Traducteur : NekoJilly
Auteur : TheShoelessOne
1.
Il ne se souvenait pas s'être endormi. Ses rêves, en revanche, avaient été quelque chose. Un petit homme avec un fort accent vêtu d'un costume onéreux, bourdonnant à son oreille. Des lucioles rouges sur le visage de Sherlock. Une explosion d'orange, comme des lys tirant des coups de feu à ses pieds. Pris au piège sous l'eau, du chlore plein le nez, la bouche, la tête continuant de bourdonner, quelque chose s'accrochant à lui, le trainant, enroulé autour de lui.
Il ne se souvenait pas s'être endormi, et certainement pas dans un hôpital. Son esprit tournait à plein régime, les rouages s'articulant difficilement tandis qu'il essayait de reconstituer le puzzle. Le picotement engourdi de la morphine (oh il aurait reconnu son baiser dans n'importe quelle situation) qui le parcourait l'empêchait de bouger, l'empêchait d'observer. Ses yeux étaient certainement ouverts, mais il n'arrivait pas à enregistrer l'information. Hôpital, il l'avait déduit à l'odeur. Le bruit d'un moniteur cardiaque. Les draps amidonnés et la blouse inconfortable.
Il se réveilla complètement, doucement, et tout commença à prendre forme autour de lui. Le petit homme (Moriarty), les lucioles (les snipers), les lys (le semtex), le chlore (dans la piscine), la chose s'accrochant à lui (les bras tremblants de Sherlock trainant son corps lourd et sans vie se débarrassant du pull, des chaussures et de la chemise trempée pour pouvoir le soulever). Le moniteur cardiaque était pour lui, et l'intraveineuse enfoncée dans son bras aurait tout aussi bien pu être Victoria Station vu le nombre de tubes présents. Ses doigts et ses orteils répondirent à ses ordres, et il en poussa un soupir de soulagement. Sa gorge ressemblait à un désert balayé par les vents, il eut presque l'idée d'appeler l'infirmière pour de l'eau. Il n'arrivait pas à se débarrasser du sentiment d'être retenu.
Les bras, qu'il n'avait pas sentis jusque-là, l'agrippèrent un peu plus fort lorsqu'il essaya de bouger, et John se figea. Un bras coincé sous sa nuque, un autre enroulé de manière protectrice autour de son torse, un bouclier, un gardien. Un corps tout entier pressé contre son flanc, aligné, volontairement. Un souffle régulier dans son oreille.
Il ne pouvait pas tourner la tête (la morphine était très agréable, supprimait toute la douleur qui, il en était sûr, le rongeait de l'intérieur, mais elle supprimait également toute envie de bouger), mais il savait que c'était Sherlock. Ça n'avait rien à voir avec les longs doigts qui l'agrippaient, le corps décharné et osseux tout contre lui. Cela n'aurait pu être personne d'autre. Il supposait que c'était sans doute un peu choquant de se réveiller, après avoir failli exploser, auprès de son colocataire-qui lui aussi avait failli exploser- lui faisant un câlin. C'était le terme adéquat, mais John n'avait pas la force d'être choqué en cet instant. Peut-être plus tard.
John ne le réveilla pas. Il pouvait dire simplement en écoutant (un seul moniteur cardiaque), ressentant (il portait une blouse médicale lui aussi, et quelque chose ressortant du bras de Sherlock lui rentrait dans l'estomac), que Sherlock n'étais pas censé se trouver là. Il aurait dû être dans son propre lit (quelque part de proche, c'était une chambre privée après tout, merci Mycroft), mais il avait trouvé John à la place. Il supposait, se sentant à nouveau bercé dans le sommeil par la morphine et la respiration régulière, qu'il était bon de savoir que Sherlock s'en était sorti lui aussi. Qu'il allait bien. Très bien.
Sherlock fut réveillé dix minutes plus tard par une infirmière énervée qui essaya, discrètement mais avec insistance, de virer le détective du lit de son compagnon et de le faire regagner le sien. Sherlock ne bougea pas, lui dit très clairement qu'il attendait que John se réveille, et pouvait-elle leur apporter gracieusement un peu d'eau ?
Voilà, voilà, premier chapitre d'une petite traduction en 5 + 1 chapitres.
ça faisait une éternité que je n'avais pas posté, je sais, mais l'année a été un peu folle et je n'ai pas eu le temps de m'y attarder.
Quoi qu'il en soit ça fait plaisir d'être de retour et j'espère que cette traduction vous plaira !
Bonne soirée à tous et toutes ! ;)
