Les muscles de Dean se raidirent lorsque son pied pesa par mégarde sur l'une des nombreuses brindilles qui jonchaient le sol. Aux aguets, il resta immobile pendant plusieurs minutes, l'oreille tendue, essayant de percevoir un son plus inquiétant que les autres. Ce n'était pas une tâche aisée. Au Purgatoire, le moindre murmure, le plus léger des frottements semblaient venir d'une menace mortelle. Sa respiration se troubla légèrement, lorsqu'il perçut un bruit plus nette dans son dos. S'efforçant de ne pas bouger, il essaya cependant de jeter un léger coup d'œil sur le côté. Sa prise se resserra sur la branche épaisse qu'il tenait entre ses mains. C'était sa seule arme ici. Autant dire qu'il était une cible plus que facile.
La présence qu'il percevait derrière lui fit un mouvement, et il réagit d'instinct. Il se retourna et asséna plus ou moins un l'aveuglette un coup avec sa branche. L'objet se brisa net, mais il avait également assommé son ennemi. Suffisamment en tout cas pour avoir le temps de s'enfuir à toute jambe. Il ne s'attarda pas pour l'identifier. Vampire, Wendigo, Changelings, Djinn ou Shapeshifters, ça n'avait que peu d'importance. Il n'avait aucun moyen de les battre. Sa seule chance était de fuir, et de rester en vie suffisamment longtemps pour remettre la main sur Castiel.
Il détala aussi vite qu'il le put, zigzagant entre les arbres, maudissant intérieurement Rick Roman et tous les léviathans du monde. Il se figea sur cette pensée. Une seconde. Si Rick Roman était effectivement mort... Cela ne voulait-il pas dire qu'il était... ici ?
« Merde ! » jura Dean.
Cette seconde d'inattention lui fut fatal. L'instant d'après, il se retrouva plaqué au sol par une forme sombre et indistincte, aux yeux rouges menaçant. D'instinct, il repoussa des deux mains le visage de la créature, l'empêchant ainsi de le mordre sauvagement à la gorge. Il essaya de s'aider de ses jambes, et son regard s'agrandit légèrement lorsqu'il vit s'approcher une seconde créature. Puis une troisième, puis une quatrième. Il y en avait tellement qu'il renonça à les compter. Il se débattit un peu plus. Il ne voulait pas mourir. Pas ici, pas maintenant. Il était Dean Winchester bordel. Il avait survécu à l'enfer, au paradis, aux Jefferson Starship et à Mère. Il n'allait certainement pas crevé au Purgatoire.
La créature lâcha soudain un gémissement suraigu et fut brusquement tiré en arrière. Pensant que les créatures se battaient entre elles pour avoir l'honneur de l'étriper, Dean essaya tant bien que mal de se relever mais quelque chose le retint au sol. Cependant, le quelque chose en question le relâcha bien vite. Une troisième créature commit l'erreur de s'attaquer à lui, mais elle disparut dans une explosion de fumée silencieuse. Apeurées, les âmes restantes préférèrent battre en retraite et disparurent en quelques secondes dans la forêt sombre qu'était le Purgatoire. Sonné, Dean eut cependant le temps d'apercevoir une silhouette grisâtre à l'apparence humaine. Mais avant qu'il n'ait le temps de se redresser pour mieux voir, la silhouette avait disparu.
[***]
Le corps de Sam battait à toute rompre. Un peu hagard, sa prise se resserra sur le fusil qu'il tenait entre les mains, mais sans trop savoir ce qu'il devait en faire. Dean et Cass avaient disparu. Mais d'après le rire que Rick Roman avait lâché juste avant de disparaître, il s'attendait à cet effet. Sam ferma les yeux le temps de pester contre sa bêtise. Il aurait dû sentir venir le coup fourré. Peut-être que le plan de Rick avait toujours été de le séparer de Dean. Il releva brusquement son arme en sentant le regard de Crowley peser sur lui.
« Doucement mon garçon, tu ne crois pas que tu pourrais blesser quelqu'un avec ceci ? » interrogea calmement le démon, fourrant les mains dans les poches de son costume.
« Ramenez-le » exigea-t-il, le canon de son arme pointé sur le visage de Crowley.
« Oh... j'aimerais. Mais je ne peux pas. Cela impliquerait de devoir ouvrir une porte vers le Purgatoire et toi et moi savons à quel point c'est... risqué... »
Avec un claquement métallique, Sam prépara son arme au tir, la mâchoire serrée.
« Ou bien tu pourrais me vendre ton âme. Tu n'imagines même pas le nombre de choses que je peux obtenir une fois que je suis motivé » proposa Crowley d'un air faussement innocent, effleurant du bout des doigts la surface du meuble à côté de lui. « Cinq ans, et tu retrouves ton frère ».
Les lèvres de Sam se plissèrent. Il hésitait. Crowley n'était pas particulièrement connu pour son honnêteté dans les affaires. Son contrat comporterait forcément une faille, une faille qui lui serait fatal. Mais d'un autre côté, Crowley avait raison. La porte du Purgatoire avait déjà été ouverte une fois, et le résultat n'avait pas été très bon.
« Je veux pouvoir sortir d'ici sans être blessé » avança Sam.
« D'accord. Je te laisse même garder la voiture si tu insistes ».
« Je veux aussi l'assurance que Dean reviendra en bonne santé. Et pour Castiel... »
« Je ne ramènerais pas l'ange déchu. Lui et moi avons... quelques inimités si tu te souviens bien. Dean, Dean, et seulement Dean ».
Les lèvres de Sam se plissèrent pendant qu'il considérait l'offre. Ce n'était pas si mal. Disons que ça aurait pu être bien pire. Dean le tuerait sur-le-champ lorsqu'il apprendrait qu'il avait vendu son âme pour le sauver. Et il chercherait tous les moyens possibles et imaginables pour le sauver. Ce qu'il pouvait comprendre. Lui-même avait tout essayé lorsque Dean avait vendu son âme pour le sauver lui.
« Alors, nous avons un deal ? » voulut savoir Crowley, main tendue. « Si tu es timide, je veux bien t'épargner le baiser langoureux que nous devons échanger ».
Sam baissa les yeux, considérant la main du démon. Le fait est qu'il n'avait pas tellement le choix. Il devait sortir Dean du Purgatoire. Il allait baisser son arme, céder à la tentation de serrer la main de Crowley, lorsqu'il entendit un bruit qu'il aurait reconnu entre tous. Le léger coup de vent annonçant l'arrivée ou le départ d'un ange. Castiel ? Castiel avait réussi à s'échapper du Purgatoire ?
[***]
Épuisé, Dean se laissa tomber au pied d'un arbre rachitique. Il ignorait complètement depuis combien de temps il était ici. Il avait l'impression que cela faisait des jours, mais il n'aurait su le dire. Le soleil ne s'était pas levé une seul fois. La forêt était constamment plongée dans une pénombre des plus inquiétantes. Et les gens avaient tendance à perdre complètement la notion du temps lorsqu'il passait leur temps à courir pour échapper à des âmes furieuses. Il ferma les yeux une seconde ou deux, essayant de calmer sa respiration saccadée. Il repensa alors à ce qui c'était passé. Il était quasiment certain d'avoir vu un fantôme. Bordel, mais que faisait un fantôme ici ? Ce n'est pas vraiment qu'il s'en plaignait, il avait été d'une redoutable efficacité en lui sauvant la mise. Mais il ne se l'expliquait pas. De toute façon, il était trop épuisé pour songer à une théorie quelconque. Il laisserait ça à Sam lorsqu'il le reverrait.
Il sursauta en entendant un bruit, se remit brusquement debout, regardant aux alentours. Il avait passé assez de temps ici pour savoir qu'il ne valait mieux pas rester immobile. Il se remit à marcher, jetant de fréquents coup d'œil par-dessus son épaule, coinçant ses doigts gelés sous ses coudes pour les garder au chaud. Il régnait ici une température glaciale. Il espérait que Cass allait bien. Il ne s'expliquait pas non plus sa disparition soudaine. Il se demandait où il avait bien pu atterrir. Avait-il réussi à s'échapper du Purgatoire ? Quelque chose lui disait que ce n'était pas aussi facile. Mais à sa connaissance, aucun ange n'avait jamais été enfermé ici. Il fronça les sourcils en apercevant des éclats d'une lumière blanche et éclatante au loin. Était-ce... Castiel ?
Il pressa le pas dans cette direction, alternant course et marche pour s'essouffler moins vite. Son instinct lui soufflait que le meilleur moyen de rester en vie était d'être avec un allié potentiel. Il se mit à courir franchement, sans se soucier d'être essoufflé lorsqu'il vit un éclat de lumière plus puissant que les autres. Il avait perdu trop de monde. Jo, Helen, Bobby, ses parents... il ne voulait pas en plus perdre le meilleur ami qu'il avait jamais eu.
« Cass ! »
Il s'aperçut qu'il avait crier lorsque l'écho de sa voix se répéta lugubrement dans la forêt déserte. Il courut à toute jambe en direction des lumières qui brillaient par intermittence. Puis il n'y eut plus rien.
« Castiel ! »
Il accéléra encore, les branches d'arbres lui giflant le visage et s'accrochant à ses vêtements. Un bruissement des feuilles le fit s'arrêter brutalement, son regard vert fouillant la pénombre. Ses muscles se raidirent, prêt à détaler à toute vitesse, mais il lâcha un infime soupir de soulagement en reconnaissant l'imperméable beige de l'ange. Ce dernier, l'air hagard, émergea des arbres, traînant des pieds sur le sol. Trop soulagé pour seulement parler, Dean le regarda se retourner à demi pour regarder le bosquet d'arbres dont il venait d'émerger, et ne sembla réagir qu'en voyant l'ange s'effondrer vers l'arrière.
« Cass ! Castiel ! Hey, non, tu me fais pas ça, tu restes avec moi ! » lâcha-t-il en se précipitant pour le retenir. « Bordel, mais qu'est-ce qui s'est passé ! Où est-ce que tu étais ? »
« Je... j'ai essayé de... de... mais mes pouvoirs... ils ne fonctionnent pas très bien ici... je... ils m'ont attaqué... j'ai eu du mal à m'en débarrasser... »
« Doucement vieux, doucement » marmonna Dean en remettant tant bien que mal Castiel debout et en lui passant un bras autour de la taille pour le soutenir, passant le bras de l'ange sur ses épaules. « On va trouver un moyen de se sortir de là... »
« Dean... »
« Oui ? » demanda le chasseur, jetant de rapides coups d'œil aux alentours, espérant dénicher un abri, ne serait-ce qu'un arbre plus haut que les autres, même s'il n'avait aucune idée de la façon dont il allait s'y prendre pour hisser l'ange blessé et épuisé qu'était Castiel sur une branche.
« J'ai toujours aimé ton optimisme, même dans les situations désespérées... » lâcha l'ange avec ce qui sembla être à Dean un léger sourire dans la voix.
[***]
Sam ne comprit pas très bien ce qui se passa sous ses yeux. Une seconde plus tôt, Crowley se tenait fièrement devant lui, les mains dans les poches, sûr de lui et de sa victoire. Désormais, il lâchait un horrible hurlement de douleur alors qu'une lumière blanche lui sortait de la bouche et des yeux. Le cri s'éteignit et le corps inanimé du démon s'écrasa sur le sol, face contre terre. Surpris, Sam ne sut pas tout de suite comment réagir. Mais son instinct de chasseur reprit le dessus lorsqu'il entendit une voix dire :
« Viens, tu ne peux pas rester ici ».
Son arme pointée sur la jeune fille qui lui faisait face, Sam ne répondit pas, et rien dans son attitude n'indiquait qu'il n'avait envie de la suivre.
« S'il-te-plait, nous n'avons pas beaucoup de temps » insista poliment la jeune fille.
« Qui êtes-vous ? »
« C'est une longue histoire. Préfères-tu que je te la raconte maintenant ou que je sauve d'abord ton frère ? »
Il pointa aussitôt son arme par-dessus l'épaule de la jeune fille, mais elle réagit avant lui. Elle pirouetta sur elle-même, faisant voler autour de ses jambes fines les pans de la robe bleue foncée qu'elle portait. Sa main se porta aussitôt sur le front de l'homme qui s'apprêtait à l'attaquer.
« Anges contre léviathans, les anges perdent » lui signala l'homme avec un sourire qui n'augurait rien de bon.
« Léviathans contre anges gardiens, les léviathans perdent » répliqua la jeune fille avec un calme déconcertant.
La tête du léviathan se décolla du reste de son corps avec une giclée de sang. Tenant la tête de la créature par une touffe de cheveux, l'ange se tourna vers Sam.
« Tu dois t'en aller, maintenant. Ne te préoccupe pas de Meg, va chercher ta voiture et éloigne-toi d'ici. Ne t'arrête sous aucun prétexte » expliqua l'ange d'une voix neutre, semblable à celle que Castiel employait souvent en lui lançant les clés de l'Impala.
« Quoi ? Attendez, où est-ce que vous allez ? »
« Chercher le prophète de dieu. Ne t'inquiète pas, je garde un œil sur toi Sam ».
« Comment connaissez-vous mon nom ! » voulut savoir Sam. « Attendez ! »
Mais elle disparut dans un coup de vent. Sam regarda le corps inanimé qui servait d'hôte à Crowley, puis il releva la tête. Il ne savait certes pas qui elle était, mais elle venait de lui sauver la mise. Le fait qu'elle soit un ange ne voulait pas dire qu'elle était totalement de son côté, mais en attendant d'avoir mieux, il s'en contenterait.
[***]
« On va faire une pause, d'accord Cass ? »
L'ange, toujours épuisé de son combat, n'avait même pas la force de lui répondre. Depuis qu'il l'avait retrouvé, Dean le portait et le traînait plus qu'il ne l'aidait à marcher.
« Tu devrais me laisser ici... » marmonna Castiel lorsque le chasseur l'eut adossé contre un arbre et qu'il se fut accroupi près de lui.
« Je ne pars pas sans toi » répondit Dean en écartant les pans de l'imperméable beige couvert de boue pour essayer de voir si Castiel n'était pas blessé.
« Pourquoi ? »
« Parce que tu es mon ami ! » répondit Dean un peu plus brusquement qu'il n'aurait dû.
« … Je ne comprends pas » lâcha l'ange.
« Quoi ? » grommela Dean pendant qu'il lui avait quelque difficulté à retirer l'imperméable de l'ange.
« Comment... tu peux encore être mon ami. Après ce que j'ai fait. Je ne comprends pas que tu puisses encore être mon ami après que j'ai ouvert le Purgatoire ».
La mâchoire serrée, Dean ne répondit pas tout de suite, pas avant d'avoir étendu l'imperméable de Castiel sur lui pour lui tenir chaud, et d'avoir rajouté son propre blouson par-dessus.
« Tu as essayé de réparer tes erreurs. C'est suffisant pour que je t'accorde mon pardon ».
« Mais... » marmonna faiblement Castiel, ses yeux bleus clairs fixant le vide.
« Ne pas te pardonner, ça signifie ne pas pardonner Sam, et ça signifie ne pas me pardonner moi. J'ai été celui qui a brisé le premier sceau de l'apocalypse. Sam l'a déclenché. Ça m'a pris du temps, mais j'ai fini par y arriver, j'ai fini par le pardonner, et par me pardonner. Tu as fait une connerie, mais tu m'as aidé à l'arranger ».
Dean resta silencieux une minute, le temps d'étaler un peu plus soigneusement que nécessaire l'imperméable de Cass sur ses jambes.
« Tu n'es pas juste mon ami, d'accord ? Tu es mon frère ».
« … C'est étrange... » lâcha l'ange d'un air absent.
« Quoi ? » grommela Dean, que tout cet étalage de sentiment commençait à mettre sérieusement mal à l'aise.
« … j'avais des centaines de frères, dans la garnison... mais je crois que tu es de loin mon préféré... Tu es le plus drôle. Plus qu'Uriel tu sais » confia l'ange du ton neutre qu'il avait toujours.
Dean retint un rire. Ce n'était pas difficile d'être plus drôle qu'Uriel. Son sourire se rétracta de son visage lorsqu'il se sentit vaciller.
« Tu as... senti ça ? »
« … Ça quoi ? » demanda l'ange d'une voix fatigué.
« Cette secousse. Ça vient de recommencer ! »
« Dean... ? » marmonna Cass lorsque le chasseur lâcha un gémissement de douleur en se saisissant la poitrine. « Que t'arrive-t-il ? »
« Je... je sais pas je... »
Dean avait cette étrange sensation d'être tiraillé. Comme si quelqu'un l'avait fermement empoigné pour l'emmener quelque part, mais que ses pieds restaient fermement ancrés sur le sol. Sam avait-il trouvé un moyen de le tirer de là ? Si ce crétin avait vendu son âme pour le sauver, il allait le tuer. Il avait l'impression que Castiel, pourtant juste à côté de lui, était pourtant éloigné de plusieurs dizaine de mètres. Dans un dernier réflexe, il attrapa l'ange, refusant de l'abandonner ici s'il avait l'occasion de s'en sortir, puis ce fut le trou noir.
[***]
Sam leva le pied de l'accélérateur en s'apercevant qu'il roulait à toute vitesse sur une route déserte. Il avait besoin de se calmer. Ce n'était pas le moment d'avoir un accident ou de se faire bêtement arrêté par une patrouille de police pour un contrôle. Même s'il doutait qu'un policier puisse décemment être présent dans ce coin désert et sous ce déluge torrentiel.
Un éclair déchira le ciel, illuminant la route, et un instant plus tard, un coup de tonnerre roula dans l'air pendant de longues secondes.
« Tu devrais ralentir ».
Il sursauta et dévia de sa route, surpris, faillit finir dans le fossé, mais parvint à rectifier sa trajectoire au dernier moment.
« Bordel de... » commença-t-il à jurer.
« Désolée » s'excusa l'ange sur un ton parfaitement indifférent. « J'ai songé à te prévenir par voie télépathique, mais j'ai pensé que cela te surprendrait tout autant ».
« Qui êtes-vous ? »
« Je suis Ariel » se présenta l'ange. « Je suis ton ange gardien ».
« Mon... mon quoi ? » s'interrogea Sam, s'efforçant de rester concentré sur la route.
« Ton ange gardien. Tu as dû en entendre parler, non ? Je suis destinée à vous garder en vie, toi et Dean ».
« On ne peut pas dire que vous ayez été très efficace » lui fit remarquer très justement Sam en repensant à toutes les fois où lui ou Dean avaient frôlé la mort, voir où ils étaient morts tout court.
« Vous n'êtes pas exactement un modèle de prudence » répondit calmement l'ange. « Tu devrais ralentir » répéta-t-elle.
« Vous avez dit que vous alliez ramener mon frère »
« J'y travaille. Mais tu devrais vraiment ralentir ».
« Pourquoi ? Je ne sais même pas où je vais ! Je ne sais même pas si je peux vous faire confiance ! »
Un nouvel éclair illumina le ciel, et par chance, Sam fixait la route à ce moment-là. Il eut ainsi l'occasion d'apercevoir la silhouette trempée, debout en plein milieu de la route. Il écrasa aussitôt le frein, et se surprit à prier pour que l'Impala s'arrête avant de percuter l'homme. Lorsque la voiture s'arrêta enfin, il releva la tête, et resta bouche bée en reconnaissant le visage de l'homme. A côté de lui, Ariel, qui n'avait pas bougé malgré le coup de frein qu'il venait de donner, commenta :
« Je viens de ramener ton frère, est-ce une preuve suffisante pour toi ? »
Avec l'air hagard de celui qui ne savait pas vraiment comment il s'était retrouvé là, le regard vert de Dean resta fixé sur le capot familier de sa voiture. Son cerveau ne semblait même pas capable d'avoir une réaction face au déluge qui lui trempait les os. Il releva la tête, jusqu'à croiser le regard de Sam, à travers le pare-brise, entre les allers-retours de l'essuie-glace. Il sentit une larme rouler sur sa joue, parmi les gouttes de pluie, et ses doigts se resserrèrent un peu plus fort sur l'imperméable beige de Castiel.
