Si je voulais d'abord terminer de publier mes plus petits textes, l'envie et l'impatience de progresser sur celui-ci m'ont poussé à changer mes plans. Donc, dans ma série « Une autre... », voici ma vision de ce qu'aurait pu être la vie des personnages de Arrow s'ils avaient vécu à une autre époque.

Je préfère prévenir tout de suite, il s'agira ici d'une longue histoire (pour l'instant sa découpe fait 37 parties). Cela implique que certaines réponses (et personnage secondaire) pourront prendre beaucoup de temps à arriver. Il va donc falloir être parfois très patient. ^_-

Si l'histoire démarre avec Felicity, Oliver arrivera très vite.

Quant au Olicity, il sera là, et bien là... Mais ces deux-là vont d'abord devoir s'apprivoiser !

Ceci étant dit : Bienvenue dans ce petit monde féodal créé de toute pièce à leur destination.

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UNE AUTRE ÉPOQUE


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Introduction

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Alors qu'elle descendait du chariot poussiéreux l'ayant menée jusqu'au riche et imposant domaine des Merlyn, Felicity ne put s'empêcher d'observer tout autour d'elle.

Une vaste allée de plus d'un kilomètre les avait conduits devant plusieurs bâtiments gigantesques composant le château. Il y avait là un édifice architectural principal et central, sans doute consacré aux appartements du seigneur, entouré de quatre constructions tout aussi magistrales. Pour le commun des mortels, cet ensemble en imposait !

À l'extrémité de l'aile nord, la plus proche de l'allée, se trouvait une double porte réservée au peuple en quête d'audience. Ce jour-là, c'était d'ailleurs plusieurs dizaines de malheureux qui y attendaient un peu de disponibilité et de générosité de leur seigneur et maître. La guerre et ses restrictions avaient fait beaucoup de victimes dans les populations restées en retrait. Le manque de nourriture, des taxes toujours plus lourdes... Tout le monde avait pâti ces cinq dernières années des affrontements se déroulant à des lieux de là !

La raison du conflit ? Le souhait d'un unique seigneur à vouloir devenir roi qui entraîna l'alliance de tous les autres se partageant le restant du vaste territoire insulaire. Chaque seigneur était ici bien décidé à stopper les aspirations de suprématie d'un seul, pour conserver leur souveraineté sur leurs Terres respectives. Là était la gouvernance bien à part de leur contrée, en rien commune aux régions lointaines dont les fiefs étaient sous la coupe d'un seul homme. Mais tous ces empires et toutes ces royautés n'étant accessibles que par de très longs voyages en bateau, leurs influences et menaces restaient infimes. Si bien que la répartition parcellaire de leur archipel en « Terres » et le fonctionnement spécifique de chacune d'entre elles s'étaient maintenus depuis des générations. [1]

Concernant la toute jeune femme arrivant en ces lieux, sa présence n'était en rien motivée à son souhait de croiser son suzerain. Bien au contraire. Malheureusement pour elle, on ne pouvait facilement échapper à une convocation officielle pour cause de veuvage inopiné. Surtout quand un membre du personnel de maison du défunt accusait la jeune mariée de meurtre.

Escortée par un soldat jusqu'à la salle d'audience encombrée tout du long par des membres de la cour, Felicity fut stoppée à quelques pas à peine de l'estrade où se trouvaient des sièges capitonnés, avec en son centre le seigneur Malcolm Merlyn en personne.

Impressionnée par les lieux, elle serra à l'étouffée le sac enfermant ses maigres biens. Elle se sentait comme une indigente ici. Elle était si loin d'afficher la même qualité vestimentaire des gens se trouvant en ce lieu, alors présentement habillée d'une simple robe de coton bleu à manches longues, portée sur une chemise blanche, et lassée sur le devant. La décence de sa condition, ni bourgeoise ni va-nu-pieds, lui imposait toutefois le port de trois jupons sous sa robe. Tandis qu'elle profitait aussi d'une paire de godillots à sa taille, bien qu'au cuir fatigué.

- Qu'avons-nous là ?

- Felicity Smoak, mon seigneur. répondit-elle d'une petite voix.

- N'est-ce pas plutôt Felicity Seldon ?

- Hé bien... oui. Pardonnez mon erreur.

- hum... Il est sûr qu'au regard du peu de temps où vous avez été mariée, vous n'avez guère eu l'occasion de vous habituer à votre nouveau patronyme.

Ne relevant pas l'information, Felicity était plus sûrement dans l'angoisse d'apprendre son jugement. Elle n'était pas naïve au point de croire qu'elle aurait droit à un procès loyal. Après tout, pour les gens de sa condition, rien dans leur vie n'était juste ou équitable. Alors après qu'on l'ait traînée de l'autre bout du pays pour faire face à sa responsabilité dans la mort de son époux, elle ne doutait pas qu'il y aurait sanction. Restait à découvrir, s'il s'agissait d'une condamnation à mort, par quel moyen on la lui infligerait.

- En ces temps difficiles, nous n'avons guère le temps et l'énergie à fomenter un procès pour découvrir la vérité sur votre situation, mademoiselle. Aussi vais-je vous faire une proposition que vous serez libre d'accepter ou non.

Il était bien inutile de lui préciser quel second choix elle aurait, en cas de refus.

- Voilà ! Mon comptable m'a fait savoir à quel point votre défunt époux était aisé. Aussi, vais-je réclamer la pleine propriété de tous ses biens.

Comprenant aussitôt que l'homme en quête de finances était bien plus intéressé par la fortune du peu regretté sir Cooper Seldon, Felicity n'eut aucune difficulté à tout céder ! Si remettre symboliquement tous ses biens à Merlyn était le prix à payer pour sa liberté, elle le lui accorderait sans une once d'hésitation.

- Il m'apparaît bien naturel que vous agissiez de la sorte. Aussi serais-je heureuse que la fortune de mon regretté époux puisse servir à vos desseins.

- Bien.

Ce point acté, elle savait qu'à cet instant, il ne lui restait plus que son sac de voyage contenant ses biens personnels les plus précieux. Ceux-là mêmes qu'elle possédait déjà quand on lui avait imposé trois semaines plus tôt de se rendre à la demeure des Seldon.

Depuis sa « vente » perpétrée cinq ans plus tôt par un père endetté et depuis disparu, Felicity avait façonné ce bagage dans l'espoir de profiter un jour d'une occasion pour s'échapper. Aussi ne perdrait-elle rien de ce qui avait réellement de la valeur à ses yeux. Cela incluait une poignée de pièces d'argent, maigre pécule économisé par sa mère, qu'elle avait su récupérer à sa mort, avant qu'on ne l'envoie au couvent.

Son cas réglé, elle imaginait finalement pouvoir repartir libre quand Merlyn brisa tous ses espoirs.

- Maintenant. Étant dorénavant l'héritier légitime des biens de votre époux décédé. ajouta-t-il. Au regard de votre jeune âge et statut d'orpheline, je deviens de facto votre tuteur. Je me dois donc de vous trouver une nouvelle situation. Une si jeune femme de votre condition ne pouvant rester sans protecteur, je vous déclare à cet instant mariée à mon capitaine Jonas Steele.

- Quoi ? Non !

- Non ?

Sachant combien la moindre rébellion était sanctionnée par cet homme sans pitié, réputé pour ses accès de folie passagère, Felicity se reprit au plus vite.

- Je veux dire... Seigneur Merlyn... Comment pourrais-je être « à cet instant » mariée sans avoir au préalable de cérémonie religieuse pour y soumettre mes vœux d'obéissance ? Vous devez connaître ma grande foi, et...

- Les femmes... soupira finalement l'homme, a priori rassuré du pourquoi de sa négation. Je sais combien vous les dames êtes soucieuses de ce type de détails et plus encore quand vous venez à peine de sortir d'un couvent où Dieu seul sait ce que ces bigotes ont bien pu vous y inculquer... Mais votre époux étant à ce jour prisonnier de nos ennemis et donc absent, nous nous contenterons tous d'une signature de l'acte par ma main et celle de sa mère, Moira Steele, ici présente. Je peux toutefois le remplacer pour votre nuit de noces, si cela vous tient tant à cœur de respecter les traditions ?

Glacée qu'il puisse user du droit de cuissage, Felicity garda non sans mal son calme et ses yeux abaissés de déférence, dans son souhait de camoufler la fureur émergeant en elle à cette seule idée.

- Cela est de votre seule décision, mon seigneur. Bien que j'aimerais pouvoir réserver le peu de vertu qu'il me reste à mon nouvel époux.

- Hum... soyez sûre que j'aurais aimé batifoler avec vous. Malheureusement, nos ennemis sont à nos portes dans l'attente de signer un traité de paix. Aussi, me dois-je d'y faire face et partir des lieux dans l'heure.

- Je comprends et vous remercie humblement d'avoir ainsi pris soin de ma situation.

- Bien. Je ne doute pas que vous aimeriez rejoindre au plus tôt les terres et la demeure de votre nouveau maître. Mais dans l'attente de son retour et qu'il décide par lui-même de ce qu'il veut faire de vous, je vous demanderais de rester ici dans ses appartements. S'il s'avérait qu'il ne revienne pas... Hé bien, nous reconsidérerons votre position. Ne soyez donc pas dépensière, ses fonds ne sont pas en vos mains.

- Bien sûr.

Soulagée d'avoir déjà évité le pire, Felicity se vit aussitôt conduite aux dits « appartements » de son nouveau « maître », comme il lui avait été si justement présenté.

Sur le chemin, ballottée par la carriole l'ayant prise en charge, la toute jeune femme serra un peu plus encore son sac. Comme au départ du couvent, il renfermait tout ce qu'elle possédait.

En plus de ses pièces d'argent et deux bijoux qu'elle se refusait à porter. Elle disposait pour vivre d'un kit complet de couture comprenant rubans, craies de marquage, d'innombrables aiguilles de toutes formes et de toutes tailles, adjointes à un coupe-fil, des ciseaux de tailleur et des ciseaux à dégarnir. Un cerceau de broderie et une poignée de petites bobines de fil de couleur complétaient le tout.

À son départ du couvent, la mère supérieure lui avait aussi offert un plumier enfermant un porte-plume en bois, deux plumes d'écriture en métal ciselé d'épaisseur distincte et un flacon d'encre noir. Une preuve touchante que malgré leur relation parfois conflictuelle, elle respectait son talent pour la calligraphie.

Avec un couteau de bonne facture, cette fois-ci adroitement dérobé aux sœurs avant qu'elle ne les quitte, elle avait su conserver ses couverts et sa timbale offerts à son baptême. Si elle les utilisait au couvent, ne craignant pas qu'on les lui vole là-bas, elle les gardait depuis précieusement camouflés au fond de son sac. À leurs côtés, la brosse à cheveux de sa mère et son miroir associé. Leurs crosses n'étaient ni en argent ni en corne. Juste du bois poncé de qualité qui n'avait de précieux que les souvenirs qu'ils renfermaient.

S'y ajoutaient enfin, un peu de savon pour le corps, une serviette de toilette et un change complet. Ce dernier se composait d'une seconde robe de couleur rouge dont l'éclat n'était plus qu'un vieux souvenir, ainsi que d'une seconde chemise blanche, quelques culottes et non moins de jupons et bas pour couvrir ses jambes. Enfin, à défaut de capeline, estimée inutile au couvent, elle n'avait qu'un vaste châle voué à la réchauffer les jours et nuits d'hiver.

Finalement guidée jusqu'à la porte de son nouveau logis. Il s'avéra qu'il s'agissait d'une simple chambrette de taille toutefois respectable, possédant une fenêtre, sa propre cheminée, ainsi qu'un lit et une armoire en bois.

Situé dans l'une des dépendances éloignées de plusieurs kilomètres du château, son nouveau cadre de vie se résumait à trois vastes bâtiments entourant en un « U » une place centrale. Reconvertis en une caserne militaire de complément, on y logeait principalement des soldats de passages, serviteurs et rare famille de ces derniers dans des dortoirs ou chambres individuelles. Jonas Steele étant capitaine, il profitait au moins d'une pièce dédiée, munie d'une porte.

Elle apprécia à cet instant et à sa juste valeur de ne pas devoir se contenter d'une simple couche au sein d'un dortoir collectif. Quoique même alors... peu importait la pauvreté du lieu offert. Tout valait mieux que partager les soieries du plus riche des hommes, s'il lui était imposé ! Et puis... son nouvel époux encore prisonnier de leurs ennemis. Avec un peu de chance, elle pourrait espérer apprendre d'ici peu être devenue veuve pour la seconde fois.

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À suivre.

[1] Pour faire simple, imaginez la grande Bretagne géographiquement bien plus éloignée de l'Europe. ^_-

mimi yuy