Merci de noter que cette fic est interdite aux moins de 18 ans. Si le premier chapitre est plutôt soft... les autres ne le seront pas...


La position du chat mouillé


Chapitre 1

«Père. Vous dormez ? ».

Lucius ne dormait plus. La voix frêle de Drago lui parvenait étouffée à travers la porte de la chambre. « J'arrive, Drago. Prépare-toi, nous n'allons pas tarder à partir ». Lucius laissa glisser ses jambes en dehors du lit et se redressa lentement comme si son corps était engourdi par des années de repos. Il ne s'était pourtant assoupi que quelques minutes. Ses rêves avaient glissé sur la pente habituelle des cauchemars et il se sentait encore plus fatigué. Il lui faudrait de longs mois, peut-être même des années, avant de pouvoir retrouver un sommeil réparateur, dépourvu de morts, de cris, de peur et de sang.

Il se dirigea d'un pas traînant vers la petite salle de bain de sa chambre d'hôtel. Le miroir fendu et le lavabo crasseux lui rappelèrent, une fois de plus, la déchéance de sa situation. Il fallait absolument qu'il retrouve un logement décent et qu'il commence à restaurer l'ancienne gloire des Malefoy. Le manoir leur avait été confisqué par le Ministère de la Magie et sa fortune avait été dilapidée par Voldemort lui-même. Il ne leur restait pas grand chose mais Lucius se faisait un honneur de remettre la famille sur pied et réparer ses fautes. Et Merlin savait qu'il lui faudrait beaucoup d'énergie et de tractations avant d'arriver à ses fins. Il fallait penser à l'avenir de Drago et ne pas le laisser subir les conséquences des mauvais calculs de son père.

Lucius avait compris trop tard, après la bataille, combien son fils avait souffert de ses propres erreurs. Il s'était tourné vers Narcissa pour chercher du réconfort mais n'avait croisé que son regard d'acier poli par la colère. Elle n'avait plus desserré les lèvres que pour lui dire, d'un ton chargé de reproches : « Nous n'avons plus rien à faire ensemble, je crois ». Elle était partie sans se retourner, embrassant seulement Drago en lui promettant de venir le rechercher dès que la situation le permettrait. Le jeune garçon l'avait regardée d'un air incrédule, incapable de comprendre pourquoi ses parents se séparaient. Il n'était pas au courant que Lucius et Narcissa faisaient chambre à part depuis longtemps et qu'ils ne jouaient au couple uni que pour sauver les apparences.

Lucius fit couler l'eau de la douche et attendit que la chaleur et la buée envahissent la petite pièce avant de se déshabiller. Son corps était beaucoup plus maigre qu'avant. Il était presque décharné et pensa avec nostalgie à la vigueur de ses muscles qu'appréciait tant Severus. Lors de leur dernière entrevue, le professeur de Poudlard avait noté avec mécontentement la pâleur et la maigreur de son amant. « Ça n'est pas en te privant de nourriture et en te laissant périr que tu régleras la situation, Lucius », avait-il commenté de sa voix caverneuse que l'inquiétude rendait encore plus revêche. Severus avait alors achevé de lui enlever ses vêtements avec une délicatesse qui avait surpris Lucius. Il avait l'habitude des gestes brusques et d'une avidité exacerbée par l'attente et le manque car leurs rapports devenaient de plus en plus sporadiques. Severus prétextait un emploi du temps trop chargé mais Lucius savait pertinemment qu'il espaçait leurs rencontres pour le protéger. Si le Seigneur des Ténèbres avait su, il s'en serait servi pour faire pression. Le chantage affectif était une de ses armes favorites. Draco en avait assez fait les frais.

Lucius chassa rapidement son fils de son esprit. Le souvenir des mains de Severus sur lui commençait à le faire frémir. Il ferma les yeux pour mieux visualiser leurs étreintes furtives dans les pièces secrètes du manoir ou dans les recoins obscurs de Poudlard. C'était encore à l'époque où Dumbledore était vivant et fermait les yeux sur la présence de Lucius dans son précieux établissement. Parfois, Severus le laissait dormir dans ses appartements et le réveillait de bon matin en glissant sa main sous les draps et en caressant son corps endormi. Lucius aimait faire semblant de ne pas sentir la douceur de ses doigts longer l'arrière de ses cuisses et attendait d'être vraiment excité pour ouvrir un œil et attirer à lui la bouche de Severus. Ils faisaient l'amour en silence comme si des élèves pouvaient les surprendre à tout moment. Lucius était souvent obligé de se mettre sur le ventre pour étouffer ses cris de plaisir dans l'oreiller. Il était toujours un peu jaloux de la maîtrise dont faisait preuve son partenaire. Penché sur lui, concentré sur la régularité et l'intensité de ses coups de reins, Severus savait transformer ses gémissements en un grognement imperceptible que seule l'oreille toute proche de Lucius pouvait percevoir.

Lucius plaqua la paume de sa main sur son ventre. Du bout des doigts, il pouvait sentir son érection. Son autre main se mit à caresser un téton et à le pincer délicatement. Il essayait de se souvenir des gestes de Severus. Il arrivait presque à sentir ses lèvres humides dans de son cou et à oublier que ce n'était que le baiser de l'eau chaude. N'y tenant plus, il saisit à pleine main son sexe mouillé et se mit lentement à se masturber. Ses halètements se confondaient avec le bruissement de la douche. Il crut entendre la voix excitée de Severus murmurer son nom. Abandonnant son téton, il dirigea sa main libre dans le creux de ses fesses et y enfonça un doigt. Une part de lui nota avec frustration le peu de sensation qu'il tirait de son geste et regrettait amèrement l'absence de Severus. Mais l'imagination de Lucius refusa de céder et il continua sa pénétration. Ses mouvements de poignets se firent plus rapides sur son sexe pendant qu'il cambrait le buste et essayait d'introduire un deuxième doigt. Son orgasme montait inexorablement. Il accéléra le rythme de ses caresses et jouit quelques secondes plus tard.

Lucius prit un temps pour reprendre son souffle. Il se lava machinalement, refusant de prêter attention à la douleur aiguë qui lui perçait la poitrine. Il tourna son visage vers le pommeau de douche et laissa les gouttes lui perler le visage.

Quand il sortit enfin de sa chambre, Drago l'attendait sagement devant la porte. La pâleur de ses cheveux et le gris cristallin de ses yeux contrastaient avec son sombre costume. Lucius fut momentanément stupéfait de le voir si beau et élégant malgré la fatigue et les soucis qui marquaient son visage juvénile. Il ne put se retenir et, abandonnant la pudeur qu'il avait maintenu pendant dix-sept ans, saisit son fils par le cou et l'attira à lui pour lui déposer un baiser sur le front. Drago chancela sous l'effet de la surprise. Lucius était un peu maladroit par manque d'habitude, mais il vit son fils sourire en baissant les yeux.

« Allons-y », souffla-t-il. Les deux Malefoy descendirent l'escalier de l'hôtel avec gravité. Ils rejoignirent les Weasley devant la cheminée mais se tinrent un peu à l'écart pendant que, chacun leur tour, ils disparaissaient dans les flammes en direction de Poudlard. Lucius évita soigneusement le regard réprobateur d'Arthur. Il savait pertinemment que sa présence n'était pas la bienvenue. Mais il avait beau retourner la question dans tous les sens, il lui était impensable de ne pas assister à l'enterrement de Severus Rogue.