Salut salut !
Après une inspiration soudaine et une écriture dans la foulée j'ai décidé de mettre en ligne ce texte ! L'ambiance est plutôt sombre et peut-être un peu lourde mais c'est comme ça que j'imagine l'état d'esprit de Ciel pour cette histoire. Enfin, je dis histoire mais pour le moment il s'agit seulement d'un simple chapitre. J'ai quelques idées pour une éventuelle suite mais je ne sais pas si je dois continuer à écrire ou non ! Je vous laisse donc me dire si vous voulez que j'écrive la suite ou pas selon si ça vous a plu !
Voilà voilà ! En attente de vos retours, je vous souhaite une bonne lecture !
Peut-être à bientôt !
Ps : De toute évidence, Kuroshitsuji ne m'appartient pas et les personnages non plus.
CHAPITRE 1 : Prisonnier du passé, tourné vers l'avenir.
Recroquevillé sous une épaisse couverture, Ciel écoutait le silence parfait de la nuit. Pendant un temps, il se prêtait à son jeu et laissait son corps savourer sa muette mélodie. Sa respiration ralentissait tout comme les pulsations de son cœur. L'air frai qui pénétrait ses poumons était légèrement parfumé par un mélange de senteurs provenant des fleurs d'un bouquet entreposé un peu plus loin dans la pièce.
Il se laissait transporter par ce moment de quiétude où son esprit s'éloignait de tout ce qui habituellement le tourmentait. Il ne restait plus rien de ses angoisses, de ses peurs les plus terribles. Il laissait derrière lui ses blessures et ses cicatrices, il parvenait même à oublier un instant cette noirceur et ce perpétuel dégout qui l'habitaient.
Cependant, isolé ainsi dans les ténèbres nocturnes, cette liberté délicieuse se transforma bien vite en une prison suffocante pour Ciel. Seul face au reste du monde, il prit toute la mesure de son infinie petitesse. Il n'était qu'un être minuscule au milieu d'une immensité sans limite qui l'écrasait.
Il était sans défense, vulnérable et faible. Exposé ainsi à la merci de tous, il n'avait plus aucun contrôle. Cette sensation bien trop familière le plongea dans un effroi sans pareil. L'oxygène parvenait de plus en plus difficilement à alimenter son sang tandis que la douleur de sa poitrine devenait à la limite du supportable.
Son corps s'agitait, il se tordait frénétiquement sur les draps trempés par sa sueur. Ses doigts s'agrippaient avec force au tissu froid tentant de raccrocher à ce monde son esprit sur le point de se briser. A force de hurlements à travers le mutisme du soir, sa gorge n'était plus que feu et sécheresse. Désormais, son cerveau embrumé ne distinguait plus l'illusion de la réalité.
Des dizaines d'images déferlaient violemment dans sa tête. Il était de nouveau dans cette cage et devant lui s'étendait l'horreur personnifiée. Du sang, des carcasses humaines déchiquetées, des membres mutilés, des os broyés, tout s'entassait et s'emmêlait sous ses yeux.
Peu après, une odeur putride arriva jusqu'à ses narines, ses entrailles en furent retournées. Le contenu de son estomac remonta jusqu'à la commissure de ses lèvres où immédiatement sa main vint faire barrière empêchant le liquide de se répandre sur son lit.
Ciel reconnu vaguement un mélange de pourriture et de décomposition auxquels s'ajoutaient une puanteur infecte de lambeaux de chair. Tous ses sens étaient emprisonnés dans ce calvaire. Des lamentations assourdissantes retentissaient violemment à ses oreilles doublées des plaintes de désespoir et des cris effroyables des dernières victimes succombant à la torture.
Les cadavres s'empilaient tout autour de lui, seul spectateur restant de cet ignoble massacre. Il était sauf, pourtant, il se sentait dépérir. A chaque inspiration ses poumons se remplissaient d'une eau glaciale. Il se noyait, il se noyait dans les profondeurs d'un océan de ténèbres.
Ciel essayait de lutter, il épuisait toute son énergie à se débattre, tentant à tout prix de remonter à la surface. Cependant, malgré ses efforts désespérés aucun rayon de lumière ne semblait l'atteindre. Il continuait encore et encore un combat sans pitié ignorant la douleur lancinante qui s'immisçait partout en lui. Il refusait d'abandonner, il ne voulait pas se faire vaincre par sa propre faiblesse.
Il se trouvait dans un état de vulnérabilité absolu, celui enfoui dans ses plus terribles cauchemars, celui qu'il redoutait le plus. Alors, dans une dernière tentative désespérée il essaya une nouvelle fois de se propulser vers la surface, en vain. Toute bribe d'énergie l'ayant quitté, il fut contraint de capituler. Son corps ne répondait plus aux appels de son âme.
Il commença une longue descente abyssale vers le cœur de l'océan. Petit à petit, il sentait les griffes de la faucheuse se refermer lentement autour de son cou. L'univers semblait l'avoir une nouvelle fois trahis.
Soudainement, ses yeux clos captèrent un changement brusque de luminosité. A peine ouverts, ils furent éblouis par une lumière d'une blancheur presque fluorescente qui rendait son observation douloureuse. En se concentrant, il crut apercevoir quelque chose en son centre. Il fallut de longues secondes d'adaptation à ses pupilles avant de pouvoir identifier précisément cette forme abstraite.
Le jeune homme reconnut finalement Elizabeth. D'une grâce resplendissante et d'une allure angélique elle se tenait devant lui. Instantanément tout son être réagit à cette vision. Le sourire familier et le regard tendre de la jeune femme réchauffèrent sa peau frigorifiée. Elle irradiait d'une bonté et d'une compassion capables d'effacer tous ses maux. Il était sauvé, Il allait enfin pouvoir remonter à la surface.
D'un geste calme, Elizabeth tendit sa paume rosée en sa direction. Il voulait la saisir, s'en emparer, sceller ses bras autour de sa silhouette si fragile et se l'approprier toute entière. Cette magnificence, cette innocence, cette douceur sans faille, il voulait tout posséder d'elle.
A l'aide d'un effort considérable, il rapprocha alors sa main de la sienne, prêt à l'attraper. Ses doigts frôlèrent ceux de la jeune femme et aussitôt, il fut soulagé. Au même moment, les traits d'Elisabeth se métamorphosèrent, comme si ce simple contact lui avait infligé la pire des douleurs. Plus ils restaient liés, plus le halo blanc qui l'entourait s'assombrissait petit à petit comme happé par un tourbillon de ténèbres, ses ténèbres.
Ciel était en train de la transformer, il l'avait souillée de ses mains ignobles, les mêmes mains qui avaient par le passé conclu un pacte avec le diable. Rien que la simple idée qu'elle puisse sombrer dans les entrailles corrompues de ce monde l'horrifiait au plus haut point. Il ne pouvait pas faire ça. Il ne pouvait pas lui faire ça. Elle lui était bien trop précieuse.
Alors, avant qu'il ne puisse la blesser d'avantage, il relâcha son emprise sur elle. Désormais privé de sa lumière, il et se retrouva de nouveau aspiré vers le fond. Cette fois en revanche, son âme s'en allait apaisée. Il ne restait plus en lui la moindre volonté de se battre pour survivre. Le prix pour sortir de l'eau était bien trop élevé.
Peut-être serait-il enfin capable de trouver la paix ? Il se voyait finalement libéré du fardeau abominable qu'il portait sur ses épaules depuis de trop nombreuses années. Son but ultime, sa vengeance, sa revanche sur le monde, plus rien n'avait d'importance. Il se laissait simplement glisser vers des horizons plus paisibles, embrassant l'idée de sa mort imminente.
Soudain, trois petits coups retentirent faisant sursauter Ciel. Confus, il reprit vaguement connaissance sans vraiment comprendre où il se trouvait.
-Monsieur ? Je me permets d'entrer. L'interpella une voix suave.
Ciel reconnut immédiatement Sébastian. Il était toujours en vie, rattrapé par la cruelle réalité. Quelques secondes plus tard, l'homme entra dans la pièce éclairé d'une simple bougie.
-Est-ce que tout va bien ? Demanda-t-il en se rapprochant du lit du jeune homme. C'est encore un cauchemar ? Vous en faites beaucoup ces temps-ci. Quelque chose vous tourmente ?
-Je vais bien. Répondit-il d'une voix plus faible que ce qu'il aurait souhaité. Ce n'était que les mêmes souvenirs qui ne m'abandonnent jamais.
-C'est inutile de vous torturer d'avantage avec ces vieilles chimères. Commença le majordome. Je vous l'ai déjà dit monsieur, vous êtes désormais de l'autre côté de la cage, et tant que je serais à vos côtés, aucun événement de la sorte ne pourra se reproduire.
Oui, il en était plus que conscient, il possédait une arme des plus redoutables, un loyal serviteur qui lui offrirait tout, un démon sans conscience capable d'exaucer la moindre de ses demandes aussi horribles soient-elles. Quelqu'un qui ne le trahirait jamais et qui lui conférait un pouvoir gigantesque. Quelqu'un capable de lui donner la force nécessaire à sa survie. Survivre, comment avait-il pu ne serait-ce qu'un instant perdre de vue cet objectif absolu ?
-Tu as raison Sébastian, je ne peux plus me permettre d'être cet enfant faible et vulnérable. Finit-il par répondre.
-C'est très bien. Essayez de vous reposer maintenant jeune maitre, Lady Elisabeth arrivera au petit matin.
Sur ces derniers mots, le majordome se retira, laissant Ciel à ses réflexions.
Dans un monde où même dieu l'avait abandonné, Sébastian avait été le seul à répondre à ses supplications de désespoir. Depuis ce jour où il s'était jeté dans les bras du diable, il ressentait son étreinte autour de lui. Une étreinte si puissante qu'elle l'étouffait mais qui à la fois lui procurait son oxygène. Alors, de toutes ses forces il s'y accrochait.
