Cette histoire fut écrite dans le cadre du défi "photo-fic # 8". Pour voir la photo, contexte de l'histoire, ou pour voter, le lien se trouve sur mon profil avec le lien du FOF, là où s'organise le défi. Pour les reviewers anonymes, je réponds sur mon blogue, lien également sur mon profil. Je vous laisse donc sur ce texte, un peu sombre, mais sa ma tendance ces temps-ci, dirait-on. Bonne lecture!

Résumé

Hermione s'inquiète pour Ron et Harry. Seulement, son inquiétude ne sera que grandissante lorsqu'elle découvrira le destin qui leur est réservé...

Pairing: Hermione/Ron/Harry

Rating: T

Disclaimer: L'histoire et les personnages appartiennent à J.K. Rowling, comme toujours.

Lorsqu'on a perdu toutes ses illusions, il reste encore à perdre l'illusion suprême qui est de se croire sans illusions.

-Claude Roy

El amor es: el dolor de vivir lejos del ser amado.

-Anonyme

Assise à la fenêtre de la tour d'astronomie, sa mince couverture ramenée sur ses épaules, Hermione veillait silencieusement sur le sommeil de ses amis, incapable de trouver le sien. Elle avait cru perdre Harry aujourd'hui et cette peur avait dépassé celle qu'avaient engendré ses propres blessures. Ce soir, elle voulait seulement s'assurer que Ron et lui allaient bien et qu'ils n'iraient nulle part sans elle, pas même dans la mort.

Seul le souffle du vent venait troubler la tranquillité dans laquelle elle s'était enveloppée. Les reflets de la lune perçaient la pénombre dans un geste rassurant. Si la honte ne l'avait pas accablée, elle se serait sans doute lovée entre les deux garçons, quémandant leur chaleur et leur force. Était-ce normale d'être aussi dépendante d'une amitié? Quand la peur l'avait envahit, sa conscience lui avait crié qu'il y avait peut-être un côté malsain à tout cela.

La lune et les étoiles éclairent la tour d'astronomie, d'une douce lueur. La neige tombait aussi doucement, donnant un aspect mélodieux au tableau alors que les flocons valsaient d'un lent mouvement. Les lèvres d'Hermione s'étirèrent légèrement; l'envie de retrouver son innocence, celui-là même qui l'accompagnait avant qu'elle ne devienne une sorcière, la taraudait.

Un bruissement de tissu la fit sursauter. Son regard fouilla la tour, aux aguets, mais ce n'était que Ronald qui se retournait, une fois de plus de son sommeil. Elle tira sur les pans de sa couverture, se disant qu'elle était épuisée et que c'était ce qui la rendait aussi angoissée. Sa tête se pencha sur le côté, son oreille allant s'appuyer contre son épaule, et ses yeux se fermèrent doucement. Quelques minutes plus tard, son souffle se mêlait à celui des garçons et elle était plongée dans un rêve qui ne la laisserait pas sortir de ci-tôt. Elle s'était piégée dans son sommeil…

Elle ouvrit les yeux, sentant son corps beaucoup plus léger qu'il n'aurait dut l'être. Comme si elle flottait dans l'espace. En regardant autour d'elle, elle n'arrivait pas à reconnaître les yeux. Seuls deux garçons, visiblement aussi perdus qu'elle, représentaient un décor familier et rassurant.

-Harry! Ron!

Le sourire d'Hermione éclaira son visage, éliminant du coup les doutes et la peur qu'elle ressentait. Du moment que les deux adolescents étaient à ses côtés, elle se sentait capable d'affronter n'importe qu'elle situation.

-Vous savez où nous sommes? C'est un rêve ou quelque chose comme ça?

Elle s'arrêta devant eux après avoir couru un peu, les étreignant brièvement. Elle allait poursuivre dans ses questionnements, mais Ron l'a devança.

-Euh, Hermione…

Elle fronça les sourcils, tournant son regard vers Ronald. Ce dernier lui sembla paniqué et lui pointait quelque chose du doigt. Un miroir. Identique à celui qu'ils avaient découvert lors de leur première année, celui qui révélait ce que chacun voulait voir, mais l'éclat rosé qu'il dégageait, l'entourant comme une bulle protectrice, leur indiqua qu'il s'agissait d'un autre.

-Qu'est-ce que c'est que ça? Murmura-t-elle.

Ron tenta en vain de la retenir par le poignet. Elle s'avançait vers le centre de la pièce, les entraînant avec elle. Alors qu'elle s'y rendait à grande enjambée, eux traînaient derrière, à petit pas, comme si la mort pouvait survenir d'un simple miroir. Hermione s'arrêta, baignant à son tour dans la lumière.

-Un banal miroir, souffla-t-elle en y plongeant le regard.

Mais ses mots étaient venus trop vite; elle aurait du se douter qu'à Poudlard, lorsqu'on était ami avec Harry Potter, rien ne pouvait être qualifié de banalité. Une aventure n'attendait pas l'autre, les amenant à frôler la mort à de maintes reprises et à vivre dans la frayeur la plus pure. Rien ne serait jamais banal tant qu'ils seraient tous trois amis.

Au moment même où leurs regards rencontrèrent la glace, la peur déferla une fois de plus en eux, si violente qu'ils en reculèrent de quelques pas. Ils rebondirent contre une paroi mince et atterrirent sur les fesses. La bulle les avait emprisonnés. Aucun d'eux n'en fit pourtant de cas, ils étaient incapables de se détacher du miroir. Ils étaient comme des marionnettes, manipulés pour assister à leur funeste futur. Ils étaient face au miroir de la destinée…

Partout autour d'eux, il pleuvait des jets de lumière verte, touchant parfois quelqu'un, n'atteignant d'autres fois point leur cible. Tous ces sorts ne visaient pourtant qu'un seul homme, devenu invisible parmi la foule. Harry Potter, celui qui avait survécu au sortilège de mort, le héros du peuple et l'ennemi des ténèbres. Les mains sur les oreilles pour couvrir le vacarme qui l'assourdissait, Hermione se déplaçait difficilement en position accroupie. Elle se cachait derrière les arbres ou derrière les poubelles, scrutant la scène à la recherche de Ron. Lui aussi semblait s'être volatilisé. De son épaule, elle essuya sa bouche avant de passer sur ses lèvres sa langue d'appréhension. Elle était sale, ses cheveux étaient plus emmêlés que jamais et ses vêtements de sorcière étaient déchirés en de nombreux endroits. À la voir, on croirait qu'elle avait passé bien des nuits dehors, à dormir dans des recoins peu recommandables. Ce n'était pas très loin de la réalité.

Un moment passa et quatre sortilèges frôlèrent sa tête, lesquels elle renvoya avec aplomb, avant qu'elle repère finalement Ron. Il se trouvait loin d'elle, fuyant également les Mangemorts. Il courait dans la direction opposée, lançant les sorts par-dessus son épaule, haletant, mais loin de vouloir abandonner. Rassurée, Hermione se releva, se mettant à courir à son tour. Ils s'étaient tous promis de se retrouver dans leur campement, au milieu de la forêt, s'il venait qu'à être séparé. Elle ne pouvait repérer Harry, mais savait que sa cape d'invisibilité le gardait à couvert. Elle savait également qu'il n'avait pas été touché, le lien magique qui les unissait, qu'elle avait créé lorsqu'ils avaient été obligé de fuir le Terrier lors d'une attaque surprise au cours de l'été, ne s'était pas encore brisé.

Alors qu'elle fuyait, elle entendait la voix du professeur McGonagall derrière elle. Elle ne se retourna même pas lorsque son cri de surprise révéla sa mort affreuse. Elle serra les dents, gardant ses yeux grands ouverts malgré les larmes qui en débordaient et sa vision devenue flou. Ils s'étaient fait une promesse, tout l'Ordre du Phénix. Quoi qu'il arrive, le trio devait survivre, promesse d'un espoir pour l'avenir, et ne jamais se retourner. Ne jamais aller vers eux même si l'envie était ardente. Ne jamais pleurer même si le cœur le voulait. Même s'ils n'en pouvaient plus, ils devaient avancer; garder la tête haute. Les lois de la guerre dictaient durement leur vie.

Un éclair fendit le miroir, les faisant tous les trois sursauter. Aucun d'eux ne détourna pourtant le regard ni même ne clignant des yeux, observant ce saut dans le temps.

Le sol du château était jonché de corps. Des membres de l'Ordre du Phénix pour la plupart même si quelques Mangemorts étaient reconnaissable parmi le lot. Les forces sombres avaient clairement l'avantage. Baguette serré dans son poing, pointé devant dans l'attente du moindre mouvement, Harry avançait à travers les cadavres, le regard fou, haletant et décidé. Il criait, ses paroles raisonnant contre les murs, appelant Voldemort à se montrer et à se battre jusqu'à ce que mort s'en suive pour qu'enfin se termine cette guerre. Ron et Hermione, tous les deux cachés derrière une armure, avait tenté de le dissuadé, mais ce n'était plus Harry Potter, leur ami qui se tenait devant eux. C'était un homme abîmé par les évènements, marqué par de nombreuses fêlures et contrôlé par sa rage et son besoin d'obtenir vengeance. Il avançait, en dépit des sorts mortels qui ricochaient contre les murs atteignant une cible ennemie ou partisane selon le hasard.

L'homme à face de serpent ne tarda pas à faire son apparition. Son sourire s'élargit en découvrant son adversaire, le rendant plus hideux encore. Les entrailles de Ron se tordirent, peut-être par la peur, peut-être par le dégoût. Il s'agrippa au pied de la statue, prit d'un vertige alors qu'Hermione sortait sa baguette de sa manche. Prête à intervenir si les choses tournaient mal. Mais il ne fallut qu'un seul coup, un seul sort, bien prononcé, avec rapidité et efficacité, pour déjouer la garde d'un homme aveuglé par son obsession. L'heure de gloire venait de sonner et se fut comme si les ténèbres envahirent le monde avec plus d'insistance encore. Le couloir devint soudainement sombre, la clarté disparaissait avec le rire diabolique du Lord qui s'éloignait. Un bruit de cloche, annonce tant attendue de la victoire, fut suivit des hurlements de joie des partisans, lesquels continuaient à lancer des sorts pour éliminer la dernière résistance.

Et le choc vint, encore plus horrible que tout ce qu'ils avaient pu ressentir. Le cri déchira leurs oreilles, mais ils ne l'entendirent qu'à peine. Leurs propres hurlements s'y mêlèrent, encore plus empreint de désespoir, encore plus douloureux. Oubliant tout, leur sécurité et leur rôle dans cette histoire, Ron et Hermione quittèrent leur cachette d'un même mouvement et se jetèrent en avant. Le corps d'Harry avait à peine touché le sol, encore chaud, mais où toute vie s'était évaporée, qu'ils s'étaient agenouillés à ses côtés, lasses de se battre pour un monde qui ne leur rendait rien. Ron étreignait la main du héros entre les siennes, le cœur battant à la chamade. Ses battements désordonnés l'empêchaient de penser correctement. Hermione, face à lui, ne retenait même pas ses larmes ou ses plaintes à l'injustice. Elle posa son front contre le torse de Harry, s'agrippant de toutes ses forces à son chandail. Juste là où le sort l'avait marqué.

Ils étaient lasses, ne voulaient plus se battre. On venait de leur enlever le seul espoir qui les maintenait sur le chemin. Ils restaient immobiles au centre de la pièce, faisant un deuil qui ne cicatriserait jamais. Inconscients de la pluie de sorts qui volaient encore au-dessus de leurs têtes; inconscients qu'ils pouvaient à leur tour en être touché à tout moment…

La dernière image se balançait encore devant leurs yeux, mais le sort qui les figeait semblait se dissiper peu à peu. Ils sortirent lentement de leur torpeur, l'un après l'autre, la crainte au fond de l'âme. Était-ce l'avenir auquel ils étaient condamnés? Après s'être tant battu, après avoir donné leur adolescence au secours du monde sorcier, ils allaient vraiment connaître une fin aussi terrible? Hermione porta nerveusement une main à sa bouche, rongeant ses ongles par habitude, incertaine de ce qu'elle pourrait faire d'autre. L'estomac de Ron lui apparaissait comme viré à l'envers, les brûlures désagréables se livrant bataillent en lui. Il se racla bruyamment la gorge pour se donner une certaine contenance et rompre le silence sinistre qui planait sur eux. Harry, les yeux encore dans le vague, était perdu dans un autre monde, loin de ce que le miroir venait leur réveiller. Ils se berçaient tous les trois, d'en avant en arrière, dans un même mouvement, comme des victimes d'un choc psychologique. Ils n'auraient pas été étonnant de les retrouver dans une aile psychiatrique, à murmurer des litanies en boucle et gavés de médicaments par les médecins.

-On sait maintenant, murmura sombrement Harry. Je ne laisserais pas l'avenir nous échapper…

Un nouvel éclair déchira le miroir. Un grondement sourd l'accompagna cette-ci, devant un peu plus fort à chaque fois qu'il retentissait. La pièce se mit à vibrer, puis ce fut comme si un tremblement de terre éclatait. Quatre soubresauts les secouèrent. Le trio se cramponnait les uns aux autres, trimballés d'un côté à l'autre de la bulle. Au moment où ils perdirent conscience, quittant ce cauchemar piégé pour revenir à leur réalité, ils entendirent un bruit de verre : le miroir de la destinée venait d'éclater en morceaux, promesse d'un destin scellé.

Hermione fut la première à ouvrir les yeux. Malgré le décor rassurant des lieux, l'angoisse ne la quittait pas. Elle pinca les lèvres. La neige tombait toujours à l'extérieur du château, mais la beauté mélodieuse des flocons dansant avait laissé place à un tourbillon de folie. Elle sentait le vent transpercer son corps même à travers la fenêtre. Et son souffle atteignait plus facilement encore ses oreilles que les respirations endormies à ses côtés. Malgré le réaliste frappant des images, elle s'obligea à se convaincre que ce n'était que son imagination déjà éprouvé par les évènements de la journée qui créait ces scènes.

Le soulagement qui avait envahis la jeune femme ne fut pourtant que de très courte durée. Si Ron s'agitait encore dans son sommeil, Harry s'était quant à lui redressé. De ses yeux verts, il la fixait avec tant d'ardeur qu'elle s'en sentait presque dénudée. Au fond des ses iris, une porte s'était ouverte, la laissant y lire l'horrible réalité : ce n'était pas un simple cauchemar.

Cédant à ses désirs refoulés, Hermione se jeta entre les deux adolescents, oubliant sa honte et ses principes. Son geste réveilla Ronald, qui encore endormit, ronchonna un peu. Le regard blessé et apeuré que lui offrit la jeune fille en guise d'excuses le calma et il passa un bras autour d'elle l'attirant contre lui. De l'autre côté, Harry ne voulut pas être abandonné à sa solitude, il se déplaça donc contre le dos de l'adolescente, s'y lovant, un bras également passé autour d'elle. Sa main s'en retrouvé liée à celle de Ron, leurs doigts s'entrelaçant inconsciemment dans leur sommeil retrouvé. Coincée entre eux deux, Hermione s'avoua enfin qu'il y avait bien quelque chose de malsain à les aimer d'amour tous les deux, mais si le miroir disait vrai, ils ne seraient bientôt plus là pour s'en inquiéter…

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