Disclamer : autant le dire une bonne fois pour toute, rien à moi tout à JKR et heureusement, vu ce que je fais à ses persos.
Bêta : octo, ma poulpesque que je vénère et que j'adule même si elle m'a quand même envoyée un mois dans les cachots pour 15 misérables fautes.
Note : ce Three Shot était à l'origine un OS mais je l'ai coupé en 3 parties sinon c'était trop long (près de 60 pages en tout). Cette mini fic est écrite entièrement mais j'ignore quand je posterai la suite.
Je dédie ce TS à Didine Halliwell. C'est son cadeau pour m'avoir gentiment laissé la 100ème et la 200ème reviews sur ma fiction L'Amour ne se voit pas avec les yeux. Normalement, c'est moi qui dois recevoir les cadeaux aujourd'hui, pas en faire, mais ça me faisait plaisir.
Comme elle me l'a demandé, cette histoire sera basée sur la relation amour/haine de Drago et de Harry. Je suis allée loin. Donc attendez-vous au pire.
C'est un UA, Voldemort est mort, définitivement, pas de horcruxes et de résurrection, Sirius et Remus ont été exilés, je n'en parlerai donc pas. Harry ignore jusqu'à leur existence.
Didine, c'est pour toi, j'espère que ça te plaira.
Partie I
Harry Potter, Vainqueur du monde sorcier et accessoirement Survivant, allait faire sa rentrée en Première Année à l'école de Sorcellerie Poudlard. Cela faisait un mois qu'il avait eu ses onze ans, l'âge réglementaire pour entrer dans cette école.
Harry attendait beaucoup de cette rentrée scolaire. Premièrement, parce qu'il venait juste d'apprendre qu'il était un sorcier, tout comme ses parents. Hagrid lui avait parlé d'eux lorsqu'il lui avait donné sa lettre. Deuxièmement, parce qu'il espérait enfin se faire des amis. Troisièmement, parce qu'il partait loin de son oncle et sa tante qui le détestaient profondément.
L'enfant avait été choisi par Lord Voldemort, mage noir autoproclamé, comme étant le parfait adversaire alors que Harry n'avait à l'époque que quinze mois, tout cela à cause d'une prophétie faite avant sa naissance. Résultat, ses parents étaient morts, tués par le Seigneur des Ténèbres en personne, et lui s'était retrouvé chez les Dursley. La sœur de Lily Potter – la mère de Harry – Petunia, avait épousé Vernon Dursley avec lequel elle avait un garçon, prénommé Dudley, qui avait le même âge que l'orphelin.
Les dix ans qui suivirent la mort de ses parents furent des années difficiles. Vernon et Pétunia le détestaient et le lui montraient bien. Pas par des coups, bien que Harry se soit quand même pris quelques claques, mais par des brimades ou des corvées. Il avait été mis au travail dès son plus jeune âge. Cuisine, vaisselle, lessive, repassage, ménage, jardinage... Pétunia se déchargeait sans honte sur son neveu. Vernon et Dudley n'étaient pas mieux. L'enfant était outrageusement gâté par ses parents et possédait tout ce qu'il désirait, ne laissant à son cousin que les restes. Les deux garçons étaient aussi différents l'un de l'autre que le jour et la nuit. Le fils Dursley était grand, gros et gras, tandis que le fils Potter était petit pour son âge et maigrichon. Ils avaient espéré lui retirer sa magie, chose qu'ils exécraient, par ce biais. Ils étaient même allés jusqu'à l'installer dans un placard sous l'escalier. Dudley avait passé son temps à embêter Harry, faisant de sa vie un enfer, le coursant à l'école pour le frapper, l'empêchant de se faire des amis, faisant systématiquement en sorte qu'il soit puni et qu'il n'ait pas le temps de faire ses devoirs et d'autres choses toutes plus bêtes et méchantes les unes que les autres.
Mais, une semaine avant les onze ans de Harry, tout changea. Il reçut une lettre qu'il n'eut pas le temps d'ouvrir. Par la suite et jusqu'à son anniversaire, chaque jour, des dizaines et des dizaines de lettres lui parvenaient mais sa famille lui retirait le droit de les lire.
Il apprit le jour de ses onze ans, par un demi-géant appelé Hagrid, qu'il était un sorcier et que ses parents étaient morts assassinés, et non tués dans un vulgaire accident de voiture comme l'avaient affirmé son oncle et sa tante. Il avait découvert une petite partie du monde sorcier en visitant le Chemin de Traverse, il y avait acheté ses fournitures et une baguette magique. Le rêve de tout enfant.
Maintenant, il était dans le train qui partait à Poudlard et discutait avec entrain avec Ronald Weasley, un sorcier de son âge, roux avec des tâches de rousseur. Le rouquin lui avait raconté en partie ce qu'il savait du monde sorcier et que Harry devait impérativement savoir, comme le Quidditch, le sport préféré des sorciers, les quatre Maisons de Poudlard, ou d'autres choses encore.
Quelques heures plus tard, il était regroupé avec les autres Première Année sur le quai de la gare. Hagrid les surplombait.
- Les Première Année avec moi ! tonna le demi-géant.
La quarantaine d'élèves le suivit. Ils étaient tous un peu angoissés de savoir où ils allaient. À Poudlard, c'était sûr mais pas par le chemin le plus rapide
Ils arrivèrent, après quelques minutes de marche sur des rochers glissants, au bord d'un immense lac. Sur la rive étaient accostées des barques. Et face à eux, se tenait le château de Poudlard dans toute sa splendeur. Harry en avait le souffle coupé. La silhouette massive de la bâtisse se découpait dans la nuit, ses tours et ses murs illuminés.
- Pas plus de quatre par barque, prévint Hagrid.
Harry monta dans l'une avec Ron et deux autres garçons. Une fois tous les élèves installés, les barques traversèrent le lac, probablement dirigées grâce à la magie.
Tellement perdu dans sa contemplation et suivant le groupe machinalement, Harry vit à peine la grande sorcière aux cheveux noirs, vêtue d'une robe émeraude les attendre de pied ferme derrière les grandes portes.
Minerva McGonagall, directrice adjointe de l'école, directrice de la maison Gryffondor, l'une des quatre maisons de Poudlard et professeur de Métamorphose, leur expliqua les règles de l'école. Harry n'écouta que d'une oreille, trop occupé à regarder autour de lui. Il était certain que même Dudley, qui préférait rester assis devant la télé à se gaver de chips, de glaces ou de bonbons, serait prêt à visiter l'endroit.
Il se retrouva dans une grande salle, avec en guise de plafond, la reproduction du ciel. Des centaines d'élèves assis à quatre longues tables fixaient les nouveaux arrivants.
Au pied de l'estrade, devant une cinquième table occupée sans aucun doute par les professeurs, se tenait un tabouret à trois pieds surmonté d'un bout de tissus sale et rapiécé. À la grande surprise de Harry qui ne put s'empêcher de bondir en voyant ça, la bordure du chapeau se déchira et l'objet se mit à chanter.
Je n'suis pas d'une beauté suprême
Mais faut pas s'fier à ce qu'on voit
Je veux bien me manger moi-même
Si vous trouvez plus malin qu'moi
Les hauts-d'forme, les chapeaux splendides
Font pâl'figure auprès de moi
Car à Poudlard, quand je décide,
Chacun se soumet à mon choix.
Rien ne m'échapp'rien ne m'arrête
Le Choixpeau a toujours raison
Mettez-moi donc sur votre tête
Pour connaître votre maison.
Si vous allez à Gryffondor
Vous rejoindrez les courageux,
Les plus hardis et les plus forts
Sont rassemblés en ce haut lieu.
Si à Poufsouffle vous allez,
Comme eux vous s'rez juste et loyal
Ceux de Poufsouffle aiment travailler
Et leur patience est proverbiale.
Si vous êtes sage et réfléchi
Serdaigle vous accueillera peut-être
Là-bas, ce sont des érudits
Qui ont envie de tout connaître.
Vous finirez à Serpentard
Si vous êtes plutôt malin,
Car ceux-là sont de vrais roublards
Qui parviennent toujours à leurs fins.
Sur ta tête pose-moi un instant
Et n'aie pas peur, reste serein
Tu seras en de bonnes mains
Car je suis un chapeau pensant !
Une fois la chanson terminée, Harry se sentait nauséeux. Ron lui avait parlé de trolls à combattre – d'après ses frères qui étaient eux aussi à l'école – mais il semblait qu'il faille juste mettre le Choixpeau sur la tête. Ce n'était pas difficile mais le jeune Potter ne voulait pas faire ça devant tout le monde.
Quand son tour arriva, il marcha lentement jusqu'au tabouret avec l'impression d'être un prisonnier qui va à l'échafaud. Il pouvait presque entendre le cliquetis des chaînes.
Il s'assit et attendit que le professeur McGonagall pose le Choixpeau sur sa tête.
- Harry Potter, fit une voix dans sa tête, le faisant bondir. Difficile, très difficile. Une loyauté sans faille, un besoin d'être rassuré mais du courage et des qualités intellectuelles remarquables. Serpentard ne te serait d'aucune aide...
Malgré lui, Harry soupira de soulagement. Vu ce que Ron lui avait dit à propos de Serpentard, il n'avait pas du tout envie d'y aller.
- Serdaigle ne t'aiderait assurément pas. Je sais où te placer. POUFSOUFFLE !
La décision du Choixpeau claqua. Harry sentit qu'on lui retirait l'item de la tête et il se leva, l'esprit vide pour se diriger vers la table des blaireaux, ils applaudissaient poliment mais plus fort que les autres. L'enfant s'assit à une place et risqua un coup d'œil à son voisin qui lui sourit timidement avant de reporter son attention sur la cérémonie de répartition.
Ron fut envoyé à Gryffondor. Harry se demanda si leur amitié naissance résisterait à la séparation des maisons.
Dans les jours qui suivirent, Harry tenta de parler avec Ron, ce dernier ne lui adressant pas la parole. Mais le rouquin le rassura bien vite, il n'avait juste pas beaucoup de temps en dehors des cours pour discuter avec lui.
D'abord rassuré, Harry se rendit bien vite compte que ce n'était pas tout à fait vrai. Ron avait du temps mais juste à consacrer à ses nouveaux amis de Gryffondor. Pas aux pauvres Poufsouffle tel que lui.
- Tu sais Harry, lui confia Ernie MacMillian, un camarade de maison. J'ai entendu dire que nous ne nous mélangions pas vraiment avec les autres. Et je t'avoue que je préfère que ça soit comme ça.
- Mais... soupira Harry. Il était gentil et m'a dit que...
- Je sais, l'interrompit doucement son camarade. Allez viens. On va manger.
Ernie et Harry devinrent peu à peu des amis. Ils furent rejoints par les autres membres de leur maison de leur année. Justin Finch-Fletchey, Hannah Abbott, Susan Bones, Megan Jones et Wayne Hopkins.
Harry était content ou presque. Il avait des amis et les cours étaient passionnants bien qu'un peu durs. Il avait dû apprendre à manier une plume et il ne comptait plus le nombre de devoirs à refaire à cause de cela.
Tout aurait pu aller pour le mieux si un professeur n'avait pas décidé de faire de lui son souffre-douleur attitré : Severus Rogue, professeur de Potions et directeur de la maison Serpentard. C'était un homme froid et détestable. Il avait méprisé Harry dès le premier regard, l'interrogeant sur des notions que l'enfant ne connaissait pas et le rabaissant lorsqu'il n'avait pas la réponse. Harry avait tenté de travailler plus afin de pouvoir répondre correctement mais ce n'était jamais suffisant.
Les élèves des années supérieures lui avaient dit que ça ne servait à rien. Rogue choisissait un élève par classe et le rabaissait constamment. Personne n'y pouvait rien.
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Le mois d'octobre arriva assez vite et avec lui, les premiers problèmes de Harry.
Le garçon était calme, presque trop et assez timide avec les gens qu'il ne connaissait pas. Il ne cherchait pas les ennuis et faisait en sorte d'éviter tout problème. Pourtant, à la fin d'un cours commun d'astronomie avec les Serpentard, il fut pris à partie par un certain Drago Malefoy et deux autres garçons assez costauds, Vincent Crabbe et Gregory Goyle. Harry se souvenait du premier, il l'avait vaguement rencontré le jour de son anniversaire, sur le Chemin de Traverse, dans la boutique de vêtements. Et une autre fois dans le train. Cette fois-ci, Drago avait appris qui il était et voulait donc devenir son ami. Mais Malefoy avait eu la mauvaise idée d'insulter Ron. Harry avait refusé de serrer la main à ce gamin prétentieux et arrogant. Ce dernier avait assuré à son nouvel ennemi qu'il allait le payer très cher.
Le petit brun se crispa en voyant Malefoy s'avancer vers lui alors qu'il était seul. Les autres Poufsouffle étaient déjà sortis de la salle. Harry se surprit à se fustiger. S'il n'avait pas mis autant de temps à ranger ses affaires, il serait dehors et en sécurité. Et dire que le professeur Sinistra était retournée dans son bureau.
Lorsque Crabbe et Goyle firent jouer leurs bras, Harry recula, serrant son sac contre sa poitrine. Il avait sa baguette en main mais ne connaissait pas assez de sorts de défense pour parer une attaque.
- Potty, Potty, Potty, fit le blondinet en s'approchant, un sourire aux lèvres. Tout seul ici ? Tu devrais faire attention. Qui sait sur qui tu pourrais tomber.
- Laisse-moi tranquille Malefoy, marmotta Harry en espérant qu'il parviendrait à convaincre Drago de partir.
- Non, pas tout de suite, Potty. Un Potter chez les Poufsouffle ? Par Merlin, tes parents doivent se retourner dans leur tombe.
Harry ferma les yeux brièvement. Il n'avait pas honte d'être à Poufsouffle et savait exactement ce que Malefoy essayait de faire mais ça ne fonctionnait pas. L'enfant était persuadé que, peu importe sa maison, ses parents auraient été fiers de lui.
- Fiche-moi la paix, fit-il d'une voix un peu plus forte.
- Messieurs ? Vous devriez rentrer dans vos salles communes respectives ! intervint le professeur Sinistra depuis la porte de la tour d'astronomie.
- Je ferai de ta vie ici, un enfer, Potter, chuchota Malefoy avant de laisser Harry partir.
Ce dernier ne se fit pas prier pour déguerpir et rejoindre en courant sa salle commune en espérant ne pas croiser Rusard, le concierge ou le professeur Rogue qui ne se gênerait pas pour lui coller une retenue et lui retirer des points comme il en avait l'habitude.
Il accéléra lorsqu'il atteignit le couloir menant à la salle commune des Poufsouffle. La descente des nombreux escaliers avait été laborieuse, Harry avait cru qu'il finirait par rater une marche et tomber, mais il avait juste trébuché de nombreuses fois. Une fois devant le portrait cachant la salle commune, il haleta le mot de passe et entra dès qu'il eut assez de place pour se faufiler.
Harry s'écroula par terre, la respiration anarchique et le visage rougi par sa course. Son cœur cognait dans sa poitrine qui menaçait d'exploser. Tout son corps tremblait à cause de l'effort mais aussi à cause de la peur qui l'habitait.
Malefoy l'avait menacé, comme Dudley lorsqu'ils étaient plus jeunes. À cette pensée, des larmes lui montèrent aux yeux. Il en avait marre de servir de souffre-douleur, il voulait juste qu'on le laisse tranquille.
Le blondinet arrogant de Serpentard tint parole. Il fit de sa vie un véritable enfer. Dès qu'il le croisait, il le bousculait. Et lorsque sa proie était seule, il se faisait un plaisir, avec ses camarades de maison, de le frapper et de l'humilier.
Les Poufsouffle avaient fini par entourer Harry du mieux qu'ils pouvaient, et ils l'avaient poussé à en parler avec le Professeur Chourave, enseignante de Botanique et leur directrice de maison, mais le brun savait que ça ne servirait à rien, à part empirer les choses. Il en avait déjà fait l'expérience douloureuse une fois. Il avait huit ans. Dudley l'avait frappé et il était allé se plaindre à la maîtresse. Le lendemain, son cousin l'avait proprement rossé simplement parce qu'il avait été puni.
Lorsque janvier arriva, Harry était seul. Tous ses camarades de maison le fuyaient obstinément, ou encore l'ignoraient totalement.
Cela s'était fait petit à petit. D'abord les Septième Année. Le brun ne s'en était pas vraiment rendu compte, il ne leur parlait pas beaucoup. Les Poufsouffle étaient liés et les plus vieux prenaient soin des plus jeunes. Il avait remarqué ce froid quand il avait dû demander de l'aide à un dernière année, John Stevenson, qui lui avait gentiment fait comprendre qu'il travaillait. Et John arborait un coquard qui tirait vers le violet. D'autres boitillaient fortement et certains avaient le bras en écharpe.
Harry n'avait pas compris. Il avait juste cru à une bagarre qui avait mal tourné.
Il réalisa que ce n'était pas le cas quand des Cinquième Année de sa propre maison se mirent à l'insulter du jour au lendemain, alors qu'ils s'étaient toujours bien entendu. Eux aussi arboraient des blessures.
Drago Malefoy avait dit que Harry le paierait, le brun n'avait pas imaginé que ça irait jusque là. Le Serpentard le privait lentement mais sûrement de ses camarades. Il sut qu'il avait raison quand ses amis cessèrent de lui parler.
Il passa Noël à Poudlard, tout comme le Nouvel An, mais resta seul. Il n'eut comme cadeau qu'un paquet anonyme contenant une cape d'invisibilité. Il était heureux qu'on ait pensé à lui même s'il ignorait l'envoyeur. C'était son premier vrai cadeau.
Janvier se passa comme les autres mois, il restait seul, ne parlant à personne et évitait tout le monde. À quoi cela servirait d'aller espérer parler à quelqu'un ? Les Serpentard se feraient un malin plaisir à leur faire les pires misères pour leur faire payer. Et les autres s'y tenaient jusque dans la salle commune.
Même s'il avait mal, s'il souffrait de cette solitude forcée, il y était malheureusement habitué. Et les Serpentard s'en donnaient à cœur joie. Toutes les Années des Vert-et-argent s'amusaient à le railler, le bousculer ou le frapper et personne ne disait ni ne faisait rien.
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Harry vit la dernière calèche partir et se résigna à revenir au château à pied. Il avait fait attention en sortant du train à ne pas être vu par les Serpentard et avait réussi à n'en croiser aucun. Mais son attention l'obligeait maintenant à remonter le chemin en marchant. Tant pis, marcher un peu lui ferait du bien.
Il était en Septième Année. Le petit sorcier avait bien changé. Il n'avait plus aucune illusion et n'aspirait qu'à finir sa dernière année pour fuir le pays et s'installer loin de sa famille et de la bande de crétins qui avaient fait de sa vie un enfer. Les Serdaigle, les Gryffondor et les Poufsouffle avaient assisté aux multiples humiliations et brimades qu'avait vécu Harry, sans rien faire, et les Serpentard avaient été ses bourreaux.
Harry avait mis du temps avant de comprendre pourquoi cette maison en particulier le détestait et semblait prendre un malin plaisir à le malmener. Le responsable n'était autre que Drago Malefoy.
Ce crétin n'avait jamais cessé ses humiliations, même si Harry ne l'avait jamais vu faire.
Le Poufsouffle avait bien demandé, dès la rentrée en Deuxième Année, à être transféré ailleurs mais le directeur avait refusé, arguant que la scolarité à Poudlard avait été payée, pas autre part et que les demandes de transfert devaient être demandées par les parents ou les tuteurs. Les Dursley n'auraient jamais accepté, surtout si ça faisait plaisir à Harry.
Le jeune homme arriva au pied de l'escalier et gravit lentement les marches. La cérémonie avait dû commencer et, comme les années précédentes, il l'avait raté. De toute manière, ce n'était pas important. Il savait comment ça se serait passé, il l'imaginait parfaitement. Il aurait été assis dans un coin, probablement le plus près de la porte, là où personne ne voulait être, et aurait regardé les petits Première Année s'asseoir l'un après l'autre sur le tabouret et coiffant le Choixpeau. Il aurait poliment applaudi pour l'accueil des nouveaux Poufsouffle et serait retourné dans sa solitude.
Personne n'allait lui demander comment s'étaient passées ses vacances qui avaient été, comme d'habitude, longues et monotones. Il avait été obligé de faire ses devoirs au beau milieu de la nuit, la journée étant consacrée aux corvées imposées par la tante Pétunia et à tenter d'éviter Dudley qui voulait à tout prix lui montrer ses progrès en boxe – autant dire que Harry n'avait pas la moindre envie de servir de puching-ball. Le fils Dursley s'était trouvé une passion, la boxe et aimait en faire profiter tout le monde en démontrant ses talents sur son cousin.
Malgré lui, Harry soupira. Il avait fait le compte jusqu'aux vacances d'été juste avant de partir. Trois cent trois jours à passer seul. Les ASPICs, cette année, allaient l'aider à surmonter ça. Après, fin juin, il filerait à la banque sorcière Gringotts, fermerait son compte et partirait loin d'ici.
Il avait tout prévu, il n'y avait que deux inconnues, ses ASPICs et savoir s'il tiendrait une année de plus.
- Monsieur Potter, grinça une voix dans son dos.
Harry se figea et se crispa involontairement. Cette voix, c'était le professeur Rogue. Nul doute que l'enseignant qui le détestait le plus n'allait pas lui faire de cadeau. Rogue n'avait pas changé, il était vêtu de noir de la tête aux pieds. Son visage jaunâtre et cireux était encadré par des cheveux noirs et gras. Deux yeux d'obsidienne froids fixaient le pauvre élève qui n'aspirait qu'à s'enfuir.
- Puis-je savoir ce que vous faites hors de la Grande Salle, Monsieur Potter ? susurra le directeur des Serpentard, l'œil brillant d'une lueur malveillante. Vous croyez-vous au-dessus des règles Potter ? Ou refusez-vous de vous mêler à l'humble populace que vous trouvez inférieure à vous ?
Le Poufsouffle se contenta de regarder son professeur sans lui répondre. Après six ans, il était blasé de ces attaques. Elles ne le touchaient plus.
- Une chance pour vous, Monsieur Potter, l'année n'ayant pas officiellement commencé, je ne peux donc pas vous retirer de points. Le professeur Chourave veut vous voir !
Harry se retint de fermer les yeux et de soupirer. Chaque année, Madame Chourave le faisait venir dans son bureau pour lui parler. À l'évidence, cette année ne serait pas différente.
- Bien Monsieur, répondit-il poliment. J'y vais de ce pas. Merci de vous être déplacé.
- Je devrais vous coller une retenue pour insolence. Filez, stupide gamin !
Une chance pour Harry, il n'avait pas à le supporter en classe de Potions, ayant arrêté cette matière après l'obtention de ses BUSEs en Cinquième Année. Le brun avait eu une bonne note, pour lui – les Potions n'étant pas du tout sa matière forte – mais pas assez bonne pour lui permettre de continuer. Un A, pour Acceptable.
Il retrouva Pomona Chourave dans son bureau à quelques pas de la salle commune des Blaireaux.
- Entre Harry, entre, lui fit Chourave dès qu'elle le vit. Par Merlin, tu as encore maigri cet été et regarde-toi, tu pèles de partout. Tiens, mets-toi ça sur le nez.
Harry prit le baume que lui tendait sa directrice, l'ouvrit et s'en étala une noisette sur le visage. Il avait travaillé dans le jardin tout l'été, souffrant de la chaleur et il avait pris de beaux coups de soleil.
- Je me doutais, en ne te voyant pas arriver, que tu viendrais à pied.
- J'ai...
- Raté la dernière diligence, je sais mon grand. Tu me dis ça chaque année. Je m'inquiète, tu sais ?
Harry se doutait que ce n'était pas vrai. Tout le monde se fichait de lui.
- Il ne faut pas, Madame. Tout va...
- Bien, ça aussi, je le sais. Mais je le vois bien, Harry, que ça ne va pas. Tu penses qu'aucun professeur ne sait ce qui t'arrive ?
Surpris, il leva les yeux et les encra dans ceux, marrons de son professeur. Elle savait ? Et elle n'avait rien fait ? !
- Harry, nous avons tout fait pour t'aider, répondit justement Chourave.
- Navré professeur, mais je ne peux pas vous croire.
- Pourtant, je puis t'assurer que nous l'avons fait. Monsieur Malefoy ainsi que ses acolytes ont été convoqués plusieurs fois.
- Mais pas expulsés !
- Ils n'ont rien fait qui mérite un tel châtiment.
- Et ils doivent faire quoi alors ? Me tuer ? C'est ça ? Je dois crever pour que vous fassiez quelque chose ?
Il venait de lâcher ce qu'il avait sur le cœur.
- Ça ne sert à rien, Madame ! À chaque fois qu'ils seront punis, ils s'en prendront à moi ! Ça a toujours été comme ça et ça le sera jusqu'à la fin de l'année ! Pour qu'ils arrêtent, il aurait fallu que je change d'école mais le professeur Dumbledore refuse, tout comme mon oncle et ma tante. Ou alors qu'ils soient expulsés !
Harry se tut et se mordit la langue. Si Chourave venait à parler, il allait le payer cette année, plus durement encore que les autres années.
- Je ne veux pas de problèmes, Madame, fit-il d'une voix presque douce. C'est ma dernière année, après c'est fini. J'ai réussi à supporter ça pendant six ans. Ils ne devront pas être pires cette année. Ça va aller.
Il espérait s'en convaincre mais savait pertinemment que c'était faux. Il devait tenir dix mois, dix petits mois avant d'être libre.
- Au moindre problème, tu sais où me trouver Harry.
- Oui Madame.
- Je préviendrai les autres mais je te mets au courant en premier, d'ici novembre, je vous demanderai de venir me voir afin que nous parlions de votre futur.
- Oh.
- Vous avez une idée ?
Harry y avait en effet réfléchi. Mais il préférait le garder pour lui. S'il partait refaire sa vie, il ne voulait pas qu'on sache ce qu'il risquait de devenir.
- Oui, plus ou moins.
- C'est une bonne chose.
- Oui Madame.
- Allez, filez dans la salle commune. Je suis certaine que vous ne rejoindrez pas la Grande Salle. Le mot de passe c'est fides.
- Merci Madame.
Le jeune homme rejoignit la salle commune puis son dortoir. Sa malle était déjà au pied de son lit. Il récupéra ses affaires de toilette et referma le bagage avec plusieurs sorts. Il utilisait ce système de protection depuis la fin de la Première Année quand il avait constaté que certaines de ses affaires, notamment sa cape d'invisibilité, avaient disparu. Il avait cherché un moyen d'empêcher d'autres vols. Il lui avait fallu plusieurs jours pour parvenir à réussir les sorts assez difficiles mais il y était parvenu et les apposait dès qu'il fermait sa malle. Ses affaires volées, il ne les avait jamais revues.
Une fois en pyjama, il se glissa sous les draps et referma les rideaux jaunes, lançant un nouveau sortilège de protection ainsi qu'un sort de silence. Il ne voulait rien entendre et ne voulait pas être entendu non plus.
Il ne dormit pas de la nuit, comme chaque première nuit au collège. Il appréhendait sa première journée de cours, imaginant les crasses des Serpentard pour l'humilier un peu plus. Cette année, plus que les précédentes, il devait se montrer prudent. Très prudent. C'était officiel, il allait rester dans les cuisines, se laver grâce à un sort – un aguamenti bien lancé, pouvait faire office d'une bonne douche et l'eau froide ne lui faisait pas peur – et faire attention à tout ce qui l'entourait. Autant dire que cette année encore, il n'irait pas aux matchs de Quidditch.
Oui, au fur et à mesure des années, Harry était devenu paranoïaque, mais ça lui avait valu d'éviter plusieurs fois des catastrophes. Cela dit, Malefoy et sa clique étaient de plus en plus vicieux chaque année, même si le blondinet ne se montrait jamais. Ils trouvaient toujours le moyen de l'humilier. Tour à tour, Harry avait vu sa robe être déchirée – une chance qu'il ait porté un jeans en dessous – sa trousse être remplie d'araignées en plein cours de Potions – il avait bondi et hurlé en les voyant s'échapper, ce qui lui avait valu une retenue et un retrait de vingt points par Rogue, c'était en Cinquième Année – l'année précédente, on avait pris ses plumes et son encre et on l'avait remplacé par des plumes qui racontaient n'importe quoi, issues du magasin de farces et attrapes tenu par les jumeaux Weasley, les plus grands farceurs de leur génération, ainsi que par un mélange d'excrément et d'eau en guise d'encre. C'était le jour des examens. Harry avait failli être recalé car il n'avait pas ses affaires. Autant dire, qu'il ne l'avait pas bien vécu.
Mais la liste des attaques et des humiliations ne s'arrêtait pas là. Bousculades dans les escaliers, sabotage de sac, sort de coloration sur la peau et les cheveux, pancarte disant « frappez-moi, j'aime ça », insectes vivants dans le col, coups, blessures, et ce n'était qu'un petit aperçu de ce qu'il avait subi année après année.
C'était la dernière année, Harry savait que Malefoy voudrait frapper un grand coup et le brun savait également que, cette fois, il ne s'en relèverait pas. Il avait déjà pensé à la mort, à se suicider. Il avait tellement enduré, seul, sans aide qu'il avait voulu en finir. Mais il n'avait jamais eu la force de ne serait-ce que se blesser un peu. Après réflexion, il s'était dit que mourir de sa main, c'était donner trop d'importance à sa Némésis.
Il avait haï le blond, mais depuis sa Quatrième Année, là où il avait voulu mettre fin à ses jours, il s'était rendu compte que cette haine s'était transformée en indifférence et en mépris. Et ça n'avait plus changé depuis ce temps.
Et puis, même s'il ne manquerait à personne, il ne voulait pas imposer ça au professeur Chourave qui avait toujours été là pour lui, lui répétant encore et encore qu'il pouvait aller lui parler.
Lorsque son réveil sonna à six heures, il se leva aussitôt, vérifia que tout le monde dormait encore et fila s'enfermer dans la salle de bain pour se laver, ses affaires sous le bras. Il allait manger dans la Grande Salle, ça serait le seul repas qu'il prendrait là bas de toute l'année. Il se devait d'y être, les emplois du temps seraient distribués dès l'ouverture des portes, déposés au bout de chaque table.
À six heures quinze, il prépara silencieusement ses affaires et quitta le dortoir sans bruit. La salle commune était déserte.
La pièce était grande et circulaire. Deux grandes cheminées étaient disposées l'une en face de l'autre, offrant deux pôles de chaleur devant lesquels étaient disposés des canapés imposants et noirs. Des tables de travail et des chaises étaient là aussi mais changeaient de place assez souvent. Aux murs, des peintures animées décoraient l'ensemble. Par terre, des tapis jaunes et noirs, couleur de Poufsouffle, couvraient la pierre et, sur les murs, des bannières rappelaient où on se trouvait.
Harry aimait bien sa salle commune, mais il n'y passait pas assez de temps à son goût. Il la fuyait, par choix, afin d'éviter tous les problèmes. Ses propres camarades de maison étaient tout à fait capables de lui faire du mal – sinon, qui, à part eux aurait pu lui mettre des araignées dans sa trousse ou lui subtiliser certaines affaires ? Non, Harry ne leur faisait pas confiance. On disait que les Poufsouffle étaient loyaux entre eux, le brun se demandait qui avait bien pu inventer une telle bêtise. Il n'en avait plus vu la couleur depuis des années et il était pourtant l'un des leurs.
Le jeune homme descendit dans la Grande Salle en faisait très attention à tout mais arriva sans encombre. Certains lèves-tôt comme lui étaient déjà présents et prenaient leur petit-déjeuner. La table des Blaireaux était déserte, Harry en profita pour s'asseoir au milieu. Il avala rapidement son café noir et mangea ses deux tartines de pain, récupéra avant de partir, son emploi du temps.
Il ne commençait pas avant dix heures, il était tout juste sept heures, ce qui lui laissait trois heures pour aller travailler à la bibliothèque.
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La semaine qui suivit la rentrée se passa relativement bien. Harry parvenait à chaque fois à semer les Serpentard ou à les éviter et aucune blague stupide ne fut faite sur sa personne. Mais le brun ne relâcha pas son attention. Ce silence était anormal. Les Serpents devaient préparer quelque chose.
Harry sut qu'il avait raison quand, un matin, quinze jours après la rentrée, tout le monde se moqua ouvertement de lui. D'ordinaire, les élèves évitaient de lui parler ou même de l'approcher, de peur que Malefoy et sa bande leur tombent dessus – Harry pouvait aisément les comprendre même si ça lui avait fait mal pendant un temps – là, il pouvait entendre sur son passage des commentaires forts peu agréables sur la partie basse de son anatomie.
Lorsque Dumbledore le convoqua le soir même, il s'inquiéta et chercha ce qu'il avait bien pu faire mais ne trouva rien à se reprocher.
- Gnomes au poivre, fit-il d'une voix rauque à la gargouille qui gardait le bureau directorial.
La statue se décala, révélant un escalier en colimaçon qu'il s'empressa de gravir. Il n'était pas souvent monté ici, deux ou trois fois pendant toute sa scolarité. Et, à chaque fois c'était pour quelque chose qu'on avait fait à sa place et pour laquelle on l'avait accusé. Il s'en était sorti rapidement sans avoir eu besoin de se justifier. À croire que Dumbledore pouvait lire dans les pensées. C'était peut-être le cas, Harry avait entendu parler de Legilimancie et de son opposé, l'Occlumancie. Peut-être que le directeur était Legilimens, qui le savait ?
Il frappa à la porte et entra après avoir obtenu l'autorisation.
- Harry, entre et installe-toi, fit le vieil homme qui devait avoisiner les cent et quelques années.
Albus Dumbledore était peut-être très âgé mais son regard pétillant derrière ses lunettes en demi-lunes lui donnait quelques années en moins.
Harry s'installa à côté du professeur Chourave. Ça n'augurait rien de bon si sa directrice de maison était là. Malgré lui, il serra les bords de sa robe entre ses mains moites.
- Je suppose que tu sais pourquoi tu es ici, Harry, s'enquit le directeur.
Le jeune homme s'étonnait à chaque fois d'être tutoyé et appelé par son prénom par un enseignant – sauf Madame Chourave qui tutoyait et maternait tous ses Poufsouffle – et plus encore par le directeur.
- C'est embêtant. Je pensais que tu serais à même de nous expliquer ce que c'est que ça.
En parlant, Dumbledore lui avait tendu le journal du matin. Harry n'avait pas pu pu le lire ce matin, il s'en était même étonné. Sa chouette Hedwige n'avait même pas été le voir dans la salle commune alors qu'elle passait tous les matins. Il s'était inquiété mais n'avait pas eu le temps d'aller la voir à la volière, au risque d'être en retard.
Et voilà qu'il était présent. Une petite voix lui souffla que c'était peut-être lié.
Harry ne tarda pas à comprendre pourquoi, toute la journée, il avait été l'objet de moqueries toutes plus cruelles les unes que les autres.
Devant lui, étalée en première page de la Gazette du Sorcier, une photo de lui, nu, à quatre pattes sur quelque chose, en train de se masturber – même si l'image avait été censurée – et, vu son visage sur la photo, il avait l'air de prendre son pied. Même lui ne pouvait pas le nier pourtant, il pouvait affirmer ne jamais avoir posé ni même pris un jour cette position. S'il se masturbait, c'était dans le secret de son lit, sous couvert de plusieurs sorts de protection et de silence.
Dégoûté et horrifié, il rejeta le journal dont il n'avait même pas regardé le titre. Sa gorge était serrée. Il ignorait d'où ça venait mais avait bien une petite idée des coupables.
- J'en déduis donc que tu n'y es pour rien, affirma Dumbledore d'une voix douce et Harry remarqua que ses yeux ne pétillaient pas.
- Non Monsieur.
Il avait une boule dans la gorge qui menaçait d'éclater. Il refusait de pleurer, pas en public.
- Et sais-tu qui a pu faire ça ?
Oui.
- Non Monsieur.
Cette image de lui... Elle le poursuivrait longtemps, il en était sûr. C'était un montage, ça ne pouvait être que ça. Mais à qui appartenait le bas ? Et son air de débauche venait d'où ?
- Je mènerai une enquête, Monsieur Potter, fit Dumbledore formel et on-ne-peut-plus sérieux. Le ou les coupables seront sévèrement punis. Pomona ? Je vous laisse gérer cela chez les Poufsouffle ?
- Très bien Monsieur le directeur.
- Harry, si tu as un problème, un besoin de parler, n'hésite pas, lui offrit le vieil homme en redevenant un peu paternel et en reprenant le tutoiement.
- Oui, Monsieur, répondit poliment Harry bien qu'il sache parfaitement qu'il n'en ferait rien.
Harry fut congédié et invité à rejoindre sa salle commune avant le couvre-feu, ce qu'il fit en courant. Il n'avait pas envie de traîner là mais de se réfugier dans son lit et de pleurer encore et encore jusqu'à s'endormir.
Il traversa en coups de vent, la salle commune et fila dans son dortoir, heureusement désert. Harry se changea rapidement après avoir fait une toilette rapide et se coucha pour éclater quelques secondes plus tard, en sanglots.
Quand il se calma, le dortoir était toujours vide. Harry ferma ses rideaux d'un geste de baguette et lança les divers sorts de protection. Il n'avait pas envie d'aller, demain, dans la Grande Salle. Pourtant, il savait qu'il s'y rendrait. Dumbledore présent, personne ne s'attaquerait à lui, du moins il l'espérait fortement.
Cet article l'avait plus touché que les autres, il y était habitué pourtant. Chaque semaine, ou presque, la Gazette lui inventait une liaison plus sulfureuse encore que la précédente ou faisait circuler des rumeurs sur lui. Il s'en moquait même si ça l'énervait passablement et les élèves ne venaient pas se moquer.
Mais, là, ils étaient venus pour le rabaisser.
Le lendemain, les commentaires désobligeants ne cessèrent pas. Ni les jours suivants. Et pire encore, les Serpentard avaient repris leur campagne « humilions Potter encore plus ». Des photos de lui, venant de l'article, circulaient dans l'école et Harry ne pouvait pas faire un pas avant de voir ce corps qui n'était pas le sien et son visage partout.
Pire encore, sa chouette Hedwige était furieuse et Harry était incapable de l'approcher sans qu'elle ne s'énerve. Quelque chose s'était passée avec elle mais le Poufsouffle savait qu'il ne saurait jamais ce qui avait bien pu pousser sa chouette à agir de la sorte.
Rendu fou de rage par les derniers événements, le jeune homme avait arraché certaines des affiches mais elles ne cessaient de revenir. Il avait abandonné.
Et puis, trois jours plus tard, tout cessa. Les photos disparurent, les moqueries sur son anatomie également et le sujet sembla clos. Il apprit de la bouche de Madame Chourave, le jour-même, que Dumbledore avait fait cesser cette affaire la veille, en menaçant les élèves lors du petit-déjeuner d'une sévère punition s'ils continuaient. Certains n'avaient pas écouté et ils avaient, semblait-il, écopé d'une longue retenue et de quelques points en moins. Harry avait été étonné en voyant que toutes les maisons avaient au moins perdues la moitié de leurs points et Serpentard était loin derrière les autres alors qu'ils étaient, la veille encore, en tête.
Les Serpents semblèrent se calmer un peu et Harry put respirer de nouveau. Mais comme toutes les bonnes choses, ça ne dura pas. Malefoy trouva vite un autre moyen de l'embêter. La dernière idée en date, le partialis devestio, qui comme son nom l'indiquait, déshabillait la victime partiellement. Les premières fois qu'un Serpent l'avait utilisé sur sa personne, Harry avait fui. Par la suite, il se rhabillait d'un simple geste de baguette. Il avait appris à relativiser. On l'avait vu nu, le voir en caleçon ne choquerait personne. Le jeu s'était rapidement fini.
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Décembre arriva vite et avec, un certain calme de la part des Serpentard. Personne n'avait rien fait. Pas d'insultes, pas de tours méchants, rien. Mais Harry savait que, dans ces cas-là, il ne devait pas se détendre, qu'il devait redouter ce qui allait suivre. Les Serpents étaient fourbes et très imaginatifs.
Mais, Harry ne vit rien venir. Il espérait secrètement que ses détracteurs avaient renoncé mais savait qu'il n'en était rien. Ils ne l'avaient pas poussé à bout durant six ans et demi pour cesser comme ça, sans raison.
Les vacances avaient commencé depuis deux jours à peine. Harry était le seul Poufsouffle présent, ce qui signifiait qu'il avait la salle commune et le dortoir pour lui tout seul. Autant dire qu'il était enchanté.
Un peu avant Noël, les premières neiges tombèrent sur le parc, le blanchissant durant la nuit. Harry appréciait beaucoup regarder les flocons recouvrir toutes les surfaces. En général, il aimait être dehors afin d'écouter le léger froufroutement de la neige lorsqu'elle arrivait enfin par terre. C'était doux.
Quand il avait vu tomber de nouveaux flocons au beau milieu de l'après-midi, il n'avait pu s'empêcher d'aller chercher ses affaires et était sorti afin d'en profiter un peu. Il était allé droit vers le lac, s'éloignant du château. Là, il serait tranquille. Il avait passé sa journée à travailler, il avait besoin de prendre un peu l'air.
Le nez en l'air et les bras écartés, c'est à peine s'il se retenait de tirer la langue pour sentir la neige.
- Un vrai gamin, ricana une voix derrière lui. Tu es... pitoyable Potter.
Le jeune homme se retourna brutalement et tomba nez à nez avec Pansy Parkinson, flanquée de Crabbe et Goyle. Ça faisait longtemps que Harry n'avait pas vu un Serpentard l'aborder en face. La dernière fois, ça remontait à plusieurs années. La Quatrième Année à vrai dire. Et c'était Malefoy. Maintenant, il devait planifier ses blagues depuis le dortoir ou la salle commune des Vert-et-argent.
- Qu'est-ce que tu veux ? risqua-t-il.
- Que tu crèves, Potter.
- Oh, fut la seule réponse qu'il put sortir.
D'une autre personne, il n'aurait pas eu peur mais il savait ce dont les Serpentard étaient capables. Un mot, une phrase et Harry y passait. Il avait déjà vu Parkinson à l'œuvre. Le toutou de Malefoy qui le suivait comme son ombre. Malgré son physique de bouledogue et son comportement de chien, Pansy était une manipulatrice, arrogante et très intelligente.
- Pourquoi ?
- À quoi ça va te servir de le savoir ?
Parkinson claqua dans ses doigts et ses deux acolytes fondirent sur Harry. Il ne leur fallut que quelques secondes pour le maîtriser et, une fois sous l'emprise du maléfice du pétrificus totalus, le brun ne pouvait plus se défendre, juste encaisser les coups.
Les deux brutes de Serpentard n'étaient peut-être pas fins ni bien intelligents mais ils savaient se servir de leurs poings.
Le passage à tabac ne dura pas longtemps mais Harry pouvant sentir chacun de ses muscles et certains dont il ignorait jusqu'à l'existence, hurler de douleur. Ses bourreaux le laissèrent tomber par terre dans la neige et Goyle lui mit un dernier coup de pied dans les jambes.
Seul, Harry sentit les larmes dévaler ses joues et se refroidir rapidement. L'humidité glaciale de la neige fondue pénétrait peu à peu les épaisseurs et le vent froid ne l'aidait pas à se réchauffer. Parkinson n'avait pas levé le sortilège qui l'empêchait de bouger et il n'était pas assez doué en magie sans baguette et en informulé pour prononcer le contre-sort. Sa mâchoire douloureuse ne lui permettait pas d'ouvrir la bouche.
La panique le gagna rapidement. Le château était loin et personne ne savait où il se trouvait. Il était quelque chose comme seize heures, la nuit n'allait pas tarder à tomber. On commencerait à s'inquiéter pour le dîner, ce qui lui laissait au moins trois heures à attendre dans le froid, sans doute plus, car le temps que les recherches s'organisent et qu'on ait l'idée de venir jusqu'ici, il avait le temps de mourir vingt-fois.
Trois heures, c'était long, surtout quand on ne pouvait pas bouger.
Il essaya de se libérer même sans baguette et en se concentrant assez fort pour que le contre-sort fonctionne mais, après plusieurs essais, il abandonna.
La nuit tombait doucement. Il ignorait combien de temps étaient passés. Une minute, une heure. Il s'en fichait, il allait mourir dans peu de temps. Ses membres s'engourdissaient peu à peu. Le froid et l'eau avaient réussi à passer ses vêtements. Ses oreilles sifflaient et sa tête était lourde. Il avait sommeil et ses paupières menaçaient de se fermer. Il savait qu'il ne devait pas fermer les yeux sinon, il avait peu de chance de les rouvrir mais, après un combat contre son corps, il rendit les armes, vaincu.
Sa dernière pensée avant de sombrer dans l'inconscience fut le titre de la Gazette du lendemain : Harry Potter, le Survivant de Voldemort, tué par un simple maléfice du saucisson et oublié comme un déchet, dans la neige. C'était une mort un peu pathétique.
Sa tête semblait faite de coton et les sons lui parvenaient déformés. Harry ne tenta même pas d'ouvrir les yeux, il n'en avait pas la force.
Si mourir c'était ça, alors il voulait être remboursé. Il avait l'impression qu'un engin moldu était passé sur son corps encore et encore, que des éléphants avaient dansé un tcha-tcha endiablé sur ce qui restait de lui et que des piverts s'étaient amusés à le finir en lui martelant le crâne. Rien à voir avec le bien-être éternel. Il avait vaguement l'impression de s'être fait arnaquer. D'autant plus que le bruit ambiant devenait de plus en plus fort et de moins en moins supportable.
Lentement, il s'obligea à ouvrir les yeux mais les referma bien vite. La lumière était bien trop intense pour lui. Et les bruits étaient trop forts. Un gémissement sortit de sa gorge sans qu'il le veuille.
- Monsieur Potter, fit une voix aiguë tout près.
Il gémit. Pourquoi cette personne hurlait-elle ? Harry avait l'impression d'entendre l'infirmière, Madame Pomfresh.
Il commençait à douter de sa mort. Serait-il en vie et à l'infirmerie ?
Afin d'être certain que ce n'était pas le cas et qu'il était bel et bien mort, il ouvrit les yeux. Maintenant, il en était certain, il était en vie. Sinon, il était maudit. La mort lui aurait sans aucun doute amélioré la vue, or il était toujours myope comme une taupe.
On lui glissa ses lunettes sur le nez. La monture froide le fit frissonner. Quelqu'un avait eu la bonté d'âme de les réparer car Goyle, dans sa grande mansuétude, les avait cassées en lui martelant la tête à coups de poings.
C'était bel et bien l'infirmière qui se tenait devant lui. Elle lui offrait ses nombreux sourires chaleureux. Elle connaissait bien Harry pour l'avoir vu de nombreuses fois ici. Il avait même un lit attitré.
- Vous êtes réveillé. N'essayez pas de parler, je vais vous expliquer. Vous avez passé deux jours dans le coma suite à une hypothermie. Sans Monsieur Malefoy, vous seriez plus mal en point. C'est lui qui vous a retrouvé et ramené ici. Avant toute autre question, le professeur Dumbledore voudrait vous interroger.
Mais il était fatigué. Ça ne pouvait pas attendre ? Et puis, il n'avait aucune envie de parler, il ne s'en sentait pas la force.
Malheureusement, Dumbledore était là. Pomfresh l'avait fait entrer.
- Quelques minutes, il doit se reposer, ordonna-t-elle.
Elle aurait sans doute fichu la trouille à Voldemort s'il avait été encore en vie. Dumbledore acquiesça.
- Harry, je sais que tu es fatigué, commença le directeur, mais j'ai besoin de ton témoignage. Ce qui t'est arrivé est grave et inadmissible. J'ai besoin que tu me donnes le nom du ou des responsables de ton état.
- Qu'est-ce qui va leur arriver si jamais je les dénonce ? demanda le jeune homme d'une voix éraillée.
- Ils seront convoqués et probablement expulsés si la Commission le décide.
- Et si je ne dis rien ?
- Alors ils n'auront aucune sanction.
Et ils s'en sortiront. Harry savait qu'il devait en parler. Il voulait en finir mais il avait peur d'avouer l'identité de ses agresseurs. Il avait peur, tout simplement.
- Je suis fatigué professeur, murmura-t-il, espérant qu'on le laisse tranquille.
Il voulait dormir.
- Harry, je... Dumbledore se tut quelques secondes pour réfléchir à ses paroles. Je souhaiterais que tu réfléchisses à ma demande. S'il te plaît.
- Oui Monsieur.
- Repose-toi bien.
Harry ferma les yeux et soupira. Quelques instants plus tard, il dormait profondément.
Quand il rouvrit les yeux, plus reposé mais se sentant encore faible, il s'aperçut qu'on lui avait retiré ses lunettes. Il avait dû s'endormir avec, ça ne faisait pas l'ombre d'un doute puisqu'il n'avait pas souvenance de les avoir enlevées.
Sa main tâtonna machinalement à sa droite, là où devraient se trouver ses lunettes mais, il ne trouva que du vide. Sa vue plus que mauvaise ne lui permettait pas de distinguer ce qu'il y avait autour de lui.
- Elles sont à votre gauche, Monsieur Potter, siffla une voix fort bien connue.
Harry se redressa brutalement et eu comme un étourdissement. Il se laissa retomber dans ses oreillers et chercha de nouveau ses lunettes qu'il chaussa sur son nez. Devant lui, au pied du lit, se trouvait le professeur Rogue. Étonnant d'ailleurs. L'homme le détestait. Que faisait-il ici ? Certainement pas pour prendre de ses nouvelles.
- Le Professeur Dumbledore m'a chargé de vous faire avouer ce que vous savez, fit l'homme sans détours. Et je ne repartirai pas de cette pièce sans votre témoignage. Vous voilà prévenu.
- Que voulez-vous savoir ? soupira Harry en sachant pertinemment ce que désirait l'enseignant.
- Monsieur Potter, j'admets que vos capacités mentales sont moindres mais, même vous, savez parfaitement de quoi je parle. Cela dit, puisque vous semblez jouer au plus débile, alors je vais vous prendre pour ce que vous voulez être, un imbécile. Qui est la personne qui vous a mis dans cet état ?
Mais Harry ne répondit pas. Et il garda le silence quelques minutes, espérant agacer Rogue. Sans succès puisque son professeur semblait imperturbable.
- J'ai toute la journée, Monsieur Potter. Et je suis patient.
- Je n'ai pas envie d'en parler, Monsieur, murmura le jeune homme.
- Et pourquoi donc ?
- Ils sauront que c'est moi qui...
- Ils sont donc plusieurs, marmonna Rogue un instant pensif. Ce qu'ils pensent, vous vous en fichez, Monsieur Potter. Vous avez été attaqué et laissé pour mort au beau milieu du parc ! Vous taire pourrait les amener à recommencer et je doute qu'ils échouent de nouveau !
- Qu'est-ce que ça peut bien vous faire ? grogna Harry. A chaque fois qu'ils s'en sont pris à moi, devant vous, vous ne les avez pas arrêtés. Qu'est-ce que ça change ? C'est parce que j'ai failli mourir là ? Comme si ça vous importait réellement… Alors quoi ? Vous n'avez pas envie d'entacher encore plus la réputation de votre maison cette fois-ci ?
- Mes motivations ne vous regardent en rien, Monsieur Potter ! Veuillez répondre à ma question ! Qui sont les coupables ?
Mais, de nouveau, Harry ne répondit pas. À chaque témoignage, il recevait plus de coups qu'avant. Il avait compris la leçon.
- Vous ne comprenez pas, Monsieur, gémit Harry. Ils vont me faire la peau.
- Ce sera le cadet de vos soucis si vous ne parlez pas.
Harry ferma les yeux. Rogue avait raison. S'il se taisait, Parkinson, Crabbe et Goyle séviraient encore et avec plus de violence car ils tenteraient de nouveau de le tuer, comme le lui avait si aimablement fait remarquer le Maître des Potions. S'il parlait, il serait débarrassé de cette menace.
- Serpentard, avoua-t-il.
- Mais encore ?
Rogue n'avait pas l'air plus surpris que cela. Peut-être connaissait-il leur identité.
- Septième Année, fit Harry.
- Oui ? Il me faudrait maintenant leur nom.
- Vous le savez déjà, n'est-ce pas ?
- Pour que le témoignage soit valide, il me faut l'entendre de votre bouche.
- Pourquoi ce ne sont pas des Aurors qui m'interrogent ?
- Vous n'avez pas porté plainte, Monsieur Potter. C'est donc une enquête interne. Et il se trouve que je suis le seul professeur présent dans cette école pendant les vacances. Une fois les noms dévoilés, Monsieur le directeur pourra porter cette affaire devant le Magenmagot et le conseil d'éducation qui statueront sur le sort des coupables. Je veux des noms, Monsieur Potter !
Harry ignorait si c'était vrai mais estima soudain que ça n'avait pas d'importance.
- Crabbe, Goyle et Parkinson, lâcha-t-il.
- Bien. Vous pouvez vous reposer. Je pense que d'ici demain, vous aurez la visite d'un Auror qui vous interrogera sur cette affaire. Et avant que je n'oublie, trente points en moins pour Poufsouffle pour insolence et insulte envers un professeur !
Rogue fit demi-tour dans une envolée de cape et quitta l'infirmerie sous le regard médusé de Harry.
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Une semaine plus tard, dès sa sortie de l'infirmerie, Harry fut convoqué chez Dumbledore qui lui apprit que le conseil d'éducation avait statué. Les coupables avaient été définitivement exclus. Harry n'en était pas revenu. Il avait même dû s'asseoir, sous le choc. Il savait que le conseil était plus ou moins dirigé par Monsieur Malefoy, le père de son pire ennemi. Le jeune homme avait une vague connaissance de ce système, il s'était renseigné. Il fallait l'unanimité des voix pour qu'une décision soit prise et Lucius Malefoy ne pouvait pas voter pour lui, c'était impossible.
Le reste des vacances, Harry ne vit personne, ou presque. Il passa son temps entre sa salle commune, les cuisines et la bibliothèque. Il veillait à ne croiser personne.
À la rentrée, il ne pouvait plus rester isolé. Il devait retourner en cours. Là encore, il restait prudent. Crabbe, Goyle et Parkinson n'étaient plus là, mais il restait Malefoy. Et le chef des Serpentard était peut-être le pire de tous. Il allait très certainement lui faire payer le renvoi de ses camarades de maison. Le brun admettait que Drago l'avait aidé, et que sans lui il serait mort, mais il savait que c'était avec une idée derrière la tête que son ennemi personnel l'avait fait.
Étonnement, Malefoy ni aucun Serpentard ne se manifesta. Harry suivit ses cours, tendu et aux aguets. Il se devait de rester attentif.
Le premier soir de la rentrée scolaire, Harry se précipita dans sa salle commune. Il y serait davantage en sécurité que nulle part ailleurs. Il ne quitterait pas son lit de toute la soirée. C'était une bonne idée et tant pis pour son dîner, de toute manière, il n'avait pas faim.
Assis sur son lit, Harry était penché sur une dissertation d'Histoire de la Magie à rendre pour le lundi suivant.
- Encore une révolte de gobelins, soupira-t-il.
En sept ans, son professeur, Monsieur Binns, un fantôme, n'avait eu de cesse de parler des Gobelins. À croire qu'il n'y avait que ça, des révoltes dans le monde sorcier. Harry estimait qu'il y avait autre chose que des guerres.
- Potter, fit Justin Finch-Fletchey d'une voix hésitante. On te demande en bas.
- Qui ? s'enquit froidement Harry.
Il aurait été aimable si Justin ne lui avait pas tourné le dos, lui ainsi qu'Ernie MacMillian et les autres membres de sa maison alors qu'il avait le plus besoin d'eux.
Néanmoins, il était surpris que son camarade se dérange pour venir le voir.
- Aucune idée.
- Alors je reste ici.
Il n'était pas fou au point de descendre se jeter dans la gueule du loup. Qui sait qui pouvait être la personne qui le demandait.
- Tu fais comme tu veux, répliqua Justin en haussant les épaules.
L'instant d'après, il quittait le dortoir pour redescendre dans la salle commune, laissant Harry se remettre au travail.
Le brun, concentré dans ses études, n'entendit pas le claquement de talons sur la pierre ni la porte, que Justin avait fermée, grincer sur ses gonds.
- Alors voilà le dortoir des Poufsouffle. Salazar que c'est... édifiant.
Harry bondit et, dans un geste brusque, envoya ses affaires sur le sol, répandant au passage son encre. Drago Malefoy se tenait sur le seuil du dortoir. Le Poufsouffle se précipita hors du lit, baguette au poing même s'il savait que ça ne servirait à rien. Il avait arrêté les cours de Défense Contre les Forces du Mal depuis deux ans, au contraire de Malefoy.
- J'ai eu le mérite de me déplacer jusqu'ici, commença le blond, de demander à un crétin trouillard d'aller te chercher et j'ai dû, moi-même monter ici pour être accueilli aussi froidement. Je t'ai sauvé la vie et c'est comme ça que je suis remercié ?
- Qu'est-ce que tu veux ? ! Te venger parce que j'ai fait renvoyer tes amis ?
- Non, je veux que tu paies ta dette envers moi.
- Je te demande pardon ? balbutia Harry, surpris.
- Je t'ai sauvé la vie, tu as donc une dette de vie envers moi et je la réclame.
Harry sentit le sang déserter son visage à toute vitesse. Cette réclamation n'augurait rien de bon. Il n'avait jamais pensé à ce qu'il en ait contracté une. Mais, après réflexion, c'était logique. Malefoy lui avait sauvé la vie. Un lien s'était créé entre eux.
Il s'était renseigné, dans un but purement instructif, sur les dettes de vie. Tant qu'elle ne serait pas remboursée, le contractant et le contracté avaient un lien. Harry ne pourrait pas tenter de tuer Malefoy, sinon, il était condamné à mourir. Et il devrait faire son possible pour protéger le blond. Mais si le contractant demandait réclamation, Harry devait s'y soumettre. Et cette demande pouvait prendre toutes les formes, sauf le suicide.
- Tu la réclames sous quelle forme ? bégaya Harry sans avoir le choix.
- Je te veux toi, sourit Malefoy.
Un sourire qui fit frissonner de peur Harry qui ne put s'empêcher de reculer alors que l'autre avançait vers lui, contournant le lit. Le Poufsouffle brandit sa baguette entre les deux yeux de Malefoy qui ne quittait pas son sourire.
- Expelliarmus ! lança le Serpentard.
La baguette de son adversaire atterrit dans sa main tendue.
- Te voilà désarmé et à ma merci. C'est parfait. Tu vas m'écouter attentivement, Potty. Je te veux toi, et je t'aurai. Par n'importe quel moyen, tu seras à moi, que tu le veuilles ou non ! Dès demain, et jusqu'à la fin de l'année scolaire, tu agiras comme mon petit-ami.
Devant l'air abasourdi de Harry, Malefoy ricana.
- C'est une blague ? C'est ça ?
- Oh non, Potty. C'est très loin d'en être une.
- Pourquoi ? À quoi ça va te servir de faire de moi ton...
- Ça ne te regarde pas ! coupa le blond froidement.
Harry estimait que si, ça le regardait. C'était à lui que revenait la malchance de servir de petit-ami à Malefoy, on lui devait une explication. Et puis, il ignorait son orientation sexuelle. Les filles l'avaient attiré mais les garçons également. Il se pensait bisexuel mais n'avait jamais pu vraiment le savoir. Il n'avait eu personne dans sa vie, évitant et refusant toutes les demandes par peur que ça ne soit qu'un jeu ou un pari. Oui, il était paranoïaque, qui ne le serait pas après tout ce qu'il avait vécu ?
- Et si je refuse ? risqua-t-il.
Il se sentait l'âme d'un Gryffondor et se faisait peur de penser de la sorte. Il avait côtoyé des Gryffondor et pouvait affirmer que la plupart étaient un peu fous mais surtout, bien trop téméraires. À croire qu'aucun n'avait d'instinct de survie. Les Poufsouffle préféraient sans doute fuir devant le danger mais eux, au moins, avaient un instinct de survie.
Cela dit, les Serpentard aussi, fuyaient devant le danger mais ils étaient fourbes, avec un penchant machiavélique. Ce que les Poufsouffle n'avaient pas, pour la plupart. Qu'on se le dise, il y avait des roublards dans la maison des Sable-et-jaune (1), des personnes dignes de la maison Serpentard. Ils étaient juste trop gentils pour y aller.
- Si tu refuses, crois-moi, ma prochaine proposition sera pire et tu t'en voudras de ne pas avoir accepté.
Harry en convenait parfaitement. Malefoy était capable du pire.
Le brun couina quand son dos entra en contact avec le mur du dortoir. Il était acculé. Drago était face à lui, à quelques centimètres de lui.
Malefoy était beau, Harry ne pouvait le nier. Mais il n'avait pas le caractère qui allait avec. Et rien que pour ça, le jeune homme n'avait pas envie de sortir avec le blond.
- Alors ? Ta réponse ? exigea Drago.
- Je veux du temps pour y réfléchir.
- Tu as jusqu'à demain matin, consentit le blond. Si tu acceptes, tu seras présent dans la Grande Salle dès sept heures trente. À partir de là, nous verrons. En cas de refus, ton absence me le fera comprendre. Et attends-toi à quelque chose de bien moins attrayant que cette proposition.
Après un baiser appuyé sur les lèvres de sa proie, Drago quitta le dortoir des garçons de Septième Année de Poufsouffle avec un regard dégoûté, jetant au passage la baguette du brun sur un lit. Harry se laissa glisser contre le mur, en tremblant. Malefoy venait de lui prendre son premier baiser, et ce n'était pas par amour.
Il était piégé et ne voyait aucun moyen de se sortir de là.
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Pour la première fois depuis presque sept ans, Harry se présenta, au beau milieu de l'année, dans la Grande Salle. Il devait avouer qu'il n'était pas du tout rassuré. Il était là à cause de Malefoy. Il n'avait pas eu le choix. Il aurait pu refuser mais avait la trouille que le Serpentard exige de lui bien pire que ça. Et être le petit-ami du blond ne devait pas être si atroce que ça. Il n'y avait plus qu'à espérer.
Harry allait se diriger vers la table des Poufsouffle mais il vit Malefoy lui faire signe de venir en tapotant une place libre à ses côtés, à la table des Serpentard.
Par acquis de conscience, le brun regarda autour de lui afin de savoir si c'était bien à lui que Malefoy s'adressait. Mais il dût se rendre à l'évidence quand il entendit distinctement son nom s'élever au-dessus des conversations des autres.
Un pas après l'autre, il s'approcha de la table de Serpentard mais, une fois à la hauteur de son « petit-ami », il resta debout.
- Assieds-toi, ordonna Malefoy en tirant sur la main de Harry pour le faire obéir.
Le brun s'installa à contrecœur entre Drago et Théodore Nott mais ne toucha à rien. Il n'était pas bien ici. Il s'était habitué à manger seul et loin du bruit. Là, le vacarme et les odeurs le rendaient malade. Avaler quoique ce soit serait impossible et surtout pure folie – qui sait ce qu'il pouvait retrouver dans son petit-déjeuner. Il préférait rester prudent, plus encore alors qu'il ignorait tout des véritables intentions de son « petit-ami ». Et puis, il n'allait pas rester très longtemps, son repas l'attendait dans les cuisines, il était hors de question qu'il mange autre part.
- Mange, ordonna de nouveau Malefoy en poussant vers lui un toast sur une assiette.
Rien que la vue lui donna la nausée.
- Pas faim, souffla Harry. Maintenant que tu as vu que j'acceptais ta proposition, je m'en vais, fit-il en se relevant du banc avant d'être retenu par Drago.
- Tu ne vas nulle part, tu restes ici jusqu'à ce que je décide qu'il est l'heure de partir.
Harry s'arracha à la poigne du blond, délaissa la table des Serpentard et quitta la Grande Salle à grandes enjambées. Petit-ami, oui parce qu'il n'avait pas le choix, larbin, Malefoy se trompait complètement. Le brun était peut-être un Poufsouffle, mais il avait appris à vivre et à se débrouiller seul. Il n'avait besoin de personne et encore moins de recevoir des ordres de la part de la personne qui avait fait de sa vie un enfer !
Le jeune homme, une fois dehors, courut dans les cuisines et s'écroula à une table. Des elfes de maison le servirent diligemment. Ils le connaissaient bien et lui servaient ce qu'il aimait. En voyant le bol de chocolat fumant et l'assiette pleine de pain et de viennoiseries, Harry entendit son ventre grogner. L'appétit était revenu avec force.
Il dévora ce qu'il avait sous les yeux après avoir remercié les elfes et alla jusqu'à se lécher les doigts. Le petit-déjeuner était le meilleur repas de la journée.
Regonflé à bloc, il se leva, décidé à affronter cette journée. Il avait une bonne heure avant que les cours ne commencent. Autant récupérer ses affaires dans son dortoir et aller à la bibliothèque pour y travailler, là au moins, il était certain que personne ne le dérangerait. Madame Pince, la bibliothécaire, était intransigeante : au moindre bruit, elle expulsait l'indésirable.
Il était huit heures lorsqu'il passa les portes de l'antre d'Irma Pince. Il ferma les yeux et huma profondément. L'odeur des vieux livres lui parvint. Rapidement, il fila vers une travée et s'installa à une table, dans un coin où personne n'allait jamais. C'était sa table et elle était parfaite. De là, il était invisible. Seule Madame Pince savait où chercher lorsque venait l'heure de la fermeture. Elle l'avait délogé plus souvent qu'à son tour. Moins de deux minutes plus tard, il était penché sur un devoir d'Histoire de la Magie qu'il avait commencé la veille et que la visite impromptue de Malefoy l'avait empêché de finir.
Malefoy. Harry ne savait pas quoi penser de cette proposition. Il avait la sensation désagréable que ce n'était qu'une stupide blague de plus, un autre moyen de l'humilier. Ce ne pouvait être que ça. Pourtant, pour le brun, ça n'avait pas de sens. Il n'éprouvait aucun sentiment pour le Serpentard, celui-ci ne pouvait donc pas le larguer devant tout le monde et le rabaisser plus bas que terre. Sauf si...
- Sauf s'il s'attend à ce que je tombe amoureux de lui, fit Harry à haute voix.
Ce qui ne risquait pas d'arriver, et encore moins maintenant que Harry pensait avoir déjoué les intentions de Malefoy.
Satisfait d'avoir résolu l'énigme qui le taraudait depuis la veille, Harry se remit à travailler. L'heure s'écoula assez rapidement et il fut temps d'aller en cours. Le jeune homme rangea ses affaires et quitta la bibliothèque afin de rejoindre son cours de Soins aux créatures Magiques. Cette matière ne l'intéressait pas, il l'avait prise parce qu'il n'y avait aucun Serpentard. À vrai dire, le choix de chacun de ses cours était basé sur ça, la présence ou non d'un Vert-et-argent. Il n'avait aucune idée d'avenir et s'en fichait. Tout ce qu'il voulait, c'était obtenir ses ASPICs et partir d'ici pour recommencer une nouvelle vie.
Lors de l'entretien en novembre avec Madame Chourave, il avait menti. Il avait dit vouloir devenir historien. Mais il n'en était rien. Il ne savait pas quoi faire de sa vie, contrairement aux autres. Rien ne le tentait et il se disait qu'il aviserait une fois l'année finie.
Il lui restait six mois à survivre. Après, il pourrait enfin vivre.
Harry avait réussi à éviter Drago une bonne partie de la journée mais son « petit-ami » parvint à le retrouver un peu avant le dîner, alors que le brun allait fuir, comme tous les soirs, dans sa salle commune.
Le Serpentard le rattrapa par le bras et l'entraîna à l'écart avant de le pousser contre un mur.
- Tu as réussi à me fuir mais tu vas quand même écouter ce que j'ai à dire, commença Drago. On sort ensemble...
- Non, nous deux, c'est un simulacre de relation, une parodie. Tu me détestes et je te méprise. Tu m'as laissé le choix entre ça et autre chose de pire. J'ai pris ça parce que je sais que l'autre solution me plaira encore moins. Tu es mon petit-ami mais on ne sort pas ensemble.
- L'un ne va pas sans l'autre Potty.
- Si. Pas de bisous, pas de sorties...
- Tais-toi, Potter. Les termes du contrat, c'est à moi de les fixer et non à toi. Alors tu vas te taire et m'écouter avec attention. Je t'ai dit hier que je voulais que tu agisses comme mon petit-ami, et donc que nous fassions tout ce que font les couples. C'est à dire sortir, s'embrasser, se tenir la main, et cetera, et cetera. Et tu vas le faire, parce que ça fait partie de ma réclamation de dette de vie et qu'en venant ce matin, tu as signé le contrat qui nous lie tous les deux. Que tu le veuilles ou non, Potty, tu es à moi.
- Jusqu'à la fin de l'année scolaire, ajouta Harry qui éprouvait une furieuse envie de hurler, mélangée à une envie de pleurer et de vomir.
- C'est ça, répliqua Drago sombrement. Jusqu'à la fin de l'année scolaire. Ça veut dire que nous sortons ensemble jusqu'à la remise de la coupe des Quatre Maisons. Maintenant, comme tout bon petit-ami, je vais te raccompagner à ta salle commune.
D'autorité, il lui prit la main et l'entraîna à sa suite jusqu'à la salle commune des Blaireaux. Ils marchèrent en silence. Harry ne chercha pas à se défaire de la main de Drago dans la sienne, bien que le contact le dégoûtât.
Une fois arrivé, le « couple » se sépara mais Drago ne partit pas. Il poussa doucement Harry contre un mur et l'embrassa, comme la veille. Le brun n'eut aucune réaction et dut se faire violence pour ne pas repousser le blond.
- La prochaine fois, je veux un vrai baiser, Potty, exigea Malefoy en se reculant. Pas ce que tu me donnes.
Harry se retint de répondre qu'il n'avait pas envie de faire le moindre effort et que cette forme de baiser serait la seule que Malefoy obtiendrait. Le Poufsouffle se demanda soudain s'il était vraiment bisexuel. Être embrassé par un garçon n'aurait pas dû le dégoûter. Ou alors c'était Malefoy le problème. Ou bien, il était hétéro.
Il rejeta cette dernière hypothèse, un hétéro n'aurait jamais accepté une telle proposition. Du moins, de son point de vue.
Harry ne mit guère de temps avant de découvrir ce qu'entendait Malefoy par « vrai baiser ». Il ne s'était pas attendu à ce que son « petit-ami » lui roule une pelle et lui, pauvre victime, n'avait rien pu faire à part laisser le blond diriger. Drago l'avait embrassé comme les deux premières mais, cette fois-ci, il avait fait en sorte que le Poufsouffle ouvre la bouche d'une manière fourbe. Il lui avait mis la main aux fesses et lui, il était tombé dans le piège. Résultat, il s'était retrouvé avec la langue du Serpentard dans la bouche et l'impression d'étouffer. Il avait vivement repoussé son « prétendant » qui avait esquissé un sourire que Harry jugeait moqueur.
- On dirait que tu n'as jamais été embrassé.
Le brun se contenta de le fusiller du regard. Drago était la première personne à l'avoir fait. Était-ce de sa faute si Malefoy était responsable de son absence de vie sentimentale ? C'était sûr, demain, tout le collège saurait.
- Oh, sourit le blond.
À croire que ça lui plaisait.
- Alors comme ça, Harry Potter n'a jamais été embrassé avant moi ?
- Ça a l'air de te surprendre.
- Assez. J'ignorais que tu étais si prude.
- Bonne journée, Malefoy, cracha Harry en se dégageant.
Il était prude, peut-être mais était-ce de sa faute ? Malefoy avait toujours tout fait pour que sa vie sociale soit inexistante à Poudlard et Dudley avait fait de même chez son oncle et sa tante.
Il avait hâte que l'année scolaire soit finie.
Dans sa course effrénée, il en profita pour se calmer et tenter d'oublier ce qu'il venait de se passer. Ce n'était qu'une humiliation de plus. Rien qu'une humiliation.
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Harry dût se rendre à l'évidence, sortir avec Drago Malefoy avait des avantages : personne ne venait l'embêter. Les Serpentard ne l'accueillaient pas à bras ouverts mais ils ne montraient aucun comportement haineux alors qu'ils auraient pu. Après tout, il avait fait virer trois de leurs camarades, lui en vouloir aurait été normal.
Mais c'étaient bien les seuls avantages qu'il voyait. Le reste n'était qu'obligation. Drago lui imposait certaines choses et, lorsqu'il tentait de refuser, son « petit-ami » lui rappelait le contrat passé.
Harry avait néanmoins réussi à refuser tout contact physique autre que les baisers et se prendre la main. Certes, il sentait souvent les mains de Drago se perdre sur ses fesses ou dans ses cheveux mais ça n'allait pas plus loin. Surtout lorsqu'il plantait ses ongles dans la chair, écoutant avec plaisir le couinement de douleur de son « petit-ami ».
Oui, il était prude et ça semblait bien amuser Malefoy mais Harry refusait tout autre contact. S'il avait refusé de sortir avec des filles ou des garçons, il n'avait pas non plus expérimenté l'acte sexuel. Il faut dire aussi qu'il n'avait pas pu, avec les Serpentard qui le surveillaient constamment, prêts à tabasser quiconque s'approcherait de lui. C'était quelque chose qui l'effrayait. Il n'y connaissait rien de plus que ce qu'il en avait lu et ses lectures l'avaient inquiété.
Et puis, coucher pour coucher sans le moindre sentiment, il n'était pas certain d'apprécier. Il n'avait pas envie d'être utilisé puis jeté. Il se refusait à s'abaisser à ça avec Drago, même pour faire cesser les moqueries incessantes dont il était l'objet. Sa sexualité, il la gérait comme il le voulait, pas pour faire comme tout le monde. Que son « petit-ami » soit déjà passé sur ou sous plusieurs personnes, Harry s'en fichait complètement. Il n'était question qu'il fasse de même.
Drago lui imposait aussi de manger chaque repas dans la Grande Salle, à la table des Serpentard. Harry picorait, et fuyait dès que l'occasion se présentait, filant dans les cuisines pour se restaurer rapidement ou sautant le repas quand il n'avait pas le temps.
Il devait également accompagner Drago à chaque instant. Ce dernier le raccompagnait tous les soirs jusqu'à sa salle commune et le gratifiait d'un baiser que Harry aurait pu qualifier de langoureux si tout ça n'avait pas été une supercherie.
Le soir, le brun se couchait en espérant presque que tout revienne à la normale. Le comportement de Drago l'inquiétait un peu, il le trouvait trop bon acteur. Harry, lui, ne jouait pas. Il n'aimait pas le blond et le montrait. Son « petit-ami », au contraire, faisait semblant de l'aimer, le Poufsouffle le savait car Malefoy l'appelait sans cesse Potty. Et un couple ne s'appelait pas par son nom de famille, encore moins quand on aimait l'autre. Là, jamais de Harry, c'était juste Potty, Potter ou plus rarement, Harry Potter.
Heureusement, il n'y avait pas de « je t'aime » car Harry aurait fui.
Il comptait les jours, maudissant Merlin de lui avoir accordé cette vie pourrie.
Quand avril arriva enfin, Harry se plongea à corps perdu dans ses révisions d'ASPICs, délaissant Drago avec joie, celui-ci préférant travailler de son côté. Leur relation ne s'était pas améliorée, le Poufsouffle se laissait embrasser sans bouger ni approfondir par lui-même. Il n'avait guère d'autre choix que de se plier aux exigences de son « compagnon » et le faisait sans rechigner, en espérant que son attitude placide d'automate ferait changer Drago d'avis. Mais jusque là, ça n'avait pas fonctionné. Au contraire, le blond lui en demandait toujours plus et semblait s'attacher à lui, même si, pour Harry, ce n'était qu'une façade.
Harry refusait toujours le moindre contact s'il le jugeait d'ordre sexuel. Il ne voulait pas coucher – car il ne ferait indubitablement pas l'amour – avec Malefoy qui ne cessait de le pousser pour obtenir le contraire.
Une chance, Drago n'avait pas réussi à le convaincre de passer ses nuits dans le dortoir des Serpentard et encore moins dans celui des Poufsouffle. Harry avait été ferme, chacun chez soi et ce, peu importe que son « petit-ami » ne soit pas d'accord.
- Demain, nous allons à Pré-au-Lard, fit Drago au beau milieu d'une conversation qui portait sur un cours. J'ai besoin de prendre l'air.
Harry s'abstint de répondre. Avec un peu de chance, Drago oublierait sa présence et ne l'obligerait pas à venir. Car, non Malefoy ne proposait pas, il obligeait.
- Potty, tu viens. Avec tes révisions, je n'ai pas pu avoir une journée avec toi.
C'était avec ce genre de phrase, que Harry était perdu. D'un côté, Malefoy avait été autoritaire et, de l'autre, il donnait l'impression que le brun était important pour lui. Le Poufsouffle secoua mentalement la tête. Il n'allait pas tomber dans un piège aussi gros et se refusait à écouter la petite voix dans sa tête qui ne cessait de lui souffler que le Serpentard était peut-être honnête.
Le jour de la sortie tant attendue par les élèves et tant redoutée par Harry, Drago ne lâcha pas la main de son « petit-ami » et le traîna partout à travers le village sorcier. Ce n'était pas bien grand mais Harry eut la désagréable impression de passer son temps à courir partout. Si Malefoy dévalisa les magasins, lui n'eut pas le temps d'acheter ne serait-ce que la moindre confiserie.
Depuis sa Troisième Année, il n'avait pas eu souvent l'occasion d'aller à Pré-au-Lard, ça devait se compter sur les doigts d'une main, et en général, il n'en profitait pas vraiment. Là, alors qu'il aurait pu savourer cette sortie, son « compagnon » l'en empêchait. Il avait beau tenter de le faire ralentir, ça ne faisait qu'empirer.
Ce fut vers seize heures, alors que le temps commençait doucement à se rafraîchir – le soleil avait été radieux et il avait fait chaud pour le mois d'avril – que Drago s'arrêta enfin, au grand soulagement de Harry qui s'écroula sans la moindre grâce par terre.
- Relève-toi, c'est inconvenant, ordonna Drago. Et nous avons encore des choses à faire.
- Sans moi. Je ne bouge plus.
Mais Malefoy ne l'entendit pas de cette oreille. Il força Harry à se relever malgré ses protestations et ses tentatives de s'arracher à l'étreinte douloureuse de son « petit-ami ». Le brun ne put que suivre le blond qui refusait de le lâcher. Harry avait cessé de se débattre lorsqu'il s'aperçut qu'ils rentraient enfin au château. Dans quelques minutes, il allait pouvoir retourner à sa salle commune et aller se coucher après une bonne douche. Cette journée l'avait épuisé. Il ne sentait plus ses pieds.
Arrivé devant les grilles du château, Harry allait filer vers les portes, prévoyant d'aller s'enfermer dans son lit. Mais, encore une fois, Drago en décida autrement. Il entraîna le brun à sa suite dans le parc malgré les protestations du Poufsouffle.
Harry l'écouta parler de tout et de rien, pendant que lui-même ruminait ses pensées. Il ne digérait pas le fait de ne pas avoir pu se promener comme bon lui semblait et d'avoir été obligé de suivre le Serpentard sans avoir son mot à dire. Ça aurait pu passer si Malefoy n'avait pas cessé de lui parler de ses récents achats. Des babioles sans aucun intérêt pour le brun mais qui semblaient attirer le blond comme un aimant.
Il tint une heure avant de faire demi-tour et de prendre la direction du château. Mais il fut retenu par Malefoy.
- Tu manges avec moi ce soir, ordonna-t-il.
Harry n'en avait aucune envie et il ne manqua pas de le faire comprendre.
- Non. Je suis crevé et je n'ai pas faim.
Et il se détourna sans laisser au Serpentard, le temps de répliquer quoique ce soit.
Harry s'écroula sur son lit après une bonne douche bien chaude et s'endormit rapidement après avoir fermé les rideaux et lancé les divers sorts de protection sur les tentures.
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Ce qui sonna le glas de leur relation arriva à la fin du mois d'avril.
Leur couple, aussi factice soit-il, tenait et beaucoup les pensaient amoureux l'un de l'autre. Harry avait commencé à confier ce qu'il ressentait sans trop en dire, et à apprécier cette relation étrange. Il aimait bien lorsque Drago l'embrassait.
Il avait l'impression de tomber peu à peu amoureux du blond mais une partie de lui le refusait en bloc, ne cessant de lui répéter qu'il ne fallait pas et qu'il allait en souffrir. Alors il s'obligeait à repenser à tout ce que Malefoy lui avait fait.
Harry se refusait toujours à Drago. Il était toujours puceau mais n'avait aucune envie de sauter le pas et de souffrir par la suite. Il était certain que le blond attendait qu'il se donne avant de le laisser tomber.
Pourtant, les tentatives avaient été nombreuses. Mais jamais Harry n'avait cédé. Il n'avait jamais cessé de repenser à toutes ces humiliations qu'il avait subies à cause du blond. Ça l'aidait à tenir et à ne pas craquer.
Mais, jamais il ne fut préparé à la suite.
C'était un dimanche, le dernier du mois d'avril. Harry était descendu pour aller à la bibliothèque, ouverte tous les jours de l'année. Il longea un long couloir, le plus dangereux car il y avait des alcôves qui pouvaient cacher un agresseur. Il le savait, il l'avait déjà expérimenté. On lui était tombé dessus un jour, en Quatrième Année, par surprise et on l'avait tabassé, le laissant dans le couloir, étendu en train de pleurer. Depuis, il faisait attention.
Aujourd'hui, le couloir était désert, comme généralement le week-end et surtout le dimanche. Mais Harry perçut des gémissements et des halètements.
Les sourcils froncés et la main crispée sur sa baguette cachée dans la poche de sa robe, Harry s'approcha à pas de loup jusqu'à l'alcôve d'où provenait le bruit et se figea.
Là, sous ses yeux, Malefoy était en train de s'envoyer en l'air avec une fille qui poussait de petits couinements excités. Une blonde de Sixième Année, à la poitrine généreuse, que tous les garçons ou presque, rêvaient de se faire. Harry ignorait son nom et s'en moquait éperdument. Tout ce qu'il voyait c'était que son « petit-ami » se tapait une autre fille.
Il aurait dû savoir que Malefoy irait voir ailleurs s'il n'était pas sexuellement satisfait, et ce n'était pas Harry qui le satisferait. Mais jamais il n'aurait pensé que le blond irait voir une fille alors qu'il sortait, même s'il ne s'agissait que d'un simulacre, avec un garçon.
Harry ne savait pas, en voyant la scène sans pouvoir bouger, ce qui l'écœurait le plus. À vrai dire, il ne savait pas s'il était écœuré ou choqué. Voir Drago, une personne qu'il commençait à apprécier, le tromper. Ou alors, voir que le blond le trompait avec une fille.
Il eut l'impression d'avoir été trahi. C'était stupide. Drago avait été clair, il le voulait mais il n'avait jamais été question de sentiments. Harry en était persuadé. Ils n'avaient fait que jouer au petit couple. Un simple jeu.
Alors pourquoi Harry sentit son cœur se serrer à la vision de son « compagnon » et de cette blonde à forte poitrine qui se faisait culbuter au beau milieu d'un couloir ? Pourquoi Harry eut l'impression que Malefoy s'était totalement fichu de lui depuis le début ?
Encore une fois, Harry avait été publiquement humilié. Il s'était fait avoir. Enfin, ce n'était pas comme s'il ne l'avait pas su dès le départ. Mais ça faisait mal de le découvrir. Une partie de lui avait espéré que le Serpentard tienne un peu à lui. Juste un peu. Que sa proposition cache des sentiments et non une simple envie de jouer.
Humilié, blessé et dégoûté, Harry reprit sa route vers la bibliothèque. Il aurait bien voulu faire demi-tour et courir hurler dans le parc mais il préféra noyer sa peine dans les livres.
Il se fit la promesse que plus jamais Malefoy ne l'atteindrait. Le jeu était fini, que le blond le veuille ou non. Harry reprendrait sa vie d'invisible au sein de l'école. Il ne lui restait que deux mois à tenir et après... il disparaîtrait définitivement du monde sorcier.
Maintenant, le plus dur serait de feindre de ne rien savoir, de fermer son cœur et ses sentiments. Comme avant. Il ne se ferait plus avoir et Malefoy ne le toucherait plus, pas même pour l'embrasser. Il ne l'approcherait plus jamais.
Il allait reprendre ses habitudes et oublier ces quatre mois.
Mais c'était sans compter sur l'acharnement du blond qui n'était pas prêt à rompre le contrat. Le pire fut sans doute lorsque, le soir même, Malefoy lui prit la main dans la grande Salle – Harry n'avait pas eu d'autre choix que d'accompagner son « petit-ami » malgré son envie de fuir loin du Serpentard. La vision cauchemardesque qu'il avait eue dans ce couloir lui revint en mémoire et, au lieu de se sentir blessé et humilié, il sentit la rage s'insinuer dans ses veines.
Il était furieux contre lui-même d'avoir cru un instant qu'on puisse l'aimer et furieux contre Malefoy qui avait osé lui proposé ce contrat.
D'un geste rageur, le brun repoussa brutalement la main et se leva, jetant sa serviette dans son assiette. Il vit à peine les cruches trembler et les couverts se soulever pour retomber brutalement sur la table au moment où il passait les portes de la Grande Salle. Il ne vit pas le regard étonné de son « petit-ami ».
Pour qui se prenait Drago ? Il couchait avec une fille et osait se montrer affectueux avec Harry. Comme s'il ne s'était rien passé.
D'accord, tout ça n'était qu'une vaste blague mais Harry, lui, n'allait pas voir autre part si l'herbe était plus verte. Même si leur relation était fausse, le brun était fidèle.
Une petite voix, celle de la raison, souffla à Harry que rien n'avait été signé entre eux. Aucune clause de fidélité. Malefoy pouvait aller voir qui il voulait et le brun n'avait rien à dire. Et puis le blond ne lui avait jamais dit qu'il l'aimait ni même qu'il l'appréciait. Tout avait été clair entre eux.
À cette pensée, la colère de Harry disparut. Il s'arrêta au beau milieu d'un couloir, abattu. Il ferma les yeux un instant et ses épaules s'affaissèrent.
- Harry ? souffla une voix féminine.
Dans son dos venait d'apparaître le professeur Chourave.
- Viens avec moi.
Sans un mot, il suivit sa directrice de maison jusqu'aux serres et s'installa au bureau tandis que la femme préparait un peu de thé.
- Tiens, fit-elle en lui tendant une tasse de thé fumant et parfumé.
- Merci Professeur.
Elle s'installa à son bureau et but une gorgée, imitée par Harry. C'était bon et chaud. Presque réconfortant.
- Que t'arrive-t-il ?
- Tout va bien, Madame.
- Harry, tu sais comme moi que tout ne va pas bien. Tu veux faire croire ça à qui ? Les élèves ? Peut-être. Mais pas aux professeurs. Et surtout pas à moi !
Le jeune homme se renfrogna. Il n'avait pas envie de parler à qui que ce soit. Il était méfiant envers tout le monde.
- Tu ne peux pas tout garder pour toi. Il y a certaines choses qui doivent sortir. Tu dois parler avec quelqu'un, Harry.
- Et à qui ? ! Je n'ai aucun ami ici !
- Tu peux te confier à moi, Harry. Tout ce qui est ici est confidentiel. Personne ne le saura sauf toi et moi. Tu en as besoin.
Le professeur Chourave avait toujours été là pour lui. C'était la seule personne à lui avoir ouvert son bureau pour parler. Il n'en avait profité qu'une seule fois, au début de l'année.
Le regard maternel de sa directrice de maison fit soupirer Harry. Il n'avait pas envie de parler mais il sentait qu'il avait besoin de se confier. Et elle était la seule personne en qui il avait confiance.
- Je...
Il s'arrêta. Il ne s'était jamais confié, à personne. Il ne savait pas comment faire. C'était stupide mais il ne savait pas quoi dire. Et puis jusqu'à maintenant, personne ne s'était vraiment intéressé à lui, à ce qu'il pensait.
- Je vais bien madame, mentit-il.
Sa scolarité était presque finie. Il allait la finir comme il l'avait commencée, seul.
Le professeur Chourave le regarda intensément durant quelques secondes pendant lesquelles Harry détourna le regard.
- Je peux partir ? s'enquit le jeune homme.
Elle hocha la tête dans un soupir et Harry se leva. Elle ne pouvait pas le retenir s'il préférait garder le silence. Elle ne pouvait pas le contraindre à parler car elle savait par expérience que ça ne mènerait à rien.
Le brun retourna au château. Le dîner n'était pas encore fini, les couloirs étaient donc déserts. Harry put retourner dans sa salle commune sans encombre. Elle était déserte, il en aurait bien profité mais il savait que le repas n'allait pas tarder à s'achever. Il n'aurait été seul que quelques minutes. Il monta donc dans son dortoir et s'enfermer dans son lit après une bonne douche. Il jeta les habituels sorts de protection et se coucha, baguette allumée, le nez plongé dans ses cours. Les ASPICs approchaient à grand pas et il n'était pas du tout prêt.
Il allait passer dans quelques semaines ses ASPICs de Botanique, d'Histoire de la Magie, de Divination, d'Étude des Moldus et d'Astronomie.
Il savait qu'avec ces matières il n'arriverait à rien, mais il s'en moquait. Il comptait changer d'identité et donc s'inventer une nouvelle vie. Tout ce qu'il avait vécu avant ne serait plus rien.
Les professeurs avaient tenté de l'empêcher de choisir ces matières mais, sans succès. Il s'était montré têtu. Il ne voulait aucun Serpentard dans sa classe et c'étaient les seuls cours où personne n'irait l'embêter. Il avait menacé de partir si on ne le laissait pas faire ce qu'il avait voulu. Dumbledore avait réfuté, arguant une fois de plus que de toute manière, sans le consentement des Dursley, Harry ne pourrait pas quitter l'école.
Pomona était intervenue en la faveur de son élève, de même que Minerva McGonagall et le directeur avait abondé dans leur sens, à la grande surprise de Harry qui s'était attendu à plus de résistance du vieil homme qu'il savait fin manipulateur. Mais le brun ne s'était pas posé plus de questions. Il avait les matières qu'il voulait, c'était le principal.
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Les ASPICs arrivèrent rapidement. Harry les passa sans grande difficulté. Il avait passé son temps à réviser quand il n'était pas en cours ou dans les cuisines. Durant ce temps, il avait peu dormi.
L'Histoire de la Magie fut plus ardue que le reste, il avait eu du mal à se souvenir des noms de certains gobelins et de certaines dates importantes. Mais, dans l'ensemble, il estimait avoir assez bien réussi. De toute manière, ça ne l'importait que peu. Avec ou sans ses ASPICs, il serait une autre personne, son diplôme ne lui servirait à rien.
Dès le lendemain des examens, il obtint un rendez-vous à la banque sorcière. Il avait attendu cette réponse impatiemment, depuis qu'il avait envoyé un courrier au directeur de la banque entre deux révisions. Il allait pouvoir faire ce qu'il avait à faire. Il ne lui restait plus que quelques jours à tenir et, dès le jour du départ, à la sortie du train, il quitterait à jamais – ou le plus longtemps possible – Londres et le monde sorcier. Il avait une vague idée de sa destination.
Pour le moment, il devait se rendre à Gringotts. Il en avait avisé Madame Chourave qui l'avait envoyé vers le directeur. C'était ce dernier qui pouvait le laisser sortir hors de l'école ou non. Harry lui avait éhontément menti en arguant une histoire de comptes bancaires. Dans un sens, il avait dit la vérité, une partie.
Étonnement, le vieil homme le laissa partir sans poser de questions mais Harry se doutait que le directeur soit au courant de quelque chose. Peut-être que les gobelins l'avaient avisé du véritable motif de sa venue, bien qu'ils n'en sachent pas grand-chose, Harry ayant été assez évasif dans sa lettre de demande de rendez-vous.
Samedi matin, il prit un peu de poudre de Cheminette et s'engouffra dans la cheminée du bureau directorial. Quelques instants plus tard, il s'étala de tout son long sur le marbre noir au beau milieu de la salle des arrivées de la banque. Il détestait cette façon de voyager, à défaut de ne pas savoir s'y prendre.
Il se releva tant bien que mal, épousseta ses vêtements et se dirigea vers un guichet vide.
- J'ai rendez-vous avec Ragnok Pattes-de-poule, fit-il en montrant sa lettre lorsque le gobelin s'intéressa à lui.
- Gripsec va vous mener à Ragnok, fut la seule réponse qu'il obtint.
Déjà il entendit les talons des chaussures à boucles d'un gobelin résonner à son oreille et il vit une de ces créatures s'approcher et lui faire signe de le suivre.
Ils déambulèrent quelques minutes en silence à travers la banque et s'arrêtèrent devant une immense porte dorée et aux fines gravures absolument superbes, du point de vue de Harry.
- Monsieur Potter, commença le directeur de l'établissement lorsque Harry fut entré et installé dans un grand fauteuil de style empire à l'assise et au dossier d'un beau rouge bordeaux. Que me vaut l'honneur de votre visite.
- Je souhaite avant tout que cette conversation reste totalement confidentielle. Personne ne doit être au courant, pas même Dumbledore.
Le sourire de Ragnok dévoila des petites dents pointues. Harry frissonna.
- Ce qui se passe entre nous et nos clients reste entre les murs de cette banque. Tout reste confidentiel. Pouvons-nous aller à l'essentiel ?
Deux heures plus tard, Harry était de retour à Poudlard. Il s'étala sur le tapis du directeur à son arrivée par la cheminée, en plus de mettre plein de cendres partout.
Dumbledore lui demanda des explications que Harry refusa de lui donner et il le congédia.
Sur le chemin de sa salle commune, Harry tomba nez à nez avec Drago. Depuis l'incident du couloir, le brun avait fait en sorte d'éviter son « petit-ami » et y était parvenu avec brio. Jusqu'à aujourd'hui.
- Mon chéri, s'exclama Malefoy en le voyant arriver.
Harry esquissa un demi-tour mais fut rattrapé avant par le blond qui l'embrassa, presque ravi de le voir. Ce n'était qu'une illusion, le Poufsouffle le savait. Il ne cessait de voir dans son esprit cette scène édifiante de Drago en train de sauter une blondasse. Il l'avait revu cette fille, elle se pavanait dans les couloirs avec un petit sourire satisfait, alpaguant le Serpentard jusqu'à ce qu'il la remette à sa place publiquement. Ce jour-là, Harry avait souri.
Il n'empêche, il refusait de rester avec son « petit-ami ». Pour lui, tout était fini. Il avait blindé son cœur et ne ressentit plus rien, pas la moindre émotion pour Malefoy, à part du mépris. Comme avant.
- Tu vas où comme ça ?
- J'ai...
Du travail, pensa-t-il avant de réaliser que l'année était finie et qu'il n'avait plus rien à faire pour les dix prochains jours. Maintenant, il ne pourrait plus éviter Malefoy comme il l'aurait voulu. Où était Merlin quand on avait besoin de lui ?
- C'est l'heure de déjeuner, annonça Malefoy en l'entraînant à sa suite.
Harry serra les dents. Non, tout ça n'était qu'un jeu pour le blond. Rien d'autre qu'un jeu. Le Poufsouffle n'allait pas se faire avoir une autre fois.
Il joua lui-même son rôle de « petit-ami » à la perfection, décrochant des sourires factices et répondant aux baisers de Malefoy. S'il avait été acteur, il aurait sans doute eu un Oscar. Il fut, par la suite, obligé de rester toute l'après-midi avec le blond qui prétexta qu'ils n'avaient pas pu passer beaucoup de temps ensemble depuis quelques semaines. Harry ne dit rien. Il n'ouvrit pas la bouche, pas même pour répondre aux questions du Serpentard.
- Bon, c'est quoi le problème ? s'impatienta Drago après un énième silence buté de la part de Harry.
Ce dernier se contenta de hausser les épaules et de continuer à marcher.
- POTTY !
Ce surnom débile ne l'encouragea pas à s'arrêter, au contraire. Mais il fut bien vite arrêté par Malefoy qui le retint par le bras.
- Potter !
Vaincu, Harry soupira fortement.
- Un problème ? demanda-t-il calmement.
- Oui, en effet. Tu disparais pendant des jours alors que le contrat stipule que tu dois être avec moi et, quand on peut enfin être ensemble, tu fais comme si je n'existais pas !
Le contrat stipulait qu'ils devaient être ensemble ? Oui, c'est vrai mais pas à toute heure de la journée. Si ? Ou bien Harry n'avait pas compris.
- Je regrette que Son illustre Altesse se soit sentie délaissée mais, contrairement à ce que tu insinues, j'ai le droit à ma liberté ! Et rien ne m'oblige à parler ! Si ton seul désir est de te promener, emmène un de tes amis et fiche-moi la paix ! Bonne journée !
Et il s'en alla vers le château, laissant derrière lui Drago étonné. Harry s'installa à la bibliothèque, déserte à cette période de l'année, et entama un nouveau livre en se moquant totalement du contenu. Il découvrit qu'il s'agissait de l'Histoire de Poudlard. Ses pensées dérivèrent à sa Première Année. Il se souvint nettement de Hermione Granger, une fillette Née-Moldue, racontant tout ce qu'elle savait le soir de la Répartition, faisant peur à tous les Première Année autour, Harry compris.
Depuis sept ans, il n'avait jamais ouvert ce livre et voilà que, quelques jours avant son départ définitif de cette école, il allait le lire.
Il passa le reste de son après-midi plongé dans sa lecture, oubliant Malefoy et ses soucis. Il ne leva la tête que parce qu'un imbécile referma le lourd volume, lui écrasant les doigts au passage.
- On va manger, grommela Malefoy à voix basse.
Harry retint un gémissement de douleur et de dépit. Le blond avait vraiment décidé de lui pourrir la fin de sa scolarité.
- Je t'ai cherché à travers tout le château, grogna le blond. Alors tu viens.
- Je n'ai pas faim.
- Potter, ramène tes fesses ou je t'assure que tu ne vas pas aimer !
Contraint et forcé, Harry retira ses doigts maltraités du livre et se leva. Il n'avait pas du tout envie d'imaginer ce que Malefoy pouvait avoir en tête. Drago l'entraîna à sa suite à travers la bibliothèque sous le regard glacial de l'irascible Madame Pince.
Le dîner fut à l'image du déjeuner, lourd, silencieux et tendu. Harry ne décrocha pas un mot, n'ouvrant la bouche que pour picorer.
Alors qu'il allait se lever pour quitter la table, il fut, une nouvelle fois, arrêté par Drago qui se leva à son tour. Ne pouvait-il pas le laisser tranquille ? Était-ce trop demander ? Apparemment oui puisque, d'autorité, il lui prit la main et l'emmena à travers le château. Ils traversèrent en silence des couloirs que Harry n'avait jamais vu et puis, après ce qui lui sembla être des heures, ils s'arrêtèrent. Le Poufsouffle se demandait bien dans quelle partie de l'école ils étaient. Ils avaient fait tellement de tours et de détours qu'il n'avait pas suivi.
- Qu'est-ce qu'on fait là ? demanda Harry, nerveux au possible.
- Il parle, c'est un miracle, s'écria Drago moqueur.
- Bonne soirée, répliqua Harry en faisant mine de rebrousser chemin.
Il n'avait rien demandé, encore moins à être ici, il n'allait donc pas se faire insulter sans rien faire.
- Reste ici, imbécile, soupira Drago. Tu risques de te perdre. Écoute, fit-il en voyant Harry faire fi de ses recommandations, j'ai juste envie de rester seul avec toi.
Harry se figea et son cœur s'arrêta brutalement avant de repartir à toute vitesse. Mais pourquoi cette simple phrase le mettait dans cet état ? Il s'était juré de ne plus rien ressentir face à Drago mais à l'évidence, son cœur et sa raison étaient deux choses différentes qui faisaient le contraire l'une de l'autre.
- On n'est pas un couple, Malefoy. Nous le savons tous les deux et tout le monde le sait aussi. À quoi ça sert de faire semblant, même ici ?
- Tu... tu n'as rien compris ?
- Comprendre quoi ? interrogea le jeune homme soudain perdu.
Mais Drago ne répondit pas. Harry eut la surprise de voir le regard gris de son « petit-ami » se voiler.
- Tu as rempli ta dette, souffla le blond avant de se détourner, laissant un Harry perdu.
Le soir-même, sans comprendre pourquoi ni comment, Harry trouva sur son lit un paquet. En l'ouvrant, il découvrit sa cape d'invisibilité qu'il avait perdue depuis des années. Il fut presque stupéfait de l'avoir entre les mains.
Il chercha un indice sur l'identité du voleur mais, à part le papier qui ne lui apportait aucune information, il n'avait rien.
En revanche, il trouva suspect de la voir de nouveau juste après sa « rupture » avec Drago. Non, cela ne pouvait être qu'une simple coïncidence.
0o0
Harry sentit son cœur s'emballer lorsqu'il entendit le machiniste annoncer qu'ils n'allaient pas tarder à arriver. Il réduisit sa malle et serra sa baguette dans sa main. Dans dix minutes, ils seraient arrivés et sa vie d'avant serait derrière lui.
Plus de Serpentard, plus de Malefoy, plus de coups ou d'humiliations ni de contrats ou de dettes de vie, plus rien. Tout serait fini.
Quand le train s'arrêta à la gare, Harry resta quelques minutes de plus, comme chaque année, évitant ainsi la bousculade et puis, il descendit le dernier.
Il s'arrêta sur le quai, près du marchepied et regarda le train puis la locomotive. Malgré son envie de fuir et d'oublier son passé, il ressentit un pincement au cœur. Il avait de bons souvenirs. Peu, mais ils étaient là : les repas dans les cuisines, ses promenades dans le parc et la protection que lui offraient les elfes de maison.
Lentement, et après un dernier regard d'au revoir, il s'engouffra dans la gare bondée et, au milieu de la foule, il disparut.
À suivre
(1) Sable-et-jaune. Non, je n'ai pas fumé. En héraldisme, sable signifie noir. En tout honnêteté, j'aurais dû mettre Sable et Or mais j'ai voulu garder comme avec les autres maisons (rouge et or, bleu et bronze, vert et argent...)
