RESUME: Devant une petite maison au bord de la route, un garçon de sept ans attend. Il attend celui qui viendra égailler sa journée, parce qu'il s'ennuie et qu'il n'a personne avec qui jouer. A l'intérieur, un adolescent de quatorze ans s'attelle à ses devoirs, trop concentrer pour songer à son jeune frère. Et, en route pour chez lui, un jeune homme arrive à grands pas, ne pensant à aucuns de ses deux frères, mais plutôt à la jolie blonde à son bras. Leurs noms sont Sherlock, Mycroft, et Sherrinford Holmes, et ceci est le début de leur histoire.

COMMENTAIRE: Bonjour tout le monde! Tout d'abord, merci de l'intérêt que vous portez à cette fic ! Ceci est ma première fiction postée sur ce site, même si ce n'est pas la première que je publie. Je tiens à préciser que j'ai déjà fini d'écrire cette histoire ( qui comportera 11 chapitres en tout), mais que, correction orthographique et rentrée prochaine obligent, je pense ne pouvoir publier qu'un chapitre par semaine, en générale, le samedi ou le dimanche. Voila, je n'ai plus qu'une chose à dire: Bonne lecture, et j'espère de tout coeur que ce premier chapitre va vous plaire.

DISCLAMER: Les personnages de Sherlock et Mycroft Holmes appartiennent à Sir Arthur Conan Doyle, les noms de Sherrinford, Siger, et Violet Holmes sont issus du livre "Holmes de Bakerstreet", écrit par William S. Baring-Gould, et cette fic reprend la version de la série BBC "Sherlock", co-créée par Mark Gatiss et Steven Moffat.


Quiconque aurait vu Sherlock Holmes, ainsi perché sur le toit de la maison familiale, tapis derrière la cheminée et ses yeux bleu-gris vifs scrutant la rue, se serait dit que l'enfant était soit inconscient, soit suicidaire, et aurait blâmé les parents de ne pas accorder plus d'attention à leur progéniture.

Mais le garçon de sept ans avait soigneusement calculé les risques et savait, par une rigoureuse méthode mathématique, que l'inclinaison du toit était plus qu'insuffisante pour pouvoir lui faire perdre l'équilibre, et que quand bien même il parvenait à glisser, la hauteur à laquelle il se trouvait lui garantissait qu'il ne risquait rien de grave.

C'est pourquoi il était installé en toute tranquillité, ayant veillé à se trouver hors de vue d'un regard indiscret quelconque, dont le propriétaire aurait tôt fait d'avertir ses parents. Violet Holmes n'aurait certainement pas approuvé que son fils cadet joue les funambules sur son toit, même si elle n'aurait pu qu'admettre qu'il n'était pas en danger de mort imminente. C'était les maths qui le disaient.

Le garçon regarda passer une vieille dame avec son chien, et ses yeux se fixèrent sur l'animal avec envie. Il aurait adoré avoir un chien. Il en avait plus qu'assez de jouer seul au pirate dans sa chambre, il aurait aimé avoir un peu plus de compagnie. Et ce n'était certainement pas parmi les enfants de son âge qu'il allait parvenir à la trouver. Alors, un chien lui semblait tout indiqué. Ces animaux étaient réputés pour leur fidélité et surtout, ils adoraient leur maître, quoi que celui-ci puisse dire ou faire. Un chien ne ferait pas la différence entre un petit garçon ordinaire et Sherlock. Et cela, pour ce dernier, avait une valeur indescriptible.

Parce que Sherlock était différent, différent au possible des autres garçons de son âge. Surdoué et doté d'un esprit vif et aiguisé, ainsi que d'une mémoire plus sûr qu'un disque dur, il était en marge, que ce soit à l'école, où les autres élèves le surnommaient, avec la gentillesse enfantine qui les caractérisait, « le monstre », ou même tout simplement dans la rue, où son teint pâle et son air constamment sérieux, jamais amusé, ainsi que ses remarques acerbes qu'il lançait de temps en temps, faisaient dire aux adultes, avec l'ouverture d'esprit qui les caractérisait, que cet enfant avait des problèmes, et que ses parents feraient bien de s'en rendre compte, avant qu'il ne soit trop tard.

Donc Sherlock voulait un chien, pour qu'au moins un être vivant le mette sur un pied d'égalité avec le reste du monde. Pour qu'au moins un être vivant ne le considère pas comme un phénomène de foire. Pour qu'au moins un être vivant l'aime pour ce qu'il était, et non tout simplement parce qu'il faisait parti de sa famille.

Cependant, aussi bizarre que cela paraisse, car il aurait été sûr d'être exhaussé s'il l'avait fait, il n'avait jamais adressé cette requête à qui que ce soit. Parce qu'au fond, il se trouvait ridicule de souhaiter cela. Ridiculement sentimentale.

Sherlock passa la main dans ses boucles brunes en bataille, et se remit à observer la rue. Il dût encore voir passer une dame avec un landau et un petit vieux qui portait avec toutes les peines du monde, semblait-il, un sac de provisions, avant qu'enfin, à encore une centaine de mètre de la maison, celui qu'il attendait n'apparaisse.

Le garçon se redressa de derrière sa cheminée, pour mieux le voir. Le jeune homme qui s'avançait vers lui avait les cheveux d'un roux vifs, qui s'égaillaient de chaque côté de sa tête, semblant mener chacun une vie qui lui était propre, des yeux d'un gris acier, et une allure de sportif accompli. Sherrinford Holmes, du haut de ses dix-sept ans, pouvait passer pour un jeune homme séduisant. Et il ne se privait pas de se servir de cet avantage. En effet, il n'était pas seul. Une silhouette féminine se tenait à ses côtés, semblant rire aux éclats. Malgré la distance, qui s'amoindrissait à chacun des pas que faisaient les deux nouveaux venus, Sherlock détailla la fille d'un regard. Cheveux blonds retenus en une tresse sur l'épaule, de grands yeux bleu naïfs, une jupe d'uniforme remontée jusqu'à sa poitrine et dans laquelle une chemise blanche était enfoncée, des chaussettes blanches également qui lui arrivaient aux genoux et des petites ballerines noirs. En un mot : ennuyeuse.

Cependant, Sherlock n'eut pas besoin de se remémorer ce qu'il devait faire si jamais son frère revenait à la maison en compagnie d'une représentante du sexe féminin. Sherrinford le lui avait, après tout, bien souvent répété.

Sherlock se laissa glisser du toit, se servant du lierre qui courrait sur la façade comme échelle, et se retrouva, un instant plus tard, sur ses deux pieds dans l'arrière cour. Il fit le tour de la maison, tout en époussetant son pantalon et son pull, qui avaient amassé pas mal de poussière.

Il arriva face au portail quasiment de façon simultanée avec son frère et sa nouvelle conquête. Celle-ci ne tarda d'ailleurs pas à l'apercevoir :

- Oh, Sherrinford, c'est ton petit frère ? Il est adorable.

Sherlock se retint de composer un air railleur sur son visage, et esquissa à la place ce qui pouvait passer pour un sourire.

- Comment tu t'appelles, mon grand, demanda la fille, adoptant un ton de voix qu'elle devait sans doute penser adapter à son jeune âge.

Sherlock haussa un sourcil, à son avis, il était plus adapté à un animal qu'à un humain. Et encore.

Le garçon garda les lèvres résolument closes, tandis que repassait dans son esprit les instructions de Sherrinford : « Tu ne parles pas, tu souris, mais surtout ne parle pas ! »

La raison de ce silence était, bien évidemment, les remarques acides qui pouvaient fuser, sans que personne ne s'y attende vraiment, et sans que Sherlock, lui-même, ne se rende vraiment compte de ce qu'il faisait.

- Il est un peu timide, expliqua Sherrinford, face à l'air surpris qu'affichait la blonde, devant le silence du cadet, il s'appelle Sherlock.

- Sherlock, Sherrinford, rit elle, tes parents ont-ils un problème avec les prénoms ordinaires ?

- Ce qui est ordinaire est ennuyant.

Les mots avaient échappé à Sherlock sans qu'il ne puisse rien faire pour les en empêcher. Il se mordilla la lèvre en interceptant le regard furtif, mais mécontent, que Sherrinford lui lança.

- C'est un avis intéressant, Sherlock, consentit la blonde, en se tournant vers Sherrinford. Tu ne trouves pas ?

- Absolument, approuva le roux, en se composant un sourire éblouissant. Sherlock pense cela depuis des années, d'ailleurs c'est pour cela qu'on l'appelle Sherlock. Son premier prénom est William, beaucoup trop banal, tu ne trouves pas ?

La blonde acquiesça en souriant, et Sherrinford l'entraina alors vers la porte de la maison.

- Tu resteras bien un moment ?

- Non, désolé, mais j'ai des devoirs à faire, s'excusa la fille.

- Vous pourriez les faire ensemble, intervint Sherlock. Sherrinford est très fort à l'école.

Il imita à la perfection le ton de l'enfant admiratif. C'était vrai que Sherrinford était premier dans tout ce qu'il entreprenait. Mais c'était le cas de tous les enfants Holmes. Rien d'admirable, en fait. Sherrinford bondit sur l'argument de son frère pour persuader la jeune fille de rester plus longtemps. Lorsqu'il parvint à la convaincre de passer le seuil de la porte, il se tourna vers son cadet pour lui adresser un clin d'œil complice.

Sherlock se sentit gonflé de fierté. Il avait l'impression du devoir accompli.

Le garçon suivit les deux grands à l'intérieur, et regagna sa chambre. Il avait encore du temps à tuer avant que ce ne soit l'heure du diner.

Assis sur son appui de fenêtre, un chapeau de pirate posé de travers sur ses boucles brunes, Sherlock regardait Sherrinford dire au revoir à la fille blonde devant le portail. Elle semblait être en proie à un fou rire et Sherrinford souriait d'un air satisfait en face d'elle.

Sherlock se demandait souvent ce que son aîné avait en plus que lui. Il était évident que Sherrinford possédait les mêmes capacités intellectuelles accrues que son cadet, pourtant cela ne l'avait jamais empêché de se faire des amis, d'être aimé, adoré même. Sherlock lui, quelques soient les efforts qu'il puisse fournir, était toujours mis de coté, rejeté. Il aimerait tellement être un peu plus comme son grand frère.

Il entendit la porte de sa chambre s'ouvrir, et reconnut au bruit des pas celui qui s'approchait à présent de lui. Il n'esquissa pas le moindre geste jusqu'à ce qu'une main se pose sur son épaule. Sherlock tourna enfin le visage vers Mycroft. L'adolescent de quatorze ans s'accroupit à la hauteur de son petit frère et dit :

- Qu'est ce que tu regardes comme ça ?

- Pourquoi tu me demandes ça, Mycroft, répondit Sherlock ?

- Eh bien parce que cela fait deux heures que tu n'as pas quitté ta chambre, je me demandais ce que tu pouvais faire, s'expliqua son aîné.

- Pourquoi, répéta Sherlock, en se détournant de son frère.

Dans la rue, Sherrinford avait ouvert le portail à la fille. Mycroft regarda tristement son petit frère, puis passa en soupirant sa main dans ses cheveux auburn.

- Mais parce que j'avais envie de te parler, dit Mycroft.

- Maintenant que c'est fait, tu peux t'en aller ?

Mycroft posa sur son frère un regard peiné. Sherlock, aussi loin qu'il s'en souvienne, avait toujours eu ce comportement abrupt envers lui. Autant il semblait aduler Sherrinford, autant Mycroft paraissait l'insupporter. Ce dernier se demandait bien souvent ce qu'il faisait de mal pour mériter l'hostilité ouverte de son cadet. Peut-être était-ce dû aux taquineries enfantines qu'il lui avait fait subir, quand Sherlock parlait à peine, et que lui-même faisait tout juste son entrée dans son premier établissement scolaire. Etait-ce possible que son petit frère lui tienne encore rigueur du fait qu'il s'amusait à le persuader qu'il était idiot ? Mycroft savait que c'était lui, à cette époque, qui se montrait stupide, mais après tout, il n'était qu'un enfant. Et que Sherlock ne l'ait pas compris également l'aurait étonné.

La véritable cause de ce comportement inamical se situait ailleurs, et Mycroft le savait. Si Sherlock vouait un culte à Sherrinford, quelle autre réaction pourrait-il avoir face à Mycroft, qui était son exact opposé ?

Là où Sherrinford réussissait brillamment en cours, sans se donner la peine d'ouvrir un bouquin, Mycroft était un véritable rat de bibliothèque, studieux au possible, et effectuant pour lui-même des dépassements dans de nombreuses matières. Là où Sherrinford était un sportif accompli, Mycroft ne pouvait pas voir le mot sport en peinture. Et enfin, là où Sherrinford s'attirait la sympathie de tout le monde, Mycroft ne pouvait même pas dire qu'il possédait un véritable ami.

Entre ces deux opposés, Sherlock avait vite choisi lequel il préférait, et auquel il voulait ressembler.

Mycroft poussa un ultime soupir, et laissa son petit frère à sa contemplation de la rue, qui était devenue déserte. Il avait à peine fait un pas dans le couloir de l'étage, que Sherrinford fit son apparition devant lui, un sourire satisfait aux lèvres, les mains nonchalamment enfoncées dans les poches de son pantalon.

- Il t'a encore envoyé bouler, n'est-ce pas, lança t'il à son cadet de trois ans ?

- La ferme, Sherrin, grogna Mycroft, en se décalant pour lui laisser le passage.

Il savait déjà que dès qu'il verrait Sherrinford arriver, Sherlock bondirait sur lui pour lui parler d'un air surexcité.

- Tu sais, Mickey, tu ne peux rien y faire, continua Sherrinford. C'est moi qu'il préfère. C'est adorable, n'est ce pas ?

- Tu sais aussi bien que moi que ce mot n'est pas fait pour définir Sherlock.

- Pourtant, avec moi, il est aussi docile qu'un petit chien bien dressé. C'est toujours utile, tu sais. Bien qu'il soit un peu collant, parfois. Que cela peut être agaçant. Même si toi tu donnerais tout pour qu'il t'accorde autant d'attention. Vous êtes vraiment distrayant, tout les deux.

Mycroft serra les poings.

- Nous ne sommes pas tes jouets, Sherrinford, grogna t'il.

Le roux leva un sourcil condescendant :

- Bien sûr que si. Que seriez-vous d'autre, sinon ?

Mycroft serra les mâchoires sans répondre. Il n'y avait qu'avec lui que Sherrinford dévoilait cette partie de sa personnalité. Le Sherrinford froid et manipulateur. Le Sherrinford qui considérait Sherlock, son petit frère qu'il prétendait tellement aimer auprès des adultes et de Sherlock lui-même, comme un jouet qui savait se montrer utile. Mycroft n'avait jamais su pourquoi lui avait droit au vrai Sherrin quand ils étaient seuls. Sans doute parce qu'il ne pouvait pas faire semblant tout le temps. Qu'il avait besoin d'être lui-même, au moins une fois par jour.

- Un jour… Un jour tu sais qu'il se rendra compte de ce que tu penses vraiment, répliqua finalement Mycroft, le regard noir.

- Ce jour est si lointain, s'esclaffa Sherrinford, que je ne sais pas compter jusque là. Mickey, fais toi une raison, voyons.

Mycroft ne répondit pas et bouscula son aîné pour poursuivre son chemin jusqu'à sa chambre.

- Tu sais, Mickey, un jour il m'ennuiera. Ce jour là, je te le laisserai.

Les poings de Mycroft le démangèrent affreusement. Mais il ne pouvait rien faire. Sherlock ou ses parents n'admettraient jamais que de telles paroles sortent de la bouche de leur aîné chéri. Et puis, il y aurait des représailles à encourir. Aussi enfonça-t'il ses poings serrés dans ses poches et ignora les dernières paroles de son frère.

Sherrinford regarda Mycroft s'éloigner, en souriant. Mycroft avait toujours été l'unique personne qu'il n'avait pas à sa botte, aussi charmant qu'il puisse se montrer avec lui. Cela faisait donc bien longtemps qu'il avait choisi de laisser sa véritable personnalité s'exprimer en sa présence.

Il se composa un air enjoué et entra à grands pas dans la chambre du cadet des Holmes.

- Sherlock ! T'as été génial, petit frère.

Sherlock tourna vers lui un regard heureux, un sourire fier étirant ses lèvres fines. Sherrinford fit mentalement la comparaison avec un chiot recevant les félicitations de son maître. Il s'approcha de son petit frère, et remit d'une pichenette son chapeau droit.

- Sherrinford est très fort à l'école, singea t'il. Brillant.

- J'ai hésité à zozoter pour encore plus de réalisme confia Sherlock, son sourire s'agrandissant face aux compliments.

- Ah, qu'est ce que je ferai sans mon génie de frère, rit Sherrinford.

Il s'ennuierait. Et qu'est-ce qu'il détestait l'ennui.

Sherlock eut soudainement l'air un peu gêné, et baissa les yeux. Sherrinford attendit ce qui allait suivre. Il avait déjà son idée là-dessus :

- Sherrin… Tu savais qu'elle avait déjà un petit-ami ?

La voix de Sherlock, hésitante, laissait supposer qu'il avait peur de la réaction de Sherrinford face à cette nouvelle.

Bien sûr qu'il le savait, songea Sherrinford en haussant discrètement un sourcil agacé. Il se demanda un bref instant si c'était les tâches d'encre ou la démarche qui avait mis son cadet sur la voix. Puis, il décida que cela n'avait aucune importance.

- Oui je sais, Sherly, mais t'inquiète pas pour ça, je gère.

- D'accord, dit Sherlock, soudainement rassuré.

Sherrinford se mit distraitement à jouer avec le pendule de Newton qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre, et observa la chambre. Les murs bleu pâle, le lit aux draps qui restaient dans le même ton de couleur, le bureau enseveli sous un tas de matériel scientifique, ce qui faisait penser à une boîte de petit chimiste à peine déballée, et la penderie de bois dans un coin. Cette chambre donnait une impression enfantine, qui n'avait pas sa place lorsque l'on connaissait le propriétaire des lieux. Seul un tas de journaux présent au pied du bureau détonnait dans cet environnement. Sur le journal du haut, on pouvait s'apercevoir que certains mots avaient été soulignés en rouge, d'autres entourés. Sur le mur, juste au dessus du bureau, des coupures de presse étaient punaisées, selon un assemblage sans aucune logique, du moins à première vue. Sherrinford ne voulait même pas savoir à quoi son cadet s'était amusé.

- Sherly, reprit-il soudainement, cela te dirait de venir dehors avec moi, après le diner. On fera un jeu.

Sherlock leva des yeux excités sur son frère et acquiesça vivement :

- D'accord. On fera quoi ?

- Tu verras, sourit Sherrinford.

S'ensuivirent quelques minutes durant lesquelles Sherlock tenta d'extirper l'information à son aîné, puis de la déduire, pour enfin abandonner.

- Les garçons, à table !

La voix de leur mère leur parvint au moment où Sherrinford commençait à trouver le temps long, et les deux frères sortirent de la chambre.

Ils croisèrent Mycroft dans le couloir, qui n'accorda pas même un regard à Sherrinford, mais posa des yeux inquiets sur Sherlock.

Violet Holmes, ses cheveux roux retenus en une queue de cheval haute, posa des yeux attendris, du même bleu-gris que son cadet, sur ses trois fils qui avaient fait leur entrée dans la salle à manger. Sherrinford se précipita aussitôt avec un sourire pour l'aider à mettre la table, et elle fixa son attention sur son aîné, souriante. Sherlock s'assit à sa place et demanda :

- Papa arrive quand ?

- Il est là, fit une voix dans son dos.

Sherlock se tourna sur sa chaise pour apercevoir son père, Siger Holmes, cheveux noirs aux tempes grisonnantes et une moustache bien fournie au dessus de la lèvre. Il n'était pas difficile, en le regardant, de comprendre de qui Sherlock tenait ses indomptables boucles brunes.

Au grand dam, d'ailleurs, de Violet, qui regrettait que le roux de ses cheveux ne soit présent que chez son fils aîné, et de façon très atténué chez Mycroft. « On aurait pu former un club de rouquins », répétait-elle assez souvent. « Une ligue », avait dit Sherlock un jour, qui venait d'apprendre ce mot du haut de ses cinq ans.

La famille Holmes prit place pour le dîner, Mycroft se tenant le plus éloigné possible de Sherrinford, comme à l'accoutumée.

Un dîner en compagnie des Holmes pouvait passez pour ordinaire aux yeux d'un regard inexpérimenté. Les deux adultes interrogeaient leur progéniture sur leur journée, et ceux-ci leur répondaient à tour de rôle. Mais quiconque connaissant bien les trois enfants, c'est à dire, personne de leur connaissance, aurait aussitôt remarqué l'air fermé de Sherlock, synonyme de mensonges chez lui, lorsqu'il assura à ses parents qu'il avait passé une journée des plus calme, et que personnes n' était, pour une fois, venu l'ennuyer. Il aurait aussi remarqué le poing de Mycroft se serrer lorsque Sherrinford raconta ses exploits en cours de sport, et il aurait vu le regard narquois que l'aîné avait lancé à Mycroft lorsque Sherlock lui demanda s'il pourrait un jour lui apprendre à jouer au basket.

Mais cette personne n'existant pas, personne ne remarqua rien d'anormal au cours du dîner, et lorsque Sherrinford le conclut en se levant et en disant :

- Je vais faire un tour dehors avec Sherlock.

Il n'y eut que Mycroft pour les suivre hors de tables, les deux adultes étant trop absorbés par leur conversation. Les sorties de Sherrinford et Sherlock étaient devenues trop courantes pour qu'elles ne les inquiètent.

- Où vous allez, demanda Mycroft, une fois réunis avec ses deux frères dans le petit hall d'entrée ?

- On va jouer à un jeu, avec Sherlock, lui apprit Sherrinford, avec un regard appuyé.

Mycroft aurait voulut hurler. Il savait très bien en quoi les « jeux » de Sherrinford consistaient.

Cela faisait plusieurs semaines qu'il avait compris que lorsque Sherrinford et Sherlock s'absentaient ainsi, c'était pour faire le vide sur certaines étagères des supérettes du coin.

Mais comment faire comprendre à Sherlock que ce n'était pas un jeu, comme leur ainé le lui disait ? Comment faire accepter à ses parents que Sherrinford entrainait leur cadet dans des magasins pour l'entrainer au jeu des pickpocket ? Les faire suivre ? Sherrinford était trop intelligent pour se faire prendre.

Alors, tandis que ses deux frères s'effaçaient dans le soir tombant, Mycroft remonta dans sa chambre, d'un pas lent et pesant. Il aimerait tant parvenir à protéger Sherlock. Mais il ne voyait pas comment faire.


Tadaaa, alors? Que vous ayez aimé, ou détesté, que vous ayez envie de me lancer des fleurs, ou bien des pierres, je vous invite à me laisser une review.

Toutes les critiques sont acceptées (les compliments aussi, il ne faut pas vous gêner XD), et rendez-vous la semaine prochaine, samedi normalement, pour le second chapitre ( sauf si d'ici là, on me certifie clairement qu'il ne vaut pas la peine que je continue).

Kisssss les lecteurs!