Hey ! J'ouvre ce petit recueil pour regrouper les écrits d'un petit exercice : les "pages blanches". Vu que je galère un peu à écrire sur mes projets planifiés, j'ai décidé d'essayer d'écrire des textes sans plan et en temps limité. Un ship ou un scénario et 1h pour l'écrire. Alors forcément, ça ne sera pas aussi bien que les autres OS, et ce sera beaucoup plus court, mais au moins ça me permet de ne pas me bloquer sur un texte et de continuer à écrire malgré tout.
Pour l'instant j'ai 11 "pages blanches" dans ma liste, dont deux qui sont déjà écrites. Si jamais vous avez envie de voir un ship ou un petit scénario n'hésitez pas à le dire en review, je compte faire cet exercice pendant au moins tout le mois de juin et peut-être même que je reprendrai ça à la rentrée pour avoir un exercice d'écriture régulier.
Sur ce, je vous laisse à la lecture !
– Crétin de mage…
En guise de réponse, Balthazar presse plus fort la main de Théo et enfouit son visage dans le cou de l'inquisiteur. Leurs jambes se balancent dans le vide, rebondissant parfois contre le mur dégoulinant d'une lumière corail. Les cloches sonnent encore, les épées se sont tues. Assis sur les remparts, ils contemplent en silence le fleuve du crépuscule fondre sur Castelblanc et inonder les rues remplies de cadavres. Les vaincus se rendent, les gagnants tombent de fatigue, les civils sortent peu à peu de leurs maisons. A mesure que les premiers coups de cloche s'évanouissent dans le soir naissant, de nouvelles cloches viennent répondre et c'est bientôt toute la cité qui est plongée dans ce doux tintamarre déclarant la victoire.
Le déluge de lumière qui s'abat sur la ville magnifie les incendies qui se propagent. C'est au port qu'ils font le plus de ravage, dévorant navire sur navire, bâtiment sur bâtiment.
Ensemble ils tournent le regard vers la pleine où s'est déroulé la bataille. Une bataille diversion pour vider Castelblanc des troupes de Kirov et leur permettre de s'infiltrer jusqu'au Temple Blanc. Théo passe une main dans le dos de Balthazar et le frictionne doucement. Un frisson parcourt son échine. Les cadavres qui s'empilent, qui roulent sur les marches, qui dorment dos contre les statues, qui contemplent le ciel crépusculaire avec les perles ternes qui font office d'yeux, gisent de partout. Ils constellent la cité comme les étoiles le ciel. Et à la voûte nocturne qui commence à apparaître répond un voile sanguinolent qui drape Castelblanc.
Il sent les larmes se mettre à couler sur les joues du mage. Il est trop fatigué pour réagir, trop exténué pour même pleurer. Il laisse à Balthazar le soin de le faire pour deux. Son flanc est léger : son épée est absente. Elle est tombée quand ils sortaient, il ne l'a pas ramassée. Lentement il respire.
Il sent la vie le parcourir. Elle afflue dans son corps.
Du haut des murailles ils vivent sans rien dire. Ils écoutent les cloches résonner et le silence de l'humanité. Dans leur esprit, les images de Mirage se substituent à celle de Castelblanc. Une autre ville mise à feu et à sang. Et pourtant, ils survivent. Le battement en harmonie de leur coeur le leur rappelle.
– Crétin d'inquisiteur…
Théo sourit. Balthazar caresse le dos de sa main puis s'effondre sur les genoux de l'inquisiteur. Et Théo, sans jamais lâcher la main du mage, se penche et embrasse le mage sur le front. Le vacarme des cloches s'évanouit lentement tandis que le souffle calme de Balthazar berce Théo. Les vagues de lumière faiblissent, doucement glissent dans la nuit, l'or crépusculaire est transmuté en argent lunaire et quand enfin les ténèbres effacent la dernière once de chaleur baigne les deux aventuriers, sans un mot, sans un bruit, sans se hâter, sans rechigner, Théo se lève, hisse Balthazar dans ses bras et se met en marche.
