Un jour ordinaire dans une vie ordinaire
Note de l'auteur : Le but de cette série d'OS c'est comme le nom l'indique de raconter une journée ou un bout de journée d'un personnage réel ou non de l'univers d'Harry Potter, sachant que la deuxième option sera la plus fréquente car j'estime qu'il y a des « trous » dans l'univers de JKR et que c'est donc à nous courageux fanfictionneurs de les remplir avec nos petites élucubrations. Ces OS se passent dans les années 1980 donc après la fin de la première guerre contre Voldemort mais avant le retour d'Harry dans le monde sorcier. Et sans plus attendre, voici mon premier OS dont le titre provient de la chanson de Laurent Voulzy « Rockollection ».
Les scarabées bourdonnent, c'est la folie à London
« Aucune intégrité journalistique ni sens moral ! Vous devriez avoir honte d'écrire des choses pareilles ! C'est de la diffamation ! Vous pouvez être sûre que… »
Rita fit aisément abstraction du reste du message. Se faire accueillir un lundi matin par une Beuglante déjà déclenchée incendiant un de ses articles, c'était chose assez commune pour elle. Après tout dès qu'on avait un peu de succès, les critiques des jaloux pleuvaient, c'était bien connu ! Et puis Rita n'avait jamais prétendu à être universellement aimée. Non ça aurait même sans doute été très ennuyant. Car quand on y pensait bien, la raison principale pour laquelle elle écrivait des articles aussi meurtriers, c'était pour le plaisir de la bataille qui s'ensuivait entre elle et son sujet. Bon il y avait aussi la satisfaction de faire tomber de leur piédestal certaines personnes, d'en asticoter d'autres qu'elle ne supportait pas, de simplement se défouler sur des cibles plus ou moins faciles parfois et même quelques fois de dénoncer des scandales qui existaient vraiment. Mais la raison principale restait encore et toujours l'ivresse de la traque, du combat et finalement la jouissance de la mise à mort lente et douloureuse.
C'était une des raisons pour lesquelles elle avait été déçue de se retrouver en scarabée la première fois qu'elle avait effectué la transformation en Animagus Elle avait été tellement sûre d'être un prédateur. Et puis il y avait bien sûr le côté humiliant d'être un scarabée ! Mais au final, et après un usage intensif, elle pouvait assurer que sa forme Animagus était probablement l'une des plus utiles et des plus pratiques qui soient. Elle savait bien sûr qu'elle risquait gros à ne pas se déclarer mais la chance ne souriait-elle pas aux audacieux après tout ? Et puis elle n'osait même pas imaginer comment faire son travail sans sa forme Animagus. Pour être franche elle avait du mal à se souvenir de comment elle faisait dans ses premiers temps en tant que journaliste, avant qu'elle ne devienne une Animagus. De toutes façons, s'il fallait en croire l'état abyssal de son compte bancaire d'alors, elle ne s'en sortait pas si bien que ça. Non, devenir une Animagus avait sauvé sa carrière de journaliste, alors pas question de laisser le Ministère s'immiscer dans sa vie privée.
Rita s'assit à son bureau pour consulter son courrier du jour qui lui avait été apporté par sa secrétaire. Eh oui, un des avantages d'être un des journalistes vedettes de la Gazette, elle avait sa propre secrétaire ! Jessica, une petite jeune fille toute mignonne d'apparence mais avec une langue de vipère et futée comme pas deux. Inutile de dire que Rita l'appréciait beaucoup. En tout cas beaucoup plus que sa précédente secrétaire, Maureen, qui était totalement incapable de filtrer correctement les gens, le plus souvent énervés, qui arrivaient à son bureau. Et surtout vice impardonnable, elle faisait un café infect ! Rita s'était arrangée pour qu'elle disparaisse rapidement de sa vue et de sa vie. Avait-elle été affectée à un autre de ses collègues ou renvoyée ? Rita l'ignorait et à dire vrai, elle s'en fichait pas mal. Dans la vie si on voulait quelque chose, il fallait se battre pour l'avoir ou s'écraser et souffrir en silence.
Il n'y avait pas énormément de courrier et à part celle qui l'avait accueillie, pas une seule Beuglante. Hum, les gens se lasseraient-ils de mes articles ? Pas assez de polémique, pas assez de mordant, fit-elle pour elle-même en lisant le courrier des ses fans. Et bien Mesdames et Messieurs, je plaide coupable. Mais je vous promets de me racheter. Et pas plus tard qu'aujourd'hui. Alors qui vais-je embêter ? Bon déjà pas Fudge, il est tellement pathétique que ça n'en est même plus drôle, et puis avec Al à sa botte, ce n'est pas la meilleure idée.
Al, c'était Albert Monssac, le rédacteur-en-chef. En temps normal, il adorait Rita et lui laissait carte presque blanche. Mais il avait sa liste de protégés que personne ne pouvait attaquer sans risquer le licenciement. Rita se souvenait encore avec effroi des débuts du mandat de Fudge lorsqu'elle avait eu le malheur de critiquer la nouvelle équipe ministérielle dans un article. Rien de bien méchant, surtout comparé à ce qu'elle pouvait faire, mais Al lui était tombé dessus et lui avait promis que si elle continuait dans cette veine, elle prendrait la porte. Pas folle, la Rita ne s'y était pas risquée. Donc Fudge et ses sycophantes étaient hors de question. Dumbledore ? Non, le vieux grigou ne réagissait jamais comme elle s'y attendait. Là où ses autres victimes lui écrivaient des Beuglantes enflammées, allaient se plaindre à Al et exigeaient la publication de démentis, Albus Dumbledore restait d'un calme serein et d'une amabilité à toute épreuve, et se permettait en plus des petites boutades qui n'amusaient que lui. Ca la rendait dingue ! Donc non pas le vieux fou non plus. Décisions, décisions…Finalement elle opta pour les archives du Ministère. Un endroit qui ne payait pas de mine mais où tous les employés voulant faire partager à leurs collègues leurs petits potins trop croustillants pour être même chuchotés dans les bureaux venaient les leur susurrer. Bref, une vraie mine d'informations pour qui savait se faire discret. Et discrète, Rita pouvait l'être sans le moindre problème.
D'une pensée, elle se transforma et s'envola par la fenêtre qu'elle avait spécialement enchantée pour cela. Voletant les oreilles grandes ouvertes sur le Chemin de Traverse (on ne savait jamais sur quel scandale on pouvait tomber !), Rita parvint au Ministère. Elle réussit à s'engouffrer dans un ascenseur sur le point de se fermer et descendit deux étages plus haut. Elle avait repéré voilà bien longtemps une fissure dans le mur qui lui permettait d'entrer sans le moindre problème dans la salle des archives. Elle alla tranquillement s'installer sur son étagère préférée, celle qui lui permettait à la fois d'observer les entrées de la salle et d'écouter les secrets souvent révélés dans l'angle entre les deux étagères derrière elle, le tout sans être jamais même entraperçue. La cachette parfaite quoi ! Confortablement affalée sur un vieux parchemin remarquablement bien conservé pour son âge, elle se prépara à attendre.
Sa patience fut rapidement récompensée. Dix minutes à peine après son arrivée, deux jeunes femmes firent leur entrée et se dirigèrent directement vers sa position. Un bref coup d'œil lui apprit l'identité de l'une d'entre elle, Julie Wolowitz, une blonde plantureuse aux jambes interminables et qui faisait des ravages au sein du Ministère. Elle avait l'habitude, que certains jugeaient fâcheuse, de ne pas faire de distinction entre les célibataires et les hommes mariés. Rita en savait quelque chose, Julie lui avait fournie, parfois de façon consciente et informée, de la matière pour un joli petit paquet de scandales. Les antennes frétillantes d'impatience et d'anticipation, Rita était toute ouïe.
« Alors, et ta soirée d'hier ? C'était comment ?, demanda la deuxième femme, a priori une de ses collègues, en tout cas inconnue au bataillon Skeeter.
-Je ne sais pas si je peux te le dire, minauda la blonde.
-Oh allez ! Raconte !
-Bon d'accord. Mais c'est bien parce que c'est toi, fit-elle semblant de céder. C'était pas trop mal mais figure toi que j'ai appris un scoop pas possible…
-Oh vraiment ? Raconte, dit la seconde femme.
-Et bien Ronald Langvern, tu sais aux Jeux… »
Si son interlocutrice ne voyait pas, Rita, elle, voyait très bien et en frétillait presque de plaisir. Ronald Langvern était le sous-directeur du service Quidditch, le service le plus important de la direction des Jeux et Sports Magiques, ce qui en faisait le numéro trois de la direction. Mais surtout, Ronald Langvern était le mari très collet monté et très fidèle de Tamara Langvern-Rotcher, l'unique héritière de Markus Rotcher, un membre éminent et respecté du Magenmagot. Ouh, ça allait être le scandale du mois, voire du trimestre si elle jouait bien ses cartes !
« Oh vraiment, continua la seconde femme. Je n'aurais jamais cru ça de lui. Et tu sais avec qui il… ? »
Non mais quelle crétine, pensa Rita. Fais marcher ton neurone, espèce de Pitiponk attardé ! C'est pourtant évident que si Julie chérie te raconte ça, c'est que c'est elle la maîtresse de Langvern ! Non mais franchement il y a des idiots dans ce monde ! Et à voir sa tête c'est aussi l'opinion de Julie. Brave petite !
En effet, la blonde faisait une petite moue irritée qui devait ravir ses conquêtes et qu'elle avait sûrement pratiquée pendant des heures devant son miroir.
« Oh bien sûr, réalisa enfin Miss Godiche. Et c'était comment », demanda-t-elle avec avidité, faisant réviser à Rita son opinion sur elle. La journaliste devait admettre qu'à défaut d'autre chose, Miss Godiche savait comment orienter la conversation pour lui procurer à elle, Rita, un scoop splendide. Les antennes frétillantes, notre scarabée préféré écouta attentivement la conversation avant de s'envoler discrètement dès que le sujet se fit moins intéressant. Elle avait tellement de choses à faire ! D'abord elle devait aller voir Al pour s'assurer qu'aucune des trois personnes impliquées n'étaient sur sa maudite liste, puis rédiger son article. Oh et si elle le pouvait, une interview de Mrs Langvern-Rotcher, sous le prétexte de l'interroger sur ses activités de bienfaisance, et puis orienter la conversation vers son mari et leur couple. Si elle y parvenait, elle pourrait publier les deux articles en même temps avec une introduction fracassante du genre « pendant que Mr batifole, Mme aide les miséreux et l'attend à la maison ». Ou quelque chose du genre. Si elle négociait bien son coup, elle devrait pouvoir enchaîner dans les numéros suivants sur les diverses réactions des concernés et de leurs entourages. Bien sûr ne pas donner de suite le nom de la maîtresse. Soit Julie ferait elle-même une petite déclaration (s'assurer qu'elle ne la fasse pas à la concurrence), soit elle le révèlerait dans quelques épisodes. Oh tant de choses à faire pour parvenir jusque là, tant de choses ! Une journée bien remplie en perspective, avec du ragot, du scandale, de la trahison, de la politique, bref de la bassesse humaine cent fois magnifiée et si pleine d'intérêt pour elle. Bref une journée normale pour Rita Skeeter.
N/A : Et voila ! Ca n'est pas très long mais j'espère que ça vous a plu. Et je sais que ça ne se fait pas de réclamer mais je suis très mal élevée alors REVIEWS s'il vous plait !
