Cela faisait une semaine que Waverly et moi nous étions embrassées. J'avais été très surprise au début elle venait de nous déclarer « amies » pour me sauter dessus quelques heures plus tard. J'avais été étonné mais tellement émue et heureuse, je l'avais désiré dès les premières secondes où je l'avais vue derrière son comptoir chez Shorty. Son tee-shirt trempé par la pompe qui avait sûrement du donner un sacré coup de pouce au destin. Même si je savais qu'elle était avec son garçon-homme je ne pouvais me résoudre à ne pas flirter avec elle, dès que je voyais son sourire, ses attitudes maladroites mais tellement sincères et ses yeux enjôleurs. Puis elle quitta Champ. Après quelques hésitations, elle dû rassembler tout son courage pour s'avouer à elle-même que je ne la laissais pas indifférente et pour m'embrasser dans un élan, une soif qui devait lui peser depuis bien longtemps. Après son départ du bureau du shérif et les longues minutes à discuter –entre autres- nous avions convenu d'un accord tacite de ne pas dévoiler notre relation, même devant sa sœur. Waverly ne laissait rien transparaître, ou presque, de toute façon sa sœur avait d'autres chats à fouetter et ne prêtait que peu d'attention à nos moments de complicité.
J'étais à mon bureau à remplir tout un tas de paperasse, on pense souvent que le travail d'officier de police est excitant et dépaysant mais il n'en est rien, je peux rester parfois de longues heures assise à mon bureau à écrire des rapports ou remplir des papiers qui me semblent parfois inutiles.
J'entendis des voix vociférant dans le bureau de Dolls, je reconnu la voix de Dolls puis celle de Wave, on aurait dit que les deux se chamaillaient. Je me levais pour me rapprocher de la porte afin d'écouter la conversation qui avait tout l'air d'une dispute.
« Waverly, vous ne pouvez pas dévoiler des informations aussi sensibles à des personnes extérieures !
- Ce n'est pas une personne extérieure, c'est Nicole ! Elle nous aide depuis le début ! La moindre des choses serait de la mettre au courant !
- Vous ne pouvez pas impliquer d'autres personnes, notre mission est d'autant plus efficace qu'elle reste en petit comité. Je refuse d'expliquer notre implication à l'officier Haugt !
- Nous serions bien plus efficace si Nedley et Nicole savaient ce qu'ils affrontent les laisser dans l'ignorance les met en danger !
- Waverly ne discutez pas mes ordres sinon je vous mets en dehors de nos missions !
- Et bien on verra si vous vous en sortez aussi bien sans moi ! Tant que vous n'aurez pas compris qu'on se battra mieux si on est plus nombreux, je resterai en dehors du Badge Noir !
La porte du bureau de Dolls s'ouvrit brutalement, je m'écartais pour repartir à mon bureau l'air de rien quand j'entendis Wynonna parler à sa petite sœur.
- Waves ! Attends ! N'écoute pas ce ringard de Dolls, reste, on va trouver une solution !
- J'ai trouvé la solution, dire la vérité, ce n'est pas compliqué !
- Si, ce n'est pas simple, impliquer d'avantage de personnes pourrait les mettre en danger !
- Ecoute Wynonna, tu es l'héritière, je comprends, tu dois rester avec Dolls afin de régler le problème, je comprends que tu sois de son côté mais réfléchis bien, si tu avais dit la vérité avant ton enlèvement et celui de Nicole tu n'aurais pas eu à subir tout ça et la jeune fille qui a été éviscérée serait encore en vie. Tant qu'on gardera des secrets envers Nicole et Nedley on sera perdants. Ils nous ont déjà volé le Shorty's, ce sera quoi, qui la prochaine fois ? »
D'un coup Waverly sortit du bureau en claquant la porte au nez de sa sœur. Elle semblait bouleversée, son regard se tourna vers moi et je vis dans ses yeux toute la détresse qu'elle avait exprimée dans sa voix. Je m'apprêtais à courir vers elle afin de la prendre dans mes bras pour lui montrer combien je tenais à elle et qu'elle pouvait, au moins à un endroit, être en sécurité. Quand la porte du bureau se rouvrit et que Wynonna marcha d'un pas décidé vers sa sœur.
« Wave, s'il te plaît, on en parlera calmement ce soir à la maison, quand tu seras plus apaisée, le moment est….
Sa tête se tourna vers moi, coupant sa phrase, elle me sourit, d'un sourire forcé et gêné, je lui fis en miroir le même sourire gêné mais compréhensif.
- C'est bon Wynonna, ne te fatigue pas, ma décision est prise. De toute façon je n'ai plus de chez moi, je ne peux plus retourner à mon appart au-dessus du bar. On se verra à la maison tout à l'heure, retourne combattre le mal avec Dolls, sans toi il ne ferait pas grand-chose.
- Wave…
- Laisse-moi, je vais prendre l'air. »
Wave avança encore dans la pièce, lentement, se dirigeant vers la sortie, les épaules abattues, le visage s'affaissant sur sa poitrine, elle semblait très triste. Je ne l'avais jamais vue comme ça, même à la suite du décès de Shorty ou lors du kidnapping de sa sœur. J'attendis que Wynonna ait tourné les talons et soit rentrée dans le bureau pour me glisser prestement hors de la pièce, directement sur les traces de ma petite brune. Je sortis du poste de police et tournais la tête aux alentours afin de voir dans quelle direction elle était partie, mais Waverly était restée appuyé au mur en crépis crème, l'air très pensive, renfrognée.
« Wave ? Ça va ? Lui dis-je d'un ton doux et protecteur tout en m'avançant vers elle.
- Je…, Elle avait du mal à parler, les mots ne sortaient pas.
Du bout des doigts je lui relevais le menton afin de créer un contact entre nos yeux. Je voulais voir ses yeux si expressifs, mais là ils étaient différents, humides, un peu gonflés et rouge elle contenait ses larmes. Je ne pus m'empêcher de m'avancer encore un peu et de la prendre dans mes bras.
- Oh, Wave, ça va aller.
Elle se laissa aller et pleura à chaudes larmes, agrippant ses bras autour de ma taille, son visage arrivant au niveau de ma poitrine. Je ne savais pas quoi dire ou faire, alors je ne fis rien excepté faire aller ma main le long de son dos et lui dit :
- Shhhh, ça va s'arranger Wave, c'est un mauvais moment, ça va aller, je suis là… »
Je ne comprenais pas son chagrin, sa colère envers Dolls, mais je ne voulais pas lui demander, elle m'en parlerait en temps voulu, pour l'instant il fallait qu'elle évacue, qu'elle se laisse aller.
Nous restâmes ainsi de longues minutes, peut-être bien une dizaine. Ses sanglots s'étaient calmés et elle recherchait juste le confort qu'elle avait dû trouver car elle avait retrouvé un rythme cardiaque normal et elle ne trempait plus ma chemise de travail de ses larmes. Soudain, elle releva son visage et nos yeux se croisèrent, je lui souris tendrement, cela me mettait sens dessus-dessous de la voir dans cet état.
« Nicole ?
- Oui mon cœur ? Laissais-je échapper.
- Je peux rester avec toi cette nuit ?
- Bien sûr, tout ce que tu veux.
