Titre : Petit guide de manipulation au bureau
Auteur : Meloe
Bêta : Rauz
Disclaimer : I don't own Lie to Me or any of the characters. No copyright infringement intended.
Genre : Humour, romance.
Résumé : Lightman et Foster sont peut être un tantinet plus transparents que ce qu'ils veulent bien croire et le staff du Lightman Group pourrait bien décider de les aider un peu.
Saison/Spoiler : Saison 2, Tractor Man.
Chapitre 1: Ria
Ria était quelqu'un de pragmatique par nature. Oh, sans doute pas autant que Loker, pas de symptôme d'honnêteté radicale à déclarer de son coté pour le moment. Néanmoins, elle n'aimait pas tourner autour du pot et, bien que par le passé cela lui ait valu plusieurs remarques de Lightman et des injonctions à se mêler de ses affaires, elle ne comptait pas arrêter pour autant. Plutôt que de tenter assez littéralement le diable, elle décida que Loker était un choix sûr étant donné qu'il ne se mêlait lui même que très rarement de ses propres affaires.
Il fallait avouer que lorsque quelques minutes plus tôt Ria avait surpris ce bout de conversation entre Lightman et Foster, elle s'était pincée. D'une ça avait été douloureux et de deux, non elle n'avait pas rêvé. Elle n'avait peut être pas les termes scientifiques pour chaque expression ou tournure de phrase employée, mais pas besoin de décodeur pour interpréter cette situation là. Elle comptait simplement informer Lightman de leur découverte concernant les appels passés du portable de la victime quand elle les avait surpris ainsi : postures des corps tournés l'un vers l'autre, partage de l'espace personnel, sans parler des yeux… Elle avait entendu Lightman s'inquiéter de Foster, cherchant à savoir si le cas ne lui rappelait pas de mauvais souvenirs par rapport à son ex-mari. Elle n'avait que rarement vu un tel mélange d'inquiétude et de tension chez Lightman, comme s'il avait hésité à amener le sujet.
Dès ses premiers jours au Lightman Group, la jeune femme s'était doutée qu'il y avait plus qu'une simple amitié entre Lightman et Foster. Ni l'un ni l'autre n'étaient prêt à le reconnaître, loin de là, mais elle n'avait pas été placée au contrôle des douanes pour rien. Une des raisons pour lesquelles ses qualités d'observations dûment acquises ne lui avaient pas longtemps laissé de doutes quant à ces deux là. Cependant, Ria s'était vite rendu compte que si elle attendait qu'ils agissent par eux-mêmes, elle aurait des cheveux blancs avant qu'aucune déclaration ne soit échangée. Résolue à faire avancer les choses, la jeune femme comptait bien les pousser à affronter la vérité. Il lui restait juste à convaincre Loker.
« Oh, pitié Ria, soupira celui-ci. Sérieusement je sais que cette histoire avec Dupree a mal finie, mais la vie par procuration n'est pas franchement une bonne solution…
- Vraiment, Loker ? C'est tout ce que tu es capable de trouver comme réponse ? demanda-t-elle en levant les yeux au ciel.
- Ils ne sont pas ensemble, souligna-t-il. Et crois-moi, s'il y a bien une chose que Lightman déteste c'est qu'on se mêle de ses affaires.
- Venant de toi, c'est riche ! Sérieusement tu aurais dû voir…
- Ria, la coupa-t-il, ils ne sont pas ensemble. Ils n'ont jamais été ensemble et ils ne le seront pas plus à l'avenir.
- Merci Loker, j'avais vraiment besoin d'une leçon de conjugaison, lui répondit-elle sarcastiquement.
- Je voulais juste m'assurer que j'avais été clair, souligna Eli avec une condescendance affectée.
- Très drôle. Quoiqu'il en soit, tu peux dire tout ce que tu veux le sourire de Foster était clairement un… une expression de…
- De ? demanda le jeune homme, un sourire moqueur aux lèvres.
- Quel est le terme déjà ? Tu sais bien, pour dire : "je suis touchée, je suis contente qu'on se préoccupe de moi"… ?
- Reconnaissance sollicitudinale ? Non, ça m'étonnerait que Foster ait eu cette expression là, tu as probablement mal vu, lui assura-t-il. »
Quand il n'eut pas de réponse, chose rare quand il critiquait sa collègue, Loker vérifia tout de même qu'aucun projectile n'ait décidé de voler jusqu'à son côté de la pièce. Au lieu de projectile il vit Torres affairée à retourner chaque recoin du bureau, cherchant ostensiblement quelque chose. Plutôt que de lui faire remarquer que, pour une fois, il avait eu le dernier mot, il se demanda si les sacro-saints préceptes de l'honnêteté radicale l'obligeaient à faire remarquer à la jeune femme que de là où il se tenait il avait une vue imprenable…
« Ah ! s'exclama Ria. C'est dans ce livre, regarde : tournée vers l'autre, la personne penche légèrement la tête sur le côté…
- En plein dans vos révisions ? la coupa une voix reconnaissable entre mille.
- Lightman ! s'exclama-t-elle en cachant le livre dans son dos.
- Heidi à besoin de vos notes de frais du mois, leur annonça-t-il. Loker, vous serez gentil de ne pas y inclure vos dîners répétés avec Mademoiselle Tygam, précisa Lightman.
- Hum, d'accord, répondit Loker en rougissant.
- Contrairement à la croyance populaire, vos repas, même filmés, ne sont d'aucune valeur pour le groupe, railla-t-il. Oh, et Torres ?
- Monsieur ?
- Travaillez ce tressaillement, vous voulez ? Qui sait, je pourrais décider de l'inclure dans le programme d'entraînement, finit Lightman avant de sortir, un sourire moqueur aux lèvres. »
Pendant un instant, la seule chose perceptible dans la salle d'enregistrement fut un silence gêné. Ria se demanda de quel tressaillement Lightman pouvait bien parler : le fait qu'elle ait été surprise par son entrée et ait caché le livre ou… Ou le fait que, même un mois plus tard, les relations non-professionnelles de Loker et Tygam l'ennuyaient encore. Vraiment, elle pouvait parler tant qu'elle voulait de Lightman et Foster, elle ne valait pas mieux.
Secouant la tête, elle décida de remettre à plus tard son argumentation. Elle trouverait bien un moyen de convaincre Loker de l'aider dans son plan, Tygam ou pas. En sortant de la salle, Ria décida de s'offrir un café quand elle remarqua Foster, assise les yeux dans le vide à son bureau.
« J'allais me chercher un café, dit Ria en passant la tête par l'embrasure de la porte. Vous voulez quelque chose ?
- Ria, sursauta Gillian. J'ai fait une cafetière, lui proposa-elle en désignant l'objet du menton. Asseyez-vous, il y en a assez pour deux.
- Hum, merci.
- Noir ?
- Avec deux sucres, compléta Ria.
- Vraiment ? demanda-t-elle surprise. Cal le bois comme ça aussi, clarifia Gillian devant son regard interrogateur. »
Ria retint un sourire de justesse. Sérieusement, elle connaissait la manière dont il prenait son café… Quoiqu'étant donné le nombre d'années qu'ils se connaissaient ça n'était pas étonnant, et pas forcément romantique, ajouta une petite voix qui ressemblait fort à celle de Loker. Elle haussa les épaules, décidant de rester positive, et tourna son regard vers les étagères de Foster. Ria n'aurait sans doute pas classé la psychologue comme l'une des adeptes du chao mais à en juger par les rayonnages encombrés, c'était pourtant le cas. Ça ou la proximité de Lightman, cet homme avait définitivement tendance à déteindre sur son entourage, nota-t-elle en haussant les épaules.
« Je comptais faire un nettoyage de printemps, un de ces jours, se justifia Gillian en suivant son regard.
- Ça pourrait être utile, confirma Ria. Mais je suis mal placée pour parler, mon bureau n'est pas vraiment un modèle d'ordre non plus, admit-elle.
- C'est que j'ai tendance à empiler tellement de choses, sourit la psychologue. Je sais que le rangement me réserve quelques surprises.
- Foster, est-ce que c'est du champagne que je vois là ? »
La question lui avait échappé et Ria sut immédiatement qu'elle n'avait pas réussit à garder la curiosité hors de sa voix. Mais quelle idée aussi de conserver une bouteille de champagne de cette manière, coincée entre deux piles de dossiers et dans un équilibre plus que précaire ? Détachant son regard de l'étrange objet, Ria se concentra sur Foster qui paraissait soudain transfigurée par la bouteille, semblant seulement se rappeler sa présence. Après quelques secondes de silence, celle-ci détourna brusquement les yeux de l'étagère et Ria nota qu'elle tentait de contenir un rougissement prononcé.
« Est-ce qu'elle ne serait pas mieux au frigo ? demanda-t-elle. A attendre pour une grande occasion, proposa Ria.
- Une grande occasion, soupira Gillian. Oh, je suppose que j'aurais déjà dû la boire dans ce cas, admit-elle.
- Comment ça ? ne put s'empêcher de demander Ria.
- A vrai dire, commença-t-elle en jaugeant la jeune femme du regard, c'est un cadeau de Cal.
- Oh.
- Il me l'a offerte pour mon divorce, clarifia Gillian en détournant le regard. »
Ria dû utiliser toute sa volonté pour s'empêcher de laisser libre cours à l'exclamation de totale surprise qui menaçait de lui échapper. Lightman, Cal de son prénom, avait offert à Gillian Foster du champagne pour son divorce ? Quel genre d'ami faisait ça ? Apparemment un ami avec un goût prononcé pour les amours secrets, analysa-t-elle. Et un certain sens du dramatique, ne put-elle s'empêcher de penser en souriant.
« Vous n'êtes pas vexée ? s'enquit tout de même Ria.
- Non, s'empressa de démentir Gillian. Cal… Je suppose que c'est sa manière à lui de me dire de prendre les choses du bon côté, expliqua-t-elle en souriant.
- Ce n'est pas franchement… commun, finit Ria par manque d'un meilleur mot.
- Non, en effet. Mais Cal n'est pas quelqu'un de commun, conclut Gillian. »
Foster finit sa phrase avec un tel air d'adoration que Ria dû encore une fois se retenir de soupirer tout haut. Finalement Loker avait peut être raison sur un point : il fallait vraiment qu'elle arrête toute cette histoire de vie par procuration. Quand elle vit que sa collègue semblait perdue dans ses pensées, portant sans aucun doute sur un certain anglais, Ria sortit discrètement du bureau et s'empressa de rejoindre la salle d'enregistrement.
« Loker, j'avais raison ! s'exclama-t-elle en entrant dans la pièce.
- Ria, soupira le jeune homme en se massant les oreilles. Tu sais que dans certaines cultures les femmes qui parlent sans y être invitées se font couper la langue, lui fit-il remarquer.
- Rassure moi, tu n'attends pas de réponse à ça ? demanda-t-elle
- Pas vraiment, non.
- Peu importe, j'avais raison. Il lui a offert du champagne, Loker, du champagne !
- Qui ?
- Lightman, suit un peu. Il lui a offert du champagne pour son divorce… Tu imagines ?
- Du champagne ? repris Loker, hébété.
- Franchement c'est la façon la plus détournée que j'ai jamais vu de crier "youpi", observa-t-elle en s'asseyant enfin. »
La jeune femme observa son collègue quelques minutes, attendant qu'il se décide à reconnaître qu'elle avait raison.
« Alors ? le poussa-t-elle.
- D'accord, je veux bien admettre que tu n'as pas tout à fait tort, reconnut-il. Mais ça ne veut pas dire que je sois emballé à l'idée d'aller mettre mon nez dans les affaires de Lightman.
- Il faudrait trouver un moyen détourné de lui faire réaliser…
- Nope, la coupa Loker. Je crois que tu le sous-estime. A mon avis, il a déjà réalisé depuis longtemps. C'est juste Lightman à l'état naturel, dit-il en haussant les épaules, il fait sa tête de mule.
- Pas faux, approuva-t-elle.
- Foster, peut-être ? proposa Eli.
- Oh pitié, s'exclama Ria, il ne réagirait pas même si elle se jetait à ses pieds !
- J'aimerai bien voir ça, sourit-il. Et puis tu sous-estime l'ego masculin, à sa place je reconsidérerai les choses.
- Franchement, se moqua-t-elle en secouant la tête. Je savais que tu les aimais sans caractère mais pas à ce point. Et quant à Foster, pour qui crois-tu qu'elle ait renouvelé sa garde-robe?
- Et moi qui pensait que la parade amoureuse était réservée aux mâles, feint-il de se lamenter. Toute la théorie de l'évolution remise en cause. »
Ria soupira ostensiblement, levant les yeux au ciel à la remarque de Loker. Elle n'avait pas encore d'idée précise, ni de plan machiavélique pour le moment, mais elle avait au moins réussi à convaincre son collègue.
« Ria, l'interpella-t-il avant qu'elle ne quitte la salle.
- Oui ?
- Je m'en voudrai de bouleverser ta théorie, mais est-ce que tu es sûre qu'elle fait tout ça pour Lightman ?
- Pour qui d'autre veux-tu qu'elle le fasse ? demanda-t-elle, interloquée. Sans vouloir te vexer, Loker, je ne pense pas que tu sois vraiment son genre, ajouta-t-elle, moqueuse.
- Pas moi, grimaça-t-il. Reynolds.
- Reynolds ?
- Elle passe la moitié de son temps dans le bureau de l'agent, pointa Eli.
- Vraiment ?
- Vraiment.
- Je vais me renseigner, maugréa Ria avant de sortir de la pièce. »
Ça ne collait pas du tout au plan. Elle allait devoir échanger quelques mots avec Reynolds ou tout du moins garder un œil sur lui.
