PREMIERE PARTIE

Chapitre premier

Lily descendit du train en bavardant avec ses amies. Sur le quai, elle aperçut Severus en grande conversation avec deux garçons de Serpentards. Deux garçons qu'elle n'appréciait guère.
Le regard du jeune homme croisa le sien mais elle détourna les yeux. Elle aurait aimé qu'il se tienne à l'écart de ça…

Son attention fut détournée par du tumulte près des calèches. Elle poussa un soupir exaspéré : encore d'autres garçons qu'elle n'aimait pas. Potter et toute sa bande.

Alors que les quatre jeunes filles montaient dans une calèche raisonnablement éloignée des garçons, qui étaient en train de se bagarrer en riant, Potter releva soudain la tête en cessant de boxer Black et lui adressa un grand sourire :

- Mais c'est Evans ! Alors Lily, bonnes vacances ?

- J'étais loin de toi, alors c'était forcément bien.

Sirius repoussa James qui alla rouler dans la poussière et fit :

- Ouuuuuuuuuh, tu prends cher James !

- C'est toi qui va prendre cher ! Rétorqua le brun en se jetant de nouveau sur lui.

Lily secoua la tête et se retourna vers ses amies, qui souriaient d'un air goguenard.

- Quoi ? S'agaça-t-elle.

- Trois mornilles qu'elle va sortir avec lui avant la fin de l'année, lança Jenny en souriant de plus belle.

- Pari tenu, s'exclama Val.

Lily poussa un gémissement et enfouit son visage entre ses mains. Ses deux amies éclatèrent de rire alors que Margaret posait une main compatissante sur son épaule.

- Laissez-là tranquille, protesta-t-elle. Potter est un crétin.

- Merci Maggy, répondit Lily en lançant un coup d'œil accusateur à Jenny et Val. Et puis si vous continuez à m'embêter avec ça, je vous colle.

- Abus de pouvoir ! Beugla Jenny

- Au cachot ! Renchérit Val, tandis que Margaret se mettait à rire.

Lily entreprit de faire la liste des punitions qu'elle pourrait leur donner tandis que la calèche s'ébranlait vers Poudlard, emportant les rires des quatre jeunes filles.

***

Lorsqu'elles entrèrent dans la Grande Salle, de nombreux élèves étaient déjà assis et emplissaient la salle de leurs bavardages. Cependant il restait pas mal de places à la table des Gryffondors et Lily allait s'asseoir lorsque Jenny poussa un cri et entraîna Margaret derrière elle. Les deux autres furent bien obligées de les suivre et Lily se retrouva assise en face de nul autre que James Potter. A la droite du jeune homme se trouvait Jenny, à sa gauche Sirius et à la gauche de ce dernier Val. Remus, l'air fatigué et maladif, était le voisin de Lily, et Margaret s'assit à côté d'elle.

Lily adressa un regard meurtrier à Jenny, qui se contenta de lui sourire avant de se mettre à parler avec James.

- Je vais la tuer, marmonna la jeune fille à sa voisine.

- Tu devrais faire un effort, soupira celle-ci, ils sont très gentils tu sais.

Lily s'apprêta à lui parler des moqueries qu'ils adressaient perpétuellement à Severus, mais un autre garçon arriva vers eux. C'était le quatrième acolyte de la bande de James, Peter.
Blond, chétif, Lily s'était toujours demandé comment il s'était retrouvé là. Sirius et James étaient plutôt de grands jeunes hommes, maigres mais l'air sur d'eux, contrairement à Peter. Certes Remus détonait quelque peu aussi, mais son intelligence et son humour justifiaient amplement sa présence dans le groupe.

Peter, lui, n'était pas très doué en magie, et brillait peu par sa répartie. Mais ils l'avaient accepté quand même. Et Lily ne les avait vus se moquer de lui qu'en de rares occasions.

Remus se décala pour faire une place au nouveau venu, qui adressa aux filles un timide « bonjour ».
Lily lui sourit et il rougit légèrement avant de demander :

- Tu as passé de bonnes vacances Lily ?

- Oh oui ! On est allés dans le sud de la France pendant un mois, c'était génial !

- La France ? Intervint Remus, l'air intéressé. J'ai toujours voulu y aller. Il paraît que l'Inquisition y était très forte et que les Français ont « brûlés » des tas de sorciers.

La jeune fille acquiesça avec un petit rire.

- On a vu un endroit où on faisait des bûchers, et un guide nous a parlé d'une sorcière qui s'est faite prendre plusieurs fois parce que ça la faisait rire de se faire brûler.

Remus rit à son tour, ainsi que Peter, et répondit :

- Il y a vraiment des sorciers …

Le silence soudain qui tombait sur la Grande Salle l'interrompit. Le Professeur Laverlane, qui s'occupait de la botanique, venait d'entrer, suivit d'une foule de Premières années. Il alla poser le tabouret et le Choixpeau au bout de la pièce. La fente servant de bouche au chapeau mité s'ouvrit et il commença sa chanson. Il était question de ténèbres, de dangers, et Lily jeta un coup d'œil anxieux à Severus, assis à la table des Serpentards. Il bavardait avec ses amis, l'air insouciant, alors que la plupart des élèves semblaient effrayés.

Enfin la chanson se termina et le soulagement de chacun fut presque palpable. Dumbledore s'avança, un parchemin à la main, et commença à appeler les nouveaux élèves.
Lily soupira et se cala le plus confortablement possible. Elle aimait bien la Répartition, mais c'était si long ! En plus, elle mourrait de faim. Prenant son mal en patience, elle tâcha de retenir le nom des nouveaux Gryffondors : elle était préfète cette année, mais elle ne l'avait encore annoncé à personne. Seul Remus le savait, puisqu'il était préfet également.

Plongée dans ses pensées, elle ne fit pas tout de suite attention à la personne qui lui donnait des coups de pied sous la table. Finalement elle sursauta et fusilla son vis-à-vis du regard.

- Potter, arrête ça tout de suite, siffla-t-elle.

- Je t'ai appelée mais tu ne répondais pas, rétorqua-t-il, un sourire insolent plaqué sur son visage.

- Je ne t'ai pas entendu. Et même si ça avait été le cas, je n'aurais pas répondu !

Il passa sa main dans ses cheveux, ce qui augmenta encore l'irritation de Lily.
- Arrête avec ce tic stupide ! Tu n'as pas l'air plus cool ou quoique ce soit !

- Ca n'a rien à voir avec le fait d'être « cool », c'est juste que tu m'agaces.

- Pourquoi tu me parles si je t'agace ?

- Parce que quand tu te tais t'as l'air sympa !

- Si tu l'étais peut-être que je le serai aussi !

- LA FERME !

Ils se retournèrent tous les deux vers Sirius. Heureusement la Répartition était terminée et personne n'avait entendu leur dispute … A part leurs six compagnons.

- La ferme, répéta Sirius. Vous êtes insupportables. Et croyez-moi, pour que JE dise ça, c'est qu'il faut y aller.

Lily le dévisagea d'un air outré, tandis que Jenny se mettait à débiter des absurdités dans l'espoir de détendre l'atmosphère. Finalement elle fit :

- Maggy, passe-moi les pommes de terre s'il te plaît.

Celle-ci s'exécuta, et Lily se goinfra avec application pour ne plus avoir à parler.

A la fin du dîner, le professeur Dumbledore se leva et leur prononça un petit discours aussi bizarre que d'habitude, composé de « flip, zut, cacahuète et Nutella ! » (Ce qui plongea d'ailleurs les élèves dans une grande perplexité puisque la plupart ignorait ce que c'était).
Enfin, on donna congé aux élèves. Lily se leva aussitôt et sortit son badge de préfète de sa poche. Ses trois amies poussèrent un cri et se lancèrent dans un bavardage incompréhensible. La voix de James se fit entendre par-dessus, qui commentait d'un ton sarcastique :

- Tu as demandé à te faire engager juste pour me martyriser, avoue !

- Figure toi que le monde ne tourne pas autour de ta petite personne, soupira Lily avant de se tourner vers Remus, sans ajouter un mot à l'égard de Potter.

Le préfet adressa un sourire à Lily puis fit :

- Alors c'est parti ?

- On dirait bien, répondit celle-ci avec un sourire avant de crier :

- Les Premières années, par ici s'il vous plaît !

Après de nombreuses épreuves, telles que retrouver un petit blondinet perdu dans les cachots et réussir à mettre tout le monde au lit, Lily monta se coucher. Elle retrouve Val, Jenny, Margaret vautrées à plat ventre sur leur lit, en pleine discussion.

Lily se laissa tomber sur son lit et s'exclama :

- La ferme, ou je vous colle toutes !

Elle se prit un oreiller dans la tête et le renvoya à l'expéditeur en riant.

- A BAS L'ABUS DE POUVOIR ! beugla Val avant de se jeter sur elle pour la chatouiller.

- Non non pitiéééééééé ! hurla Lily en se tordant dans tous les sens.

Finalement, après une bataille acharnée, elles s'endormirent toutes, heureuses de retrouver leur deuxième maison.

***

BOUM
Lily sursauta et ouvrit brusquement les yeux. Il faisait nuit noir. Pensant qu'elle avait dû faire un cauchemar particulièrement réaliste, elle referma les paupières, prête à se rendormir.

BOUM
Aucun doute cette fois. Elle avait l'impression que le château entier tremblait.
Repoussant ses couvertures, elle se leva dans l'obscurité totale. Elle avança à tâtons et lâcha un « Par le caleçon de Merlin ! » sonore lorsqu'elle se prit la malle de Val dans le pied.
La propriétaire grogna « La feeeeeerme » tandis que Jenny, à l'autre bout de la pièce, marmonnait :

- Mais qu'est-ce que tu fais, Mâdame la préfète ?

- Vous n'avez pas entendu ? chuchota Lily en trouvant enfin la poignée de la porte.

- Quoi, tes hurlements ? rétorqua Val dans le noir.

- Non, idiote ! Les explosions !

- Non. Recouche-toi.

- Mais je te dis que …

Elle s'interrompit. Des chuchotements se faisaient entendre derrière la porte, preuve qu'elle n'était pas la seule à avoir été réveillée.

Elle sortit, et tomba sur quelques Deuxièmes années qui tenaient leurs baguettes allumées.
Elles sursautèrent en voyant que c'était leur préfète, mais celle-ci se contenta de leur sourire gentiment :
- Allez-vous recoucher, chuchota-t-elle aux cinq filles qui se tenaient devant elle. Ne vous inquiétez pas.
Un petite rousse hocha la tête en signe d'assentiment mais au même moment d'autres filles arrivèrent, et bien plus excitées que les Deuxième années. Lily se retint de pousser un soupir exaspéré et haussa la voix :

- Allez toutes vous recoucher ! Ce n'est rien !

Mais, d'après une longue tradition, personne ne l'écouta. Alors qu'elle regardait la troupe de filles descendre dans la Salle Commune en bavardant, Lily songea qu'elle n'avait jamais écouté ses préfets non plus. Elle passa prendre un pull qu'elle enfila par-dessus son débardeur. Les filles de sa chambre s'étaient finalement réveillées et elles prirent le même chemin que les autres.
Lily descendit à leur suite et tomba sur Remus en bas des escaliers. Les cheveux en bataille, il haussa les épaules :

- On ne peut absolument rien faire.

- Eh non. Je comprends enfin pourquoi les préfets étaient autant sur les nerfs.

Il rit et se retourna vers la salle. Les garçons et les filles étaient plus ou moins vautrés les uns sur les autres dans les canapés, et le niveau sonore commençait à devenir assez important.

Mais ce n'était encore rien comparaît à ce qui allait leur tomber dessus.

En effet, James, Sirius et Peter étaient en train de descendre les escaliers de leur dortoir, des packs de Bièraubeurre ou des pâtisseries à la main.

James hurla :

- FETE DE RENTREE !

Et tout le monde poussa un hurlement d'approbation en retour.

Lily crût qu'elle allait faire une crise cardiaque. Elle se rua sur eux et beugla :

- Il est deux heures du matin ! Ça suffit ! Vous remontez tout ça et vous allez vous coucher immédiatement!
James s'arrêta dans sa distribution de Bièraubeurre – Peter prit le relais- et la toisa du haut de son mètre quatre-vingt-cinq. Lily se sentit soudain minuscule et vulnérable, surtout que son pyjama consistait juste en un mini short que couvrait presque entièrement son pull. Pyjama qui ne cachait donc pas grand-chose de ses jambes, ce que James ne manqua pas de remarquer.
Il laissa son regard glisser sur la jeune fille avant de poser ses yeux sur son visage, un sourire narquois aux lèvres.

- Je vais me mettre au lit si tu m'accompagnes.

- Mais… James ! Tu es horrible !

Il éclata de rire et proposa :

- Une Bièraubeurre ?

Alors qu'elle allait lui répondre qu'il pouvait se mettre sa bouteille là où elle le pensait, un rugissement retentit dans la salle.

- J'ENLEVE TRENTE POINTS A TOUS LES ELEVES QUI SE TROUVERONT ENCORE DANS CETTE SALLE DANS LES CINQ MINUTES QUI SUIVENT !

Lily grimaça et se tourna vers l'origine de la menace. McGonagall. La seule personne capable de ramener l'ordre quand les préfets ne pouvaient plus rien.

- Potter, Black et Pettigrow, ne bougeaient pas, ajouta-t-elle alors qu'ils essayaient de s'enfuir dans la masse. Miss Evans et Mr. Lupin, restaient aussi s'il vous plaît.

La salle se vida en à peu près trente secondes et bientôt ne restèrent plus que les trois jeunes hommes ainsi que les deux préfets.

- Bien, fit McGonagall.

Elle croisa les bras par-dessus sa robe de chambre écossaise et toisa les coupables.

- Vous avez donc gagné une semaine de retenus et trente points de moins chacun. Record battu messieurs, les cours n'ont même pas commencé. Allez, au lit !

Ils détalèrent sans demander leur reste, et Lily et Remus restèrent seuls avec leur directrice de maison. La jeune fille s'attendait à ce qu'elle leur fasse un sermon quant à la façon de faire respecter la discipline, mais elle se contenta de dire :

- Suivez-moi.

Les deux jeunes gens échangèrent un regard surpris mais obtempérèrent.

Le professeur les entraîna dans les couloirs du château et ils arrivèrent dans le Hall. Il était plein d'une fumée étrange, statique et épaisse. Cela rappelait à Lily les bombes à farine, ou les grenades lacrymogènes. Ou un mélange des deux.

- Qu'est-ce que c'est ? interrogea Lily, son esprit curieux réveillé.

- Une bombe artisanale magique. Nous n'arrivons pas à faire partir cette fumée.

- Mais pourquoi a-t-on fait ça ? demanda Remus, l'air perdu.

- Vous allez voir.

Elle leva sa baguette, qui émit une lueur verte bien qu'elle n'ait pas prononcé un mot. Ils la suivirent dans le brouillard opaque et finirent pas arriver devant le mur qui séparait le Hall de la Grande Salle. Là était peinte une tête de mort autour de laquelle s'enroulait un serpent. Un signe que chacun avait appris à connaître depuis quelque temps.

- Comment est-ce possible ? souffla Lily, horrifiée.

- Ils ont infiltrés l'école, soupira le professeur McGonagall d'un ton las. Le pire est que ce sont sans aucun doute des élèves, mais nous n'avons aucune preuve.

La jeune fille frissonna. Elle pensait bien savoir quel groupe était à l'origine de cela, mais elle ne pouvait pas dénoncer son meilleur ami…

La sorcière se tourna vers les deux jeunes gens, l'air grave.

- En tant que préfet vous devez vous occuper de votre maison, et je ne parle pas forcément de discipline. (Lily avait-elle vu un sourire sur le visage de son professeur ? Impossible à dire). Ceux qui ont fait ça vont chercher à étendre leur influence. Le corps enseignant ne peut pas s'occuper de chaque élève de l'école, aussi est-ce à vous de veiller à ce que les plus faibles n'entrent pas dans leur jeu.

Remus et Lily hochèrent la tête. Le jeune homme n'avait rien dit devant la Marque des Ténèbres, mais ses sourcils froncés témoignaient de son angoisse.

- Bien, retournez-vous coucher. Nous allons essayer d'effacer cela avant demain matin, alors évitez d'en parler… Même si je doute que le secret reste gardé bien longtemps. Mr. Lupin, je vous en prie, pas un mot à vos acolytes. Ils sont capables de se lancer dans une enquête, comme ils en ont l'habitude.
Remus grimaça et répondit :

- J'ai peur qu'ils soient les premiers au courant, sans que j'ai rien à voir là-dedans.
McGonagall soupira profondément et agita sa baguette pour leur faire signe de partir.

- Nous verrons bien. Allez-vous recoucher.

Ils fendirent de nouveau la fumée opaque et commencèrent à gravir les escaliers. Ils croisèrent les préfets de Serdaigle qui arrivaient, accompagnés de leur directeur de Maison.
Alors qu'ils arrivaient au septième étage, Lily fit :

- Remus

Il se tourna vers elle, l'air légèrement surpris.

- Oui ?

- Merci de ne pas leur avoir dit que c'était moi la préfète.

Il sourit et répondit :

- Je n'avais aucune raison de le faire. Surtout que je savais bien que James aurait commencé à te charrier à propos de ça dans le Poudlard Express si je lui avais dit. Déjà que j'ai eu le droit à ses sarcasmes et à ceux de Sirius pendant tout l'été ! Alors j'ai pensé que si ça pouvait te permettre d'avoir un minimum de tranquillité…

- C'est gentil. Tu es bien le seul à être gentil d'ailleurs.

Il secoua la tête avec un petit rire :

- Il ne faut pas croire ça, ils sont très sympathiques … Mais seulement quand ils le veulent.

- C'est bien le problème, grimaça Lily.

Ils étaient arrivés devant les escaliers des dortoirs et la jeune fille tombait de sommeil.

- Bon, bonne nuit. Enfin ce qu'il en reste …

Remus lui souhaita la même chose et monta se coucher.

Chapitre 2

- Elle est insupportable, marmonna James .

- Qui ça ? interrogea Sirius.

Il visait, avec sa baguette et une boulette de papier, la nuque de Peter, assit à la table devant lui. Ils se trouvaient à leur premier cours de potion de la semaine et s'ennuyaient tous les deux profondément.
Sirius avait traîné James à la table du fond, en espérant que cela leur permettrait de se divertir un peu, mais James s'était installé contre le mur, avait sorti ses affaires et n'avait pas prononcé un mot jusqu'à cette phrase énigmatique.

Son ami était donc obligé de s'occuper avec Remus et Peter, que ceux-ci en aient conscience ou non.
Il donna un petit coup sec de sa baguette magique et le projectile partit. Il percuta Peter, qui poussa un petit cri étranglé en portant la main à sa nuque.

Sirius se renversa contre le dossier de sa chaise avec un rire étouffé et jeta un coup d'œil à James, qui ne lui avait toujours pas répondu. Cependant, son regard fixé sur la personne assise à l'avant de la classe était suffisamment éloquent.

Lily Evans, au premier rang, comme dans tous les cours, s'était lancée dans un cours particulier avec Slughorn en répondant à toutes ses questions.

- Je ne vois pas pourquoi tu t'en fais pour une fille pareille, commenta Sirius.

James soupira et se tourna vers lui. Il chassa une mèche brune de son front et répondit :

- Je me fous de ce qu'elle peut penser de moi, tout ce que je veux c'est lui faire payer la façon dont elle nous traite.

- Elle t'a juste enlevé dix points parce que tu ne voulais pas retirer tes pieds de la table !

En effet la veille, après leur premier jour de cours, James avait accaparé une table en mettant ses pieds dessus, empêchant des Premières années de travailler. Comme ils n'osaient évidemment pas lui demander de se pousser, ils avaient commencé à étudier par terre. Jusqu'à ce que Lily remarque le manège de James, qui avait bien conscience de gêner tout le monde mais n'avait aucune envie de partir.
- Tu la défends ? s'insurgea son ami.

- Non, mais ce n'était pas si terrible. Attends qu'elle te colle pour un truc idiot, là on verra.

Après un instant de réflexion, il ajouta avec un sourire narquois :

- Et puis t'es surtout vexé parce qu'elle passe son temps à te repousser.

- Non ! Je peux avoir des milliards de filles bien plus drôles et jo…

- Pas d'accord, coupa Sirius, Evans est peut-être insupportable mais c'est l'une des plus jolies filles de Poudlard.

- Bon très bien, soupira James, mais c'est aussi la moins drôle, la moins sympa, moins tout ce que tu veux !

- C'est marrant parce que Val, Margaret et Jenny l'adore, alors qu'elles ont le sens de l'humour, elles.
- Elle doit avoir une faculté spéciale « Repousse-garçons ».

- « Repousse-James » surtout.

- Tais-toi crétin, marmonna l'intéressé en reprenant sa posture initiale, les yeux dans le vague.

Sirius haussa les épaules. Cela allait faire cinq ans qu'il lui tournait autour et qu'il refusait toujours d'avouer qu'elle lui plaisait.

Il sortit brusquement de ses pensées en voyant des vapeurs colorés s'élever des chaudrons des autres élèves. Il retint un juron en se rendant compte que Slug leur avait donné une potion à préparer, et qu'il n'avait pas la moindre idée de ce que cela pouvait être.

Plein d'espoir, il se tourna vers son camarade :

- James, qu'est-ce qu'on doit faire ?

- Qu'est-ce qu'on doit faire quoi ?

- Laisse tomber, marmonna Sirius alors que James retournait à sa contemplation du vide.

Son ami se tourna donc vers Remus et lui lança une boulette de papier.

- Eh ! Remus !

Celui-ci se retourna, un sourire narquois aux lèvres.

- Laisse moi deviner, tu ne sais pas ce qu'on est censés faire ?

- Non. Tu nous aides ?

Le jeune homme croisa ses bras sur sa poitrine.

- D'accord, mais en échange tu dois jurer de ne plus m'appeler Mumus.

- Je ne l'ai pas fait !

- Là non, mais hier tu n'arrêtais pas.

Sirius poussa un gémissement.

- Mais Remus, c'est tellement drôle quand tu t'énerves !

- Comme tu voudras, rétorqua celui-ci en se retournant vers son chaudron.

- Non non attends d'accord ! Je te le promets !

Le préfet se retourna en secouant la tête, un sourire sur son visage fatigué.

- Si tu ne tiens pas ta promesse, je te fais prêter le serment inviolable, avertit-il en venant se placer entre ses deux amis. Peter, attention à la température d'accord ?

Le petit blond balbutia :

- Euh oui, ne t'inquiètes pas…, bien qu'il n'ait lui-même pas l'air très rassuré.

- Tout ce que tu veux, répondit Sirius à la menace de son ami. Alors, qu'est-ce qu'il faut faire ?

Il commençait sérieusement à paniquer parce que le cours se terminait un quart d'heure plus tard et Slughorn ne manquait pas d'aller vérifier chaque chaudron. S'ils n'avaient rien dans le leur, James et lui étaient bons pour une semaine de retenue.

Remus prit des racines de Mandragore et commença à la découper tout en expliquant ce qu'il fallait faire. Sirius commença donc à mettre d'autres ingrédients dans le chaudron et à essayer de régler la température. Certes leur potion serait complètement ratée, mais au moins ils auraient quelque chose.
Mais alors que Remus allait ajouter les racines de Mandragore, Slughorn s'approcha et interrogea :
- Par Merlin, mais que faites-vous Mr. Lupin ?

Remus rougit furieusement et ouvrit la bouche pour répondre …

Les quatre garçons étaient dans le couloir de la salle de potion, James, Sirius et Remus avachis contre le mur et Peter se balançant d'un pied sur l'autre devant eux. Tous les autres élèves étaient allés profiter de leur temps libre à l'extérieur.

Les trois comparses riaient à n'en plus pouvoir tandis qu'une fumée orange continuait à s'échapper de la salle de classe.

- Peter, tu es génial, articula James en pleurant de rire.

- Je n'ai pas fait exprès, protesta l'intéressé en rougissant.

- Justement, c'était beaucoup plus crédible ! Répliqua Remus en se levant.

Il donna une tape dans l'épaule de son ami, riant toujours.

- Faire exploser ta potion juste à ce moment là … Tu nous as évité une sale punition !

- C'est sûr que Slug était tellement couvert de potion qu'il ne risquait pas de penser à nous coller, rigola Sirius. Et puis s'il l'avait fait, James n'aurait même pas remarqué.

- Bien sûr que si, s'insurgea celui-ci en s'essuyant les yeux. J'ai réagi quand la potion a explosé !

- Oui, parce que ça a fait du bruit. Mais Evans était bien plus captivante.

- Arrête avec ça !

- Non, je ne peux plus appeler Remus, Mumus, alors je t'embête toi !

James se tourna aussitôt vers l'intéressé et s'exclama :

- Mais Mumus, pourquoi tant de haine ?

- James ça suffit ! Je déteste ça !

Les cris de leur dispute se mêlèrent à leurs rires, et résonnèrent dans le couloir vide.

Lily patientait devant la salle de Défense contre les Forces du Mal. Severus était en cours, et comme Peter avait fait exploser son chaudron, elle était sortie plus tôt de Potions.

Elle soupçonnait le jeune homme de l'avoir fait seulement pour sauver la mise à ses amis, mais la tête qu'il avait faite lorsque Slughorn s'était retrouvé couvert de potion la faisait hésiter quant à sa culpabilité.
Elle secoua la tête en s'adossant au mur. Il fallait qu'elle arrête d'être obnubilée par la bande de ce crétin orgueilleux qu'était James Potter. De plus, il se passait des choses suffisamment graves dans le monde pour qu'elle oublie les frasques des jeunes gens.

La porte de la classe s'ouvrit enfin et un flot de Serpentards en sortir. Severus était le dernier. Il regardait ses chaussures d'un air absorbé et Lily dut l'appeler pour qu'il la voit.

Un air heureux passa sur son visage mais fut vite remplacé par la surprise.

- Comment ça se fait que tu sois là ? Interrogea-t-il en s'approchant d'elle.

- Viens, je t'expliquerai en chemin, répondit-elle en prenant la direction du Hall.

Les Gryffondors et les Serpentards avaient cours de botanique en commun. Ils allaient enfin découvrir les serres intéressantes et potentiellement dangereuses.

Lily raconta l'aventure du chaudron pendant qu'ils marchaient. Severus se lança dans une diatribe contre la bande de Potter mais il cessa lorsqu'ils arrivèrent dans le Hall. Il jeta un coup d'œil au mur à présent immaculé où, deux nuits plus tôt, se trouvait la Marque des Ténèbres. Ce qu'il n'était pas censé savoir.

Il jeta un regard suspicieux à son amie et lança :

- Je sais que tu sais ce qu'il y avait sur le mur.

- Qui t'as dit que ça concernait le mur ? Rétorqua-t-elle.

Il haussa les épaules, l'air innocent.

- Des rumeurs courent. Et chacune d'elle parle d'un message sur le mur. En plus il y a une partie bien plus propre que les autres.

La jeune fille jeta un dernier regard au pan de mur incriminé et grimaça : c'était vrai. Les professeurs avaient trop bien fait leur travail.

- Quoi, comme rumeurs ? interrogea-t-elle pour essayer de le détourner de ce qu'elle pouvait savoir de cette affaire.

- Oh la première c'est qu'il y avait écrit « Dumby a un caleçon jaune » mais personne n'y croit vraiment. Ça les fait juste rire, les crétins.

- Sev' ! s'insurgea la jeune fille, tu sais que je n'aime pas que tu sois comme ça.

Il soupira puis marmonna :

- Désolé. Tu veux savoir l'autre rumeur ?

- Vas-y.

- « Le règne des ténèbres est là ».

- Charmant, commenta Lily après un instant de silence, alors qu'ils approchaient des serres. Qui l'a lancé ?

- Aucune idée. Potter et sa bande peut-être. Juste pour faire peur aux petits.

Lily secoua la tête. Les trois garçons (elle refusait de seulement imaginer que Remus puisse faire une chose pareille) pouvaient être assez horribles, mais elle ne pensait pas qu'ils se permettraient une blague de si mauvais goût, surtout compte tenu de ce qu'il se passait dans le monde des sorciers.

- Je ne pense pas.

Severus haussa un sourcil surpris.

- Depuis quand tu le défends ?

- Je ne le défends pas, je dis ce qui me paraît être la vérité !

- De toute façon tout le monde défend toujours le grand Po….

- Mr. Rogue, Miss Evans, merci de nous honorer de votre présence ! interrompit le professeur Laverlane.

Les deux jeunes gens se trouvaient juste à l'entrée de la serre numéro professeur se tentait devant une table sur laquelle étaient posées des sortes de navets plutôt repoussants. Les élèves de Gryffondors et Serpentards regardaient les deux retardataires, s'interrogeant visiblement sur ce que leur professeur allait leur infliger comme punition.

Lily rougit et balbutia quelques mots incompréhensibles, tandis que Severus restait silencieux.
- Bon, comme c'est le premier jour je vous pardonne, je vais considérer que vous avez oublié les horaires des cours, soupira leur professeur. Allez, entrez.

La jeune fille bafouilla « Merci Professeur » et se précipita à l'intérieur, suivie de Severus.
Elle prit place près de Val et Margaret devant une table tandis que son ami rejoignait deux Serpentards. Jenny, installée avec James et Sirius (Merlin seul savait comment elle s'était retrouvée là), se retourna et adressa à Lily un sourire rassurant en levant le pouce. La jeune fille répondit par un hochement de tête, les joues rouges.

Sans doute ses amies avaient-elles entendu sa dispute avec Severus. De plus, les trois filles savaient à quel point elle détestait se faire réprimander par un professeur, même si, en soit, ce n'était pas grave. C'était Lily … Elles ne pouvaient plus rien y faire.

***

James jeta un regard désespéré à Sirius par-dessus la tête blonde de Jenny. D'habitude il l'aimait bien, mais pour le moment il souhaitait juste la supplier de partir.

Il ne comprenait pas comment elle s'était retrouvée là. Il s'était dirigé vers une table, avait posé ses affaires et s'était retourné en pensant tomber sur Sirius ou Remus. Seulement il s'était retrouvé nez à nez avec le grand sourire de Jenny, qui avait balayé une mèche blonde de son front avant de s'exclamer :
- Ça ne vous dérange pas si je viens avec vous ? Super, merci !

Puis elle s'était installée sans même que James ait eu le temps d'ouvrir la bouche.
Remus, devant la table, avait haussé les épaules d'un air résigné, puis il était allé s'asseoir plus loin avec Peter.

James était déçu. Il avait espéré pouvoir cuisiner Remus pendant le cours. En effet, celui-ci refusait de leur dire ce qu'il s'était passé le soir de la rentrée. Ses trois amis avaient essayé par tous les moyens possibles de le faire avouer, allant de la torture psychologique à la torture physique, mais rien n'y avait fait.

Le jeune homme s'était donc dit que les cours de botanique étant ce qu'ils étaient, il allait pouvoir le harceler pendant une heure.

En effet, les plantes étudiées avaient une forte tendance à être cannibales, aussi le professeur Laverlane se souciait-il peu des des élèves bavards car il était trop occupé à essayer de sauver ceux qui hurlaient.

La Botanique avait donc, de tout temps, était le lieu de prédilection des quatre garçons pour les confidences. Seulement, Jenny s'était incrustée.

A présent ils devaient réussir à planter leur navet. La plante faisait à peu près la taille d'une balle de tennis (James avait souvent vu des Moldus y jouer mais n'avait jamais compris l'intérêt) et semblait tout inerte au premier abord. Seulement le professeur leur avait montré que lorsqu'on la saupoudrait de terre, le plante ouvrait les yeux et dépliait de petits bras et jambes maigrelets. Il s'agissait ensuite de la soulever en mettant ses index sous les bras du navet puis de le placer dans un pot. Il était nécessaire de réveiller la plante avant de l'enterrer, car une fois recouverte de terre elle se trouvait incapable de s'étendre.

Le professeur Laverlane avait réalisé l'opération sans aucun problème puis il avait laissé le champ libre à ses élèves.

Ceux-ci s'étaient très vite rendu compte de plusieurs choses : les navets étaient très sensibles et ils avaient des griffes.

James, Sirius et Jenny avaient attendu que des élèves courageux tentent l'opération avant de se lancer et maintenant la jeune fille considérait la plante avec une certaine horreur tandis que les garçons communiquaient par signes pour trouver comment l'éloigner.

Finalement se fut Margaret qui les sauva car elle appela :

- Jen !

La blonde se retourna sans l'ombre d'un regret et passa derrière la table de ses trois amies. James poussa un soupir de soulagement et Sirius s'approcha de lui.

- J'ai cru qu'on ne s'en débarrasserait jamais, commenta-t-il à voix basse. Elle doit en pincer pour toi.

- Forcément, je suis génial. Alors, faut qu'on ramène Remus maintenant.

Sirius grimaça et regarda dans la direction de leur ami. Il semblait très concentré, penché sur son navet avec Peter.

- Tu sais comme il aime finir ce qu'il a commencé. On ne pourra jamais le convaincre d'arrêter maintenant.
James suivit son regard et soupira.

- Effectivement. N'empêche, il va bien falloir qu'il crache le morceau. Qu'est-ce que tu penses de la rumeur sur le règne des Ténèbres ?

Le regard de Sirius se fit lointain et il murmura :

- Ça ne m'étonnerait pas. Tu connais ma famille … Ils s'agitent. Quelque chose se prépare.
- On sera là pour l'attendre, rétorqua James avec un sourire carnassier. Et puis on saura bientôt si c'est ça, parce que quand Remus verra ce qu'on lui a préparé, il sera bien obligé de nous le dire.
Son ami sembla sortir de ses pensées et il rit.

- Je pense qu'il a compris ce qu'on manigançait, depuis le temps qu'on lui fait des cachotteries.
- Impossible qu'il sache exactement ce qu'on prépare. C'est bien trop … Brillant, pour que ce soit envisageable pour des élèves de cinquième année.

Sirius rit de nouveau et passa sa main dans ses cheveux.

- Si les profs savaient ce qu'on arrive à faire, je pense qu'on aurait même pas besoin de passer nos ASPIC !

- Qu'est-ce que vous préparez de si extraordinaire pour Remus ?

Les deux jeunes gens se retournèrent d'un bloc vers Jenny. Elle était revenue vers leur table et elle les considérait à présent d'un air intrigué, la tête penchée sur le côté.

Ils se jetèrent un regard paniqué : que pouvaient-ils lui répondre ?

Chapitre 3

- Sirius a commencé à dire que c'était bientôt l'anniversaire de Remus mais James lui a fait « La ferme, crétin ! ». A ce moment là Laverlane nous a dit qu'on pouvait y aller et ils sont partis avant que j'ai pu dire autre chose.

Jenny acheva son récit en haussant les épaules.

- Ils lui font peut-être juste une fête surprise et ils veulent que personne ne soit au courant, proposa Val en continuant à écrire.

Les quatre jeunes filles étaient assise sur le canapé devant le feu de la Salle Commune des Gryffondors. Val, ses cheveux châtains au carré lui tombant devant le visage, rédigeait un devoir. Elle avait étendu ses jambes sur ses trois amies, malgré leurs protestations.

Margaret, à côté de Val, tripotait ses longs cheveux bruns d'un air pensif. Lily, son autre voisine, sourit. Maggy était la petite fille de la bonne société anglaise par excellence, aux cheveux longs et aux vêtements sages. Elle était tout le contraire de Jenny, dont les cheveux blonds s'échappaient continuellement de sa queue de cheval et qui était l'exubérance même. Ceci n'empêchait cependant pas les deux jeunes filles de s'entendre à merveille.

Jenny avait attendu que les quatre jeunes hommes sujets de leur conversation soient occupés ailleurs pour raconter à ses amies les propos énigmatiques de Sirius et James. Lily ne savait pas trop quoi en penser. Tout ce qu'elle espérait, c'est qu'ils ne préparaient pas un mauvais coup. Si ce n'était qu'un anniversaire surprise, personne n'avait rien à y redire.

La jeune fille laissa son regard errer devant elle. Ses yeux tombèrent sur le livre de sortilège qui dépassait du sac de Margaret. Elle se frappa brusquement le front du plat de la main et repoussa en jurant les jambes de Val.

Celle-ci poussa un hurlement strident en tombant par terre tandis que Lily se levait d'un bond avant de sortir en courant de la salle.

Margaret, figée, contempla d'un air éberluée le devoir de potion de Val qui voltigea dans les airs avant de se poser juste devant l'âtre. Jenny papillonna plusieurs fois des paupières puis éclata de rire, alors que Val se redressait en position assise. Se frottant les reins, elle gémit :

- Mais qu'est-ce qui lui a pris?

Lily descendit quatre à quatre les escaliers menant à la bibliothèque. Elle avait complètement oublié d'aller chercher les effets du Maléfice d'Aveuglement ! Le pire était que la bibliothèque fermait ses portes dans à peu près un quart d'heure.

Alors qu'elle s'apprêtait à prendre un autre escalier, celui-ci s'écarta et se tourna vers un couloir différent.
La jeune fille poussa un cri de frustration et jeta un regard désespéré autour d'elle : il n'y avait aucun moyen de descendre par là. Elle allait devoir remonter jusqu'au cinquième étage pour passer par la tour Nord. Ce qui lui prendrait au bas mot dix minutes. Elle se retourna, prête à entamer un sprint, mais une tête blonde apparut dans son champ de vision.

- Lily ?

- Désolée Peter, lança-t-elle en passant devant lui, il faut absolument que j'aille à la bibliothèque et l'escalier a bougé !

Une demie-seconde plus tard, il la rappela :

- Attends ! Il y a un passage secret !

Elle s'arrêta net alors qu'elle s'apprêtait à tourner dans un autre couloir, fit un dérapage puis fonça sur le jeune homme.

- Montre moi, par pitié !

Il hocha la tête, l'air légèrement effrayé par son attitude hystérique, et s'engagea dans le couloir que Lily venait de parcourir trois fois.

Il prit à droite dans une zone peu éclairée du château et s'arrêta devant une tapisserie représentant des nains en train de jouer au Mah-Jong. Peter jeta un coup d'œil autour d'eux. Ils étaient seuls.
Il souleva la tapisserie et informa Lily :

- Tu seras à la bibliothèque dans une minute.

- Merci Peter ! S'exclama-t-elle avant de prendre sa tête à deux mains pour claquer un baiser sur son front.

Le jeune homme rougit furieusement mais ne répondit rien. De toute façon, Lily était déjà partie
Sans hésiter, elle avança le pied dans le trou obscur que la tapisserie avait révélé. Seulement, elle ne rencontra que le vide. Elle tomba lourdement au sol et poussa un hurlement lorsqu'elle se mit à descendre à une allure vertigineuse. Enfin, elle décolla quelques instants et roula au sol.
Elle se redressa en grimaçant et croisa le regard d'un cinquième année de Gryffondor qu'elle connaissait assez peu, Frank Londubat.

Les yeux du jeune homme passaient de l'arrivante à la tapisserie suspendue au mur, qui s'agitait encore après le passage fracassant de Lily.

Le jeune fille prit un air très digne et passa devant lui sans un mot.

La porte de la bibliothèque était trois pas derrière lui. Elle adressa un remerciement silencieux à Peter et entra dans son sanctuaire.

Madame Pince, jeune femme d'une quarantaine d'années, lui jeta un regard sévère et lança dans un murmure à peine audible :

- Je ferme dans dix minutes.

Lily hocha la tête et se dirigea droit vers le rayon qu'elle cherchait.

Après quatre années complètes passées à Poudlard, elle arrivait toujours à découvrir de nouveaux livres passionnants dans les vieilles étagères poussiéreuses. Cependant, elle savait parfaitement où étaient chacun des livres qu'elle connaissait, aussi n'eut-elle nul besoin de chercher le livre de Pomsec Tournedru, puisqu'il était rangé là où il devait être.

Elle commença à le feuilleter rapidement pour trouver ses informations, mais une exclamation étouffée l'interrompit. Or, il lui semblait reconnaître cette voix.

Elle ferma doucement le livre et contourna le rayon derrière lequel elle se trouvait. Au-délà il y avait la Réserve et là, aussi par terre, se trouvait un jeune homme brun aux cheveux mi-longs.
- Sev' ? interrogea-t-elle, surprise.

Le jeune homme sursauta et leva brusquement la tête. Il tenait un énorme livre noir et poussiéreux qui n'avait rien de très engageant. Lily parvint à lire l'en-tête de la page qu'il lisait juste avant qu'il ne referme le volume : « Maléfices contre les ennemis ».

- Qu'est-ce que c'est ? interrogea-t-elle alors qu'il s'empressait de ranger le livre à sa place.
- Une recherche à faire pour la Défense Contre les Forces du Mal, répondit-il en se retournant vers elle avec un sourire.

Lily fronça les sourcils. Les professeurs ne donnaient jamais de devoir à faire à partir d'un livre de la Réserve puisque c'était alors la guerre pour obtenir le dit-livre.

Avant qu'il ait pu faire un geste, elle saisit l'ouvrage et regarda son ami. Severus émit cri étranglé mais n'essaya pas de le lui reprendre. Elle se concentra donc de nouveau sur l'objet et lut le titre : Sortilèges. Il était écrit en grandes lettres d'or à demi effacées. Sous ses doigts, elle sentait les craquelures dues à l'âge du livre.

- S'il parle de sortilèges, alors je vais sans doute trouver ce que je cherche, commenta-t-elle en glissant son doigt à l'intérieur pour l'ouvrir.

Le regard de Severus passa du visage de son amie au livre puis, sans crier gare, il essaya de le lui arracher des mains.

La jeune fille poussa un cri et le leva au-dessus de sa tête en sautillant parce que Severus était plus grand qu'elle. Elle commença à fuir vers le fond de la bibliothèque mais elle rentra droit dans quelqu'un. Madame Pince.

La bibliothécaire ressemblait à une goule en colère. Elle était cramoisie et semblait sur le point d'exploser. Ce qu'elle ne tarda pas à faire :

- PAS DE BRUIT DANS MA BILBIOTHEQUE ! hurla-t-elle en attrapant le livre noir. Et vous n'avez rien à faire ici ! Vous n'avez pas d'autorisation ! Vos directeurs de Maison vont en entendre parler !

Lily ouvrit de grands yeux. Si on mêlait McGonagall à l'affaire, elle risque de ne jamais revoir la lumière du jour.

Lily revint saine et sauve dans la Salle Commune une heure plus tard. McGonagall avait passé une demi-heure à lui crier combien il était irresponsable d'aller dans la Réserve sans autorisation et de gêner le travail des autres élèves en hurlant, puis le reste de l'heure à lui dire à quel point elle était déçue par son attitude. Elle avait finalement écopé de trois heures de colles.

Mais pour une fois Lily s'en souciait peu. Tout ce qui lui importait, c'est qu'elle n'avait pas pu parler à Severus après l'intervention de Madame Pince et qu'elle ne savait toujours pas ce qu'il fabriquait avec un livre pareil. Elle était persuadée qu'il traitait de Magie Noire.

Elle sortit de ses pensées avec un soupir et alla récupérer son sac, toujours posé devant l'âtre. La Salle était vide, étant donné qu'il était vingt-trois heures passées. Du moins c'est ce que Lily pensait.
Elle sursauta donc lorsqu'elle entendit derrière elle :

- Alors comme ça tu entres dans la grande confrérie du vice ?

Elle se retourna brusquement et tomba nez à nez avec James Potter. Il était allongé de tout son long sur le canapé, les bras croisés derrière la tête.

Il se redressa promptement et continua, un petit sourire sur les lèvres.

- Tu verras on s'y habitue vite. Tu t'ennuieras peut-être un peu en retenue au début, mais il y a toujours moyen de trouver quelque chose à faire.

- Je ne compte pas en faire une habitude, rétorqua-t-elle, glaciale.

James ne se démonta pas et répondit :

- Tu devrais, t'aurais peut-être l'air plus cool.

- Je n'ai pas envie de me retrouver avec le Q.I. d'un mollusque, merci.

- Regarde-moi, je suis cool et intelligent.

Un sourire ironique étira les lèvres de Lily alors qu'elle le toisait, l'air de dire « Ah oui ? ».

- Evans, tu ne comprends vraiment rien à la vie, soupira-t-il en se laissant retomber dans le canapé.

Il ferma les yeux et agita la main vers les dortoirs :

- Allez va te coucher, il est trop tard pour les bébés.

Lily hésita un instant à rester juste pour le contredire mais à dire vrai elle mourrait de fatigue. Cependant, elle voulait absolument avoir le dernier mot. Elle sortit se baguette et murmura « Stupéfix ». Ensuite, elle se pencha et délaça les chaussures du jeune homme, qui ne broncha évidemment pas. Après leur avoir jeté un sort pour empêcher qu'elles ne s'abîment, car ce n'était pas son but, elle ouvrit la fenêtre et les jeta dans le vide. Un petit sourire sur les lèvres, elle retourna vers James et dit :

- Somnus.

Puis elle leva le stupéfix. Le jeune homme se détendit dans les coussins, ouvrit la bouche et se mit à baver allègrement sur le tissu.

Satisfaite, Lily prit son sac et monta se coucher.

James repoussa la main qui le secouait dans tous les sens et se retourna dans son lit. Seulement, il tomba lourdement sur le sol.

Il ouvrit brusquement les yeux et se redressa, perdu. A sa droite se trouvait la cheminée, à sa gauche le canapé. Il était donc dans la Salle Commune. La question était de savoir comment il s'était retrouvé là.

Il leva les yeux en entendant quelqu'un soupirer et rencontra le regard de Sirius. Un sourire narquois sur les lèvres, son ami lui tendit la main pour l'aider à se relever.

James la repoussa d'un geste impatient et se redressa seul.

- Mais qu'est-ce que tu fous là ? interrogea Sirius en croisant les bras.

James fronça les sourcils et s'assit dans le canapé. Il avait encore affreusement envie de dormir.

- Aucune idée. J'ai attendu Evans hier soir parce qu'on m'a dit qu'elle avait été collé et ensuite … On a parlé et elle est montée se coucher.

- Et tu es allé chercher ce dont on avait besoin ?

James sentit son cœur s'arrêter une demi-seconde. Quel crétin ! Il avait complètement oublié !

Voyant son ami pâlir, Sirius soupira de nouveau.

- T'es insupportable James. On t'a répété cinquante fois à quel point c'est important ! Après deux ans à travailler là-dessus, c'est tout ce qu'il nous manque !

- Je sais je sais, marmonna le coupable en passant ses mains sur son visage. Je suis désolé, je ne sais pas ce qu'il s'est passé. J'y vais ce soir, promis.

- Ouais. Bon viens, sinon on va être en retard.

James se redressa d'un bond et regarda sa montre. Les cours commençaient dans cinq minutes. Il jeta un coup d'œil désespéré à Sirius et interrogea, plein d'espoir :

- Tu as à manger pour moi ?

Sirius sortit une poire de son sac et l'agita sous son nez.

- Et j'ai même tes affaires. Allez ramène-toi. Heureusement que tu te douches le soir.

Ils se dirigèrent vers la sortie mais James s'arrêta. Quelque chose n'allait pas… Il baissa les yeux et tomba sur ses pieds, seulement couverts de chaussettes.

- James ! appela son ami, déjà de l'autre côté du portrait, mais qu'est-ce que tu fais ?

- Mes chaussures …Je les avais hier soir, j'en suis sûr.

- Par Merlin, bouge-toi ! McGonagall va nous tuer !

Le brun tourna autour du canapé et avisa une feuille qui traînait au sol, de l'écriture de Val. Or Val le faisait immédiatement penser à Lily. Et Lily… Lily l'avait stupéfixé avant de lui enlever ses chaussures. Il l'avait senti faire, même s'il n'avait pu la voir. Quant à savoir ce qu'elle en avait fait…
- James !

- Je ne vais pas aller en cours en chaussettes !

- C'est ça ou on est collé pour une semaine ! Je te rappelle qu'on n'a eu que deux cours de Métamorphose et qu'on est arrivés en retard les deux fois ! rétorqua Sirius, agacé.

- Merde !

James reprit son sac qu'il avait laissé à l'entrée de la Salle et se mit à courir à la suite de Sirius.
Ils arrivèrent juste à temps grâce à un raccourci et James tenta d'oublier qu'il allait devoir se promener en chaussettes dans le château jusqu'à la pause déjeuner.

Alors qu'ils s'asseyaient, il aperçut les cheveux châtains-roux d'Evans, assise devant. Elle allait vite apprendre ce qu'il en coûtait de s'en prendre à James Potter…

Il commença à échafauder des plans de vengeance mais la voix de McGonagall le tira de ses pensées :

- Mr. Potter, je sais que la contemplation de la gente féminine fait partie de vos activités favorites, mais si vous êtes incapables de vous concentrer sur le cours, je vous demanderai de venir devant.
La classe se mit à rire et le jeune homme adressa un sourire angélique à son professeur avant de répondre :

- Au fond je suis mieux placé pour vous admirer.

Elle fronça les sourcils mais le coin de ses lèvres frémit.

- Faites attention à vous, Potter. Votre impertinence vous perdra.

James prit un air humble et baissa la tête. Sirius, à côté de lui, pouffa, et son ami lui fit un clin d'œil. Il était le roi de l'hypocrisie.

- Bien, reprit McGonagall. Je parlais donc du sortilège de Transfert…

James cessa aussitôt d'écouter, et reprit le cours de ses pensées. Pour une raison inconnue, il avait du mal à garder les yeux ouverts.

Le jeune homme ouvrit les yeux et considéra d'un air étonné les murs blancs qui l'entouraient. Il venait assez souvent ici pour reconnaître sans hésitation l'Infirmerie. Mais que faisait-il là ?
Il tourna la tête, et avisa Sirius qui travaillait sur la table de chevet de James. Son ami tourna les yeux et lui sourit.

- McGonagall est furieuse parce que tu t'es endormi en cours. Je lui ai sorti que tu avais des insomnies depuis la rentrée.

James fronça les sourcils et se redressa dans son lit.

- Endormi ?

- Ouais. Impossible de te réveiller. Madame Pomfresh a dit qu'on avait dû te jeter un sortilège de Sommeil mal dosé.

Le jeune homme se frotta les yeux et bâilla.

- Qui aurait fait ça ?

- Aucune idée. Au fait, ajouta-t-il, on a retrouvé tes chaussures, au pied de la tour de Gryffondor.
James ouvrit la bouche pour répondre lorsqu'il se rappela ses soupçons.

- Evans, fit-il.

- Quoi ?

- C'est Evans qui a pris mes chaussures. Sans doute elle aussi qui m'a jeté le sort.

Sirius écarquilla les yeux.

- Evans ? Lily Evans ? Depuis quand elle fait ce genre de choses ?

James haussa les épaules.

- J'en sais rien, mais on a enfin une raison de lui faire des crasses.

Sirius lui adressa un sourire carnassier.

- Chouette ! On commence quand ?

Chapitre 4

Lily passa deux jours à guetter tout mouvement suspect autour d'elle qui annoncerait la vengeance de James mais rien ne vint. Surprise d'abord, elle cessa de s'en préoccuper lorsque une avalanche de devoirs leur tomba dessus.

Les professeurs avaient passé les deux premiers jours à leur parler des BUSE et leur avaient donné quelques devoirs pour les remettre dans le bain. Mais à présent qu'ils savaient tout du programme et des modalités des examens, il était temps pour eux de se plonger corps et âme dans toutes ces nouvelles connaissances passionnantes.

C'était du moins la théorie des professeurs. Alors que Lily courait d'un cours à l'autre avec des tonnes de rouleaux de parchemins sous le bras, elle ne cessait de se demander si ses professeurs avaient été élèves un jour.

Trois semaines après la rentrée, la jeune fille passait donc tout son temps plongée dans des rouleaux de parchemins, à l'image de ses camarades de cinquième et septième année. En plus de courir après le temps, elle courait après Severus qui semblait l'éviter depuis leur « Bataille de la Bibliothèque », comme elle l'appelait.

Il s'arrangeait pour ne pas manger en même temps qu'elle et il se mettait à l'autre bout des serres pendant les cours de Botanique.

Jenny, Val et Margaret semblaient se servir de l'éloignement de Severus à leur avantage en entraînant Lily loin de lui et en répétant qu'il n'en valait pas la peine.

Si le monde de la Magie n'avait pas été en train de sombrer dans les Ténèbres, la jeune fille aurait sans doute été du même avis. Cependant elle savait avec qui Severus passait son temps, et elle s'inquiétait pour lui. Cette angoisse était suffisamment forte pour repousser l'agacement qu'elle aurait du ressentir à cause de l'attitude de son ami, d'autant plus que le fait qu'il l'évitait montrait bien qu'il avait quelque chose à cacher.

Comme elle ne pouvait se permettre de se morfondre pour lui, au risque de laisser ses études de côtés, elle essayait de l'oublier.

La première sortie à Pré-Au-Lard vint distraire les élèves de Poudlard de leurs études. Les Cinquièmes Années s'empressèrent tous de s'inscrire (à l'exception de James&Co qui avaient été collé) et bouillirent d'impatience jusqu'au samedi après-midi.

Lily et ses amies se ruèrent aux Trois Balais et s'assirent avec bonheur à une table du fond qu'elles avaient choisi comme quartier général dès leur troisième année

Elles commandèrent des Bierraubeurres et commentèrent les dernières rumeurs. Lily écoutait d'une oreille distraite, essayant de se remémorer les trois principes de transmutation d'un Béozard. Soudain elle sursauta et renversa la moitié de son verre sur les genoux de Val qui émit un hurlement indigné.
Lily plaqua sa main sur la bouche de son amie mais c'était trop tard : Severus, qui venait d'entrer en compagnie d'Harvey Mulciber et Boris Avery, ses deux acolytes habituels de Serpentard, tourna la tête et pinça les lèvres avant de faire brusquement demi-tour, plantant ses deux amis sur place.
La jeune fille se leva aussitôt de table et se fraya un passage à travers la salle bondée. C'était l'entrée de Severus qui avait suscité son mouvement involontaire. L'espace d'une seconde elle avait espéré le surprendre, mais la réaction de Val avait changé ses plans.

Étant enfin parvenue à sortir, elle se mit à courir dans la rue du petit village à la poursuite son ami, qui disparut bien vite au coin d'une rue.

Lily effectua un dérapage en prenant la même direction que lui et se relança à toute vitesse à ses trousses. Elle avait conscience que c'était un peu excessif, mais trois semaines sans Severus c'était trop pour elle. Il lui manquait.

Alors qu'elle commençait à manquer de souffle, le jeune homme tourna encore et s'arrêta brusquement. Elle lui rentra dedans et ils valdinguèrent contre le mur qui barrait la rue. Finalement, Pré-au-Lard avait eu raison de Severus.

Avant que celui-ci ait eu le temps de s'enfuir de nouveau, Lily l'attrapa par le col de sa robe de sorcier et le plaqua contre le mur.

- Ne bouge pas ! ordonna-t-elle. C'est ridicule de fuir comme ça !

- Si je reste tu vas m'étriper ! Rétorqua-t-il.

- Si tu n'avais rien à te reprocher je ne t'étriperai pas !

- Mais je n'ai rien à me reprocher !

Lily le lâcha et lui jeta un regard torve.

- Cette conversation n'a aucun sens.

- Entièrement d'accord. On s'en va ? fit-il en commençant déjà à partir.

- Certainement pas ! Qu'est-ce que tu regardais dans ce livre ?

- Je te l'ai déjà dit.

- Et pourquoi n'as-tu pas voulu que je regarde hein ?

Severus soupira, exaspéré et détourna le regard quelques instants avant de planter ses yeux dans ceux de son amie.

- Parce que j'avais peur que ça te perturbe. Il traite de la façon dont on exterminait les Nés-Moldus au Xème siècle, voilà.

Déstabilisée, Lily ouvrit plusieurs fois la bouche avant de finalement balbutier :

- En Défense Contre les Forces du Mal vous étudiez ça ?

- Disons que ça touche à l'histoire de la DCFM.

La jeune fille secoua la tête en fronçant les sourcils.

- Nous ne faisons pas ça, et pourtant on a le même professeur.

- Il n'y a pas de Nés-Moldus à Serpentard, expliqua Severus en se mordant la joue. Etron nous a expliqué qu'il modifiait un peu son programme selon les élèves.

Lily croisa les bras sur sa poitrine et rétorqua :

- Tu n'avais pas d'autorisation !

Severus rougit légèrement et balbutia :

- Ce livre est plutôt mal réputé et j'avais peur que le prof s'imagine des choses si je lui demandais, surtout vu les événements actuels.

- Parce qu'il y a peut-être des choses à imaginer.

- Lil's ! s'insurgea-t-il. Tu ne peux pas dire des choses pareilles !

Son amie soupira. Il avait l'air sérieux mais elle ne pouvait s'empêcher de douter. Après tout, cette histoire était à dormir debout. A sa connaissance Serpentard était la seule maison sans Nés-Moldus : pourquoi serait-elle donc privilégiée ?

Elle scruta le visage de Severus, qui la regardait avec des yeux suppliants. Seulement, elle ne savait pas trop s'il voulait qu'elle arrête de poser des questions ou s'il voulait seulement qu'ils se réconcilient.
Finalement elle songea qu'il lui avait vraiment trop manqué et elle passa son bras sous le sien, décidant d'enfouir l'incident dans un coin de sa tête pour ne plus jamais le déterrer.

-Allez viens, je meurs de soif.

Elle sentit le bras de Severus se détendre brusquement sous le sien et son pas se fit plus léger. Il avait beau agir bizarrement ces temps-ci, il restait son meilleur ami.

Deux jours plus tôt

James se retourna et adressa un claquement de langue agacé à Sirius et Peter.
- Dépêchez-vous ! On a pas toute la soirée !

Sirius releva la tête et rétorqua :

- La prochaine fois tu le feras, on verra si tu mets moins de temps. Ramenez-vous, c'est bon.
James s'empressa de quitter le coin du mur auprès duquel il devait faire le guet, de même que Remus qui surveillait de l'autre côté du couloir.

Ils s'accroupirent à côté de leurs deux amis et contemplèrent la petite boule posée au sol. Une mèche dépassait du tissu. Peter leur fit un sourire et approcha sa baguette du fil, qui s'enflamma après que le jeune homme eut marmonné une formule.

- Allez bougez vous ! Fit Sirius en se redressant brusquement.

Ils allèrent se cacher au coin du mur et attendirent. Comme rien ne venait, Peter pencha la tête pour voir ce qu'il se passait. Au même instant, il y eut une explosion qui fit trembler les murs et le blond se retrouva couvert de peinture. Il tourna la tête vers ses acolytes, qui l'observèrent quelques instants en silence puis explosèrent en cris de joie.

James et Sirius se ruèrent dans le couloir. La pierre avait disparu sous des couches de jaune, vert, rouge … Ils avaient l'impression de se trouver dans un rêve très psychédélique. Le brun frappa dans la main de son meilleur ami puis fit de même avec Peter :

- Les gars, vous êtes géniaux !

Le visage de Peter s'éclaira. Recevoir un compliment pareil d'un de ses amis avait toujours été sa meilleure récompense.

Un hurlement vint interrompre leur jubilation. Rusard, concierge à Poudlard depuis un peu moins de dix ans, venait d'arriver dans le couloir flanqué d'un chaton à l'air malveillant. Son visage avait pris une délicate teinte rouge tomate.

- Potter ! Black ! Pettigrow ! Lupin ! VOUS SEREZ COLLÉS JUSQU'À LA FIN DE VOTRE SCOLARITÉ !
James et Sirius se regardèrent, puis éclatèrent de rire avant de détaler, entraînant Remus et Peter dans leur sillage. La respiration hachée du concierge leur indiqua qu'ils étaient poursuivis mais ils n'en avaient cure. Ils n'avaient pas autant ri depuis des semaines, les devoirs leur prenant un temps fou.
Cependant leur bonne humeur s'arrêta bien vite lorsque James, en tête, rentra dans une sorcière coiffée d'un chapeau à motifs écossais. McGonagall.

Les trois autres garçons le percutèrent et ils faillirent tous tomber sur leur professeur. Grâce à Merlin, elle recula de deux pas et ils s'écroulèrent sur le sol. James lâcha un gémissement et grommela :

- Mon nez …

- J'ai bien peur, Mr. Potter, que vous vous préoccupiez bientôt d'autre chose que de votre nez.

L'intéressé roula sur le dos après que ses camardes aient fait de même et se redressa en demandant :

- Et de quoi Professeur ?

- Des heures de colle dont vous allez écoper pour le siècle à venir.

James prit un air contrit bien qu'il continua de jubiler intérieurement.

Samedi après-midi

Remus leva la boule de cristal qu'il nettoyait et adressa une grimace à James à travers le verre. Celui-ci pouffa et continua à polir sa propre sphère. Ils se trouvaient tous les quatre dans la tour de Divination. Leur professeur, une espèce de vieux sorcier complètement fou, les avait réquisitionné pour nettoyer toutes les boules de cristal.

Les garçons s'étaient attelés à leur tâche en silence, tandis que le sorcier faisait les cents pas en marmonnant.
Soudain, il s'arrêta et lâcha d'une voix sourde :

- Surtout, ne regardez pas dans les boules ! Vous pourriez voir des choses … De terribles choses qui vous rendrez fous ! L'un des objets que vous devez nettoyer est des plus dangereux !

Les quatre jeunes hommes échangèrent un regard étonné mais continuèrent leur travail sans broncher. Du moins jusqu'à ce qu'une idée traverse l'esprit de James. Son regard croisa celui de Sirius et ils se comprirent aussitôt. Son ami lui adressa un demi-sourire en hochant la tête et James se mit aussitôt à respirer plus fort et plus vite. Puis, il balbutia :

- Pro... Professeur, il y a... Quelque chose dans … dans la boule…

Le vieux sorcier se figea et cria :

- Détourne le regard ! Vite !

- Je ne peux pas…

- Un effort mon garçon ! Il s'agit de ta santé mentale !

James crispa les mâchoires tandis que Sirius rassurait ses deux amis d'un clin d'œil. Finalement un gémissement s'échappa des lèvres du garçon et il tourna la tête.

- Monsieur est-ce que … est-ce que je peux aller à l'infirmerie s'il vous plaît ? Chuchota-t-il.

- Bien sûr, bien sûr, grommela son interlocuteur. Tu peux y aller seul ?

Le jeune homme hocha faiblement la tête, reposa la boule de cristal et sortit en chancelant légèrement.
Remus fronça les sourcils en regardant Sirius avec insistance et celui-ci haussa les épaules. Si lui même savait très bien ce que James voulait faire, Remus n'avait pas à le savoir.

James tapota la statue devant lui et s'engouffra dans le passage secret qui ne tarda pas à se dévoiler. Il se hâta le long du souterrain désert, trébuchant et jurant malgré la lueur diffusée par sa baguette.
Le vieux professeur n'irait jamais vérifier s'il avait vraiment été à l'infirmerie, mais McGonagall était capable de venir voir s'ils étaient tous en retenu. Pour le moment elle était sans doute aux Trois Balais, mais elle n'allait pas y passer l'après-midi. Aussi devait-il se dépêcher.

Il arriva enfin au bout de son chemin et il passa sa cape par-dessus sa tête. Il monta les quelques marches qui le séparait de l'extérieur et poussa la trappe poussiéreuse. Comme d'habitude, il émergea dans une salle pleine d'objets couverts de crasse qui, des années plus tard, deviendrait la très célèbre boutique d'Honeyduke.

Il sortit et laissa retomber le panneau sans se soucier de faire du bruit, persuadé qu'il n'y avait personne. Cependant il y eut un bruit au fond de la pièce et il se figea. Lorsqu'un chat noir sortit des débris il souffla, soulagé. La bête s'arrêta près de lui et sembla l'observer alors qu'il était en principe invisible. Finalement, il se détourna, sauta lestement sur un carton et s'enfuit par une fenêtre brisée.

James sortit à son tour mais par la porte de derrière, sans pouvoir se départir d'un sentiment de malaise qu'il ne s'expliquait pas.

Chassant de son esprit le félin, il prit une ruelle pour se retrouver dans l'artère principale de Pré-au-Lard. De là, il s'engagea vers la sortie du village. Au loin se dressait la sinistre silhouette de ce que tout le monde connaissait désormais comme la Cabane Hurlante. Sa destination.
Il n'y avait encore jamais mit les pieds et il ressentait une certaine excitation à l'idée d'entrer dans ce lieu qu'on considérait comme hanté (même s'il était bien placé pour savoir que ce n'était pas le cas). S'il n'y avait pas eu Remus, qu'il aurait aimé dire à tout le monde qu'il y était allé ! Hélas, cela compromettrait tout.

Il sortit de ses pensées pour passer par dessus la barrière qui empêchait l'accès à la Cabane. Il ne put retenir un frisson en se retrouvant coupé du village et seul au milieu de la lande. Il traversa le terrain aussi vite qu'il pouvait malgré ses pieds qui s'enfonçaient dans la terre marécageuse. Enfin il parvint à l'entrée de la battisse délabrée.

Le bois moisi apparaissait sous le vernis craquelé. James appuya sur la poignée mais rien en se produisit. Il sortit sa baguette et murmura « Alohomora ». Rien. Pas un bruit. Elle n'était donc pas verrouillée mais seulement bloquée.

James soupira puis recula de trois pas avant de se ruer sur la porte. Il y eut un craquement et le jeune homme bascula en avant pour se retrouver allongé sur la porte. Il se redressa en grimaçant car son épaule en avait pris un coup et regarda autour de lui. Il se trouvait dans ce qui avait du être une entrée mais qui à présent n'était plus qu'une pièce délabrée et vide.

Il avança et jeta un Alohomora après avoir tenté en vain d'ouvrir une porte sur sa droite. Celle-ci s'ouvrit avec un grincement et James n'eut aucun doute quant à l'endroit dans lequel il se trouvait. La pièce dans laquelle Remus passait une nuit par mois. Il y avait un immense lit à baldaquin dans un coin de la pièce et une armoire contre le mur. Le lieu aurait pu avoir l'air presque normal si les murs et le parquet n'avaient pas été déchiqueté. James s'agenouilla et passa son doigt sur une des fissures. Il fronça légèrement les sourcils en songeant que les griffes d'un loup-garou devaient être très, très longues et acérées.

Il se redressa, plus sûr de lui et de ce qu'ils allaient accomplir que jamais.

Continuant son chemin, il déboucha dans un escalier. Il s'y engagea et arriva enfin dans le souterrain qui passait sous le Saule Cogneur. Il devait se plier en deux pour y entrer, mais à peu près n'importe quel animal de gabarie moyen devrait pouvoir y passer.

Il alla jusqu'au bout et sortit sa tête à l'air libre. Il se trouvait entre les racines de l'arbre. A sa droite se trouvait le château, silhouette silencieuse se dressant dans le ciel. A sa gauche, le chemin qui menait à la sortie. Et sur ce chemin … McGonagall.

James jura et s'empressa de faire marche-arrière. Il remonta à toute vitesse dans la cabane, verrouilla la porte de la chambre puis saisit la porte d'entrée pour la remettre en place et murmura « Reparo ».

Il partit en courant dans la lande, s'étala dans la boue et reprit sa course. Il s'engouffra enfin dans le souterrain pour Poudlard et déboucha dans le couloir. Il ôta sa cape après s'être assuré qu'il n'y avait personne. Il monta dans la tour de Divination où les garçons étaient encore en train de nettoyer les boules de cristal.

James adressa un petit sourire au professeur qui grommela quelque chose ressemblant à «J'espère que vous allez mieux». Le jeune homme s'assit près de Sirius et hocha la tête.

Un instant plus tard, McGonagall émergea brusquement dans la pièce et leur adressa un regard suspicieux. Les quatre élèves eurent un air des plus innocent et elle partit sans un mot.
James avait eu chaud.

Chapitre 5

Lily reprit le cours normal de sa vie, se partageant entre Severus et ses amies ainsi qu'elle l'avait toujours fait depuis quatre ans.

Le premier vendredi d'octobre, ils allèrent tous les deux s'installer au sommet de la tour d'Astronomie après le dîner. Il ne faisait encore pas trop froid et le temps était magnifique. Lily avait insisté pour profiter de cette dernière occasion avant l'hiver qui arrivait à grands pas.
La jeune fille eut un instant l'impression de nager dans un océan d'étoiles, elle aurait aimé prolonger ce moment mais la voix de Severus l'interrompit.

- Tu as reçu la Gazette ce matin ?

- Tu sais bien que je ne la lis pas, soupira-t-elle en ramenant son regard vers le jeune homme. Il y avait quelque chose d'important ?

- On a retrouvé une famille de sorciers morts à Liverpool. Il y avait la Marque des Ténèbres au-dessus de chez eux.

Lily se leva d'un bond, soudain mal à l'aise. Elle se mit à arpenter le sommet de la tour en songeant qu'il faisait froid.

- Pourquoi est-ce que tu me parles de ça ? Interrogea-t-elle en s'arrêtant devant son ami, toujours assit.
Il haussa les épaules :

- C'est important de savoir ce qu'il se passe. Je voulais savoir ce que tu en pensais.

- J'en pense que c'est horrible, que veux-tu que je ressente d'autre ? Qu'en penses-tu, toi ?

- La même chose, évidemment. C'était la famille de deux élèves.

Lily pâlit et s'interrogea un instant sur ce qu'elle ressentirait si sa famille était assassinée par Voldemort. Elle jugea finalement préférable de ne pas y penser.

- On sait pourquoi il a fait ça ?

- On ne sait jamais pourquoi il agit … murmura Severus les yeux dans le vague. Les pensées d'un Mage Noir sont inaccessibles pour tous.

La jeune fille frissonna. Il était inquiétant.

- Parce que tu t'y connais en mages noirs ?

Il releva la tête et sourit.

- Pas plus que toi.

Il y eu un instant de silence, puis il reprit la parole :

- On rentre ?

Elle hocha la tête et lui tendit la main pour l'aider à se lever. L'air ravi de Severus échappa à Lily.
Ils se séparèrent devant le portrait de la Grosse Dame et la jeune fille entra dans la Salle Commune bondée. Des premières années étaient amassés dans un coin et semblaient faire un tournoi de Bataille Explosive. Un groupe de filles de troisième année gloussait en jetant des regards furtifs vers la cheminée. La raison de ces coups d'œils était le bras de fer engagé entre Sirius et Remus. Coudes posés sur la table basse devant l'âtre, ils avaient roulés les manches de leur chemise et s'affrontaient, le visage tendu à l'extrême. Lily se demanda depuis combien de temps ils étaient là car ils étaient aussi rouge l'un que l'autre malgré leur bras immobiles. James, assis sur le canapé, les encourageait tandis que Peter sautillait dans tous les sens.

A la grande horreur de la jeune fille, Jenny était perchée sur l'accoudoir, c'est-à-dire dangereusement près de Potter, qu'elle couvait d'ailleurs du regard plutôt que de s'intéresser aux combattants. Lily passa derrière eux en se frayant un passage à travers la foule mais un cri de triomphe précipita tout le monde vers le canapé, l'empêchant de bouger. Elle se retrouva presque écrasée contre Jenny, obligée d'observer ce qui se déroulait devant elle. Remus avait finalement écrasé la main de Sirius sur le bois et tapait à présent dans les mains de ses amis en riant, tandis que Sirius, souriant de bon cœur, se frottait le bras. Il lança alors :

- James, à toi !

L'intéressé se redressa aussitôt et, ce faisant, aperçut Lily. Il se tourna alors vers elle et fit, un sourire carnassier étirant ses lèvres :

- Je joue, mais seulement contre Evans.

Lily sentit ses joues s'embraser et elle tenta de reculer mais la foule des Gryffondors la poussait vers le jeune homme en scandant son nom.

Finalement elle se résigna en silence, contourna le canapé et s'assit à la place de Remus, qui lui adressa un clin d'œil encourageant.

James s'installa en face d'elle et, comme ses amis, remonta ses manches. Lily enleva son pull, étant plus à l'aise pour un bras de fer en t-shirt, et Sirius siffla. Elle le fusilla du regard et posa son bras sur la table d'un air déterminé. Elle n'allait pas se laisser faire, malgré ses réticences des minutes précédentes.
Son adversaire haussa légèrement les sourcils en voyant les doigts fins qui s'agitaient sous son nez, essayant d'être menaçants. Lily se contenta de lui adresser un visage fermé et referma les doigts sur la main du jeune homme. Celui-ci lui jeta un regard furtif pour voir si ce contact lui faisait quelque chose mais elle ne broncha pas.

Sans vouloir s'avouer qu'il était déçu il demanda :

- C'est parti ?

- C'est parti, acquiesça-t-elle en lui jetant un bref coup d'œil.

Sans attendre plus longtemps, il commença à forcer.

Lily accusa le coup mais tint bon. Elle capta l'air surpris de James et lui fit un sourire angélique. Son père adorait jouer à ça avec ses filles. Pétunia avait vite protesté mais cela faisait toujours rire sa sœur, qui s'y pliait de bon cœur.

Elle appuya sur le main de James et vit les muscles du jeune homme se tendre tandis qu'il serrait un peu la mâchoire. Ce que Lily ne tarda pas à faire lorsqu'il riposta avec force. Son bras descendit de plusieurs centimètres et la foule, jusqu'alors silencieuse, poussa un cri. Lily parvint à regagner un peu de terrain mais elle devait bien s'avouer que James était le plus fort. Elle résista encore quelques minutes et finalement abdiqua.

Son poing s'écrasa sur la table et James relâcha enfin la pression. Il poussa un hurlement victorieux tandis que tout le monde applaudissait.

Lily se leva aussitôt dans l'intention de se carapater vite fait mais une main saisit son poignet. Elle se retourna en soupirant et lâcha :

- Écoute Potter, on a bien joué, tu as gagné, je peux aller me coucher maintenant ?

- Tss tss, ne sois pas désagréable Evans, je comptais te féliciter en plus, répondit son interlocuteur en s'approchant d'elle. Je connais peu de personne qui résiste à ma force. Mais puisque tu le prends comme ça, soit. J'imagine que discuter avec Servilus doit être exténuant étant donné qu'il faut retenir sa respiration pour ne pas respirer son odeur.

Lily le considéra un instant en silence puis, avant qu'il ait pu faire un geste, elle lui balança un coup de genou bien placé et fendit la foule incrédule sans faire attention au cri un peu trop aigu qui échappa au jeune homme.

Elle grimpa en hâte les escaliers du dortoir, furieuse, et ouvrit à la volée la porte de sa chambre. Elle se mit en pyjama en pestant contre cet « abruti de Potter » et repoussa ses couvertures pour se coucher.
Elle poussa un hurlement lorsqu'elle vit un flot d'araignées noires et velues s'échapper de sous ses draps pour se répandre dans la chambre. Elle se réfugia sur la lit de Jenny, baguette en main, hésitant sur la conduite à tenir : continuer à hurler ou toutes les brûler au risque de faire cramer la chambre ?

Finalement elle n'eut à faire ni l'un ni l'autre : Margaret fit irruption à ce moment là et cria à son tour lorsque les bestioles commencèrent à passer entre ses pieds. Elle commença à sautiller pour les écraser et finalement beugla :

- Lily mais qu'est-ce que c'est que ça ?!

- J'en sais rien ! Répondit celle-ci en se détendant légèrement.

Les araignées semblaient avoir compris que la seule issue possible était la porte et elles dégringolaient à présent les escaliers. Il y eut des cris en bas et un rire sonore éclata, trop souvent entendu pour que Lily ne puisse le reconnaître : c'était celui de James.

Or James lui rappelait ... le coup des chaussures ! Elle n'y pensait plus, mais c'était sans doute là sa vengeance. Comme les araignées étaient parties, elle se dirigea vers son lit tandis que Margaret approchait, et retira tout à fait ses couvertures à la recherche d'un quelconque indice sur la façon dont les bêtes étaient arrivées là.

Un morceau de parchemin voleta alors dans l'air jusqu'à ce que Margaret l'attrape. Elle lut en fronçant les sourcils :

- « Un partout ». Qu'est-ce que ça veut dire?

Lily lui prit le papier des mains et secoua la tête, un petit sourire flottant sur les lèvres.

- Que Potter a décidé de jouer à un jeu dangereux.

James se laissa tomber sur son lit en souriant et croisa les bras derrière sa tête. L'arrivée de dizaines de petites araignées noires dans la Salle Commune avait prouvé que sa vengeance avait fonctionné.
Sirius, dans le lit d'à côté, se redressa sur un coude et interrogea :

- Où les as-tu trouvées ?

- Je suis allé voir Hagrid et je lui ai fait croire que Laverlane en avait besoin pour une quelconque maladie de plante. Hagrid étant ce qu'il est, il en avait tout un tas. Ensuite, j'ai juste eu à monter dans sa chambre avec mon balai.

- Brillant, fit son ami en tombant sur le dos, un immense sourire sur les lèvres. Tout à fait brillant.
- Et pour une fois ça n'avait rien d'affreusement méchant, commenta Remus, assis sur sa malle en train de potasser un bouquin de Sortilèges.

- Hé, elle a balancé mes chaussures par la fenêtre, j'aurais eu le droit d'être méchant !

Son ami referma son livre d'un geste sec et sourit :

- Pas faux. N'empêche, elle a du cran. C'est bien la seule personne qui s'oppose à toi en dehors de nous.
- J'appellerai plutôt ça de l'inconscience, rétorqua James. Tout le monde sait ce qui est arrivé aux quelques personnes qui ont osé faire ça.

- Quoi, finir stupéfixé dans un placard ? Si tu veux mon avis il en faut plus pour effrayer Lily Evans.

Le brun se redressa et fusilla son ami du regard :

- Je rêve ou tu prends sa défense ?

- Je suis réaliste, répondit Remus en haussant les épaules.

James le fixa encore quelques instants puis s'affala de nouveau sur son matelas. Il y eut un silence tendu puis la voix de Peter se fit entendre :

- Tu es prêt pour le match de Quidditch James ?

L'interpellé se sentit aussitôt de bien meilleure humeur. La saison de Quidditch commençait le lendemain. Autrement dit, des filles hystériques allaient commencer à lui courir après et il serait saluer comme le héros de Gryffondor.

- Évidemment !

James se leva aux aurores, comme toujours avant un match. Il descendit avaler un petit-déjeuner consistant et fut bien vite rejoint par les autres membres de l'équipe. Le capitaine, Sam Crowley, un septième année immense et musclé, s'installa près de James et commença à chipoter avec un morceau de pain. Finalement au bout de dix minutes il lança :

- Je vous veux tous au stade dans cinq minutes !

Il ne tint pas compte des protestations de ses joueurs et sortit à grands pas.

- Il faudra qu'on m'explique un jour pourquoi il est toujours si stressé, marmonna James en se levant, un croissant dans la main.

Il saisit son balai et le posa sur son épaule avant de sortir de son éternelle démarche nonchalante. Les autres membres de l'équipe ne tardèrent pas à le suivre. Il entendit leur voix s'affaiblirent de plus en plus à mesure qu'ils s'approchaient du stade. James songea, moqueur, qu'il n'y avait pas que Sam qui appréhendait. Lui-même stressait à peine. Il attrapait toujours le Vif d'Or.
Enfin presque.

Après un temps interminable passé à écouter Sam déblatérer sur l'importance de gagner ce match contre Serdaigle ils se levèrent enfin pour entrer dans le stade.

James passa sa main dans ses cheveux, remit son balai sur son épaule et sortit le dernier, offrant un sourire éclatant et dans le plus pur style Potter à la foule, qui répondit par un cri hystérique. Et indubitablement féminin.

Lily s'assit dans les gradins au moment où le jouèrent pénétrèrent sur le terrain. Val, Jenny et Margaret étaient parties avant elle car elle tenait à finir de rédiger un devoir de métamorphose. Elle avait fini par les retrouver au milieu de la foule.

Lorsque James fit son entrée, Jenny poussa un hurlement et se mit à scander :

- Po-tter ! Po-tter !

Elle fut bientôt rejointe par d'autres filles et Lily eut envie de s'enfuir en courant. Elle était ridicule. Tout simplement ridicule.

Finalement l'arbitre, M. Trainn, leva la main et la foule se tut. Les capitaines se serrèrent la main et, comme d'habitude, tout le monde put sentir la haine qu'ils dégageaient l'un pour l'autre. Haine qui n'existait qu'au Quidditch car en dehors du stade ils s'entendaient bien.

Enfin, le coup de sifflet tant attendu se fit entendre et les joueurs décollèrent d'un coup de pied.
Lily détestait voler, mais elle devait avouer qu'elle adorait regarder un match. Même quand il y avait Potter dans la partie.

Le match s'avéra aussitôt sans merci. Un deuxième année surexcité faisait le commentaire d'une voix suraiguë. Lily s'étonna tout d'abord qu'un élève si jeune s'en charge mais le garçon semblait s'y connaître parfaitement en Quidditch.

Le Souaffle passait de main en main à une vitesse affolante mais le petit Arthur parvenait à tenir le rythme.

- Ranger-Swift-Bawley-Craft-Bawley-Ranger et .. GRYFFONDOR MARQUE !

Une ovation s'éleva des gradins tandis que le gardien de Serdaigle remettait la balle en jeu. Thomas Swift, un Serdaigle de quatrième année, parvint à prendre la balle à Héléna Bawley et fila à toute allure vers les buts adverses. Martin Ranger et Héléna se lancèrent à sa poursuite mais la jeune fille se prit un Cognard de plein fouet.

Lily retint un cri en la voyant basculer de son balai. James, qui volait au-dessus du terrain, descendit en piqué et la remit d'aplomb. Au même instant « Serdaigle marque! » retentit.
Lily se tassa dans son siège. Le Souaffle volait de nouveau dans tous les sens. La partie promettait d'être mouvementée.

Une heure plus tard, Serdaigle menait de 70 à 50. Gryffondor avait dû demander un temps mort car Héléna avait failli s'évanouir. L'infirmière avait fait ce qu'il fallait et le match avait repris, mais l'équipe en rouge et or semblait avoir perdue un peu d'aplomb.

James tournait toujours au-dessus des autres joueurs, ainsi que l'attrapeuse de Serdaigle, une blonde de cinquième année nommée Elsa.

Alors qu'un autre but de Serdaigle était annoncé, le jeune homme plongea soudain. Le Vif d'Or brillait au centre du terrain. Tous les élèves de Gryffondor lâchèrent une exclamation et se tendirent, dans l'expectative.

James fonçait à toute allure vers le sol. Il redressa soudain son balai et prit un virage en épingle à cheveux. Elsa le talonnait et ils se retrouvèrent bientôt au coude à coude, bras tendu. Alors qu'ils semblaient foncer dans le décor, ils remontèrent en flèche. Le Vif d'Or scintillait au-dessus d'eux, et aucun ne semblait prêt à perdre du terrain.

James se mordit la lèvre. Il pouvait tenter quelque chose, mais c'était complétement fou et risqué... Oui, cela lui plaisait.

Il attrapa le bout de son balai, le serra de toute sa force puis... se projeta en avant. Alors qu'il basculait dans le vide, il sentit sa main se refermer sur la petite boule dorée.

Son bras lui donna soudain l'impression d'être en feu et il ouvrit le yeux. Elsa lui attrapa les pieds et les posa sur son propre balai. Il la remercia d'un signe de tête et parvint à reprendre sa place. Les cris de la foule l'emplissait d'une choix immense tout en gonflant son égo déjà imposant. Une fois encore il avait réussi, en faisant en plus un coup d'éclat.

Il se posa au sol et fut aussitôt prit d'assaut par une foule de supporters et par les membres de l'équipe. Sam le saisit par les épaules et hurla en le secouant :

- Tu es complètement dingue ! COMPLETEMENT !

Puis, il le serra dans ses bras.

James se mit à rire et parvint à se dégager, pour aussitôt tomber dans les bras de quelqu'un d'autre. Jenny.

Jenny qui lui sauta au cou et l'embrassa sans autre forme de cérémonie.

Chapitre 6

Lily se leva en même temps que tous les Gryffondors lorsque James se jeta dans le vide (enfin presque) pour attraper le Vif d'Or. Un rugissement de joie s'éleva des gradins lorsque la voix du commentateur, atteignant des longueurs d'ondes jusque-là insoupçonnées, hurla que les Lions avaient gagnés.

Ce fut aussitôt la ruée vers le terrain. Jenny se fraya un passage à coups de coude au milieu des jeunes gens et disparut bientôt dans la foule. Val tenta vaillamment de la suivre et Margaret resta aux côtés de Lily.

La brune n'avait jamais nourri une passion fulgurante pour le Quidditch aussi n'avait-elle aucune envie de se presser au milieu de joueurs en sueurs et de fans survoltés. Quant à Lily, elle n'aimait pas faire la groopie. Aussi restèrent-elles dans les gradins, tranquillement appuyées à la rambarde.
Elles commentaient en riant les agissements du groupe au sol lorsqu'elles virent une chevelure blonde foncée sur Potter pour se coller à lui en ce qui ressemblait bien à un baiser.

Bouches bées, elles se regardèrent puis Lily lâcha :

- Je rêve ? Jenny n'est pas en train d'embrasser l'Abruti ?

Margaret prit un air désespéré, saisit son amie par les épaules et se mit à la secouer comme un prunier en braillant :

- Elle est folle ! FOLLE !

La rousse éclata de rire et se mit à la chatouiller. L'attaque eut un effet immédiat et Maggy partit en courant vers les escaliers. Elle était affreusement chatouilleuse.

Lily prit le même chemin d'un pas plus calme, un sourire toujours sur les lèvres. Elle adorait quand son amie était comme ça, légèrement exubérante et capable de tout dédramatiser.

Parce que cela ne faisait aucune doute : il s'agissait d'un drame, un vrai, comme on n'en faisait plus depuis Racine. Il s'agissait même d'un Code Rouge.

Elle retrouva Maggy en bas des marches et elles reprirent le chemin du château, les hurlements des supporters résonnant encore derrière elles.

***

L'ambiance, dans la Salle Commune des Gryffondors, était au beau fixe. Après une après-midi à travailler plus ou moins sérieusement, les élèves pouvaient enfin célébrer dignement leur victoire. Autrement dit James et ses comparses étaient allés prendre des gâteux et du jus de citrouille aux cuisines puis avaient donné le coup d'envoi de la fête.

Le héros du jour était à présent assis sur le canapé, une tête blonde nichée contre son cou. Contrairement à son habitude, Jenny ne disait rien. Elle se contentait de jouer avec les doigts du jeune homme d'un air absorbé.

Ce silence arrangeait bien James qui tentait de faire une mise au point intérieure. Il ne comprenait toujours pas comment il en était arrivé là. Un mois plus tôt il la considérait comme une amie un peu envahissante, très mignonne mais également trop bavarde. Et puis elle s'était ruée sur lui.

C'était à partir de ce moment-là qu'il avait perdu le contrôle de la situation, ce qui lui déplaisait au plus haut point. En principe c'était lui qui choisissait une fille. Pas le contraire. Et en général il n'éprouvait aucun sentiment particulier pour l'heureuse élue. Qu'il larguait sans émotion au bout de deux ou trois semaines.

La première fois qu'il avait embrassé une fille, il était en troisième année. Jusque-là il se contentait de les impressionner et les considérait comme des pleurnichardes incapables de s'amuser. Lily Evans lui paraissait d'ailleurs le meilleur exemple.

Puis Sirius l'avait mis au défi d'embrasser une Serdaigle qui partageait leur cours de potion et à qui il n'avait jamais adressé la parole. Cela n'avait pas été compliqué pour James qui avait ainsi découvert un premier attrait aux filles.

Il avait largué la dernière (Amélia ? Il n'était pas sûr) juste avant les vacances d'avril. C'était cela la faille, il en était sûr. Il y avait trop longtemps qu'il n'était pas sorti avec une fille alors il avait refermé sans réfléchir ses bras sur la taille de Jenny lorsqu'elle avait pressé ses lèvres contre les siennes. A présent, il était coincé.

Tout le monde les avait vus. S'il la plaquait tout de suite, sa réputation auprès de la gente féminine serait ruinée à jamais. Si sortir avec un garçon qui avait déjà distribué ses faveurs à la moitié de la promotion pendant un temps convenable ne gênait personne, sortir avec un garçon qui embrassait une fille au milieu de toute l'école pour ensuite ne plus la fréquenter serait très mal vu.
Aucun doute, il était fait comme un rat. Jenny avait très bien calculé son coup. Il devait lui reconnaître le mérite de toujours réussir à avoir ce qu'elle voulait. Et puis elle était jolie. Et marrante. Oui, il devrait réussir à supporter la situation pendant deux ou trois semaines. Ensuite, il retrouverait sa liberté.

Satisfait de son conciliabule intérieur, il s'apprêtait à profiter pleinement de la situation lorsqu'une voix l'interpella :

- James, tu peux venir deux minutes ?

Il releva la tête et croisa le regard bleu acier de Sirius. Il se tenait à l'entrée de la Salle, les bras croisés. James haussa un sourcil en essayant de lui faire comprendre qu'il était occupé mais un pli de contrariété creusa le front de son ami.

Avec un soupir, le jeune homme se contenta de poser un baiser sur le front de Jenny et souffla «J'arrive » avant de se lever.

La jeune fille eut l'air surpris mais ne protesta pas lorsqu'il disparut dans le couloir derrière Sirius.

Cependant Jenny ne resta pas longtemps seule. A peine son tout nouveau copain était-il parti que ses trois amies se plantèrent devant elle.

Lily la vit froncer légèrement les sourcils et elle fit :

- Oui ?

- Dortoir. Maintenant, répondit Val avant de se diriger vers les escaliers, les deux autres filles trottinant derrière elle.

Une fois là-haut elles s'installèrent sur le lit de Margaret à part Jenny qui resta debout devant elles.

Avec l'impression d'être un juge, Lily lâcha :

- Potter ? James Potter ? Sérieusement Jenny ?

L'interpellée poussa un soupir exaspéré et rétorqua :

- Pourquoi ça te paraît si bizarre ? C'est le mec le plus génial que je connaisse.

Ses trois amies se jetèrent un rapide regard, atterrées par le niveau d'engouement auquel en était Jenny puis Val reprit l'interrogatoire :

- Et ça t'es venu comme ça de lui sauter dessus au milieu de toute l'école ?

La blonde rougit furieusement mais ne se démonta pas.

- Quand je veux obtenir quelque chose j'y arrive, qu'importe les méthodes à employer.

- Ouais enfin pour un abruti pareil y a des limites, marmotta Lily, agacée.

Seul le silence lui répondit. Elle releva la tête et croisa le regard froid de Jenny. Elle frissonna car la dernière fois que son amie l'avait regardée comme ça, elles se détestaient.

- Si tu faisais un minimum attention à lui tu verrais à quel point il est gentil.

- Gentil ? Tu te fous de moi ? Il passe son temps à attaquer tout le monde !

- Il s'amuse Lily ! Mais comme tu passes ton temps à travailler j'imagine que c'est un concept un peu difficile à envisager pour toi.

La rousse inspira profondément pour ne pas s'énerver et répondit :

- Jen', tu sais très bien que c'est faux. Et n'essaies pas de me faire croire que ce que fait Potter à Severus est juste pour s'amuser.

A son grand étonnement, son amie rougit de nouveau et cria :

- Bien sûr que non ! Tu sais pourquoi il fait ça ? Pour que tu le remarques ! Mais non, Miss Evans préfère cet horrible Servilus !

Ce fut au tour de Lily de s'empourprer. Décidant de ne même pas envisager ce que Jenny sous-entendait, elle ne retint que le dernier mot.

- Ne l'appelle pas comme ça !

- Et pourquoi pas ? Tout le monde le pense ! Même Val et Maggy même si elles sont trop gentilles pour le dire ! Mais j'en ai assez d'être gentille Lily. Surtout quand je sais très bien que mon copain passe sa vie à te dévorer des yeux.

- Jenny il me déteste ! Comment peux-tu …

- Non, coupa sèchement la blonde. Si tu faisais attention à lui il serait adorable avec toi.

Lily avait l'impression d'étouffer. Incapable de répondre, elle vit Jenny sortir à grands pas, poursuivie par Margaret.

Elle replia ses genoux contre elle et murmura à Val, restée près d'elle :

- Tu te rappelles quand on ne pouvait pas se voir à notre entrée à Poudlard ?

- Evidemment, rit doucement son amie. Entre Maggy qui était trop timide pour parler et Jenny et toi qui étiez incapables de communiquer ensemble, l'ambiance était assez tendue.

- Rappelle-moi comment on a réglé ça ?

- Je crois que c'est après que tu aies passé une soirée à danser sur ton lit parce que tu n'avais pas envie de travailler.

Le rire de Lily retentit quelques instants avant de mourir subitement.

- Je ne suis pas sûre que la même technique remarche…

- Elle est jalouse. Ça passera.

- Justement, c'est ça qui me tue le plus. Qu'elle soit jalouse à cause d'un garçon que je déteste et qui me le rend bien.

- Tu sais, elle n'a pas tort, commença Val, mais son interlocutrice leva la main pour lui signifier de se taire :

- Chut, pas un mot. Je ne veux pas le savoir.

Val soupira et renonça. Il était difficile de savoir qui de Jenny ou Lily était la plus têtue.

James haussa un sourcil en voyant Peter dans le couloir. Cependant Sirius continua son chemin et le petit blond lui emboîta le pas. Enfin il entra dans une salle vide du cinquième étage et ferma la porte derrière James. Tirant des chaises au milieu de la pièce, il s'assit et attendit que James et Peter fassent de même. Enfin, il ouvrit la bouche :

- C'est la pleine lune à la fin de la semaine prochaine et on a à peine avancé depuis la rentrée.
Il fusilla du regard James qui leva les mains en signe de protestation :

- Pas ma faute ! Si Evans n'avait pas eu une soudaine poussée de rébellion je ne me serais pas endormi.
Sirius soupira et reprit :

- Passons. En principe on y est, mais il faut qu'on s'entraîne. J'ai noté tout ce qu'il faut si jamais il y a un problème, mais je ne sais pas si on arrivera à réparer ce qu'on a fait. Ce qui veut dire qu'on a des chances d'être renvoyés de Poudlard et de passer devant le Magenmagot.

James haussa un sourcil et lança, sarcastique :

- Depuis quand as-tu peur, Sirius ?

- Je vous rappelle juste ce qu'on risque, je n'ai jamais dit que j'avais peur, rétorqua l'intéressé, piqué.
- Peter ? Toujours partant ? interrogea le brun en se tournant vers son ami.

- Si vous en êtes, j'en suis ! s'exclama le jeune homme en souriant.

- Bien, Remus est de garde dans trois jours, on aura donc trois heures devant nous, expliqua Sirius. James, tu as intérêt à être là.

- Mais pourquoi on me prend toujours pour le glandu de service ?

- Parce que seule ta petite personne t'intéresse, quoique tu en dises, soupira-t-il en se levant. Faut qu'on rentre fissa avant que Remus se rende compte de notre absence.

James les laissa partir, agacé. Il détestait quand Sirius avait des élans de bons sentiments tout à fait hors de propos compte tenu du fait qu'il le suivait dans toutes ses idioties. Alors qu'il partait, une idée lui traversa l'esprit : était-il jaloux à cause de sa relation avec Jenny ?

Il essaya de se rappeler certains signes qui auraient pu manifester son attirance pour elle, mais il avait beau se creuser la tête, il ne trouvait rien.

Si ce n'était pas ça, alors qu'avait-il ? Ils étaient toujours d'accord d'habitude, toujours fourrés dans les mêmes coups. Ils saisissaient toujours la moindre occasion de se faire remarquer et n'avaient plus besoin de se concerter pour savoir qu'ils avaient la même idée. Une fille allait-elle tout gâcher ?

Tiraillé entre le fait qu'il voulait préserver sa réputation et sa tristesse quant à l'attitude de Sirius, il s'engagea dans le couloir de Gryffondor.

Lily releva la tête en entendant des pas dans l'escalier. Un instant plus tard le joli visage de Margaret apparut. Elle soupira et vint s'asseoir à côté de Val.

- Je ne le l'ai pas trouvée. Elle a dû rejoindre James.

- Tant mieux, commenta Lily. Il faut qu'on s'organise.

Ses deux amies la dévisagèrent, l'air perplexe.

Avec un soupir, la jeune fille expliqua succinctement:

- Code Rouge !

Un gémissement lui répondit tandis que Maggy tombait en arrière sur le lit, bientôt suivie de Val.

- On va devoir la suivre tout le temps… commença la première.

- … Et la voir se bécoter avec l'autre pendant des heures ! acheva la seconde.

- Mais justement ! Le but du Code rouge c'est de régler cette situation le plus vite possible !

- Pas faux, mais tu avoueras que c'est vraiment insupportable, commenta Val.

- On a très bien survécu la dernière fois, remarqua Lily.

Les deux filles se jetèrent un regard de connivence et Margaret fit :

- Oooooh ma guimauve en chocolat !

- Oooooh ma tartine de confiture, comme je t'aimeuh ! répondit son acolyte.

Puis, elles éclatèrent de rire, bientôt suivie de Lily.

La seule et unique fois où elles avaient dû appliquer le Code rouge elles étaient en troisième année. Jenny sortait avec un Poufsouffle qu'elle ne connaissait pas deux semaines auparavant aussi ses amies avaient-elles décidé de tout faire pour qu'ils rompent et elles avaient appelé leur plan Code Rouge.

Chacune leur tour ou tout ensemble elles avaient collé le couple et avaient donc dû supporter toutes leurs niaiseries d'un romantisme douteux.

- Vous voyez, on en garde un super souvenir ! lança Lily lorsque son fou rire fut passé.

Aussitôt calmées, ses deux amies la fusillèrent du regard.

- Liiiiil's, pitié !

Pour tout réponse, la jeune fille croisa ses bras sur sa poitrine et et haussa les sourcils, l'air de dire «Un problème ? ».

Finalement Val soupira profondément et plaqua l'oreiller sur sa tête.

- Si je fais une crise de nerf, tu seras entièrement responsable.

- T'inquiètes pas, je t'apporterai de la tarte aux fraises jusqu'à ce que tu ailles mieux.

- Trop aimable.

La jeune fille se redressa soudain et interrogea :

- Comment comptes-tu éloigner Jenny de James si vous ne vous parlez plus ?

Lily fronça le nez et se leva d'un air décidé :

- Personne n'a dit qu'on ne se parlait plus.

Puis sans rien ajouter, elle sortit.

Alors qu'elle arrivait dans la Salle Commune, toujours en pleine effervescence, elle tomba sur Remus qui lui demanda :

- Tu n'aurais pas vu Sirius et Peter ? Je leur ai dit que je montais chercher un pull et quand je suis revenu ils n'étaient plus là …

- Vraiment ? fit Lily, surprise. Vous êtes toujours collés les uns aux autres d'habitude.
Il grimaça légèrement et elle se rendit compte de sa gaffe. Rougissant horriblement, elle décida de détourner la conversation et balbutia :

- Est-ce que Jenny est passée ?

Il fit un geste vague vers la porte en grommelant un « Oui » puis s'éloigna vers les dortoirs.
S'en voulant affreusement, elle sortit.

Comme elle se baissait pour passer le portrait, elle ne vit pas les garçons qui venaient en sens inverse et rentra de plein fouet dans Sirius.

Elle cligna plusieurs fois des yeux devant la chemise du jeune homme avant de lever les yeux. Elle croisa son regard narquois et s'écarta aussitôt en songeant que c'était sa soirée.
- Alors Evans, on ne regarde pas où on va ?

- Le sol était tellement plus intéressant que toi que je ne t'avais pas vu, rétorqua-t-elle avec un charmant sourire.

Aussitôt, elle enchaîna :

- J'espère pour vous que vous aviez quelque chose d'important à faire, parce que Remus va vous étriper.
Puis, elle planta là un Sirius légèrement perplexe.

N'ayant absolument aucune idée de l'endroit où Jenny et James pouvaient bien être, elle prit un couloir au hasard, descendit au troisième pour remonter de trois étages ensuite. Alors qu'elle allait renoncer, il lui sembla entendre quelqu'un pleurer.

Surprise, elle s'avança sans bruit jusqu'au bout du couloir et aperçut alors une fille assise par terre, ses cheveux blonds bouclés cascadant sur ses épaules et couvrant son visage. Les genoux repliés contre la poitrine, elle sanglotait doucement.

Chapitre 7

Après avoir hésité sur la conduite à tenir, Lily s'approcha finalement. La fille releva la tête et Lily reconnut une fille de Serdaigle de son année, Alice lui semblait-il.

Les joues striées de larmes, elle fixait la rousse d'un air suppliant, espérant visiblement qu'elle s'en aille. Cependant, Lily s'assit près d'elle sans un mot. Elle ne la connaissait qu'à peine mais elle n'avait aucune envie de l'abandonner là.

Après quelques minutes de silence, elle lança :

- Il est sympa ce couloir.

Alice rit un peu, renifla, et demanda d'une petite voix :

- Pourquoi restes-tu là ?

Son interlocutrice tourna la tête vers elle et sourit :

- C'est tellement glauque que je me voyais mal te laisser là. Imagine que le Baron Sanglant passe, ce serait juste carrément flippant.

Un petit éclair de soulagement passa dans les yeux bleus foncés de la jeune fille et Lily en fut quelque peu surprise. Pourquoi paraissait-elle si contente d'être avec quelqu'un qu'elle connaissait à peine ?

- C'est sûr. Mais je me suis dit que cet endroit était suffisamment désert pour qu'on ne me trouve pas.
- Désolée, c'est raté ! De quoi te caches-tu ?

Alice grimaça et ferma les yeux.

- Des questions. De moi-même peut-être.

- Tout ça m'a l'air très compliqué.

- Un peu. Mais toi, comment es-tu arrivée là ?

- Oh je cherchais une blonde et un brun en train de se rouler des patins mais être avec toi est plus reposant étant donné que ma rencontre avec le couple en question aurait sans doute tournée au pugilat.
- Ca a l'air tout aussi compliqué.

- Un peu, rétorqua Lily avec un petit sourire. Ca va mieux ?

La blonde hocha la tête en soufflant un petit « merci ».

- Parfait. Tu devrais aller te coucher. Je sais qu'on se connait à peine mais n'hésite pas à venir me voir, d'accord ?

- Merci, répéta Alice en se levant avant d'aider Lily à faire de même. Je suis contente de t'avoir… croisée. Je crois que j'avais besoin de parler à quelqu'un qui n'a aucun rapport avec tout ça.

- A ton service !

Lily s'engagea sur le chemin du retour mais Alice lança :

- De Frank ! Je me cache de Frank.

La rousse se retourna, surprise. Seulement, le couloir était vide.

Essayant de rassembler ce qu'elle savait de Frank Londubat et de son éventuelle relation avec Alice, elle marchait en pilotage automatique. Ce fut des rires qui la sortirent de ses pensées. Elle se retourna mais ne vit personne. Perplexe, elle fit un tour sur elle-même. Il n'y avait décidément personne.
Cependant, les rires reprirent. Et ils semblaient venir … De derrière une tapisserie. Surprise, elle s'approcha. Elle qui pensait connaître tous les coins cachés de Poudlard ! Elle posa ses doigts sur le tissu au moment où une fois grave se faisait entendre derrière. Une voix qui était celle de Potter.
Balayant tous scrupules, Lily écarta d'un geste brusque la tapisserie, qui révéla le couple assis par terre dans un passage sombre.

Ils la fusillèrent du regard et elle leur adressa un charmant sourire en retour.

- Excusez-moi de vous déranger, il faut absolument que je parle à Jenny.

L'intéressée haussa un sourcil hautain et Lily fit d'une petite voix :

- Pitié ?

Avec un soupir, Jenny s'arracha à l'étreinte de James et se leva.

- T'as de la chance que je sois gentille, marmonna-t-elle en suivant Lily dans le couloir.

La jeune fille se retint de répondre et entraîna son amie jusqu'à un endroit d'où Potter ne pourrait pas les entendre.

- Je suis désolée, fit-elle avec un air contrit qu'elle espérait convainquant. Je n'aurai pas du dire ça sur lui alors que je savais que ça te blesserait.

Jenny prit un air stupéfait puis se mit à rire.

- Lily qui s'excuse de s'être foutue de James, ça c'est une première !

- Eh ça n'a aucun rapport avec lui, je le considère toujours comme un crétin mais je … conçois que tu veuilles sortir avec lui.

- Trop aimable, répliqua-t-elle avec un petit sourire. Et je suis désolée pour Severus. Je le trouve toujours antipathique mais je t'aime quand même.

Lily éclata de rire puis serra son amie contre elle.

- Je déteste me disputer avec toi, Jen', surtout que tu es capable de mettre toute l'école de ton côté.

- Merci de reconnaître mon mérite !

La rousse se sépara de son amie retrouvée et lança en la poussant vers la tapisserie :

- Allez, retourne à tes occupations ! Considère ça comme ma bénédiction. Et juste une chose : ça ne te dérange pas si je reprends mes relations habituelles avec Potter ?

Jenny se retourna en lançant :

- Vis ta vie Lily !

Puis elle s'engouffra sous la tapisserie.

Satisfaite et sincèrement heureuse de s'être réconciliée avec la jeune fille, Lily entra enfin dans la Salle Commune.

***

James se passa la main dans les cheveux sans que, pour une fois, cela est un quelconque rapport avec la drague. Il était même à mille lieux de ce genre de pensées.

McGonagall leur avait collé un devoir maison pour le lendemain car ils avaient été soit disant insupportables. James trouvait ce qui s'était passé génial.

Sirius avait réussi à faire magiquement des avions en papier. Il en avait donc fait des centaines, avec l'aide de James, puis les avait ensorcelés au milieu de cours de Métamorphose avant de les lâcher dans la classe. Une véritable nuée de papier s'était abattue sur la classe, ce qui avait rendu leur professeur absolument furieux.

A présent il hésitait entre étrangler Sirius ou McGonagall car faire un traité sur la façon dont on changeait une boule d'aiguilles en hérisson ne lui plaisait pas plus que ça, d'autant plus que Remus devait faire ses rondes ce soir-là et qu'ils avaient donc des choses importantes à régler.
Les manches de sa chemise roulées jusqu'au coude et mordillant le bout de sa plume, il relut son devoir et le roula, satisfait. Ce n'était pas du grand art mais au moins c'était fait.

Il se leva, saisit son sac et se dirigea vers les escaliers. Ce faisant il passa près d'une table sur laquelle travaillait une jolie blonde à l'air concentré. Il se pencha, l'embrassa sur le sommet du crâne et continua son chemin. Encore un autre avantage à ce devoir inopiné : il lui fournissait une excuse parfaite pour ne pas être avec Jenny ce soir-là.

Lorsqu'il arriva dans sa chambre, Sirius et Peter étaient déjà là, le brun aidant le blond à terminer son devoir. Ils relevèrent la tête lorsque leur ami entra. Tout en allant vers son lit, il lança :

- Sirius, tu as droit à ma haine éternelle.

- Remercie-moi, tu auras au moins appris quelque chose cette année.

- Qui a dit que j'avais retenu quelque chose ?

Son ami rit et rétorqua :

- Tu es sûr d'avoir traité le bon sujet au moins ?

James s'apprêtait à répondre mais il ouvrit les rideaux de son lit au même moment, son devoir toujours en main. Sa voix s'étrangla dans sa gorge alors qu'un seau d'eau glacée lui tombait dessus.

Trempé jusqu'aux os, il n'entendit pas le fou rire qui prit Sirius et Peter. Il ramena lentement ses bras vers lui et considéra d'un œil vide son rouleau de parchemin dégoulinant. Il le déplia et se crispa. L'encre formait une sorte de tâche claire au milieu du papier.

Sans un mot, il fit volte-face et descendit quatre à quatre les marches. Arrivé dans la Salle Commune,il fouilla la pièce du regard puis voulut s'engager dans l'escalier qui menait chez les filles mais se retrouva aussitôt à plat ventre au milieu des Gryffondors abasourdis. Il se releva, se planta en bas du dortoir et hurla :

- EVANS !

Un gloussement général se fit entendre derrière lui. Le jour où Potter et Evans cesseraient de se disputer serait à marquer d'une pierre blanche.

Cependant comme personne ne répondait, James beugla encore plus fort :

- Par Merlin, EVANS !

Finalement un rire retentit. Un avion en papier surgit alors de la cage d'escalier, l'un de ceux créés par James et Sirius. Le jeune homme l'attrapa et le déplia prestement. Il y était inscrit « Deux à un. J'ai l'avantage Potter ! »

Alors, contre toute attente, James éclata de rire.

Il remonta dans sa chambre, un sourire étirant toujours ses lèvres, et tomba nez à nez avec Sirius et Peter.
- Le doux son de ta voix est monté jusqu'à nous alors on s'est dit qu'il devait se passer quelque chose d'intéressant, commenta Sirius alors que Peter gloussait derrière lui.

James lança son devoir trempé à la tête du blond et donna un coup d'épaule à l'autre pour passer avant de répondre :

- Figure toi que j'aime chanter la sérénade.

- Très drôle. Alors, quel est le rapport entre Evans et ta tête de chien mouillé ?

Le brun posa l'avion déplié sur sa table de chevet et commença à déboutonner sa chemise.

- Petites taquineries, t'occupe pas de ça. Alors, où en est-on ?

Sans répondre, Sirius tira la malle de Remus et la poussa contre la porte. Comme elle était bourrée de livres c'était la plus lourde.

Puis il sortit un parchemin de sous son oreiller et le brandit d'un air triomphant.

- Là ! C'est un sortilège informulé, comme vous le savez ou êtes censés le savoir. Qui veut bien servir de cobaye ?

James jeta un regard à Peter qui se ratatina contre son lit. Ses yeux tombèrent sur Sirius qui haussa un sourcil, un petit sourire ironique aux lèvres. Sentant qu'il le mettait au défi, le jeune homme tendit la main :

- Donne-moi ça !

Son ami s'exécuta en pouffant puis alla s'asseoir sur la malle qui bloquait l'entrée, bientôt rejoint par Peter.

James jeta une nouvelle chemise sur son dos sans la fermer et se planta au milieu de la chambre. Il prit une profonde inspiration, regarda ses amis puis lut enfin les mots écrit par Sirius. La formule défila dans sa tête et il ferma les yeux. Après un instant d'attente, il les rouvrit prudemment.
Sirius et Peter s'entre-regardèrent puis éclatèrent de rire.

James prit un air souverainement méprisant puis ferma les yeux et se répéta la formule. Rien, toujours rien. Il essaya, encore et encore, malgré les propositions de Sirius pour prendre sa place.
Mais alors qu'il allait abandonner, un frisson courut le long de son échine. Il se figea alors qu'une sorte de brouillard envahissait son cerveau. Il voulut ouvrir les yeux mais s'en trouva incapable. Son pouls s'emballa, mais il se rendit compte que cela n'avait aucun rapport avec la panique. Il ne ressentait aucune peur, simplement l'impression étrange qu'il s'était détaché de son corps.

Puis, aussi soudainement qu'il avait été assailli par cette multitude de sensations, il reprit pleinement conscience de lui-même. Il ouvrit enfin les paupières et eut un violent sursaut.

Le monde lui semblait étrangement jaune et déformé. Mais le plus perturbant étaient sans doute Peter et Sirius qui s'étaient levés et le dévisageaient, la bouche grande ouverte.

Il voulut parler mais aucun son ne sortit de ses lèvres. Le cœur battant, pressentant ce qui s'était passé, il leva la main. Seulement un sabot apparut dans son champ de vision.

Il fit quelques pas dans la chambre mais Sirius, apparemment remis de sa surprise bien qu'un peu pâle, lança :

- Essaie de reprendre ta forme humaine !

James baissa sa tête, qui lui sembla affreusement lourde, et parvint à déchiffrer la formule. Sa première tentative échoua et il se répéta les mots en boucle. Cette fois, il sentait la panique l'envahir : s'il n'y arrivait pas, qu'allaient-ils faire ?

Mais enfin, le même sentiment d'engourdissement le prit. Après quelques instants il reprit contact avec la réalité et croisa le regard bleu pétillant de Sirius juste avant qu'il ne se rue sur lui pour le serrer dans ses bras.

Sans transition il le poussa vers la malle et s'exclama :

- A moi !

***

Lily dérapa, se retint à un mur pour ne pas tomber et s'engouffra dans la salle de Potion au moment où Slughorn allait fermer la porte. Il lui adressa un sourire rayonnant sans faire aucun commentaire et se rendit devant son bureau.

La jeune fille se dirigea vers la salle place libre, près de Remus. Devant elle se trouvaient Jenny, Val et Margaret. Les deux dernières avaient sans doute commencé le plan Code Rouge. Satisfaite, elle se glissa sur le tabouret au côté du préfet qui lui sourit.

- Bravo pour hier soir, souffla-t-il.

Elle pouffa discrètement et sortit ses affaires tandis que Slughorn commençait à déblatérer sur les potions de Croissance.

- Il t'a raconté ?

- Evidemment ! Je suis rentré à vingt-trois heures de ma ronde mais ils étaient encore tous les trois debout. Je crois qu'il était surtout content d'avoir trouvé un adversaire à sa hauteur.

Très fière sans vouloir l'avouer, elle demanda seulement :

- Ta ronde s'est bien passée ?

- Rien à signaler, à part Peeves qui m'a poursuivi en me lançant des bananes.

Lily grimaça. Les rondes des préfets venaient seulement d'être mises en place pour cette année scolaire et la jeune fille n'en avait encore jamais faite. Cela l'angoissait au plus haut point.

- Il est insupportable, seul le Baron San…

- Miss Evans ! Si nos préfets ne respectent plus les règles, où allons-nous ?

Le rousse se figea et leva un regard effrayé vers son professeur. Cependant, il les couvait d'un regard amusé.

- Je serai magnanime pour cette fois, mais faites attention jeunes gens !

Les deux accusés hochèrent la tête en même temps et plongèrent le nez dans leur livre. Cependant deux minutes plus tard une boulette de papier se posa près de Lily. Surprise, elle la déplia et lut : « Tu as lancé un combat à mort, Mâdame la préfète ! ».

La jeune fille chiffonna le papier en tentant de ne pas rire. Elle le détestait mais, par Merlin, ce qu'elle s'amusait !

Chapitre 8

Dans la serre numéro 3, un jeune homme était avachi sur sa table, des bocaux crasseux posés devant lui. Il avait une éponge couverte d'une sorte de vase à la main mais il ronflait allégrement. Ses lunettes à moitié remontées sur le front, James dormait.

McGonagall l'avait collé tout le samedi après-midi car il n'avait pas rendu son devoir de Métamorphose, suite au tour de Lily. Le professeur Laverlane ayant besoin que ses bocaux à Veracrasse soient lavés, c'était James qui s'y collait. Seulement le jeune homme n'avait dormi que deux heures.

En effet comme Sirius, Peter et lui devaient accompagnés Remus ce soir-là, ils s'entraînaient d'arrache-pied à leur métamorphose. Si les deux bruns y parvenaient presque sans difficultés, Peter avait un mal fou à devenir un petit rongeur au poil soyeux. Ses amis venaient de passer la nuit à l'aider. Ils s'étaient couchés à cinq heures du matin, priant pour que Remus ne se soit pas réveillé. Merlin soit loué, il prenait toujours un somnifère la veille de la pleine lune afin d'avoir au moins une bonne nuit de sommeil derrière lui.

Ce n'était évidemment pas le cas de James qui s'était endormi comme une masse dix minutes après que Laverlane l'eut laissé dans la serre.

Le jeune homme grogna dans son sommeil et bougea le bras … Un bruit de verre brisé le tira brusquement de ses rêves et il se redressa, perdu. Tout était flou autour de lui.

Après un instant de flottement il finit par comprendre que c'est parce qu'il n'avait plus ses lunettes. Après avoir rectifié ceci, il contempla d'un œil vide les débris du seul bocal qu'il avait nettoyé. Ce faisant, son regard tomba sur sa montre. Dix-huit heure trente. Il fronça les sourcils puis lâcha un juron sonore. Il aurait dû être parti depuis une heure au moins ! Laverlane ne s'était pas soucié de savoir ce qu'il fabriquait.

Il marmonna un sort qui éparpilla les restes du bocal derrière quelques plantes (Peter étant maniaque, il avait l'habitude de ce genre d'opération) puis il partit en courant vers le château, sans se soucier outre mesure des dizaines d'aquarium qui lui restaient à nettoyer.

Remus partait en général vers dix-neuf heures. Il allait dans le bureau du Professeur Dumbledore puis un professeur l'emmenait sous le Saule Cogneur. Alors que James montait quatre à quatre les escaliers menant à la tour de Gryffondor, il se prit à repenser à la façon dont Sirius, Peter et lui avait découvert le secret de leur ami.

Cinq ans plus tôt

James se jeta sur son lit avec un grognement heureux. Demain, ils reprendraient le Poudlard Express, direction la maison ! C'était les vacances de Noël, et s'il adorait Poudlard, revoir ses parents lui faisait énormément plaisir.

Il tourna la tête vers lit d'à côté et croisa le regard bleu de Sirius, l'air tout aussi satisfait.
- Il faut qu'on fête dignement les vacances !

Aussitôt son ami se leva, les yeux pleins de malice.

- Tu penses à …

- La cuisine ? Bien sûr ! Maintenant qu'on sait où elle est, on va quand même pas s'arrêter là !

Sirius eut un sourire ravi et lança à Peter qui venait d'entrer :

- Peter, t'es d'accord ?

Le blond passa sa main dans ses cheveux et bâilla.

- D'accord pour quoi ?

- Faire la fête ce soir !

Il hocha la tête avec enthousiasme et jeta ses livres sur son propre lit.

- Pourquoi parliez-vous des cuisines ? interrogea-t-il en se perchant sur sa couverture.

- Hier James essayait de se planquer de Rusard et il s'est retrouvé dans un couloir peu fréquenté au rez-de-chaussée, qui se terminait en cul-de-sac, expliqua Sirius. Alors qu'il pensait qu'il était bloqué, il a vu une poire se tortillait sur un tableau !

Peter ouvrit de grands yeux et souffla :

- Noooon ? Et alors ?

James, très fier de lui, reprit le récit en main.

- Si je t'assure ! J'ai posé ma main dessus et elle a commencé à glousser, alors j'ai continué, d'autant plus que j'entendais le vieux arriver. Et là, le pan de mur sur lequel était accroché le tableau a pivoté ! J'ai pas réfléchis et je me suis rué à l'intérieur. Devine quoi ? C'était plein d'elfes de maison en train de préparer le dîner ! Ils m'ont offert des gâteaux et ils m'ont dit que je pouvais rester autant que je le voulais.

- Donc tu penses qu'ils nous donneront à manger ce soir ?

- J'en suis sûr !

Remus pénétra à cet instant dans la chambre. Pâle, les traits tirés, il adressa un petit sourire à ses amis. Sirius l'interpella et, tout excité, lui rapporta leur plan. Le garçon grimaça et répondit :

- Ce sera sans moi, je suis fatigué.

Ses trois amis se mirent aussitôt à protester mais Remus resta inflexible : qu'ils fassent la fête s'ils le voulaient, mais qu'ils ne l'obligent pas à participer. Dépités, ils continuèrent à programmer leur plan, avec peut-être un peu moins d'enthousiasme.

A l'heure du dîner, Remus déclara qu'il était malade et partit à l'infirmerie. Peu après vingt-et-une heure, Sirius et James s'éclipsèrent de la Salle Commune en se cachant sous la cape d'invisibilité et se rendirent aux cuisines. Ils en ressortirent les bras chargés de gâteaux puis décidèrent d'en déposer à Remus à l'Infirmerie. Seulement, alors qu'ils traversaient le Hall, deux ombres glissèrent le long des murs. L'une était clairement celle d'un adulte et la seconde celle d'un élève.

Les deux amis se jetèrent un regard surpris et, sans se concerter, suivirent les deux personnes qui sortaient dans la nuit. Elles s'approchèrent du Saule Cogneur. La plus haute silhouette leva la baguette et l'arbre cessa presque aussitôt de s'agiter. Puis, elles disparurent entre les racines.
James et Sirius prirent le même chemin, persuadés que c'était Remus qu'on emmenait.

Ils pénétrèrent dans un tunnel étroit et durent ôter la cape pour continuer à avancer. Seulement, alors qu'ils apercevaient une porte, l'adulte revint.

Les deux garçons se figèrent, le cœur battant à tout rompre. Ils passaient déjà pour les élèves les plus insupportables que Poudlard ait connus, mais jamais ils n'avaient craint l'expulsion. Cependant lorsque James vit la longue barbe d'Albus Dumbledore, il fit silencieusement ses adieux à l'école.

Ils attendirent que la sentence tome … Seul un bon sourire fleurit sur la figure du directeur.

- Mr. Potter, Mr. Black ! Je savais bien que je vous croiserais par ici un jour ou l'autre. Montons donc jusqu'à mon bureau, nous avons des tas de choses à nous dire. Nous allons également inviter Mr. Pettigrow à nous rejoindre.

Trop étonnés pour réagir, les deux garçons rebroussèrent chemin sans un mot puis suivirent le directeur jusqu'à son antre.

Un quart d'heure plus tard, les deux bruns sautillaient dans le bureau en hurlant qu'avoir un meilleur ami loup-garou était la chose la plus géniale au monde tandis que le blond, très pâle, tentait d'assimiler la nouvelle.

Le lendemain matin, Remus, mis au courant par le directeur que ses amis savaient tout, arriva très inquiet dans sa chambre. Il fut accueilli à coups d'éclairs au chocolat.

Retour au présent

James déboula dans la Salle Commune et rentra de plein fouet dans Lily qui sortait.
Ils s'écrasèrent sur la moquette rouge et la jeune fille jura avant de se mettre à le frapper. Le brun éclata de rire et roula sur le côté pour la laisser se relever. Il aurait bien profité de la situation mais il était pressé. En plus, il avait une petite amie officielle.

Lily se redressa et lui donna un léger coup de pied dans les côtes avant de s'éloigner en pestant entre ses dents contre les « crétins qui ne regardent pas où ils vont ».

James sauta sur ses pieds, débordant d'énergie après sa sieste improvisée. Il monta quatre à quatre l'escalier menant aux dortoirs et ouvrit la porte en braillant :

- C'EST MOI !

Il se prit un coussin dans la tête et le renvoya aussitôt à l'expéditeur, c'est-à-dire Sirius.

- Pas trop tôt. Allez, on va bouffer ! J'espère que t'as bien lavé tous les bocaux, parce que sinon c'est moi qui vais le faire.

James récupéra quelque chose dans sa malle puis ils descendirent ensemble.

- Qu'est-ce que t'as fait encore ?

- Tu n'as pas répondu.

- Toi non plus.

- J'ai repeint un couloir du troisième en rose. Alors, je vais me taper un boulot monstre ?

- Plutôt ouais, j'ai dormi pendant quatre heures.

Sirius éclata de rire alors qu'ils dévalaient les escaliers vers la Grande Salle.

- Qu'est-ce que t'as fait de Peter et Remus ?

- Ils travaillent à la bibliothèque.

Ils s'assirent finalement à la table des Gryffondors, vite rejoints par leurs deux amis. A dix-neuf heures Remus s'éclipsa avec un clin d'œil. Deux minutes plus tard ses trois amis filèrent un coin sombre du hall et disparurent dans un placard caché dans l'ombre. La porte se rouvrit quelques instants plus tard, mais personne n'en sortit. Du moins c'est ce que tout spectateur normal aurait cru.
Les trois jeunes hommes, difficilement cachés sous la cape (ils avaient pris un peu d'ampleur depuis leur première année), sortirent sans bruit dans le parc, déjà plongé dans la nuit. Ils se hâtèrent jusqu'au Saule Cogneur. Une brindille s'envola sans raison apparente et l'arbre s'immobilisa. Remus leur avait raconté par le menu comment il allait jusqu'à la Cabane Hurlante.
Enfin, ils disparurent entre les racines et purent ôter la cape.

Il était loin le temps où James et Sirius passaient sans problème dans le tunnel ! Ils devaient à présent marcher à quatre pattes. Sirius, en tête de file, put finalement se redresser et poussa la porte de la salle que James avait visitée quelques semaines plus tôt.

Peter referma la porte derrière lui puis ils se considérèrent quelques instants en silence. La pièce leur paraissait bien petite pour y être enfermés avec un loup-garou. Finalement, James lança :

- A tout à l'heure les gars !

Puis, après avoir rangé la cape dans sa poche, il se transforma après quelques secondes de concentration. Un magnifique cerf se tenait à présent à sa place, balançant sa tête en soufflant. Comprenant qu'il les pressait de faire comme lui, Sirius ferma les yeux et récita la formule. Il ne lui fallut pas plus longtemps qu'à James pour devenir un grand chien noir au poil luisant.

Peter déglutit en les voyant. Et s'il n'y arrivait pas ? Il inspira profondément et se lança. Les minutes s'écoulèrent sans que rien ne se passe et le blond paniquait de plus en plus, ce qui ne l'aidait pas. Finalement Sirius s'approcha et tapota son museau contre la main moite du jeune homme. Peter, affreusement pâle, sourit puis réessaya. Il lui fallut encore quelques instants mais, enfin, un petit rat soyeux courut sur le plancher sale et alla se cacher sous un meuble.

Sirius parvint à se glisser sous le lit mais James ne pouvait faire de même. Pourtant, il ne devait pas risquer d'être vu par l'adulte qui accompagnait Remus ! Après un instant d'hésitation, il se glissa dans l'ombre du grand lit, sa tête disparaissant sous les rideaux mités qui pendaient aux fenêtres.
Après un temps qui leur parut infini, la porte grinça et Remus entra, accompagné encore une fois du professeur Dumbledore. Le directeur adressa un sourire d'encouragement au jeune homme puis s'éclipsa. Un bruit de verrou indiqua qu'ils ne pourraient sortir tant qu'on ne viendrait les délivrer.
Remus alla à la fenêtre et regarda dehors, les traits tirés. Attendre de se transformer en bête féroce sans rien pouvoir faire devait être terrible.

Cette pensée poussa James à sortir de sa cachette. Se faisant, l'un de ses vois percuta la jambe de son ami. Celui-ci se recula précipitamment en laissant échapper un petit cri. James se dressa devant lui et reprit sa forme humaine sans trop réfléchir à ce qu'il se passerait si la lune apparaissait soudain.
Remus poussa de nouveau un cri, d'horreur cette fois. Si James restait là, il allait devenir comme lui, ou mourir ! Il avait à peine fait attention au fait que le cerf avait disparu pour laisser la place au jeune homme, trop angoissé par cette idée.

- Va-t'en ! James bon sang, pars tout de suite !

Son ami, au lieu de bouger, ferma les yeux … Et le cerf réapparut. Remus se figea, l'esprit de plus en plus confus. Au même instant, un grand chien noir sortit de dessous le lit.

Cette fois, il ne comprenait plus rien. Si James était un cerf, alors qui ce chien était sans doute quelqu'un…
- Sirius ?

Le chien pencha la tête sur le côté, l'air de rire « A ton avis, abruti ? »

Remus frissonna. Par Merlin, mais qu'est-ce que c'était que cette histoire ?

- Peter ? Tu es là ?

Un grattement se fit entendre puis le petit rat alla jusqu'au pied du jeune homme.
- Bien. Très très bien. Je suis un loup-garou, je vais me transformer d'une minute à l'autre et je suis dans une cabane avec mes trois amis qui se transforment à volonté. Oui, c'est parfait.

Les trois animaux le regardèrent d'un air perplexe qui déclencha la crise de nerfs que Remus sentait venir.

- MAIS QU'EST-CE QUE VOUS FOUTEZ LA ?

Le chien aboya ce qui ressemblait à un rire et s'assit tranquillement.

- Sirius je t'en prie ! Ça n'a rien de drôle ! Je vais vous tuer !

Le cerf secoua la tête.

- James ! Je sais que tu es complètement inconscient mais essaie de faire marcher ton cerveau pour une fois !

- Hé, je ne suis pas un crétin ! rétorqua le jeune homme en reprenant instantanément sa forme humaine. Ferme la Remus, tant que nous sommes des animaux tes morsures ne peuvent rien nous faire.
Sans attendre qu'il réponde, il se transforma de nouveau, en se demandant avec un peu d'inquiétude si ses multiples allers-retours entre humain et animal n'allaient pas pomper toute son énergie.

- Tu es sûr de toi ? interrogea Remus après s'être mordu la lèvre.

Le cerf hocha la tête et se mit à trotter en rond dans la pièce. Visiblement l'hyperactivité concernait aussi bien les hommes que les animaux.

Alors qu'il entamait son troisième tour, une soudaine clarté éclaira la pièce.

Remus tourna brusquement la tête vers la fenêtre et déglutit difficilement. La lune apparut derrière les nuages.

Le regard du grand chien croisa celui du cerf tandis que le rat allait se blottir contre l'un des piliers du lit. Ils étaient arrivés jusque-là. En sortiraient-ils ?

Un grognement attira leur attention. Remus avait la tête tendue vers le plafond. Les mâchoires serrées, les poings crispés, il tremblait de tous ses membres. Ses amis observèrent sa transformation souffrant en silence pour lui. Devenir un animagus n'entraînait aucun problème majeur. Etre un loup-garou était un long chemin de douleur.

La bête (James avait du mal à percevoir cet être hybride comme son ami) tourna la tête vers eux. Il gronda et approcha de Sirius. Celui-ci ne bougea pas et se laissa approcher. Le loup-garou approcha brusquement sa tête de la sienne et renifla. Il écarquilla brusquement les yeux et fit de même avec James puis Peter. Enfin, son regard passa sur ses trois amis. Dans les yeux qui, James n'en doutait pas, devaient en général être sanguinaire, ne se lisait qu'un intense soulagement.

Chapitre 9

Lily était exténuée. Elle se frotta les yeux et se pencha sur son devoir d'arithmancie.
Je déteste l'arithmancie. Vraiment, je déteste ça. Ou peut-être que si ces crétins arrêtaient de se marrer comme des tordus ça me plairait plus. Je vais tuer l'arithmancie. Enfin, le prof. Et ces abrutis aussi. Je vais étriper la terre entière et peut-être que comme ça j'aurais le …

- SILENCE !

Tous se tournèrent vers l'auteur du braillement qui venait de figer les activités de toutes les personnes présentes dans la Salle Commune. Lily avait obtenu le silence. Mais un silence stupéfait. Environ deux secondes plus tard, des rires éclatèrent puis le brouhaha reprit de plus belle. La jeune fille laissa échapper un cri de frustration, ferma son livre sans aucune douceur, ramassa ses papiers et sortit au pas de charge … du moins en avait-elle l'intention.

Un bras se matérialisa devant elle et elle s'immobilisa juste à temps pour ne pas rentrer dedans de plein fouet. Un sourire brilla dans l'ombre et elle lâcha un soupir exaspéré en rencontrant les yeux de James Potter. Il ne s'était pas encore venger du seau d'eau au-dessus de son lit et Lily se demandait si ça allait finalement lui tomber dessus.

- Tire-toi Potter, ou je te frappe.

- Dois-je te rappeler que c'est ce que tu passes ton temps à faire ?

- Peut-être parce que tu passes ton temps à te mettre en travers de mon chemin.

Il sourit de plus belle.

- Si tu résistais moins j'arrêterai de le faire.

- Je vais vraiment te frapper, gronda-t-elle sans relever sa remarque.

- Vas-y, te gènes pas.

Lily inspira profondément en serrant les lèvres. J'étriperai tout le monde et Potter sera le premier.
Il haussa un sourcil narquois mais la jeune fille lui balança un coup de coude dans le ventre. James se plia en deux, le souffle coupé et Lily tenta de sortir. Seulement il agrippa brusquement son bras libre et elle se retrouva plaquée contre le mur, le jeune homme l'écrasant de tout son poids.

Le souffle encore court, il marmonna :

- Tu es insupportable Evans, tu le sais ?

Elle l'aurait bien giflé mais il maintenait l'un de ses bras derrière elle et l'autre était pris par ses cours.
- Je te retourne le compliment. Mais la différence entre toi et moi, c'est que j'ai une cervelle et que je m'en sers.

Un petit rire le secoua et il posa une main sur sa hanche.

- Bas les pattes. Je peux encore utiliser mes genoux et te faire très très mal, menaça-t-elle.

Elle pria pour que son assurance paraisse vraie et frémit alors qu'il posait son front contre le sien. Il y eut un instant de silence puis, enfin, il s'écarta, un sourire toujours narquois étirant ses lèvres. Elle s'empressa de sortir, un mal de crâne lancinant lui martelant les tempes.

Je lui couperai les doigts un à un puis je les lui ferai bouffer et ensuite je l'étriperai.

Elle se hâta jusqu'à la bibliothèque et poussa un cri de rage en constatant qu'elle était fermée. Un mot sur la porte indiquait que la bibliothécaire était malade. C'était insensé ! Elle n'était jamais malade ! Pourquoi ce soir précisément ?

Le monde entier était ligué contre elle.

Errant comme une âme en peine, elle atterrit au septième étage et trouva un renfoncement dans le couloir. Il faisait froid et la fenêtre mal isolée n'arrangeait rien mais au moins c'était calme.
Elle se laissa tomber sur la banquette de pierre avec un soupir et ferma les yeux. Elle n'avait pratiquement pas dormi la veille.

Comme c'était le soir d'Halloween, les élèves de Gryffondor, dans un élan extraordinaire d'originalité, avaient décidé d'organiser une fête. Et, de façon encore plus originale, les préfets avaient été incapables de ramener l'ordre.Ils avaient fait un boucan d'enfer jusqu'à deux heures du matin, suite à quoi Val avait cuisiné Jenny à propos de James pendant encore deux heures.
Résultat, Lily était incapable d'aligner deux pensées cohérentes. Cette impression était confirmée par le fait qu'elle n'arrivait pas à s'ôter de la tête l'image des yeux bruns de James. Brr. Quel être répugnant. Enfin pas physiquement mais mentalement.

- Lily ?

Elle releva brusquement la tête et sursauta en rencontrant le regard noir de Severus.

- Sev' ?

Il lui apparut soudain qu'ils ne s'étaient pas vus depuis presque deux semaines. Sans réfléchir, elle se jeta à son cou.

- Severus, tu m'as manqué.

Le jeune homme se figea et tapota maladroitement son dos. Enfin, il parvint à articuler :

- Ca ne va pas ?

- Trop de crétins peuplent cette planète. Et trop de profs, aussi.

Il rit et Lily s'éloigna de lui, un sourire sur les lèvres.

- Où tu étais, Sev' ? Ça fait un baille qu'on s'est pas vu. Enfin, à part en Botanique.

Il haussa les épaules, l'air gêné.

- J'ai eu beaucoup de travail, moi aussi, du coup je dînais très tôt.

Après un instant de silence il ajouta d'une petite voix :

- Désolé.

Lily secoua la tête et sourit.

- Ce n'est ni de ta faute ni de la mienne. On pourra se voir plus quand on aura moins de devoirs.
Severus acquiesça, ravi, puis lui présenta son bras, un air faussement hautain sur le visage :

- Mon emploi du temps me permet quelques minutes de liberté, aussi accepteriez-vous de vous promener avec moi ?

Lily gloussa et, sans un regard pour son travail, accepta la proposition de son ami. Ils discutèrent joyeusement des profs, Severus imitant à la perfection McGonagall, puis commentèrent les résultats de la Grande Bretagne au Quidditch. Ils se disputèrent en riant car le jeune homme nourrissait une passion cachée pour les Canons de Chudley alors qu'elle-même préférait les Flèches d'Appleby. Or, c'était l'équipe de Lily qui raflait les trophées.

Ils arrivèrent en haut de la tour d'Astronomie et la jeune fille eut un violent frisson. Le vent soufflait de façon lugubre et faisait tourbillonner les épais flocons de neige. La Forêt Interdite était baignée d'une lumière surnaturelle, due à la neige et à la lumière de la lune derrière les nuages. Lily n'arrivait pas à décider si c'était beau ou effrayant. Sans doute un peu des deux.

Sentant qu'elle commençait à geler sur place, elle se tourna vers Severus pour lui demander de rentrer. Seulement il fixait l'horizon, les sourcils légèrement froncés, perdu dans ses pensées. Bien qu'elle répugnât à le tirer de ses réflexions, elle pressa légèrement son bras. Il sursauta et tourna les yeux vers elle. Avant qu'il ne reprenne ses esprits, elle crut y lire de la peur. Surprise, elle haussa les sourcils. Il détourna le regard et marmonna :

- Désolé, on gèle.

Ils rentrèrent sans un mot, Lily s'interrogeant toujours sur les raisons du regard hanté de Severus.

Finalement il interrogea d'un ton léger :

- Tu avais l'air suprêmement agacée tout à l'heure, il y avait autre chose que ta surcharge de travail non ?

La jeune fille se mordit la lèvre et finalement se décida à lui raconter l'épisode Potter. Lorsqu'il serra tellement le poing que ses jointures blanchirent, elle se fit la réflexion que c'était peut-être une très mauvaise idée.

- Il est … j'espère que tu l'as … argh !

Lily pouffa en entendant cette déclaration et il tourna les yeux vers elle, l'air farouche, mais le sourire de son amie radoucit son expression.

- Tu aurais du le frapper comme tu l'en a menacé, la deuxième fois.

- Non, je suis pas si méchante.

- Menteuse.

Lily éclata de rire. Ils étaient revenus près de ses affaires, qu'elle s'empressa de récupérer. Son mal de tête avait disparu.

- Tu me raccompagnes ?

- Avec plaisir.

Lorsqu'elle pénétra dans la Salle Commune, elle n'avait plus la moindre envie de travailler. Elle se laissa tomber dans un fauteuil près de la fenêtre et ferma les yeux. Merlin en soit remercié, il n'y avait presque plus personne et le volume sonore était revenu à la normale. Même Potter et sa bande n'étaient pas là. Le rêve.

Elle rouvrit les yeux et promena paresseusement son regard sur la salle. Elle plissa les yeux en apercevant une tête brune penchée sur un rouleau de parchemin. Après un instant de flottement la lumière se fit dans son esprit : Frank Londubat !

Les derniers mots jetés par Alice lui revinrent en mémoire.

Pourquoi diable se cachait-elle de lui ? Elle le connaissait peu (enfin même pas du tout) étant donné qu'il était en sixième année. Cependant il n'avait pas l'air méchant. Pour ce qu'elle en savait, il était plutôt discret.

Soudain il releva la tête et croisa les yeux verts de Lily. Celle-ci piqua un fard et il haussa un sourcil surpris. Elle lui adressa un sourire incertain et il fit de même avant de replonger dans ses cours. Elle s'enfonça dans son fauteuil et tenta de graver dans sa tête les traits du jeune homme. Il avait les yeux bleus, tranchant de façon étrange avec ses cheveux bruns et son teint pâle. Son nez était un peu trop long mais cela ne l'empêchait pas d'être plutôt beau. Ce qui expliquait peut-être les larmes d'Alice.

Songeuse elle ferma de nouveau les yeux. Elle allait la cuisiner.

***

Ce n'est que trois jours plus tard que Lily parvint à coincer Alice. Elle l'aperçut à la bibliothèque, penchée sur un livre d'étude des Moldus. La rousse jeta un regard à la bibliothécaire rétablie puis se glissa sur la chaise devant la blonde.

Celle-ci leva les yeux vers l'intruse et sursauta en la reconnaissant. Puis, elle lui sourit.

- Salut, chuchota Lily. Ca va mieux ?

Alice rougit légèrement puis hocha la tête. Apparemment, elle n'était pas décidée à ouvrir la bouche.
- Je l'ai vu, hier. Frank. Il est pas mal.

La jeune fille rougit encore plus et jeta un regard affolé autour d'elle. Lily retint un gloussement.

- Alors ? Pourquoi tu te cachais de lui ?

Sa pauvre victime se mordit la lèvre et finit par répondre :

- Je ne me cachais pas de lui à proprement parlé. Disons plutôt que je me cachais à cause de lui.
- Il a l'air gentil pourtant.

- Oh, il l'est.

Par Merlin ce qu'elle était agaçante à ne pas répondre à ses sous-entendus !

- Alors pourquoi tu pleurais ?

Alice se tortilla sur sa chaise.

- Si j'avais su que tu étais aussi tenace, je ne t'aurais jamais dit ça.

Lily lui adressa un sourire rayonnant.

- C'est juste qu'il a vraiment l'air gentil alors y a quelque chose qui m'échappe un peu.

- C'est ça ouais. Tu sais très bien de quoi il retourne mais tu veux juste me faire cracher le morceau.

- Perspicace mon petit. Alors, puisque tout est clair entre nous, tu le craches, ce morceau ?

Elle ouvrit la bouche, la referma, recommença puis finalement soupira :

- Désolée, je suis incapable de le dire. C'est trop dur. Trop bizarre.

Lily soupira. Elle avait avoué à demi-mots, c'était déjà ça.

- Bon, comment tu le connais ?

- Nos parents sont amis. Ils dînent souvent ensemble mais il n'est jamais vu chez moi et je ne suis jamais allée chez eux. Cet été on s'est retrouvé dans le même endroit, totalement par hasard, du coup nos parents ont dîné ensemble … et nous avec. Ils restaient encore une semaine et nous deux, alors nos familles ont passé leur temps ensemble. Et voilà.

- Quoi ? C'est tout ? Mais à la rentrée ?

- Oh on se voit de temps en temps, il est toujours adorable et on peut discuter sans voir le temps passer. Enfin c'est ce qu'il me semble. Mais tu … tu connais Lucy Manmay ?

- La brune de sixième année dans ma maison ?

- Oui. Ils sortent ensemble.

- Oh. Je vois.

Elle adressa un pauvre sourire à Lily.

- Pathétique hein ?

- Non, juste triste. Merci de me l'avoir dit.

Elle haussa les épaules.

- Au point où j'en étais, je pouvais quand même aller au bout.

La rousse posa sa main sur la sienne et sourit.

- T'inquiètes pas.

Alice fronça les sourcils.

- Comment ça ? Hé, Lily !

L'intéressée s'était déjà carapatée hors de la bibliothèque et elle gloussa en entendant la pauvre Alice se faire crier dessus par Madame Pince. Val, Maggy et elle-même avait déjà fort à faire avec le Code Rouge mais elles allaient pouvoir monter une opération bien plus amusante, qui aurait en plus le mérite de passionner Jenny, qui passerait donc moins de temps avec ce crétin de Potter. C'était parfait.

James était occupé à embrasser le cou de Jenny lorsque celle-ci saute soudain de ses genoux et rejoignit ses amies qui conspiraient devant la cheminée. Il grogna et capta les yeux verts de Lily, qui lui jeta un regard de défi.

Il allait vraiment falloir qu'il mette en œuvre sa vengeance.

- Qu'est-ce qu'elles fabriquent à ton avis ? Demanda-t-il à Remus qui travaillait près de lui.

Il leva brièvement les yeux et répondit :

- Des trucs de filles j'imagine.

- Merci Remus, tu n'imagines pas à quel point tu m'éclaires.

Un petit rire secoua le jeune homme.

- T'as qu'à aller leur demander.

- Mais bien sûr. Et ensuite vous me ramasserez en morceaux quand Evans aura décidé de m'en coller une.

- Depuis quand t'as peur d'une fille ?

James le fusilla du regard.

- Je n'ai pas peur. C'est juste que si je peux éviter de me faire frapper ça me va. Et je ne vais pas la frapper, elle ! C'est une fille.

- Dois-je te rappeler que tu comptes l'envoyer dans la …

- La ferme, coupa le brun. N'éventes pas mon projet, ce serait trop bête.

- Mille excuses. Tu n'as pas peur que ça tourne mal ?

- Bien sûr que non. Elle enverra une droite aux centaures et tout ira bien.

Remus gloussa puis bailla.

- Pas faux. Vous tenez le coup ?

- Tu parles des nuits blanches à cause de ton crétin de lapin qui court dans sa cage ?

- Ouaip.

- Ben oui, ça va. On l'aime bien, ce lapin.

James sourit à son ami, qui en retour tourna vers lui un visage rayonnant. Le brun se leva de son fauteuil et donna un tape à l'arrière du crâne de Remus.

- Content de te voir heureux Remus. Vraiment content.

Il sortit de la Salle Commune pour errer dans les couloirs. Il aurait pu rejoindre Sirius et Peter dans leur chambre mais travailler avec eux ne l'emballait pas trop. Quant à Jenny, depuis quelques jours elle passait le plus clair de son temps avec ses amies.

Se creusant le crâne pour trouver un mauvais coup à faire, il s'arrêta brusquement derrière le coin d'un mur en entendant une voix bien trop familière. Servilus, en grande conversation avec quelqu'un.
- Pourquoi tu traînes avec elle ? Tu sais ce qu'elle est ?

- Évidemment mais …

- Severus ! On ne peut pas commencer à faire d'exception ! Tu sais ce que mon père m'a dit ? Il n'épargne aucun d'eux, enfants, vieillards ou femmes. Et il a raison. Elle y passera un jour aussi.
Seul un silence horrifié lui répondit et James choisit de ce moment pour se montrer. Harvey Mulciber se tenait devant Severus, l'air farouche.

- C'est intéressant, ces menaces, commenta James.

Mulciber, se tenant face à James, ouvrit grands les yeux et Rogue se retourna vivement. Il fronça les sourcils et pâlit légèrement.

- Ta mère t'as jamais appris qu'il ne fallait pas écouter les conversations des autres, Potter ?Interrogea-t-il d'un ton froid.

- Si mais je ne pensais pas que ça s'appliquait aux serpents.

Rogue rougit et tira sa baguette d'un geste leste.

- Tire-toi.

- Oh qu'est-ce qu'il va me faire le petit Servilus ? Me stupéfixer ?

- Je vais te pulvériser ! Beugla-t-il en lançant un sortilège informulé qui ricocha contre une armure près de James.

Celui-ci se jeta du côté opposé et chercha frénétiquement sa baguette alors que Mulciber sortait la sienne. Un autre sortilège fusa et il roula sur la pierre en jurant : il l'avait laissé sur son lit.

Chapitre 10

Désarmé. Désarmé et seul contre deux. Autant dire seul contre dix. De plus, Rogue maîtrisait parfaitement le sortilège informulé et il était donc incapable de prévoir ce qui allait lui tomber dessus. Grâce à Merlin, Mulciber semblait avoir moins de cervelle.

Réfugié pour deux secondes derrière un coin de mur James faisait défilé toutes les possibilités dans sa tête. Il aurait évidemment pu fuir. Mais il ne le se serait jamais pardonné.

- Potter ! Hurla Harvey.

James prit une profonde inspiration. Il allait devoir se débrouiller à la moldue.

Alors que le garçon approchait, il sortit brusquement de sa cachette, tira violemment sur le bras de l'armure et la lui envoya en pleine face. Mulciber s'écroula avec un cri de douleur et le brun le gratifia d'un coup de pied dans les côtes avant de prendre sa baguette.

Seulement avant qu'il ait eu le temps de se relever un sortilège frôla son crâne. Il tomba en avant, l'adrénaline l'empêchant de sentir la brûlure de sa blessure. Il se releva en chancelant et eut juste le temps d'éviter un autre sortilège.

Rogue leva de nouveau sa baguette mais cette fois-ci James cria « Protego! » au moment où le sortilège de son adversaire jaillit.

Cependant son bouclier accusa le choc et … disparut. Le jeune homme jura. La baguette avait perdu presque toute sa puissance car il n'était pas son propriétaire légitime.

Il jeta un Stupéfix retentissant sur Rogue qui n'eut qu'à lever sa baguette, l'air ennuyé.

- C'est tout ce que tu sais faire ?

- Si j'avais ma baguette …

- Mais bien sûr. Le grand Potter vaincrait car il est génial.

James trembla de rage. Il allait étriper ce misérable petit rat … Rejetant la baguette de Mulciber il se jeta sur lui. Rogue fut tellement surpris qu'il n'eut pas le temps de résister. Le jeune homme lui balança son point dans le figure et son adversaire émit un couinement de douleur. Profitant de son étourdissement, James voulut lui arracher sa baguette. Seulement Severus s'y agrippait comme à une bouée de sauvetage. Alors qu'ils bataillaient toujours, il y eut un éclair de lumière et une déflagration puis James fut violemment projeté contre le mur. La douleur explosa dans tout son corps et un brouillard s'installa devant ses yeux.

A demi-inconscient, il glissa au sol et vit Rogue approcher de lui. Alors qu'un rictus triomphant déformait ses traits, un cri fendit l'air :

- Potter ! Mulciber ! Rogue ! Mais par le caleçon de Merlin que s'est-il passé ?

Severus pâlit et James tourna difficilement la tête. Ce simple geste suffit à lui donner la nausée. McGonagall se tenait à l'entrée du couloir, l'air horrifié. Elle devait vraiment être touchée pour avoir employé un tel vocabulaire.

Cette réflexion le fit rire mais il se mit à tousser et bientôt s'étouffa. Il avait l'impression qu'on lui plantait un couteau dans le flanc. Cet abruti avait dû lui casser une côte.

Il s'étrangla. Argh. Peut-être deux en fin de compte.

***

Lily s'adossa aux jambes de Val, assise sur le canapé. Elle écoutait ses amies discuter en essayant de ne pas rire.

- Mais c'est horrible de les séparer ! Lança Jenny, mais ses yeux pétillants montraient bien qu'elle trouvait tout ça très drôle.

- C'est lui qui est horrible, il aurait quand même pu faire attention à Alice. Après tout elle est très jolie, rétorqua Maggy.

- Mag', soupira Val, on ne sort pas avec quelqu'un seulement parce qu'on le trouve beau.

- Non, mais ça peut aider faire attention à cette personne !

- Demande à Jenny, je suis sûre qu'elle s'y connaît.

L'intéressée prit un air très digne et répliqua :

- J'aime James parce qu'il est drôle, intelligent …

- Beau, fort, musclé, bien foutu et …

Val se prit un coussin dans la tête tandis que Lily succombait finalement au rire, accompagnée de Margaret.
- Si vous continuez je vous laisse vous débrouiller toutes seules ! Menaça Jenny en commençant à se lever du canapé.

Lily se jeta à plat ventre et attrapa l'une de ses jambes :

- Noooon pitié ! Ne nous abandonne pas !

La blonde se rassit en essayant de ne pas rire.

- Très bien. Alors, qu'est-ce qu'on fait ?

- Déjà, il faut essayer de faire en sorte qu'ils se rencontrent tout le temps, proposa Margaret.
- D'accord mais comment ? Alice refusera catégoriquement d'entrer dans la combine, elle est bien trop timide, souleva Lily.

- Et ben on va se tourner vers lui alors, lança Jenny.

Ses trois amies la dévisagèrent, surprises. Finalement Val prit la parole.

- T'es folle ? Aucune de nous ne le connait !

- Mais ça, on peut y remédier, très chère Val.

Elle lui adressa un sourire carnassier.

- Et je propose que ce soit toi qui t'y colles.

Les cheveux châtains de la jeune fille voletèrent dans tous les sens alors qu'elle secouait la tête.
- Hors de questions ! Pourquoi pas toi ? Ou Margaret et Lily ?

- Moi, j'ai déjà un copain. Maggy …

- Non! Je suis bien trop timide !

- Voilà. Quant à Lily, elle fait la liaison avec Alice alors faudrait pas que celle-ci s'imagine des choses.
Val se recroquevilla dans le canapé.

- Je suis obligée ?

Ses trois amies se consultèrent du regard et répondirent d'une même voix :

- OUI !

Leur victime poussa un gémissement et balbutia :

- Bon très bien mais il va falloir que vous m'aidiez parce que …

Le bruit d'une galopade l'interrompit et un cri retentit dans la Salle Commune bondée :

- Potter, Rogue et Mulciber se sont battus ! Paraît qu'ils sont blessés!

Un silence stupéfait lui répondit puis tout le monde se mit à parler en même temps. Lily et Jenny se levèrent d'un bond. Elles foncèrent dans le passage en bousculant le garçon de quatrième année qui avait annoncé la nouvelle. En parvenant devant la porte de l'Infirmerie elles faillirent rentrer dans leur professeur de Métamorphose.

- Comment va Severus, Professeur, est-ce qu'il …

- James est blessé ? C'est grave ? Est-ce que …

- SILENCE !

Les deux amies se turent, sonnées par son éclat.

- Excusez-moi mesdemoiselles, mais la situation est assez difficile comme ça. Oui, ils sont blessés, non ce n'est pas grave, et NON vous ne pouvez pas les voir.

- Quoi ? Mais Professeur ..!

- Non ! Vous n'entrerez pas dans cette infirmer…

- Minerva ! Ne peut-on avoir le calme ?

Madame Pomfresh venait de passer la tête par la lourde porte de poids.

- Je suis désolée Pomona, ces jeunes filles veulent voir leurs amis…

- Qu'elles entrent, soupira l'infirmerie, comme ça je serai tranquille jusqu'à demain matin.

Les deux amies ne se le firent pas répéter deux fois et se précipitèrent à l'intérieur.

Lily ne prêta pas attention au jeune homme aux cheveux couleurs de paille qui était allongé sur un lit à sa droite, et encore moins au brun à sa gauche. Seul Severus l'intéressait.

***

James grogna lorsqu'un élancement le tira du demi-sommeil dans lequel il était plongé. Il serra les dents et attendit que ça passe. Oh bien sûr Madame Pomfresh avait réparé tous les dégâts causés par sa petite altercation avec Rogue, mais elle l'avait informé que son corps devait aussi faire une partie du travail et qu'il allait donc souffrir un peu cette nuit-là et le lendemain.

Il se tortilla en tentant de trouver une position agréable tout en bouillant intérieurement : Rogue lui avait cassé trois côtes en l'envoyant contre le mur. Il ne se rappelait pas avoir autant souffert que durant le trajet jusqu'à l'infirmerie, surtout que McGonagall le soutenait tout en lui hurlant dessus. Il avait bien faillit être très désagréable avec elle. Heureusement pour lui les trois semaines de colle qu'elle leur avait promis l'avaient empêché de s'emporter. En plus de ses côtes cassées, il allait écoper d'une cicatrice sur le crâne. Évidemment elle serait presque entièrement cachée par ses cheveux mais une petite partie apparaîtrait sur sa tempe. Pour le moment l'entaille causée par le sortilège du Serpentard était une fine ligne rose refermée par les bons soins de l'infirmière.

James étira les bras au-dessus de sa tête et retint un piaillement. Il détestait être blessé, même si ça lui était souvent arrivé lors des matchs ou des entraînements de Quidditch. Seulement se casser le poignet parce que son balai avait été jeté contre les gradins lors d'une tempête était plus classe que de s'être fait cassé les côtes par Servilus. Du moins de son point de vue. Son égo avait pris un coup. Un gros coup. Son plus grand regret était qu'il n'avait même pas réussi à lui casser le nez. Il allait seulement avoir quelques bleus au visage.

Jenny avait apparemment beaucoup apprécié le fait qu'il se défende avec ses poings (ce qui rendait hommage à sa force et consolait quelque peu son égo) et l'avait embrassé pendant de longues minutes pour lui prouver qu'il s'en était très bien sorti. Cependant, le regard furieux d'Evans et surtout le fait que Servilus parvienne à la faire rire alors que lui-même en était incapable l'avait agacé au plus haut point. Il aurait bien aimé lui balancer la conversation qu'il avait surpris. Pour lui, il ne faisait aucun doute qu'elle en était le sujet. Seulement il savait pertinemment qu'elle ne le croirait pas, surtout après qu'il ait refait le portrait à son précieux Servilus.

Il referma les yeux et lâcha un soupir agacé car il ne pouvait pas se tourner sur le côté. Plus jamais il ne quitterait sa baguette. Plus jamais il ne serait pris en défaut.

***

Au petit-déjeuner le lendemain matin, seul Severus Rogue reparut. Il avait quelques contusions au visage mais c'était tout. Une ovation l'accueillit lorsqu'il s'installa à la table des Serpentards et il rougit, ravi. Cette bagarre venait de le projeter sur le devant de la scène et ce n'était pas pour lui déplaire, Lily en était certaine.

Quant à James Potter, les rumeurs allaient bon train. Son état de santé allait de « parfait » à deux bras cassé et une dent en moins en passant par la mâchoire cassée et le petit orteil droit coupé. La jeune fille avait suffisamment entendu Jenny le plaindre la veille pour savoir ce qu'il en était vraiment et elle ne le plaignait absolument pas. Severus lui avait tout raconté, et elle était bien contente qu'il lui ait mis une raclée.

Val jeta un regard peu amène à ses amies. Un jour, elle se vengerait. Mais pour le moment elle allait essayer de ne pas se couvrir de ridicule.

C'était l'heure du déjeuner et elles s'étaient toutes les quatre planquées au fin fond de la bibliothèque. Lily travaillait tandis que Jenny et Margaret faisaient tout un tas de conjectures absurdes quant à la façon dont Val allait approcher le pauvre Frank Londubat. Elle même tentait de ne pas trop y penser car adresser la parole à un garçon qui lui était presque tout à fait inconnu et qui plus est plus âgé qu'elle ne la ravissait pas.

Alors qu'elle enjoignait ses amies de rire moins fort, une haute silhouette leur apparut et Val faillit s'étrangler. C'était lui. Frank. Jenny lui envoya un coup de coude dans les côtes, au cas où elle n'aurait pas vu. Puis, elle la foudroya du regard et désigna le jeune homme qui s'asseyait d'un coup de menton.

Résignée et le coeur battant à tout rompre, Val se leva, shoota dans son sac et faillit s'étaler. Elle entendit Jenny et Mag se mettre à glousser mais elle ne se retourna pas. Elle marcha droit jusqu'à la table de Frank puis s'assit devant lui. Il leva les yeux, sourit et se replongea dans son livre.
Son livre…

Val se serait flanqué une claque sur le front si elle avait pu : elle n'avait rien pris avec elle avant de s'asseoir. Qui venait à la bibliothèque juste pour se reposer ? Personne !

Se maudissant intérieurement, elle alla chercher un ouvrage au hasard puis reprit sa place. Frank la regarda de nouveau, l'air intrigué, puis regarda le titre de son livre. Val rougit en se rendant compte qu'il essayait de ne pas rire. Mortifiée, elle interrogea d'un ton qu'elle espérait assuré :

- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?

Un grand sourire étira les lèvres du jeune homme et il répondit :

- Tu t'intéresses aux différentes sortes de crottes de dragon ?

La rougeur de la jeune fille s'accentua encore et elle baissa les yeux sur son livre. Argh.

- C'est pour la botanique. Ca fait un très bon engrais, s'entendit-elle répondre sans savoir d'où elle sortait cette excuse absurde.

- Oh, je vois, fit Frank en tentant de réprimer son sourire.

- Et toi, tu lis quoi ?

Ce fut au tour du jeune homme de rougir, ce qui emplit d'aise Val.

- Euh c'est un roman moldu, en fait.

Elle dévisagea, surprise.

- Un roman moldu ? Je n'ai jamais rencontré personne en lisant. Enfin Lily en connaît bien sûr, étant donné qu'elle est Née-Moldue mais …

Elle s'interrompit brusquement en se rendant compte qu'elle jacassait à qui mieux-mieux. Cependant, il avait l'air intéressé.

- C'est vrai ? Tu crois qu'elle pourrait m'en conseiller ?

- Euh sans doute. Tu n'aimes pas les livres écrits par des sorciers ?

- Oh si. Mais j'en ai déjà lu des tas, et comme les moldus ne savent pas que les sorciers existent, ils inventent tout un tas d'histoires complètement farfelues. Là je suis en train de lire le Seigneur des Anneaux. Ils ont vraiment une vision bizarre de la magie.

- Le quoi ?

Le titre disait vaguement quelque chose à Val. Frank rit et grimaça lorsque Madame Pince leur cria dessus. Plus bas, il lui expliqua l'histoire.

Au bout du compte, Val était plutôt sceptique.

- C'est vraiment bizarre, commenta-t-elle.

- C'est plus intéressant que les crottes de dragons.

- Hé ! C'est pas ma faute si Laverlane nous donne des devoirs bizarres à faire.

Il lui adressa un clin d'oeil et rétorqua :

- On a jamais fait ça, l'an dernier. Pourtant il n'a jamais changé ses cours.

Val piqua un fard et décida de changer de conversation.

- Comment tu as découvert ces livres moldus ? Tes parents en lisent ?

Il fronça les nez et elle eut peur d'avoir fait une gaffe.

- Non c'est plutôt le contraire. Je n'en lis que quand je suis à Poudlard parce que ma mère ne juge pas ça comme de la littérature donc dès que je suis entré à Poudlard elle m'a interdit d'en lire pour que je me consacre aux classiques sorciers. J'en achète le plus possible pendant les vacances. Il suffit d'aller dans une librairie moldue pour les trouver. Mon problème c'est plutôt de trouver de l'argent moldu.

- Ca fait beaucoup de difficultés pour quelques livres non ?

Frank lui adressa un sourire désarmant.

- Peut-être, mais c'est passionnant !

- Val ? Les cours vont bientôt reprendre.

La jeune fille se tourna vers ses amies qui l'appelaient, ses affaires sous le bras. Elle regarda sa montre, surprise. Sa conversation avec Frank n'avait pas été si terrible, finalement. Elle sourit à se dernier en se levant.

- Ce fut un plaisir de discuter littérature moldue avec toi !

Il prit un air narquois.

- Je ne doute pas que c'était ton but.

Val faillit s'étouffer avec sa salive.

- Ce n'est pas... Mais…

- Je serais ravi de reprendre notre conversation un jour, coupa-t-il en retenant de nouveau un rire.
Elle s'autorisa alors à rire et alla ranger son livre sans rien dire. Avant qu'elles ne sortent, elle adressa un signe de la main à Frank, qui lui fit un clin d'oeil.

Dès qu'elles eurent passé la porte, elles se mirent à poser des questions à tort et à travers en riant comme des gamines. Val eut beau les supplier pour qu'elles fassent moins de bruit, rien n'y fit. Un petit rire indubitablement masculin derrière elles la fit grimacer et elle se retourna. C'était Frank, qui semblait s'amuser comme un fou.

Elle devint cramoisie, saisit Jenny et Lily par le bras et les entraîna au pas de charge loin du jeune homme, Margaret suivant comme elle pouvait.

Enfin elles atterrirent en classe et Val parvint à échapper à leur interrogatoire. Pour un temps.

Chapitre 11

James fut autorisé à sortir le soir-même. Il se sentait encore un peu endolori mais ce n'était rien comparé à la douleur qui avait succédée à sa rencontre un peu musclée avec le mur.

Il entra dans la Salle Commune à l'heure à laquelle elle était la plus remplie et se fraya un passage à travers la foule sans attirer l'attention. Il n'avait nul envie qu'on constate sa défaite. Malgré sa volonté de se faire discret, il faillit se mettre à hurler sur un Troisième année qui le bouscula en lui donnant un coup dans les côtes.

Pestant à voix basse, il atteignit enfin l'escalier et monta jusqu'à sa chambre. Lorsqu'il poussa la porte, Sirius beugla :

- Quoi ?!

- C'est moi, marmonna James, agacé.

Son ami se redressa aussitôt et lui adressa un large sourire :

- James ! On a cru que l'infirmière te gardait en otage ! Alors ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Le jeune homme lui raconta succinctement les faits, allongé de tout son long sur son lit. Se remémorer l'événement n'avait rien de désagréable. Comme son récit était parvenu à l'instant où il s'était rendu compte qu'il n'avait aucune chance, il murmura :

- Je n'avais pas ma baguette…

Ces mots l'arrachèrent brusquement à la torpeur qui l'entraînait vers le sommeil. Il se releva d'un bond et fouilla ses couvertures frénétiquement.

Pas de baguette.

- Euh James ? Qu'est-ce que tu fais ? interrogea Sirius, vaguement inquiet à propos des conséquences de la bagarre sur le cerveau de son ami.

- Ma baguette. Elle était sur mon lit.

- T'en es sûr ?

James plongea sous le sommier et en ressortit bredouille, paniqué.

- Evidemment ! Merde merde merde !

Il entreprit de fouiller sa malle et les poches de ses vêtements tandis que Sirius fouillait le reste de la chambre. En vain.

Finalement James se laissa tomber sur son lit, la tête entre les mains. Un sorcier n'était rien sans sa baguette, il en avait suffisamment eu la preuve. Mais où pouvait-elle être ?

- Il faut que tu préviennes McGonagall. Si on t'a volé ta baguette, c'est grave.

- Et qu'est-ce qu'elle va pouvoir faire hein ? Menacer le voleur ? De toute façon il n'y aucun moyen de savoir qui c'est.

Sirius réfléchit un instant puis s'exclama :

- Verita Serum !

- Super, elle va prendre le thé avec tous les élèves de la Maison.

- Eh, je propose des solutions au moins, au lieu de me morfondre.

James prit une profonde inspiration pour se calmer, releva la tête et répondit d'un ton neutre :
- Si Servilus t'avais cassé trois côtes en t'envoyant voler contre un mur et que ta baguette avait disparu, tu te morfondrais aussi.

- La vache, trois côtes ? Certains l'ont dit mais je pensais qu'ils exagéraient.

- Oui, trois côtes ! aboya James avant de replonger la tête entre ses doigts. Je me suis fait laminer.

- Ils étaient tous les deux armés, toi non ! La situation était en leur faveur !

- C'est pas une raison !

Furieux contre lui-même, encore plus que contre Severus, il sortit en claquant la porte derrière lui. Il dévala les escaliers, passant dans sa tête tous les endroits où sa baguette pouvait être. Alors qu'il traversait la salle, il aperçut une chevelure blonde et se rua vers elle.

- Jenny ! Est-ce que t'as ma baguette ?

- James ? Je ne savais pas que tu étais revenu ! s'exclama la jeune fille, ravie, en quittant le fauteuil sur lequel elle était affalée pour lui sauter au cou

. Il la repoussa durement et répéta entre ses dents serrés :

- Est-ce que tu as ma baguette ?

- Mais … Non, bien sûr que non. Qu'est-ce qu'il y a ? James !

Le jeune homme venait de la repousser sans aucune douceur avant de reprendre la traversée de la Salle Commune.

Il fallait qu'il la trouve. Il le fallait !

Il se précipita à l'endroit où il s'était battu avec les deux Serpentards et faillit s'étaler par terre après avoir trébuché sur le bras de l'armure qui n'avait toujours pas été remis en place. Il s'agenouilla et fouilla autour de lui. En vain.

James s'adossa au mur et tenta de faire le vide dans sa tête. Il fallait absolument qu'il se calme. Elle n'avait pas pu disparaître comme ça.

Quoique, c'est le propre de la magie de faire des choses étranges.

Il grimaça en entendant ce rappel de sa conscience. Malheureusement, elle avait bien raison.
Il se leva et jura lorsque ses côtes se rappelèrent à son bon souvenir. Il ne souffrait pas réellement mais cela le soulageait d'exprimer ainsi ses sentiments.

Il erra dans les couloirs, espérant qu'une solution tomberait du ciel – ou mieux, sa baguette. Alors qu'il parcourrait pour la troisième fois le couloir du septième étage, il remarqua soudain une porte. Surpris, car persuadé qu'il n'y en avait pas la minute précédente. Il posa sa main sur la poignée et appuya timidement. Le battant s'écarta de quelques centimètres en grinçant mais aucun son ne lui parvint de l'intérieur. Il entra franchement et contempla avec stupeur la cuisine qui s'étalait sous ses yeux. En première année il avait découvert celles de Poudlard et ce qu'il avait à présent sous les yeux y ressemblait fortement. Il fit quelques pas à l'intérieur de la pièce et souleva le couvercle d'une marmite pour s'apercevoir qu'elle était vide.

Si le lieu ressemblait aux cuisines qui se trouvaient au rez-de-chaussée, il manquait un élément essentiel : les elfes de maison.

Alors qu'il déambulait dans la pièce vide, lui revint en mémoire une anecdote.

Lorsqu'ils étaient en Deuxième Année, Sirius, sujet à des insomnies chroniques, se promenaient souvent dans les couloirs au milieu de la nuit. Cherchant désespérément à se distraire il était arrivé au septième étage et était tombé sur une porte. Ce qu'il y avait derrière, il n'avait jamais voulu le dire. Mais il ne s'était jamais autant amusé de sa vie. Il avait cherché à retrouver cette pièce mais n'y était jamais parvenu. La porte semblait s'être tout bonnement volatilisée.

A présent, James se demandait s'il pouvait s'agir de la même salle. Mais si elle avait fourni de quoi se distraire à Sirius, comme il le souhaitait, pourquoi avait-il droit aux cuisines ? Etait-il destiné à devenir boulimique ?

Secouant la tête, il sortit de la pièce. Alors qu'il tergiversait toujours pour savoir s'il devait prévenir McGonagall ou non, il parvint devant le portrait de la Grosse Dame. Elle le gratifia d'un regard peu amène et commenta :

- N'ayez pas l'air déprimé. C'est moi qui devrait l'être : je ne rentre plus dans ma robe préférée.

- Déprime hivernale, répondit James sans lui prêter attention.

Elle pivota, tout en continuant à se plaindre. James entra et faillit percuter Jenny.

Il songea qu'il avait bien besoin de réconfort et lui adressa un sourire enjôleur … auquel seul un regard glacial répondit.

Elle le bouscula sans ménagement et il la regarda s'éloigner, bouche bée, avant de se dire qu'il était censé la poursuivre.

Il mit son projet à exécution sans tenir compte des menaces de la Grosse Dame de ne pas le laisser repasser la prochaine fois et rattrapa la jeune fille alors qu'elle commençait à descendre les escaliers. Ceux-ci commencèrent à se déplacer alors qu'elle se dégageait violemment de la main qu'il avait posée sur son bras.

- Mais qu'est-ce qu'il y a ? interrogea James, sincèrement étonné.

- Qu'est-ce qu'il y a ? rugit Jenny en serrant les poings. Tu es odieux, voilà le problème !

- Quoi ? Mais non ! Mais je ne …

- La ferme ! J'avais espéré que tu parviennes à m'aimer réellement et jusqu'ici tu avais la décence de faire un minimum attention à moi. Mais là, tu m'as jeté sans aucune considération. J'en ai marre Potter, tu peux mettre ça dans ta petite tête ?

- Mais Jenny, je t'aime !

- Bien sûr, et Lily est ta meilleure amie ! Tire-toi et laisse-moi tranquille.

L'escalier s'immobilisa avec un bruit sourd et la jeune fille prit la fuite sous le regard éberlué de James. Il ne lui était jamais venu à l'esprit que sa conduite envers elle puisse la blesser.
Avec une grimace agacée, il trouva un autre chemin pour remonter étant donné que l'escalier ne donnait plus du tout sur le même endroit qu'au départ. Décidément, tout allait mal ce soir-là.
Il décida finalement d'attendre un peu avant de prévenir un professeur que sa baguette avait disparu et monta se coucher.

- Lily ?

La jeune fille grogna et serra son oreiller contre sa joue en se demandant pourquoi il lui adressait la parole.

- Lily !

- Hein quoi ?

Elle se redressa brusquement et percuta quelque chose de dur. Après être retombée sur son matelas avec un gémissement, elle ouvrit les yeux pour voir ce qu'il se passait.

A sa grande surprise s'était Jenny qui se tenait près de son lit, ses cheveux blonds luisant à la pâle lumière d'un premier croissant de lune.

- Jen' ?

- Je peux dormir avec toi ?

- Euh … oui, bien sûr.

Lily s'écarta pour laisser de la place à son amie, surprise. La dernière fois qu'elles avaient fait ça, elles devaient être en Troisième Année.

Elles se blottirent sous la couverture puis la blonde brisa le silence.
- Tu avais raison.

- A propos de quoi ?

- James.

- Oh.

- Tu crois qu'il m'a aimé un peu quand même ?

- Jenny … Il n'aime personne. A part Sirius, Remus et Peter. Et lui-même.

- C'est bizarre. Je t'assure qu'il peut être gentil. Il m'a apporté un pain au chocolat un jour.

- Très romantique.

Lily put presque entendre le sourire dans la voix de Jenny lorsqu'elle répondit :

- N'est-ce pas. Il aurait même été capable de m'offrir une photo de lui dédicacée.

Son amie gloussa.

- Une photo de lui sur son balai, avec les cheveux dans le vent.

Jenny se mit à rire aussi mais une voix s'élevant d'un des lit en face les interrompit :

- La feeeeeeeeeeeeeeeeeeerme !

Cette intervention de Margaret ne fit que redoubler leur hilarité et elles se prirent un oreiller. Deux secondes après, leur amie geignit :

- Vous pouvez me rendre mon oreiller siouplaîîîît ?

- Fallait pas nous tirer dessus ! rétorqua Jenny en fermant les yeux, bien décidée à ne pas se bouger pour aider leur agresseur.

Cependant après cinq minutes de geignements elles finirent par capituler et Margaret se rendormit, son oreiller pressé sur sa tête. En effet, Jenny et Lily venaient de reprendre leur conversation.

- Il t'apprécie tu sais ?

- Tu te moques de moi ? Nos relations se résument à se faire des coups bas.

- Ce qu'aucune fille n'a jamais osé faire avant. Tu es un cas totalement incompréhensible pour lui.
- Une expérience scientifique quoi.

- Une jolie expérience scientifique alors.

Lily tira la couverture sur la tête de son amie pour la faire taire.

- Peut-être qu'il m'apprécie, mais c'est pas mon cas.

- Je t'assure qu'il embrasse très bien.

- JENNY !

L'intéressée explosa de rire tandis que Lily se mettait à la frapper avec son oreiller.

- HE !

Val tâtonna auprès de son lit, finit par dénicher sa chaussure et l'envoya aussi fort qu'elle put vers le lit de Lily.

Un petit cri lui répondit puis la voix de Lily s'éleva dans le noir :

- Non mais ça va pas !

- Fermez-la ! Mais !

La chaussure venait de s'écraser contre le mur juste à côté de sa tête. Margaret choisit ce moment-là pour émerger de nouveau, se contentant de marmonner :

- Laissez-moi dormir…

- NON ! Plus personne ne dort ! C'est la guerre !

Jenny jaillit du lit de Lily pour se ruer sur Maggy. S'en suivit une bataille suffisamment bruyante pour que les filles de la chambre voisine viennent les supplier de se taire. Ce qui aurait dû être le travail de Lily, en tant que préfète.

Elle s'écroula sur son lit, prise d'un fou rire, et finit par être emportée par le sommeil, heureuse malgré cette soirée éprouvante.

Le lendemain matin James dut bien vite de se rendre à l'évidence : on ne peut pas suivre des cours de magie sans baguette. C'était impossible, de même que deux et deux ne feront jamais cinq.
En effet leur premier cours étant celui de Sortilèges, il eut un peu de mal à passer à l'exercice pratique … Si bien que Flitwick finit par remarquer son inactivité pour le moins inhabituelle – chacun sait que les cours de Sortilèges sont l'occasion de toutes les folies. James dut donc avouer que sa baguette avait disparu, vraisemblablement volée.

Il connut l'immense bonheur de retourner chez McGonagall pour la deuxième fois en deux jours. La première, il venait de sortir de l'infirmerie et il avait été obligé de « faire la paix » avec ce cher Servilus. Puis ils avaient écouté leur professeur faire la liste de tout ce qu'ils allaient faire pendant toutes les soirées de deux semaines qui allaient suivre. Enfin, elle leur avait répété cent fois à quel point ils étaient chanceux de ne pas avoir été renvoyés.

Lorsque McGonagall prit un air excédé en le voyant, il en conclut qu'un arrêt momentané de leurs relations leur ferait du bien à tous les deux.

- , qu'avez-vous encore fait ? Je vais vous coller d'office tous les soirs dès le début de l'année prochaine, je pense que comme ça nous serons tranquilles. Alors ?

- Il ne s'agit pas de moi, Professeur. On a volé ma baguette.

La directrice des Gryffondors ôta ses lunettes, surprise, et exigea d'entendre toute l'histoire.
- Vous êtes certain de ne pas l'avoir perdu ?

- Oui, Professeur. Nous avons fouillé toute la chambre, Sirius et moi.

McGonagall fronça les sourcils.

- , vous n'aviez pas votre baguette lors de votre … escarmouche avec Mr. Rogue ?

- Non, Professeur, grimaça-t-il en se demandant ce qu'il allait encore lui tomber dessus.

A son grand étonnement, un air soulagé apparut sur le visage de son interlocutrice.

- Ainsi donc l'honneur est sauf ? J'en toucherai un mot à Horace, peut-être arrêtera-t-il de me dire que mes élèves sont incapables de se défendre…

Semblant soudain se rendre compte de ce qu'elle racontait et en présence de qui, elle se redressa et reposa ses lunettes sur son nez.

- Bon. Vous ne pouvez pas décemment suivre les cours sans baguette, me semble-t-il.

James hocha simplement la tête, se demandant s'il aurait eu moins d'heures de colle s'il avait réussi à casser le nez de Servilus.

- Et vous n'avez aucune idée de l'identité de la personne qui aurait pu vous la voler.

- En effet, lâcha-t-il en sortant de ses pensées.

- Donc vous devez vous en procurer une nouvelle. Nous allons attendre la fin de la semaine afin d'être certain que vous ne l'avez pas égarée. Si tel n'est pas le cas, Hagrid vous accompagnera sur le Chemin de Traverse afin que vous puissiez en acheter une autre. Pas d'objection ?

- Euh non.

- Bien. Je ne veux plus vous revoir dans ce bureau avant au moins le début de l'année scolaire prochaine, c'est clair ?

- Très clair ! Ce sera avec grand plaisir !

- Retournez donc en classe, et profitez-en pour assimiler la théorie.

James eut beau chercher et interroger toutes les personnes qui avaient le malheur de croiser son chemin (elles se retrouvaient pendues par les pieds la plupart du temps) il ne retrouva pas la trace de sa baguette.

Le samedi suivant il se rendit donc à Londres par Poudre de Cheminette en compagnie d'Hagrid, le garde des clés (James était à peu près certain que la cheminée du bureau du professeur McGonagall –qui avait bien été obligée de le revoir- avait été agrandit pour l'occasion). Il le connaissait peu mais le demi-géant fut très sympathique et lui apprit tout un tas d'éléments plus ou moins utiles sur les Niffleurs pendant qu'ils attendaient qu'Ollivander daigne sortir de derrière ses multiples étagères.
Il fut surpris de voir James mais lui trouva une baguette sans encombre. La réaction de celle-ci en choisissant le jeune homme fut bien moins saisissante que pour sa première baguette, mais au moins l'avait-elle choisie.

James parvint à convaincre Hagrid de s'arrêter au Chaudron baveur pour une bièraubeurre puis ils reprirent le « chemin » de Poudlard.

Lorsqu'il monta dans son dortoir ce soir-là, il était tout de même préoccupé. Quelqu'un lui avait volé sa baguette et il n'avait absolument aucun indice sur son identité. C'était un mystère profondément agaçant.

Peter arriva juste après lui, sa brosse à dents à la main, et l'aperçut en pleine contemplation du vide.

- James ? Ca ne va pas ?

- Hein ? Pardon. En fait je me demandais juste qui avait bien pu voler ma baguette et pourquoi.

- Oh …

Le brun se tourna alors vers lui et lui adressa un grand sourire :

- Mais on va la retrouver hein, Pete ? Tu vas m'aider ?

Un air ravi éclaira la visage du petit blond qui hocha vigoureusement la tête :

- Oui, bien sûr que oui !

Chapitre 12

La rupture de Jenny et James permit à Lily de ne plus avoir du tout à le fréquenter, ce qui lui convenait tout à fait. Ce qui l'arrangeait moins c'était l'humeur de son amie. Si elle s'était moquée avec elle de James cette nuit-là, elle était en réalité vraiment triste de ne plus être avec lui. Cette légère dépression se traduisait par une inquiétude permanente quant à son apparence. Margaret avait failli faire une crise de nerfs après qu'elle lui ait demandé pour la dixième fois « Je suis moche hein c'est ça ? ». Cependant Lily n'arrivait pas à lui en vouloir car c'était elle qui avait largué James et non l'inverse. Jenny avait donc droit à toute son admiration.

L'hiver s'était bel et bien installé à Poudlard et les couloirs du château étaient un véritable frigidaire. D'habitude Lily n'y prêtait pas attention mais son premier tour de ronde en tant que préfète arrivait et elle était certaine qu'elle allait y perdre un ou deux orteils.

C'est donc couverte de d'un pull supplémentaire, de deux paires de chaussettes et enroulée dans sa cape qu'elle se rendit vaillamment au troisième étage, où devait commencer sa ronde. A peine eut-elle fait trois pas qu'elle commença à s'ennuyer.

James ressentait un agaçant besoin de faire ses preuves depuis sa défaite contre Rogue. Il avait espéré que chercher sa baguette l'aiderait mais il n'avait malheureusement aucune piste. Il avait menacé les Premières, Deuxièmes et Troisièmes années, gentiment demandé aux autres qui étaient trop âgés pour avouer sous le coup de menaces en l'air, mais rien n'y faisait. Il semblait que personne n'avait vu sa baguette, et encore moins prise.

Frustré, il décida donc de mettre sa vengeance contre Evans à exécution pour se distraire. Grâce à Remus, il savait qu'elle était de tour de garde ce soir-là.

Alors qu'il s'apprêtait à mettre sa cape d'invisibilité, le préfet posa une main sur son bras.

- Fais attention à elle, James. Tu sais qu'il y a des bêtes dangereuses, là-bas.

- Evans est une grande fille, répliqua-t-il. Et je lui indiquerai le chemin pour rentrer. On est en toujours ressortis indemnes, alors pourquoi pas elle ?

L'air peu convaincu, son ami s'écarta et James disparut sous les plis de sa cape.

Il descendit les escaliers en compagnie de Sirius pour qu'il ouvre le passage pour lui. Il y avait peu de monde dans la salle commune, l'hiver plongeant les élèves dans une sorte de torpeur qui engourdissait quelque peu leur hyperactivité habituelle.

Une fois dans le couloir, ils firent encore quelques mètres ensemble puis Sirius souffla « Bonne chance ! » avant de bifurquer dans un petit couloir sur sa droite, reliant deux couloirs parallèles. Personne ne prêtait attention à ce genre d'endroit et il fallait avoir parcouru le château à toutes heures du jour et de la nuit comme James et ses amis l'avaient fait pour savoir que chaque coin sombre pouvait avoir un intérêt.

James se rendit directement au troisième étage et parcourut le couloir principal et faisant le moins de bruit possible. Une faible lueur dispensée par la demi-lune éclairait le sol de pierre mais c'était loin d'être suffisant pour que James y voie clair. Il retint de justesse un juron en trébuchant sur une dalle mal scellée et continua son chemin en se demandant où Evans avait bien pu se fourrer.
Enfin, une lueur un peu plus vive apparut devant lui. Alors qu'il accélérait le pas, un son lui parvint. Il fronça les sourcils en se demandant ce que cela pouvait bien être puis, en s'approchant encore, faillit éclater de rire.

Lily Evans était en train de chantonner une chanson de Celestina Moldubec d'une voix de fausset. James se targuant de chanter plutôt juste, il se rendait bien compte que Lily chantait faux. Très faux.

Tout en songeant qu'il allait bien rigoler avec les copains en rentrant, il leva sa baguette et chuchota :
- Stupéfix !

***

Lily entendit un murmure derrière elle. Avant qu'elle ait eu le temps de se retourner, quelque chose lui frappa le dos. Elle sentit tous ses membres se raidirent et chuta sans pouvoir s'en empêcher. Son crâne percuta violemment le sol tandis que son cœur commençait à battre à toute allure et que la panique l'envahissait.

Quelle idiote ! Il y avait un intrus dans le château et elle s'était fait avoir ! Si elle ne mourrait pas elle se ferait sans doute renvoyer et …

- Pas trop de mal j'espère ? Désolé mais j'avais pas prévu le coussin.

Si elle avait pu, elle se serait frappée la tête par terre. James Potter, cet insupportable idiot de James Potter se tenait juste au-dessus d'elle, un sourire narquois sur les lèvres.

L'insultant de toutes ses forces mentalement, elle ne put que se laisser faire lorsqu'il la jeta sur son épaule comme un sac de pommes de terre. Son front cognant contre la colonne vertébrale du jeune homme, elle tenta désespérément de bouger les pieds alors qu'il l'emmenait Dieu sait où.
Au bout de quelques minutes, il s'arrêta et elle l'entendit tapoter sur de la pierre. Il y eut un grincement et James marmonna qu'il devrait penser à huiler cette satanée porte. Puis, ils s'engouffrèrent dans le plus noir tunnel noir que Lily ait jamais vu. Ils descendaient en spirales serrées et la jeune fille se demanda où ils étaient. Un passage secret ? Elle ignorait qu'il y en eut d'aussi long. Elle ne savait pas à quel étage ils s'y étaient engagés mais le fait est qu'ils descendaient depuis un bout de temps. Elle commençait à en avoir mal au cœur.
Enfin, James s'arrêta. Il y eut un grincement puis l'air glacial de la nuit effleura Lily. Quel crétin. Ils allaient tous les deux attraper une pneumonie et ils seraient obligés de se supporte à l'infirmerie. Voilà qui était réjouissant.

***

James s'engagea hors du passage, la neige crissant sous ses pas. D'après ses estimations, il faisait à peine plus froid que dans les couloirs du château.

Ils se trouvaient à une dizaine de mètres de l'entrée du château, sur la droite. Remus, dont le but semblait être de lire tous les livres de la Bibliothèque, était tombée sur une mention de ce passage secret dans un livre sur la sorcellerie au XVème siècle. D'après ce que James avait retenu de son compte-rendu, ce tunnel avait été créé par le directeur de l'époque, car il aimait aller se promener au clair de lune, ou une absurdité du genre. Maintenant qu'il y pensait, il se demandait bien comment l'auteur avait pu glisser cela dans un ouvrage historique sur la Sorcellerie. Il replaça distraitement son fardeau d'un coup d'épaule tout en continuant sa route. Il avait pris soin de les recouvrir, Lily et lui, de la cape d'invisibilité, mais malheureusement il ne pouvait rien faire quant aux empreintes qu'il laissait dans la neige. Il se hâta donc de traverser le parc tout en évitant soigneusement les alentours de la cabane d'Hagrid.

Lors d'une de leurs premières escapades dans la Forêt Interdite avec Sirius, ils avaient bien failli se faire prendre à cause du molosse du garde-chasse, Crocdur, qui s'était mis à aboyer lorsqu'ils étaient passés juste à côté. Ils n'avaient jamais couru aussi vite vers le château de leur vie.
Il longea le Lac Noir en songeant qu'Evans pesait son poids puis entra enfin sous le couvert des arbres. Comme à chaque fois qu'il y mettait les pieds, ses poils se hérissèrent sur ses bras. Le feuillage était si dense que le sol était à peine saupoudré de neige, alors qu'il enfonçait jusqu'à mi- mollet dans la partie dégagée du parc. De plus, pas un rayon de lune ne perçait l'épaisse ramure.
Il sortit sa baguette de sa poche et murmura « Lumos ». Une faible lumière projeta des ombres angoissantes sur le sol mais James se sentit tout de même mieux. Il avait beau avoir l'habitude de la Forêt, l'ambiance n'en restait pas moins oppressante.

Après avoir fait un ou deux mètres il s'arrêta et chercha autour de lui. Enfin, avec un soupir de soulagement, il repéra un arbre cassé en deux par la foudre. De tout temps il avait été leur point de repère lors de leurs excursions. A partir de là, James pouvait s'orienter sans trop de problème.
Il s'arrêta à côté, se plaça dos au château puis partit droit devant lui en pestant intérieurement contre Evans, car son épaule commençait à le faire souffrir.

Evitant les branches, les ronces et les toiles d'araignées comme il le pouvait, il parvint jusqu'à un espace dégagé sans doute trop restreint pour qu'on le qualifie de clairière. En raison de sa petite taille, les branches formaient tout de même un toit opaque au-dessus de sa tête.
Il prit sa baguette entre ses dents et posa Evans au sol avec plus ou moins de délicatesse.
Elle lui adressa un regard furieux, toujours incapable de bouger, et il lui fit son plus beau sourire.
- Avoue que tu es ravie d'être avec le plus beau mec de la terre, à te promener dans les bois sous un ravissant clair de lune.

Elle continua à le fusiller du regard et il se mit à rire.

- T'inquiètes pas, je dirai à personne que tu m'adores. Bon, j'ai un autre rendez-vous donc je vais te laisser rentrer toute seul, hein ? Et comme je suis gentil, je te le dis : c'est par là.

Il tendit le bras en direction de l'endroit d'où il était venu, lui adressa un autre sourire éclatant avant de faire volte-face pour rentrer au château, les mains dans les poches.

Amusé, il se demanda s'il Lily espérait que quelqu'un allait le tuer pour qu'elle soit libérée du sortilège. Sans doute, c'était plutôt son genre.

Il gloussa et, jugeant être assez loin, murmura quelques mots en levant sa baguette.

***
Lily sentit ses membres se relâcher et elle se redressa aussitôt, bien décidée à rattraper cet abruti de Potter. Seulement un étourdissement la prit à cause de sa longue immobilité forcée et elle se retrouva de nouveau par terre sans trop savoir comment.

Elle fixa son regard sur le tronc d'un arbre le temps que sa vision se stabilise puis se leva lentement, déjà transie de froid. Elle porta instinctivement sa main à sa baguette, en cherchant désespérément autour d'elle autre chose que de l'obscurité … Peine perdue. La Forêt semblait être un gouffre sans fond de noirceur. Des craquements de branches lui parvenaient. Cela eut sans doute paru normal dans un bois ordinaire seulement il n'y avait pas un souffle de vent, rien qui n'explique ces grattements et grincements dans la nuit.

- Lumos, murmura Lily en levant sa baguette, le cœur battant à tout rompre.

La faible lueur magique semblait presque aspirée par les ténèbres. La jeune fille se maudit intérieurement de paniquer autant et s'engagea d'un pas ferme dans la direction que James lui avait indiqué. Quel sale petit rat. Elle allait l'étriper.

Cependant les craquements semblèrent s'intensifier derrière elle et elle jeta un coup d'œil nerveux par-dessus son épaule. Rien. Elle aurait dû s'y attendre. Elle accéléra l'allure, les branches lui fouettant le visage.

Elle jura tout bas en entendant comme un bruit de pas dans les profondeurs de la forêt et se mit à courir pour de bon … Trop tard. Un poids la percuta violemment dans le dos et elle chuta avec un cri. Elle tenta de se retourner mais la bête était trop lourde. Elle grognait et semblait vouloir lui arracher le coup, étant donné les coups de pattes qu'elle lui donnait. Etonnamment, la jeune fille ne sentait pas de griffes.

Enfin, Lily parvint à pointer sa baguette en l'air et hurla « Pila ! ». Il y eut un BANG sonore et un glapissement puis elle put enfin se retourner.

Elle sauta sur ses pieds et fouilla frénétiquement la Forêt du regard, à la recherche de son agresseur. Un grondement lui fit tourner la tête et ses yeux tombèrent sur une espère ce blaireau qui, le museau en l'air, semblait renifler. Il s'approcha d'elle à pas lourds et elle baissa sa baguette, surprise par son aspect inoffensif. Elle s'accroupit et tendit la main.

- C'est toi qui m'attaque ? T'as l'air d'un nounours un peu stupide mais … ARGH !

La bête, après s'être approchée doucement s'était ruée sur elle, la projetant sur le dos.

- Non non non stop, arrête ça !

Ses pattes lui râpaient le cou ce qui la fit rire… Rire qui se changea en hurlement lorsqu'elle sentit les dents de son attaquant lui effleurer la gorge. Alors qu'elle allait lancer un nouveau sort, le blaireau rejeta brusquement sa tête en arrière. Lily sentit une brève pression autour de son cou puis un éclat doré brilla dans la gueule de la bête qui se recula, apparemment satisfaite.
La jeune fille porta la main à sa gorge, les yeux plissés pour distinguer ce qui se trouvait entre les dents du blaireau. Enfin elle comprit et s'exclama :

- Eh ! Mon collier ! Rends-moi ça, espèce de voleur !

Elle se précipita sur le blaireau qui détala dans la forêt. Lily aurait juré que ce stupide animal souriait.
- Reviens !

- Mais à qui est-ce que tu parles ?

La jeune fille fit volte-face et brailla :

- Expelliarmus !

***

La baguette de James lui échappa des mains et retomba aux pieds de Lily. Il s'empressa de la récupérer, à présent terrifier à l'idée de se séparer de sa baguette.

Il se redressa et dévisagea Lily d'un air faussement ironique, guettant de tous ses sens ce qui l'avait ramené auprès d'elle.

- Potter ?

- Il semblerait, fit-il en détachant son regard d'elle pour fouiller la forêt.

Il n'y avait à présent plus un son, rien qui laissa présager qu'ils allaient se faire attaquer. Avec un peu de chance …

- Mais qu'est-ce que tu fais là ?

Il reprit le fil de la conversation en tâchant de ne rien laisser paraître.

- Je t'ai entendu crier et je me suis dit que si on me mettait ta mort sur le dos ça allait plutôt mal se passer pour moi.

Ce qui était vrai, soit dit en passant, même si il avait craint sa mort pour bien autre chose que ses hurlements.
- Trop aimable.

- Alors, pourquoi tous ces braillements ?

- Une espèce de blaireau taré m'a arraché mon collier.

Se souvenant de sa récente conversation avec Hagrid, le jeune homme interrogea :

- Un Niffleur ?

Lily haussa un sourcil surpris.

- Possible. Bref, sans importance. Tu comptes me planter là de nouveau ?

Si la situation n'était pas ce qu'elle était, il aurait sans doute répondu oui.

- Potter ?

- Oh pardon. Non, je te ramène avec moi parce que …

Un hurlement déchira l'air, interrompant sa phrase. C'était le même que celui qu'il avait entendu alors qu'il s'apprêtait à sortir de la forêt. Ceci conjugué à la détonation qui avait suivi lui avait fait craindre pour la vie de Lily.

Celle-ci tourna la tête vers les profondeurs des bois. Elle interrogea d'une voix légèrement tremblante :

- Qu'est-ce que c'était ?

James aurait voulu répondre qu'il n'était pas sûr. Cependant, deux nuits de pleine lune lui avait suffit pour apprendre à reconnaître le cri d'un loup-garou. Ce qu'il ne s'expliquait pas, c'était comment l'un d'eux pouvait se trouver dans la Forêt Interdite par une nuit de demi-lune.

Il fit un pas en arrière tandis que Lily le regardait de nouveau, l'air effrayé. Il se demanda vaguement quelle tête il pouvait bien avoir pour qu'elle pâlisse autant en le regardant, puis il murmura, les yeux fixés vers le même endroit qu'elle quelques instants plus tôt :

- Cours …

- James, qu'est-ce qu'il se passe ?

Un martèlement sourd leur parvint et le jeune homme attrapa le poignet de Lily avant de répéter, en hurlant cette fois :

- COURS !

Il partit comme une flèche dans les bois, tirant la jeune fille derrière-lui. Pour une fois dans sa vie elle semblait l'avoir écouté.

Un nouveau hurlement retentit, indubitablement animal mais en même temps bien trop humain... Et bien trop proche. Une bordée de juron lui parvint et il en conclut que Lily avait compris ce qui les suivait. S'ils ne mourraient pas, elle l'étriperait sans doute à mains nues. Alors qu'il luttait contre les branches qui semblaient vouloir les empêcher de fuir, il songea qu'il préférerait cela plutôt que leur mort à tous deux ou pire … la culpabilité de la perte de Lily.

Il hurla un sortilège, sa baguette pointée devant lui dans l'espoir de dégager un passage. La terre tremblait sous la foulée lourde du loup-garou. Il allait les rattraper.

Il pouvait se transformer en cerf mais cela ne sauverait pas Lily. Cependant cela l'aiderait au moins à gagner du temps.

Il s'arrêta net et la jeune fille lui rentra dedans.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? Bouge bon sang !

Il l'attrapa par les épaules et la secoua dans tous les sens pour la faire taire.

- Ecoute-moi bien Lily ! Tu vas courir d'accord ? Jusqu'au château ! Tu ne t'arrêtes pas, tu ne te retournes pas, tu ne t'occupes pas de moi ! C'est clair ?

- Quoi ? Non mais tu …

- Evans, ferme-la et cours !

Il la poussa sans ménagement et n'attendit pas de voir ce qu'elle faisait. Avec un peu de chance elle aurait suffisamment peur et s'exécuterait. Au pire, elle apprendrait son secret. Et au pire du pire, ils seraient morts dans environ trente secondes et tout ça n'aurait plus beaucoup d'importance.

Il se plaça face au chemin qu'ils avaient tracé dans la forêt et inspira plusieurs fois profondément. Plus aucun son ne lui parvenait, ni de devant ni de derrière.

Il serra les poings et se concentra autant qu'il le put. Cependant tout un tas de pensées parasitaient son esprit si bien qu'il avait beau se répéter la formule, rien ne se passait.

Espérant de tout son coeur que Lily était loin, il leva sa baguette.

Une masse noire jaillit des arbres et il tenta désespérément de trouver quel sort jeter. Il ouvrit la bouche alors que, la gueule écumante, le loup-garou se jetait sur le lui.

Mais alors, il y eut un sifflement. La bête s'effondra avec un glapissement et James se figea.
Quoi ? Tout cela n'avait aucun sens. Il baissa les yeux et aperçut une flèche dépassant de la gorge de la bête. Celle-ci fut agitée de convulsions puis, enfin, cessa de bouger. Un frisson parcourut James devant le corps immense et musculeux du monstre, couvert de plaques de poils disparates. Ses pattes étaient terminées par de longues griffes aux bouts noirs. Avec une grimace le jeune homme comprit qu'il s'agissait de sang. Ses yeux remontèrent vers la flèche et, perdu, il se retourna pour cherchait qui l'avait tiré. Ce qu'il vit le plongea dans la plus grande perplexité.
Les mains levées, Lily lui tournait le dos. Devant elle, se tenait un cheval. Non, pas un cheval, rectifia mentalement James. Un centaure. Entouré de tout un tas d'autres centaures.

Chapitre 13

L'instinct de Lily avait pris le dessus lorsque James l'avait poussé vers le château et elle lui avait donc obéit. Cependant elle n'avait pu aller bien loin.

Les mains levées face au centaure, elle louchait sur la tête de la flèche pointée sur elle. Elle serrait sa baguette comme si c'était le seul objet de son salut … A bien y réfléchir, cela l'était. Seulement, menacée de la sorte, elle ne pouvait pas faire grand-chose. Et comme ce crétin de Potter devait sans doute avoir été réduit en miettes à l'heure qu'il était, elle ne voyait pas trop comment s'en sortir.

Puis, alors qu'elle pensait que le centaure allait tirer sur la corde de son arc et libérer la flèche, un glapissement lui parvint.

Le centaure regarda derrière elle, puis dit d'une voix de basse, à peine audible :

- Il ne fait pas bon pour vous être dans la Forêt, humains.

Lily aurait bien répondu « Non, sans blague ? » mais la stature de la créature retint sa langue. Dans un visage arrogant brillait deux yeux aussi noirs que les ténèbres des bois. Il avait les cheveux bruns et lisses, balayant ses épaules. Son torse nu était traversé par la lanière de son carquois, dont Lily apercevait un bout par-dessus son épaule.

En bref, rien de très engageant.

- On … on s'en va, si vous le voulez bien.

Un bref rire glacial lui répondit et le centaure baissa son arme. Ce n'est qu'à cet instant que la jeune fille se rendit compte à quel point elle avait été tendue. Ses bras retombèrent le long de son corps et elle soupira.

- Si nous n'avions pas été là, la bête vous aurez tués.

Lily se retourna et croisa le regard de James, sous la garde d'autres centaures, avant d'apercevoir le cadavre du loup-garou sur le sol. Un violent frisson la secoua et elle reporta son attention sur la créature devant elle.

- Merci.

- Nous n'avons pas fait ça pour vous. Il nous faut préserver la forêt des Ténèbres.

- C'est à cause de ça qu'il était là, sous cette forme ?

Les yeux noirs du centaure se portèrent sur James, qui venait de parler.

- La Nature est plus réceptive à la Magie Noire. Cet endroit sent les forces qui agitent le Monde de la Magie et y réagit en conséquence. Elle a tenté de vous empêcher de fuir car elle est devient de plus en plus pervertie à mesure que les Ténèbres progressent. Les bêtes maléfiques s'y sentent attirer car ces bois recèlent suffisamment de noirceur pour les contenter. Plus encore qu'avant. Ce loup-garou aimait assez le crime pour conserver sa forme en permanence et nous le pourchassions depuis quelques jours. Vous nous avez fourni l'appât idéal.

« Sympa », songea Lily.

- Ils ne gagneront pas.

La jeune fille se retourna, surprise par le défi qui vibrait dans la voix de Potter.

Il regarda le loup-garou puis de nouveau son interlocuteur et répéta :

- Ils ne gagneront pas.

- Ils sont puissants. Et sans pitié. Les qualités de ceux qui habitent ce château les mèneront à leur propre perte au nom de principes désuets.

- Vous êtes puissants et pourtant vous ne nous avez pas tués.

- Nous pouvons encore le faire.

Lily gémit intérieurement en songeant que Potter avait un sens de la diplomatie assez restreint.

- Non. Parce que vous êtes bons.

Une dague s'appuya soudain sur la pomme d'Adam du jeune homme alors que le cercle de centaures autour d'eux semblait se resserrer. Lily ferma instinctivement les yeux, persuadée qu'elle allait se retrouver avec le cadavre de James sur les bras.

Cependant, un bruit de sabots emplit l'air nocturne et lorsqu'elle ouvrit les paupières James se tenait seul face à elle, toujours bien en vie. En revanche, il n'y avait plus aucune trace des centaures.
Les deux jeunes gens se regardèrent dans le blanc des yeux pendant quelques instants, trop hébétés pour aligner deux pensées cohérentes.

Enfin Lily percuta que James était toujours vivant et qu'elle pouvait donc décemment partir sans culpabiliser d'avoir abandonné son cadavre à la merci de n'importe quelle bête sauvage. Elle fit volte-face et reprit la route du château, l'esprit complétement vide. Elle était dans la Forêt Interdite au milieu de la nuit en compagnie de James Potter. Ils avaient failli se faire bouffer par un loup-garou alors que ce n'était pas la pleine lune puis un centaure psychotique avait sérieusement envisagé de les tuer. Et à cause de qui ? De …

- Evans ? T'as rien ?

***

James évita de justesse la main de Lily en songeant qu'il aurait peut-être mieux fait de se taire.

- Eh, on se calme, Evans !

- On se calme ? ON SE CALME ? On a failli y passer, espèce de crétin ! Tout ça parce qu'un abruti a voulu prouver sa virilité !

- Ma … ?

James éclata de rire, évacuant une bonne partie de sa tension.

- Arrête de rire tout de suite ! C'est quand même toi qui as voulu te dresser tout seul face à un loup-garou !
Le rire de James devint légèrement amer car il ne pouvait pas se défendre par respect pour ses amis. Lily, après un dernier regard excédé, tourna les talons et se fraya un passage à travers les bois. Il la rattrapa, tout en évitant les branches qu'elle faisait exprès de ne pas retenir.

- Justement, on était exactement dans la même galère. Tu pourrais donc en conclure, si tu avais un minimum de cervelle, que mon but n'était pas de te tuer.

- Oh, charmant. C'était quoi alors, me blesser ou me mutiler gravement ?

- Arrête de faire ta victime deux minutes ! Je ne pouvais pas prévoir qu'il y aurait un loup-garou ! Et si je voulais vraiment qu'il t'arrive malheur, tu crois que je serais revenu ?

Ils étaient enfin parvenus à l'orée de la Forêt. Le château se dressait devant eux, brillant d'un éclat argenté à la lueur de la lune.

Elle continua son chemin comme s'il n'avait rien dit et James jura. Non seulement elle était bornée mais en plus dépourvue de cervelle : elle traversait le parc comme si elle avait tout à fait le droit d'être là. Il hésita quelques instants, se disant que de toute façon leurs traces de pas étaient visibles et qu'à tout prendre, il préférait ne pas lui révéler l'existence de sa cape.

Finalement, il s'engagea dans les traces de la jeune fille et allongea le pas pour arriver à sa hauteur. Elle était presque parvenue à l'entrée du passage, évitant sans sourciller la porte du château.
- Crois-moi, je n'aurais pas du tout apprécié que tu meurs, et pas parce que j'aurais dû réussir à convaincre tout le monde que je ne t'avais pas assassiné.

Elle s'arrêta et fit volte-face.

- Ne fais pas semblant de m'apprécier, Potter.

- Là n'est pas la question. Je ne veux la mort de personne. Et la mienne non plus, d'ailleurs. C'est pour ça que je n'avais aucune raison de te laisser dans un guet-apens pour ensuite venir te chercher.

Lily lâcha un soupir agacé et renifla. Le jeune homme se rendit alors compte que ses yeux brillaient de façon inhabituelle.

- Tu pleures ? balbutia-t-il, stupéfait.

Elle poussa un cri de frustration en s'essuyant les yeux et lança « Le choc, c'est tout » en se retournant. Elle se planta devant le mur, les poings sur les hanches.

- Evans ?

Elle se pencha et mit ses mains dans la neige. James fronça les sourcils, intrigué. Mais qu'est-ce qu'elle faisait ? Lorsqu'elle se retourna et brandit le bras, il n'eut pas le temps d'éviter la boule de neige qui lui explosa en plein visage.

- Hé ! Mais ça va pas !

- Espèce ... d'abominable … CRETIN !

Elle ponctua chacun de ses mots par une boule de neige que James parvint plus ou moins à éviter.
- Mais qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour que tu me pardonnes ? Je ne pouvais même pas imaginer que ça allait tourner comme ça ! S'écria-t-il en se penchant pour échapper à la dernière.

Il planta son regard furieux dans celui de la jeune fille qui croisa les bras, le visage fermé.

- Très bien. Je ne te déteste pas plus qu'avant. Et maintenant, ouvre cette porte, je meurs de froid.

- C'est tout ce que j'obtiendrais ?

- Ouais. Ou une boule de neige en plus si tu te bouges pas.

James suivit la jeune fille dans les couloirs à distance respectable, bien conscient qu'elle n'avait sans doute aucune envie de le voir. Ils parvinrent, par miracle, sans encombre à la Salle Commune. Lily monta dans son dortoir sans se retourner et James songea, après un instant de déception, que c'était sans doute mieux ainsi.

Il regagna sans propre chambre, secoué de frissons incontrôlables. Perdu dans ses pensées, il poussa la porte et poussa un cri perçant lorsque Sirius et Remus se ruèrent sur lui. Ils s'immobilisèrent aussitôt, stupéfait par sa réaction. Une main sur son cœur, James reprit sa respiration en se laissant tomber sur la malle de Remus. Ses deux amis le dévisagèrent, stupéfaits.

- On t'a fait un lavage de cerveau c'est ça ? Interrogea finalement Sirius, voyant que James ne semblait pas décidé à parler mais plutôt à fixer le sol d'un air absent.

Il releva néanmoins la tête pour répondre :

- Je crois que c'est la soirée la plus éprouvante que j'ai vécu de ma vie. Pire que notre première pleine lune, Rem'.

L'interpellé prit aussitôt un air horrifié.

- Ca a mal tourné ? Lily va bien ?

- Ouais, mais j'ai bien cru qu'on allait tout les deux finir en charpie ou transpercés.

- Qui doit finir en charpie ? Interrogea un voix ensommeillé dans un coin de la chambre.

Toutes les têtes se tournèrent vers Peter qui dégringola plus qu'il ne descendit de son lit et, sa couverture drapée autour des épaules, vint s'asseoir en tailleur devant James, baillant à s'en décrocher la mâchoire.

Le regard du brun passa du petit blond, enseveli sous sa couverture, à Remus, toujours debout, les traits tirés par la fatigue et l'inquiétude, puis à Sirius, à présent adossé à la colonne de son lit, les bras croisés, le visage neutre. Ils étaient tous attentifs. Alors, il ouvrit la bouche et leur raconta.
Dès lors qu'il fit mention du loup-garou, Remus se mit à faire les cent pas dans la chambre, marmonnant des jurons à voix basse, et Peter se ratatina un peu plus, l'air apeuré. Seul Sirius conserva son visage inexpressif, jusqu'à ce que son ami est terminé. Puis, à l'étonnement général, il éclata de rire.

Devant les visages de ses amis, il expliqua, un grand sourire sur les lèvres :

- Non mais tu te rends compte ? T'as vu des centaures ! Il paraît que seul Hagrid est autorisé à les voir de temps en temps ! Et un vrai loup-garou !

- Hé ! je suis pas en guimauve, protesta Remus.

- Dans la nature, je veux dire ! C'est ce genre de choses qu'on a toujours voulu vivre, et toi tu rentres avec un tête d'enterrement. Ta précieuse Lily aurait été défigurée, j'aurai compris, mais là... Tu te ramollis, mon vieux.

- C'est pas « ma précieuse Lily », grommela James, se demandant si son ami n'avait pas raison.

Cependant Remus l'empêcha de pousser plus loin sa réflexion en intervenant :

- Mais t'es malade ? Tu vois ce que ça a fait de moi, un loup-garou en liberté ? Rien de très enviable, crois-moi. Et si James était revenu avec une flèche en travers de la gorge, t'aurais été moins euphorique !

- Justement Rem' ! C'est le risque qui rend la vie amusante !

Son ami le dévisagea en secouant la tête, l'air sombre.

- Je n'ai pas envie de me disputer avec toi, Sirius. Mais ne me demande pas d'entrer dans d'autres combines du genre.

Son ton sec fit froid dans le dos à James, qui ne l'avait jamais entendu parler comme cela; Il avait déjà essayé de s'élever contre les idioties que Sirius et lui accomplissaient, mais jamais de façon aussi nette et claire. Avec un haussement d'épaules, il conclut que le sujet des loup-garous le rendait plus sensible et décréta que Sirius avait raison.

Seulement lorsqu'il alla se coucher, il ne put s'empêcher de repenser avec angoisse au moment où le loup-garou s'était jeté sur lui, gueule ouverte, pour finalement mourir à ses pieds.

***

Lily Evans fit un cauchemar cette nuit-là, plein de monstres et d'arbres qui essayaient de vous retenir entre leurs branches. Elle se réveilla le coeur battant, tremblante, et pourtant incapable de se confier à l'une de ses amies. Elles dormaient toutes lorsqu'elle était montée et, si à ce moment là elle aurait pu tout leur raconter, elle n'en avait à présent plus aucune envie. Le secret devait être gardé, ne serait-ce que pour Potter.

Elle aurait pu le dénoncer, mais il aurait sans nul doute été renvoyé sur le champ. Or elle avait beau le détester, elle savait que plus aucun avenir ne l'attendrait s'il devait être chassé de Poudlard.
Bizarrement, elle n'eut aucun mal à se taire. Peut-être simplement parce qu'elle ne voulait pas le revivre. Durant les jours qui suivirent ses amies soutinrent qu'elle avait l'air exténué mais elles ne poussèrent pas leur investigation plus loin.

Au bout d'une ou deux semaines elle parvint à chasser presque entièrement l'événement de son esprit et elle évita Potter autant que possible. Seul son inconscient ne voulait pas la laisser tranquille. Elle continuait à se réveiller avec une horrible impression de danger, sans pour autant se rappeler de ses rêves. Lorsqu'elle s'attardait sur ce fait, elle en concluait que c'était plus les paroles du centaure sur l'avenir du monde des Sorciers que le loup-garou qui la perturbait.

« Les qualités de ceux qui habitent ce château les mèneront à leur propre perte au nom de principes désuets », avait-il dit. Or, elle était loin de partager l'enthousiasme débordant de Potter quant à la victoire du Bien. Elle s'aperçut qu'elle n'avait aucune idée de ce qui se passait à l'extérieur de Poudlard, aussi s'abonna-t-elle à la Gazette du Sorcier.

Elle resta sur sa faim, n'y trouvant que quelques informations çà et là sur des événements liés aux Mangemorts. Ce Celui-Dont-Il-Ne-Faut-Pas-Prononcer-Le-Nom, pas de nouvelles. C'était à croire que les Mangemorts étaient seulement un groupe de terroristes un peu agressif et dépourvu de tête pensante.

Ce qui la renseignait le plus, c'était la rubrique nécrologique. Elle avait la terrible impression que les morts âgés de moins de cinquante ans se multipliait à une vitesse alarmante. On ne disait jamais comment ils étaient morts, mais c'était pour Lily assez évident.

Le dernier samedi avant les vacances de Noël, elle descendit prendre son petit-déjeuner avant ses amies, la Gazette sous le bras. Elle la posa contre le pichet de jus de citrouille et entama son repas tout en lisant. Alors qu'elle beurrait une quatrième tartine, une voix bien connue et empreinte de mépris lui parvint.

- Tu lis ce torchon ?

Lily leva la tête et croisa le regard noir de Severus. Elle sourit et enelva son siège du banc pour qu'il puisse s'asseoir à côté d'elle.

- C'est sûr qu'il n'y a à peu près aucune information intéressante, mais si on fouille bien on parvient à en trouver.

- Comme quoi ? Demanda son ami en se servant de pudding. La recette du gâteau citrouille-concombre ?

- Non. (Lily prit un air détaché, guettant du coin de l'oeil la réaction du jeune homme.) Des nouvelles sur les Mangemorts par exemple.

A sa plus grande stupéfaction il garda exactement la même expression. Cependant son ton un tout petit peu trop détaché le trahit.

- Ah ? Je croyais que le Ministère empêchait les journalistes de divulguer des informations pour ne pas effrayer la population ?

- Je pense que ça fait partie du problème, mais il y a autre chose. Ils ne parlent que des actes ouvertement commis par des Mangemorts. A mon avis, ils n'ont pas de preuve pour les autres, rien qui indique que ce ne soit pas de la simple malchance.

- T'as l'air bien au courant.

- Ce sont les petites annonces les plus intéressantes. Beaucoup de gens disent qu'un membre de leur famille a disparu. Il est évident que ce son eux. Mais si la Gazette devait faire un article pour chaque disparition inexpliquées ça leur prendrait des pages et des pages et ça déclencherait effectivement un mouvement de panique. Alors ils font comme si le Ministère gérait la situation et ils ne mentionnent que les fait avérés et signés.

- Belle analyse, inspecteur Evans, complimenta Severus avant d'avaler son petit-déjeuner.

Considérant qu'elle l'avait suffisamment torturé, Lily changea de sujet.

- Tu rentres chez toi pour Noël, comme d'habitude ?

Son ami sembla s'étouffer avec sa bouchée puis il répondit d'une voix légèrement étranglée :

- Euh, c'est-à-dire que …

- Sev' ! Et notre Noël ?

- Lily je suis désolé ! Mais je me suis encore disputé avec ma mère, ça fait plus d'un mois qu'elle ne m'a pas écrit. Je n'ai aucune envie d'aller là-bas.

- Tu peux loger à la maison ! Ca ne posera aucun problème à mes parents et...

Elle s'interrompit sous le regard moqueur de son ami.

- Bon d'accord, Pétunia ne sera peut-être pas ravie mais …

- Lily, tu sais bien qu'on va s'entretuer. En plus je ne suis pas sûr que tes parents m'apprécie.

- Ils te connaissent à peine donc je ne vois pas comment ils pourraient te détester.

- Certes. Ecoute je suis vraiment désolé, mais j'ai déjà dit que je restais.

- Ce ne sera pas pareil, si je ne te retrouve pas le soir de Noël.

- Pour moi non plus. Mais on pourra le faire quand tu rentreras !

Lily soupira. Le 25 au soir ils se rejoignaient toujours dans la cabane construite par Lily et Pétunia dans le grand chêne de leur jardin lorsqu'elles étaient enfants. Ils amenaient la nourriture qu'ils pouvaient, leur cadeau et assez de bougies pour s'éclairer toute la nuit. C'était le meilleur moment des vacances la jeune fille, et son meilleur ami allait lui enlever cela.

- D'accord. Mais tu es obligé de trouver un endroit à peu près aussi bien que la cabane.

Severus sourit, apparemment heureux d'avoir remporté la partie.

- Je te le promets !

Chapitre 14

Noël passa en un éclair. Pour James, ce furent deux semaines chez lui en compagnie de Sirius à faire les quatre cents coups dans le petit bois jouxtant sa maison. Ils parvinrent à faire un lance-flammes artisanale et sans magie et faillirent tout brûler. Ils étaient très fiers d'eux.
Pour Lily, ce furent deux semaines mortellement ennuyeuse, qu'elle occupa en lisant environ un livre par jour.

Ce fut donc avec un soulagement intense qu'elle regagna Poudlard … Pour désenchanter presque aussitôt.
Tout d'abord, elle fut de nouveau confronter à cet insupportable Potter. Ensuite, à une masse de travail. Et pour terminer, à un blizzard qui semblait ne jamais vouloir prendre fin. Le pire était qu'ils devaient aller en cours de Botanique, même s'ils leur fallait trente minutes pour accéder aux serres.
Au bout de deux semaines, Lily crut qu'elle allait faire une dépression. Seulement, un événement parvint à lui redonner le sourire.

Alors qu'elle tentait de comprendre ce que Mr. Silvalune, leur professeur de Divination, sous-entendait par « Décrivez la maîtrise de votre subconscient interne et externalisez le pour le conscientisé », le silence se fit soudain dans la Salle Commune. Elle jeta un regard surpris à Jenny, assise en tailleur sur le sol, qui discutait encore quelques instants plus tôt avec un garçon de sixième année plutôt pas mal (ce qui justifiait sans doute leur conversation). Ce silence était donc bel et bien surnaturel puisqu'il avait arrêté Jenny.

Lily fouilla la salle du regard et comprit. Un garçon aux cheveux châtains était en train de traverser la salle, un balai à la main et vêtu de sa robe de Quidditch. A sa suite venaient six autres personnes, dont une qui tenait son poignet bandé. D'habitude, cela n'avait rien d'inhabituel de voir l'équipe de Gryffondor rentrer après un entraînement. Seulement cette fois-ci, ils avaient l'air sombre … et étaient absolument trempés. La plupart avait des glaçons dans les cheveux et tous produisaient un son de serpillère quand ils marchaient. Alors Lily l'aperçut. James Potter, d'habitude si fier de sa grande taille et de ses cheveux en bataille, traînait à l'arrière, le dos courbés et les cheveux aplatis par l'espèce de casque de neige qui lui couvrait le crâne.

La jeune fille fut prise d'un fou rire irrépressible, dû autant à l'allure de James qu'à ces deux mois de tension depuis « l'Incident ». Toute l'équipe la fusilla du regard tandis que d'autres gloussement s'élevaient. Cela brisa définitivement le silence et les questions se mirent à fuser.

- Vous vous êtes entraînés ?

- Par ce temps ?

- Héléna qu'est-ce que tu t'es fait ?

Aussitôt ce fut la cohue et plus personne ne prêta attention à Lily, qui tentait vainement de retrouver son souffle, les yeux débordants de larmes. Elle tourna son regard embué vers la fenêtre et en conclut que Sam Crowley était tombé sur la tête pour les avoir fait jouer. Le vent soufflait tellement fort que les flocons de neige battaient l'air presque à l'horizontal.

S'étant suffisamment calmée pour entendre ce qui se disait. Apparemment Héléna, l'une des attrapeuses, avait été jeté contre l'un de poteau de but par une rafale de vent. D'après Lily, c'était déjà un miracle qu'il n'y ait eu qu'une seule blessée.

Enfin l'équipe disparut et Val, sortie tout droit de la bibliothèque, rejoignit ses amies. Le Sixième Année de Jenny s'étant éloigné, elles entreprirent de faire le devoir de Lily, qui se transforma bientôt en un ramassis d'absurdités assortis à quelques dessins sans aucun rapport fait par la blonde. Elles riaient tant qu'elles firent à peine attention à Frank Londubat, qui se posta devant elles, les poings sur les hanches, un sourire amusé sur les lèvres. Il lui arrivait de discuter avec les jeunes filles de temps en temps depuis sa mémorable conversation avec Val. Finalement celle-ci daigna remarquer sa présence et s'exclama :

- Frank ! Toi, érudit de sixième année, viens donc nous éclairer sur les subtilités de la Divination !
- Ah ! Non, certainement pas ! Un an m'a suffit, je préfère l'arithmancie.

Lily gémit à la seule mention de cette matière et gribouilla sur son devoir « L'arithmancie m'a grillé le cerveau, je me vois dans l'obligation de renoncer à ce devoir de Divination. ». Val le lui arracha aussitôt des mains pour le jeter à la tête du jeune homme.

Il attrapa le rouleau et le lut, avant d'éclater de rire.

- Silvalune sera ravi !

Lily ouvrit la bouche pour répondre mais une voix masculine la coupa :

- Alors Evans, on se fout de moi ?

Elle se figea, les yeux braqués sur James Potter, vêtu de vêtements secs et semblant s'être coiffé à la grenade. Elle ne lui avait pas adressé la parole depuis cette nuit-là et cela lui convenait très bien. S'apercevant qu'on semblait attendre une réponse d'elle, elle répliqua :

- Est-ce que le but de ta vie est de gâcher la mienne ?

- Comment ça ?

Elle vit, à la lueur inquiète dans ses yeux, qu'il craignait qu'elle ne parle de leur escapade nocturne.
- Je plaisante avec des amis et qu'est-ce que fait Monsieur ? Il s'incruste dans le conversation pour être désagréable.

- Oh, pardon. Je ne voulais pas interrompre ton plan drague.

Lily sentit son visage s'embraser et jeta un regard d'excuse à Frank, qui s'empressa de démentir :

- Il y a erreur Potter, il n'y a que quelques semaines que je connais Lily.

- Voilà quelqu'un de chanceux.

- Hé, c'est toi qui viens me parler !

- Parce que ça fait deux mois que tu m'évites !

- Si tu n'étais pas si stupide, on en serait jamais arrivés là !

- On va pas remettre ça sur le tapis, j'ai déjà dit que j'étais désolé et …

- On dirait un vieux couple, c'est assez drôle.

Les deux jeunes gens braquèrent leur regard sur Frank qui venait de chuchoter cette remarque à Val. Il leur adressa un sourire innocent et fit :

- Excusez-moi, je ne voulais pas vous interrompre. Potter, je crois que tu en étais à dire que tu es désolé. Désolé pour quoi d'ailleurs ?

Lily le dévisagea, stupéfaite, avant de regarder ses amies. Elles avaient l'air complétement perdu, leurs yeux allant de Potter à elle. La jeune fille rougit brusquement en se rendant compte de quoi ils avaient parlé et se fustigea intérieurement : Quels imbéciles ! Elle avait intérêt à trouver une bonne excuse avant d'être seule avec ses amies.

Elle repoussa cette tâche à plus tard en constatant que le silence s'éternisait et lança à James :

- Je ne comprends même pas ce que ça peut te faire qu'on ne se parle pas.

- Je n'ai plus personne à insulter.

- Oh si, tout Poudlard. Après tout, c'est ta spécialité d'être méchant non ?

Ayant dit cela, Lily se leva et traversa la foule pour sortir de la Salle Commune, l'esprit en ébullition. Apparemment, ils étaient encore aussi touchés l'un que l'autre par cette stupide histoire.

James rejoignit ses amis en grommelant après le départ d'Evans. Il n'était pas méchant, il s'amusait ! Cette fille ne comprenait rien à rien.

Il se posa dans un coin de la salle à côté de Sirius et Remus. Le premier était en train de tracer un plan élaboré pour faire exploser une Bombabouse dans le bureau de McGonagall tandis que le deuxième lisait un épais volume consacré aux guerres des géants, d'après les illustrations que James voyait.
Sirius se lança dans une explication enthousiaste de son projet, Remus fit semblant de ne pas entendre et James semblant d'écouter.

Mais soudain Peter déboula de l'escalier, l'air affolé.

- J'ai rendez-vous avec Laverlane dans cinq minutes et il en faut au moins dix pour aller dans son bureau, il faut que vous m'aidiez !

Remus releva la tête, les sourcils froncés.

- Laverlane ? Mais qu'est-ce que t'as fait ?

- C'est évident Rem', il est trop nul en Botanique, rétorqua Sirius, plongé dans une intense réflexion. Il faut que tu ailles au sixième, tu prends la première à gauche puis la deuxième à droite et tu tapes deux fois sur l'index de la statue de Giselda Prim. Si tu te dépêches t'en auras pas pour plus de cinq minutes.
Peter le dévisagea en silence, les yeux écarquillés. Sirius poussa un soupir agacé et se leva en marmonnant :

- Si on avait une carte, ce serait bien plus facile. Viens, je t'emmène.

Le mot « carte » percuta l'esprit embrumé de James et il regarda ses amis s'éloigner au pas de course (dans la mesure où c'était possible à l'intérieur de la salle bondée), songeur.

- T'as entendu, Remus ? Une carte ?

- De quoi ?

- De la Nouvelle-Zélande. A ton avis ?

- Poudlard ? Mais c'est bien trop grand !

- Tu ne te rappelles pas ce cours sur la cartographie avec Flitwick en troisième année ?

Remus écarquilla les yeux, stupéfait.

- Alors tout ce temps tu écoutais en classe ? Moi qui ai toujours cru que tu étais un cancre fini, je suis presque déçu. Ta légende s'effondre.

- Peu importe, s'écria James, excité comme une puce, on s'en créera une autre en tant que créateurs de l'unique carte complète de Poudlard !

- Comment ça complète ?

- Avec tous les passages secrets !

- Et les révéler à tout le monde ? Pas question !

Cette objection refroidit à peine l'enthousiasme du brun qui, son altercation avec Evans complétement oubliée, se mit à griffonner sur le parchemin abandonné par Sirius. Mais soudain il se frappa le front et retomba au fond du large fauteuil rouge dans lequel il était installé.

- On a pas de dessinateur…

- Oh si, répondit son ami, de nouveau plongé dans son livre. Peter est un as.

Ce fut au tour de James de ne pas en revenir.

- Peter ? Notre Peter ?

- Qu'est-ce qu'il a « notre Peter »?

L'irruption de Sirius lança James dans une explication exaltée de son projet qui alimenta leur conversation jusqu'à une heure avancée.

***

Le soudain attrait de James Potter et Sirius Black pour la bibliothèque surprit et agaça Lily, qui y passait elle-même une bonne partie de son temps. Cependant elle décida de ne plus s'occuper d'eux, même en tant que préfète. Elle avait décrété qu'ils devaient être fous – fous et dangereux. De toute faon, elle avait autre chose à faire à la bibliothèque qu'observer ce qu'ils faisaient.
Le professeur Silvalune lui avait donné un exposé à faire sur l'exploitation du subconscient. En effet, exténuée après avoir passé des heures à repasser sa brève conversation – ou plutôt empoignade - avec Potter dans sa tête plutôt que dormir, elle lui avait rendu le devoir qu'elle avait fait avec Val et Jenny. Comme l'avait prédit Frank, le professeur avait été ravi. Elle se plongea donc dans tout un tas de livres ennuyeux écrits par des sorciers ayant pour la plupart fini à l'asile.
Elle comptait travailler sans répit pour reconquérir l'estime de son professeur … Résolution ébranlée dès le samedi, lorsque Margaret vint la chercher.

- Lily ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? C'est l'heure du match !

La rousse releva le nez d'un ouvrage intitulé Comment survivre avec moi-même et considéra son amie, le regard vide.

- Poufsouffle-Serpentard, ça te dit quelque chose ?

- Le Quidditch ! Mais si je …

- Trop de bruit dans ma bibliothèque ! Hurla alors Madame Pince en faisant irruption derrière elles. Dehors ! Tout de suite !

La bibliothécaire ne le sût jamais, mais elle mit fin au dilemme de Lily, qui abandonna sans scrupule ses affaires dans la Salle Commune avant de courir vers le terrain avec Maggy.

Elles arrivèrent dans les gradins au moment où les joueurs entraient. C'était le troisième match de l'année, le deuxième s'étant soldé par la victoire de Serpentard contre Serdaigle.

Les jeunes filles s'arrêtèrent en haut des gradins, à bout de souffle. Elles fouillèrent la foule du regard, à la recherche de Jenny et Val, mais sans succès. Finalement Lily pointa le doigt vers une blonde aux cheveux bouclés et entraîna son amie vers elle.

Lily s'assit sans cérémonie à côté d'Alice qui eut l'air surpris mais lui sourit. La rousse présenta ses amies l'une à l'autre mais le coup de sifflet annonçant le début du match coupa court à toute conversation.
La jeune fille se passionna pour une petite attrapeuse de Poufsouffle qui arrivait à esquiver tout le monde et semblait avoir la faculté d'apparaître de nul part devant les joueurs. D'après les commentaires d'Arthur, elle était en deuxième année. Elle était époustouflante. Seulement, alors que Poufsouffle menait 80 à 20, un cognard percuta la jeune attrapeuse à la tête. Elle bascula de son balai. Tous les élèves se levèrent d'un bond alors qu'une clameur emplissait le stade. Au moment où elle allait toucher la sol, elle s'immobilisa brusquement, avant de flotter doucement jusqu'à terre. Toutes les têtes se tournèrent vers la tribune des professeurs, où Albus Dumbledore se tenait debout, sa baguette pointée vers la jeune fille. Madame Pomfresh fit irruption sur le terrain et elle fut emmenée sur un brancard magique.

Dès lors le match perdit tout intérêt pour Lily. Elle se contenta d'écouter le score en laissant son regard vagabonder. Alors que ses yeux glissaient au-dessus des têtes des élèves, elle aperçut un grand brun qui se dirigeait vers l'escalier des gradins à grands pas.

- Hé, souffla-t-elle à Alice en lui donnant un coup de coude, regarde qui est là !

La blonde tourna la tête vers la direction indiquée par son amie et piqua un fard.

- Appelle-le ! Insista Lily en voyant qu'elle ne réagissait pas.

- Non mais ça va pas ?

- Si tu ne le fais pas je lui dis tout !

- Lily ! Tu ne ferais pas ça ?

- Bien sûr que si. FRANK !

Le jeune homme tourna la tête. Il eut l'air surpris, hésita, mais finalement bifurqua pour se diriger vers les trois jeunes filles.

Margaret jeta un regard de connivence à Lily et se décala pour que son amie fasse de même et dégage une place pour Frank à côté d'Alice. Elle semblait persuadée que Lily allait vraiment mettre sa menace à exécution.

Le Sixième Année enjamba le banc et sourit à ses voisines, avant de s'adresser plus particulièrement à la blonde.

- Ça fait un bail, Alice ! J'ai l'impression qu'on ne se croise jamais.

Derrière lui, Lily fit une grimace à la jeune fille pour lui dire « Tu vois, il a envie de te voir ! ». Elle se mit à rougir et balbutia qu'elle passait beaucoup de temps dans leur Salle Commune. Merlin en soit remercié, Frank relança la conversation sur leurs vacances communes et Alice cessa de bégayer. Lily et Margaret se sourirent, ravies. C'était la première fois qu'elles arrivaient à les réunir. Cependant une question taraudait la rousse : pourquoi tentait-il de s'échapper du stade ? Profitant d'une accalmie dans la conversation des deux jeunes gens suite au hurlement d'Arthur (« POUFSOUFFLE MARQUE ! »), elle interrogea :

- Où est-ce que tu allais comme ça quand Alice t'as intercepté ?

- C'était Alice ? J'étais persuadé que c'était toi.

- Oh non, je n'aurais pas osé, réplique Lily avec un sourire innocent, alors qu'Alice donnait l'impression qu'elle allait s'évanouir. Et donc, pourquoi fuyais-tu ?

Un pli de contrariété barra son front et il marmonna :

- Je me suis disputé avec mes amis, alors j'ai préféré partir.

- Avec Terry ? S'étonna Alice.

Un petit sourire détendit le visage de son interlocuteur.

- Non, bien sûr que non. C'est bien la dernière personne avec qui je me disputerais.

Il soupira puis acheva :

- Avec Lucy.

Margaret plaqua ses mains sur sa bouche avant de se trahir et heureusement Frank ne vit pas son geste. Lily se mit à donner des coups de pieds frénétiques dans le tibia de son amie … Du moins c'est ce qu'elle pensait jusqu'à ce que Frank lui dise, l'air perplexe :

- Euh … pourquoi est-ce que tu me frappes ?

La jeune fille devint cramoisie et marmonna quelque chose à propos de la Danse de Saint-Guy. Les Poufsouffle la tirèrent de ce mauvais pas en gagnant le match, ce qui engendra des hurlements tels qu'il était impossible de parler. Lorsqu'ils purent de nouveau s'entendre, Alice entreprit de leur raconter ses vacances de Noël en Grèce et Frank ne revint pas sur les coups de pieds intempestifs de Lily.
Mais alors qu'ils éclataient tous de rire à l'évocation de la chèvre qui mangea le pyjama d'Alice, une main se posa sur l'épaule de Frank. Il se retourna pour faire face à une brune aux yeux noisettes. Ils se regardèrent quelques instants en silence puis le jeune homme adressa un sourire contrits aux trois jeunes filles avant de suivre Lucy.

Chapitre 15

Une semaine après le match de Quidditch, un soleil radieux se leva sur Poudlard. Le blizzard avait cessé huit jours plutôt mais jusque là un couvercle de plomb semblait couvrir la lande.
Lily descendit prendre son petit-déjeuner d'excellente humeur, même si l'histoire d'amour d'Alice n'avançait guère. Il était environ neuf heures lorsqu'elle pénétra dans le hall désert. Ou presque … Rusard se tenait devant une étagère pleine de patins à glace. Lily s'approcha, stupéfaite, et lut le parchemin accrochait sur le mur près du concierge grincheux : « En raison des températures exceptionnelles de cet hiver, le Lac Noir est suffisamment pour que vous puissiez y patiner en toute sécurité. Poudlard prête des patins à glace, à condition qu'ils soient rendus en excellent état. Inscrivez votre nom sur le registre. La Direction ».

La bonne humeur de Lily s'accentua un peu plus. Elle n'avait pas patiné depuis ses dix ans ! Oubliant totalement son petit déjeuner, elle remonta en courant vers la tour de Gryffondor et entreprit de réveiller ses amies à coups d'oreiller.

Ce jour-là, presque tout Poudlard passa la journée sur le Lac Noir, certains eurent même la chance d'apercevoir McGonagall virevoltant sur la glace sous sa cape écossaise. Le Professeur Dumbledore fit une apparition, mais resta les deux pieds sur la terre ferme. Il évita de justesse une boule de neige vraisemblablement envoyée par Sirius Black et, du bout de sa baguette, se vengea discrètement. Le coupable dut retourner au château pour ôter toute la neige qu'il y avait dans son t-shirt.

Lily, Val et Margaret durent traîner Jenny sur la glace. Elle n'était jamais monté sur des patins à glace et avait, selon l'avis de ses amis, très peur de se ridiculiser devant tout Poudlard. Ce n'est qu'après qu'elles lui eurent montré un beau blond de septième année qui tombait toutes les deux minutes qu'elle accepta d'essayer.

Les quatre filles aperçurent Alice en train de patiner avec une de ses amies nommées Ethel, une blonde de leur année également chez Serdaigle. En revanche, Frank ne se montra pas, bien que Lucy soit là avec ses amies. Cela ralluma une étincelle d'espoir dans le coeur de Lily et de ses trois complices.
James et toute sa bande partagèrent la journée entre patinage et batailles de boules de neige. Peter préférait ses dernières car il avait moins de chance de se faire mal. James et Sirius s'arrangeaient pour faire tomber les plus jeunes, avec la complicité plus ou moins volontaire de Remus.
Severus ne parut pas non plus sur la glace, au grand dam de Lily. Elle se demandait avec angoisse ce qu'il pouvait bien être en train de faire à l'intérieur du château alors que tout le monde était dehors.
Lorsque Lily s'assit dans la neige sur le bord du lac, sous les rayons du soleil déclinant, ce fut avec l'impression d'avoir passé l'une des meilleures journées de sa vie. A part sa brève inquiétude pour Severus, elle avait oublié les soucis qui pesaient sur le monde de la Magie, elle avait mis de côté les exigences de ses professeurs et le fait que les BUSEs l'attendaient à la fin de l'année. Elle était revenue à l'époque de ces dix ans, et cela lui avait fait un bien fou.

Elle se laissa tomber sur le dos et entreprit de faire un ange en agitant bras et jambes, les yeux fermés. Val en profita pour lui lancer une boule de neige dans le visage.

Alors que sa victime se redressait avec un glapissement, une clameur s'éleva soudain. Toutes les têtes étaient tournées vers l'entrée du château. Un mouvement de masse s'enclencha et bientôt tous les élèves se bousculèrent dans le Hall, patins à la main.

Lily et ses amies arrivèrent bonnes dernières. Comme elles ne comprenaient pas ce qu'il se passait, Jenny joua des coudes jusqu'à ce qu'elle atteigne un grand garçon qu'elle connaissait vaguement. Avec un sourire angélique, elle interrogea :

- Tu sais quel est le problème ?

Le pauvre garçon eut l'air ébloui et balbutia :

- Euh … Apparemment il y a … Il y a quelque chose écrit sur le mur.

Le sourire de Jenny se fit un peu plus enjôleur.

- Tu sais ce que c'est?

- Une sorte de poème … En rapport avec la Magie Noire.

La bonde ouvrit de grands yeux candides en émettant un « Oooh » de consternation, puis elle se haussa sur la pointe des pieds pour embrasser la joue de son interlocuteur et enfin rejoignit ses amies, sa mission accomplie.

- Alors ? Demanda Val d'un ton surexcité.

Jenny haussa les épaules et expliqua le peu d'informations qu'elle avait obtenu.
Mais alors la voix de Dumbledore s'éleva, demandant la dispersion aux élèves de regagner leur Salle Commune. Après quelques instants de flottement, le Hall commença à se désengorger. Lily se fraya un chemin à travers la foule jusqu'au mur concerné et lut :

« Sang-de-Bourbe qui vivaient en ces lieux

Prenez garde au Maître !

Et vous qui les aidez, traîtres !

Vous subirez le même sort qu'eux. »

Une main se glissa dans celle de la jeune fille. Elle tourna la tête et rencontra les yeux inquiets de Margaret. Lily lui sourit.

- Ne t'en fais pas. Ce ne sont que des menaces en l'air. Tant qu'on est à Poudlard elles ne peuvent pas être mises en application.

- Mais on ne sera pas toujours à Poudlard, répondit Maggy en secouant la tête. Il n'y aura pas toujours Dumbledore pour nous protéger.

Lily reporta son attention sur le mur, soucieuse.

- Tu crois que toute cette histoire durera encore quand on quittera l'école ?

- Ca a commencé avant qu'on y entre, alors pourquoi pas ?

Soudain deux bras s'abattirent sur leurs épaule et la voix de Frank lança joyeusement à leurs oreilles:
- Ne vous en faîtes pas, comme je sors un an avant vous j'aurai le temps de régler ce petit problème !

Les deux jeunes filles rirent et il les poussa vers l'escalier. Ils étaient presque les derniers et la préfète en chef s'égosillait pour qu'ils se dépêchent. Apparemment elle les appelait depuis un moment déjà, raison pour laquelle Frank était allé les chercher.

- Tu n'es pas sorti aujourd'hui ? Demanda Lily alors qu'ils gravissaient les marches.

Il se gratta la nuque, gêné.

- Je n'avais pas très envie.

- Pourtant Lucy était là, je crois, remarqua-t-elle d'un ton dégagé.

Il lui jeta un regard torve auquel elle répondit par un air innocent.

- Justement, se contenta-t-il de répondre.

- Comment ça se fait que tu sois descendu ? Enchaîna-t-elle, jugeant préférable de s'en tenir là.

- J'ai entendu quelque crier, alors je suis allé voir.

- Quelqu'un a crié ? S'étonna Margaret, jusqu'alors perdue dans ses pensées.

Frank leur expliqua que c'était une deuxième année qui avait vu en première le message. Terrifiée, elle avait hurlé, ce qui avait ameuté les quelques personnes se trouvant dans le château et celles qui commençaient à rentrer. Voyant des élèves entrer au pas de course dans le Hall, d'autres avaient suivi. Puis Frank s'était attardé pour discuter avec le préfet en chef, l'un de ses amis, et il avait finalement remarqué les deux filles.

Ils pénétrèrent dans une Salle Commune pleine à craquer mais, pour une fois, tout à fait calme. Seul le bourdonnement des conversations à mi-voix emplissait la pièce. La plupart des élèves avaient encore leurs patins à la main, personne n'ayant songé à les rendre.

Frank se dirigea vers ses amis après avoir fait un signe de la main aux deux filles. Elles allèrent s'affaler par terre dans un coin de la salle près de Jenny et Val. Après avoir discuté un moment des évènements, Lily fronça les sourcils.

- C'est bizarre que ce soit aussi calme, alors qu'on est tous là …

- Oui, renchérit Val, j'ai l'impression bizarre qu'il manque quelque chose.

La rousse laissa son regard errer autour d'elle, puis elle comprit soudain : il manquait bien quelque chose … Potter et sa bande.

***

James et Remus se tassèrent sous la cape, attendant désespérément que quelqu'un entre. Une main posée sur l'épaule de Remus, Sirius se trouvais derrière eux, sous un sortilège de Désillusion. Ils avaient laissé Peter dans leur chambre, occupé à dessiner le troisième étage du château.
Enfin le tableau pivota et Evans suivie de sa copine brune -Margaret ?- et de Londubat entra. Les trois jeunes hommes se plaquèrent contre le mur et se faufilèrent jusque dans le couloir.
Ils descendirent les escaliers le plus discrètement possible et s'immobilisèrent lorsqu'ils arrivèrent en vue du Hall. Un groupe de professeurs se tenait devant l'inscription. S'ils se faisaient prendre maintenant, ils seraient, au mieux, collés jusqu'à la fin de l'année.

Sous la cape, James désigna un couloir latéral au rez-de-chaussé à Remus. Il haussa les sourcils, l'air de dire qu'il était fou mais le brun prit un air implorant. Son ami haussa les épaules, l'air atterré, et ils commencèrent à descendre vers leurs professeurs.

Ils parvinrent à couvert sans encombre et purent enfin épier la conversation qui se tenait entre les adultes.
- Aucun style, commentait d'une voix légèrement tremblante Slughorn.

- Incapable de faire des rimes, renchérit Etrog, toujours attaché à la rigueur.

- C'est surtout du dernier mauvais goût, rétorqua McGonagall d'un ton sec. Aucun véritable Mangemort n'aurait fait une chose pareille.

- Effectivement, ils préfèrent l'attaque pure et simple, lança Laverlane d'un ton légèrement moqueur. C'est à la fois trop grossier et pas assez direct.

- Il est de toute façon impossible qu'un mangemort ait pénétré l'enceinte de Poudlard, intervint Dumbledore d'un ton calme.

Il se tenait légèrement à l'écart des autres professeurs et frottait son nez, l'air pensif.

- Ce qui est encore pire, car il s'agit donc d'un élève ! fit remarque McGonagall.

Le directeur tourna la tête vers elle en souriant.

- Pire, je ne sais pas ! Il est inoffensif, Minerva, comme en attestent les messages disséminés sur mon chemin depuis le début de l'année, et pour le moment non suivis d'actes.

Toutes les personnes présentes se tournèrent vers lui, l'air stupéfait.

- Des messages ?

- De quelle sorte ?

- Des menaces ?

Le vieil homme eut un petit rire joyeux.

- Des menaces, effectivement ! Mais, sans vouloir me vanter, je ne pense pas avoir à m'inquiéter.

James entendit Remus réprimer un rire derrière son dos.

- Je propose, reprit Dumbledore, que les directeurs de maisons rejoignent leurs élèves et que vous regagniez chacun vos appartements.

Tous s'éloignèrent en murmurant, à part McGonagall. Lorsqu'ils furent seuls, elle interrogea :

- Vous avez une idée de leur identité ?

Les yeux fixés sur l'inscription, le directeur répondit distraitement :

- Bien sûr.

McGonagall n'eut pas l'air étonné.

- Et que comptez-vous faire ?

- Rien. Si je les renvoie, ce sera pire car ils seront enrôles aussitôt par de véritables Mangemorts et il sera alors impossible d'agir. Nous avons encore quelques années pour essayer de les faire revenir dans notre camp.

Le professeur hocha la tête. Après quelques minutes, Dumbledore rompit le silence, son air d'insouciance de nouveau sur le visage :

- Vos élèves vous attendent, Minerva ! Quant à moi, des affaires urgentes m'appellent un peu plus au sud... Espérons qu'il fera plus chaud qu'ici.

- En Cornouailles ? Rien ne vaut l'Ecosse, Albus !

Il rit, et invita McGonagall à passer devant lui pour monter les escaliers.

Des sandwichs avaient été apportés aux élèves puis, tombant tous de fatigue à cause de leur journée au grand air, ils étaient tous montés se coucher. Lily n'avait pas vu revenir Potter et Cie aussi elle s'assit dans un des grands fauteuils de la Salle Commune et commença à attendre, déjà à moitié endormie.
Enfin, des voix lui parvinrent, la sortant de son demi-sommeil.

- A ton avis, qu'est-ce qu'ils peuvent faire d'autre ?

- Rien, évidemment, même Tu-Sais-Qui a peur de lui et …

Deux silhouettes émergèrent de l'ombre. James et Remus étaient si plongés dans leur conversation qu'ils ne firent pas attention à Lily. Celle-ci se leva en tentant de garder un visage neutre. Les deux garçons tournèrent aussitôt la tête vers elle, stupéfaits.

Pendant quelques secondes le silence régna, rendant la tension encore plus palpable. Enfin, Lily lâcha :

- Que tu ne parviennes pas à empêcher tes amis de faire n'importe quoi, soit, mais que toi, un préfet, erres dans les couloirs pour Dieu sait quoi alors que nos directeurs nous ont demandé de rentrer dans nos Salles Communes..! C'est totalement irresponsable Remus !

L'intéressé se tortilla sur place, gêné, tandis que James dévisageait Lily, l'air abasourdi.

- Comment veux-tu qu'on respecte notre autorité si tu ne suis pas les règles ? C'est … Hmmmph!

Une main invisible venait de se plaquer que la bouche de Lily, et une voix moqueuse commenta :

- Personne n'a jamais « respecté votre autorité » Evans, alors ferme-la.

Stupéfaite, la jeune fille reconnut la voix de Sirius. Comment pouvait-il être invisible ? Elle tenta de passer en revue les sorts d'invisibilité dans son esprit mais l'expression satisfaite de Potter l'empêchait de réfléchir.

- Sirius, t'es vraiment obligé de faire ça ? Demanda Remus d'une voix incertaine.

- Evidemment ! James, qu'est-ce qu'on en fait ?

Le brun réfléchit un instant puis lança :

- Stupéfix la, on en parlera quand elle ne pourra pas nous entendre.

Lily ouvrit les yeux dans le noir. Elle était assise par terre, son dos appuyé contre un mur, les jambes repliées contre la poitrine. Mais le pire dans toute cette situation était qu'elle ne sentait pas sa baguette dans sa poche.

Elle tendit la main sur sa droite et marmonna un « Aïe » quand ses doigts percutèrent une paroi. Elle les promena contre le bois et finit par trouver une poignée. Pleine d'espoir, elle appuya.. Il ne se passa évidemment rien.

- Qu'est-ce que tu crois, on n'est pas des crétins.

Si Lily avait pu, elle aurait sans doute fait un bond de trois mètres. Etant donné l'espace quelque peu restreint dans lequel elle se trouvait, elle se contenta de sursauter violemment en portant la main à son coeur.

- Potter, espèce d'abruti ! Mais qu'est-ce que tu fous là ?

- On a d'abord pensé à t'enfermer toute seule dans le placard, puis on s'est dit que n'importe qui pourrait le faire, or je ne suis pas n'importe qui. Je suis la personne que tu détestes le plus dans toute cette école. Donc, on en a conclu que le pire pour toi serait d'être enfermée dans un placard à balais avec moi.

Un peu remise de sa frayeur, la jeune fille rétorqua d'un ton glacial :

- Et toi, alors ? Ce n'est pas le pire pour toi ?

Un petit rire lui répondit.

- Bien sûr que non. Au contraire.

Lily préféra ne pas savoir ce qu'il entendait par ces derniers mots et changea de sujet :

- Qu'est-ce que tu as fait de ma baguette ?

- C'est Remus qui l'a. Même si il est « irresponsable », il est le plus soigneux d'entre nous.

- Je vois. Et combien de temps va-t-on rester ici?

- Jusqu'à ce que je décide qu'on puisse sortir.

- Très bien.

Le silence s'installa et la cerveau de la jeune fille se mit à turbiner, à la recherche d'un moyen de se sortir de ce mauvais pas. Enfin, un plan germa dans son esprit. Il lui déplaisait au plus au point mais c'était le meilleur qu'elle avait.

Alors qu'elle cherchait comment le mettre en oeuvre, James lui fournit l'ouverture idéale :

- Je suis déçu, je pensais que tu résisterais plus.

- Je ne vois pas comment je pourrais faire. Et puis, ce n'est pas si terrible.

- Ne dis pas ça, tu ruines toutes mes espérances !

Lily tendit les mains devant elle et les posa sur ce qui semblait être les genoux de James. Elle le sentit se raidir et répondit :

- Tu as toi-même dit que ça te plaisait d'être là non ?

- Evans, tout ça n'a aucun sens.

Elle se pencha en avant et posa ses doigts sur les épaules du jeune homme avant de les faire monter jusqu'à son visage. Ils étaient tout proches.

- Qui a dit que nous pouvions agir rationnellement dans un placard sombre au delà de vingt-deux heures ?

- Vingt-deux heures ce n'est pas tard, objecta James d'une voix un peu trop aïgue.
Lily posa son front contre le sien avec un petit rire et fit courir ses doigts sur son torse. D'après le pouls de James, la situation lui échappait totalement. Tant mieux. Elle glissa ses mains dans son dos tandis que le jeune homme s'asseyait en tailleur. Il posa une main sur sa taille et l'embrassa à la commissure des lèvres. Puis, alors qu'elle pensait qu'il allait aller plus loin, il appuya sa tête contre sa clavicule.

Lily frémit et s'immobilisa, les doigts sur la baguette de James qui dépassait de la poche arrière de son jean. Il avait raison, tout cela n'avait aucun sens. Pourquoi s'en était-il tenu là ? Ce n'était pas le genre de choses que faisait James Potter. Non, en général il profitait de la situation.

La jeune fille ferma les yeux quelques instants et tira la baguette du jean de James. Il ne broncha pas, la respiration aussi lente et lourde que s'il allait s'endormir. A son grand étonnement, Lily hésitait entre jubiler du retournement de situation qui allait suivre et se détester parce qu'elle allait rompre cet instant. Mais il le fallait. Elle le détestait après tout, non ?

Elle raffermit sa prise sur la mince tige de bois et se leva brusquement. Elle sentit la tête de James percuter ses jambes et murmura « Lumos ».

Ils étaient effectivement dans un placard minuscule, encombré seulement d'une balayette poussiéreuse suspendue à hauteur du visage de Lily. Elle baissa le regard vers James et rencontra ses yeux, pleins de stupeur et … d'une lueur blessée ?

- Alors, on fait moins le malin ? Interrogea-t-elle en espérant avoir l'air sûr d'elle.

- J'aurais dû savoir que ça ne te ressemblait pas du tout de faire ça, marmonna-t-il. Tu es trop une brute pour faire preuve d'un minimum de tendresse.

- Mais pourquoi aurais-je un geste tendre pour quelqu'un que je déteste ? Il suffisait de réfléchir deux minutes pour comprendre que quelque chose clochait.

Il ne répondit pas et continua à la fixer, l'oeil sombre.

- La question, à présent, et de savoir ce que je vais faire de toi … Te planter là, certes, mais avec ou sans baguette ? Et si je te laisse avec, quel sort est-ce que je …

Lily s'interrompit avec un hoquet lorsque la bruit du verrou se fit entendre. Elle tourna vivement la tête vers la porte et blêmit lorsqu'elle vit le visage de McGonagall apparaître dans la lumière pâle de sa baguette. Ils allaient mourir.

Chapitre 16

James se figea lorsque Lily posa ses mains sur ses genoux. A tous les coups elle allait encore le frapper ou …

- Tu as toi-même dit que ça te plaisait d'être là, non ?

Quand ses doigts touchèrent son visage, il cessa de réfléchir. Il savait pertinemment qu'Evans ne faisait pas ce genre de choses, qu'elle n'avait sans doute pas de cœur et que même si elle en avait un, elle le haïssait. Et pourtant, il ne put s'empêcher de déposer un léger baiser à la commissure de ses lèvres. Il aurait pu aller plus loin. Si elle avait été comme Jenny, il l'aurait sans doute fait. Mais s'il faisait un faux pas maintenant avec elle, il n'aurait plus aucune chance. Aussi se contenta-t-il d'appuyer son visage contre son épaule, le cœur battant à toute allure.

Puis la situation bascula. Elle se retrouva debout, sa baguette tendue vers lui. Il n'avait rien vu venir, rien prévu. Alors qu'il la dévisageait sans comprendre, il songea que d'habitude c'était lui qui faisait du mal aux filles, jamais le contraire. Il était perdu. Perdu, seul et malheureux. Si bien que lorsque McGonagall fit irruption, il faillit l'en remercier.

Le visage d'Evans se décomposa et ses jointures blanchirent.

Il y eut un instant de silence tendu durant lequel les trois protagonistes du meurtre qui allait sans doute avoir lieu se dévisagèrent. Enfin le professeur commenta d'une voix glaciale :

- Si j'avais trouvé Mr. Lupin enfreignant le règlement, j'aurais été étonnée, mais pas outre mesure. Mais vous, Miss Evans, surtout en compagnie de ce jeune homme… Je dois dire que vous me décevez grandement.

- Professeur, ce n'est pas ce que vous pensez. Potter m'a ….

- Miss Evans ! Coupa-t-elle, croyez-le ou non j'ai moi aussi été jeune, et je sais pertinemment pourquoi une jeune fille et un jeune homme s'enferment dans un placard.

Lily eut l'air horrifié et James gloussa en imaginant McGonagall avec Slughorn dans un réduit sombre. De plus il était ravi que la jeune fille subisse seule le courroux de l'écossaise, car elle osait rejeter toute la faute sur lui.

Il s'en repentit cependant lorsque le regard assassin du professeur se posa sur lui et il déglutit difficilement.
- Mr. Potter, qu'allons-nous faire de vous ? Je crois que Mr. Rusard aimerait pouvoir pendre les élèves par les poignets au plafond de son bureau, vous serez sans doute ravi de remettre ce châtiment au goût du jour.

- Plus que ravi, commenta-t-il en se relevant, un sourire enjôleur sur les lèvres.

Il tentait de maintenir à distance toute l'amertume qu'Evans avait instillée en lui et reprenait ses réflexes habituels.

- Pas d'impertinence, Potter ! aboya McGonagall. Vous n'être jamais au bon endroit, jamais au bon moment, vous entraînez une des meilleures élèves que je connaisse dans des situations impossibles, alors pour une fois, taisez-vous !

James la dévisagea, bouche bée. Du coin de l'œil, il capta le regard moqueur de Lily et dut se retenir de ne pas lui tirer la langue.

Le visage rouge et frémissante de colère, McGonagall lâcha :

- Suivez-moi.

Puis elle tourna les talons et partit à grands pas.

James s'inclina aussitôt vers Lily.

- Après toi, mon cœur.

Son visage devint cramoisi et elle lui écrasa les pieds en passant devant lui.

Lily n'eut pas l'occasion de tenter de se disculper car James passa son temps à l'interrompre par des « Lily chérie ! » et à essayer de lui prendre la main. McGonagall finit par le faire sortir et colla les deux jeunes gens trois heures, non sans leur avoir enlevé cinquante points chacun.

La jeune fille alla se coucher après avoir rendu à James sa baguette, furieuse et bien décidée à l'ignorer jusqu'à la fin de ses jours. Lui-même se promit de continuer à l'agacer jusqu'à ce que mort s'en suive. Cependant, il lui fallait d'abord soigner son orgueil blessé.

Il attendit donc qu'elle se soit suffisamment éloignée et rentra à son tour chez les Gryffondors. Lorsqu'il ouvrit la porte de son dortoir, une conversation lui parvint :

- Médor ?

- Très drôle ! Est-ce que j'ai une tête de labrador, Peter ?

- Oh non, plutôt d'ours brun.

- Bon très bien, Winnie l'Ourson alors.

- Remus ! Ferme-la et va te coucher, tu veux ?

James ouvrit tout à fait la porte et s'appuya au chambranle, un petit sourire sur les lèvres :

- Sirius, je trouve aussi que Winnie l'Ourson t'irait bien.

Son ami le fusilla du regard.

- Ferme-la aussi et retourne dans ton placard ! Qu'est-ce que tu fous là ?

- Longue histoire, répondit simplement le jeune homme avant d'aller s'asseoir en tailleur sur son lit. Je vous raconterai plus tard. Je peux savoir de quoi vous parlez ?

Remus lui adressa un regard suspicieux mais Sirius se contenta de hausser les épaules.
Peter prit quelque chose sur sa malle et le tendit à James, l'air très fier. Le jeune homme saisit un morceau de parchemin plié en quatre et le déplia. Il contempla, émerveillé, un plan du rez-de-chaussée de Poudlard tracé avec précision à l'encre noire.

- C'est merveilleux Peter, bravo ! Tu vas faire les autres étages ?

Le blond lui adressa un sourire rayonnant.

- C'est déjà fait ! Tape dessus avec ta baguette !

Surpris, James s'exécuta. Aussitôt l'encre s'effaça et le premier étage apparut.
Il leva un regard admiratif vers Peter, qui s'empressa de désigner Remus.

- C'est lui qui a trouvé comment faire.

- Un vieux sortilège trouvé dans « l'Orientation pour sorcier maladroit ». Apparemment certaines personnes ont dû faire des plans de leur maison pour ne pas se perdre.

James éclata de rire, Evans un instant oubliée.

- Vous êtes géniaux !

Peter rougit de plaisir.

- Mais je ne vois pas le rapport avec Winnie l'Ourson.

- On s'est dit que comme cette carte contient tous nos secrets et que ça relève de la grande magie, ce serait quand même pas mal de la signer, expliqua Sirius. Seulement ce serait assez stupide de mettre nos vrais noms. Nous étions donc en train de chercher autre chose.

- Si nous sommes les seuls à la lire, je ne vois pas en quoi ce serait stupide de signer vraiment, observa James.

- Justement ! intervint Remus. N'importe qui pourrait la trouver, il suffit que l'un de nous la perde, ou qu'on la laisse dans un livre prêté à quelqu'un… Peter a eu l'idée de la sceller par un sortilège, parce que ce serait dommage que quelqu'un finisse par apprendre comment vous faîtes tous vos sales coups.

- Avec ton aide, coupa Sirius.

- Involontaire la plupart du temps ! Bref. Il y a bien un sortilège qui permet de faire ça, il faudra s'entraîner un peu mais on devrait y parvenir. Si jamais quelqu'un essaie de la lire sans la bonne formule, un message s'affichera.

- Quel genre de message ?

- A nous de l'écrire ! Et nous voulions donc signifier que cette carte a des propriétaires et que ladite personne n'a rien à faire avec.

- Ca vous a pris combien de temps d'élaborer tout ça ?

- Si tu nous écoutais au lieu de regarder Evans les trois quarts du temps, tu saurais, commenta Sirius avec un grand sourire.

James lui adressa un regard mauvais et alla s'asseoir sur son lit.

- Où en êtes-vous de vos délibérations ?

Lorsque Lily ouvrit la porte de sa chambre, Jenny était en train de se faire les ongles, Margaret de lire et Val d'écrire une lettre. Elles levèrent toutes la tête en l'entendant et se mirent à brailler en même temps pour tenter de savoir où elle était partie.

Finalement la jeune fille beugla :

- STOP !

Le silence se fit aussitôt et elle profita de cette courte accalmie pour expliquer d'un ton las :
- Comme vous le savez, j'attendais Potter et sa bande. Sauf que j'ai fini enfermée dans un placard avec cet abruti.

A son grand étonnement, il n'y eut aucune réaction à sa déclaration. Ses trois amies se contentèrent de la dévisager, l'air de ne pas y croire.

- Et … Qu'est-ce que vous avez fait dans ce placard ? balbutia enfin Val.

Le visage de Lily s'empourpra brusquement et elle tergiversa pendant quelques secondes : leur dirait-elle la vérité ?

- Lily, ça ne sert à rien de nous mentir, tu as hésité trop longtemps, commenta Margaret. Alors ?

La jeune fille déglutit et, enfin, raconta tout.

Lorsqu'elle eut terminé ses trois amies étaient assises en tailleur sur leur lit respectif, cet air stupéfait toujours gravé sur leur visage.

Elles se consultèrent du regard et Lily eut la terrible impression d'être au tribunal. Au bout de quelques secondes, Val prit la parole.

- Est-ce que tu es amoureuse de James Potter ?

- Non ! Bien sûr que non ! Il est arrogant et méchant ! C'est juste qu'il est .. il est …

Elle rougit furieusement et finalement murmura :

- Beau.

- C'est sûr, concéda Jenny, mais quand vous vous engueulez vous avez toujours l'air assez proche.

- Mais justement ! Je le déteste, et lui aussi !

- En fait vous avez l'air de flirter, dans ces moments-là, reprit Maggy.

Lily gémit et enfouit son visage entre ses mains.

- Je ne l'aime pas, il ne me drague pas et on ne flirt pas, grommela-t-elle. S'il disparaissait brusquement de la surface de la terre, ça ne changerait strictement rien à ma vie.

Elle releva la tête vers ses amies et leur adressa un regard d'avertissement.
- Maintenant on enterre cet incident et tout ce que je vous ai dit. La première qui en reparle ce prend une chaussure.

Ses trois amies eurent un sourire machiavélique et, ce soir-là, Lily mit de nouveau son rôle de préfète de côté pour pouvoir lancer toutes sortes d'objets à travers la chambre sans culpabiliser.

***

- James ?

Le jeune homme se retourna et sourit à Peter. La demi-lune descendante éclairait légèrement son visage tout en plongeant les lits à baldaquins dans une ombre plus profonde. Le son léger des respirations de leurs deux amis brisait à peine le lourd silence de la neige qui tombait.

Le blond s'abima dans la contemplation de la Forêt pendant quelques secondes puis interrogea :
- Qu'est-ce qu'il s'est passé avec Lily ?

James tiqua légèrement en l'entendant utiliser le prénom d'Evans.

- Pourquoi est-ce que ça t'intéresses ?

- Parce que ça te perturbes, répondit simplement Peter en tournant la tête vers lui.

Le brun songea qu'il était agréable d'avoir un ami qui se souciait seulement de savoir comment il allait plutôt que saisir chaque occasion pour se moquer de lui. Après un instant de silence, il murmura :

- Cette fille est incompréhensible. Je ne saisis aucune de ses actions, je suis incapable de prévoir ce qu'elle va faire. Elle est une énigme.

- Mais c'est pour ça qu'elle te plaît non ?

James fronça le nez, mais ne protesta pas. A deux heures du matin et dit par Peter, cela ne semblait pas si terrible.

- Peut-être. J'ai cru … J'ai cru un instant que …

Il enfouit son visage dans ses mains et soupira profondément.

- Je ne sais pas ce que j'espérais au juste, mais je me suis trompé sur toute la ligne. Et c'est ça qui est terrible, avoir espéré pendant un minuscule instant pour finalement se rendre compte qu'elle ne faisait que jouer. C'était de bonne guerre, après tout.

Il lui raconta exactement ce qu'il s'était passé, les yeux fixés sur le parc. Lorsqu'il eut fini, Peter commenta :
- Tu devrais reprendre la technique de « Je t'insulte », ça me paraît plus sûr.

James eut un petit rire et donna une tape dans le dos de son ami.

- T'as raison. Merci, Peter.

Le blond lui adressa un grand sourire et trottina jusqu'à son lit avant de se jeter dedans.
James resta quelques minutes supplémentaires près de la fenêtre, les yeux perdus dans le vague. Ce soir là, il enfouit ses sentiments au plus profond de la nuit, avec la ferme attention de les y laisser pour toujours.

Le dimanche matin, Lily descendit prendre son petit-déjeuner avec ses amies. Le soleil brillait toujours mais la jeune fille avait du mal à en profiter.

En effet le message menaçant de la veille s'était rappelé à son esprit en brillant par son absence -effacé une fois encore au cours de la nuit, et les évènements du placard ne cessaient de la titiller, ainsi que sa conversation avec ses amies lorsqu'elle était retournée dans le dortoir.
Margaret semblait également quelque peu soucieuse aussi se tenaient-elles légèrement à l'écart de leur deux amies, qui débattaient sur l'importance de faire leur devoir de potion ou non.

Alors que Lily allait se saisir d'un toast, une main se posa soudain sur son épaule. Elle sursauta et fit volte face, pour croiser le regard noir (dans tous les sens du terme) de Severus.

- Je peux te parler, s'il te plaît ? Interrogea-t-il d'un ton pincé.

La jeune fille songea qu'elle aurait aussi des reproches à faire à son ami mais se leva sans discuter. Elle sourit à ses amies pour leur signifier qu'elle revenait et suivit le Serpentard jusqu'à l'extérieur de la Grande Salle.

Ils s'arrêtèrent à l'ombre de l'escalier principal et Severus lança :

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire de placard ?

Lily gémit intérieurement mais répliqua d'un ton ferme :

- Je peux savoir comment tu es au courant ?

- Potter n'a pas pu s'empêcher de se vanter j'imagine. En tout cas tout Poudlard le sait. Alors ?

- Depuis quand épies-tu mes faits et gestes ?

- Bon sang, Lily, réponds moi !

- Ce n'est rien, voilà ! On s'est mutuellement étripé jusqu'à ce que McGonagall arrive. Ça te va ?

Il croisa les bras, l'oeil sombre.

- Ce n'est pas ce qu'on raconte.

- Depuis quand est-ce que tu crois les autres et pas moi ?

- Depuis que tu passes ton temps avec Potter. Il est bizarre, lui et toute sa bande ! Surtout Lupin.

Lily se tendit et interrogea, méfiante :

- Comment ça « surtout Lupin » ?

- Il a toujours l'air maladif. Surtout aux alentours d'une certaine période du mois. Il cache quelque chose.

- Bien sûr que non, il travaille juste beaucoup trop !

- Pourquoi est-ce que tu les défends tout le temps ?

- Je ne défends que Remus, qui est très gentil.

Elle soupira.

- Je ne comprends même pas pourquoi on se dispute à propos d'eux.

Il lui sembla que Severus rougissait légèrement.

- Je n'en sais rien, répondit-il finalement. Mais je t'assure qu'il y a quelque chose de pas normal chez ce Lupin et …

- Sev', avertit Lily. Si tu veux que je te pardonne tes soupçons ridicules, ferme-la maintenant.

Il s'exécuta, l'air à la fois agacé et contrit.

- Bon... J'ai le droit de petit-déjeuner ?

Il hocha la tête et elle lui fit un petit sourire pour lui montrer qu'elle ne lui en voulait pas vraiment. Aussitôt, une expression ravie passa sur le visage du Serpentard.

Alors qu'ils se dirigeaient vers la Grande Salle, Lily espéra que l'ordre retrouvé durerait encore quelque temps. Cependant une voix moqueuse interrompit ses pensées et ruina ses rêves.
- Evans, c'est fou comme tu passes ton temps dans des endroits bizarres ! D'abord un placard, et ensuite les dessous d'un escalier ! Et avec un garçon différent à chaque fois en plus, je ne te pensais pas si dévergondée.

Lily se figea, les poings serrés. Elle pivota lentement sur elle-même et fusilla Sirius Black du regard. Il se tenait au milieu des escaliers en compagnie de ses trois amis. Remus fronçait les sourcils tandis que Peter jetait des regards inquiets vers Potter. Ce dernier arborait un rictus étrange, entre la grimace et le rire.

Comme elle ne répondait pas, Sirius reprit :

- Si je comprends ton choix de compagnie pour hier soir, j'avoue que cette fois-ci ça m'échappe un peu. Tu as une attirance pour les animaux visqueux ?

- Ferme-la, Black, gronda Severus en sortant sa baguette.

Lily posa la main sur son bras mais c'était trop tard. Potter et son ami tirèrent leur baguette en même temps et les pointèrent vers le Serpentard.

- Un problème, Servilus ? Interrogea James en haussant un sourcil.

- Les gens qui m'insultent me posent un problème, en effet.

- Oh, je vois. Que dirais-tu d'avoir un véritable problème ?

Avant que quiconque ait pu réagir, il y eut un éclair orangé. Severus lâcha sa baguette avec un petit cri de douleur et porta les mains à son nez. Celui-ci commençait à enfler à vue d'oeil, à la plus grande horreur de Lily. Alors que son ami s'enfuyait vers l'Infirmerie, elle beugla :

- Potter ! J'enlève dix points à Gryffondor et tu seras collé une heure !

Le brun dégringola les escaliers jusqu'à elle et la toisa, sa bouche toujours tordue en une expression indéchiffrable.
- Tu crois que tu me fais peur, Evans ?

La jeune fille le foudroya du regard, mais leur proximité lui rappelait trop la veille au soir. Une étrange lueur passa dans les yeux de Potter et elle fut certaine qu'il avait pensé exactement la même chose. Il s'écarta brusquement et commenta :

- Tiens ton serpent hors de mon chemin si tu veux éviter qu'il ne lui arrive malheur.

Puis, il se dirigea à grands pas vers la Grande Salle, bientôt rejoint par ses amis. Lily resta seule au milieu du Hall, la baguette de Severus gisant toujours au sol. Tout cela n'avait rien d'un flirt. Rien du tout.