Rouge, comme ce tatouage

Oui, ce tatouage, sceau symbolisant ma non-appartenance à la race humaine. Celui qui peut montrer à n'importe qui que je ne suis qu'un monstre, qu'un rejet de l'enfer. Celui qui me désigne comme l'un des sept vices.

Celui qui tout simplement me détache des humains.

Orange, comme l'aurore que je ne verrai pas

Oui, cette aurore qui va naître, ce jour qui va se montrer, alors que je serai déjà mort, je le sens. Je n'en ai plus pour longtemps, de toute façon. La faute à un certain homme…

Jaune, comme les yeux du traître

Ce traître que j'aurais aimé voir mort dans mes bras, de mes mains. J'ai été assez stupide pour lui accorder de la confiance et voilà. Je n'aurais pas dû. Il m'a trahi, entraînant ma mort prochaine et le suicide inutile de mes hommes…

Vert, comme les yeux de mes hommes loyaux

Oui, ils étaient loyaux et fidèles. Ils obéissaient à chacun de mes caprices, faisaient ce que je leur disais simplement parce que je les avais libérés. Des amis, en quelque sorte.

Bleu, comme sera malgré tout le ciel, demain

Ce ciel qui sera bleu, ce monde qui continuera de tourner. Comme cette stupide loi d'alchimie. Cette même alchimie qui m'a créé comme je suis. Un monstre.

Violet, comme sont mes yeux

Mes yeux qui me démarquent des autres, comme ce tatouage. Mes yeux, qui témoignent que je ne suis pas humain mais rien qu'un monstre, rien qu'une créature immonde créée par un être humain.

Indigo, comme l'était le ciel, hier soir

Oui, comme le dernier coucher de soleil que j'ai pu apercevoir. Cette dernière fois ou j'ai vu l'astre du jour…

Rouge, comme est le sang que je viens de cracher

Comme ce sang, comme la douleur qui me tiraille de part en part. J'ai mal. Plus que je n'ai jamais eu mal. Bizarrement, ça me rappelle quelque chose. Ça me rappelle une douleur semblable. Une mort lente. Un sourire sadique. De la douleur.

Douleur.

J'ai mal.

J'ai plus que mal.

FAITES QUE CA S'ARRÊTE !

Blanc, comme l'est cet endroit, à présent

Je suis seul, debout au milieu de rien. Je ne ressens plus rien. Je ne respire plus. Je ne souffre plus. Je ne ressens plus rien. Je peux bouger, mais je n'en ai pas conscience. C'est bizarre.

C'est ça, la mort ?

Noir, comme l'intérieur de cette porte qui s'ouvre, me rappelant à elle

Ça, c'est familier. Je sais que j'en viens. Elle m'attire à nouveau vers elle, ils me tirent vers là d'où je viens.

Allez, ramène-moi à toi. Engloutis-moi. Ramène-moi en ton sein.

J'avais une chance. Une seule. Et je l'ai gâchée.

Mais c'est moi qui en avais décidé ainsi.

C'est ma faute, après tout.

On m'avait donné la chance d'aller revoir le monde. Ce monde si coloré. Et j'ai écarté cette chance de mon plein gré.

Je le mérite.

Ramène-moi dans ton univers.

Ramenez-moi dans cet endroit que je n'aurais jamais dû quitter.

Car après tout, je suis une damnation. Un péché. Une créature sans âme.