_Tu es prêt mon choupinet ? Il est l'heure d'aller à l'aéroport.
_Bordel de merde, ça craint ! Déjà que tu m'imposes une gonzesse à la baraque, me ridiculise pas devant elle en plus. Arrête de m'appeler comme ça 'man !
_Très bien, mon chéri mais reste poli. Sinon, je ne te laisserai plus aller aux concerts de Lady Gaga !
Le jeune Eric Cartman continua de ronchonner tandis qu'il se dirigeait avec sa mère vers l'aéroport le plus proche de South Park. Eric avait maintenant 17 ans, était très caractériel et gâté et n'aimait pas l'idée de devoir héberger une putain de française sous son toit. Cependant, il n'avait pas eu son mot à dire. Lorsque sa mère avait appris qu'une étudiante étrangère venait passer une année dans leur village et que celle-ci n'avait pas encore trouvé d'habitation, elle s'était proposée pour l'accueillir. Elle trouvait qu'imposer une présence constante à son fils lui serait bénéfique. Ainsi, peut-être arrêterait- il de jurer sans arrêt ou bien peut-être qu'il se déciderait à rester moins de temps dans son canapé.
Eric, lui, voyait cette intrusion comme une fourberie de la part de sa mère. D'ailleurs, il lui ferait payer, mais il ne savait pas encore comment. Tout d'abord, il devait trouver un moyen de se débarrasser de cette mangeuse d'escargot. Il passa donc le reste du trajet à concocter des plans pour faire fuir la jeune fille le plus vite possible. Il lui ferait tellement peur qu'elle retournerait en France en pleurant toutes les larmes de son corps, la dégoûtant une bonne fois pour toutes de l'Amérique pour qu'elle n'y remette jamais plus les pieds.
Une fois arrivé, Liane Cartman sortit un carton où elle avait pris le soin de noter « Nous te souhaitons la bienvenue Sophie ». Eric, par contre, essayait de se renseigner auprès des gens et des stewards qui passaient, si le vol venant de France n'avait pas eu un crash, du retard ou même s'il avait bien décollé.
Malheureusement pour le « pauvre » garçon (tout est relatif), une jeune fille se dirigeait vers eux une valise à la main et un grand sourire aux lèvres. Elle n'était pas très grande, avait de longs cheveux bruns et des yeux verts étincelants. Elle portait un simple jeans avec un pull à capuche visiblement bien trop grand pour elle.
_Vous devez être Madame Cartman, dit-elle avec son accent français.
_Tout à fait, répondit celle-ci, tu es donc Sophie. Je suis ravie de t'héberger cette année, j'espère que nous te ferons une bonne impression sur l'Amérique.
« Tu peux compter là dessus » se dit Eric.
_Et toi tu es Eric, c'est ça ? dit-elle en se tournant vers lui.
_Tout à fait, répondit-il calmement, je suis sur que tu te plairas ici. Je ferais tout pour que tu te sentes à l'aise. Et ne t'inquiète pas, les taux d'assassinat en Amérique ne sont pas aussi élevés qu'on le prétend. Je sais comme cela doit être difficile de quitter ton pays pour venir vivre chez des étrangers dont tu ne connais rien. Peut-être as-tu peur de ce qui pourrait t'arriver pendant la nuit ou bien même en te baladant tranquillement dans un parc. Ne te tracasse pas pour tout cela, je serais là.
Eric avait insisté sur la dernière phrase espérant ainsi déstabiliser l'intruse. Mais, cela n'eut pas le résultat escompté. Sophie se contenta de lui sourire encore plus et de le remercier. Eric eut l'impression qu'elle se moquait de lui, elle ne pouvait pas ne pas avoir compris le message. Il se dit alors qu'il allait avoir du boulot, mais, bon sang, elle allait respecter son autorité !
Une fois qu'ils furent arrivés au domicile, Liane fit le tour de la maison avec Sophie en terminant par sa chambre.
_Voilà, maintenant je vais te laisser t'installer et je vais préparer le dîner. Tu as sûrement besoin de repos avec le trajet et le décalage horaire, donc n'hésite pas à faire une sieste s'il le faut. Je vais demander à Eric de ne pas faire trop de bruit.
_Merci Madame Cartman, mais ce n'est pas la peine. En fait, je suis en pleine forme et le voyage m'a plus donné envie de bouger que de rester couchée.
_Très bien, le dîner sera prêt à 20 heure dans ce cas.
Liane sortit de la chambre et Sophie regarda sa chambre temporaire. Elle contenait un lit avec une table de chevet, une gigantesque armoire à glace, un bureau et une chaise ainsi qu'une commode. Le papier peint sur le mur représentait simplement des fleurs. Sophie commença à déballer ses affaires. Alors qu'elle finissait de ranger ses vêtements, quelqu'un frappa à la porte.
_Vous pouvez entrer.
Eric obéit et observa la jeune fille qui mettait sa dernière robe à pendre dans l'armoire. Il avait bien réfléchit à la situation et s'était rendu compte qu'une bonne de plus à la maison ne pouvait pas être une mauvaise chose. Il alla se poser sur lit et lui dit très sérieusement :
_Maintenant que tu es ici, il va falloir que je te mette au courant de certaines règles à respecter.
Sophie se tourna vers lui et ne répondit rien, l'invitant à continuer.
_Tout d'abord, j'aimerais que tu saches que ta venue m'est imposée et donc, que tu m'importunes plus qu'autre chose. Cela dit, si tu réussis à te montrer utile, obéissante et disciplinée envers moi, je consentirais peut-être à te laisser une chance de rester quelques temps ici. Pour cela, je t'ai fait une liste des choses à faire ou à éviter avec moi. Je prends pleinement conscience que l'erreur est humaine et que retenir tout ça maintenant est fort difficile. C'est pourquoi j'ai décidé de te laisser trois erreurs. TROIS ! Pas une de plus ou tu regretteras de m'avoir connu, suis-je assez clair pour ton pauvre cerveau de française ?
Sophie qui tentait de garder son sérieux, ne put s'empêcher de lui répondre avec un grand sourire idiot :
_Oui, monsieur. Je suis à votre service pour réaliser vos moindres désirs.
Eric fit mine de ne pas avoir entendu le ton de moquerie de la jeune fille.
_Bien, reprit-il. Tiens, tu as toute la soirée pour retenir le plus d'information possible.
Il lui tendis un papier où était noté et détaillé avec le plus grand sérieux ce qu'Eric attendait d'elle. Il sortit de la chambre et Sophie jeta un rapide coup d'œil aux bêtises notées sur le bout de papier tel que « M'apporter de la nourriture quand je te le demande », « Ne surtout pas me déranger pendant Terance et Phillip » ou encore « Montrer que tu me respectes et que tu m'idolâtres surtout en présence de mes pôtes ». Madame Cartman lui avait bien dit que son fils était un peu excessif et qu'il n'aimait pas qu'on le contrarie. Cela ne lui avait fait ni chaud, ni froid. Après tout, si elle devait s'accoutumer à lui, il en ferait de même pour elle. Elle s'assit alors sur la chaise près du bureau, où elle avait déjà posé ses affaires d'école, et entreprit de faire enrager un peu le jeune homme.
A 19h45, Sophie descendit pour aider son hôtesse à préparer la table. Eric qui passait par-là lui dit au creux de l'oreille : C'est bien je vois qu'on a déjà pris connaissance de mes exigences. Sophie n'y prêta pas plus attention et Eric se dirigea vers le salon.
Lorsque le repas fut terminé, Liane demanda à son fils de faire visiter la vile à Sophie le lendemain.
_Quoi ? Mais 'man, j'ai rendez-vous avec les copains demain !
_Ah bon et qu'allez-vous faire ?
_Ben pas grand chose, mais on doit se retrouver chez Stan.
_Dans ce cas, tu lui présenteras tes amis et vous en profiterez pour faire le tour de la ville tous ensemble si vous n'avez rien prévu de spécial.
_Mais heu !
_Eric, ne m'oblige pas à téléphoner à tes amis pour être sure que tu fais bien ce que je te demande.
_Bon très bien, je le ferais …
Eric jeta un regard noir à Sophie, elle n'était la que depuis quelques heures et il en avait déjà plus qu'assez. Lorsqu'il retourna dans sa chambre, il vit une feuille délicatement posée sur son lit. Quand il aperçut le titre, il se décida à déclarer la guerre.
« Choses à faire ou à éviter avec Sophie » suivit de toutes ses recommandations.
Lorsqu'elle entendit un cri suivit de jurons à travers la cloison, Sophie ne put se retenir de rire en imaginant la tête qu'avait dû faire Eric.
