Titre original : The Weight We Carry.
Titre traduit : Le Poids que Nous Portons.
Auteur : Atypicalsnowman

Warning : Lemon (relations homosexuelles).

Disclaimer : Je ne fais que traduire une fiction imaginée par Atypicalsnowman.
Il y a des extraits de « Harry Potter et les Reliques de la Mort ». Tout le crédit pour ces lignes, ainsi que le monde et les personnages qu'elle a créés, revient à JK Rowling.
Il y a également une citation empruntée à Thorton Wilder de « Our Town ».

Note de l'auteur : Cette histoire a été écrite pour les « Snarry Games » de 2009, et c'est de loin l'histoire la plus difficile que j'ai jamais écrite. Etant donné que ce furent les derniers « Snarry Games », je suis très heureuse d'avoir pu y participer et honnêtement j'ai ressenti une certaine fierté quand tout était fait.
Tant de choses se sont produites lors de l'écriture de cette histoire, que j'ai l'impression qu'il devrait y avoir des notes de bas de page.
J'espère que vous apprécierez.

Note de la traductrice : J'ai littéralement adoré lire cette fic en anglais, et j'espère que vous y prendrez le même plaisir une fois traduite. La fanfiction originale était un one-shot, mais je compte la fractionner en différentes parties.
Je reviens donc avec une autre traduction qui se déroule après la Bataille de Poudlard (ici, elle commence en pleine action). Mais celle-ci diffère de « Quelque chose à célébrer » par son côté plus sombre (et moins alcoolisé).
Donnez-moi votre avis en passant !

Bonne lecture !

EDIT : suite à des soucis de mise en page (FFnet grrrr!), j'ai fait quelques modifications qui devraient vous faciliter la compréhension de l'histoire... Toutes les excuses.

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The Weight We Carry


« Le poids du monde est l'amour. Sous le fardeau de la solitude, sous la charge du mécontentement, le poids que nous portons, c'est l'amour. »

Extrait traduit de 'Song' d'Allen Ginsberg.

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« Je regrette. » dit Voldemort dans un murmure rauque alors qu'il sortait de la pièce, sans un regard pour l'homme qu'il avait assassiné avec tant de désinvolture.

Le visage de Snape était d'un ignoble blanc tandis qu'il gisait au sol, ensanglanté et haletant, ses mains luttant pour panser ses blessures.

Lentement et contre les protestations d'Hermione, Harry quitta leur cachette et enleva sa cape. Il ne savait pas pourquoi il s'approchait de Snape, qui avait été à l'origine de tant de souffrances. C'était là un homme que Harry pouvait affirmer détester. Néanmoins, il se dit que personne ne méritait de mourir seul: pas comme ça, pas ici.

Les yeux de Snape s'écarquillèrent quand Harry entra dans son champ de vision, et il sembla utiliser tout ce qui lui restait de force pour attirer Harry à lui. Des larmes roulaient sur ses joues et du sang s'échappait de sa gorge et de sa bouche.

« Je ne - je ne peux - » dit-il d'une voix rocailleuse et encombrée par le sang, mais Harry ne comprenait pas ce qu'il voulait dire.

« Vous ne pouvez pas quoi ? » questionna-t-il, avant de se demander ensuite pourquoi il l'avait fait. Ce n'était pas comme si cela l'intéressait ou que Snape pouvait répondre.

« Je suis... désolé... » dit Snape. « Regardez-... moi. »

Harry le fit. Les yeux noirs rencontrèrent les verts et Harry entendit un très faible murmure, « Legilimens ».

Harry sursauta et la pièce se mit à tanguer autour de lui. Il ressentit d'abord la présence intrusive d'un autre esprit comme un marteau dans sa tête. Toute son attention était tournée vers son for intérieur et il pouvait à peine sentir les mains toujours agrippées à son cou. Ses yeux ne voyaient plus la Cabane.

Il était dans son esprit, mais les souvenirs qui volaient devant lui n'étaient pas les siens.

Mais ce n'était pas ce qui l'effrayait le plus. Cela ne ressemblait en rien avec le fait de regarder un souvenir dans une Pensine, où on le voyait se jouer. Ces souvenirs-là le forcèrent d'un seul coup, semblant venir de l'intérieur – de son intérieur – et de l'extérieur en même temps. Il se sentit presque écrasé sous leur poids. Tout se déplaçait beaucoup trop rapidement et Harry avait du mal à donner un sens à cette soudaine attaque au sein de son esprit.

Il ne pouvait pas en supporter beaucoup plus, il devait briser le sortilège – devait faire sortir Snape de son esprit -

Alors qu'il avait l'impression de se faire noyer sous les images, cela cessa soudainement. Vacillant, il réalisa que le sort avait pris fin. Sa tête tournait encore sous la force que Snape avait utilisée pour pousser les souvenirs dans sa tête. Il recula un peu et dut s'accroupir, équilibré par un genou et un bras tremblant. Il se calma comme il le put et essaya de reprendre ses esprits.

Ce fut comme d'essayer d'attraper le vent. Il voyait les visages de personnes, apercevait des endroits qu'il semblait reconnaitre. Un homme grand et sombre avec un air menaçant traversa son esprit en un éclair, et Harry ressentit une vague d'émotion qu'il n'eut pas le temps d'identifier il observa dans son esprit ce qu'il pensait peut-être être une aire de jeux ; il discerna un jeune garçon dans des vêtements dépareillés parler à une fille aux cheveux roux...

Cette scène disparut tout à coup. Puis, il se dit qu'il se trouvait peut-être dans le Poudlard Express, et il y avait ce même garçon mince avec la même petite fille...

« Tu aurais été mieux à Serpentard... » entendit-il murmurer le garçon avant que la scène ne disparaisse à nouveau.

« ... Je pensais que nous étions amis ? » Le même garçon à peine plus âgé grommelait. « Et même les meilleurs amis, non ? »

« C'est vrai, Sev. » dit la jeune fille avant que la scène ne change encore.

Harry se doutait maintenant de qui étaient ces personnes. Il savait qui ils étaient il le savait pour sûr – il regardait les souvenirs d'enfance de Snape.

Il voyait des images de Snape et Lily se rendant ensemble en classe, se disputant à propos de la magie noire. Il essaya de capter des brides de conversations avant qu'ils ne s'éloignent, mais un murmure au fond de son esprit lui disait que ce souvenir n'était pas celui qu'il fallait observer.

Il crut reconnaître le mot 'sang-de-bourbe' avant que le souvenir suivant ne soit balayé devant lui. Harry eut soudainement conscience de tout ce qui s'était passé après les examens de BUSEs de Snape.

Il scruta le regard de Dumbledore face au dégoût de Snape, qui se mettait à genoux, le suppliant il se vit grandir dans les yeux de Snape et il observa Snape le regarder avec ce qui aurait pu être de la confusion, avant que le souvenir ne se dissipe.

Il contempla le patronus de Snape et sentit ses yeux s'écarquiller, alors qu'il avait le souffle coupé. En un instant, Harry réalisa ce que Snape essayait de lui dire, comprit ses intentions et tout ce qu'il avait fait pour l'aider (1). Il essaya avec encore plus de force de bouger, de tenter de quitter le lieu étrange où il se trouvait, mais il ne pouvait pas – il y avait encore tant de souvenirs et Harry luttait pour leur donner un sens.

Il observa Snape intervenant pour l'aider à maintes reprises, jouant toujours au méchant veillant toujours à ce que Harry ne se doute de rien.

Il fut témoin d'une dispute entre Snape et Dumbledore et il remarqua le visage tordu de dégoût de Snape et ressentit sa colère, étonné que l'homme le défende et accuse Dumbledore de l'envoyer à l'abattoir comme un porc, l'élevant uniquement pour mourir. Et Harry connaissait la raison pour laquelle Snape avait fait cela.

Finalement, il vit Snape avec l'épée de Gryffondor quitter le bureau du directeur, ce dernier souvenir s'imposant violemment à son esprit. Puis Harry fut à nouveau capable de se déplacer.

Haletant et tremblant, Harry glissa en arrière sur les mains et les fesses, s'éloignant de Snape dont les yeux noirs continuaient à le transpercer.

Hermione et Ron furent immédiatement sur lui. Ron se tourna pour fixer Snape qui agonisait, sans doute convaincu – le connaissant – que l'état de choc de Harry soit le résultat d'un acte de malveillance de sa part.

Harry cria et se déroba à leur étreinte, essayant de les maintenir loin de lui. Ses yeux étaient fixés sur ceux ternissant de Snape, la respiration de l'homme était de plus en plus laborieuse comme le sang jaillissait de ses blessures.

Ses lèvres tentèrent de former un mot et Harry se dit que cela aurait pu être 'Potter', mais quoi que ce fusse, il laissa seulement échapper une plainte étouffée tandis qu'il tendait une fois de plus sa main vers Harry.

Le monde sembla vaciller alors que Harry se levait, avant de se retrouver à nouveau à terre. Son esprit était un écho d'images brouillées, les souvenirs se battant toujours pour attirer son attention.

Il rampa vers Snape, voulant absolument lui dire quelque chose, n'importe quoi. Il voulait le remercier, le frapper et lui demander pourquoi il lui avait caché cela depuis si longtemps, il avait envie de pleurer sur son corps abîmé. Prendre conscience de la nature même de Snape avait frappé Harry comme un coup de poing à la poitrine. A ce moment, il sut qu'il ne voulait pas que Snape meure.

Tout son être voulait pouvoir le sauver, voulait que tout le sang arrête de couler – qu'il rentre à nouveau en quelque sorte, il voulait avoir un antidote et une potion de régénération sanguine.

« Episkey » dit-il désespérément, sachant que cela était inutile. Il répéta le sort bien qu'il semblait ne servir absolument à rien.

« Harry. » dit Hermione en posant une main sur son épaule. « Harry ! » dit-elle frénétiquement en l'obligeant à abandonner ses vaines tentatives pour arrêter les saignements.

« Harry, il est en train de mourir. Nous devons sortir d'ici. » dit-elle durement.

Harry regarda Snape fermer les yeux et devenir immobile, et il laissa éclater un profond sanglot. Il s'effondra en tentant de se raccrocher à lui, espérant qu'il se réveille.

Harry se retrouva soudainement attiré vers le haut par des bras, Hermione et Ron le remettaient sur pieds. Il lutta pendant un moment, ne voulant pas abandonner Snape, sans s'assurer qu'il était bien mort avant de le laisser dans cet endroit horrible.

« Lâche-moi, Potter ! » cria Severus alors qu'il tentait d'avancer dans le tunnel menant à la Cabane Hurlante. Il écarta finalement Potter et ouvrit la porte...

Seulement pour trouver une bête féroce de l'autre côté, un loup-garou assoiffé de sang.

Severus se figea et le loup-garou bondit pour l'attaquer. Il fut soudainement repoussé et la porte se referma. Severus se retrouva au-dessus d'un autre corps, tous deux haletant, et il réalisa ce qui venait d'arriver et maudit James Potter jusqu'à la septième génération.

« Merde ! » jura Harry alors qu'il s'effondrait dans le tunnel qui reliait la Cabane au Saule Cogneur. Il retira violemment ses lunettes et pressa ses mains contre son visage, comme si ce qu'il venait de voir était causé par ses yeux et non pas par son esprit.

« Harry ? » Hermione se laissa tomber à côté de lui sur le sol de terre.

« Harry, qu'est-ce qui ne va pas ? » demanda Ron, en se joignant à eux.

« Snape... Il est- ses souvenirs. Je ne sais pas. »

Le monde semblait un peu biaisé et Harry cligna des yeux et remit ses lunettes, se forçant à se concentrer.

« Snape va très bien, Harry. Il avait l'antidote au poison de Nagini sur lui. Il va se rétablir. » dit lentement Hermione.

Harry sentit sa tête tourner et il frotta ses tempes. Il prit plusieurs profondes respirations alors que le monde semblait se stabiliser et il regarda le visage inquiet d'Hermione.

« Qu'est-ce que tu as dit ? »

Hermione le regarda d'un air confus. « J'ai dit que Snape était mort, Harry, ou pas loin de l'être. Tu ne peux pas l'aider maintenant. Nous devons aller au château pour aider les autres. »

Harry secoua sa tête. Non, il ne devait pas se rendre au château. Il devait aller où se trouvait maintenant Voldemort –

Ses pensées se stoppèrent quand Voldemort amplifia sa voix sur le parc, disant à Harry qu'il avait une heure avant qu'il ne donne l'assaut du château et détruise quiconque se trouverait sur son chemin.

« Harry - » commença Ron alors que tous les trois se regardaient.

« Attends, Ron. Juste - attends juste un moment. » dit Harry en retenant son souffle et en se forçant à réfléchir sur ce qu'il venait d'apprendre.

Il n'avait pas le choix, réalisa-t-il. Il devait se rendre à Voldemort, devait devenir un martyr et se livrer littéralement comme un agneau à l'abattoir.

Une brève vague de panique le traversa, avant de disparaitre presque aussi vite qu'elle était venue.

Le chaos qu'avait été sa vie jusqu'à maintenant commença à prendre un sens, à la lumière de ce qu'il venait d'apprendre grâce aux souvenirs. Maintenant que le tableau était complet, il pouvait enfin voir les machinations et les desseins de Dumbledore pour ce qu'ils étaient.

Bien sûr, Dumbledore l'avait élevé pour mourir. Les petites choses auxquelles il avait commencé à penser l'année dernière prenaient tout leur sens à travers ce tumulte, alors qu'il commençait à accepter son destin. Il se rappela que Dumbledore lui avait donné sa cape d'invisibilité à un si jeune âge qu'il avait autorisé et même encouragé ses escapades nocturnes. Il n'avait pas trouvé cela bizarre à l'époque, mais quel genre de directeur permettait à une élève de treize ans de s'amuser avec un Retourneur de temps quand un loup-garou était en cavale ?

Et Dumbledore n'avait pas sourcillé quand Harry avait créé l'Armée de Dumbledore, lui permettant d'apprendre le sortilège du Patronus grâce à Remus...

Tout était devenu clair quand il avait vu sa vie à travers les yeux de Snape. Harry observa ses amis avec une soudaine maturité, regardant leurs années passées ensemble sous un nouveau jour. Tout semblait différent maintenant qu'il savait pourquoi il était ici ; il savait que sa vie en valait la peine.

Il réalisa, du fond de son esprit, qu'il devrait probablement être affecté par cela, devrait être outré d'avoir été utilisé de manière aussi flagrante. Mais ensuite il pensa à Snape, qui était mort ou mourant dans la Cabane, et il ne put sincèrement plus du tout être en colère.

Ce qui lui faisait le plus peur était le calme qui s'installait en lui, quand son cœur commença à prendre le pas sur son cerveau. Il ne se marierait jamais, n'irait jamais à l'université ou ne deviendrait un Auror il n'aurait jamais l'occasion de voir ce que deviendrait le monde sorcier une fois qu'il serait libre de l'ombre de Voldemort.

Il serait mort dans l'heure.

Le nom de Potter mourrait avec lui et, en quelque sorte, cela lui laissa un étrange sentiment de paix. Il supposa que c'était la pire des lâchetés, mais il s'en fichait. Il ne verrait jamais demain, ne verrait jamais la suite de tout cela.

Il savait que c'était plutôt égoïste de sa part de penser cela, mais une partie de lui était soulagée. Il pensa à Ginny et au fait qu'il savait qu'il ne l'avait jamais vraiment aimée, alors qu'elle pensait toujours à lui avec tendresse et jamais avec colère. Ses amis... eh bien, ils deviendraient plus qu'amis à cause de cela. Ils vivraient une vie longue et heureuse, ensemble espérons le, et il serait celui qui leur aurait donné la paix qu'ils méritaient tous deux.

Il pensa à tout ce qu'il ne ferait jamais et pourtant aucune rage ne vint, mais seulement un étrange soulagement.

Surtout, il se rendit compte que tout serait fini. Qu'il ne serait plus jamais appelé à sauver qui que ce soit, et encore moins tout un monde. Il ne ferait jamais face à la pression d'être un Auror et de traquer des mages noirs. Il n'aurait plus jamais à craindre pour sa vie ou celle de ses amis. Il aurait la paix dans l'au-delà, s'il y avait une vie après la mort, et si non, le néant.

Il ferait son sacrifice pour la paix du monde. Il sourit et pensa que la dernière chose qu'il ferait serait la plus importante. Elle aller permettre de sauver le monde des plus grands maux de ce siècle et il mourrait en l'accomplissant.

Qui peut demander une meilleure fin ?

Hermione et Ron le regardaient bizarrement. Il était assis dans le tunnel à réfléchir à la voie que sa vie avait prise.

« Harry ? » dit Hermione d'un ton hésitant, en se mettant à genoux pour lui parler.

Harry sourit, la regardant d'une toute nouvelle façon. Était-ce étrange qu'elle lui semble si jeune?

« Harry, tout va bien se passer. C'est presque fini. »

Harry eut un petit rire à cela. « Ouais, c'est exact. »

« Harry… écoute - » commença Ron, avant que Harry ne l'interrompe.

« Il y a quelque chose que je dois faire, mais vous devez vous rendre au château. Je vous retrouverai là-bas dans un petit moment, mais il y a quelque chose que je dois faire d'abord. »

Ron et Hermione commencèrent à protester, mais Harry les coupa en saisissant Ron dans une étreinte ferme, puis ouvrit son bras pour attirer Hermione également.

Tous deux semblaient un peu stupéfiés mais ils le serrèrent en silence, seul Harry se rendait compte qu'il leur disait au revoir.

« Harry, regarde-moi s'il-te-plait. » dit Hermione, en quittant l'embrassade. « C'est presque fini. Tous les Horcruxes ont été détruits - »

« Nagini. » interrompit Harry. « Vous devez tuer Nagini. Ou que quelqu'un le fasse. »

Hermione acquiesça, mais ne laissa pas Harry lui couper à nouveau la parole. « Harry, s'il-te-plait. Je sais que c'est tentant d'abandonner, mais… tu ne peux pas. Tout cela sera fini et tu auras toute la vie devant toi ! Tu pourras retourner à l'école et devenir un Auror et avoir une femme et une famille et... Tout ce que tu veux, absolument tout. Tout cela sera fini demain et ce sera une nouvelle vie pour toi. »

Harry sourit à ses paroles, intérieurement soulagé qu'elles ne soient pas vraies.

« Tu as raison, Hermione. Maintenant, vous devez vraiment aller au château. Je serai bientôt là... Il y a juste quelque chose que je dois faire. »

Hermione et Ron le regardèrent en proie au doute, alors il leur fit un sourire rassurant. Ils se tournèrent l'un vers l'autre interrogateur, puis hochèrent la tête et quittèrent le tunnel, laissant Harry seul.

Il se dit qu'il pourrait passer l'heure que Voldemort lui avait donnée à réfléchir ou à la passer avec ses amis, mais eux n'étaient pas la personne qu'il voulait désespérément voir.

Je m'ouvre au terme.

Il sortit le vif d'or que Dumbledore lui avait donné et murmura tout contre lui, « Je suis sur le point de mourir. »

Alors que la Pierre de Résurrection tombait dans sa paume, Harry sourit, considérant qu'il y avait peut-être une vie après la mort et peut-être qu'il y aurait des gens qui l'attendraient quand il en arriverait là.

Il garda la pierre dans sa main et marcha dans la forêt pour faire face à son destin.

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« Il faut que j'y retourne, n'est-ce pas ? » demanda Harry à Dumbledore, tout en craignant la réponse.

« Tu n'as pas à faire quoique ce soit, Harry » répondit-il.

« Mais Voldemort possède toujours la Baguette de Sureau. »

Dumbledore acquiesça.

Harry ferma les yeux et regarda les alentours de la gare de King's Cross, après avoir entendu le sifflement d'un train au loin. « Et si je n'ai pas envie d'y retourner - »

« Je suis sûr que tu peux simplement monter dans le prochain train. Il semblerait qu'il y en ait un qui arrive dans peu de temps. »

Harry examina les quais, la gare n'avait jamais eu l'air aussi propre. Il entendit à nouveau le sifflement et essaya de regarder plus avant, au-dehors de la gare, mais il ne pouvait pas.

« Et où m'emmènerait-il ? »

« Plus loin. » répondit simplement Dumbledore.

Harry frissonna et baissa les yeux. Il savait ce qu'il avait à faire, savait ce qu'il fallait faire et était plus furieux de devoir revenir que d'être venu ici en premier lieu.

« Si j'y retourne - »

« Je crois que tu peux mettre fin à cela, Harry, et rapidement. Si tu y retournes, tu pourras sauver tes amis et empêcher que des gens et leurs familles soient détruits. »

Harry nicha son visage dans ses mains alors qu'il cédait face à l'inévitable, réalisant qu'il n'avait pas le choix.

« Harry » dit Dumbledore, en posant une main sur son dos. « N'ais pas peur de repartir. Il y a toute une vie qui t'attend. »

« Ouais. » marmonna Harry, en se disant intérieurement que c'était cela le problème.

« Y a-t-il une raison particulière qui fait que tu sembles si réticent à y retourner ? »

« Je ne suis pas, je - » Harry soupira et se tourna vers Dumbledore. « Je suppose que je pensais que j'en avais fini, vous voyez ? Que c'était fini et que j'avais fait tout ce que je devais faire. Je suis bel et bien mort. Je ne veux pas mourir, mais... »

« Mais une partie de toi était content de l'être ? »

Harry hocha la tête et Dumbledore lui tapota l'épaule.

« Le choix t'appartient, Harry. Tu as fait tout ce qui t'a été demandé et tu l'as bien fait. Je ne t'en voudrais pas de vouloir un peu de paix. » Alors qu'il disait cela, le train qui avait sifflé au loin arriva dans la gare et ses portes s'ouvrirent en grand. « Il sera encore là dans soixante ou soixante-dix ans, si tu choisis de repartir. Mais sache que tu n'as aucune raison d'être effrayé de revenir en ce lieu. »

Harry acquiesça et se leva, tellement tenté de monter à bord le train. Il savait qu'il pourrait voir sa mère et son père, Remus et Sirius. Peut-être même Snape...

« Pensez-vous que je ne pourrais pas tout simplement m'attarder ici ? » demanda Harry à personne en particulier. « Juste rester ici et ne pas décider ? »

Dumbledore demeura silencieux, sachant d'une certaine manière que Harry ne lui parlait pas.

« Est-ce que les gens réalisent… Pensez-vous qu'ils aient jamais vu leur vie comme ça, de cette manière et même - » il s'interrompit alors que le train s'éloignait de la gare.

« Les saints et les poètes peut-être » dit Dumbledore. « Et les jeunes hommes courageux. »

Harry approuva et se tourna vers Dumbledore. « D'accord. Je suis prêt. »

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« Tu ne comprends pas ? Snape n'a jamais été des vôtres ! Snape a toujours été dans le camp de Dumbledore ! » hurla Harry alors même que son esprit semblait vaciller, révélant des images d'un Voldemort qu'il n'avait jamais vu auparavant.

Il luttait pour maintenir la réalité, mais il avait l'impression que son esprit se brisait.

« Tu prétends te préoccuper de cette femme, cette sang-de-bourbe, Snape ? » ditVoldemort à Severus, agenouillé devant lui.

« C'est le cas, mon Seigneur, malgré tout – elle était mon amie d'enfance. S'il vous plaît, mon Seigneur... »

Harry cligna des yeux et essaya de rester dans le présent, essaya de retenir les souvenirs qui cherchaient une fois de plus à envahir son esprit.

« Tu penses que tout cela importe maintenant, gamin ? Maintenant que je suis le maître de la Baguette de Sureau ? » siffla Voldemort tout en se déplaçant autour de Harry.

Des flashs de cette nuit fatidique – dans la grotte et dans la Tour d'Astronomie – survinrent dans la tête de Harry, mais ce n'étaient pas les siens. Harry vit Snape, vit sa peur et son dégoût d'avoir à tuer Dumbledore. Il lutta pour garder ses yeux ouverts alors que son esprit était focalisé sur l'éclair vert qui frappait le directeur.

« Tu es arrivé trop tard ! Snape a tué Dumbledore, mais ce n'était pas le plan. Il était censé mourir invaincu, mais ça n'a pas été le cas. Draco Malfoy l'a vaincu, et j'ai vaincu Draco, il y a quelques semaines ! La baguette que tu tiens dans ta main sait-elle que son dernier maître a été désarmé ? »

La tête de Harry tournait alors que Voldemort semblait comprendre ce que cela signifiait. Il dégaina sa baguette et Harry fit de même.

Le soleil brilla soudainement à travers la Grande Salle, éblouissant le visage de Voldemort et obligeant Harry à plisser les yeux pour le voir. Il tint sa position, ignorant les souvenirs qui jaillissaient dans sa tête, et il essaya désespérément de trouver quelque chose, un sort qui pourrait fonctionner.

« Expelliarmus ! »

« Avada Kedavra ! »

Harry s'effondra sous la force du sort et vit l'éclair vert prendre le pas sur le rouge de manière floue. La pièce se faisait silencieuse tandis que Harry tentait de garder ses yeux sur Voldemort, anxieux de voir si Dumbledore avait raison, si la Baguette de Sureau serait vraiment sa fin.

Alors qu'il perdait pied, Harry sentit quelque chose à l'intérieur de son esprit se briser et les souvenirs de Snape resurgirent avec hâte. Il ferma les yeux, incapable de les garder ouverts, et sombra dans l'inconscience avant même de toucher le sol.

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Harry ne savait pas s'il était éveillé ou s'il rêvait encore. Il reconnut l'odeur de l'infirmerie et tendit l'oreille pour déterminer ce qui se passait. Sa tête tournait toujours à cause des événements de la veille, alors il put à peine se concentrer sur les bruits environnants.

Il essaya d'ouvrir les yeux. Il avait besoin de savoir – il devait savoir si tout le monde allait bien, si le plan de Dumbledore avait marché.

« ... épuisé et il pourrait prendre un bon repas. Mis à part cela, il n'a physiquement aucun dommage. » entendit-il une voix familière, et il se demanda si elle parlait de lui.

Il n'avait aucune envie de se réveiller pour qu'on lui dise que Voldemort était encore vivant. Et si Voldemort était mort, alors que cela signifiait qu'il aurait à... Eh bien, Harry ne savait pas ce qu'il devrait faire, mais il savait qu'il n'avait aucune envie de faire face à cela. Malgré toute sa bravoure, tout ce qu'il voulait vraiment était un peu de repos.

Et si Voldemort avait survécu, alors cela signifiait plus de traque, plus de chasse, et cette fois, il savait qu'il devrait faire cavalier seul. Ses pensées se firent confuses alors qu'il luttait pour se rappeler ce qui s'était passé avant qu'il ne perde conscience, mais il ne parvenait pas à s'en rappeler.

Son esprit était obnubilé par son combat final avec Voldemort. Il essaya de s'asseoir, mais sa tête recommença à tourner et le sommeil le gagna encore une fois.

La seconde fois qu'il se réveilla, il fit une tentative désespérée pour rester conscient et ne pas s'évanouir comme cela lui était arrivé auparavant. Il s'était reposé, se dit-il, et maintenant il avait besoin de savoir si Voldemort était encore en vie.

Il constata que son corps était faible, il ouvrit donc lentement ses yeux. La lumière de la pièce était aveuglante et il gémit alors qu'un flash de couleur pénétrait dans son esprit – cette fois-ci, ce fut un souvenir de son passage à l'infirmerie en troisième année – et il vit Snape furieux contre le directeur à cause de l'évasion de Sirius.

Harry attendit et tenta de retrouver le chemin de sa pleine conscience, mais échoua. Son cou se tendit et il se tourna vers le côté, mais ses yeux eurent du mal à se concentrer sur la silhouette dans le lit à côté du sien.

C'était un homme, il en était sûr. Un homme avec de longs cheveux noirs et des bandages autour du cou. Il plissa les yeux et aperçut une médicomage arriver et lui administrer une potion.

« Snape ? » coassa-t-il.

La médicomage se retourna. « Harry ? Oh, bonté divine. Harry, vous m'entendez ? »

Harry essaya de lui répondre, mais ses yeux fixaient toujours Snape, qui semblait remuer dans son sommeil, comme si lui aussi essayait de se réveiller d'un horrible rêve.

Harry essaya de parler à la médicomage, mais son esprit tourbillonna à nouveau encore et encore, et il se mit à rêver.

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Harry rêvait, il était sûr de cela.

Il était vêtu cette fois, mais il se trouvait seul dans la gare de King's Cross, attendant que Dumbledore réapparaisse, attendant de savoir s'il avait accompli ce qu'il devait faire.

« Je suis tellement désolé, Harry. » dit une voix derrière lui.

Harry se retourna et regarda Dumbledore s'approcher, triste et plein de remords. Le cœur de Harry sombra dans sa poitrine lorsqu'il se rendait compte qu'il avait échoué. Voldemort était toujours vivant.

« Que s'est-il passé ? Qu'est-ce que j'ai mal fait ? » demanda-t-il.

« Je n'en ai aucune idée. Tout s'est déroulé selon mes plans, mais Voldemort est en vie. J'ai du manquer quelque chose. » dit Dumbledore, en commençant à se parler à lui-même.

« J'en doute, Monsieur. C'est moi qui ait du manquer quelque chose. Quelque chose que je n'ai pas fait... Un Horcruxe que je n'ai pas détruit correctement. »

Dumbledore écouta Harry et sembla considérer ses paroles. « J'en doute beaucoup, Harry, mais je n'ai toujours aucune idée de la raison pour laquelle mon plan a échoué. »

« Moi non plus. » dit tristement Harry. « Mais je vais l'achever. Je le dois. C'est mon combat, mon but, ma... ma raison d'être encore ici. »

L'évidence en était pesante et le silence de Dumbledore lui confirma ce qu'il savait déjà. Harry se tenait silencieusement alors qu'il entendait le sifflement d'un train au loin. Il savait qu'il n'aurait pas droit au repos de si tôt.

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Harry ouvrit les yeux.

Il se redressa dans son lit. La faiblesse qu'il avait ressentit avant était seulement notable par son absence. Sa tête avait l'air d'aller bien, comme le reste de son corps. Il déplaça ses jambes et se leva, marchant dans l'infirmerie.

Il n'y avait personne ici.

Il regarda autour de lui, certain d'avoir vu Snape ici avant, mais il se dit maintenant qu'il l'avait peut-être juste rêvé.

Tous les lits étaient faits et les draps de coton blanc étaient immaculés, attestant que l'infirmerie était bien vide. La pièce avait une odeur de potions et de désinfectants, mais pas de blessures. Harry savait que des gens avaient été blessés dans la bataille et il se demandait où ils avaient été emmenés. En sortant de la pièce, il ignora le terrible sentiment qui lui tordait le ventre et se rendit dans d'autres parties du château.

Les peintures étaient toutes silencieuses, le regardant curieusement quand il passait, et ne rencontra pas âme qui vive ou même un fantôme sur son chemin. Il marcha humblement autour des décombres de la Grande Salle, d'un pas mesuré et prudent, avant de sortir pour aller dans le parc.

La terre était brûlée, mais pas jonchée des cadavres de ses amis comme il l'avait craint. Étrangement terne, l'herbe semblait aussi morte que l'air, qui était calme et silencieux.

Le château semblait avoir subit pas mal de dommages, pensa Harry alors qu'il touchait les pans de mur tombés, mais qui tenaient toujours debout. Il ne savait absolument pas pourquoi tout ce qui l'entourait semblait sans vie. Même le ciel paraissait étrange, les nuages étaient figés dans les airs et le soleil semblait absent, alors que Harry était sûr d'être l'après-midi.

Il erra sans savoir exactement où il allait, jusqu'à ce qu'il atteigne le Saule Cogneur, qui était immobile pour la première fois de mémoire de Harry. Il entra dans le tunnel qui conduisait à la Cabane Hurlante et explora silencieusement le passage.

En pénétrant lentement dans la pièce, il espérait presque voir le corps de Snape étendu là, lui confirmant que sa mémoire lui avait joué un tour dans l'infirmerie. Mais elle était vide. Il secoua sa tête et regarda dans les autres pièces avant de décider qu'il ne le trouverait ici et quitta la Cabane.

À son retour au château, il se sentait vidé, épuisé et affamé. Il entra dans la Grande Salle pour voir si quelqu'un était revenu de... là où ils avaient été, mais encore une fois il n'y avait personne.

Après avoir regardé autour de lui pendant un moment, il se dirigea vers la table professorale, la seule qui était restée intacte, et s'y assit. Instantanément, de la nourriture apparut devant lui et Harry attaqua le repas, remerciant à voix haute l'elfe de maison qui avait jugé bon de lui servir à manger.

Après son repas, il vagabonda à nouveau dans le château, essayant toujours de trouver quelqu'un – n'importe qui – et devint de plus en plus inquiet et assez effrayé que personne n'apparaisse.

Certes, les quelques heures qu'il avait passé à chercher auraient dû donner des résultats ? Où était tout le monde et que s'était-il passé alors qu'il était endormi ?

Harry savait ce qu'il avait à faire, mais contrairement à avant, il ne savait absolument pas comment s'y prendre. Avant, il n'avait pas été seul, il avait eu Hermione et Ron pour l'aider. Ils avaient eu un plan – peut-être pas le meilleur des plans – et une route ponctuée d'étapes qui devaient être accomplies avant de pouvoir passer à la suivante.

Maintenant, il n'avait aucune idée d'où trouver Voldemort et il ne pourrait plus le savoir puisque leur connexion était éteinte.

Harry secoua la tête de frustration. Par où fallait-il commencer ?

Et où était tout le monde ?

Il soupira et pensa aller à la bibliothèque, mais se rendit compte qu'il n'avait aucune idée de ce qu'il ferait quand il y serait. Qu'y avait-il à rechercher ? Que pouvait-il faire ?

Le désespoir le submergea, presque douloureusement, et il s'effondra contre un mur sur le chemin vers la tour Gryffondor. Jamais il ne s'était senti si perdu, pas même quand Sirius ou Dumbledore était mort. Il avait alors encore eu un but, des choses à accomplir, même s'il ne savait pas comment s'y prendre ou comment les faire.

Le désespoir se transforma en profond épuisement, ses membres étaient lourds et ses yeux endoloris. Il rampa presque jusqu'en haut des marches de la tour Gryffondor, déprimé que les escaliers ne soient plus en mouvement. Repoussant l'idée que Poudlard était vraiment mort, il se jura de ne pas abandonner.

Malgré cette promesse, ses pensées étaient sombres quand il atteignit le portrait de la Grosse Dame et s'obscurcirent davantage quand il la trouva endormie. La porte s'ouvrit tout de même pour lui et il se dirigea vers le dortoir où il savait qu'un lit l'attendait.

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Harry rêvait.

« Cela fait des semaines, Severus. » disait haut et fort une voix. « Si vous avez raison, alors vous êtes la seule personne qui puisse l'atteindre. »

Harry pencha sa tête et essaya d'ouvrir les yeux, mais comme d'habitude avec ses derniers rêves, ce qu'il voyait était comme recouvert d'un voile. Il inclina sa tête et se força à garder les yeux ouverts, pas tout à fait sûr de savoir pourquoi cela le dérangeait, mise à part la certitude que la réponse à ses problèmes résidait dans ses rêves.

Il était confus et étonné par ce qu'il voyait.

Snape était allongé dans le lit à côté du sien, sa gorge recouverte de bandages, et il était pâle et terne comme s'il n'avait pas dormi depuis une semaine. Il griffonnait quelque chose sur un parchemin.

« Harry ? » dit la voix, mais Harry ne s'en souciait pas assez pour y faire attention. Il était juste tellement heureux de voir Snape, de le voir en vie même si ce n'était qu'un rêve.

Les yeux noirs s'écarquillèrent en le voyant, mais Snape ne dit rien. Son regard était intense et difficile à soutenir, et Harry résistait pour empêcher ses yeux de se refermer, ne voulant pas se réveiller.

Il luttait pour rester dans le rêve, mais il sentit à nouveau son esprit se brouiller alors que la vision de Snape disparaissait.

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Rouvrant les yeux, Harry vit qu'il se trouvait à nouveau dans son lit du dortoir des Gryffondors. Il s'assit rapidement et saisit ses lunettes, avant de se tourner vers les autres lits, s'attendant presque à voir ses colocataires là, endormis, mais Harry était seul dans la pièce.

Abattu, il étira ses jambes et s'assit sur le bord de son lit, se demandant ce qu'il y avait à faire s'il restait seul à Poudlard. Combien de temps faudra-t-il attendre pour que quelqu'un se montre avant qu'il ne se risque à trouver Voldemort ?

Que ferait-il une fois qu'il l'aurait trouvé ?

Harry frissonna et se leva. Il n'avait aucune raison de laisser ses pensées devenir encore plus déprimantes, alors il carra ses épaules et descendit les escaliers. Après qu'il se soit aspergé le visage, il se dirigea vers la Grande Salle, pensant que si quelqu'un devait revenir au château, il serait là-bas.

Néanmoins, la salle était vide et entièrement silencieuse.

Il fit lentement le tour des décombres des murs du château qui s'étaient effondrés. Perdu dans ses pensées, il donna des coups de pied dans des cailloux qui gisaient au sol. Le soleil brillait à travers les trous du plafond et Harry se sentit bizarre, presque coupable d'être ici. Le château ne lui en voulait-il pas d'avoir échoué ? La honte et l'embarras l'étouffèrent et il fourra ses mains dans ses poches.

Sans véritable destination en tête, juste une vague envie, il quitta le Hall et marcha dans le couloir menant aux cachots. Alors qu'il avançait, il s'autorisa à imaginer que c'était n'importe quel jour normal à Poudlard il était simplement sur le chemin de la salle de potion où Snape l'attendait pour lui reprocher d'avoir simplement passer le palier de la porte.

Il devint étrangement conscient de ses propres pensées, se demandant pourquoi il pensait à Snape et pas à Hermione ou à Ron, ou à n'importe quelle autre personne qu'il avait perdue. Mais après, aucun de ses amis n'avait mené la vie de Snape. Même Remus, qui avait vécu avec l'une des pires malédictions à laquelle Harry pouvait penser, avait eu des amis dans sa vie et finalement une femme et un enfant. Ron et Hermione, où qu'ils soient, pouvaient sans aucun doute compter l'un sur l'autre.

Snape n'avait pas eu de véritable ami, pas depuis son enfance. Harry savait que l'homme avait dû avoir une vie en dehors de Poudlard, mais il semblait vivre dans une telle misère, ressassant toujours le deuil la mère de Harry, même après toutes ces années...

Harry ressentit une douleur dans la poitrine, une douleur de regret parce qu'il n'avait pas été en mesure de le sauver ; regret de ne pas avoir été en mesure de le remercier pour tout ce qu'il avait fait. Avec la tête basse, il descendit lentement l'escalier, le cœur plus lourd à chaque pas.

Alors qu'il tournait à l'angle du couloir menant à la salle de potion, il prit soudainement conscience de la paire de bottes noires juste devant lui. Même s'il n'avait jamais vu ces chaussures avant, il sut instantanément à qui elles appartenaient et son cœur fit un bond à leur vue.

Il releva la tête et recula presque sous la surprise, poussant un hoquet confus.

« Snape ? » Les yeux de Harry s'écarquillèrent et un grand sourire éclata sur son visage à la vue de l'homme. Snape était exactement comme dans son souvenir – grand, sombre et menaçant. Il n'avait pas du tout l'air d'avoir souffert du poison de Nagini et quand Harry examina le cou de l'homme – eh bien, du peu qu'il pouvait en voir – il ne présentait même pas de cicatrice.

Les mains de Snape semblèrent suivre les yeux de Harry presque comme s'ils étaient liés et il caressa la peau de son cou. Les yeux de Harry regardèrent les doigts effleurer la chair lisse, comme s'ils étaient à la recherche de cicatrices, avant que Harry ne porte son regard dans le sien plus sombre, si heureux de le voir vivant.

« Potter ? » demanda Snape d'un ton curieux. « Vous allez bien ? »

Harry eut un petit rire nerveux à l'étrange question. S'il allait bien ? La dernière fois qu'ils s'étaient vus, Snape était en train de mourir.

« Si je - Est-ce que vous allez bien, professeur ? »

Snape arqua un sourcil, mais tint sa langue, sans doute tenté de céder à la vieille habitude de relever chaque chose stupide que pouvait dire Harry.

« C'est juste - » commença Harry, mais s'interrompit alors que ses yeux se posèrent une fois encore sur le cou fin et impeccable. « Professeur, la dernière fois que je vous ai vu, vous étiez sur le point de mourir. Nagini… Comment avez-vous réussi à survivre ? Et où étiez-vous avant - »

Harry s'arrêta quand il remarqua que Snape ne semblait pas l'écouter. Il regardait les alentours, semblant aviser exactement où ils se trouvaient et remarquer les petits fragments de roche qui avaient éclaté du plafond et des murs pendant la bataille.

« Les cachots. » sembla-t-il se murmurer. « Pourquoi sommes-nous dans les cachots ? »

Harry pencha sa tête sur le côté, maintenant inquiet que le poison ait peut-être finalement affecté Snape.

« Professeur... Vous allez bien ? »

Les yeux de Snape, qui balayaient frénétiquement leur environnement, fixèrent Harry une fois de plus et il le regarda d'une façon que Harry ne lui avait jamais vu avant.

Pour une fois, il semblait n'y avoir aucune malice dans son regard et il n'avait aucun mot dur sur le bout de sa langue. La seule chose que Harry pouvait lire était de l'inquiétude et quelque chose de bizarre que Harry ne put pas identifier.

Mais pourquoi Snape se souciait-il de lui ?

« Je vous assure, Potter, je vais bien. Maintenant, dites-moi, pourquoi sommes-nous dans les cachots ? »

« Hum… » Harry n'avait aucune idée de la manière de répondre à cette question. Il savait pourquoi luiétait dans les cachots, mais n'avait aucune idée de ce que Snape faisait ici. « Eh bien, je suis ici parce que… j'ai un peu traîné, mais… euh... Vous ne vivez pas par ici ? »

Les yeux noirs de Snape scrutèrent le visage de Harry, mais celui-ci n'avait aucune idée de ce qu'il cherchait. Il avait l'habitude que Snape le regarde avec mépris et dédain, mais cette… inquiétude bizarre lui embrouillait les idées.

Le froid et l'humidité s'infiltraient dans les bottes de Severus alors qu'il se tenait derrière un groupe d'arbres étroitement rapprochés, et attendait.

Essayant de ne pas faire crisser la neige, il avança un peu plus et se mit derrière l'arbre le plus épais. Là, il se figea, les yeux fermés et le cœur battant la chamade, priant n'importe quel dieu qui voulait l'entendre pour que ce plan fonctionne.

Soudain, à travers le branchage de l'arbre, presque comme s'il s'agissait d'un cadre autour d'une photo, il vit la peau douce et pâle révélée couche par couche.

Un sentiment familier comprima l'aine de Severus et il ferma les yeux un instant. La dernière fois qu'il avait ressenti quelque chose comme cela – ressenti un désir de cette force – avait été il y a une vie de cela. Il se sentait comme un vieux pervers.

Néanmoins, il se força à regarder, se disant qu'il avait besoin de savoir si le plan allait fonctionner.

Harry cligna des yeux et regarda Snape alors que son esprit retournait à nouveau à la normale. Il fixait Harry avec une inquiétude à peine masquée, mais Harry était bien trop occupé à se demander – par Merlin – ce qui venait de se passer. Pendant un moment, il envisagea de poser des questions sur ses souvenirs, avant de se rappeler qui était l'homme en face de lui et de refermer rapidement sa bouche.

« Professeur » commença Harry encore une fois, se disant qu'en reformulant peut-être ses questions, il arriverait sûrement à quelque chose avec lui. « Qu'est-ce qui vous est arrivé ? La dernière fois que je vous ai vu, vous étiez dans la Cabane... mourant. Puis... puis, je me suis réveillé et je ne trouvais plus personne, et maintenant vous êtes ici dans les cachots - »

« Que voulez-vous dire par 'vous ne pouviez trouver personne' ? » demanda Snape, interrompant les divagations de Harry.

« Je veux dire qu'il n'y a personne ici. Je n'ai pas vu âme qui vive depuis que je me suis réveillé à l'infirmerie. Professeur, s'il vous plaît ! Que faites-vous ici et que s'est-il passé ? » Les yeux de Harry se posèrent à nouveau sur le cou sans marque, se souvenant de la chair déchirée et sanguinolente qu'il avait vue la dernière fois.

Snape continua de fixer Harry comme s'il parlait une autre langue et Harry n'avait aucune idée de ce qu'il fallait faire. Finalement, Snape regarda à nouveau autour de lui dans les couloirs des cachots et répondit, « Je suis un maître des potions, Potter. Pensiez-vous que je ne portais pas de potions de guérison sur moi tout ce temps, surtout dans des moments comme celui-là ? »

Harry fronça ses sourcils au ton dur de Snape, soulagé au moins qu'il soit à nouveau lui-même. « Oh. » fut tout ce qu'il dit.

Snape soupira de frustration, mais ne dit rien à propos de la réponse monosyllabique de Harry.

« Mais votre cou, la plaie – C'était terrible et - »

« Potter ! » grogna Snape, semblant finalement se mettre en colère. « Comme vous pouvez le voir, je vais bien. J'ai besoin de savoir ce qui s'est passé durant mon... absence. Quel jour sommes-nous et depuis combien de temps êtes-vous seul ici ? »

Harry fronça à nouveau les sourcils et essaya de se rappeler exactement combien de temps il avait été endormi à l'infirmerie. Il savait que cela avait duré suffisamment longtemps pour qu'il se sente bien et reposé à son réveil.

« Quelques jours peut-être. »

Snape hocha la tête et inspecta à nouveau les couloirs. « Êtes-vous capable de sortir d'ici ? »

Harry le regarda étrangement, pas sûr de comprendre la question. « Euh, ben ouais. Nous pouvons juste... aller à l'étage, si vous voulez. »

Snape acquiesça et se mit en route, obligeant Harry à accélérer son pas pour le suivre. Ils marchèrent en silence jusqu'à ce que Snape entre dans le couloir menant à la Grande salle. Il s'arrêta alors si brusquement que Harry faillit le heurter.

Harry contourna Snape et se tourna vers lui, observant le visage de Snape déformé par le choc et la dévastation.

« Qu'est-ce qu- » il haleta d'une détresse évidente, avant de reprendre le contrôle. Harry regarda autour de lui et se dit qu'il n'avait vraiment pas besoin de demander ce qui s'était passé.

« Voldemort. » répondit-il, même s'il savait que ce n'était pas vraiment nécessaire. « Il a pris d'assaut le château pendant que... » Harry se racla la gorge et décida de ne pas parler à nouveau de la Cabane.

« Mais le château lui-même » dit-il, sa voix encore sous le choc. « Il tient toujours ? L'infirmerie - »

« Ouais, je pense que c'est ici le pire de tout. » dit Harry en se saisissant d'un des décombres. « La Grande Salle est en ruine... et je sais que le septième étage a été endommagé. » déclara Harry, en essayant de ne pas penser à Fred.

Snape dépassa Harry, enjambant pierres et mortiers alors qu'il marchait dans la poussière, et ouvrit la porte de la Grande Salle. Il s'arrêta sur le seuil et eut l'air encore une fois tristement choqué par l'état des lieux.

Harry se dit qu'il savait exactement comment se sentait Snape étant donné que Poudlard avait également été sa maison. Il jeta un coup d'œil à la salle, se rappelant la première fois qu'il avait vu la pièce enchantée.

Il s'assit sur le tabouret et un monstrueux chapeau rapiécé fut posé sur sa tête d'une façon presque comique.

« Eh bien, voyons... Tu as un bon esprit, il n'y a aucun doute à ce sujet. Du courage, oui il y en a aussi et tu n'as pas peur d'une dure journée de travail.

« Tu penses que... » commença à demander silencieusement Severus au chapeau avant de s'arrêter. Comment pouvait-il seulement penser demander à être placé à Gryffondor ?

« Voulais-tu me demander quelque chose, jeune homme ? » questionna le chapeau.

Severus secoua sa tête, observant attentivement Lily qui le regardait avec espoir depuis la horde de Gryffondors. Ses yeux la fixèrent avant de regarder le bleu et bronze de la table de Serdaigle. Ce serait peut-être un bon compromis ?

« Tu as un grand esprit, mais tu es également rusé et ingénieux. Oui, Serpentard est la maison qu'il te faut.J'en suis sûr. Tu feras de grandes choses là-bas.

« Mais... »

« SERPENTARD ! »

Harry cligna des yeux et se retourna pour regarder Snape, dont les yeux examinaient encore la destruction de la Grande Salle.

« Vous - » commença Harry avant de s'arrêter.

Snape ne semblait pas l'avoir entendu, avant qu'il ne détache ses yeux de l'épave et se tourne vers Harry. « Qu'avez-vous dit, Potter ? »

Harry secoua la tête, ne sachant pas s'il voulait avouer ou non qu'il avait vu la répartition de Snape dans un flash de mémoire. Il était confus en premier lieu de ne pas savoir pourquoi il arrivait encore à les voir.

« Peut-être que vous devriez commencer par le début. » dit Snape, en évitant les décombres pour atteindre la table des professeurs. Ses robes s'enroulaient autour de lui alors qu'il s'asseyait, et il n'eut jamais l'air aussi mal à l'aise. Harry s'approcha lentement, sans savoir quoi dire et encore moins comment parler à cet homme qu'il avait détesté pendant si longtemps. Tous les mots que Harry lui ait jamais adressés étaient toujours empreints de haine.

Les regrets que Harry avait ressentis quelques minutes plus tôt s'intensifièrent soudainement jusqu'à l'étouffer, et il constata qu'il ne parvenait pas à regarder Snape dans les yeux. Il n'avait aucune idée de la manière d'aborder ce qu'il avait vu dans les souvenirs de Snape et, d'après l'expression de son visage, il n'avait pas non plus envie d'en parler.

Mais comment ne le pourraient-ils pas ? Harry marcha très lentement jusqu'à la table professorale, les yeux fixés au sol et les poings serrés, ne sachant aucunement comment avoir cette conversation, sans implorer son pardon pour avoir jugé toutes les choses terribles que Snape avait jamais faites.

Harry donna un coup de pied dans de petits gravats, qui rencontrèrent soudain la tête sculptée d'une gargouille qui avait miraculeusement réussi à rester en un seul morceau après sa chute lors de la bataille.

Il la ramassa et fit courir ses pouces sur son large nez et ses lèvres légèrement entrouvertes, étrangement fasciné par ses traits durs. Il se permit de contempler cette caricature quelque peu grotesque alors qu'il s'asseyait à la table de Snape.

« Maintenant, Potter » commença Snape, mais il s'arrêta quand Harry entreprit de retracer de ses doigts la fente des yeux inhumains, puis continua. « J'ai besoin que vous me disiez ce qui s'est passé. Je devais... récupérer, et je ne connais pas tous les détails de ce qui est arrivé. »

Harry soupira et posa une main sur la tête de la gargouille, ne rendant toujours pas son regard à Snape.

« Dumbledore ne vous a jamais parlé de ma mission, n'est-ce pas ? » demanda Harry bien qu'il connaisse déjà la réponse. Il croisa lentement et prudemment le regard de Snape et la fureur à peine retenue qu'il y vit fut suffisante pour faire à nouveau baisser les yeux de Harry sur la gargouille.

Harry ne laissa pas Snape répondre, mais demanda simplement, « Avez-vous déjà entendu parler d'Horcruxe ? »

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A suivre…


(1) Harry fait évidemment référence à cet épisode dans la Forêt de Dean où un patronus de biche l'a conduit jusqu'à l'épée de Gryffondor, permettant la destruction de certains Horcruxes.