En sifflant, elle s'est plantée là où elle pouvait faire le plus de dégats. La flèche a manqué le coeur, mais de peu. C'est d'ailleurs grâce à ce minuscule moment de répit que je peux tuer encore un Uruk. Le dernier. Mais pas mon assassin. C'est ce à quoi je pense quand je tombe à genoux, à bout de souffle. A bout de force. Criblé de projectiles. Je n'ai pas pu les compter, j'étais trop occupé à protéger les petits. Merry, Pippin, les deux seuls qui ne m'aient pas jugé lors du début de ce voyage. Les deux qui m'ont porté un minimum d'affection.

Où sont-ils d'ailleurs ? Les Uruks les emmènent, et honte à moi, je n'ai plus la force de bouger le moindre doigt pour leur venir en aide. La vie s'échappe. Je me sens partir en lambeaux.

Les yeux fixés dans le vide, je vois des images. Mais je ne suis plus capable de me remémorer ce dont il s'agit. Une femme, magnifique et douce. Elle me sourit, m'appelle 'Fils'. Je lui réponds 'Mère'. Qu'est ce qu'une mère ? Qu'est ce qu'un fils ? Je ne sais plus. J'oublie. Un jeune homme me donne une claque sur l'épaule, que je lui rends. Il sourit, parle de boire. Qui est-ce ? Que signifie un sourire ? Quelle est la sensation qui accompagne de boire ? J'oublie tout. Noms, titres, mots, sensations. Un homme crie après le jeune homme de devant, le critique, l'injurie. Cet homme m'inspire respect et dégout. Pourquoi ce respect ? Dégout. Devant l'image de cet homme, cette sensation, ce sentiment me revient en tête. Avant de s'estomper progressivement. Pour toujours.

Une voix m'appelle. Douce, mélodieuse. Elle me dit de tout lâcher. De tout oublier, de me laisser partir, de me libérer. De sentir le vent sur mes joues, et de le laisser m'emporter. Je le tente. Mais quelque chose m'en empêche. Je suis à la fois hors de mon corps et toujours à l'intérieur. C'est la douleur qui me permet de l'affirmer. Je regarde ce qui me retient.

Des hommes hurlent. Je ne les connais pas. Je ne les connais plus. Ils sont plein de joie, et crient des mots que j'ai du mal à saisir. Je ne les entends pas, mais je sais que ce sont des mots qui me touchent et me brisent la coeur à la fois. J'aimerais les entendre, une derniere fois. For Gondor. Les mots me reviennent un instant à l'esprit. Gondor. Oui, je connais. J'aime. Je serais mort pour lui. Gondor.

Une présence se précipite à mes cotés. Une petite vois me répète encore et encore. Gondor. Gondor. Gondor. Gondor ? Cet homme ? Je pensais me souvenir de paysages, d'une tour blanche. Mais cet homme serait aussi Gondor ? Quelqu'un lui explique par mes lèvres ce qui s'est passé. Frodon ? Qui est- ce ? Je ne le connais plus. Les petits ? Non plus. De je ne sais où surgissent mes dernières forces, pour prononcer les dernieres paroles : "Je vous aurais suivi mon frère, mon capitaine, mon roi". Et je m'éteins au moment où deux personnes arrivent. Un être éthéré, un petit barbu. Mais mon esprit se dissipe, s'éparpille aux quatre vents qui m'emportent loin de ce monde de souffrances. Je suis mort dans les bras de Gondor. Je suis mort For Gondor.

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Cette fic, je la dédie à Estel, ma tite soeur qui m'a poussée à écrire quelque chose dans cette section. Et hier soir, en allant me coucher, les images de la version étendue de The Two Towers m'est revenue en tête avec cette scène que je trouve magnifique où Boromir et ses soldats hurlent 'For Gondor' après avoir récupéré Osgiliath des mains de l'ennemi. Et évidemment à Albane, et à Frodounette, qui m'a donné son avis ! Merci beaucoup !

J'espère que ça vous a plu. Et pitet à bientôt de ce coté de ff.net !