Bonjour tous le monde ! ( si y'a du monde, ça se trouve je suis toute seule dans mon délire...)

Je reviens avec une nouvelle histoire Clexa ! Cette fois, elle est un peu plus « dure » que la première tant au niveau de l'histoire et du langage des personnages. C'est pas non plus au niveau d'un Humancentiped 2 qui est gore et tout, mais, c'est pas non plus La Petite Maison Dans La Prairie.

Je vais essayer de poster un chapitre par semaine. Ce qui veux dire qu'avec mon autre fanfiction Winter Is Coming il y aura un moyenne de 2 chapitre par semaine. Mais si jamais je n'y arrive pas bah, je vais privilégier mon histoire principale et je continuerais celle-là après. Je tiens a souligné que ce chapitre est beaucoup plus long que ceux de Winter Is Coming (oui je suis fière de moi)

Je suis désolée si in reste encore des fautes d'orthographe je fais de mon mieux pour les limiter un max...

Disclaimer : L'histoire The 100 et ses personnages ne m'appartiennent pas...

Chapitre1 : La conseillère d'éducation

Clarke :

Mon père est un control-freak, je déteste ma belle-mère, mon frère est mort à la guerre, et ma mère... Disons que ma mère a de sérieux problèmes. Alors, à votre avis, je me sens comment ?

Voilà ce que j'aurais aimé répliquer à Mme Lewis, seulement, mon père est trop à cheval sur les convenances pour que je puisse vraiment exprimer le fond de ma pensée. Alors j'ai simplement dis :

– Bien.

Mme Lewis, la nouvelle conseillère d'éducation et psychologue du lycée d'Eastwick, n'a pas eu l'air de m'entendre. Poussant une pile de dossiers sur le côté de son bureau déjà bien encombré, elle s'est mise à fouiller dans la paperasse posées devant elle. Quand elle a enfin trouvé mon dossier – épais de plusieurs centimètres –, elle a fredonné un petit air et a avalé une gorgée de café, laissant au passage la marque écarlate de son rouge à lèvres sur le bord de sa tasse.

La pièce sentait terriblement le renfermé.

A ma droite, mon père commençait à donner des signes d'impatience. A ma gauche, l'écervelée qui me sert de belle-mère se limait les ongles. J'étais en train de manquer mon cours de maths mon père une réunion importante... Quant à ma belle-mère, c'est la cervelle qui lui manquait.

– Que pensez-vous de nos nouveaux rideaux ? S'est enquise Mme Lewis. Je les ai cousus moi-même.

Mon père, ma belle-mère et moi nous sommes tournés vers la fenêtre comme un seul homme. Les rideaux étaient roses, à petits pois, un peu trop « Petite Maison Dans la Prairie » à mon goût, et je ne parle même pas de leurs couleur douteuse ? Quoi qu'il en soit, aucun de nous trois n'a rien trouvé à répondre à cette question farfelue.

L'iphone de mon père s'étant mis à vibrer, il l'a sorti de sa poche d'un geste théâtral.

Ashley a repris sa manucure.

Je me suis concentrée sur les diverses plaques accrochées au mur. « L'échec est votre seul ennemi » « Si vous voulez atteindre le sommet, ne regardez pas en bas » « La confiance est la clé du succès »...

Et pourquoi pas « Un chasseur sachant chasser doit savoir chasser sans son chien » ? Au moins, ça aurait mis une touche d'humour à l'ensemble, si vous voulez mon avis.

J'ai observé Mme Lewis. Elle me faisait trop penser à un jeune labrador, avec ses cheveux blonds et ses manières trop affables. Soudain, elle s'est éclairci la voix j'ai compris que ma première séance de thérapie obligatoire – le tribunal ne nous avait pas donné le choix – venait officiellement de commencer.

– Clarke a obtenu d'excellents résultats au SAT, a fait remarquer Mme Lewis. Vous pouvez être fier de votre fille, monsieur Griffin !

J'ai réprimé une grimace. Moi qui avais cru en avoir terminer avec tout ça, voilà que, subitement, on m'y ramenait. Oui, j'étais dans le premier quartile, que ce soit au SAT ou à l'ACT. Rien d'étonnant, vu la quantité de travail que papa avait exigée de moi... Seulement, dans mon esprit, ces deux tests d'aptitude interminables – mais indispensables, si on voulait postuler dans les meilleures universités américaines – étaient un mauvais souvenir.

Mon père s'est redressé sur son siège, sans doute pour paraître plus imposant.

– Pas en maths. Sa note est bien en deçà de ses capacités. A ce propos, j'aimerais qu'elle repasse l'épreuve avant la date limite d'envoi des candidatures.

Le crissement persistant de la lime à ongles commençait à être agaçant. Mme Lewis a toussoté, avant de jeter un regard appuyé en direction de ma belle-mère. Je me suis raclé la gorge, moi aussi, mais pour dissimuler un ricanement, ce qui m'a valu un coup d'œil noir de mon père. Avec un soupir exaspéré, Ashley s'est résignée à ranger sa lime dans le sac.

– Monsieur Griffin, a repris Mme Lewis. Les résultats de Clarke se situent au-dessus de la moyenne nationale. Ils lui garantissent d'ores et déjà une admission dans l'établissement de son choix.

– Dans notre famille, il n'y a pas de moyenne nationale qui tienne. Nous visons l'excellence !

Mon père avait parlé avec un telle grandeur que je m'attendais presque à ce qu'il ajoute : « Telle est ma volonté. »

J'ai posé un coude sur le bras de mon fauteuil et je me suis enfoui le visage entre les mains.

– Les résultats d'anglais de Clarke sont proche de la perfection, a fait remarquer Mme Lewis, un octave plus haut.

J'avais cessé de les écouter.

Les résultats de mes tests étaient le cadet de mes soucis. Ce qui m'intéressait, moi, maintenant, c'était de trouver de l'argent pour réparer la voiture d'Arès. Rien d'autre. Or, papa tenait tellement à ce qu'on la revende qu'il était inutile d'espérer son aide, à ce niveau-là.

– Qu'en dis-tu, Clarke ? Tu es satisfaite de tes résultats ? M'a demandé Mme Lewis.

Je l'ai observée à la dérobée, à travers la masse de cheveux bouclés derrière laquelle je me dissimulais le visage. Contrairement à cette Mme Lewis, mon thérapeute précédent avait immédiatement compris ma manière dont notre famille fonctionnait – ou dysfonctionnait, si on regardait les choses en face. C'était donc à mon père qu'il s'adressait, généralement. Pas à moi. Question de hiérarchie, d'autorité, de logique.

– Pardon ?

– Es-tu contente des notes que tu as obtenues au SAT ou préférais-tu le repasser ? A-t-elle répété les mains posées sur mon dossier.

J'ai croisé le regard las de mon père. Voyons un peu... Je l'aurais sur le dos à tout moment, si je repassais le SAT. Cela voudrait dire se lever tôt le samedi, passer la matinée à me torturer les méninges, puis des semaines à m'inquiéter des résultats.

Il n'y avait pas à hésiter.

– Pas vraiment, non.

Les rides d'inquiétude qui entourent la bouche et les yeux gris de mon père se sont encore froncées. Devant cette expression manifeste de sa désapprobation, j'ai retourné ma veste.

– Papa a raison. Il vaut mieux que je repasse le SAT.

Mme Lewis a griffonné quelque chose dans mon dossier. Cela m'a semblé d'autant plus étrange que tout y avait déjà été consigné par ses prédécesseurs.

Du moins je le pensais.

– Parfait. Avant de retourner en cours, tu passeras voir Mme Marcos pour lui demander les dates des prochains tests. La question est réglée. A présent, comme je suis également ta conseillère d'éducation, j'aimerais que nous discutions de ton emploi du temps pour le semestre à venir. Tu as comblé tes heures creuses en t'inscrivant à des cours de techniques commerciales. J'aimerais que tu m'expliques les raisons de ce choix.

En disant la vérité – c'est à dire en expliquant que l'initiative n'était pas venue de moi mais de papa – , j'aurais sans doute irrité au moins deux des personnes présentes. Alors j'ai improvisé.

– Ça m'aidera, par la suite. Quand je serai à l'université, je veux dire.

Ouah ! J'avais dit ça avec le même enthousiasme qu'une gamine de six ans se préparant à être vaccinée. Grave erreur : mon père s'est agité sur son siège en soupirant. J'ai vaguement songé à rectifier le tir, puis j'ai renoncé : je n'aurais sans doute pas paru plus sincère en reformulant ma réponse.

Mme Lewis a rapidement parcouru mon dossier.

– Tu semble être dotée d'un talent incroyable en art, surtout en peinture. Loin de moi l'idée de te détourner de tes cours de commerce, toutefois tu pourrais peut-être en abandonner un pour t'inscrire à l'atelier d'art et...

– Pas question ! S'est récrié mon père, sans lui laisser le temps de finir sa phrase.

Il s'est penché en avant, les mains croisées.

– Clarke ne s'inscrira à aucun cours d'éducation artistique, qui-je clair ?

Mon père est un curieux mélange de sergent-chef et de lapin blanc : comme dans les films sur la guerre du Viêt Nam, il adore commander comme dans Alice au pays des merveilles, il est constamment en retard pour un rendez-vous important ou autre.

Je dois reconnaître que, même si elle a cédé, Mme Lewis n'a pas sourcillé.

– Parfaitement clair, a-t-elle simplement répondu.

– Bien ! A présent que ce petit problème est réglé..., a commencé Ashley, faisant mine de se lever.

J'avais sincèrement oublié son existence. Si seulement mon père avait pu en faire autant !

– Les résultats scolaires de Clarke ne sont pas la principal raison de cet entretien, madame Griffin, a déclarée Mme Lewis en tirant une lettre officielle de son tiroir.

J'avais vu cet en-tête à de nombreuses reprises, au cours de ces deux dernières années. Quel gâchis de papier ! Les services de protection de l'enfance n'ont donc aucune pitié pour les forêts tropicales ?

Mme lewis a parcouru la missive qui, à mon grand désespoir, ne s'est pas autodétruite, comme dans un film de James Bond.

Lorsqu'elle en eu terminé, elle l'a tamponnée et l'a classée au sommet de mon dossier déjà surchargé.

– Voilà ! A présent, je suis officiellement ta thérapeute.

Mon père et moi nous sommes tous les deux affaissés sur nos sièges, et je dois avouer que je me suis réjouie à l'idée que cette partie de l'entretien nous mette aussi mal à l'aise l'un que l'autre. Ashley, quant à elle, a levé les yeux au plafond, avant de pianoter impatiemment sur le bras de son fauteuil.

Mme Lewis s'est aperçue que je m'étais mise à jouer avec les plaques d'identification accrochées à mon cou.

– Toutes mes condoléances, a-t-elle dit, même à retardement. Dans quelle branche de l'armée était ton frère, Clarke, exactement ?

Il ne manquait plus que ça ! Papa allait avoir une crise cardiaque. Il m'avait répété une bonne centaine de fois que la place des plaques d'identification d'Arès était dans la boite que je range sous mon lit, et qu'elles ne devaient pas en sortir.

Malheureusement, ce matin, j'avais éprouvé le besoin irrésistible de les porter : j'allais faire la connaissance de ma nouvelle psychologue le deuxième anniversaire de la mort de mon frère était encore tout récent, et j'entamais mon dernier semestre de lycée.

J'ai refoulé la nausée que je sentais monter en moi et, évitant le regard chagrin de papa, je me suis concentrée sur les pointes de mes cheveux.

– Arès était un marine, a-t-il répondu d'un ton sec. Pour le reste, j'ai une réunion importante ce matin. Avec des clients potentiels. De sorte que j'aimerais savoir quand nous en aurons terminé, au juste.

– Quand j'en déciderai ainsi. Si vous tenez à compliquer ces séances, monsieur Griffin, je me ferai un plaisir d'en référer à l'assistante sociale du lycée.

Je dû me mordre la langue pour ne pas sourire. Mme Lewis avait l'art et la manière de s'y prendre. Mon père à immédiatement fait machine arrière.

Hélas, Ashley n'a pas perçu le danger.

– Clarke aura dix-huit ans dans quelques jours, a-t-elle glapi. Je ne comprends pas pourquoi l'État du Kentucky a toujours autorité sur elle.

– Vraiment ? La réponse est pourtant simple : l'État se substitue aux adultes auxquels Clarke a eu affaire jusqu'à présent, parce qu'ils ont lamentablement échoué en la matière.

Mme Lewis a fermé mon dossier pour le brandir devant elle.

– Du moins, c'est l'impression que me donne la lecture de ces documents. Clarke continuera donc sa thérapie jusqu'à ses examens de fin d'année. Alors, et alors seulement, l'État du Kentucky vous laissera tranquilles, tous autant que vous êtes.

Elle a continué à fixer Ashley, jusqu'à ce que cette dernière soit quasiment recroquevillée au fond de son fauteuil. Ensuite, elle s'est tournée vers moi.

– Alors, Clarke ? Comment te sens-tu ?

Je ne m'étais jamais sentie aussi mal. Qu'est-ce qu'elle s'imaginait, la pauvre ? Que j'étais en pleine forme ?

– Bien.

– Vraiment ? A-t-elle insisté, un index posé sur son menton. J'aurais pourtant pensé que le deuxième anniversaire de la mort de ton frère réveillerait en toi des souvenirs pénibles...

Elle m'a dévisagée d'un air placide tandis que je la foudroyais du regard.

Mon père et Ashley se sont encore tassés sur leurs sièges : cette épreuve de force était inconfortable pour eux aussi, apparemment.

Pour ma part, comme d'habitude, j'étais coincée par mon problème de soumission à l'autorité des adultes.

Mme Lewis ne m'avais pas vraiment posé de question, je n'avais donc pas à lui répondre. En théorie... Parce que en pratique, j'avais désespérément envie de lui plaire. Je me suis demandé pourquoi : après tout, elle n'était qu'une intervenante de plus, dans la valse des psychothérapeutes qui m'avaient tous posé les mêmes questions, m'avaient promis de m'aider, et étaient repartis en me laissant dans le même état que celui dans lequel ils m'avaient trouvée.

C'est-à-dire anéantie.

Ashley a brisé le silence, de sa voix de crécelle.

– Clarke pleure souvent, a-t-elle lancé, comme s'il s'agissait d'un commérage juteux, récolté au country-club de notre petite ville. Tout le temps, en faite. Son frère lui manque terriblement.

Mon père et moi avons dévisagé la ravissante idiote qui me tient lieu de belle-mère.

Je la suppliais intérieurement de continuer, tandis que mon père, j'en suis sûre, prier pour qu'elle se taise. Dieu devait tenir à ce que je croie en lui, car Ashley a poursuivi :

– Parfois, elle refuse de manger. Mien-sûr, je l'encourage sur cette voie. Qui sait ? Nous arriverons peut-être à la faire rentrer dans une taille 34, si elle continue ainsi !

Sur ces mots, elle s'est mordu la lèvre : elle venait de se rendre compte de ce qu'elle avait insinué.

– Si elle se contente de fruits et de légumes, je veux dire.

Manifestement mal à l'aise, Mme Lewis a fait un geste pour regarder sa montre – sauf qu'elle n'en avait pas.

– J'aurais plutôt tendance à encourager les jeunes à manger, a-t-elle commenté, d'un ton sec. Pas n'importe quoi, certes, mais tout de même !

De nouveau, elle a griffonné quelques mots dans mon dossier.

A côté de moi, mon père a grogné.

– As-tu été en contact avec ta mère, Clarke ? M'a demandé Mme Lewis soudainement.

– Non ! Se sont exclamés mon père et Ashley, d'une seule voix.

– Oui, ai-je lâché en même temps qu'eux.

Tous deux se sont tournés vers moi, et j'ai eu l'impression d'être prise en sandwich. A ce jour, je ne sais toujours pas ce qui m'a poussé à avouer la vérité.

– Maman a appelé à la maison, pendant les vacances. J'ai décroché sans savoir que c'était elle.

Je n'ai pas précisé que je l'avais attendu, cet appel. J'étais allée jusqu'à rester assise près du téléphone pendant des jours, dans l'espoir que ma mère se souvienne que deux années complètes s'étaient écoulées, depuis la mort de mon frère – son fils unique.

Mon père s'est passé une main lasse sur le visage.

– Tu sais que tu n'as droit à aucun contact avec ta mère, a-t-il déclaré, ravalant à peine sa colère.

De toute évidence, il n'arrivait pas à croire que j'ai livré à ma thérapeute ce détail croustillant. Il se voyait déjà pris dans un tourbillon d'assistantes sociales et d'éducatrices en tout genre.

– Tu sais qu'elle est sous le coup d'une ordonnance restrictive, a-t-il ajouté.

Sans doute pour renforcer son propos, il s'est mis à jouer avec l'écran de son iphone, et le numéro de son avocat est apparu sur l'écran. J'ai agrippé les plaques d'identification, afin de sentir le nom et le numéro d'Arès au creux de la paume de ma main, et j'ai soufflé :

– Papa, non, s'il te plaît...

Il a hésité, j'ai senti mon cœur se serrer, et puis, par miracle, il a laissé retomber le téléphone sur ses genoux.

– Je vais faire changer notre numéro de fixe, a-t-il déclaré.

J'ai hoché la tête. Même si ça m'embêtait de savoir que ma mère ne pourrait plus jamais m'appeler à la maison, j'allais encaisser le coup. Par égard pour maman. Parce que s'il y avait une chose dont elle n'avait pas besoin, c'était bien de se retrouver en prison.

– Et depuis ? A insisté Mme Lewis, perdant de son affabilité. Tu as eu d'autres contacts avec ta mère ?

– Non. Nous n'avons pas parlé très longtemps, vous savez.

J'ai fermé les yeux, le temps de prendre une longue inspiration. J'avais mal partout, je ne pouvais plus faire mine de me porter comme une charme. L'interrogation avait pris un tour trop personnel, mes cicatrices n'étaient pas assez bien refermées.

J'aimerais être certaine que nous sommes sur la même longueur d'onde, Clarke. Tu as bien compris que tout contact avec ta mère et toi, même si l'initiative vient d'elle, t'est formellement interdit ?

– Oui, ai-je bredouillé.

Arès me manquait quoi qu'on en pense, ma mère me manquait Ashley était enceinte mon père était constamment sur mon dos et...

J'ai essayé de reprendre mon souffle, en vain. La boule qui me nouait la gorge empêchait l'oxygène de renter. Il fallait que je dise quelque chose. N'importe quoi.

– Je voudrai faire réparer la voiture d'Arès, ai-je dit.

– Tu ne vas pas recommencer avec cette histoire ! S'est écrié mon père.

Mme Lewis s'est interposée.

– Attendez un instant. De quoi parles-tu, Clarke ?

J'ai baissé les yeux vers les gants qui dissimulaient mes avant-bras lacérés.

– Arès avait déniché une Corvette 1965, à la casse. Une merveille, pour les amateurs. Bref, il passait tout son temps libre à la réparer. Il...Il avait presque fini quand il est parti pour l'Afghanistan. Je veux terminer son œuvre, remettre cette voiture en état de marche. Pour Arès... Pour qu'il n'ait pas fait tout ça pour rien.

Et pour moi. Parce que c'était tout ce qu'il m'avait laissé de lui en partant. Une voiture vintage qui ne fonctionnait pas.

– Monsieur Griffin, je pense que vous devriez autoriser Clarke à réparer ce véhicule, a conclu Mme Lewis avec un air de chien battu, histoire de se faire persuasive.

– Mais mon père consultait encore son iphone. S'il était toujours avec nous physiquement, en pensée il était déjà au travail.

– Ça coûterait une fortune, et je ne vois pas l'intérêt pour ma fille de réparer une vieille voiture, alors qu'elle en a une en parfait état de marche, maugréa-t-il sans même lever les yeux.

Dans ce cas, tu n'as qu'à me laisser travailler, ai-je rétorqué, un peu agressivement.

Voilà, il était au pied du mur – je n'avait pourtant pas fait exprès – et tout le monde était suspendu à ses lèvres, maintenant. Lui, il me considérait avec intensité. S'il refusait – et il mourrait d'envie de refuser –, il s'attirait les foudres de la nouvelle thérapeute. Or, il tenait beaucoup à ce que nous nous montrions sous notre meilleur jour, lors de ces séances. Sous aucun prétexte, nous ne devions régler nos comptes personnels...

Il a capitulé dans un soupir.

– C'est d'accord. A condition que Clarke prenne elle-même les frais en charge. Et ma fille connaît les règles, en ce qui concerne le travail. Il lui faudra trouver un emploi aux horaires flexibles, de manière que ça ne l'empêche pas de faire ses devoirs, d'assumer les activités que nous avons choisies ensemble, et surtout, SURTOUT, sans que ses notes s'en ressentent. En avons-nous enfin terminé, Mme Lewis ?

Elle a consulté l'horloge murale avant de répondre.

– Pas encore, j'en ai peur. Clarke, si l'État du Kentucky a tenu à ce que tu poursuive cette thérapie, c'est parce que ton éducatrice lui a fait part des remarques de tes professeurs. Tous ont noté une nette diminution de ta participation en classe. Par ailleurs, il semble que tu te mêles moins à tes camarades que les années précédentes.

Elle m'a regardée d'un air appuyé.

– Nous voulons que tu sois heureuse, Clarke. A commencer par moi. Alors laisse-moi t'aider.

Ah bon ? A l'entendre, on aurait cru qu'on m'avait demandé mon avis, ne serait-ce que pour cette énième thérapie. Ils voulaient que je sois « heureuse » ? Eh bien, bonne chance à tous !

– Pas de problème.

Ashley a repris la parole sans prévenir.

– Clarke a un petit ami.

Mon père et moi avons réagi en même temps.

– Ah oui ?

Soudain nerveuse, ma belle-mère nous a regardés, mon père et moi, avant d'ajouter :

– Tu as déjà oublié, Clarke ? Hier soir, nous avons parlé de ce garçon, dont tu t'es amourachée, et je t'ai expliqué que ce n'était pas une raison suffisante pour négliger tes autres camarades...

Qu'est-ce qui me choquait le plus ? Ce petit ami imaginaire, ou bien le fait qu'Ashley dit avoir eu avec moi, une conversation digne de ce nom ?

J'avais beau réfléchir, je ne réussissais pas à trancher.

Mon père a profité de mon silence pour se lever et enfiler son manteau.

– Vous voyez bien, madame Lewis, Clarke se porte bien. Elle est juste amoureuse, c'est tout. C'est de son âge. Quant à moi, bien que j'aie conscience de l'importance capitale de ces séances, j'ai une réunion dans vingt minutes. En outre, je ne veux pas que ma fille manque son deuxième cours de la journée.

– Une dernière question, Clarke, a fait Mme Lewis, se levant à son tour pour raccompagner mon père et ma belle-mère. Tu serais vraiment partante pour gagner l'argent qui te permettrait de remettre en état la voiture de ton frère ?

J'ai tirai sur les gants que je portais constamment pou dissimuler mes cicatrices.

– Vous pouvez pas savoir à quel point !

Elle m'a adressé un sourire bienveillant.

– Dans ce cas, j'ai un job pour toi. Attends-moi ici, que je t'explique de quoi il s'agit.

Les trois adultes se sont regroupés à l'accueil, le temps d'un dernier conciliabule. Mon père avait glissé son bras autour de la taille d'Ashley elle s'était appuyée sur lui pour écouter les paroles que leur chuchotait Mme Lewis.

Quand je les ai vus hocher la tête en même temps, j'ai senti monter en moi ce mélange familier de jalousie et de colère que je connais si bien, hélas.

Comment papa pouvait-il aimer autant la femme qui avait tout détruit sur son passage ?

Lexa :

D'habitude, l'odeur de la peinture fraîche mêlée à celle de la sciure m'évoquait mon père, pas l'école. Pourtant, cette odeur-là qui m'a pris à la gorge quand je suis entrée dans le bureau fraîchement rénové.

Du coup, ça sentait...le bahut.

– Comment ça va ce matin, madame Marcos ? ai-je demandé.

– Lexa ! Encore en retard, terreur ? A-t-elle répondu, sans cesser d'agrafer des documents.

L'horloge indiquait 9 heures du matin.

– Oh ! C'est encore tôt, pour moi, non ?

Mme Marcos a contourné son secrétaire en merisier flambant neuf pour s'avancer vers le comptoir.

Même si elle me faisait passer de mauvais quarts d'heure quand j'arrivais en retard, je l'aimais bien, cette meuf. Avec ses longs cheveux bruns et son espagnol impeccable, elle me faisait penser à une version hispanique de ma mère.

– Tu ne t'es pas présentée chez Mme Lewis, comme convenu, ce matin. Ce n'est pas la meilleure manière d'entamer un nouveau semestre, a-t-elle murmuré en remplissant mon billet de retard.

Elle a désigné du menton les trois adultes groupés à l'autre bout de la pièce. J'en ai conclu que la femme blonde et pas toute jeune qui conspirait avec un couple de bourges, c'était la nouvelle conseillère d'éducation.

J'ai grimacé.

– Et merde !

Mme Marcos a fait glisser le billet de retard sur le comptoir avec son légendaire regard noir. C'était la seule personne, dans cette école, à ne pas penser que j'étais foutue pour de bon.

La meuf blonde a lancé :

– Mademoiselle Woods ! Je suis ravie que vous vous soyez souvenue de notre rendez-vous, même avec deux heures de retard. Prenez donc place, le temps que je termine ce que j'ai a faire.

Elle a dit ça en me souriant comme à une amie de longue date, et d'un ton si doux que j'ai bien failli lui sourire en retour. Au lieu de quoi, bien sûr, je me suis contentée de hocher la tête avant de m'installer sur une des chaises alignées contre le mur du bureau.

Mme Marcos est partie d'un rire sonore.

– Quoi ? J'ai dis.

– Tu n'arriveras pas à l'embobiner aussi facilement que son prédécesseur, fais-moi confiance. Enfin, peut-être elle arrivera à te convaincre qu'il est temps de prendre tes études au sérieux ?

J'ai appuyé la tête contre le mur de parpaing fraîchement repeint lui aussi, et j'ai fermé les yeux. C'est que j'aurais bien dormi quelques heures de plus, moi. Il manquait quelqu'un pour faire la fermeture du restaurant, la veille au soir, et je n'avais pas pu m'échapper avant une heure du mat'. Après, Raven et Octavia m'avaient fait chier jusqu'à pas d'heure.

– Madame Marcos ? A demandé la conseillère d'une voix d'ange. Pouvez-vous me donner les prochaines dates du SAT, s'il vous plaît ?

A ce moment là, j'ai entendu une chaise bouger, non loin de la mienne, et, tout à coup, j'ai eu l'eau à la bouche. Une délicieuse odeur de petits pains à la cannelle venait de me chatouiller les narines et je n'avais rien manger depuis a veille. J'ai entrouvert les yeux... sur une chevelure blonde soyeuse et toute bouclée. Je savais à qui elle appartenait. C'était celle de Clarke Griffin. Et vu qu'il n'y avait pas un seul petit pain à l'horizon, c'était forcément d'elle que venait cette odeur.

Clarke Griffin...

On avait plusieurs cours en commun et, le semestre précédent, la même heure creuse dans nos emplois du temps. Eh ben, même comme ça, je ne savais pas grand-chose sur son compte, sauf qu'elle n'était pas très sociable mais plutôt douée, qu'elle était blonde et qu'elle avait des seins à faire s'en damner un moine. Elle s'enveloppait constamment dans des chemises trop longues qui lui pendouillaient sur les épaules, et un T-shirt qui en révélait juste assez pour faire fantasmer son monde.

Comme d'hab, elle regardait droit devant elle. Je n'aurais pas été là, ça aurait été pareil. De toute manière, il y avait fort à parier que je n'existais pas dans son esprit. Bref, les filles comme Clarke Griffin avaient le don de m'énerver, et quand je dis « énerver », je suis polie.

– T'as vraiment un deuxième prénom à la con, lui ai-je soufflé. A oui j'ai oublié, elle s'appelle Clarke Echo Griffin. Nan sérieux, quels parents donne ça comme prénom à son gosse...

Je ne sais pas ce qui me poussait à la faire chier, comme ça. L'ennui, sans doute.

– Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu devrais être en train de fumer ta drogue de merde dans les toilettes, non ?

Alors, elle savait que j'étais...Intéressante !

– T'es pas au courant ? Ils ont installé des caméras de surveillance dans les chiottes. Du coup, on est obligées de fumer sur le parking.

– Pauvres chéries, a-t-elle susurré en balançant ses jambes d'avant en arrière.

– Echo...Echo-o-o-o, Echo-o-o...

Elle s'est figée, le temps de m'affronter du regard.

– Très original. Si, si ! Vraiment ! Je ne l'avais encore jamais entendue, celle-là !

J'étais contente : j'avais réussi à l'atteindre, à la faire réagir, à ce qu'elle quitte son masque de petite fille modèle.

Elle a ramassé son sac et s'est dirigée vers le corridor en agitant son petit cul de gauche à droite.

Bon, finalement, c'était loin d'être aussi marrant que je l'avais imaginé. Pour être honnête, je me suis même sentie un peu débile.

– Lexa ? A appelé Mme Lewis, me faisant signe de la suivre dans son bureau.

Le précédent conseiller d'éducation était du genre psychorigide. Son bureau était tellement bien rangé que je m'amusais à changer des trucs de place, juste pour le faire bouillonner. Avec Mme Lewis, je n'aurais pas ce plaisir. La pièce était devenue un véritable bordel. C'est bien simple, j'aurais pu y laisser un cadavre, personne ne l'aurait jamais trouvé.

Je me suis assise face à elle, et j'ai attendu qu'elle brandisse son martinet.

– Tu as passé de bonnes vacances de Noël ? M'a-t-elle demandé, d'un air de bébé cocker abandonné.

– Merveilleuses.

Du moins si on considérait qu'entendre un père et une mère nourriciers se hurler dessus et foutre tous les cadeaux en l'air, c'était un bon Noël. Pourquoi est-ce qu'on me laissait pas passer mes Noëls tranquille dans mon sous-sol lugubre, à fumer pétard sur pétard avec mes deux meilleures potes ? J'aurais donné cher pour le savoir.

– Tu m'en vois ravie. Donc, tout va bien, avec ta nouvelle famille d'accueil ? A-t-elle déclaré.

A son intonation, j'ai compris qu'il s'agissait d'une question.

– Mouais

Sûr... Par comparaison avec les trois familles qui m'avaient « accueillie » avant eux, c'était le paradis.

– Bien. Trêve de plaisanteries, jeune fille. J'ai lu ton dossier in extenso, et je constate que tu n'as plus rien du délicieuse Lexa qui a quitté le collège des Highlands il y a trois ans. Highlands est un bon collège, Eastwick un excellent lycée. Par conséquent, nous attendons des résultats, nous aussi.

Non mais elle va descendre son ton, la vieille ! In extenso... ! Elle ne pouvait pas dire « en entier », comme tout le monde ? J'ai serré si fort les spirales de mon cahier de maths qu'elles se sont enfoncées dans ma main. Pour qui elle se prenait, cette meuf ?

Bref, a-t-elle poursuivi, après mûre réflexion, je t'ai choisi, toit, Lexa Woods, parmi tous les dossiers qui me sont soumis tu vas devenir mon sujet numéro un. Ensemble, nous allons nous débrouiller pour que tu redeviennes la femme charmante et bien élevée que tu as été.

La dernière fois qu'on m'avait fais lire un passage des Évangiles – Et ça ne datait pas d'hier – , j'avais cru remarquer que seul Jésus avait le pouvoir de ressusciter les morts.

– Il faudrait un miracle ! Ai-je répliqué. Vous avez des accointances avec Jésus-Christ, ou quoi ?

Mme Lewis a rapidement passé mon dossier en revue.

– En dix-huit mois, tu as été envoyé dans trois familles d'accueil différentes. Eastwick est ton quatrième lycée depuis la mort de mes parents. Aucun de ces établissements ne t'as classé parmi les perturbateurs, tu n'as gagné ce titre qu'a ton arrivée dans nos murs. Je trouve ce fait, disons...intéressant.

Mme Lewis s'est interrompue. Si elle s'attendait à ce que je lui donne ma version de l'histoire, elle pouvait attendre longtemps, la pauvre. En dix-huit mois – le temps qui s'était écoulé depuis la mort de mes parents –, j'avais eu tout le loisir d'apprendre que personne n'en a rien à foutre de rien, dans ce système à la noix. Et qu'une fois qu'on a un pied dans l'engrenage, on est fichu. Point barre.

Mon silence ne l'a pas découragée. Elle a continué :

– J'ai eu le proviseur de ton ancien lycée au téléphone, et il m'a dit le plus grand bien de toi. Une membre actif et hautement appréciée de l'équipe de basket-ball dès la première année, présente sur la liste des meilleurs élèves, impliquée dans un grand nombre d'activités, très populaire auprès de tes camarades...

Elle m'a dévisagé un instant, avant de conclure :

– Je crois que cette jeune femme-là m'aurait plu.

A moi aussi, seulement fallait se faire un raison : vivre tue. Y'a pas à sortir de là.

– Il est un peu tard pour le basket-ball, vous ne trouvez pas ? J'ai ironisé. On est au milieu de la saison. Sans compter que l'entraîneur n'apprécierait sûrement pas mes tatouages.

– Mon but n'est pas de t'inciter à vivre comme avant, mais de retrouver la fille motivée que tu étais.

Elle avait l'air sincère... J'aurais aimé la croire. Seulement j'avais appris à mes dépens qu'il ne fallait jamais faire confiance à quiconque appartenant au système. Alors j'ai laissé le silence retomber.

Elle a commencé par détourner les yeux, puis elle a secoué la tête.

– Tu as été malmenée par la vie, d'accord, mais tu ne peux pas rester bloquée la-dessus. Une foule de possibilités s'offre à toi, Lexa. Tes professeurs affirment que tu as un potentiel énorme. Ce qui laisse à désirer, c'est ta moyenne – et je ne parle pas de ton assiduité. Les deux sont liées, d'ailleurs, si tu veux mon avis. Alors voilà : j'ai un projet, pour toi. En plus de venir me voir une fois par semaine, tu vas prendre des cours de soutien, et cela jusqu'à ce que ta moyenne reflète tes capacités.

Je me suis levée. J'avais déjà manqué mon premier cours, et cette petite partie de plaisir de me fournir une excuse pour ne pas assister au deuxième. Cela dit, vu que j'avais réussi à m'extraire de mon lit, autant aller en classe à un moment ou un autre.

– Désolée, madame. Vous allez devoir trouver une autre personne dans vos dossiers. Un autre « projet » si vous préférez, encore que j'appellerais plutôt ça un cobaye. Moi, je n'ai pas le temps pour ce genre de conneries.

Mme Lewis a laissé échapper un soupir d'agacement.

– Faut-il que je contact ton assistante sociale, Lexa ?

– Ne vous gênez pas. Qu'est ce que vous voulez qu'elle me fasse ? Qu'elle me sépare de mes frère ? C'est déjà fait. Qu'elle me colle dans une famille d'accueil ? Trop tard. C'est fait, là encore.

– A quand remonte la dernière fois que tu as vu tes frères ?

Mes petits frères... A ces mots, ma main s'est figée sur la poignée de la porte.

– Ton assistante sociale et moi-même sommes d'accord pour étendre ton droit de visite un tant soit peu. A condition, bien sûr, que tu fasses des efforts et que tu me montres la personne que tu étais avant la disparition de tes parents.

Là, j'ai lâché la poignée et je suis allée me rasseoir.

Voilà c'est la fin de ce premier chapitre dites moi ce que vous en pensez pour un début ! Je posterai ( normalement) le nouveau chapitre de Winter Is Coming Lundi ou Mardi au plus tard. Je vous dis à la prochaine ;p