Référence à l'épisode 166
Liés l'un à l'autre par deux paires de menottes à cause de Sougou, Gintoki et Hijikata tentaient d'éviter le regard de l'autre, gênés par la situation.
- Ne regarde pas vers moi, enfoiré ! s'écriaient-ils ensemble, tournant la tête du côté opposé
Il y eut un moment de silence, durant lequel les deux hommes ne savaient pas quoi dire ni quoi faire. Mais une chose était sûre : Hijikata devait à tout prix continuer sa filature. Le vice-commandant du Shinsengumi entreprit alors de se lever, mais le démon aux cheveux d'argent refusa de le suivre.
- En... Enfoiré !, bégaya le brun. Lève-toi, bon sang !
- … Je ne vois pas pourquoi je le ferais, répondit sèchement Gintoki, les yeux à demi-fermés
- Grrr !, grogna Hijikata, une veine sur la tempe. Je dois filer ce type, imbécile ! C'est mon boulot !
- … Tu n'as qu'à me le demander plus gentiment, rétorqua le leader des Yorozuya
- Gh…
Hijikata serra les dents et réfléchit à ce que venait de dire son désormais " coéquipier ".
- Il faut que je sois plus diplomate…, pensa-t-il. Ma priorité est de suivre ce criminel, quitte à ce que ce débile vienne avec moi… S… S'il te plaît, Gintoki…, fit-il finalement à voix haute, le regard fuyant. J'ai besoin de ton aide pour… pour filer ce criminel…
- … Pas très convaincant…, répondit Gintoki, avec un regard blasé
- QUOI ?, hurla le vice-commandant, des veines partout sur le visage
- Mais c'est bon, j'accepte ! Mais tu devras me payer un parfait au chocolat !
- Grrr… Bon, d'accord ! Allez, bouge-toi les fesses maintenant !
Et les deux hommes se mirent à suivre le criminel. Ils marchaient de côté dans la rue, ce qui ne manqua pas d'attirer l'attention des passants.
- Tout le monde nous regarde là, non…? chuchota Gintoki
- J'espère que personne ne va me reconnaître…, répondit Hijikata. Surtout que je suis en ta compagnie…
- Commeeeeent ? J'ai pas bien entenduuuuu…., fit Gintoki en haussant le ton et en s'arrêtant
- Non non ! J'ai rien dit !, s'excusa le brun, en joignant les mains. S'il te plaît, viens !
- J'aime mieux ça !, fit le Shiroyasha, un petit sourire satisfait aux lèvres
Les deux continuèrent leur filature, jusqu'à ce que le criminel s'engage dans une petite ruelle et rencontre quelqu'un qui l'attendait. Les deux hommes s'engagèrent à leur tour dans la ruelle, le plus discrètement possible. Mais avec les deux mains liées par des menottes aux deux mains de l'autre, cela ne fut pas facile, et les deux tombèrent à la renverse derrière des poubelles.
- Merde !, fit Hijikata, paniqué
- Aah dégage de là !, chuchota Gintoki en poussant Hijikata qui était sur lui
Les deux essayèrent de se dépêtrer, et se retrouvèrent assis l'un derrière l'autre, Gintoki étant assis entre les jambes écartées d'Hijikata. Le brun était littéralement collé contre le dos du leader des Yorozuya et l'enlaçait presque, tandis que celui-ci avait les bras croisés sur son torse. L'homme aux cheveux d'argent, plus mobile que son coéquipier, parvint à se dresser un peu et à regarder par-dessus la poubelle. Le criminel était toujours en train de discuter avec son contact, n'ayant apparemment pas aperçu ses deux espions.
- Ouf, c'est bon, souffla Gintoki. Tends l'oreille monsieur le vice-commandant, c'est pas à moi de le faire !
- …
Hijikata ne répondait pas et semblait crispé, la tête tournée vers le côté. Gintoki, interpellé par le silence du brun, le regarda par-dessus son épaule.
- Qu'est-ce qui t'arrive…? demanda l'homme aux cheveux argentés
Soudain, celui-ci sentit le cœur d'Hijikata battre la chamade contre son dos.
- Eh ! Ca va pas ?, demanda Gintoki en chuchotant, inquiet. T'es un peureux où quoi ? Tu-
Le Shiroyasha s'arrêta brusquement. Il sentit quelque chose derrière lui qu'il n'aurait probablement jamais voulu sentir de sa vie…
- N… NANDA KORE WAAA ?!, hurla-t-il presque, s'efforçant le plus possible de chuchoter
Gintoki avait un visage déconfit, tout blanc et en sueur. Il n'arrivait pas à croire ce qui arrivait.
- M… M… Mais qu'est-ce que tu fous ?!, s'énerva-t-il. Retiens ta… ton truc !
- A.. Abruti ! Ca se contrôle pas ces trucs-là !, lui rétorqua le brun, rouge de honte
- Mais pourquoi tu… Enfin… Avec moi… ?!
- Qu'est-ce que j'en sais moi ! C'est peut-être parce que j'ai pas l'habitude d'être aussi proche des gens, je sais pas !
- Eh, j'ai entendu du bruit là-bas !, fit une des personnes qu'ils étaient censés espionner
- Merde !, chuchota Gintoki
- Chut !, en fit de même Hijikata en enfouissant sa tête dans le cou du Shiroyasha, naïvement persuadé que, comme ça, personne ne le verrait ^^
Des bruits de pas se rapprochèrent des deux compères, lorsqu'une voix les arrêta.
- Ca devait être un chat, Suzuki. J'ai pas fini de te dire ce que j'attendais de toi.
Là, miraculeusement, les pas s'éloignèrent et Hijikata se redressa. Les deux hommes restèrent silencieux après cette frayeur et tendirent l'oreille pour entendre le reste de la conversation. Mais impossible pour chacun d'eux de se concentrer. Hijikata était honteux comme jamais et Gintoki était extrêmement gêné de la situation, lui qui d'habitude s'en fout de tout… Finalement, Hijikata parvint à retenir le passage essentiel de la conversation, avant que le criminel ne parte. Les deux attendirent encore un peu avant de se lever, très difficilement d'ailleurs leurs bras étant emmêlés les uns les autres. Quelques instants plus tard, les deux se faisaient de nouveau face.
- B… Bon, on va continuer de le filer…, balbutia Hijikata, ne sachant plus où se mettre
- …
Gintoki quant à lui restait étrangement calme et sérieux, essayant de ne pas plus embarrasser le vice-commandant.
Voir suite et fin de l'épisode (commence à partir du restaurant)
Le lendemain de cette péripétie, Gintoki ne pouvait s'enlever ce qui s'était passé de la tête. Il était assis à son bureau, penché en arrière sur sa chaise, les pieds sur le bureau, les mains croisées derrière la nuque, et regardait le plafond. Finalement, il s'était bien amusé avec Hijikata, et ils avaient formé un beau duo pour combattre le gang de malfaisants… Ils étaient assurément sur la même longueur d'onde, même si aucun des deux ne voulait l'avouer… Le brun lui manquait presque, du fait que le QG des Yorozuya était vide, Kagura étant retournée chez elle pour quelques jours et Shinpachi ayant pris une semaine de congés avec sa grande sœur. Le Shiroyasha décida de faire un tour pour se changer les idées.
Il se rendit dans un petit restaurant afin de se faire servir son si précieux parfait. Puis, pendant qu'il mangeait, une personne qui venait apparemment de fumer à l'extérieur entra et passa à côté de la table de Gintoki. L'odeur du tabac imprégnée dans les vêtements saisit l'homme aux cheveux blancs, lui rappelant celle d'Hijikata. Son estomac se noua aussitôt et il en perdit presque sa cuillère. Il n'avait soudain plus faim, et l'image du vice-commandant le hanta de nouveau. Il essaya de finir son parfait, mais cela lui fut impossible et il finit par se résigner. Il paya et quitta le restaurant, en laissant son met préféré à peine entamé…
Au QG du Shinsengumi, Hijikata fumait une cigarette en supervisant un groupe d'officiers qui s'entraînait au sabre. Mais le brun était visiblement perdu dans ses pensées car restait là, à regarder dans le vide. Kondou ne manqua pas de le remarquer et vint interpeller son protégé.
- Toushi ! Alors, tout va comme tu veux ?, demanda-t-il, très enthousiaste, un grand sourire aux lèvres
- …
Le brun ne répondit pas, Kondou reposa sa question.
- Toushi ? Est-ce que ça va ?
- Hein ? Oh… Kondou… Excuse-moi, je pensais à autre chose…
- … Oui, j'ai vu ça…, rétorqua Kondou, sérieusement. Quelque chose ne va pas ?
- Si si, tout va bien… Je suis juste un peu fatigué, c'est rien…
- C'est vrai ? Mais va te reposer alors ! Ne t'inquiète pas, je vais m'occuper de l'entraînement de ces gars-là !
- Euh… Bon, d'accord…, accepta Hijikata avant de se rendre vers sa chambre
Kondou le regarda s'éloigner avec un air perplexe, se demandant pourquoi le brun, d'habitude assez dynamique et agressif, semblait ce jour-là complètement abattu…
Le vice-commandant marcha tel un zombie jusqu'à sa chambre. Pourquoi avait-il eu cette… " réaction " hier, avec l'autre idiot de Yorozuya… ? Etait-il si désespéré que ça pour être excité par le contact avec n'importe quel autre corps humain ? Ca semblait être l'explication la plus probable… Mais un point venait sans cesse noircir le tableau : pourquoi Hijikata ne pouvait-il pas s'enlever de la tête le fait qu'il avait aimé ce contact ? Il avait beau essayer de se mentir à lui-même, il savait au fond de lui que le nom " Gintoki " avait pris une autre dimension à ses yeux depuis la veille…
Le brun s'allongea sur le petit balcon qui est devant sa chambre et ferma les yeux.
- Grr… Cet enfoiré de Gintoki… Pourquoi est-ce qu'il me hante comme ça ? ? Je le hais, et pourtant j'arrête pas de penser à lui… ! Je dois être fatigué… Il faut que je me repose…
Le vice-commandant entreprit alors de dormir un peu, priant pour qu'à son réveil tous ses états d'âme se soient envolés…
Son réveil, justement, fut brusque.
- Vice-Commandant !, hurla Yamazaki à la porte du brun. Gintoki, le leader des Yorozuya est ici ! Il demande à vous voir !
- Hein ? Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?, marmonna Hijikata en se levant en sursaut
- Il vous attend à la porte principale !, ajouta Yamazaki, avant de repartir
Hijikata passa sa main dans ses cheveux, avant de réaliser ce que son capitaine avait dit : Gintoki était là ? Mais qu'est-ce qu'il était venu faire au QG du Shinsengumi ? ? Il prit soudainement peur et refusa d'y aller. Mais après une petite minute, il se sentit encore plus mal à l'aise.
Si je n'y vais pas, ils vont tous croire que j'ai quelque chose à me reprocher, cet enfoiré de Gintoki le premier… Je dois me forcer…
Et le brun s'exécuta. Il marchait d'un pas décidé, en allumant une cigarette afin de camoufler son malaise. Lorsqu'il arriva à la porte principale, Sougou, Kondou et Yamazaki entouraient Gintoki. Ceux–ci se poussèrent pour laisser les deux hommes se saluer.
- Qu'est-ce que tu viens foutre ici ?, demanda très calmement Hijikata, presque blasé, avant d'aspirer une taffe de sa cigarette
- Bonjour déjà, monsieur le Vice-Commandant, rétorqua Gintoki. Et ensuite, je viens ici car je pensais vous proposer à tous ma compagnie en échange d'un peu d'hospitalité de votre part, car je suis seul chez moi en ce moment !
- … On n'est pas un centre de vacances, rentre chez toi, lui répondit Hijikata, avant de se retourner et de commencer à partir
- Oooh, Hijikata-kun !, lança Gintoki, avec une voix de midinette. C'est pas très gentil ça ! Quand tu m'as confié hier ne pas être assez proche des gens, je me suis dit que je pourrais peut-être t'aider !
Hijikata s'arrêta brusquement, les yeux écarquillés.
- Hijikata-san, vous avez dit ça à " danna " ?, demanda Sougou avec son air blasé ^^
- Mais quel con ce Gintoki!!! Vite, je ne dois pas perdre la face!! Hein ? Non non, pas du tout !, s'expliqua le vice-commandant en se retournant et en agitant les mains. En fait, je disais à Gintoki que c'était quand même agréable d'être entouré de plein de gens, au Shinsengumi ! Même si je n'en ai pas l'air, je suis un grand sensible ! Ah ha ha ha ! Enfoiré de Gintoki!!! Tu vas me le payer!!!, pensa-t-il
- Aaah, je peux rester alors ? Je ne serai pas de trop ?, demanda Gintoki, faussement surpris. Je t'ai bien eu, sale hypocrite!!
- Mais non, pas du tout !, répondit Kondou, heureux de recevoir un invité comme Gintoki. Entre et fais comme chez toi ! Et puis comme ça, tu pourras me parler d'Otae-san !
- Ouais ouais…, répondit Gintoki, ignorant Kondou. Bon, qu'est-ce qu'i manger ici ?
- Je t'ai dit qu'on n'était pas un club de vacances ! ! ! !, s'énerva Hijikata
Gintoki l'ignora à son tour et suivit Sougou qui lui montrait le chemin.
- Oy ! ! ! Tu m'écoutes espèce d'enfoiré ? ?, continua de hurler le brun, le visage couvert de veines. Et puis, Sougou ! Arrête de faire tout ce qu'il te demande ! !
Plus tard dans la soirée, tout le monde prenait du bon temps en riant, en se saoulant et en chantant. Sauf Hijikata qui, fidèle à lui-même, restait dans un coin de la pièce, les bras croisés, les yeux fermés, une cigarette à la bouche. Sougou vint alors le déranger.
- Hijikata-san, vous ne voulez pas un peu de saké ?, demanda le jeune homme en tendant une petite bouteille en porcelaine à son vice-commandant
- … Qu'est-ce que tu as mis dedans cette fois ? Un poison mortel ?, répondit Hijikata, sans bouger d'un cil
- Non, je n'ai rien mis. C'est danna qui m'a dit de vous en apporter.
A la réponse de Sougou, Hijikata ouvrit les yeux, surpris. Puis il les tourna vers Gintoki, lequel faisait mine de discuter et de rire avec les autres. Le vice-commandant tourna finalement la tête et referma les yeux.
- Je n'en veux pas… Et dis à ce permanenté que j'ai pas besoin de ses attentions…
- … D'accord, répondit simplement Sougou, avant de retourner auprès des autres
Un peu plus tard, Hijikata en eut assez de toute cette agitation. Il se rendit compte qu'il n'avait rien à faire là et partit. Il était déjà soulagé que son sentiment à l'égard de Gintoki s'était un peu effacé. A présent, il allait pouvoir dormir sereinement… Mais c'était sans compter l'intervention de son rival…
- Hijikata, fit Gintoki, après avoir suivi le brun dans le couloir
Hijikata s'arrêta et se tourna vers l'homme aux cheveux argentés.
- Qu'est-ce que tu m'veux ?, demanda le vice-commandant
Gintoki ne répondit pas, et le silence qu'il y eut entre les deux hommes fut comblé par les éclats de rire des officiers qui s'amusaient dans la pièce d'à côté.
- Haaa… Rien…, soupira Gintoki en se frottant les cheveux. De toute façon, on peut jamais discuter de rien avec toi, alors…, ajouta-t-il avant de se retourner
- Qu… Qu'est-ce que tu… ? ! Je te ferais dire que j'ai de la conversation, moi, Monsieur le glandeur de service ! !, s'énerva Hijikata
Gintoki s'arrêta et se retourna de nouveau vers son interlocuteur.
- Voyez-vous ça… Monsieur le Vice-Commandant se vexerait-il ?, lança le Yorozuya, avec un sourire malicieux
- Ghh ! ! C'est plutôt avec toi qu'on n'arrive pas à discuter ! !, rétorqua le brun avant de se retourner et de commencer à partir, les mains dans les poches
L'homme aux cheveux d'argent le regarda partir, avant de le rattraper. Hijikata le laissa faire, et les deux se rendirent naturellement vers la chambre du brun. Du moins, jusqu'à ce qu'ils soient arrivés devant la porte de celle-ci…
- Qu'est-ce que tu fous ?, demanda Hijikata en regardant son rival
- J'aimerais voir si tu as tant de conversation que ça !, répondit Gintoki, en souriant. J'ai apporté de quoi délier les langues, tu en as besoin !, ajouta-t-il en sortant une bouteille de saké et deux petits verres de son kimono
- Tch…, fit Hijikata, avant d'entrer dans sa chambre
Gintoki le suivit, puis les deux s'assirent parterre. L'homme aux cheveux argentés les servit d'un peu de saké, et chacun but son verre cul sec.
- Pourquoi tu restes toujours dans ton coin ?, demanda Gintoki du tac au tac, en leur resservant un verre
- … C'est un interrogatoire que tu vas me faire subir, là ? J'appelle pas ça une conversation, moi…, rétorqua Hijikata
- Ok, alors chacun pose une question, et l'autre est obligé d'y répondre honnêtement. C'est d'accord ?, fit Gintoki
- Hmph… Ok, soupira le brun. Bon, pour répondre à ta question, c'est juste que je me sens pas à l'aise quand y'a des fêtes comme ça… C'est pas trop mon truc…, ajouta-t-il en buvant son deuxième verre de sake
- Mais tu viens quand même à côté des autres, même si tu ne participes pas, c'est ça qui est bizarre…, observa Gintoki, en buvant lui aussi son deuxième verre. On dit de toi que tu es l'esprit du Shinsengumi, alors tu devrais participer à ces moments de convivialité…
- … J'aime bien les regarder s'amuser, c'est tout, ça me suffit… Je ne me sens pas à ma place dans ce cercle de… " rigolade "…
Gintoki le regardait sans rien dire, avec un petit sourire, ce que ne manqua pas de remarquer le brun.
- Qu… Qu'est-ce qui te fait rire comme ça, enfoiré ? !, s'énerva-t-il, les joues toutes rouges
- Rien rien… C'est rien du tout…, répondit Gintoki, en riant doucement
- Grrr… Bon, à moi de te poser une question maintenant !, fit Hijikata avec un sourire sadique. Pourquoi t'es venu ici ce soir ?
- … Pour te voir, répondit Gintoki en regardant Hijikata droit dans les yeux
- ! !
Le brun, qui ne s'attendait évidemment pas à cette réponse, écarquilla les yeux et son cœur s'emballa presque aussitôt.
- Nan, je déconne !, fit Gintoki en riant. Je te l'ai dit, je suis venu parce que j'étais seul chez moi, et que j'avais pas envie de passer mon samedi soir tout seul !
- …
Hijikata se sentit honteux intérieurement et forçait son cœur à se calmer. Il détourna les yeux et chercha par tous les moyens à se calmer. Pourquoi était-il sensible à tout ce que disait ce « permanenté » ? Il devait à tout prix se reprendre.
- Je vois… On est un peu comme des bouche-trou, quoi…, rétorqua Hijikata pour combler son malaise
- … Pourquoi est-ce que je t'ai fait tant d'effet, hier, pendant la filature ?, demanda Gintoki, en passant du coq à l'âne
Hijikata garda le regard détourné et sentit son estomac se nouer. Pourquoi fallait-il qu'il remette ça sur la table ?
- Je vois pas de quoi tu parles…, nia-t-il. C'était la filature qui m'avait provoqué cet effet-là…
- … Mais bien sûr… Et même si c'était vrai, pourquoi est-ce que tu n'oses pas me regarder en face quand tu dis ça ?, rétorqua Gintoki
Hijikata resta paralysé. Il se sentait tellement humilié par cette histoire… Pourquoi fallait-il que Gintoki en reparle ? ? Ce n'était qu'un accident, rien de plus ! Ça aurait très bien pu arriver avec Sougou, avec Kondou, ou avec n'importe qui ! Et puis d'abord, de quel droit ce permanenté se permettait de lui poser une question aussi indiscrète ? Il savait pourtant pertinemment que ces choses-là ne se contrôlaient pas chez les garçons !
- Et alors ? ? Et même si c'était le cas, même si j'avais aimé ton contact, qu'est-ce que tu veux que je te dise ? ?, s'écria le brun avec un regard noir en direction de l'homme aux cheveux d'argent. Tu voudrais que je m'excuse ? ? Tu voudrais que je m'excuse de t'avoir " sali ", c'est ça ? ? Eh bah j'suis désolé, voilà ! T'es content ? ?
Gintoki resta de marbre, sans montrer aucune réaction. Puis, soudain, il se leva et se dirigea vers Hijikata, avant de l'attraper par le col et de le soulever un peu.
- Qu… Qu'est-ce que tu- ! !, fit Hijikata, surpris
- Tu crois que tu vas t'en sortir avec de simples excuses, espèce de Vice-Commandant raté ? ? , s'écria Gintoki. Pourquoi t'assumes pas ce qu'il s'est passé hier ? ?
- A… Assumer ? ? Mais parce que tu me tuerais si je le faisais ! !, rétorqua Hijikata, en criant à son tour, ne comprenant pas trop ce que voulait dire Gintoki
Gintoki plongea ses yeux rouge sang dans les yeux bleu nuit du Vice-Commandant du Shinsengumi, et approcha un peu son visage du sien, les sourcils froncés.
- Dis que tu assumes, murmura-t-il sérieusement
- Qu… Quoi ? !, fit Hijikata, surpris
- Dis que tu assumes, teme ! ! !, hurla l'homme aux cheveux argentés
- O- Ok ! J-… J'assume- !
Au moment même où le brun s'exécuta, son assaillant l'embrassa à pleine bouche, comme s'il avait attendu avec impatience son autorisation.
Gintoki embrassait le brun avec les yeux fermés, tandis que celui-ci ne pouvait détourner ses yeux écarquillés du visage du Yorozuya. Lorsque ce dernier se recula un peu, les deux se regardèrent avec une expression indéfinissable : un mélange entre de la passion, de la tristesse, de l'excitation, de l'hésitation… Puis Gintoki relâcha doucement le col du brun, avant de se redresser. Mais le Vice-Commandant le retint par le poignet et le tira vers lui. L'homme aux cheveux d'argent tomba à genoux devant son rival, avant que celui-ci ne prenne délicatement son visage entre ses deux mains et ne l'embrasse à son tour.
Tout se bousculait dans leur tête. Qu'est-ce qu'ils étaient en train de faire, au juste ? N'allaient-ils pas le regretter ? Qu'est-ce qui allait se passer après ça ? N'étaient-ils pas tous deux des hommes, bien hétérosexuels ? Et n'étaient-ils pas censés se haïr au plus haut point ? Alors pourquoi étaient-ils en train de s'embrasser comme jamais ils n'avaient embrassé personne ? Pourquoi avaient-ils d'autant plus envie de l'autre qu'ils se haïssaient ? Et pourquoi ce plaisir augmentait d'autant plus que chacun se rendait compte qu'il embrassait son rival ?
Le baiser se transforma peu à peu en une véritable symbiose entre les deux hommes. Plus rien n'avait d'importance à leurs yeux. Chacun passait ses mains dans les cheveux de l'autre, sur son corps… Ils se retrouvèrent bientôt à moitié nus l'un sur l'autre, ne cessant de s'embrasser. L'odeur de l'autre, qu'ils avaient déjà retenue depuis longtemps… Ils pouvaient à présent la sentir autant qu'ils le voulaient… Le corps de l'autre, sur lequel ils avaient déjà tant de fois lorgné sans le savoir… Ils pouvaient à présent le sentir contre le leur, le toucher autant qu'ils le voulaient…
Soudain, Hijikata prit Gintoki par les épaules et le fit se reculer un peu.
- Sou… Sougou… Il va peut-être…, murmura-t-il de sa voix grave, presque dans les vapes, submergé par l'excitation
- Ne t'occupe pas de ça…, lui répondit Gintoki, en l'embrassant délicatement du bout des lèvres, avant de descendre dans son cou, puis sur son torse
Aucun des deux ne savait où tout cela allait les mener, mais une chose était sûre : à ce moment précis, ils avaient envie l'un de l'autre. Et c'était la seule chose qui comptait…
Très tôt le matin, Gintoki se réveilla collé contre Hijikata, les deux étant entièrement nus. La chaleur du corps du Vice-Commandant du Shinsengumi était si agréable dans cette chambre à l'atmosphère si froide… L'homme aux cheveux d'argent avait vraiment envie de rester, mais la Raison reprit le pas sur le Cœur. Il leva les yeux vers le brun et vit que celui-ci dormait paisiblement. Il fallait en profiter pour s'éclipser, afin que tout ceci ne paraisse être qu'un rêve… Il entreprit donc de se lever, ramassa ses affaires et commença à s'habiller. Alors qu'il remettait son sabre à la ceinture, la voix du brun le fit un peu sursauter.
- Tu t'en vas… ?, demanda Hijikata, tourné vers le côté opposé à Gintoki.
- … Oui…, répondit simplement Gintoki, sans bouger
Il y eut un long silence dans la chambre, qui voulut tout dire. Est-ce qu'une telle occasion se représenterait à eux ? Est-ce que le fait de se revoir à l'extérieur et de devoir simuler leur haine l'un envers l'autre n'allait pas être dur dorénavant ? Assurément si. Aucun des deux n'avait envie que cela s'arrête là, mais il le fallait, aucune autre solution n'était possible…
Hijikata ne se tourna pas, refusant de voir son rival et amant quitter sa chambre. De même que Gintoki, qui passa la porte sans rien dire avant de la refermer doucement derrière lui. Leur aventure venait de se terminer, et chacun des deux hommes eut un douloureux pincement au cœur ; c'était le revers de la médaille d'avoir succombé à la tentation. L'avenir leur dira si la haine passionnelle qu'ils éprouvent l'un pour l'autre perdurera encore et leur donnera encore autant envie de l'autre… Ce qui semble sûr et certain pour chacun des deux rivaux et amants…
