Bien le bonjour, mes lucioles, et bienvenue !
Cela faisait longtemps que je ne postais plus de fanfictions, notamment sur ce site... Mais après plusieurs années d'interruption, j'ai décidé de reprendre du service !
Cette FF n'est ni la première que j'ai écrite, ni la dernière. J'étais encore au lycée lorsque je l'ai débutée, et je me suis dit qu'il pouvait être intéressant de la reprendre après toutes ces années, et de vous la partager. En voici donc la version revue et quelque peu réécrite, que j'espère avoir le courage d'achever ! \ô/
Je vous souhaite une bonne lecture !
Disclaimer : Les personnages appartiennent au riche univers des sorciers qu'est parvenue à créer J.K. Rowling. Ils ne sont donc pas ma propriété, à l'exception des quelques OC qui interviendront au cours de l'histoire, le personnage principal inclus.
Rating : T
Chapitre 1
« Les dangers visibles nous causent moins d'effroi que les dangers imaginaires. » Shakespeare
[…] Je courais. Trempée et à bout de souffle, je tentais de calmer les battements de mon cœur qui martelaient ma poitrine à m'en faire mal, sans me retourner ni même ralentir. M'enfonçant un peu plus dans les bois, ma robe auparavant blanche comme la neige qui recouvrait le sol était retenue par les branchages, se déchirant sur mon passage. A ce moment, elle était en lambeau et maculée de sang. L'odeur de ce dernier me donnait la nausée. Je sentis ma robe se déchirer une nouvelle fois et, tirant sur le morceau de tissus emprisonné par une nouvelle branche, je perdis l'équilibre et cassai le talon de mon escarpin. Il était fichu. Un hurlement presque inhumain retentit, proche, et tout en frissonnant, je me débarrassai de mes chaussures afin de continuer de courir. Tant pis. A pieds nus, je repartais. Mais peu m'importait. Je courais, sans jamais m'arrêter. Si vite que je semblais voler.
Les flocons glacés me mordaient la peau, me fouettaient le visage, se cramponnaient à mes cheveux emmêlés par ma course effrénée. Je tremblais. De peur, de froid. Mes bras nus étaient griffés et ensanglantés, la couleur rouge se mêlant aux traces dont était imbibée ma robe de mariée. Des larmes s'écrasaient le long de mes joues, laissant apparaître de longues traînées de mascara noir. Mais rien de tout cela ne me semblait aussi douloureux que les images qui défilaient dans ma tête. Comment avais-je pu être stupide à ce point ? Pourquoi n'avais-je pas compris plus tôt ce qui se préparait ?
Pour n'importe quelle jeune fille, le mariage doit être le plus beau jour de sa vie. Peu importe l'élu, peu importe les circonstances. Alors pourquoi devais-je terminer le miens ainsi, m'enfuyant dans les bois au péril de ma propre vie ?
Un craquement sourd me fit sortir de mes pensées, et une silhouette se dressa devant moi, me barrant la route. Je tombai de fatigue. Il était trop tard.
Abaissant le capuchon de sa cape noire, l'homme me permit de voir son visage, un sourire carnassier sur les lèvres. Je laissai échapper un hoquet de surprise, paralysée par le spectacle qui s'offrait à moi. Mon fiancé se tenait devant moi. Il était l'un des leurs.
« Victoire, ma douce et tendre Victoire… se délecta-t-il, qu'il est triste que cela se termine ainsi. A quoi t'attendais-tu ? Comment le Seigneur des Ténèbres pourrait-il accepter que la propre femme de l'un de ses fidèles côtoie des sang-de-bourbes ? »
Je ne répondis pas, toujours figée dans ma stupeur. Non, pas lui. C'était impossible. Il ne pouvait pas effectuer ce sale travail que le Seigneur des Ténèbres avait dû lui confier. Il ne pouvait pas me tuer.
Je revins à la réalité lorsque je sentis ses doigts m'empoigner le menton avec violence, m'obligeant à le regarder dans les yeux. Ces yeux gris et froids qui m'effrayaient tant, et qui ne lui ressemblaient pas lorsque nous étions enfant. Où était passé ce petit garçon innocent que j'avais connu ?
« C'est fini, Victoire. »
Je sentis ses lèvres se plaquer violemment sur ma bouche, m'arrachant de force un dernier baiser empli d'amertume et de révulsion. Puis ce fut la fin. J'eus uniquement le temps d'apercevoir la marque qui planait dans le ciel dans un éclat couleur émeraude. […]
Elle lut une énième fois ce passage de la lettre, pinçant les lèvres dans un rictus fébrile. Les ratures s'y accumulaient, de telle sorte qu'elle devait relire plusieurs fois certains mots presque illisibles. Heureusement qu'elle avait pris le temps de la recopier au propre avant de l'envoyer à son amie, pensa-t-elle, car celle-ci se serait arraché les cheveux devant un tel torchon.
Depuis quelques jours, lorsqu'elle lui avait écrit, la jeune fille se sentait abattue. Elle se rappelait le léger tremblement de sa main qui tenait la plume, et son incapacité à retranscrire ce qu'elle ressentait à ce moment-là. Une certaine tension l'habitait, elle n'avait pas réussi à fermer l'œil de la nuit tant ce qui lui était arrivé l'angoissait.
Elle espérait seulement que la longueur de son récit n'ennuierait pas son amie, cette dernière n'aimant pas beaucoup la lecture.
Le bruit d'un bec claquant contre la vitre la sortit de ses pensées, et lorsqu'elle se retourna, elle aperçue une Chouette de l'Oural qui lui était familière. Elle ouvrit la fenêtre, caressa affectueusement le plumage de l'oiseau et prit la lettre qui lui était adressé. Elle ne fut pas surprise par l'absence du sceau des Karkaroff - famille à laquelle son amie appartenait -, de par la précédente lettre qu'elle lui avait envoyée. Elle décacheta l'enveloppe, et sortit le papier qu'elle déplia avec soin.
Ma chère Victoire,
J'ai failli, de peu, être aperçue par Igor à la volière. J'ai pourtant toujours été prudente, et j'ai donc attendue que le soir tombe pour m'y rendre. J'ignore ce qu'il fabriquait dehors en pleine nuit, mais il ne s'amusait certainement pas à planter des citrouilles dans le jardin !
Je tâcherais d'être plus méfiante, à l'avenir. Qui sait ce qu'il pourrait me faire, s'il me surprenait…
Concernant ce rêve que tu m'as décrit… ou plutôt ce cauchemar, tu ne devrais pas autant te tourmenter. Tout d'abord, tu ne risques pas de te marier avant un moment, tu as encore le temps. Et même si ta famille est aussi dérangée que la mienne, je ne pense pas qu'ils risqueraient ta vie. Ils n'y gagneraient rien, après tout.
J'ai juste une petite remarque à te faire je sais pertinemment que le fameux fiancé de ton rêve n'est pas un inconnu. Tu en donnes trop de précisions. Et je ne pense pas que ton esprit l'ait choisi par pur hasard…
Je pense surtout qu'il y a des choses dont tu ne me parles pas. Tu ne me dis pas tout, Victoire. Et ça m'attriste, vraiment.
S'il te plait ne répond pas à cette lettre. Je me sens observée depuis qu'Anska est revenue à la volière avec ton courrier précédent.
On se voit à la gare 9 ¾ après-demain, de toute façon.
Je t'embrasse,
Ta Nastia.
PS : Tu as intérêt de tout me raconter à Poudlard, amie indigne !
Ah, et merci beaucoup pour le pavé que j'avais à lire, vraiment. Tu m'as gâtée !
Victoire sourit en lisant les dernières lignes, laissant même échapper un petit rire. Elle imaginait Anastasiya devant elle, répétant ces phrases avec énervement. Enervement dans lequel se retrouverait son accent russe encore très présent malgré cinq années passées à Poudlard.
Elle s'écroula sur son lit, et ferma les yeux, la lettre toujours à la main. Plus que deux jours… elle avait hâte. Et peur, à la fois. Peur de la réaction de sa meilleure amie. Qu'elle ne la comprenne pas. Même si elle l'adorait, elle redoutait parfois ses pensées et ses remarques. Certes, elles appartenaient à une famille noble et de sang-pur, et aucune des deux ne s'y sentaient à sa place. Mais Anastasiya ne l'avait jamais totalement comprise, et lui reprochait souvent de lui cacher beaucoup de choses. Mais comment la jeune fille pouvait-elle lui annoncer que ses parents l'avaient retirée de Beauxbâtons en seconde année pour l'envoyer à Poudlard, car elle s'était liée d'amitié avec une sang-de-bourbe, et pire encore, parce que cette fille lui prêtait des ouvrages moldus ?
Non, elle ne se voyait décidément pas lui raconter ce genre d'épisode de sa vie, qu'elle espérait effacer de sa mémoire.
Elle pourrait au moins lui conter ses rêves étranges, celui décrit dans sa lettre n'étant pas le seul. Et elle espérait que cela suffirait à la russe.
Par exemple, elle avait rêvé que son frère arborait fièrement la marque des ténèbres, lui soufflant ainsi du bout des lèvres que lui, n'était pas un raté.
La veille, elle était redevenue une enfant. Une enfant d'à peine huit ans, à qui l'on arrachait des mains le livre contenant la fabuleuse histoire de Peter Pan, avant qu'on ne la batte à coups de ce fameux bouquin.
Victoire soupira longuement, avant de se remémorer les souvenirs de son enfance. Des pensées écœurantes traversèrent ses pensées.
Lorsqu'elle était enfant, elle pensait tout savoir sur le monde qui l'entourait. Elle pensait que la vie ne se résumait qu'à une succession d'évènements heureux qu'elle partagerait avec ceux qu'elle aime. Elle imaginait que les seuls problèmes qui l'attendaient seraient par exemple de quelle façon se vêtir lors des banquets, quel ordre elle pourrait donner aux elfes de maison, ou encore de quoi serait faite la lecture qui l'attendait sur le coin de sa table de chevet.
Mais surtout, lorsqu'elle était enfant, elle ignorait totalement ce qui l'attendrait. Elle ignorait que son père ne la regarderait plus avec ces yeux emplis de tendresse, mais plutôt avec cet air dur et aigre qui en attend un peu plus de ses progénitures chaque jour. Elle ignorait que l'on choisirait à sa place de quoi serait fait son avenir, que cela concerne l'homme qui partagera sa vie comme sa carrière. Elle ne s'attendait pas à ce que sa vision du monde change autant.
Elle ignorait que les enfants nés-moldus n'étaient pas fréquentables, et que tout ce qui était étranger à la sorcellerie était « mal ». Son père disait souvent que rien ne valait un bon livre de magie comme ceux qui se trouvaient dans la bibliothèque du manoir. Mais ces vieux ouvrages à la reliure de cuir usé et aux pages jaunies lui faisaient peur. Elle préférait les œuvres moldues que lui prêtait en secret Sirius, le fils des amis de ses parents, à ceux de la bibliothèque avec leur couverture si sombre et rongée. Mais ça, elle ne pouvait l'avouer à son père. Elle avait bien trop peur des conséquences. Conséquences lourdes, comme ce jour-là lorsqu'il découvrit son affection pour Peter Pan et son pays imaginaire.
« Victoire ? »
Elle se leva, un sourire aux lèvres en se remémorant cette histoire et toujours plongée dans ses souvenirs. Elle aurait voulu être Wendy Darling, recousant l'ombre d'un garçon aussi mystérieux qu'aventurier, avant de s'envoler pour un monde où fées, sirènes, pirates et indiens cohabitaient. Elle aurait aimé posséder elle aussi un baiser caché, qu'elle aurait pu offrir au garçon qu'elle aimait.
« Victoire Annabeth Duchesne, descends immédiatement ! »
Peter Pan. Cendrillon. Blanche Neige. Jack et le Haricot Magique. Le Petit Poucet. La Reine des Neiges. Le Vilain Petit Canard. Le Chat Botté. La Belle et La Bête. La Belle aux bois dormant. Les quarante voleurs… Puis elle avait grandi, quittant le Pays Imaginaire. Et ses rêves changèrent.
Oliver Twist. Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles. Sa Majesté des Mouches. Le Hobbit. Le Seigneur des Anneaux. Les Hauts de Hurlevent. Orgueil et Préjugé. Jane Eyre. Gatsby le Magnifique. Roméo et Juliette. Songe d'une Nuit d'Eté…
« Miss, votre père s'impatiente… osa une voix fluette et apeurée. »
Victoire se tourna vers son nouvel interlocuteur, et vit Effy, son elfe de maison recroquevillé dans le coin près de la porte. Levant les yeux au ciel, elle ouvrit avec agacement la porte, manquant d'écraser la pauvre créature contre le mur et elle descendit au rez-de-chaussée. Dans le salon, elle trouva ses parents et son frère, ainsi que trois invités qui la regardèrent de travers.
Elle se gifla mentalement pour avoir oublié ce léger détail.
« Va donc te changer, par Merlin ! Après la honte que tu nous as infligée avant-hier, ne crois pas que cela se reproduira aujourd'hui. Tu as d'autres robes de sorcière plus présentables que ce chiffon. Dépêche-toi. Si tu rates le train, ne crois pas que je t'amènerai à Poudlard ! »
Theobald Duchesne lança une œillade courroucée à sa fille, qui se hâta de dévaler les escaliers. Derrière elle, Effy peinait à transporter ses valises. Quant à Edouard, son frère cadet, il s'apprêtait à aider l'elfe de maison, quand son père trancha d'un ton autoritaire
« Laisse. Cette chose est là pour ça. »
Victoire déglutit et fit la moue à l'entente de la voix persiflante du chef de famille, tandis que son frère, égal à lui-même et silencieux, lui lança un regard vide avant de hausser les épaules. La famille transplana jusqu'à la voie 9 ¾.
Dès que ses pieds foulèrent le sol pavé du quai, Victoire ferma les yeux un instant afin de reprendre ses esprits. Elle avait horreur d'accompagner son père lors de ses transplanages, ce dernier lui serrant l'avant-bras à le broyer et une sensation de tournis le succédant. Lorsqu'elle les rouvrit, son regard croisa des yeux gris qui la glacèrent. Brisant directement le contact avec leur détenteur, la jeune fille se hâta de se tourner vers ses parents, un grand sourire forcé sur les lèvres. Sourire qui se fana en voyant l'air furieux de son père.
« Il est évident que lui aussi, est navré de ce qui a pu se produire. »
La voix cinglante de Theobald Duchesne fit l'effet d'une douche froide à sa fille. Ne pouvait-il pas être agréable rien qu'une minute ? Victoire désespérait. L'image, l'étiquette, rien d'autre ne lui importait. Elle se fichait bien de ce qu'il pouvait penser.
« Je compte sur toi pour nouer des liens avec ton fiancé durant ces deux courtes années qu'il te reste à Poudlard. Ne me déçois pas, pour changer. »
Sa femme, qui était restée silencieuse jusque-là, s'approcha de sa fille et l'embrassa sur la joue. D'une quarantaine d'années tout comme son mari, elle avait hérité de la si enviée chevelure d'un blond presque blanc de la famille Malefoy. Son visage, bien que marqué par le souci, restait jeune et fin, ne ternissant pas sa beauté.- Léda Malefoy-Duchesne était une femme très séduisante, et ses enfants avaient, selon Théobald, la chance de posséder la même chevelure qu'elle.
Léda planta ses yeux dans ceux de Victoire, - du même bleu extrêmement clair que son père – et lui sourit :
« Ne t'en fais pas, ma chérie. Tu as tout ton temps pour cela, concentre-toi avant tout sur tes études. »
De même, elle embrassa Edouard, ce dernier et Victoire devant monter à bord du train.
Cette année ne va pas être du plus grand plaisir…, pensa la jeune fille tout en secouant mollement la main en direction de sa mère, à travers la vitre du compartiment dans lequel elle s'était installée. Edouard ayant déjà rejoint son ami, le cadet de la famille Nott, elle se retrouva rapidement seule. Soupirant, elle se pencha sur la cage qui reposait à ses pieds. Une petite boule de plumes brunes s'y trouvait, hululant de joie lorsque Victoire passa son doigt à travers les barreaux pour caresser son plumage.
La porte s'ouvrit à la volée, et deux têtes à la chevelure d'un léger blond vénitien apparurent. Toutes deux le sourire aux lèvres, les jeunes filles s'assirent dans le compartiment.
« Salut chérie, s'enquit la première avant de bailler peu gracieusement, ce qui fit sourire Victoire.
- Bien tes vacances ? Continua la seconde, en parfaite synchronisation avec la première »
Victoire détailla les nouvelles arrivantes leur peau hâlée révélait une exposition au soleil visiblement excessive, ce qui contrastait avec la sienne qui était aussi blanche que la porcelaine. Leurs cheveux, plus clairs que d'antan, étaient bordés de mèches blondes, ce qui leur procurait un éclat particulier. Leurs yeux d'ambre pétillaient de malice et d'excitation, probablement à l'idée de passer une nouvelle année à Poudlard.
« Sans commentaire, souffla Victoire. J'imagine que les vôtres étaient paradisiaques. »
La première afficha un sourire éclatant, qui fut rapidement suivi d'un rire cristallin. Ses longs cheveux cascadaient ses épaules en des ondulations souples et retombaient sous sa poitrine. Elle se saisit de l'une des mèches qu'elle enroula autour de son doigt, - tic que Victoire avait l'habitude de voir chez elle -, et regarda sa jumelle d'un air moqueur.
« C'était parfait, oui. Surtout du côté de Ruby. »
La dénommée Ruby fusilla sa sœur du regard, et ne tarda pas à répliquer :
« Excuse-moi de m'amuser, ce qui n'est visiblement pas ton cas. Tu ferais mieux de te lâcher de temps en temps, Lexy…
- Vous comptez m'expliquer, ou dois-je deviner seule ? les interrompit Victoire en levant les yeux au ciel.
- Ruby a rencontré quelqu'un, lorsque nous sommes parties en Grèce. Je ne l'ai pas vue durant les deux semaines passées là-bas. C'est d'ailleurs pour lui qu'elle s'est coupée les cheveux, pour paraître plus « mature », soi disant. »
Victoire jeta un coup d'œil à Ruby, et haussa le sourcil. C'était donc pour un garçon que son amie s'était coupée les cheveux au carré ? Elle qui aimait tant sa longueur…
« Tu n'avais qu'à flirter toi aussi, si tu ne voulais pas être seule, soupira Ruby, excédée. Cesse donc d'attendre désespérément que ton prince charmant daigne te regarder ! Il ne t'a pas adressé la parole en cinq années.
- Tu ne vas pas remettre ça sur le tapis, rougit-elle, il n'est pas question de moi que je sache.
- Et comment s'appelle l'heureux élu ? Demanda Victoire bien que peu intéressée.
- Léon Duval, peut-être le connais-tu ? Il est en septième année à Beauxbâtons. Lui semblait savoir qui tu es, en tout cas. »
Victoire blêmit. Ce nom ne lui disait rien, mais si en revanche lui, la connaissait, cela ne signalait rien de bon.
« Comment ça, il me connaît ?
- Il ne te connaît pas en personne, mais essentiellement de nom. C'est son amie qui lui a déjà parlé de toi. Une certaine Marie.»
Rien de bon du tout, même. Ruby plissa les yeux, voyant son amie devenir de plus en plus blanche.
« Victoire, tout va bien ?
- O-oui ! Bégaya la jeune fille, pourquoi cela n'irait pas ? Je vais faire un tour aux toilettes, je reviens. »
Elle sortit sous le regard surpris des jumelles, et ferma la porte avant de se plaquer contre le mur. Ainsi, Marie ne l'avait pas oubliée… son père lui avait pourtant affirmé avoir pris les mesures nécessaires pour lui effacer la mémoire, chose qu'elle avait à l'époque trouvé injuste. Lui aurait-il menti afin qu'elle ne cherche pas à la contacter ? Elle ferma les yeux et se pinça l'arête du nez. Comment ses amies le prendraient-elles, si ce Léon leur balançait la vérité à propos son départ de Beauxbâtons ? Descendant elles aussi d'une famille sang-pur, quoique beaucoup moins élevées à la façon de la société sorcière, elle ignorait si elles comprendraient ou même accepteraient la situation. Pire encore, elles se rendraient compte qu'elle leur mentait là-dessus depuis quatre ans. Elle craignait que ses amies ne le lui pardonnent pas, Ruby étant de nature rancunière et Lexy suivant la première comme son ombre.
« Vickie, ma belle, depuis quand passes-tu le voyage adossée à un mur ? »
Le somptueux roulement du « -r » final lui fit l'effet d'une bouée de sauvetage, et sans même daigner relever la tête vers son interlocutrice, elle se jeta dans ses bras.
« Serais-tu si heureuse de me voir ?
- Si tu savais, Nastia ! souffla Victoire en desserrant son étreinte, comme cet été était long sans toi !
- Et le mien, n'en parlons pas…
- Ta réunion est terminée ?
- Oui. D'ailleurs, devine qui est le nouveau préfet-en-chef cette année, grimaça Anastasiya.
- Qui ?
- Lupin.
- Attends, ils n'ont tout de même pas mis le si bon ami de Potter et Black préfet-en-chef ? Ces deux-là pourront tout oser sans que même le préfet ne leur dise quoi que ce soit !? Ils ne sont pas vraiment pas intelligents, dans cette école…
- J'ai pensé la même chose que toi lorsque l'on nous l'a annoncé. Une belle bande d'inconscients. En parlant de Lupin, où sont nos deux tornades ?
- Juste là, répondit Victoire en désignant la porte. »
Anastasiya entra dans le compartiment où se trouvaient les jumelles Gilbert, et se laissa choir sur l'une des banquettes. Remarquant qu'aucune de ses trois amies ne portait l'uniforme tandis que le train arriverait à destination d'une minute à l'autre, elle les réprimanda, son accent russe s'accrochant aux mots comportant l'éternelle lettre « -r » contre laquelle elle luttait depuis des années. Son énervement, qui l'accentua, fit redoubler les rires de ses amies qui aimaient en jouer.
Lorsque le train s'arrêta, Victoire jeta un regard au ciel gris et sombre à travers la vitre. Les gouttes de pluie s'écrasaient contre celle-ci en une danse folle et semblaient ne plus vouloir s'arrêter, se mêlant entre elles en un tourbillon plat qui finissait par cracher des trainées, semblables à des larmes, contre le vitrage. A travers elles, le château se dessinait au loin, et la jeune fille sentit une boule de chaleur naître au niveau de son cœur. Elle était enfin chez elle.
A suivre...
