Un an après, rien n'a changé (ou presque)
(Coucou tous! Nouvelle série de one shot sur le feu. Avec le tournage de la saison 9 qui a débuté, les différentes informations qu'on peut trouver sur Internet, les photos des acteurs sur les réseaux sociaux, des idées peuvent arriver en cours de route. Alors restez connectés! Et n'oubliez de poster un petit commentaire. Histoire de savoir si ça vous plait).
Un an. Cela faisait un an que Thomas avait hurlé son prénom dans cette maison vide de vie. Son cri de douleur avait résonné contre ces murs glacés. Et était resté sans réponse. Elle n'était plus là. Ne subsistait qu'une mare de sang tiède… Elle ne pouvait pas être bien loin. Elle devait être blessée gravement. Soit elle avait rampé seule dehors… non ce n'était pas possible. La flaque de sang était intacte.
Il y a un an, il s'était effondré dans cette putain de maison avant que les autres flics débarquent. Avec Hyppolite, ils avaient tout essayé pour la retrouver. Adèle avait sans doute été kidnappée. Encore… Et même si elle était morte (il refusait d'y croire), un corps ne disparaît pas comme ça. Il n'y avait aucun indice, aucun témoin. Rien.
Puis elle était réapparue comme ça. Dix jours après, un appel d'un hôpital privé en région parisienne avait mis fin à son cauchemar. Elle était en vie. La blessure par balle n'avait causé aucun dégât irréversible. Un peu de rééducation pour retaper les muscles et les os de sa hanche touchés. Puis elle serait comme neuve. Mais elle ne se souvenait de rien des deux dernières semaines avant qu'Argos et Baransky l'arrachent à nouveau à sa vie, à Ulysse, à sa sœur Sarah, à ses amis, à lui… Elle ne se souvenait pas de son dernier ravisseur (ou sauveur?).
Ce coup de fil de l'espoir, le commandant Rocher l'avait reçu en pleine nuit. Il avait envoyé un message à toute l'équipe: Hyppo, Jess, Emma. Et aussi Sarah. Qui s'en voulait terriblement d'avoir laissé sa sœur dans cette maison sordide pour aller chercher de l'aide. Puis il avait pris la route, roulé à vive allure et était arrivé au petit matin sur les lieux.
Quand Rocher est entré dans sa chambre, Adèle était en train d'essayer de se lever de son lit, à l'aide d'une béquille posé contre une table de chevet austère. Elle a levé les yeux vers lui et s'est immédiatement effondrée en larmes. C'était fini. Son calvaire était fini. En une seconde, elle a imaginé toute une vie avec lui. Il l'avait pris dans ses bras. Et ne l'avait plus lâchée. Jusqu'à…
Adèle et Thomas. Thomas et Adèle. Ils avaient eu quelques jours de bonheur. Quelques jours où ils n'avaient pas pensé à cet homme qui avait voulu les séparer encore. Il n'y avait qu'eux. Et Ulysse. Et Lucas. Puis Hyppolite, qui s'était mis un peu en retrait de l'équipe pour retrouver le ravisseur de la criminologue avait envoyé un sms à Rocher. Ça semblait urgent…
Il avait retrouvé la trace de l'homme en question. Un homme qui n'avait aucun passé. Qui n'existait pas aux yeux de la loi. Hyppolite n'avait trouvé qu'un nom sur un mail échangé entre Baransky et Argos: Ezra, qui signifie "aide" en hébreu. C'était le plan B d'Argos… Il avait été élevé par lui, comme Adèle et Camille. Mais avait été séquestré dans une autre maison. Il n'avait pas été enlevé à l'âge de 11 ans. Mais à la naissance sans doute. Baransky avait confirmé tout ça lors d'un interrogatoire (elle était devenue très bavarde, dans son intérêt… mais en savait peu au final).
Ezra était en adoration devant Argos. Il n'avait eu qu'un but dans sa vie: devenir le disciple de cet être vil et mesquin qu'était Alexandre Gorce. Il avait eu une consigne de son mentor: s'il devait lui arriver quelque chose, Adèle ne devait pas s'en sortir vivante. Puis quand Ulysse est venu au monde, les règles avaient changé. Il devait garder Adèle jusqu'à ce que l'enfant devienne un homme. Il se débarrasserait de cette mère de substitution après.
Mais pourquoi avait-il déposé Adèle dans cet hôpital après l'avoir kidnappée? Parce qu'il devait avoir le paquet complet. C'était le deal: Adèle et Ulysse. Il avait envoyé une lettre manuscrite à la DPJ… à l'intention d'Adèle. Expliquant que peu importe où elle serait dans le monde avec son fils, il la retrouverait et accomplirait son destin.
Après avoir appris ça, Thomas avait eu du mal à rentrer à la péniche pour retrouver Adèle. Comment lui annoncer qu'elle vivrait pour le restant de ses jours avec une épée de Damoclès sur la tête?
Quand elle avait vu sa mine dépitée, elle avait compris que quelque chose clochait. Puis il n'avait pas pris de pincette. Il avait tout expliqué.
"Argos a formé un disciple. Un certain Ezra. Quelqu'un chargé de veiller sur toi jusqu'à la majorité d'Ulysse. Puis de reproduire le même schéma qu'Argos a mis en place avec toi et Camille… Et de se débarrasser de toi ensuite".
Choquée, elle n'avait pas su quoi dire. Elle réfléchissait à mille à l'heure. Ezra prévoyait donc de la tuer. Est-ce qu'Argos voulait faire pareille? Est-ce qu'il avait provoqué l'accident de ses parents? Est-ce qu'il avait toujours prévu que Sarah face partie du tableau? Ca s'éclaircissait. Enfin, façon de parler. Son passé si noir devenait encore plus sombre, plus lugubre, plus insurmontable.
"Alors on fait quoi? Je vais m'enfermer à vie avec Ulysse? Vivre recluse quelque part en espérant qu'on le retrouve ou qu'il meurt avant moi?", s'était-elle écriée.
Une vie recluse. C'était ce qu'imaginait Thomas. Adèle et Ulysse pourraient intégrer un programme de protection des témoins, changer d'identités jusqu'à ce que cet enfoiré soit mis derrière les barreaux. Neutralisé d'une manière ou d'une autre.
"Tu plaisantes? Ça s'arrête là? Je dois mettre une croix sur tout ce que j'ai construit jusqu'à présent? Mon amitié avec Jess, Hyppo, Emma… Ma relation avec Sarah… toi…". Elle avait dit tout ça quasiment en pleurant. Alors il s'était rapproché d'elle pour la rassurer en passant la main frénétiquement dans les cheveux de sa belle, et en essuyant ses larmes tout doucement d'une caresse du pouce.
"C'est juste le temps que je retrouve ce type et que je fasse en sorte qu'il ne puisse plus nuire à personne. Je te promets que ça ne durera pas longtemps. Quelques semaines, quelques mois tout au plus. Je te jure que tu me reviendras après". Il l'avait embrassée après ça. Une dernière fois.
Il avait promis que ça ne durerait pas longtemps. Mais il avait mis un an à retrouver Ezra. Il l'avait tué de sang-froid. Comme Hyppolite avait tué le meurtrier de Fred. Heureusement la légitime défense était passée. Le plus dur avait été de ne pas pouvoir entrer en contact avec elle. Rien. Il ne savait même pas quel nom d'emprunt elle avait choisi…
Hyppolite avait toutes les informations, lui. Il n'avait pas le droit de les avoir. Donc bien sûr il les avait gardées pour lui.
Thomas avait pu appeler Adèle une fois la protection levée. Elle n'avait pas répondu. Pas de vive voix en tout cas. Elle lui avait juste envoyé un sms d'un portable prépayé.
"On rentre demain par un avion en provenance de Nouméa. Arrivée à Orly à 16h".
Un message froid. Même pas un petit smiley pour réchauffer le cœur du commandant.
"Je viens vous chercher. Tu me manques tellement. Je t'avais dit que je ne pouvais pas continuer sans toi". Pas de réponse. Est-ce qu'elle ne ressentait plus rien pour lui? Un an ce n'est pas si long quand on aime, non?
Il était arrivé bien avant l'heure à l'aéroport et s'était posté devant la porte du hall des arrivées. Il a d'abord aperçu Ulysse, qui avait bien grandi. Il tenait la main d'Adèle, qui était encore dissimulée par la porte. Puis il la vit et son cœur faillit s'arrêter. Il n'y avait pas qu'elle et Ulysse.
Adèle franchit le seuil en poussant un landau. Elle avait eu un bébé. Elle avait eu un bébé toute seule.
Quand elle le vit, elle blêmit aussi. Avant d'avancer très lentement vers lui. Il la prit dans ses bras brièvement puis embrassa Ulysse sur le front avant de jeter un œil dans la poussette. C'était une petite fille qui dormait paisiblement. Il releva la tête et fixa Adèle d'un regard implorant "explique-moi".
"C'est ta fille Thomas. Je n'avais pas le droit de te contacter, de te prévenir. J'ai voulu t'envoyer une photo quand elle est née mais… la lettre m'est revenue. Je ne savais pas quoi faire. J'ai voulu tout arrêter mais… Je devais les protéger. Je m'en veux tellement".
Il était sous le choc mais savait bien que si elle était revenue plus tôt, elle aurait mis sa vie en danger. La vie de ses enfants… Il lui en voulait un peu malgré tout mais il aimait tellement cette femme. Alors il l'a pris dans ses bras en passant une main derrière sa nuque et la serra si fort… comme si sa vie en dépendait. Il lui murmura à l'oreille. "Tu n'as pas à t'en vouloir mon amour. Je suis tellement heureux. Et soulagé d'avoir mis fin à ce cauchemar avant qu'elle soit trop grande pour me détester d'avoir grandi sans père".
Adèle se recula et embrassa Thomas fort avant de rattraper Ulysse par la main. Le petit garçon commençait à s'impatienter. "Je peux la prendre?"
"C'est ta fille Thomas. Evidemment que tu peux la prendre".
Le commandant se sentit tout à coup tout petit face à ce bébé de quelques mois. Il la prit doucement dans ses bras et se revit à la naissance de Lucas. Son fils était grand frère.
Adèle s'approcha de sa fille et de l'homme de sa vie. Elle caressa la joue de Thomas, qu'elle n'avait jamais cessé d'aimer.
"Elle a trois mois. C'était une pressée elle est née avec un peu d'avance".
"Elle est parfaite". Elle. Elle gigota un peu et commença à ouvrir les paupières. "Et elle a tes yeux. J'aurais pas pu rêver mieux".
Il resta là à contempler son petit bébé quelques secondes puis il demanda: "Comment elle s'appelle?".
"Camille. Elle s'appelle Camille".
