Blood Is Thicker Than Water And Black's Blood Even More


Disclaimer : Harry Potter et ses personnages ne m'appartiennent pas et sont la propriété de J.K. Rowling. En dehors des copyrights ci-dessus, cette histoire m'appartient dans sa totalité en vertu de la législation sur la propriété intellectuelle et de celle sur les droits d'auteur. Interdiction formelle de reproduire, d'utiliser et/ou de diffuser cette histoire sans l'autorisation explicite de ses auteurs.

Note de l'auteur : Cette fanfiction est un travail en commun avec Lenia41. Après concertation, celle-ci est publiée sur mon compte mais je tiens à préciser qu'elle est le fruit de notre pleine et entière collaboration. Lenia41 fourmille d'idées que nous mettons ensuite en forme à quatre mains.

Pour aborder un peu le fond, il s'agit d'un univers alternatif qui nous est venu au cours d'un projet de forum RP Harry Potter que nous développons en parallèle. Nous espérons qu'elle vous plaira et nous sommes à votre disposition par commentaire ou MP si vous avez des questions.


Prologue


Une volée de corbeaux coassa dans la nuit tandis qu'une silhouette se dessinait à la fenêtre du premier étage. La femme qui se rapprocha des rideaux était aussi nue que le jour de sa venue au monde. Ses longs cheveux noirs retombaient sur ses épaules, masquant en partie une poitrine encore ferme. En dépit de ses quarante ans, sa magie et les traits nobles de son visage lui en donnaient facilement cinq à dix de moins. Son regard d'un bleu intense faisait d'ailleurs oublier son âge à la plupart de ses interlocuteurs, les intimidant tout en éveillant leur désir à son égard.

Sa peau d'une blancheur presque surnaturelle sous la lumière de la lune n'était pas immaculée pour autant. Des marques runiques étaient gravées dans sa chair, parfois depuis des années, parfois depuis seulement quelques mois. Le seul ornement qu'elle portait était un collier d'argent, qui se terminait par un cercle runique bien particulier puisqu'elle l'avait gravé elle-même.

- Mm, que se passe-t-il, chérie ? L'interrogea une voix masculine provenant du lit conjugal.

Elle esquissa un sourire tendre mais ne se retourna pas vers lui pour autant. Son regard aussi acéré que celui d'un rapace demeurait fixé sur l'extérieur.

- Nous avons de la visite, mon cher.

Au seul bruissement des draps, elle sut qu'il avait quitté le lit pour venir la rejoindre. Le sorcier aux cheveux bruns l'enlaça par derrière, l'embrassant dans le cou.

- J'imagine qu'ils n'ont pas reçu d'invitation ? Demanda-t-il avec un sarcasme non dissimulé.

- Tu es toujours aussi perspicace, tu sais ? Remarqua-t-elle avec une pointe d'humour.

En laissant échapper un léger soupir, le sorcier alla chercher leurs vêtements tandis que son épouse ne détournait toujours pas les yeux de la menace approchante.


Dorian Avery esquissa un sourire carnassier sous son masque argenté lorsque les barrières extérieures de la propriété cédèrent sous les assauts des briseurs de sorts de son escouade. Le Seigneur des Ténèbres avait été très clair, il voulait les têtes des deux occupants de ce manoir et n'accepterait rien de moins qu'un succès total.

Pour avoir toutes les chances de son côté, le Mangemort s'était bien entouré. Une quinzaine de sorcières et sorciers l'accompagnaient, la moitié étant des individus expérimentés comme les deux briseurs de sorts et l'autre moitié étant composée de jeunes fanatiques zélés qui ne manqueraient pas de périr comme chair à canon face aux possibles pièges qui les attendaient.

Nott et Rosier s'étaient ouvertement moqués de lui lorsqu'il avait choisi un si grand nombre de serviteurs de Voldemort pour l'accompagner dans cette mission mais ils ne connaissaient pas leurs proies du jour comme lui. Le couple qui habitait les lieux était tout sauf ordinaire, sinon quoi leur seigneur ne les aurait pas choisis comme premières victimes de la future croisade qu'il comptait mener dans les années à venir contre les incapables dirigeants du Ministère de la Magie.

- C'est vraiment trop facile, une vraie promenade de santé… Remarqua une des jeunes recrues en se promenant à découvert dans les jardins.

Il paya rapidement sa bêtise de sa vie lorsqu'une des statues de pierre s'anima à proximité de lui et l'écrasa sous la lourde pierre sphérique à l'effigie du monde qu'il portait. Si ses souvenirs étaient bons, il devait s'agir d'une représentation d'Atlas, figure de la mythologie grecque. D'autres statues s'animèrent bientôt autour d'eux et les objets d'arts se transformèrent bientôt en armes mortelles, tantôt porteurs de glaives de pierre, tantôt tenant un disque en main.

- Mais que se passe-t-il ? Murmura une des autres recrues, visiblement terrifiée.

Avery ne lui prêta pas attention, sa baguette déjà levée pour contrer les statues animées. Il répondit cependant pour lui-même à sa question : ce qui se passait n'était autre que la manifestation d'enchantements très puissants.

Voilà pourquoi on ne devait jamais mépriser ses adversaires au point de les sous-estimer, songea-t-il non sans dépit en entendant les hurlements de terreur d'une autre victime de son groupe. Ce n'était pas parce que leurs adversaires étaient des traîtres à leur sang qu'ils étaient faibles pour autant. Peut-être les plus jeunes l'apprendraient-ils à leurs dépens… s'ils survivaient, bien évidemment.


- Je t'avais bien dit que mes statues seraient utiles un jour.

- Ne t'en gargarise pas trop, mon chéri. Elles n'ont fait que les retarder.

- Certes les retarder mais à en entendre leurs cris, deux ou trois d'entre eux ont dû y laisser leur mobilité ou leur vie…

Les deux époux cheminaient dans les couloirs du manoir, la sorcière passant la main sur différents endroits des murs, déclenchant la brève illumination de discrets cercles runiques, sur les murs, le sol et même le plafond, juste derrière eux.

- Tu penses que tes protections vont les arrêter ? Demanda le sorcier avec un sourcil haussé, sa voix mêlant une profonde affection et une pointe de défi.

Pour toute réponse, elle eut ce sourire dont elle avait le secret, ce plissement des lèvres rempli d'amusement et d'insolence, celui qui voulait dire qu'elle savait très bien ce qu'elle faisait et qu'il en était tout à fait conscient. C'était aussi de ce sourire dont il était tombé amoureux lorsqu'ils n'étaient encore que deux adolescents scolarisés à Poudlard dans des maisons différentes.

- Voyons, mon condor, tu devrais pourtant savoir que je n'ai pas cessé de renforcer les protections de cette maison depuis que nous l'avons acquise, il y a de cela quoi… vingt ans ?

- Vingt-deux, pour être exact, la corrigea-t-il avec un léger sourire aux lèvres. C'était le cadeau de mariage de mon oncle Henry, tu te rappelles ?

- Comment l'oublier ! Mon père était vert en voyant ton oncle nous faire un tel présent, lui qui était si proche de ses gallions…

Lorsqu'ils arrivèrent finalement à destination, c'est-à-dire la pièce centrale de la maison, qui était aussi sa préférée, la sorcière aux longs cheveux noirs sourit naturellement en ouvrant la porte à double battants. Il s'agissait d'une grande bibliothèque circulaire, qui s'élevait sur les trois étages de la maison et qui n'offrait qu'une seule porte pour y accéder. Certains y auraient vu un cul-de-sac mais ce n'était pas son cas.

D'un geste de sa baguette, elle fit changer de position les miroirs sur pied qui figuraient sur les tables tout autour d'elle. Leurs glaces cessèrent bientôt de montrer leur reflet pour indiquer à la place différents endroits de la maison, comme s'ils s'y trouvaient eux-mêmes.

- Je me suis toujours demandé si tu avais mis ce genre d'enchantement dans ma chambre de préfet à Poudlard… Murmura-t-il à son oreille en l'enlaçant tendrement.

- Même si tel avait été le cas, une dame se serait bien gardée de le dire, voyons. Et puis, tu sais que je suis plutôt du genre à préférer toucher, sentir et goûter plutôt que simplement regarder. Susurra-t-elle en retour d'un ton malicieux, l'une de ses mains caressant sa cuisse.

- Oh tiens, ils viennent d'arriver à la porte d'entrée.

- Laisse-les venir… et retire ta chemise en attendant.

Sa phrase aurait été beaucoup plus excitante si la sorcière n'avait pas sorti un athamé en argent, dont la lame étincelait sous l'éclat de la lune.


Dorian avait perdu quatre recrues dans les jardins mais il considérait ces pertes relativement légères compte-tenu de la difficulté des sortilèges auxquels ils avaient fait face. Les statues n'étaient pas seulement animées, elles étaient renforcées contre toute magie visant à les détruire, avec une surface polie qui reflétait la plupart des sortilèges à base de rayons comme un sort de stupéfixion par exemple. Seuls de puissants sortilèges incendiaires avaient réussi à entamer un peu leur surface mais les rares à tenter un sortilège explosif étaient décédés en recevant les éclats de pierre projetés sur eux à grande vitesse.

Les Mangemorts étaient désormais dans la maison mais à l'instar de l'extérieur, les lieux étaient beaucoup trop calmes pour être véritablement dépourvus de tout danger. Voilà pourquoi ils s'étaient organisés en deux cercles concentriques. A l'avant, sur les côtés et à l'arrière, se trouvaient les plus jeunes recrues tandis qu'à l'intérieur du groupe se trouvaient les vétérans.

Ses cheveux blonds lui collaient au front sous son capuchon noir et son masque d'argent. Il n'aimait pas le sentiment qui se dégageait de cette demeure, elle semblait encore plus saturée en magie que le manoir des Malefoy et pourtant, on pouvait dire que la demeure ancestrale d'Abraxas n'était pas dénuée de magie !

Sa famille avait beau appartenir à une vieille lignée de sang-purs, le manoir Avery n'était ni très ancien, ni très chargé en présence magique. En effet, la spécialité des Avery avait toujours été dans la magie noire et dans les potions en général. Les disciplines dérivées des runes n'avaient jamais été leur fort et les patriarches de sa famille s'étaient toujours montrés trop radins pour faire installer de véritables protections. La raison officielle à cela différait de la réalité bien entendu. Les Avery disaient à qui voulait l'entendre que leur talent en duel était largement suffisant pour remplacer n'importe quelle barrière de protection.

Les cris d'une des recrues l'arrachèrent à sa contemplation. Une jeune femme était prisonnière d'un cercle runique dans lequel elle semblait lentement se dissoudre d'après la fumée âcre qu'il voyait s'échapper d'elle. Avery se contenta d'esquisser un rictus méprisant sous son masque avant de pointer sa baguette vers elle.

- Avada Kedavra !

Les cris cessèrent instantanément lorsque le rayon verdâtre atteignit sa cible. Le Mangemort se retourna vers ses autres subordonnés, les dix combattants qui lui restaient et qui étaient tous tombés dans un silence pesant.

- Évitez de tomber dans leurs pièges et vous éviterez son sort. En formation !


Les gouttes de sang tâchaient le parquet de la bibliothèque tandis que le sorcier serrait les dents. Le processus n'était pas plaisant, très loin de là mais il était nécessaire. Elle gravait lentement et avec une grande habileté les symboles runiques dans son dos mais cela ne l'empêchait pas d'être aussi un processus très douloureux.

- Tu peux me rappeler pourquoi on ne peut pas le faire sous anesthésie, déjà ?

- Ne fais pas l'enfant, tu sais aussi bien que moi que le sacrifice perdrait toute sa valeur. Le sang n'a de valeur que s'il est versé dans la douleur, mon cher époux.

- Evidemment… maugréa-t-il en baissant la tête.

Ayant fini d'inscrire la dernière rune dans sa chair, elle posa la lame ensanglantée sur la table et passa ensuite sa main dans les cheveux bruns de son époux. Celui-ci étant assis devant elle, bien que de dos, elle était dans une position parfaite pour jouer avec ses boucles qu'elle aimait tant. Elle se pencha pour déposer un baiser sur sa joue et l'entourer de ses bras.

- Tu sais ce qu'on dit : après l'effort vient le réconfort. Dès que nous nous serons débarrassés d'eux, je te promets une nuit inoubliable.

Il posa une main sur la sienne et la fit remonter doucement en caressant son bras.

- Toutes mes nuits avec toi sont inoubliables… bien que parfois douloureuses. La taquina-t-il d'un ton malicieux.

- Vil flatteur ! Rétorqua-t-elle en lui donnant une petite tape derrière la tête.

Elle s'éloigna ensuite assez pour contourner sa chaise, lui tendant la main pour l'inviter à se lever. Leurs mains jointes, ils se mirent à monter l'escalier en colimaçon situé au centre de la pièce, qui les mènerait à la plateforme supérieure, au centre exact de leur demeure.

- Tu es sûre de ce que tu fais, n'est-ce pas ? Demanda-t-il avec une pointe d'inquiétude tout en montant les marches.

- Vois les choses du bon côté, si j'ai raison, tu pourras vanter mes talents inégalés et si j'ai tort, et bien, ni l'un ni l'autre ne serons plus là pour en parler !

- Vu comme ça, j'imagine que nous sommes gagnants sur tous les tableaux… d'un certain point de vue.


Avery s'était attendu à beaucoup de choses en entrant dans leur demeure mais certainement pas à ce que celle-ci se transforme en véritable labyrinthe. A l'image d'un phénomène qu'il avait vu au département des mystères, certaines portes tournaient autour d'eux, ne permettant pas de savoir par laquelle ils étaient entrés. L'exiguïté de certains couloirs limitait leur possibilité de rester groupés, si bien que le Mangemort fut obligé de scinder son groupe en deux.

Le groupe de Dorian comprenait six Mangemorts dont une jeune recrue tandis que l'autre groupe, dirigé par Myrina Carrow incluait les deux autres novices survivants. Ces portes avaient séparé Dorian de Myrina mais à en juger par le cri qu'il entendit par la suite, l'un des jeunes sorciers avait déjà dû succomber à un autre piège.

Le Mangemort regretta de ne pas avoir gardé plus de chair à canon avec lui lorsqu'il manqua de tomber dans ce qui ressemblait à un gouffre sans fond. Le piège était habilement dissimulé dans l'obscurité et presque tout le sol de la pièce était absent. Il leur fallut contourner sur les côtés, où l'un de ses briseurs de sorts se retrouva empalé par une pique qui émergea du mur sur lequel il s'était trop longtemps appuyé.

- Cette maison est un cauchemar. Remarqua Antonius Burke d'un ton inquiet.

- Elle est surtout enchantée par un maître des runes, n'est-ce pas ? Répliqua Rowle, qui ne chercha même pas à dissimuler son mépris pour Burke.

- Une maîtresse des runes, oui. Confirma succinctement Avery, soyez sur vos gardes.


La sorcière s'attelait à ses préparatifs, un cercle runique des plus complexes tracé à ses pieds et elle allumait de sa baguette différentes chandelles autour d'elle. Son époux avait remis une chemise mais elle était déjà ensanglantée dans le haut de son dos, encore meurtri par les traces laissées par le couteau en argent que son épouse tenait dans sa main libre.

- Ils progressent assez vite, nous n'avons plus beaucoup de temps devant nous. Lui fit-il remarquer en commençant à descendre les marches.

- Je n'ai besoin que d'une dizaine de minutes tout au plus. Retiens-les jusque-là et reviens au plus vite ensuite. Ne t'avise pas de mourir surtout !

- Quand suis-je déjà mort contre tes vœux, ma douce ? Rétorqua-t-il avec désinvolture tout en descendant les marches.

- Mais c'est qu'il se croit drôle en plus ! On ne revient pas sur une promesse faite à une Black, mon condor, tu devrais le savoir mieux que personne.


Myrina était dans une colère noire lorsqu'elle parvint à faire exploser une de ces énièmes portes. Ce n'était pas parce qu'elle avait perdu trois Mangemorts aux pièges de cette abominable maison même si l'humiliation était grande. Non, elle enrageait de se dire que ces morts étaient dues au couple qui occupait ces lieux. Ces traîtres à leur sang allaient mourir dans d'atroces souffrances, foi de Carrow !

Elle savait très bien qui avait mis en place des pièges runiques aussi efficaces, cela ne pouvait être que la Black ! Myrina la détestait déjà à l'époque où elles étaient toutes deux élèves de Serpentard et les années n'avaient pas adouci ses sentiments à son égard.

Tout comme la Black lui avait tout pris en son temps : la première place de leur rivalité académique, la main d'Abraxas Malefoy qu'elle avait rejeté ensuite comme une vulgaire chaussette, au profit d'un autre sang-pur, d'une lignée plus ancienne encore. Son existence paisible arrivait enfin à son terme et Myrina se ferait un plaisir d'exécuter les ordres de son maître.

Elle ne comprit pas immédiatement ce qui s'était produit lorsqu'un liquide chaud l'éclaboussa mais ses réflexes la firent se jeter à terre. Ce n'est qu'une fois au sol, lorsqu'elle eut relevé la tête, qu'elle réalisa que la gorge de son dernier camarade Mangemort avait été allègrement tranchée par un sortilège de découpe. Celui-ci ne tarda pas à s'écrouler comme une poupée désarticulée, le liquide rouge vif s'écoulant en une petite mare autour de la blessure fatale.

- Black ! Rugit-elle de rage, en jetant un sortilège explosif dans sa direction.

Myrina entendit une exclamation étouffée mais elle semblait trop rauque pour appartenir à son ennemie jurée. S'agirait-il de l'autre ?

- Il n'y a aucune issue ! Rendez-vous maintenant et je vous promets que votre mort sera rapide ! Mentit-elle, un sourire machiavélique aux lèvres.

Elle sentit à peine la vague de froid avant de sentir le givre sous ses doigts. Elle se redressa à moitié mais l'un de ses genoux se retrouva emprisonné par la glace. Pestant contre sa propre inattention, elle utilisa sa baguette pour libérer sa jambe et se redresser mais c'était déjà trop tard.

L'homme qui lui faisait face était âgé de quarante ans, tout comme elle. Doté de larges épaules, ses cheveux bruns étaient coupés courts et son regard noisette ne portait sur elle aucune trace de pitié. Il n'eut aucune hésitation en enfonçant le poignard dans sa poitrine, ce pourquoi la Mangemort se surprit à éprouver malgré elle du respect pour son adversaire.

- Quelle honte de mourir de ta main… Cracha-t-elle, tandis qu'un filet de sang s'écoulait du coin de ses lèvres.

Il ne répondit pas, se contentant de retirer le poignard silencieusement, sa baguette toujours fixée sur elle. Ce n'était sans doute pas le meilleur duelliste qu'elle ait affronté mais il était prudent et n'hésitait pas à se battre sans s'embarrasser des valeurs honorables si chères à des idiots comme Dumbledore.

La Carrow esquissa un sourire désabusé tout en sentant sa baguette lui échapper des doigts.

- Mieux vaut encore que ce soit toi plutôt qu'elle… Potter.

Ce furent les derniers mots qu'elle prononça avant que le poignard ne lui tranche la gorge.


Dorian menait encore trois hommes avec lui lorsqu'il atteignit les doubles-portes de la bibliothèque. Sa surprise avait été grande en découvrant le cadavre de la Carrow mais à bien y réfléchir, il n'aurait pas dû être si surpris. Myrina avait toujours eu une dent personnelle contre la maîtresse des lieux et cela expliquait sans doute son imprudence.

Avery n'était pas motivé par ce genre de passion futile. Il souhaitait simplement obéir au Seigneur des Ténèbres et, pas à pas, se rapprocher un peu plus de la vision fantastique de leur maître pour la faire devenir réalité.

Dissimulés derrière les colonnes, ils n'offraient ainsi pas leurs silhouettes aux éventuels sorts que pourraient leur jeter les occupants des lieux lorsqu'il ouvrit les portes. Pourtant, aucun sort ne vint. Le Mangemort finit par jeter un œil à l'intérieur, il n'aperçut personne au premier abord. Ce n'est qu'en levant la tête jusqu'au sommet de l'escalier en colimaçon qu'il remarqua les deux silhouettes qui se trouvaient sur la plateforme.

- Potter ! Black ! Il n'est pas trop tard pour vous rendre. Le Seigneur des Ténèbres recherche toujours des sorciers puissants à ses côtés.

- C'est une généreuse proposition, Dorian mais… Commença Potter avec un ton qui se voulait diplomatique.

- Mais ton égocentrique et mégalomaniaque sang-mêlé de maître n'aura jamais le plaisir de me voir me prosterner à ses pieds. Je ne ploie le genou que devant le patriarche des Black et envers nul autre.

Avery ne s'était pas attendu à une autre réponse. Le Seigneur des Ténèbres avait déjà tenté de les approcher par d'autres canaux mais s'était trouvé au mieux ignoré, au pire insulté avec le même genre d'invectives. Oh, Dorian savait bien que Lord Voldemort était un sorcier de sang-mêlé, pour avoir étudié pendant les mêmes années que Tom Jedusor à Serpentard. Pourtant, sa puissance magique et son ambition pour le monde sorcier étaient indéniables, tous les élèves de leur maison en étaient bien conscients à l'époque.

Il subsistait pourtant des sorciers qui ne courberaient pas l'échine, non pas parce qu'ils étaient dans le camp de ce vieil illuminé de Dumbledore mais parce qu'ils refusaient les idées radicales ou l'hypocrisie sous-jacente de l'idéologie d'un sang-mêlé qui prônait la pureté du sang. Dorian se fichait des questions idéologiques en vérité, il avait suivi Tom par soif de pouvoir et par amour des arts sombres, ainsi que pour placer la vermine moldue sous leur joug.

- Il est très regrettable que vous le preniez ainsi, remarqua Avery d'un ton neutre. Peut-être que vous changerez d'avis dans l'au-delà ou bien après quelques semaines dans une cellule.

Les sens de Dorian se mirent soudain en alerte. Pourquoi les Potter l'avaient-ils encouragé à parler ainsi ? Ils auraient dû être inquiets par la venue de possibles renforts alors pourquoi étaient-ils si calmes ? Attendaient-ils eux-mêmes des alliés ? Ou bien avaient-ils d'autres tours dans leur sac ?

Les vibrations qui se mirent à secouer violemment le sol alimentèrent ses suppositions. La Black était une maitresse des runes, d'un niveau tel qu'on disait qu'elle surpassait sa Bulstrode de mère. Comptait-elle ravager ce qui restait de leur manoir pour les emporter avec eux dans la mort ?

Le Mangemort ne comptait pas attendre pour le savoir. Quittant sa cachette tout en faisant signe à ses hommes de le suivre, il se précipita en direction de l'escalier, esquivant autant que possible les bustes de marbre et autres poteries qui tombaient tout autour de lui sous la force de ce qui ressemblait à un séisme.

L'un de ses hommes fut d'ailleurs écrasé sous une étagère de livres mais Avery n'avait pas le temps de s'en préoccuper. Arrivant enfin à l'escalier, il s'y accrocha comme à une bouée de sauvetage et démarra son ascension tant bien que mal. Avec tout le mal qu'il s'était donné pour arriver jusqu'à eux, Dorian ne comptait pas les laisser s'en tirer ainsi. Ce serait sa baguette qui mettrait un terme à leurs misérables existences, il en allait de sa fierté personnelle.

Le couple maudit ne manqua pas de le surprendre à nouveau en projetant littéralement une tempête de livres sur lui. Avery ignorait s'il s'agissait d'un Oppugno ou d'un autre maléfice mais ce qu'il savait, c'était qu'il ne voulait pas prendre un volumineux dictionnaire des runes en pleine tête. Le Quidditch à Travers les Ages dans le ventre lui avait déjà bien assez coupé le souffle et l'Anthologie des enchantements au XVIIIème siècle lui déboîta l'épaule gauche, lui arrachant une exclamation de douleur.

Lorsqu'il arriva en haut des escaliers, sa main valide tenant à la fois sa baguette tout en appuyant sur son bras endolori, Dorian s'était attendu à trouver les époux prêts à l'attaquer. A la place, il les trouva enlacés, au milieu d'un cercle runique particulièrement complexe, qui étincelait d'une lumière presque aveuglante.

Le mangemort devait se tenir à la rambarde pour rester debout et il manqua de perdre sa baguette. Le couple n'avait pas l'air d'avoir les mêmes difficultés, tandis que la Black psalmodiait des paroles en latin qu'il ne comprenait pas. Tout ce qu'il put déchiffrer, ce sont les paroles que Potter lui adressa avec ce satané sourire amusé aux lèvres.

- Adieu, Dorian et salue ton maître pour nous, si tu le peux.

La lumière gagna une telle intensité qu'Avery fut obligé de détourner les yeux. Puis ce fut le néant.


L'homme aux cheveux d'un blond presque platine contempla à distance l'explosion qui ravagea le manoir du couple Potter. Pour autant qu'il en sache, les seize Mangemorts qui l'avaient pris d'assaut devaient être morts, même s'il se doutait que le Seigneur des Ténèbres voudrait en avoir le cœur net. Voilà pourquoi il avait dépêché de jeunes recrues pour scruter les débris lorsque la poussière serait retombée, ainsi que la raison pour laquelle il avait demandé à plusieurs briseurs de sorts de s'assurer que personne ne puisse s'échapper du périmètre sans qu'ils le sachent.

A sa propre surprise, Abraxas ne ressentait pas véritablement un sentiment de triomphe mais plutôt une certaine mélancolie. La maîtresse des lieux avait été sa fiancée à une époque et elle restait à ce jour, même s'il ne le dirait pas à son épouse, l'une des seules femmes qu'il ait jamais respecté et même admiré. Il regrettait d'ailleurs de l'avoir tant mal traitée dans ses jeunes années à Poudlard, enfant gâté qu'il était à l'époque et ce pourquoi elle lui avait sûrement préféré Potter.

Il fallut une petite heure mais Malefoy put confirmer au Seigneur des Ténèbres qu'en dépit des seize victimes dans leurs rangs, Charlus et Dorea Potter avaient bien trouvé la mort. Il ne restait strictement aucune trace d'eux, ce pourquoi ils suspectèrent qu'ils aient été vaporisés par l'explosion. Il s'assurerait que l'édition du lendemain, en ce beau mois de juillet 1960, mentionnerait la mort accidentelle du couple Potter dans une explosion ayant eu lieu à leur manoir familial.

L'avènement du Seigneur des Ténèbres devait rester secret encore plusieurs années aux yeux de la population sorcière s'il voulait mener ses plans à bien et Abraxas userait de son influence en ce sens.


Dans une maison inoccupée depuis que son premier étage avait été sauvagement ravagé, des années plus tôt, une lumière éclaira brusquement les vitres poussiéreuses du rez-de-chaussée avant de disparaître aussitôt. Pour ceux qui se seraient approchés de ce qui tenait désormais davantage d'un mausolée que d'une demeure, ils auraient peut-être entendu que le calme presque religieux des lieux avait été perturbé.

En effet, dans le hall d'entrée, deux silhouettes étaient allongées sur le sol. L'une d'entre elles appartenait à un homme allongé sur le ventre, dont la chemise portait des tâches ensanglantées dans le haut du dos. A ses côtés se trouvait une silhouette plus menue, celle d'une femme, dont les cheveux noirs masquaient le visage.

Le seul bruit audible dans la maison était celui de leurs respirations respectives, laborieuses mais régulières.