« Derrière le rideau, elle se prépare aux délivrances ! Tout en elle, sa beauté comme ses danses, l'enduisent de l'or du cabaret… »

LIGHT STRIPES

Par Hirako Fieldwar

Extrait de THE TIMES, journal du quatre décembre 1938.

« Les Light Stripes illuminent New York! »

« L'histoire d'une ascension aussi inattendue qu'incroyable ! Le cabaret des Light Stripes a, hier soir ouvert ses portes au grand public. Jusqu'alors réservé aux riches propriétaires et bourgeois, l'extraordinaire refuge des artistes exceptionnels permet au monde entier de venir admirer les prouesses des perles du cabaret. L'on pense à la chanteuse Naruko Uchiwa, indétrônable et inoubliable pour ses plusieurs apparitions à Hollywood et son histoire avec le propriétaire en personne, Madara Uchiwa. Issu d'une riche famille asiatique, la réussite de Madara fut aussi inattendue que bénéfique. Ainsi, Madara se hisse dans le classement des cinq premières fortunes des Etats-Unis. Son implication dans l'art et la culture américaine est tel que le président en personne en est devenu un fidèle client. Le marionnettiste de prodige, Sasori et les admirables fresques de l'artiste en vogue, Deidara vous éblouiront. L'endroit est devenu incontournable et attire déjà des touristes européens. Madara parle déjà d'ouvrir un quatrième cabaret en France, après avoir ouvert les portes du Bolero à Chicago et des Hot Sands à Dallas. La rumeur parle même d'une possible candidature aux prochaines présidentielles ! Très charismatique et influent, Madara préserve le mystère et alimente les fantasmes les plus fous. Et vous, pénétrerez-vous les portes du cabaret ?... »

L'homme lisait le journal. Il le posa, d'un air absent en fumant sa pipe. Il faisait presque nuit au dehors. Il passa ses doigts entre les stores et scruta la rue. L'avenue était déjà pleine de monde et attendait devant le bâtiment où il se trouvait. Il passa une main dans ses longs cheveux, d'une épaisseur grandiose. Une chevelure noire, parfaite et attirante. Il se redressa, laissant le journal à l'abandon, la pipe dans la main. Il faisait un peu froid, et noël approchait. Il enfila une veste et se dirigea vers les escaliers en colimaçon. Ils étaient dorés, et petits. Il salua quelques personnes au passage. Il marcha rapidement. Il savait où il allait. Il entendait déjà les instruments jouer, en bas. Les percussions résonnaient à ses oreilles, et il lui semblait entendre sa voix. Mais c'était impossible. Le show allait commencer dans dix minutes. Et tout arrivait à point, ici.

Il descendit d'autres marches, celles de l'escalier principal, une main sur la rambarde. Il scruta le fond de la salle. C'était une pièce si vaste, si grande et colorée. Des pièces de tissus larges et brillantes donnaient une touche presque onirique aux lieux. Enchanteurs… Aux tables, des hommes.

« Bonsoir Madara-sama » lui avait-on dit.

Il leva le doigt, pour qu'on se taise.

La jeune femme s'approcha du devant de la scène. Elle portait un ensemble très léger, serti de pierres brillantes et multiples. Son collier, lourd et aguicheur illuminait sa poitrine généreuse et relevée. Elle empoignait le microphone.

Les lumières s'abaissaient.

Silence.

Cordes. Très faibles percussions.

Sa voix jouait avec la vie.

"Now you say you're lonely

You cried the long night through

Well, you can cry me a river, cry me a river I cried a river over you."

La jeune femme leva ses bras, doucement. Sa peau était parfaite. Claire et satinée. Sa robe fendue était bien trop belle. Avait-on le droit d'être si charmante ? Madara la fixa, sans émotion. Pourtant, tous les hommes présents dans cette pièce étaient captivés. Envoûtés par ses hanches qui bougeaient en rythme, par sa voix puissante. Il descendit les dernières marches de l'escalier tout en continuant de la regarder. Mais, il y avait toujours cette personne qui l'avait importunée en lui disant bonjour il y a quelques secondes.

- Qu'est-ce que t'as, toi ? demanda Madara sans un regard.

- Le taxi vous attend dehors.

- Je sais, c'est bête il va devoir attendre.

- Mais…

- Et ce serait encore plus bête que je sois obligé de demander à ton patron de te virer ce soir.

Sur scène, l'incroyable chanteuse caressait ses cheveux blonds.

"You drove me, nearly drove me, out of my head

While you never shed a tear"

Elle faisait passer sa jambe tout contre le satin de sa robe fendue.

Elle jouait. Ses joues étaient rosies, et finement maquillées. Ses yeux de biche étaient une provocation.

"Remember, I remember, all that you said

You told me love was too plebeian

Told me you were through with me and..."

Elle aperçut Madara à l'entrée. Elle esquissa un bref sourire et envoya un baiser au-devant de la scène. Les sifflements étaient assourdissants. A se demander comment elle pouvait bien continuer à chanter. Le piano l'accompagnait. C'était un jeune homme aux cheveux rouges, petit et discret. Aucun projecteur ne l'illuminait lui. Aux yeux de tous, la jeune femme continuait d'aguicher le monde. Elle le possédait, maîtresse des désirs.

Elle ferma doucement les yeux, ses longs cils étaient paisibles.

Elle chanta les dernières paroles d'une voix chaude et brisée avant de les ouvrir en lenteur, sous les applaudissements des spectateurs. Elle remercia les clients déchaînés.

« Naruko ! »

« Naruko, we love you ! »

« Marry me ! »

Madara suivit l'homme au dehors pour prendre le taxi. Et quand Naruko se tourna vers l'entrée, elle ne vit plus son mari. Elle poussa un bref soupir. Non, ce soir encore il ne serait pas là. Elle ramassa les quelques roses, un brin mélancolique et gagna les loges. Une jeune femme l'y attendait. Elle croisait les bras, mécontente.

- Je t'ai déjà dit que je les ramasserai pour toi la prochaine fois , à chaque fois tu trouves le moyen de te planter les épines dans les doigts…

- Je porte des gants ce soir, Sakura !

- Ca ne me rassure pas pour autant, t'es tellement empotée.

Elle poussa un soupir.

- Une grosse soirée t'attend, alors assieds-toi. Ton maquillage coule déjà.

- Comme tous les autres soirs.

Naruko s'assied devant le miroir. Son teint était parfait. Mais, une lueur au fond de ses yeux indiquait clairement qu'elle était épuisée. La maquilleuse fouillait dans ses affaires. Elle pomponna le cou de la jeune chanteuse.

- Madara ne m'a pas dit qu'il partirait ce soir, dit-elle d'une voix vide.

Sakura s'interrompit dans ses gestes et reprit.

- Lui aussi est occupé.

- Je sais. Mais il ne me dit jamais rien. D'ailleurs, il ne me parle pas.

- Ce n'est pas comme si Madara t'avait beaucoup parlé.

Vexée, Naruko se redressa, et jeta un regard froid à Sakura.

- Quoi ? rétorqua la jeune fille en remettant ses lunettes sur le bout de son nez, Madara n'a jamais été bavard avec toi reconnais-le, d'ailleurs je ne t'ai jamais vu l'embrasser…

- Tais-toi.

- Mais…

Naruko tourna la tête vers elle.

Sakura baissa les yeux.

- Excuse-moi.

Naruko s'était ensuite levée. Deux heures de danse l'attendaient, et elle devait enfiler son costume. Elle accomplissait son travail à la perfection. On l'admirait. Et elle était pourtant ailleurs.

Lorsqu'elle se glissa sous ses draps, et qu'elle s'endormit elle pria le ciel de ne plus jamais se réveiller.

Le lendemain, Madara Uchiwa s'était dirigé vers le bureau de poste pour une communication téléphonique. Il avait prévu cet échange depuis quelques mois déjà, et son interlocuteur devait attendre cet appel avec impatience. On l'avait reconnu dans la rue et une petite fille l'avait même pointé du doigt. Il s'avança, impétueux vers une des cabines. Il composa la combinaison de numéros avant d'attendre quelques longues secondes.

« Allô ? Bonjour Itachi. C'est Madara. »

« Je pensais que tu appellerais plus tôt. »

« Je te sens déjà très autoritaire avec moi. Je vais devoir t'apprendre les bonnes manières ? »

« Ce n'est pas ça. »

Madara poussa un long rire.

« Pas de ça entre nous. Je veux te voir demain soir au cabaret. J'ai du travail pour toi. »

« Quel genre ? »

« Tu es compositeur, et pas des moindres. On m'a même dit que tu avais beaucoup de talent. J'attends de voir ça. Ecoute. Je crois que le cabaret atteint les sommets. Je veux plus que ça. Je veux l'extase. Un truc complètement violent et inconnu. Et je ne peux pas y arriver sans m'en donner les moyens. Tu vas écrire des textes pour ma Naruko. Elle a besoin de chanter des choses nouvelles. Qui lui appartiennent. Je te paierai aussi cher que tu voudras, mais écris moi des putains de textes. Et fais-lui des partitions de légende. Je veux une révolution digne de mon cabaret. Je veux que tu joues pour elle. Et que tu la fasse danser pendant que tu y es. »

« Je ne joue plus de piano depuis cinq ans. »

« C'est tout ce que tu trouves à dire ? Ton ambition est désolante à ce point ?... »

« Non Madara. Je serai là demain. J'espère que votre femme aime travailler avec des inconnus. »

« Elle aimera sans doute votre présence en dépit de mon absence. »

Fin de l'appel.

Madara poussa un soupir en scrutant le combiné. Il avait toujours pris l'habitude de couper les communications en premier. Une sorte de luxe dont il jouissait secrètement.

« Tu vas travailler avec Itachi, d'accord ? »

« Quoi ? »

Naruko se tourna vers Madara. Elle était à moitié nue, et sortait du bain une serviette contre sa poitrine. Elle se figea.

- Ecoute, tu ne peux plus continuer avec le même répertoire toute ta vie. Et tes danses sont très aguichantes mais… Nous avons besoin d'autre chose maintenant.

- Nous ?

- Nous tenons le monde en haleine, Naruko. Nous en sommes les maîtres. Nous décidons ce que l'univers aimera demain. Et j'ai décidé qu'il aimera le sang neuf que je lui apporterai. Itachi a du talent. C'est mon neveu. Il te plaira beaucoup.

Madara se déshabilla avant de s'allonger sur le lit. Il s'alluma une cigarette. Naruko ne bougeait toujours pas.

- Il écrira tes textes. T'accompagnera au piano, et sera ton partenaire de danse.

- J'ai le choix de dire non ?

- Tu connais déjà la réponse. Maintenant, laisse tomber cette serviette et viens me rejoindre.

Naruko hésita.

- Je ne connais pas ce garçon.

- Tu le rencontreras demain.

- Demain !

- On dirait que tu es surprise…

- Bien sûr que je le suis.

- Tu le seras d'avantage lorsque je t'apprendrai que mon projet de cabaret à Paris a été accepté. Je pars pour la France la semaine prochaine et te laisserai les commandes des Light Stripes, le temps de mon voyage.

Note de fin de chapitre : Alors, déjà j'espère que ce début ne vous dégoûte pas trop. J'ai envie d'écrire une fiction sur ces années, et aux Etats-Unis depuis un bon moment. J'adore l'ambiance burlesque, jazzy et décalée du cabaret. Un peu glauque sur les bords même si pour l'instant je n'ai pas eu l'occasion d'exploiter le glauque il arrive ! C'est ma première fiction Itanaruko, et je l'ai imaginée en quelques minutes. Elle sera en une partie et ne sera pas très longue. Les chapitres suivants seront en revanche très érotiques et je vous promets des scènes osées et franches. Le titre chanté par Naruko est Cry me a river d'Ella Fitzgerald. Pour cette fiction, je vous écrirai une note de fin de chapitre pour y glisser les références musicales, car comme il faut s'y attendre il y en aura un paquet. Vous remarquerez que je ne gravite pas qu'autour du Itanaruko (qui est totalement inexistant en ce début de fiction), je vais me pencher sur mes références habituelles. Vous vous en rendrez compte en lisant la suite. Je vais tenter de poster le plus rapidement possible et d'écrire souvent. Je vous remercie de me suivre dans cet univers un peu spécial pour une fiction Naruto je vous l'accorde et j'attends déjà vos premières impressions. Bien à vous, Hirako.