Les neiges éternelles

Chapitre 1 : Une demande pas comme les autres

L'affaire avait été rondement menée. La jeune Akiko, 14 ans, avait vite été retrouvé une fois que la demande avait été faite à City Hunter. Sa fugue, qui avait quand même débuté trois semaines auparavant, avait été écourtée. Une histoire de famille banale, un caprice de petite fille riche. La petite s'était réfugiée chez un lointain cousin qui lorgnait sur l'héritage familial et qui avait convaincu Akiko de venir chez lui sans rien en dire à ses parents de sorte qu'il puisse les rançonner en toute impunité. Bien évidemment, ce cousin n'avait pas pensé que les parents d'Akiko feraient appel au City Hunter.

Se sentant coupable lorsqu'elle découvrit la vérité, Akiko avait décidé, en supplément de la rémunération faite par ses parents, d'offrir à ce drôle de couple un séjour tous frais payé à la montagne. C'est ainsi que Ryô et Kaori se retrouvèrent sur les pistes de ski de Nozawa Onsen en cette mi-novembre. Ils avaient de la chance, cette année les premières neiges étaient précoces.

— Voyons, Ryô, ce n'est pas si compliqué, lui fit remarquer Kaori en arrivant à ses côtés.

Ce dernier s'était retrouvé encastré dans un mur de neige.

— Je n'ai pas ton agilité sur les skis, lui rétorqua-t-il en se dégageant.

— Je doute qu'un homme comme toi soit si… Comment dire pour éviter que tu ne comprennes de travers ?

— Un homme comme moi ?

— Tu ne vas pas me dire que tu n'es ni agile, ni athlétique, soutint Kaori. Et puis tant pis ! Si tu étais moins raide sur tes jambes cela serait plus facile. 'Voilà, c'est dit.'

— Tu sais bien que dès que je vois une beauté je ne peux pas résister, voulut-il ironiser.

Bien mal lui en prit… Ni une, ni deux, la massue s'abattit sur lui avec fracas.

— Imbécile, lui lança Kaori avant de repartir laissant Ryô regretter ses paroles.

'Oui, mais moi je n'ai pas envie de te voler la vedette, Kaori. Et puis, si je skiai correctement, tu ne serais plus derrière moi pour me corriger lors de mes faux pas !' songea-t-il en se dégageant et en lui skiant après avec un large sourire.

Ils remontèrent les pentes plusieurs fois et tandis que la journée touchait à sa fin…

— Dit, Kaori, on peut descendre celle-ci ? indiqua Ryô en montrant une piste noire.

— Ryô, soit sérieux, tu n'es pas encore à la hauteur.

— Allez, Kaori, pleurnicha-t-il en s'approchant d'elle et en commençant à la tirer vers la piste.

— Mais, Ryô… Attends.

Il fut si rapide, que Kaori ne pu rien dire de plus. Reculant sans regarder où il allait, Ryô se retrouve en marche arrière pour débuter la descente, entraînant Kaori à sa suite en un cri de surprise. Pour ne pas l'emporter plus dans sa « chute », Ryô la lâcha et parvint à faire demi-tour pour faire face à la descente bien pentue.

Kaori arriva à sa hauteur aisément et lui lança un sourire avant de le doubler sans peine. Mauvais perdant, Ryô tenta d'accélérer, en vain… La course touchait à sa fin lorsqu'il décida de faire le pitre pour la faire ralentir. Imitant à la perfection un déséquilibre soudain et criant de surprise, il la fit se retourner avec inquiétude. Voyant son partenaire ainsi instable et sans ses bâtons, elle ralentit son allure et alla se positionner devant lui pour l'empêcher de tomber.

— Tiens-toi à ma taille, dit-elle soudainement tandis que ses skis s'insérèrent entre ceux de son partenaire.

Surpris, Ryô manqua de tomber réellement à la renverse mais obéit à la requête de sa partenaire, cependant…

— J'ai dit à ma taille, pas à ma poitrine, s'exclama-t-elle d'une voix menaçante et gênée tandis que Ryô jubilait intérieurement.

Néanmoins, il obtempéra rapidement. Ce n'était ni l'endroit ni le moment de se recevoir un coup de massue.

— Désolé, dit-il penaud bien qu'il ne le fût pas du tout.

L'inclinaison de la pente se fit soudain moins abrupte.

— Tiens-toi bien, je vais tourner pour freiner, averti Kaori.

Le virage fut aisé… aisé, mais serré le poids de Ryô manquant de la déséquilibrer.

— Merci, Kaori, affirma Ryô sans pour autant retirer ses mains de sa taille.

— Je t'avais bien dit que tu n'étais pas à la hauteur, fit-elle remarquer.

Une petite troupe de très jeunes spectateurs s'approcha soudainement d'eux.

— Waouh, Madame, vous êtes trop forte, dit un premier petit garçon.

— J'aurais été vous, ce monsieur se serait débrouillé, fit remarquer une petite fille.

— Idiote, c'est son amoureux, argua un autre petit garçon d'une petite dizaine d'années.

— Voyons, Ryôichi, tu vas les gêner, fit la petite fille.

— Mais non, ce n'est pas mon amoureux, tenta de rectifier Kaori rouge de confusion.

— Alors pourquoi vous tient-il la taille de cette façon en vous caressant la … heu… la hanche ? demanda un troisième garçon.

Kaori réalisa en effet que les mains de Ryô étaient devenues baladeuses et qu'il la caressait presque sensuellement. Celui-ci s'arrêta aussitôt en sentant l'aura meurtrière de sa partenaire. Cette fois la massue tomba, sous le regard incrédule des enfants.

— Dites, Mada… Mademoiselle, intervint la fillette.

— Qu'y a-t-il ? questionna Kaori d'une voix douce qui contrastait avec la violence du coup qu'elle venait d'asséner.

— Vous ne voudriez pas nous représenter lors de la course de biathlon qui aura lieu dans trois jours ?

— Vous représenter ?

— C'est quoi cette course ? demanda Ryô de nouveau sur pieds.

— À l'origine, c'est une course de bienfaisance. Il n'y a pas de médailles à remporter, mais l'établissement représenté par le vainqueur touche une grosse somme. L'orphelinat dans lequel nous sommes a besoin de cet argent, expliqua une jeune fille en arrivant. Elle devait avoir une quinzaine d'années.

— Et pourquoi ne participez-vous pas ? demanda Ryô.

— La course n'est ouverte qu'aux adultes, aux femmes pour être plus précise, mais pas à des sportives professionnels. Notre ancienne représentante, Megumi, a disparu soudainement, expliqua la jeune femme tristement.

— Elle avait reçu de drôles de courriers et pleurait fréquemment, intervint le plus jeune des garçons.

— En fait, les accidents se sont multipliés autour de nous dès lors que nous demandions de l'aide. Depuis, tout le monde a peur de nous approcher, expliqua la plus âgée.

— Quelqu'un ne veut pas que l'orphelinat touche cette prime, remarqua Ryô gravement.

— Vous avez demandé à la bonne personne, sourit Kaori. Le délai est un peu court pour aller faire du repérage, mais je m'en contenterai.

Les enfants entrèrent en liesse et coururent à l'orphelinat annoncer la bonne nouvelle à la directrice. La jeune fille resta un peu plus longtemps, observant ces deux adultes. Pouvait-elle avoir confiance en eux alors que tant les avaient abandonnés ?

— Merci, dit-elle finalement en s'inclinant avant de partir à la suite de ses amis.

Cependant la nouvelle n'était pas tombée dans les oreilles d'un sourd. Caché derrière un arbre, un homme sourit narquoisement. Son chef n'allait pas apprécier cette décision et il était certain que cette étrangère allait elle aussi disparaître de l'horizon. Par contre, il ne pu savoir à quoi elle ressemblait. Il aurait été imprudent de sortir de l'ombre car l'homme à ses côtés dégageait une forte aura meurtrière, le contraignant à rester cacher.

— Kaori ?

— Oui, Ryô ?

— Tu ferais mieux de te méfier lors de tes sorties les jours prochains.

— J'ai remarqué, Ryô. Il n'est pas discret, sourit-elle.

— Rentrons. Demain risque d'être une longue journée, dit Ryô en l'attrapant par la taille après avoir retirer ses skis.

— Tu permets ? demanda-t-elle en indiquant ses propres skis.

Quelques instants plus tard dans le plus « prestigieux » (s'il en est) hôtel de Nozawa Onsen, un couple pénétra dans la « suite royale » où ils étaient installés depuis près d'une semaine maintenant. Bien qu'il y avait deux grands lits bien distincts dont ils se servaient depuis le début de leur séjour, ce soir là ils avaient fini par s'endormir ensemble en tout bien tout honneur après un petit massage du dos. Ils avaient un peu parlé de la future course et de la décision prise rapidement d'y participer.