Bonjour, bonsoir à tous !
Je reviens après une longue période sans rien n'avoir posté. C'est que je préparais une nouvelle histoire (mouahahah). En vrai, je m'y suis mis vers mai-juin de l'année dernière. Ça, c'est quelque chose que vous devez savoir, je suis très lente en écriture. C'est la raison pour laquelle j'ai préféré amasser quelques chapitres avant de commencer à publier tout de suite. Sachez donc que jusqu'à présent, je suis arrivée à 6 chapitres pour une moyenne de 20 pages par chapitres, ce qui devrait, je pense compenser le rythme que je vais devoir vous imposer. Préparez-vous, respirez. Je publierai un chapitre chaque premier du mois (donc un par mois), ce qui devrait me laisser assez de manœuvre pour continuer à écrire sans que vous vous retrouviez avec de longs riens. Je prévois a minima quinze chapitres.
Bien, il est temps de parler de l'histoire ! Après avoir fini mon snack, je suis revenue sur mes racines pour vous proposer un traditionnel drarry, HPDM, ce que vous voulez. Vous découvrirez donc la jolie (je l'espère ?) relation entre Draco et Harry. Lorsque j'ai commencé l'histoire, j'avais un thème particulier en tête, celui de la communication. Je vais parler un peu de moi donc je m'excuse par avance. En parallèle de mes études de japonais, je suis le parcours professionnalisation de communication et formation interculturelles. En gros, on y apprend les différentes techniques de communication, tout ce que vous pouvez vous imaginer. Mais contrairement à d'autres formations, on a également de la communication interculturelle. Pour vous présenter les trucs grossièrement, on a littéralement eu des cours sur les façons de se parler et de tenir un débat sans enfoncer l'autre et faire valoir SON point de vue et SES idées. En gros pas de gagnant ni de perdant. Juste une discussion. (Pas de "non, mais" mais "oui, c'est ton point de vue ET voici le mien") Grâce à ces cours, j'ai appris (un peu) ce que c'était de communiquer avec les autres, quelque chose que je n'avais jamais su. Je veux donc vous présenter la/les façon-s dont Harry et Draco apprendront à communiquer ensemble.
Ça commence à être long, tenez bon, j'en ai bientôt fini et vous pourrez lire. :)
Alors, pour le contexte, l'histoire se passe trois ans après la fin de la guerre donc je prends tout ce qui est canon sauf l'épilogue du tome 7. Rapidement : Harry et les autres ont fait une autre année à Poudlard avant de, pendant deux ans, faire leurs affaires chacun de leur côté. J'en profite donc pour remercier J. K. R. au passage pour avoir créé ce formidable monde sans lequel notre existence serait un peu plus fade. Les personnages, le monde, tout cela, ne m'appartient donc pas mais l'histoire que vous allez lire est bien de moi. ^^
Et pour finir, je vous conseille une petite musique de fond : Peace on Earth de Anthony Greninger (Vous pouvez le retrouver sur YouTube ou Spotify.) Pas forcément en lien avec l'histoire mais je l'aime bien. :)
EDIT du 1er septembre : J'ai corrigé des fautes de français qui étaient restées et que je n'avais pas remarquées. Si vous en voyez d'autres, prévenez-moi. :)
Chapitre 1 : Retrouvailles
« Oh Merlin, Malfoy ? C'est toi ? Mince, ça fait tellement longtemps que je ne t'ai pas vu ! Mais viens, viens. Je t'offre un verre allez. »
Harry Potter fut le premier étonné des mots qui sortirent de sa bouche. Face à lui, Draco Malfoy, disposait d'une tête de merlan frit, presque choqué, non… complètement choqué, par l'interpellation. Il n'était présent dans le Chaudron Baveur que pour pouvoir rejoindre le manoir des Black via cheminette, après sa promenade au Chemin de Traverse. Qui aurait cru qu'il croiserait un vieil ennemi de l'école ?
Peu de personnes se détendaient dans le bar. Harry capta le conflit intérieur qui tourmentait Draco. Il se demandait d'ailleurs lui-même pour quelles raisons il avait soudainement invité l'aristocrate. Ils ne s'étaient plus vu depuis la fin de leurs études deux ans auparavant et si, après la guerre, leurs rapports étaient devenus cordiaux, cela n'avait jamais été plus loin qu'une profonde indifférence.
Harry contempla le garçon blond qui sembla finalement en venir à une décision. De toute sa grâce aristocratique, il s'installa en face du jeune héros.
« Tu m'offres vraiment un verre ?
- Ouais, sûr. Même plusieurs si tu veux.
- Un seul suffira, merci. »
Son ton était froid et distant. Que pouvait-il être d'autre de toute façon ? Harry héla Tom, le patron du bar, qui arriva avec deux bièraubeurres peu de temps après. Comme promis, le jeune homme aux cheveux ébouriffés sortit les quelques mornilles que coûtaient les boissons. Il prit ensuite la chope dans une main et la soulevant au niveau de ses yeux dit :
« Trinquons à notre rencontre. »
Draco souleva un sourcil mais suivit le mouvement, perplexe. Il trempa ses lèvres dans le liquide mordoré sans quitter son interlocuteur du regard. Il y eut un court silence un peu gênant pendant lequel ils burent quelques gorgées. Ils refirent connaissance avec le physique de l'autre. Draco avait encore grandi depuis qu'ils ne s'étaient vus alors que Harry était resté définitivement à la même taille. L'un possédait une lisse chevelure blonde correctement coiffée tandis que l'autre défiait la gravité, ses cheveux bruns ne semblant pas avoir connu la brosse depuis des années. Des yeux orages faisaient face à de pures émeraudes.
Se rendant compte qu'il le surpassait en taille et paraissait mille fois plus propre sur lui, Draco eut un sourire supérieur. Harry comprit tout de suite sa signification et lui fit une grimace. Le blond leva les yeux au ciel puis posa sa bièraubeurre et sa délicate main sur la table en bois.
« Bien. Que me vaut cet honneur ? »
Harry contempla le plafond, engloutissant une dernière gorgée pour se donner le temps de réfléchir puis, s'essuyant la bouche du revers de la main, répondit :
« Je ne sais pas trop. Je t'ai vu, je me suis dit "wouah ça fait longtemps" et je t'ai appelé. Il n'y a pas de raison particulière si tu veux tout savoir.
- Je vois que tu n'as pas vraiment changé.
- Ahah, non pas vraiment. Mais toi non plus en tout cas. Toujours aussi froid. Enfin, au moins, tu ne me sors plus de noms d'oiseaux.
- C'étaient des querelles d'adolescents. Je suis passé au-dessus de ça, lança-t-il avec un geste de la main.
- Oh tu sais, cela ne remonte pas à si longtemps, on arrive seulement sur nos vingt-et-un.
- J'ai grandi. »
Le ton cassant que Draco avait employé pour cette dernière phrase fit comprendre à Harry de ne pas s'aventurer plus loin sur le sujet. Il passa donc du coq à l'âne :
« Et donc ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je dois aller retirer de l'argent à Gringotts.
- Oh d'accord, rien de plus ?
- Non. Je te retourne la question, que fais-tu là ? »
Harry gratta les quelques poils sur son menton qu'il avait laissés pousser avant de répondre :
« J'ai pris l'habitude de venir là une fois par mois. Je vais voir George et Ron à leur boutique – enfin, aujourd'hui, il n'y avait que George – puis j'fais un petit tour avant de boire un coup ici.
- C'est un train-train bien ennuyeux.
- Je n'ai jamais prétendu être intéressant. »
Il avait dit cela en le regardant droit dans les yeux. Draco décida de laisser glisser la pique. Il termina le fond de sa chope et se leva.
« Je vais y aller.
- Ah ! Attends. »
Harry engloutit les dernières gouttes qu'il lui restait à boire et se mit debout à son tour.
« Laisse-moi t'accompagner.
- Merci, je m'en passerai bien.
- Allez quoi, jusqu'à Gringotts seulement. Promis, je t'embête plus après, insista le brun.
- Je doute que l'on veuille te voir en ma compagnie, asséna Draco.
- Mais si c'est moi qui m'impose ? » s'étonna Harry.
Le blond soupira et de toute sa hauteur expliqua :
« Tu n'as vraiment aucun esprit logique. Si je décline, ce n'est pas par antipathie ou fausse politesse, c'est bien parce que je ne le veux pas. N'insiste pas, je ne marcherai pas à tes côtés. Boire un verre était déjà de trop. Je te rappelle que la société sorcière ne me voit pas d'un très bon œil donc je te prierai de ne pas jeter d'huile sur le feu. »
Le jeune homme voulut rétorquer, ouvrit la bouche pour le faire, mais la referma. Il n'y avait rien à dire.
« Sur ce, au revoir. »
Draco récupéra le manteau qu'il avait déposé sur le dossier de la chaise et s'éloigna d'un pas assuré, empreint de majesté. Harry se rassit sur son siège et fit une moue boudeuse. Toutefois, avant d'ouvrir la porte de sortie du bar, le sorcier de sang-pur se retourna et lui lança :
« Merci pour l'invitation. Cela m'a fait plaisir. »
Il tira la poignée et disparut dans la lumière. Un sourire vint se coller au visage de Harry. Il avait l'impression d'avoir fait sa bonne action de la journée. Mais quelle situation étrange !
o0O0o
« Dis-moi Kreattur, tu n'aurais pas vu ma montre ? Je ne la retrouve plus.
- Kreattur n'y a pas touché, monsieur. Le maître a-t-il regardé sur le lavabo de la salle de bain ?
- Ah non effectivement. Merci je vais voir. »
Harry quitta la cuisine, comptant monter les escaliers pour rejoindre la salle d'eau au premier étage. Le bruit soudain de la sonnette le fit sursauter. Il n'attendait personne et il avait confié Teddy à sa grand-mère deux heures plus tôt.
« J'arrive ! » cria-t-il.
Il entendit l'elfe de maison se diriger vers le portrait de sa maîtresse pour la calmer avant qu'elle ne se mette à hurler. Mais depuis un peu plus d'un an, elle semblait s'être tranquillisée et ne réagissait presque plus à la cloche ou aux bruits forts. Le tableau commençait à se faire vieux.
Harry ouvrit la porte d'entrée. Au-dehors le temps était pluvieux et il ne vit donc pas tout de suite qui était sous le parapluie couleur aigue-marine. Il se figea de surprise lorsqu'il reconnut le maintien si propre aux Malfoy. Sans se présenter, Draco referma son parapluie et pénétra dans la maison juste assez pour éviter les gouttes d'eau.
« Puis-je entrer ? »
Harry bafouilla, toujours sous le coup de la surprise. Il se déplaça enfin sur le côté et d'un geste de la main l'invita à pénétrer dans la maison. Draco s'appuyait sur son parapluie comme s'il s'agissait d'une canne. La ressemblance avec son père fut tellement frappante que Harry en ouvrit la bouche. Il la referma, confus et finit par demander :
« Hum… que me vaut l'honneur de ta visite ? J'avais cru comprendre hier que tu ne souhaitais plus avoir affaire à moi. »
Sans lui répondre, Draco lui tendit son parapluie et, le regardant droit dans les yeux, lui dit :
« Est-ce comme cela que tu accueilles tes invités ? Je vois que tu es toujours sans aucun savoir-vivre.
- Ah euh… excuse-moi. Tu veux une tasse de thé ? »
Harry attrapa le fardeau trempé du jeune aristocrate qu'il posa contre le mur, à côté des chaussures et l'invita à entrer plus en profondeur dans la maison. Draco marchait comme si tout lui appartenait et qu'il connaissait les lieux comme sa poche. En maître de maison, Harry sentit la colère monter en lui mais il se colla un sourire bienveillant sur le visage et lui présenta le salon.
« Kreattur, peux-tu faire du thé pour notre invité ?
- Kreattur sera enchanté d'en préparer pour une telle personnalité. »
Sur ces mots, l'elfe de maison s'inclina et partit en direction de la cuisine. Harry soupira, il n'arrêterait jamais ses petits commentaires sur les personnes qui se retrouvaient au 12, square Grimmaurd. Le jeune homme invita Draco à s'installer sur la banquette tandis que lui-même s'asseyait dans son fauteuil habituel.
« Bien, je te repose ma question : que me vaut l'honneur de ta visite ? »
Draco ferma les yeux quelques secondes, semblant mettre de l'ordre dans ses pensées. Lorsqu'il les rouvrit, il était décidé. Harry bouillonnait de curiosité.
« J'ai réfléchi à notre rencontre inopportune hier. Et je me suis demandé ce qui t'avait poussé à m'interpeler.
- Euh… comme je t'ai dit, il n'y a pas vraiment de raisons.
- Il existe toujours une ou des raisons. Dont tu as conscience ou non. Pour en revenir à notre sujet, j'ai échafaudé plusieurs hypothèses pour n'en garder au final qu'une, qui me semble être la bonne.
- … Et quelle est-elle ? »
Il ne comprenait pas où voulait en venir son ancien camarade d'école. Et surtout pourquoi tenir à ce point à lui dire son raisonnement chez lui ? Harry ne le suivait plus vraiment. Mais l'avait-il déjà suivi un jour ?
« Comprends-tu, je suis une personne d'un haut rang social, même s'il s'en est retrouvé affaibli par le procès de ma famille. Je suis également très riche.
- Euh, oui et ?
- Attends, laisse-moi parler. Je ne pense pas que quoi que ce soit que je viens d'énoncer ne t'attire en quelque façon.
- Merci, j'étais pas au courant, lança Harry, sarcastique.
- Attends, te dis-je. Ces options écartées, qu'est-ce qui pourrait t'attirer chez moi pour que tu aies un quelconque intérêt à me parler ?
- Je ne suis pas attiré par toi, grogna Harry avec un air dégoûté.
- Non mais c'est pas vrai ! Laisse-moi parler ou je te pétrifie !
- Dans ma propre maison, quel culot ! »
L'air se fit électrique un moment, chacun essayant de prendre sur soi pour ne pas lancer le début d'une bagarre. Après un temps où ils se regardèrent comme des chats de gouttière, prêts à se jeter sur l'autre, ils se décrispèrent et poussèrent un soupir. Kreattur choisit ce moment-là pour apparaître avec deux élégantes tasses fumantes. Il les déposa sur la table basse sans se formaliser de la situation avant de disparaître à nouveau dans sa cuisine.
Draco récupéra sa tasse et la porta à son nez. Il respira les douces volutes qui s'échappaient de la porcelaine puis y trempa délicatement ses lèvres. De son côté, le maître de maison fit de même. Comme à son habitude, Kreattur lui avait fait un thé à la camomille, son préféré. Quel merveilleux elfe de maison !
« Hum… du gingembre. Ton elfe me connaît bien, se réjouit Draco, la trace d'un sourire au bord des lèvres.
- Ce n'est pas mon elfe, grommela Harry, c'est Kreattur.
- Kreattur », répéta-t-il.
Ils sirotèrent en silence leur thé puis, n'y tenant plus, Harry dit :
« Je promets que je ne t'arrêterai plus, alors continue ton histoire. »
L'aristocrate déposa sa tasse dans sa coupelle. Un bruit léger envahit la pièce.
« Ce n'est pas une histoire, c'est une théorie, corrigea-t-il. Très bien, je continue donc. J'en étais à pourquoi il te serait intéressant de me parler. »
Harry se taisait, attendant la suite.
« Je lis les journaux tous les jours, comme tout sorcier civilisé. Je me suis souvenu que lors d'une interview, il y a maintenant presque deux mois, tu avais dévoilé être encore plein de culpabilité envers certaines personnes, sans jamais mentionner leurs noms. »
La gorge de Harry se serra. S'il s'attendait à ça… Ça lui apprendra à se confier à La Gazette du sorcier, même pour mettre fin à leurs demandes incessantes d'entretiens. Son air se fit sombre alors qu'il écoutait ce que Draco disait.
« J'en suis donc venu à la conclusion qu'une de ces personnes envers qui tu éprouves de la culpabilité pouvait bien être moi. La raison pour laquelle tu m'as abordé hier est donc l'envie de te soulager d'un poids au cœur en rétablissant, par exemple, de bonnes relations avec moi. Me trompé-je ? »
Harry soupira et s'enfonça tout au fond de son fauteuil. Il contempla le plafond un moment, le seul bruit venant perturber la quiétude du salon provenait de la tasse de thé que Draco buvait. Il passa une main dans ses cheveux et se replaça correctement pour répondre au jeune homme.
« Oui tu as raison. Tu es content ?
- Non pas vraiment. Je voulais juste m'en assurer. Je ne vais donc pas m'imposer plus longtemps et te laisser à ta tranquillité. »
D'une main certaine, il reposa la tasse dans sa coupelle sur la table en noyer et se leva d'un uniquement mouvement souple. Harry fit de même mais de façon beaucoup plus bourrue. Il l'accompagna jusqu'à la porte d'entrée qu'il ouvrit. Il pleuvait toujours à flot dehors. On était encore loin du printemps. Harry attrapa le parapluie de son invité et le lui rendit.
« Merci. Bien, je vais y aller. »
Avec milles précautions, Draco ouvrit sa protection contre la pluie et posa le pied à l'extérieur. Il se retourna soudain vers son hôte. Il le regarda de toute sa hauteur et, l'œil fier, le menton haut, l'assurance incarné, lui annonça à brûle-pourpoint :
« Il y a une dernière chose que je voulais te dire. »
Il fit passer un léger silence. Harry ressentit au plus profond de lui qu'il ne devait pas l'interrompre. Alors il attendit jusqu'à ce que Draco le toise et continue en le regardant droit dans les yeux :
« Durant toute la période où nous étions à Poudlard, je t'ai toujours aimé. »
Déconfit, Harry en eut la bouche béate. Et avant même de pouvoir dire quoi que ce soit, un crac retentissant marqua le transplanage de Draco Malfoy.
« Mais… mais… mais ! Pars pas comme ça après m'avoir dit un truc pareil ! » cria Harry au vide devant lui.
o0O0o
La machine à café faisait encore n'importe quoi. Les cuillères s'entrechoquaient et les sucriers et contenants à lait se battaient à coup de bec en céramique. Quant à la bouilloire, elle ébouillantait quiconque s'approchait trop près. Harry allait encore devoir dire adieu à sa tasse de café du matin. Et encore devoir reporter le problème à Maude, du département des objets magiques. Il n'aurait son café qu'au repas du midi pour le coup. Il soupira. Sa journée promettait.
Le désespoir l'envahit en pensant à tous les dossiers qui l'attendaient sur son bureau. Il détestait le mardi. Sa pause café n'ayant plus lieu d'être, il ne lui restait plus qu'à se dégourdir les jambes et s'aérer l'esprit en se promenant dans les couloirs du ministère de la Magie. En croisant les doigts pour n'être interrompu par personne souhaitant parler à Harry Potter.
Il monta les marches d'un escalier et, les mains dans les poches de sa robe, s'éloigna en sifflotant un air qu'il avait entendu à la radio ce matin. Un mouvement attira son attention. Une tête blonde s'avançait dans sa direction, des dossiers sur les bras. Reconnaissant Harry, Draco lui fit un signe du chef en guise de salutation. Harry, de son côté ouvrit grand la bouche et le pointa du doigt, en grand malpoli qu'il était.
« Toi ! Depuis quand tu travailles ici ?! » s'étonna-t-il.
Le blond leva les yeux au ciel et le regarda de la tête au pied avant de formula un léger « tch ».
« J'ai intégré le ministère à peu près en même temps que toi, Potter. Nous nous sommes croisés plusieurs fois depuis.
- Hein ?! Non ! T'es pas sérieux ? Je ne t'ai jamais vu.
- Tu n'es pas seul ici, baisse d'un ton si tu ne veux pas déranger les gens. Et moi qui croyais que tu m'ignorais ostensiblement. Tu ne m'avais même pas vu ! »
Un léger rire narquois le prit et il reprit son bout de chemin comme si de rien n'était. Lorsqu'il dépassa Harry, celui-ci posa sa main sur son bras.
« Attends, attends. J'aimerais te parler.
- Bon d'accord, mais fais vite, je suis occupé, moi.
- Mais pas dans les couloirs ! En face à face, dans un endroit tranquille. »
Devant l'air sérieux de Harry, Draco soupira et planta ses yeux d'acier dans ses émeraudes.
« Très bien. Où et quand ?
- Ce midi, à la cafétéria si ça te va.
- Un endroit tranquille, ça ? Bon, comme tu veux. Maintenant, je m'en vais, si tu le permets. »
Harry lui lâcha alors soudain le bras, se rendant compte qu'il avait continué à le serrer.
« Pardon. À ce midi.
- À ce midi, Potter. »
Et il repartit à ses occupations. Harry resta un moment paralysé sur place. Ce qui l'avait plus choqué n'était pas de se rendre compte qu'il travaillait au même endroit que son ennemi d'école depuis deux ans mais l'indifférence de celui-ci. Ne pouvait-il pas réagir après ce qu'il lui avait dit il y a deux semaines ? N'était-il pas gêné ? Pourquoi continuait-il à le traiter avec autant de froideur ? Tant de questions sans réponse et Harry ne savait même pas s'il voulait les poser à l'intéressé.
L'esprit suffisamment embrouillé, il retourna au bureau où il passa plus de temps à regarder sa montre qu'à travailler efficacement sur ses dossiers. Un léger excitement commençait à monter en lui à l'idée de manger avec Draco Malfoy. Pourquoi donc ? Était-ce si spécial de déjeuner avec son ancien ennemi ? Il lui fallait des réponses. Pour ça et pour plusieurs choses.
Lorsqu'arriva finalement la pause déjeuner, il se rua hors de son bureau sans même répondre à ses camarades qui l'invitaient à manger avec eux. Il atteignit la cafétéria pantelant. Pour se redonner une certaine image, il prit le temps de prendre de grandes respirations et essaya d'aplatir ses cheveux, ce qui n'eut aucun effet.
Harry se mit alors à la recherche de l'aristocrate, se glissant entre les tables où déjeunaient les sorciers. Il l'aperçut finalement derrière son journal ouvert en grand, dans un coin de la salle en forme de croissant de lune. Rassuré de le voir là, il se laissa tomber bruyamment sur la chaise en face de lui. Draco releva les yeux de La Gazette du sorcier, termina de lire son paragraphe et la replia en quatre. La photo de couverture fit un clin d'œil charmeur à Harry. Enfin, pas la photo en elle-même, mais plutôt la personne photographiée. C'était Olivier Dubois, la nouvelle star montante de l'équipe de Quidditch d'Angleterre.
« On commande à manger ? proposa Draco pour démarrer la conversation.
- O.K. »
Harry récupéra la carte posée devant lui et fit son choix parmi les différents plats proposés. Il sortit sa baguette qu'il pointa sur le carton.
« Menu, un sauté d'agneau aux aubergines et un verre de vin. »
La carte disparut, signe que la commande avait été prise et qu'elle ne tarderait pas. Draco fit également sa demande mais ne réclama que de l'eau en boisson. Il déplia ses jambes qu'il tenait croisées et fit tinter la table en verre de ses ongles coupés courts. Il plongea ses pupilles dans celles de Harry.
« Bien, soyons directs, que me veux-tu ?
- Te parler, répondit-il du tac au tac.
- Mais encore ? »
Harry inspira un grand coup.
« Ce que tu m'as dit l'autre jour, c'était sérieux ? »
Les commandes apparurent à ce moment-là, ce qui fit sursauter Harry. Elles étaient arrivées bien trop vites. Draco déplia sa serviette qu'il posa sur ses genoux. Appuyant ses coudes sur la table il répondit :
« On ne peut plus sérieux. »
Voyant l'air interloqué de Harry, il répéta :
« J'ai été amoureux de toi durant tout Poudlard.
- Mais… mais pourquoi ?
- Va savoir, je ne l'ai jamais su moi-même. »
Perplexe, Harry engloutit un bout de viande sans même le mâcher. Il contempla son verre de vin un moment et reposa ses yeux dans ceux de Draco.
« Est-ce que c'est encore le cas maintenant ? »
Le blond prit le temps de terminer de mastiquer sa pomme de terre avant de répondre :
« Je fréquente actuellement Astoria Greengrass en vue d'un mariage.
- Tu ne réponds pas à ma question. »
Draco reposa sa fourchette avec délicatesse et reprit :
« Pour être franc, je suis encore attiré par toi. Mais amoureux ? Non, plus maintenant.
- Ah bon. »
Le soulagement s'empara de Harry. Il ne savait pas du tout comment il aurait réagi si cela avait encore été le cas aujourd'hui. Il mangea avec plus de bonne humeur et but avec joie une gorgée de vin rouge.
« Bon alors du coup… tu fais quoi au ministère ?
- Je travaille au département de la justice magique. J'aspire un jour à être juge, expliqua le blond.
- Et en attendant de grimper dans les échelons, que fais-tu ?
- Je m'occupe de la paperasse et assiste aux rendus des jugements. Et l'on m'a mis au service d'un juge de renom, qui se charge de m'apprendre le métier. Je suis un peu moins qu'un greffier en quelque sorte.
- Je vois… »
Draco porta son verre à ses fines lèvres. Il avait déjà mangé la moitié de son assiette, un rösti de pomme de terre, accompagné de lentilles.
« Je n'arrive toujours pas à comprendre comment tu as fait pour ne pas te rendre compte que l'on travaillait au même endroit. En plus dans le même département.
- Oh tu sais, je n'ai jamais été très attentif. Je suis un peu obtus en fait. »
Harry eut un rire gêné, sentant que son interlocuteur était vexé.
« Bref, passons là-dessus, écarta Draco d'un mouvement de la main. J'imagine que ton travail doit être plus mouvementé que le mien, n'est-ce pas, monsieur l'auror ?
- Oh pas vraiment, tu sais. Comme toi, je m'occupe pas mal de la paperasse, je ne suis qu'un petit jeunot après tout, rigola-t-il. En vrai, je suis en période d'études. Ce n'est qu'à la fin de l'année prochaine que je pourrais passer au stade d'employé. La paperasse, c'est pour nous faire entrer doucement dans le bain.
- Hm, d'accord. Je suis content d'avoir plus un statut d'apprenti que d'étudiant.
- Ouais la chance… j'aimerais bien sortir des études ! » se plaignit le brun.
Draco eut un sourire flottant sur les lèvres. La conversation continua sur un ton agréable, échangeant à propos de leurs emplois du temps respectifs, de leurs relations avec leurs collègues ou supérieurs. Harry était étonné que leur discussion se déroule de façon aussi naturelle, comme si rien n'avait jamais existé entre eux.
Leurs assiettes terminées, le menu réapparut pour le dessert. Harry se contenta de son café tant désiré alors que Draco commanda une forêt noire, le gâteau le plus cher de la carte. Le brun se permit alors une légère pique :
« Je vois qu'on a de l'argent à dépenser.
- À peu près autant que toi, répondit-il aussi sec.
- Hum, pas faux. »
Draco leva les yeux au ciel et entama le gâteau.
« Je vois que tu ne peux pas résister à me provoquer.
- Les habitudes ont la vie dure que veux-tu.
- Je me demande si tu ne démarrerais pas au quart de tour si c'était moi qui te faisais ce genre de réflexions. »
Harry prit le temps de réfléchir au problème tout en buvant son café. La cafétéria commençait à se vider, cela serait bientôt l'heure de retourner au travail. Pourquoi le mardi devait-il être journée papiers ? Il soupira, avachi sur sa chaise, et répondit finalement :
« Tu as raison. Excuse-moi, je ne recommencerai plus.
- Excuses acceptées. »
D'un air taquin, Harry approcha dangereusement sa cuillère de la pâtisserie de Draco. Le regard glacé de celui-ci l'arrêta net et le cœur du brun manqua un battement. Il lui avait fait peur, cet idiot !
« Ça, par contre, je ne le tolèrerai pas.
- Pff, grommela Harry. T'es pas marrant.
- Si tu en veux, tu n'as qu'à en commander. Ne vole pas dans l'assiette des autres, espèce de chat de gouttière. »
Harry porta la main à son cœur, terriblement offensé.
« Oh ! Comment oses-tu ? Je suis un chat sauvage moi, pas de gouttière.
- C'est bien ce que je pensais, aucune manière.
- Parce que tu en as, toi ?
- Le fait que tu ne le remarques pas montre bien que tu n'en as aucune.
- Snobinard.
- Tête à poux. »
De rage, Harry vola le bout de gâteau qu'il convoitait depuis tout à l'heure et l'engloutit sans même prendre le temps de l'apprécier. Draco poussa un « oh ! » outré et frappa la table de son poing. En réponse, il eut droit à une langue tirée.
« Je me lave les cheveux régulièrement ! La dernière fois que j'ai eu des poux remonte à mes neuf ans !
- Pf. »
Harry bouillonnait. Il s'installa bien au fond de sa chaise, croisa les bras et détourna le regard. La fin du repas se déroula dans un silence énervé. Le moment de payer arriva et chacun déposa dans une coupelle la somme qu'ils devaient. Ils se levèrent et partirent ensemble de la cafétéria. Un peu plus loin, dans un endroit où moins de monde passait, ils s'arrêtèrent d'un commun accord. Ils se toisèrent un moment avant que finalement l'un d'eux ne se lance :
« Nous sommes d'accord que la fin du repas était digne de nos enfantillages à Poudlard ?
- Oui c'est vrai, désolé de m'être emporté, s'excusa Harry.
- La faute est de mon côté aussi, pardonne-moi.
- C'est bon, passons à autre chose maintenant.
- Agissons comme des adultes pour une fois.
- Que veux-tu dire par là ?
- Acceptes-tu de venir manger avec moi certains jours ? »
Harry en fut bouche bée. Il cligna plusieurs fois des yeux alors que face à lui, le grand blond demeurait imperturbable. Il se passa une main sur le visage et demanda d'un air prudent :
« Pourquoi une telle proposition ?
- J'ai apprécié notre repas, sauf la fin, et cela faisait longtemps que je n'avais pas parlé comme ça, expliqua-t-il. J'imagine que ce n'est pas une grande surprise si je te dis que je ne m'entends pas très bien avec mes collègues. Discuter normalement avec quelqu'un est un luxe dont je n'ai pas envie de me priver. »
Harry restait définitivement étonné par la franchise remarquable de Draco. Depuis quand dévoilait-il tout haut ses sentiments ? Qu'était devenu le petit fils à son papa de l'école ? Draco avait raison, il avait grandi.
« J'ignorais que ma compagnie était aussi agréable, se contenta-t-il de répondre. Ne voulais-tu pas éviter que l'on nous voie ensemble ?
- Si, en effet. Mais j'estime mes besoins plus importants que les commérages des petites gens.
- Eh bien… »
Draco commençait à s'impatienter et il le fit comprendre au jeune homme :
« Alors ? Acceptes-tu, oui ou non ?
- Je… je n'ai pas de raisons de dire non alors pourquoi pas ?
- Très bien. »
Pour marquer leur accord, Draco lui tendit la main. Harry se retrouva alors en première année, lorsqu'il avait rejeté cette même main. Cette fois, ce serait différent. Un bout de culpabilité disparut au moment où il scella leur poignée.
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Harry et Draco prirent l'habitude de prendre leurs repas ensemble les mardis et vendredis. Leurs discussions ne tournaient qu'autour de leur quotidien au travail mais petit à petit, ils se mirent à s'ouvrir l'un à l'autre sur leurs sentiments personnels. Harry apprit ainsi que Draco se sentait terriblement seul, au travail comme à la maison. Quant à Draco, il eut droit à un résumé détaillé de la dispute qui déchirait Harry et Ron à ce moment-là et tout ce qu'ils entreprenaient pour s'éviter l'un l'autre.
Harry commençait à se sentir plus proche de l'héritier des Malfoy et appréciait de plus en plus ces moments où ils déjeunaient ensemble ou se croisaient dans les couloirs, tissant un lien d'amitié qui n'avait jamais pu se développer alors qu'ils étaient encore adolescents. Ils n'abordaient toutefois jamais les anciens sentiments qu'avait éprouvés Draco envers lui. Mais Harry ressentait qu'au-dessus d'eux, quelque chose continuait à tournoyer. Par lâcheté et par compassion, il fit comme si de rien n'était. Et de toute façon, Draco ne commettait aucune action qui aurait demandé au brun de réagir.
Ils se croisèrent un samedi matin devant la boutique de farces et attrapes de George Weasley. Harry en sortait alors que Draco ne faisait que passer devant. Ils haussèrent tous deux les sourcils de surprise et l'aristocrate arrêta sa marche pour laisser Harry le rejoindre. Les salutations transmises, ils partirent dans la direction que Draco suivait.
« Alors comme ça, tu passes vraiment une fois par mois ici ?
- Quoi ? Tu ne me croyais pas ?
- Si un peu, mais je ne te pensais pas si routinier.
- Bon, puisque l'on s'est croisé, que dirais-tu d'aller déjeuner ensemble ?
- J'ai quelque chose à faire, désolé. »
Harry le morigéna, un peu déçu :
« Et qu'as-tu donc de si important à faire ? »
Draco s'arrêta brusquement et Harry faillit s'embrouiller les jambes. Son regard était plus froid qu'à son habitude et il y avait quelque chose dans son maintien qui prouvait que la chose était grave. Inquiet, Harry demanda :
« Qu'est-ce qu'il y a ? Que se passe-t-il ? »
Draco sembla troublé un instant. D'une main peu assurée, il replaça une mèche de cheveux qui était déjà parfaitement en place.
« Je ne sais pas si j'ai vraiment envie de t'en parler.
- Pourquoi ça ? »
Draco se balança sur un pied.
« Tu pourrais… mal réagir.
- Ça me concerne ? s'étonna le brun.
- Non ! »
L'éclat surprit Harry qui n'était pas habitué à ce que Draco soit si démonstratif. Il le regarda d'un air de dire que cela semblait définitivement le concerner. Le blond soupira.
« Certes, peut-être un peu. Ah ! Je crois que c'est en t'en parlant que ça en vient à toi ! Normalement ce ne sont absolument pas tes histoires…
- Tu me rends définitivement curieux. Raconte-moi tout. »
Draco prit une inspiration et déballa le paquet :
« J'ai un rendez-vous avec Astoria. Je vais lui annoncer que je romps nos engagements. »
Harry en resta sans voix, comprenant ce que cette action sous-entendait. Il porta la main à son visage, n'osa pas croiser le regard gris et soupira. Il n'aimait pas trop comment cela tournait. Devant son silence, Draco déclara :
« Tu vois, je m'en doutais que tu réagirais mal.
- C'est pas… non, désolé. Tu as raison, je réagis mal. »
Il sentit qu'en disant ces mots, il avait blessé son ami.
« Désolé, répéta-t-il. J'ai… hum… besoin d'y réfléchir.
- Tu sais, tu n'as pas à y réfléchir. Je ne t'impose rien.
- Mais quand même, j'y tiens. Je… désolé. Je vais partir et j'en rediscuterai avec toi.
- D'accord. »
Harry entendit la tristesse dans sa voix mais il s'éloigna quand même, sans se retourner. Pas d'alcool au Chaudron Baveur aujourd'hui, il transplana directement chez lui. Il resta avachi dans son fauteuil à regarder le vide jusqu'à ce que son filleul et sa grand-mère ne viennent sonner à la porte.
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Mardi arriva bien vite et Harry envisagea un instant de ne pas rejoindre Draco pour déjeuner. Mais s'il avait fait cela, il n'aurait plus jamais osé se regarder à nouveau dans un miroir. Le cœur lourd, il alla le retrouver à leur table. En le voyant de loin, Harry sentit que Draco avait retrouvé sa sérénité et qu'il ne se présenterait plus à lui avec la même incertitude que samedi dernier. Un tel sang-froid perturba le jeune homme.
Il s'installa en silence et contempla les plats que proposait la carte ce jour-là. Après un moment à relire la même ligne sans discontinuer, il finit par relever les yeux. Ce faisant, il croisa ceux de Draco qui semblait l'observer depuis un moment.
« Tu as fini de m'éviter à ce que je vois. »
Harry ne répondit pas au sarcasme, qu'il méritait. Draco continua donc :
« Je suis assez heureux que tu aies décidé de venir quand même.
- Je n'allais quand même pas manquer notre rendez-vous habituel. Tu es ma seule distraction de la journée.
- Que d'honneur ! »
Derrière la raillerie, il comprit que son ami était content. Ils passèrent commande et entamèrent le repas. Ils parlaient de choses de peu d'importance et Harry finit par en prendre ombrage. Impatient, il lança donc :
« Comment Astoria a réagi ? »
Draco reposa son verre d'eau avec rigueur.
« Je pensais que tu aurais évité le sujet.
- J'aime pas ne pas savoir.
- Oui, je m'en rends bien compte. »
Harry lui fit les gros yeux mais cela ne fit pas peur à son interlocuteur. Il soupira, la joue dans la main et joua avec ses pâtes de sa fourchette. D'une voix dure, il reprit :
« Alors ?
- Alors elle a réagi en toute personne bien éduquée ; elle a compris et a accepté la fin de notre contrat.
- Tu en parles comme si c'était une affaire de business.
- Ça l'était. C'est ma mère qui a arrangé notre rencontre.
- Tu ne l'aimais pas ? s'étonna Harry.
- Elle était agréable et de bonne conversation, mais non, je ne l'aimais pas. »
Il regarda le brun droit dans les yeux en disant cela et ce dernier ne put s'empêcher de rougir.
« Je… je n'ai pas… encore terminé de réfléchir, balbutia-t-il.
- Je ne t'ai jamais demandé de réfléchir. Je n'attends rien.
- Je suis sûr que si.
- Peut-être. Mais je n'espère rien alors.
- Laisse-moi y réfléchir. »
Draco soupira et secoua la tête.
« Très bien si tu veux, tu peux même te prendre la tête avec ça pendant cinquante ans.
- Je suis sérieux !
- Mais moi aussi, rétorqua le jeune homme au port altier.
- J'ai toujours l'impression de tourner en rond avec toi, persifla Harry.
- Le sentiment est réciproque, crois-moi. »
Ils soupirèrent d'un commun accord et mangèrent en silence. La cafétéria était remplie de monde à cette heure-là mais l'on ne retrouvait guère le gratin de la société qui allait manger dans le restaurant de luxe à l'extérieur du ministère. C'était une salle en arc de cercle, permettant une certaine intimité aux extrémités. Le cadre y était agréable et l'on oubliait facilement que l'on était sous terre tant la luminosité était la même qu'un beau jour de printemps au dehors.
« Qu'est-ce que tu fais pendant les week-ends ? » demanda Harry.
S'il était étonné par la question soudaine, Draco n'en montra rien et répondit de son même ton imperturbable :
« Je lis.
- Quel genre de lecture ?
- De la fiction. Je n'aime pas les essais et biographies.
- Oh, moi non plus.
- J'imagine que c'est le lot de nombre de personnes. Mais j'ignorais que tu lisais.
- Qu'est-ce que tu sous-entends par là ? fit mine de se fâcher Harry. Bien sûr que je lis !
- Tu n'en donnes vraiment pas l'impression en tout cas. »
Le brun attrapa sa chope de bièraubeurre et en but une large rasade. Il lécha ses lèvres mousseuses avec un air de contentement puis reposa plutôt brutalement la bière.
« Comme toujours, tu as raison. En vrai, je ne suis pas un gros lecteur. Si j'arrive à terminer deux livres en un an, je peux me montrer fier. »
Incapable de se retenir, Draco pouffa, véritablement amusé par ces paroles.
« Pff… arrête de te moquer. Tout le monde ne peut pas être comme Hermione.
- Je suis sûr qu'elle est du genre à préférer les essais, celle-là.
- "Celle-là", comment tu parles de mon amie, toi ?
- Je croyais que vous vous étiez disputés…
- N'importe quoi ! Je t'ai dit que c'était avec Ron que je ne m'entendais plus. Je t'en ai pourtant parlé en long et en large.
- J'ai eu un instant de doute. Ça arrive à tout le monde, non ? essaya de s'expliquer Draco.
- Ah là là… je vois que je ne peux pas compter sur toi.
- Oui bon… qu'est-ce qu'elle fait Granger maintenant ? tenta-t-il de changer de sujet.
- Elle est entrée au département de contrôle et de régulation des créatures magiques. Elle est à fond sur les droits des elfes de maison et ne semble pas en démordre. Je mange avec elle tous les mercredis mais elle a réussi je n'sais comment à se faire un emploi du temps surchargé. C'est la première fois que tu me poses une question sur elle. Pourquoi soudainement ? »
Draco qui était en train de se battre avec son couteau contre une tomate cerise qui refusait de se laisser couper, dérapa et perdit son fruit maudit qui vint s'écraser sur le sol dans un bruit de désespoir. En grognant, il se baissa pour le récupérer et le poser juste au bord de l'assiette. Sans attendre, Harry l'attrapa et l'avala en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
« C'est tombé par terre ! Espèce de cradingue.
- Roh ça va, le sol est propre, je ne vais pas mourir. Ça me fait mal au cœur de voir de la nourriture qui va être jetée alors qu'elle est encore bonne. »
Draco leva les yeux au ciel, comme à son habitude, et n'en pensa pas moins. Il reprit son repas tranquillement, tout en répondant à la question de Harry :
« Granger est ton amie, il est normal que je m'y intéresse. D'ailleurs, j'avais cru comprendre qu'elle sortait avec le rouquin. Comment elle voit ta dispute avec lui ?
- Oh tu sais, elle a l'habitude. À Poudlard aussi on s'engueulait souvent, c'était un peu notre intermédiaire même si j'ai souvent eu la désagréable impression qu'elle prenait plutôt le parti de Ron à chaque fois. Pas étonnant qu'ils aient fini ensemble, marmonna-t-il, amer.
- Alors, cette fois aussi, elle se range du côté de Weasley ?
- Je ne sais pas trop. Oui, on peut dire. Elle aimerait bien qu'on se rabiboche en tout cas.
- Mais, vu qu'il travaille avec son frère, tu ne le vois presque plus et ça s'envenime encore plus.
- Argh, désolé, j'en parle encore. »
Harry se prit la tête dans les mains et poussa un soupir de désespoir.
« Ça me mine, cette histoire, c'est pas possible. Je ne fais qu'en parler.
- Non, c'est important pour toi, c'est normal. Je suis plutôt content d'être ton conseiller d'ailleurs. Même si je doute que mes conseils soient d'un très haut niveau. »
Draco lui offrit un sourire en coin et repoussa l'assiette qu'il avait terminée.
« Si tu veux en parler, n'hésite pas à me voir quand tu veux.
- Merci, c'est gentil. »
Ils prirent un dessert et continuèrent à bavarder posément jusqu'à ce que vienne l'heure de retourner travailler. Ils se séparèrent en arrivant à leur département et chacun retourna à ses occupations. Harry était plutôt content que tout se soit bien passé. Et, étrangement poussé par Draco, Harry eut envie de voir Ron pour régler enfin leur problème une bonne fois pour toute.
En quittant le ministère ce soir-là, au lieu de rentrer chez lui, il transplana devant Weasley, Farces pour sorciers facétieux. Cette fois, sa venue n'étant pas annoncée, il était sûr de pouvoir enfin croiser Ron. En entrant dans le magasin aux vives couleurs, moins fréquenté qu'en milieu de journée, il trouva la personne qu'il voulait voir sans même avoir besoin de fouiller l'endroit. À sa vue, Ron émit un petit couinement de surprise et chercha des yeux une issue de secours qui n'existait pas. Il fit finalement face à Harry, les poings sur les hanches, une posture qui le faisait drôlement ressembler à sa mère.
« J'aimerais te parler. Seul à seul. »
Du regard, Ron interrogea son frère aîné, plus loin. Celui-ci lui fit un signe de tête et Harry en fut soulagé. Il ne savait pas s'il aurait eu le courage de redemander une entrevue avec le rouquin si cela n'avait pas été possible.
Ils s'installèrent à l'étage où George vivait seul. Ron leur fit du thé et ils s'assirent sur le canapé. Il n'y avait plus qu'à parler. Encore fallait-il se lancer.
« Bon… qu'est-ce que tu me voulais ?
- Je voudrais qu'on mette fin à notre dispute. Cela fait tellement longtemps que je ne sais plus qui a tort et qui a raison, alors je m'excuse. Voilà, pardon ! »
Ron eut une expression étrange et complexe. Pour se donner de la contenance, il but une gorgée de thé.
« Je… je trouve ça un peu rapide de s'excuser comme ça après la dispute qu'on a eue. Je ne pense pas vraiment pouvoir te pardonner maintenant.
- J'ai fait le premier pas vers la réconciliation, aide-moi à remettre notre amitié sur les rails.
- Pour l'instant, je ne peux pas. Et je ne veux pas. »
Harry sentit la colère monter en lui. Il ne comprenait décidément plus Ron. Énervé, il se leva d'un bond, lui rendit sa tasse violemment et partit sans dire un mot de plus.
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Harry en resta déprimé pendant quelques jours. Au fur et à mesure que le temps s'écoulait, sa colère envers son meilleur ami ne faisait que grandir. Pourquoi ne voulait-il pas se réconcilier ? Était-il encore à ce point un enfant ? Qu'attendait-il ? Des excuses écrites ? Des cadeaux de réconciliation ?
Harry soupira, voilà qu'il y repensait encore ! Ne pouvait-il pas se concentrer sur le cours que leur prodiguait un ancien auror qui était un véritable exemple vivant à son époque ? Neville qui se trouvait à ses côtés se pencha vers lui.
« Est-ce que ça va ? Tu ne fais que soupirer ces derniers temps, chuchota-t-il.
- Oh oui, pardon. Non, ça va, juste quelques problèmes avec Ron.
- Ah, ce n'est toujours pas réglé votre histoire ?
- Eh non, pas vraiment. »
Neville retourna à ses notes. Toujours aussi maladroit, il renversa son encrier mais pu sauver de justesse ses feuilles. Harry l'aida à éponger sous le regard énervé de leur professeur, qui n'aimait guère les distractions. Harry détestait tellement les cours théoriques, la pratique était beaucoup plus intéressante. C'était dans ce domaine qu'il était le plus doué après tout.
Lorsque le cours se termina, un brouhaha s'empara de la classe. Ils avaient beau n'être qu'une vingtaine d'élèves, ils faisaient vraiment beaucoup de bruit. Leurs différents professeurs s'en plaignaient d'ailleurs régulièrement. Neville et lui récupérèrent leurs affaires et quittèrent la salle. Quand ils furent seuls, son vieil ami lui dit :
« Tu sais, ces derniers temps, on me demande tout le temps de t'interroger sur tes relations avec Malfoy.
- Sérieux ? Mais pourquoi ?
- Eh bien, depuis un peu plus d'un mois maintenant, on te voit souvent en sa compagnie le midi. Alors, forcément, ça jase.
- Ils n'ont décidément rien de mieux à faire, se plaignit Harry. Mais pourquoi on te demande ça à toi et pas à moi ?
- Oh, tu sais, ils disent que c'est un peu difficile de t'approcher. Tu les impressionnes trop. »
Harry poussa un long soupir, découragé.
« C'est vrai que j'ai demandé à ce qu'on me laisse tranquille mais s'ils vont t'embêter après…
- Ça ne me dérange pas ! On me paye des petits gâteaux pour ça.
- Ahah profiteur. »
Ils échangèrent un rire tout en se dirigeant vers leur prochain cours qui, lui au moins, serait de la pratique.
« Mais du coup, je suis curieux moi aussi. Tu as vraiment commencé à fréquenter Malfoy ?
- J'imagine que ouais. Je l'ai invité une fois à manger avec moi et on a continué. Contre toute attente, je crois que l'on s'entend bien.
- Eh bien ! Quelle surprise ! Si tu disais ça à ton toi de Poudlard, il ne te croirait pas.
- Ça, c'est sûr ! »
Il y eut un silence puis Harry continua :
« Je pensais que tu aurais eu une réaction différente.
- Pourquoi ?
- Malfoy n'était pas des plus tendres avec toi.
- Oh, je n'oublie pas ça. Mais je pense qu'il a grandi depuis, comme tout le monde. Et puis je ne compte pas devenir ami avec lui. Que toi tu le fasses ou non, je m'en fiche un peu en fait.
- Hm, je vois. »
Ils grimpèrent une volée de marches, éclairées seulement par quelques torches magiques, et, poussant une porte, se retrouvèrent dans une salle d'entraînement aux sortilèges. Harry passa une main dans ses cheveux en bataille et déclara :
« Tu es bien mature.
- Ahah, merci, j'essaye. »
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« Tu sais, les gens commencent à discuter sur nous. »
Draco releva la tête de sa soupe, les sourcils relevés.
« Ah bon ? Je n'ai rien entendu de mon côté.
- Tu as de la chance de ne pas être Harry Potter. Les gens cherchent toujours des potins à mon propos. »
L'aristocrate ne répondit rien. Alors ils mangèrent sans bruit pendant un moment, appréciant simplement leur repas. Comme d'habitude, Draco était tiré aux quatre épingles, ses cheveux parfaitement lisses et coiffés, sans aucune mèche qui ne dépassait. Harry se demanda à quoi il pouvait bien ressembler lorsqu'il se levait le matin. Une telle pensée le fit étrangement rougir et il se donna des baffes mentales. Le blond releva soudain la tête et planta ses pointes d'acier dans les yeux de Harry.
« Cela ne te dérange pas ? Tu ne veux pas arrêter nos rencontres ? »
Surpris, le jeune homme ne trouva mots. Il le regarda en imitant le poisson rouge avec sa bouche.
« Bien sûr que non. Qu'est-ce que tu racontes ? »
Un silence.
« Ne me dis pas que toi, tu veux arrêter ?
- Non, sûrement pas.
- Ah tu me rassures. Tu m'as fait peur sérieux, à me regarder comme ça.
- Il aurait été normal que tu ne veuilles plus me voir. Tu tiens à ta tranquillité, non ?
- Oui, mais je ne vais pas m'empêcher de vivre pour ça. Qu'ils disent ce qu'ils veulent, je m'en fiche. Mais qu'ils ne viennent pas le dire en face de moi. »
Draco reposa délicatement ses couverts et s'essuya les coins de la bouche de sa serviette.
« Si tu continues à me fréquenter, ce genre de situation risque de se reproduire. »
Il arborait son visage le plus sérieux en disant cela. Harry ressentit alors toutes les craintes de Draco. Il craignait pour l'avenir, pour leur relation. Cela en était drôlement touchant. Alors il lui répondit tout aussi sérieusement, les bras croisés sur la table, son regard ancré dans le sien :
« Je te promets que cela ne m'empêchera pas de passer du temps avec toi. J'accorde plus d'importance à notre relation qu'à des commérages, peu importe l'ampleur qu'ils pourraient prendre. »
Il ressentit le soulagement de Draco bien que celui-là n'en dit mot. Sa reconnaissance se lisait suffisamment dans sa posture. Harry but une gorgée de sa bolée de cidre.
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Durant le week-end, alors qu'il s'occupait de Teddy, Harry se mit à penser plus sérieusement à sa relation avec Draco Malfoy, ex-ennemi de Poudlard. Il s'était vraiment rapproché de lui et n'était pas prêt à devoir arrêter leurs rapports si, pour une raison ou une autre, ils devaient s'éloigner l'un de l'autre. Il repensa aux sentiments du Serpentard à l'époque où ils étaient ensemble à l'école. Rien, absolument rien ne lui donnait l'impression qu'il eût pu être amoureux de lui. C'était un sacré comédien tout de même.
Comment avait-il pu développer une telle inclination pour lui ? La haine était-elle vraiment une émotion proche de l'amour, comme disaient certains ? Était-ce si facile de franchir le pas ? Est-ce que lui, Harry Potter, éprouvait un semblant d'amour pour Draco ? Avait-il envie d'une telle relation ?
Il avait quitté Ginny durant leur dernière année à Poudlard, après la mort du monstre. Depuis, il n'était ressorti avec personne. Il se disait qu'il n'était pas prêt. Il ne voulait pas partager certains moments de sa vie. Il aurait voulu que personne ne les connaisse, ces moments. Même Ginny n'avait pu l'aider à passer au-dessus. Le temps commençait à les effacer mais lorsqu'ils lui revenaient en pleine figure, il replongeait dans une dépression insurmontable.
Voulait-il partager ça avec Draco ? Il savait que la réponse était non, il n'était pas encore prêt. Avec personne de toute façon. Mais il en était sûr, Draco avait envie d'être aussi proche que cela, proche au point de le serrer dans ses bras quand tout allait mal. Il devait se douter que sortir avec Harry Potter signifiait que beaucoup de difficultés allaient de pair. En était-il conscient à ce point-là ?
Mais les sentiments de Draco n'étaient pas ce qui importait pour l'instant, c'étaient les siens. Comment les ressentait-il ? Comment les traduirait-il en mots terrestres ? Harry était encore très flou sur ce qu'il éprouvait. Il faut dire qu'envisager une relation avec Draco n'était pas une mince affaire. Jamais il n'aurait pu prévoir ça ! Non, franchement, comment Draco avait-il pu tomber amoureux de lui ? Ah, voilà qu'il revenait là-dessus, il était incapable de se focaliser.
Il fallait absolument qu'il sache, il était trop curieux. Cependant… Draco n'avait-il pas dit qu'il ignorait comment et pourquoi ? Avait-il dit cela car il était gêné et ne voulait pas répondre ou vraiment parce qu'il ne savait pas ? Il fallait qu'il lui demande, vraiment.
Ainsi, le mardi suivant, lors de leur repas habituel, Harry proposa à Draco :
« Ça te dirait de venir dîner chez moi, dimanche soir ? »
Surpris, le questionné reposa sa fourchette et but un verre d'eau pour faire passer sa bouchée.
« Je suis libre donc si tu veux, mais pourquoi ? »
Gêné, Harry répondit de façon évasive :
« Oh, j'avais envie de parler avec toi hors du cadre professionnel.
- Hm, d'accord, se contenta-t-il de dire. Dis donc, tu te rends compte que lorsqu'on se voit c'est toujours pour manger ? »
Harry porta la main à sa bouche, étonné.
« Mais oui, c'est vrai ça ! Je n'avais jamais fait le lien ! Désolé, tu veux que je te propose autre chose ? »
Le rire cristallin de Draco perça la cafétéria.
« Non, non. Un dîner m'ira très bien. »
Puis, se rappelant soudain de quelque chose, dit :
« Ah, mais par contre, je suis végétarien donc pas de viande ni de poisson s'il te plaît.
- Ah bon ? s'exclama Harry, les yeux ronds. Je ne m'en étais pas rendu compte, oh là là, je suis vraiment long à la détente. C'est vrai que tu ne manges jamais de viande en plus. Je suis vraiment myope.
- Littéralement et métaphoriquement.
- Yep. »
Harry engouffra quelques frites dans sa bouche puis dit, après avoir avalé :
« Donc dimanche soir, vingt heures ? Dîner chez moi ?
- Pas de problème !
- Alors c'est décidé ! »
o0O0o
On sonna à la porte et Harry alla ouvrir, tout sourire. Une petite boule se jeta sur lui en criant :
« Harry !
- Salut Teddy, comment tu vas ? Tu n'as pas trop embêté ta mamie ?
- Ahah, il a été une vraie petite furie cette semaine, répondit l'intéressée.
- Bonjour, Andromeda, comment vas-tu ?
- Assez fatiguée, je l'avoue.
- Oui, j'imagine. Mais entre, entre ! »
La petite famille s'installa dans le salon et tandis que les deux adultes sirotaient une tasse de thé, le jeune enfant partit en exploration dans la maison sous la surveillance de Kreattur.
« Encore merci, de le garder tous les week-ends, tu m'es vraiment d'une grande aide.
- Je suis son parrain après tout, je suis heureux de pouvoir être là pour lui. C'est ce que j'aurais aimé que Sirius fasse pour moi.
- Les circonstances en ont fait autrement, malheureusement.
- Eh oui. »
Il y eut un silence religieux, et derrière lui, toutes les personnes disparues durant la guerre. Puis Andromeda le rompit en reposant sa tasse sur sa coupelle :
« J'ai une faveur à te demander.
- Ce que tu veux.
- Est-ce que tu pourrais garder Teddy dimanche soir également, s'il te plaît ? J'ai un rendez-vous important qui ne peut pas être repoussé.
- Oh, eh bien…
- Je sais bien que tu dois avoir des choses à faire, mais je te promets que je le récupèrerai lundi matin.
- J'avais invité un ami à dîner demain soir… Mais je n'aurais qu'à le coucher un peu plus tôt.
- Oh non, je suis désolée ! Je peux toujours essayer de trouver quelqu'un d'autre.
- Non, ne t'embête pas, je suis sûr que ça ne le dérangera pas.
- Roh, je me sens stupide de ne pas t'avoir prévenu plus tôt, je ferai attention la prochaine fois. Franchement, tu me sauves. Qu'est-ce que je pourrais faire pour te remercier ?
- Hum… ton poulet aux échalotes est un tel délice… »
Andromeda éclata de rire.
« J'ai compris. On mangera ça samedi prochain pour l'anniversaire du petit si ça te va.
- C'est parfait ! »
Ils parlèrent encore un peu de choses et d'autres puis, la pause thé étant terminée, la grand-mère repartit chez elle après avoir embrassé son petit-fils. Harry commença alors à jouer avec son filleul, une activité qu'il prenait très à cœur et adorait faire. Le jeune métamorphomage qui changeait d'apparence à volonté était une vraie boule d'affection et ne demandait que de l'attention que sa grand-mère et son parrain tentaient de lui accorder au mieux.
Le reste de l'après-midi passa à vitesse grand V et l'heure du coucher arriva bien vite. Comme d'habitude, Ted fut compliqué à calmer puis endormir. Ceci fait, Harry travailla sur ses cours jusqu'à assez tard dans la nuit avant d'aller à son tour se coucher.
Le lendemain fut accompagné de pancakes et de jus d'orange que Harry prépara sous les yeux attentifs de son protégé. La relation entre eux deux était très forte et le brun ne se voyait pas vivre sans le petit qui était devenu une constance dans sa vie. Le lien qui les unissait n'était pas celui d'une famille dite "traditionnelle" mais l'amour n'en était pas moins là, puissant et absolu.
Après le petit déjeuner, ils entamèrent un atelier dessin et Teddy passa son temps à adapter la couleur de ses cheveux à celle du crayon qu'il tenait entre les mains. Il était ingérable sur cela et sa grand-mère n'osait jamais le sortir du côté moldu. Harry non plus d'ailleurs. Il aurait pourtant adoré l'emmener dans un parc où il aurait pu se faire des amis de son âge. Peu d'enfants étaient nés entre 1997 et 1998, époque où la guerre était au plus fort. Lorsqu'il aurait l'âge d'entrer à Poudlard, les effectifs seraient sûrement moins nombreux aussi.
L'après-midi, Harry se mit en tête de lui apprendre quelques chansons moldues, qu'il avait apprises lorsqu'il était en primaire. Le travail fut laborieux mais lorsque vint l'heure du repas, à dix-huit heures passées, le garçon chantait gaiement tout ce qu'il avait appris. Harry était assez fier de lui pour le coup. Après le dîner, arriva l'épreuve du bain qui déplut à Teddy jusqu'à ce qu'il fut enfin dedans et qu'il y joua pendant presque une heure. Harry en profita pour ranger tout ce que le gamin avait mis en désordre.
« Allez maintenant, on sort du bain et on met son pyjama.
- Veux pas !
- Et pourquoi ?
- Parce que.
- Parce que ce n'est pas une réponse. »
Teddy fit la moue mais accepta d'être tiré hors de l'eau. Son parrain l'enfouit dans les serviettes et frotta de son saoul, ce qui fit rire le petit.
« Encore ! Encore !
- D'accord ! » dit Harry en souriant.
Frottant ses cheveux, le garçon éternua, ce qui les fit encore plus rire. À ce moment-là, la cloche de la porte d'entrée retentit.
« Déjà ? s'étonna Harry. Kreattur ! cria-t-il. Est-ce que tu peux aller ouvrir s'il te plaît ? Dis que j'arrive tout de suite ! »
L'elfe de maison devait se trouver dans la cuisine mais Harry était certain qu'il l'avait entendu. Il se tourna vers son filleul.
« Allez, maintenant le pyjama. »
L'air malicieux de Teddy lui fit sentir venir les problèmes. Il s'enfuit de ses bras en riant et dévala les marches pour rejoindre le rez-de-chaussée.
« Teddy ! s'énerva son parrain. Reviens ici ! »
Il lui courra après mais le garçon était plus rapide qu'il n'en avait l'air et surtout, moins prudent que lui. Il riait d'une façon dont seul un enfant est capable.
« Mamie ! » cria le petit en arrivant dans le vestibule, tout heureux, les cheveux jaunes.
Harry arriva juste derrière lui et l'attrapa par les aisselles.
« Je te tiens ! Tu n'as pas idée, à me faire courir comme ça !
- Bonsoir Harry.
- Ah. »
Draco était dans l'entrée, la porte refermée derrière lui. Teddy montra aussitôt de la déception en comprenant que ce n'était pas sa grand-mère. Kreattur était en train d'accrocher le manteau de l'invité sur la patère.
« Bonjour Draco. Désolé, il était censé être couché à cette heure-là mais je n'ai pas réussi à le sortir du bain.
- Il n'y a pas de problème. Ne devrais-tu pas l'habiller ? »
Harry baissa les yeux et prit enfin conscience que son filleul était nu comme un ver. Il poussa un hoquet de consternation. Le garçon qu'il tenait toujours sous les aisselles lui lança un regard de tristesse.
« C'est pas mamie ?
- Non, je t'ai déjà dit qu'elle viendrait te chercher demain. Viens, on va mettre le pyjama. »
Teddy fit une moue boudeuse, changeant ses cheveux d'un brun morose, et se laissa porter sur le chemin. Harry s'adressa à Draco :
« Va m'attendre dans le salon, je reviens dès que je lui ai raconté son histoire. Je ne serai pas long. »
On lui répondit par un hochement de tête. Harry se dépêcha de faire enfiler sa chemise de nuit au petit. Puis il le coucha dans le lit. Teddy lui demanda alors :
« C'était qui le monsieur ?
- Il s'appelle Draco. C'est un ami. Oh, et c'est aussi le cousin de ta maman.
- Ma maman ?
- Oui, ta maman.
- Elle ressemble à quoi ? »
Harry se lança alors dans une longue description de Nimphadora Tonks, morte durant la guerre. Ce n'était pas une mince affaire, mais le brun fit de son mieux pour faire ressentir à son filleul tout ce que lui avait pu ressentir en rencontrant sa mère. Il avait déjà raconté ça des centaines de fois mais le garçon semblait toujours autant apprécier découvrir la femme qui lui avait donné naissance. Tout autant que lorsqu'il apprenait l'histoire de son père. Cela sembla même suffire au garçon qui ne demanda pas d'histoire à Harry après coup. Son parrain le lui rappelait habituellement mais ayant un invité aujourd'hui, il y manqua. Il l'embrassa sur le haut du crâne et dit :
« Bonne nuit, mon chéri.
- 'ne nuit, Harry. »
Le jeune homme éteignit la lumière et, de sa baguette, fit apparaître de petites loupiotes pour que Teddy n'ait pas peur du noir pendant la nuit. Le garçon commença déjà à papillonner des yeux. En sortant de la chambre à coucher de l'enfant, juste en face de celle de Harry, ce dernier ne referma pas entièrement la porte. Puis il descendit les escaliers à pas de loup pour finalement rejoindre Draco dans le salon.
« Ça y est, il est couché, annonça-t-il en rentrant dans la pièce. Oh là là, je suis désolé, il n'était pas censé rester dormir ce soir. Mais sa grand-mère a eu un empêchement. Il s'endort, là, alors il ne devrait pas nous déranger. Encore désolé.
- Il n'y a pas de mal, répondit le blond, qui s'était installé sur la banquette et appréciait les petits fours que Kreattur lui avait apportés. J'ai vu que c'était un métamorphomage, c'est bien rare. J'imagine qu'il doit être l'enfant de ma cousine Nimphadora. Comment s'appelle-t-il ?
- Ted, comme feu son grand-père, mais tout le monde l'appelle Teddy. C'est aussi le fils de Remus Lupin, tu sais. »
Draco écarquilla les yeux.
« Je n'étais pas au courant… Alors il est orphelin ?
- Malheureusement. Plus d'un s'est retrouvé sans parent. Comme moi.
- C'est pour ça que tu t'occupes de lui ?
- Je suis son parrain, expliqua Harry.
- Ah bon ? s'étonna le blond.
- Eh oui. Je fais de mon mieux en le gardant tous les week-ends.
- N'est-ce pas compliqué avec les études ?
- Si, un peu, mais je n'ai pas tant de travail à faire à la maison. Donc ça va. Et puis il est adorable. »
Harry enfourna deux petits pains au noix dans sa bouche puis dit la bouche pleine :
« Ah j'avais trop faim ! Regarder le petit manger m'a ouvert l'appétit.
- Je vois ça », s'amusa Draco.
Harry avala avec difficulté et prit enfin le temps de regarder son invité tout en discutant. Il était habillé de façon beaucoup plus élégante que d'habitude. Sa robe de sorcier était d'une couleur menthe à l'eau et de gracieuses broderies dorée avaient été brodés avec virtuosité. Elles étaient très discrètes mais suffisamment là pour qu'on puisse s'en rendre compte et s'en étonner. La coiffure de l'aristocrate était toujours aussi parfaite, et peut-être même encore plus que d'habitude. Une légère fragrance d'orange s'échappait de son corps. Draco n'avait pas lésiné pour ce qui était un simple dîner entre amis.
À côté de lui, Harry se sentait un peu honteux avec sa chemise à carreaux et son pantalon en toile où Teddy avait renversé de la colle blanche qui avait été difficile à enlever. N'aurait-il dû pas faire un petit effort ? Il ne pensait pas que Draco viendrait sur son trente-et-un. Il demanda tout à coup :
« Aimes-tu les enfants ? »
Surpris par la question, Draco prit le temps de réfléchir avant de répondre :
« J'ai du mal avec eux, alors j'imagine que je ne suis pas très "enfants". Ils sont trop… bruyants.
- Oh d'accord », réagit Harry, légèrement déçu.
Et comme s'il voulait s'expliquer, il continua :
« Teddy est très gentil tu sais. Et adorable.
- Oui, tu m'as déjà dit "adorable".
- Oh pardon, je radote. »
Kreattur fit alors son apparition pour annoncer que le repas était prêt et qu'il espérait que Monsieur Malfoy le trouverait à son goût. Les deux amis se dirigèrent alors vers la salle à manger où la table avait été dressée en conséquence. Harry ne l'avait pas vue aussi belle depuis un long moment, il n'invitait pas souvent des gens à dîner. Ils s'installèrent et Harry commença à les servir. Les entrées étaient composées de pâtés en croûte végétal et de feuilletés au fromage. Draco sembla s'en montrer très ravi, ce qui rassura Harry. Ils discutèrent de choses en rapport avec le travail, mais ce n'était là qu'une entrée en matière pour une discussion qui prit de la profondeur au moment du plat principal, un formidable curry de lentilles et riz accompagné d'un parmentier aux cèpes. Harry se régala comme il ne l'avait pas fait depuis longtemps et la bouteille de vin qu'il avait sortie pour l'occasion se mariait tout à fait avec.
Lorsque le dessert arriva, Draco eut un murmure d'assertion. C'était une simple mousse au citron, mais parfaite après des plats aussi lourds. Elle était très légère et douce au goût. Draco répéta plusieurs fois à Harry qu'il n'en avait jamais mangé d'aussi bonne et le maître de maison ne put que vanter les talents de Kreattur, terriblement doué à la cuisine au point où Harry n'osait plus rien préparer lorsque ce n'était pas pour lui-même.
« Tu as un elfe de maison bien pratique.
- Je le paye pour cela, eut besoin de rajouter le brun.
- Eh bien, s'étonna Draco. Tu as vraiment une façon de penser étrange.
- Oh non… ne nous lance pas sur ce débat s'il te plaît.
- Comme tu veux.
- On a vraiment des points de vue très différents l'un de l'autre. Comment as-tu pu tomber amoureux de moi ? »
Et voilà, le sujet était sur la table. Il était sorti tout seul, alors que Harry avait prévu de ne l'amener qu'un peu plus tard et plus en douceur. La question désarma Draco qui écarta son verre de vin dont il n'avait bu que la moitié depuis le début de la soirée alors que Harry avait terminé son deuxième verre.
« C'est pour ce genre de questions que tu m'as invité chez toi ?
- Un peu, avoua le brun, gêné. Que veux-tu, je suis curieux.
- Je le sais bien. »
Il soupira et planta son regard dans celui de Harry :
« Tu veux vraiment connaître la réponse à ta question ?
- Oui.
- La première fois que j'ai pensé du bien de toi, c'était en m'imaginant tes yeux verts.
- Mes yeux ?
- Oui, tes yeux. Ils sont vraiment magnifiques. »
Harry rougit sous le compliment et se contenta de dire :
« Et c'est comme ça que tu es tombé amoureux de moi ?
- Ça a commencé comme ça, oui. Ce fut assez dur à accepter. Tu te rends compte, éprouver des sentiments pour celui qu'on pensait détester. J'étais complètement perdu.
- C'était quand ?
- En quatrième année, et tu n'as rien fait cette année-là pour m'empêcher de t'admirer.
- Comment voulais-tu que je le sache ? bougonna Harry. Punaise, en quatrième année ? Mais ça fait super longtemps ! Tu m'as aimé tout ce temps ?
- Et pas qu'un peu.
- Eh beh… Mais pourquoi tu n'as pas changé de comportement par rapport à avant ? »
Draco se passa une main sur une joue, les yeux perdus dans ces souvenirs d'une époque déjà si lointaine.
« Je refusais de l'admettre et quand je l'ai fait, je savais que c'était voué à l'échec. Mais il est vrai que je me suis raconté mille scénarios où tout se passait bien et que l'on sortait ensemble. Comme aujourd'hui », rajouta-t-il d'un air sous-entendu.
Harry soupira et passa une main dans ses cheveux.
« J'ai beaucoup réfléchi, et j'ai eu un mal fou à m'imaginer tout ça. »
Il reposa sa main sur la table et coupa la parole à Draco avant que celui-ci ne puisse répliquer :
« Mais je l'ai imaginé, il m'a fallu du temps. Je ne suis pas encore très sûr de moi mais… je crois que j'ai envie d'essayer. »
Les yeux de Draco brillèrent mais rien d'autre ne montra de changement en lui. Avec une voix mesurée, il demanda :
« Tu es sûr de toi ? Tu ne vas pas te rétracter ?
- Non, j'ai pris une décision, je la tiendrai », répondit-il en le regardant droit dans les yeux.
Et en disant cela, il saisit délicatement le bout des doigts de Draco. Le soudain attouchement perturba enfin son visage lisse en le rosissant d'une pointe de rouge sur les joues.
« C'est officiel ? demanda-t-il.
- C'est officiel, l'assura-t-il.
- Je ne sais pas quoi dire.
- Bah alors ne dis rien, rétorqua Harry avec un sourire et lâchant sa main. Si tu veux, on peut voir un film.
- Un film ? Qu'est-ce que c'est que ça ?
- Un truc moldu, c'est super cool je te jure, ajouta-t-il en voyant le visage de Draco.
- Bon, très bien, j'accepte de voir ton truc mais n'en parle à personne, compris ? Je ne fais ça que pour toi !
- Tant d'honneur pour ma personne, c'est trop ! Allez, tu vas voir, tu vas bien aimer. Je veux voir tes réactions en tout cas.
- Je t'interdis de te moquer.
- Promis. »
Bien entendu, Harry ne tint pas sa promesse et Draco ne comprit tellement rien au film choisi par Harry, vu les trop nombreuses références moldues présentes à comprendre, qu'il jura qu'il ne retenterait plus jamais l'expérience.
C'est fini ! J'espère que vous avez apprécié ! Ce n'était qu'un chapitre pour mettre en place leur relation, ce qui nous intéressera se trouve après :) J'espère que les personnages ne vous ont pas paru OOC, j'ai fait de mon mieux pour qu'ils ne le soient pas. Et c'est donc le moment de la dédicace de fin ! Mes deux grandes amies, qui auront lu cette histoire et qui m'auront donné leurs précieux avis et correction, Elooli-chan et Telesphore ! Je vous remercie du fond du cœur, je vous adore ! :3
On se retrouve donc dans un mois, le premier mai pour le chapitre 2 : Sentiments.
N'oubliez la petite review, je réponds toujours ;)
Merci pour votre lecture !
P.-S. Si vous apercevez des fautes, dites-le moi. :)
