descendirent des escaliers en colimaçon puis se retrouvèrent dans une grande salle. Elle semblait avoir été taillée dans la roche. On aurait dit une sorte de grotte, des stalactites et stalagmites servaient à sa décoration. La silhouette continua son chemin vers une immense armoire en bois qui ne paraissait pas très solide. Harry regardait autour de lui et était de moins en moins rassuré. Le grincement d'une porte de l'armoire le fit sursauter. La silhouette s'approcha de lui et lui tendit une fiole contenant un liquide noir comme de l'encre.

- Voilà ce qui te soulagera.

- Combien je vous dois ? demanda Harry.

- L'argent n'a aucune importance pour moi ! grogna-t-elle. Puisque tu veux te débarrasser de ta souffrance, je souhaite aussi que tu me donnes tous tes autres sentiments…

- C'est à dire ? questionna Harry qui ne semblait pas comprendre.

- Lorsque tu boiras cette potion, toute ta souffrance disparaîtra. Mais… tous tes autres sentiments aussi ! Tu ne ressentiras plus rien. Ni haine, ni colère, ni tristesse, ni amour… Rien ! Ton cœur sera complètement dépourvu d'émotions… Tes amis, ta famille ne compteront plus pour toi. Tous ceux que tu as aimés n'existeront plus au fond de ton cœur. Tu n'auras plus que tes souvenirs… A toi de voir…

Harry regarda attentivement la petite fiole. Que devait-il faire ? Ses amis comptaient plus que tout et surtout… Il n'avait pas avoué à Hermione l'amour qui lui portait.

- Est-ce que mes amis… auront toujours des sentiments pour moi ?

- Cette potion n'affecte que le cœur de la personne qui la boit. Elle n'agit pas directement sur l'entourage…

Harry repensa à Hermione. Il ne connaissait pas ses sentiments. L'aimait-elle elle aussi ? Y avait-il un espoir pour qu'ils soient un jour ensemble ? Mais il se souvint ensuite de toutes ces étapes douloureuses. La mort de Sirius. La mort de Dumbledore. Après un moment d'hésitation, il se décida.

- Bien, je la prends.

- Parfait. Alors, bois-la. Je ne laisse pas sortir mes potions d'ici !

Harry ouvrit la fiole et la but d'une traite. Il eut une torsion horrible à l'estomac. Il plaqua les mains sur son ventre. La douleur était insupportable. Sa vision se troubla. Il vit la silhouette hurler de rire et il entendit « Maintenant tu m'appartiens ! ». Il s'écroula ensuite sur le sol, inconscient.