Hey ! Je débute cette fic sans savoir réellement où elle mènera. Je l'écris au feeling sans chercher à aller dans la vraisemblance, il y aura fort probablement de nombreuses erreurs donc je préviens à l'avance. C'est donc une fic sans prétention. Et je m'excuse envers l'Histoire que je vais déformer.

Le rythme de publication sera plutôt rapide mais ce sera des chapitres assez courts.

PS :Je ne sais pas encore quel sera le rating (T ou M) mais comme les moments plus "hard" ne sont pas encore pour tout de suite je laisse le rating T.

Bonne lecture ! :)


Blanche souffla d'épuisement tout en relevant la longue mèche qui lui barrait la vue. Depuis plus d'une heure, elle épongeait le plancher gondolant de la vieille salle à manger glaciale. La tempête avait été rude et de nombreuses lauzes du toit s'étaient détachées puis brisées dans la cour abandonnée du château d'Anvrac. C'était la deuxième fois cet hiver que la propriété avait subi des dégâts. La pluie s'étaient alors infiltrée dans les trous de la toiture et avait formée de nombreuses flaques. Le grenier était actuellement trempé et même les murs de la salle à manger du rez-de-chaussée suintaient d'eau. Et toute les habitants du château, en allant de la cuisinière au Marquis de Valmant lui-même, s'étaient mis au travail. Ils étaient au nombre de dix : le Marquis et sa femme, leurs filles, Blanche, vingt ans, Constance, d'un an sa cadette et Anne, la benjamine, Clément, l'homme à tout faire, Lison, la cuisinière, Mathilde, la femme de chambre, Jacques, le fermier et enfin, Louis-Joseph, le fiancé de Blanche. Etienne, l'aîné des Valmant, n'était pas là, il séjournait dans le château de la famille de sa femme. Blanche avait reçu la tâche de nettoyer la salle à manger avec sa sœur Constance. Et armées de serviettes, elles épongeaient ce qu'elle pouvaient.

Blanche regarda sa sœur pensivement.

-Je ne sais pas ce que la maison va devenir. Tout part en ruine et nous nous sommes au bord du gouffre financier selon papa…

Constance releva le visage et planta ses yeux bleus dans ceux gris de Blanche.

-Et tu ne sais pas encore mais… (elle se mit à chuchoter tout en vérifiant les alentours) Papa envisage de tout vendre.

-Comment le sais-tu, s'alarma l'aînée.

-Je le sais, c'est tout, rétorqua Constance.

-Non. Ne me dis pas que tu as encore écouté aux portes !

-C'était trop tentant ! Papa et Louis (car c'était ainsi que tous appelaient Louis-joseph, le fiancé de Blanche) parlaient sans la moindre discrétion et le sujet était trop important pour je ne m'y intéresse pas.

Blanche lança un regard noir à sa sœur et secoua légèrement la tête en faisant balancer ses tresses châtain clair.

-Puisque le mal est fait, raconte-moi tout.

-Et bien… quand je suis arrivée, ils parlaient des dégâts et de l'argent que les réparations allaient demander. Et puis ils ont évoqués l'idée de tout vendre. Et je crois qu'il ont parlé d'autre chose…

-Qu'est-ce donc ? s'intéressa Blanche.

-J'ai peur de déformer leurs propos, mais j'ai cru comprendre que le Roi Louis XIV nous a envoyé une invitation pour aller vivre à Versailles.

-Versailles ? Avec la Cour ? S'exclama Blanche.

-Bien sûr, où veux-tu qu'elle soit ? !

-C'est juste que je n'ai jamais envisagé cette possibilité.

Blanche était vraiment surprise, elle se laissa tomber en arrière et sa tête rencontra doucement le sol.

-Mon Dieu, te rends-tu compte que notre vie en serait complètement transformée ?

-Je ne sais pas si cela me plairait, honnêtement j'ai peur de ce qui pourrait nous attendre, dit Constance.

-Ne nous emportons pas, il faut avoir une confirmation, répondit l'aînée.

Après une courte réflexion, elle reprit :

-Je vais voir Louis, peut-être m'en parlera-t-il.

A peine ces mots furent prononcés qu'elle se leva.

- Tu ne me dénonceras pas ?

- Promis que non.

Elle s'en alla rapidement en essuyant sa robe humide et noircie par le plancher. Elle se dirigea vers les escaliers. Une fois en haut, elle alla devant la chambre de son fiancé et toqua.

-Entrez ! dit vivement une voix.

Quand Blanche entra, Louis-Joseph, qui était occupé à écrire une lettre, se leva de sa chaise.

- Ma chérie! Pourquoi venez-vous me voir ?

- Je me demandais si notre mariage ne serait pas retardé à cause de l'orage, il y a tant de choses à refaire, la propriété est dans un état lamentable.

Louis-Joseph semblait embêté. Mais il déposa tout de même un baiser sur la tempe de sa fiancée.

- Justement à ce propos, je crois que tous nos plans vont être bouleversés.

Blanche fit semblant d'être surprise.

- Comment ?

- Votre père et moi avons tous deux reçu une lettre du Roi. Il nous invite à emménager à Versailles dans le mois qui vient. Il doit sûrement être au courant de notre situation financière.

- Mais pourtant, Louis, vous avez une fortune décente.

- Il m'a indiqué que mes qualités de mathématicien l'intéressaient pour la gestion des comptes de certains sujets. C'est réellement plus qu'une invitation, c'est un ordre.

- Et quand est-il de notre mariage ?

- Il sera retardé, j'en ai discuté avec votre père, et se fera ainsi à Versailles.

Blanche prit les mains de son fiancé dans les siennes.

- Je ne sais pas si je suis prête à vivre avec des courtisans. Et puis je suis surtout intimidée par le fait de devoir rencontrer notre Roi, il est si puissant, et nous si insignifiant.

Louis-Joseph éclata de rire.

- Il ne fera pas attention à nous, je vous l'assure. Et pour ce qui est des autres nobles, il est sûr que notre conduite devra être irréprochable. Mais pour cela je vous faire entièrement confiance, dit-il en lui adressant un clin d'œil.

- Pour quand est notre départ ? soupira-t-elle en lui souriant tristement en retour.

- Trois semaines, ce qui nous laisse le temps de préparer nos affaires.

- La maison va me manquer.

- De toutes les façons, vous l'auriez quittée pour vivre avec moi.

- Et puis qui sait ce qui nous attend ?


- Papa ! cria Anne, pourquoi suis-je toujours la dernière au courant ? Ainsi nous allons vivre avec le Roi ?

- Il n'y a aucun intérêt stratégique à te prévenir en premier, répondit le Marquis avec un sourire narquois.

- Je dois refaire toute ma garde-robe sinon je vais être la risée de toute la Cour !

- Mais qui a dit que tu y allais ? Nous allons te déposer dans un couvent sur le chemin.

- Nooon ! Vous ne pouvez m'y obliger ! dit Anne avec horreur.

Blanche et sa mère qui observaient la scène avec amusement, se lancèrent un regard complice.

- Honnêtement je ne serais pas contre, dit Blanche.

- Allons ma fille, Anne ne tiendrait pas deux jours, répondit sa mère.

Toute la famille était réunie dans le grand salon, les préparatifs devaient être commencés dans les plus brefs délais.

Blanche s'approcha de son père qui était assis dans son fauteuil préféré.

- Papa ? Que va devenir la maison pendant notre absence ?

Son père la regarda longuement, sans bouger, son regard était devenu plus triste. Puis enfin il ouvrit la bouche :

- Je dois vendre. Tout s'effondre sans que je puisse y faire quelque chose. Je perds mon temps et mon argent à retarder son effondrement. D'autres, en revanche, pourront y remédier. Anvrac mérite mieux que nous.

- Mais… nous allons tout perdre… tout ce que nous avions connu jusqu'à présent. Et Versailles ne sera jamais notre maison, nous n'y serons jamais comme chez nous !

- J'ai conscience que c'est un sacrifice, mais c'est notre rôle à nous les nobles, de suivre le Roi, nous Lui donnons nos vies, nous nous battons pour Lui.

- Le mérite-Il ?

Le Marquis regardait avec tendresse sa fille qui se défendait tant qu'elle pouvait de leur situation dont ils n'avaient aucun contrôle.

- Seul Dieu le sait. Mais en attendant, ne lui compliquons pas la tâche.

Un sourire espiègle lui revint.

- Je fais venir des couturiers, il faut bien nous habiller un peu, ta sœur a raison, nous ne serions pas présentables.

Blanche lui sourit à son tour. Sa vie serait en tout point différente, son apparence serait de la plus haute importance, sa vie paisible de campagnarde était achevée. Mais une plus de cette appréhension, l'excitation était également là. Elle rencontrerait des jeunes filles de son âge, son cercle de connaissance s'agrandirait, alors que celui-ci pour l'instant était limité au voisinage quasi-inexistant. Et puis… elle rencontrerait le Roi, celui qui avait été désigné par Dieu pour régner sur le plus majestueux des pays, soit le plus grand homme que la Terre puisse porter.

Elle s'approcha de Constance et s'appuya contre le mur.

- Comment imagines-tu le Roi ? demanda-t-elle, pensive.

- Tu ne le lasseras donc jamais de poser des questions ? répliqua sa sœur. Mais si tu veux vraiment savoir, j'ai une vision assez impressionnante de Lui, si ce n'est effrayante. On a beau dire qu'Il est agréable à voir, je pense que c'est parce qu'on ne peut dire du mal de Lui. Certes, peut-être a-t-Il une certaine aura, mais je Le vois boursouflé autant d'inactivité que de vanité.

- Tu es sévère!

- Mais au moins, j'aurai peut-être une bonne surprise s'il se révèle différent.

Blanche baissa la tête.

- Est-ce au moins normal que je sois si effrayée ?

Constance lui posa une main sur l'épaule.

- Tu n'es pas la seule. Même papa craint un tel changement, mais contentons-nous de faire ce qu'on nous demande et tout ce passera bien.


Une couturière s'affairait à prendre les mesures de Blanche. Cette dernière, juchée sur un petit tabouret, s'efforçait de ne pas bouger et de garder la tête droite. Elle était la dernière à passer de toute la famille. Leurs dernières économies avaient été dépensées pour le paiement des couturiers venus spécialement de Paris. Cela n'avait pas été une décision facile à prendre mais après une grande réflexion, le Marquis de Valmant avait accepté au plus grand bonheur des demoiselles.

En effet, une fois à la Cour, ils ne posséderaient plus rien, sauf quelques meubles, des bijoux et ces vêtements. La tenue et l'apparence étaient primordiaux dans un tel endroit. Et il fallait des affaires à la hauteur de leur rang car les Valmant devaient faire honneur au Roi. Et puis, une fois le château vendu, un peu d'argent serait mis de côté, de quoi vivre plus que décemment. Un don pourrait également être fait à la construction d'un orphelinat.

Voilà que tout s'annonçait pour le mieux. Ces derniers jours au château passaient si rapidement et l'effervescence était grande. Tous étaient partagés entre la tristesse de quitter leur maison adorée et l'excitation d'aller habiter à Versailles. Et elle-même, qui avait jusque-là émis de nombreuses objections, semblait tout autant ravie que ses sœurs.

Blanche sauta enfin du tabouret, elle alla toucher tous les tissus que ses parents avaient achetés pour elle seule. Mousseline, soie, taffetas, dentelle… elle ne pouvait tous les nommer. Et surtout elle n'arriver pas à imaginer la beauté et l'élégance de toutes ces robes à venir. Jusqu'à présent, elle n'avait porté que de simples robes de coton ou de laine. Dans la campagne, il était inutile de se parer alors qu'on passait la quasi-totalité de son temps à l'extérieur. Et Blanche avait l'habitude d'aider le fermier dans ses tâches les plus simples.

Dans moins de trois semaines, toutes ses habitudes seraient mises à la trappe.

Mais une question la taraudait : Serait-elle à la hauteur des autres jeunes filles ? Au moins elle n'avait pas à plaire aux hommes puisqu'elle était fiancée à Louis-Joseph. Mais ses sœurs en revanche devraient trouver un mari à la Cour.

Le jour du départ était arrivé. Toutes les malles avaient été réunies dans la cour. Les voitures étaient en train d'être chargées et les chevaux piaffaient d'impatience. Il ne manquait plus que les voyageurs. A neuf heures pétantes, la famille se retrouva en bas. Le grand moment était arrivé. Blanche avait les larmes aux yeux et se mordait les lèvres. Elle ne devait pas pleurer. Partir définitivement de l'endroit qu'elle n'avait jamais vraiment quitté était une telle épreuve. Sans se retourner, elle monta dans la première voiture et ferma les rideaux.

Le marquis et Louis-Joseph s'étaient installés dans l'autre voiture qui était bien plus chargée.

-Constance, voudrais-tu te décaler ? Tu prends toute la banquette, couina Anne.

Et Constance répliqua en lui enfonçant un coup de coude dans les côtes.

-Maman ! Cria Anne, Constance est désagréable !

Mais la marquise n'était pas d'humeur à faire la loi. Elle ferma les yeux et se cala dans l'angle.

-Les filles, avant que nous arrivions, reveillez-moi. J'ai des recommandations à vous faire.


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