Le foulard dans ma poche
Les personnages appartiennent à Stephenie Meyer, mais l'histoire est à moi.
Après tant d'années à vagabonder sur ce site, voici le premier chapitre de ma première fic :)
Chapitre 1 : Je vis ma vie
BPOV
-Maman, c'est moi, je suis rentrée !
Je jetai mes clés sur la table, mon sac sur le canapé, et attrapai le courrier au passage. Un bref regard - relevés de compte, publicités, assurance... - et je me dirigeai vers la cuisine. Il était déjà huit heures du soir, et évidemment, personne n'avait eu l'illumination subite de préparer le repas. L'idée même de m'en occuper me fit soupirer. Parce que de tous le pays, je devais bien être la seule qui, en voulant faire plaisir à son frère et sa sœur et ainsi se prélasser comme des loques devant la télé, sûre d'elle-même et de ses convictions, avait réussie à rater des nuggets à la friteuse. Parce que, c'était bien connu, il fallait les laisser un quart d'heure dans l'huile bouillante ! Pour obtenir des choses infâmes et dures comme la pierre, que même le chien regardait d'un œil dédaigneux et exaspéré. Tout ça pour dire que la cuisine et moi, à part pour des crêpes, on n'avait pas vraiment d'atomes crochus.
Ce n'est qu'à ce moment là que je me rendis compte du silence inhabituel qui régnait dans la maison. Pas de musique provenant du premier étage, pas d'aboiements, pas de rire. Seulement moi, et ma respiration qui s'accélérait.
-M'man ? Alice ? Emmett ? Tentais-je inutilement.
J'aperçus la porte du salon entrouverte, un rai de lumière éclairant faiblement le couloir. Le plus discrètement possible, je penchai la tête à l'intérieur de la pièce. Ce fut pour rencontrer le regard vide de ma mère. Elle semblait figée sur son fauteuil, les mains sagement posées à plat sur ses genoux, le dos droit et la tête légèrement penchée sur le côté. La fenêtre ouverte laissait filtrer une légère brise qui s'engouffrait dans ses cheveux bouclés et les faisait virevolter délicatement autour de son visage.
-Maman ? appelais-je doucement.
Elle releva lentement son visage dans ma direction et son regard interrogateur creusa quelques rides en pattes d'oie autour de ses yeux marrons. Elle ouvrit la bouche et me demanda avec hésitation :
-Excusez-moi, mais qui êtes-vous ?
Sa question déclencha aussitôt mes pleurs. Le rejet de mon père au fond de mon cœur, toujours là, malgré ma tentative constante et infructueuse de l'oublier. Pas elle.
Je me redressai vivement dans mon lit, les larmes ruisselant sur mes joues, hoquetant comme une perdue. Un cauchemar. Rien de tel pour vous ruiner une grasse matinée et vous réveiller à dix heures un dimanche matin. Parce qu'une nuit respectant les règles sacrées du sommeil, ne se finit pas avant midi. Et pour ne rien gâcher, ma sœur et son copain avaient, semblait-t-il, décidé de s'adonner à une série d'exercices matinaux. Le mur mitoyen à nos deux chambres ne résistait pas, à mon plus grand désarroi, aux gémissements et grincements de lit, qui atteignaient mon oreille chaste et délicate. Ma nuit étant définitivement écourtée, je descendis à la cuisine et décidai de mettre mon peu de talent culinaire à profit. Crêpes au nutella. Parfait. Le bruit du mixeur l'était moins en revanche. Mais bon, tout serait pardonné dès la première bouchée.
La pâte enfin prête, je saisis une poêle que je huilai consciencieusement, et versai une louche pleine du savoureux mélange. L'odeur emplissait la cuisine depuis à peine cinq minutes que mon frère fit son apparition, débraillé, mais satisfait.
-Tu sais p'tite sœur, ça sent tellement bon que j'ai dû laisser Rosie frustrée dans mon lit !
-Em', bordel ! Si je voulais savoir quoi que ce soit de ta vie sexuelle, je t'aurais demandée ! Et je t'assure que c'est pas le cas.
-Oh, pardonne-moi petit ange de la chasteté de pervertir ton âme si pure ! s'exclama-t-il en papillonnant ridiculement des yeux.
-Oh mais ferme-la pour une fois ! Et puis quoi ! Tu préférerais que j'accepte n'importe quel plan cul qui me passe sous la main ? Que je couche avec un gars dès que je suis bourrée ?
Il s'étrangla avec sa salive, et ses yeux s'élargirent brusquement.
-Pardon ? Qui a osé te proposer un PC ? Putain, dis-moi que j'aille le défoncer ! Les mecs sont des porcs. Et puis, t'es trop jeune pour ça !
Ou comment déclencher le côté surprotecteur de son frère en deux leçons, avec Bella Swan.
-Primo, on a le même âge crétin. Deuxio, je fais ce que je veux de mon corps. Et tertio, mêle-toi de ce qui te regarde.
-Wow, wow, wow. Je suis plus vieux de environ trente secondes je te signale ! Et je ne t'autorise pas à faire des folies de ton corps. Attends ton prince charmant pour ça.
J'allais répliquer lorsqu'il se pris une claque à l'arrière de la tête. Rosalie, je te bénie.
-Ah, tu l'as pas volée celle-là ! Tu veux que je te rappelle comment on a commencé à sortir ensemble ou c'est pas la peine ?
Il baissa automatiquement la tête, complètement soumis à Rosalie Hale, blonde sulfureuse toute en forme et en sensualité. Une autre ponfiasse, blondasse à première vue. Une folle totalement délurée lorsqu'on a le privilège de vraiment la connaître.
-Sois pas deg frérot. Tu t'en remettras, va ! Sous-merde un jour, sous-merde toujours.
Alice, la délicatesse incarnée. Applaudissements, s'il vous plaît. Fermement accrochée à la main de Jasper Withlock, petit-ami de son état. Et ces deux-là ensemble, c'était un plaisir pour les oreilles à longueur de journée. Qui ne se damnerait pas pour un petit remake maison de Renée la Taupe, AVEC chorégraphie, ou de Colonel Reyel à pleine puissance dans toute la maison ? Ils étaient tarés, tous autant qu'ils étaient, et nous vivions heureux comme ça. Ils s'assirent tous autour de la table et me regardèrent préparer leur petit-déjeuner. Mettre la table en attendant ? Et pourquoi pas se transformer en Power Rangers aussi, pendant que j'y étais. Dès le réveil, aucun d'eux n'étaient capable de quoi que ce soit.
-Bon tu te dépêches ? J'ai faim moi ! Grogna mon « adorable » frère.
-Non mais tu te fous de ma gueule là ? T'es quand même pas en train de te plaindre, j'espère ? demandais-je, la spatule dans la main droite, levée de manière menaçante.
-Bella, repose ça, tu vas te blesser, ou faire mal à quelqu'un, me conseilla Alice, prudente.
Tout de suite les grands mots. J'étais peut-être un peu maladroite, mais fallait pas exagérer non plus. J'avais juste quelques petits problèmes pour évaluer les distances, pas de quoi fouetter un chat. Vous connaissez ce jeu qui consiste à faire semblant de frapper quelqu'un, le plus près possible du visage dans le but de le faire s'éloigner ? Et bien, parfois, les gens étaient juste trop confiants en mes capacités, et finissaient avec un doigt dans l'œil ou un coup de poing dans le nez. Les résultats étaient assez aléatoires, dirons-nous. Donc ma famille avait appris à se méfier de moi, de mes mains, et de tout ce qu'elles tenaient à juste titre. Voilà pourquoi je me retournai brusquement à mes plaques chauffantes, après qu'Emmett ce soit ratatiner sur sa chaise sous le regard mauvais de sa petite-amie. Ce fut ce moment que ma mère choisit pour pénétrer dans la cuisine.
-Quelqu'un est mort ? osa-t-elle indécise, scrutant chacun de nous à tour de rôle.
-Ah ah ah. Maman, je suis morte de rire, déclara Alice.
-Dans ce cas, tu le caches très bien ma chérie, fit ma mère, Renée, sarcastiquement. Non mais franchement, vous prévoyez un suicide collectif dans la minute ? Comment je vais expliquer ça aux flics moi ? Demanda-t-elle avec un faux air affecté.
Ma mère avait toujours eu ce don de détendre n'importe quelle situation, ce qui était très utile quand on avait des triplés, butés et têtes de mules comme nous. Sa présence nous dérida instantanément, et dans un ensemble parfait, ils se levèrent tous, et allèrent lui dire bonjour. Et, oh ! installèrent assiettes, verres et tasses, nutella, confitures, sucre, jus de fruit et café autour de la table. Le miracle maman m'impressionnait à chaque fois. Elle vint vers moi, me complimenta sur mes crêpes, et déposa un léger baiser sur ma joue.
Je n'avait pas de père à mes côtés, mais alors que je déposai mon chef d'œuvre culinaire sur la table, je ne pus m'empêcher de tous les regarder tendrement. Emmet et Alice, insupportables, et pourtant nous demeurions inséparables, triplés. Jasper et Rosalie, illuminant les vies respectives de ma sœur et de mon frère. Et ma mère, qui nous avaient élevés tous les trois avec brio, rempart contre la tristesse, nous aidant à surmonter l'absence récente de notre père dans nos vies. Ma famille. Je ne pus que me dire que ma vie était parfaite.
EPOV
Je sortis de mon lit prestement. A cinq heures et quart un dimanche matin, les rues seraient quasiment désertes. J'enfilai un jogging et un marcel noir, et chaussai mes baskets, avant de descendre les quatre étages me menant au hall de l'hôtel cinq étoiles dans lequel je logeais temporairement. L'hôtesse à l'accueil m'offrit un sourire aguicheur, comme tous les matins depuis trois jours. Et cela me laissa indifférent. Si superficielle. Les portes franchies, je me retrouvai dans la brume matinale de ce mois de mai, le soleil réchauffant agréablement ma peau, et, inspirant l'air frais profondément, je m'étirai le dos afin de le dénouer. Imperméable aux regards emplis de convoitise des quelques femmes que je croisais, j'allongeai mes foulées au fur et à mesure de ma course.
La sueur coulait sur mon visage, mon marcel était trempé, cependant ma respiration restait régulière et mesurée. C'était ainsi que deux heures plus tard je me présentai dans une boulangerie française. Je fus blasé par le désir que je voyais s'exprimer dans les yeux de la vendeuse. J'étais attirant, je le savais parfaitement. Et je ne disais pas ça par arrogance, mais seulement parce que chaque regard de femme qui se braquait sur moi dès que je rentrais dans une pièce le prouvait à chacun de mes déplacements. Mon croissant et ma baguette dans une main, je quittai le bâtiment, laissant la caissière confuse derrière son comptoir. Les gens ne géraient pas aisément mon indifférence à ce qui m'entourait. Mon manque d'intérêt n'était en rien de leur faute. J'avais juste été élevé comme ça. Planifier, exécuter. Ma vie en deux mots. Je ne me rappelais pas de mes parents, et cela constituait le dernier de mes soucis. Recruté dès mon plus jeune âge dans l'Institut, on m'avait appris, ainsi qu'à un tas d'autres enfants abandonnés ou orphelins, à tuer. Là-bas, on m'avait enseigné que l'attachement n'était qu'une façon de finir par souffrir. Après l'assassinat pur et simple de deux de mes amis qui avaient tentés de s'échapper, je me l'étais inculqué de manière définitive. L'attachement est une absurdité, une incitation à la douleur. Lorsque j'eus vingt ans, ce fut avec une fierté incommensurable que je reçus le coffret contenant mes deux colt 45, seules armes que je posséderai toute ma vie. Chaque initié qui sortait de l'Institut se faisait tatouer les deux colt entre les omoplates, positionnés pour former un T, crosse vers l'extérieur, canon vers le bas.
Arrivé dans ma chambre d'hôtel, je m'engouffrai dans la douche immédiatement afin de me débarrasser de la couche de sueur qui recouvrait mon corps et de détendre quelque peu mes muscles. Je m'entourai la taille d'une serviette et allumai mon ordinateur. Les ordres étaient d'une simplicité dérisoire. Un simple petit PDG d'une boîte à la renommée montante. J'avais passé les trois derniers jours a étudié les moindres détails de sa vie et du planning de ses journées. Il me restait une heure pour me rendre à un immeuble situé à trois rues d'où j'étais. Je m'habillai de mon habituel ensemble : costard noir, chemise blanche, cravate grise anthracite et gants en cuir, et m'emparai de la mallette située sous mon lit.
Du toit du bâtiment en construction, l'œil vissé à la visière de mon sniper, je suivais ma cible qui effectuait son jogging de dix heure, entourés par deux gardes du corps en tenue de civil. Deux secondes plus tard, le corps du PDG s'effondra à terre, une balle dans la tête. Je me relevai, démontai le sniper pour le ranger dans sa valise, et actionnai un bouton avant de partir. L'explosion de l'attaché-case retentit faiblement à mes oreilles alors que je m'éloignai de la zone.
A vingt-cinq ans, j'étais le meilleur dans mon domaine. Je ne m'encombrais de rien d'inutile à ma survie immédiate. En quittant l'hôtel et en montant dans mon Audi R8, je ne pus que me dire que ma vie était parfaite.
Nda : Il ne se passe pas grand chose, mais il va falloir quelques chapitres introductifs avant de vraiment commencer l'histoire :)
Merci à ceux qui passent par là, j'espère que vous aimez.
