Bonjour les gens. Voila un petit os imaginé en cinq minutes et écrit en une heure. C'est un petit texte sans prétentions aucunes, on va dire que c'est un récréation entre deux chapitres de ma fic.

Bonne lecture

Arwen

Ron

J'ai souvent entendu dire que la notion du temps qui passe est subjective, différente pour chacun d'entre nous. Pour ma part si je devais définir le temps ce ne serait pas en heures, ni en minutes encore moins en secondes mais en moments qui se gravent dans la chair et l'esprit.

Chaque blessure, chaque fêlure, chaque instant de joie, de désir représentent le temps qui passe, filant a toute allure glissant entre nos doigts sans que l'on puisse rien faire pour le retenir. Parfois on voudrait pourvoir le stopper pour prolonger la magie d'un moment, d'autres fois on souhaiterait le voir s'écouler plus vite pour connaître enfin le dénouement d'une situation délicate.

La première fois que j'ai pris conscience de cela j'étais dans un wagon du Poudlard express entouré d'une montagne de bonbons offerts par un autre garçon tout aussi perdu que moi. Douceurs que je dévorais malgré ma honte de ne pouvoir moi même me les offrir. J'ai compris que je grandissais, parce que pour la première fois j'ai eu honte de ma famille, de sa pauvreté, de ma baguette empruntée a mon frère, de mes robes élimées et j'ai perdu alors une part d'innocence que je ne retrouverais jamais.

Puis tu es rentré dans notre compartiment, toi que je ne connaissais pas encore, alors que je m'apprêtais à exécuter un de mes tous premiers sorts. Tu t'es moquée de moi, je me souviens avoir pensé que tes cheveux étaient étranges, tes dents bien trop longues et m'être fait la promesse que jamais nous ne serions amis et que je te détesterais jusqu'à la fin de mes jours.

Puis le temps a filé, sans que je ne le voie, j'avançais dans la vie à toute allure la peur au ventre mais plein d'une excitation fébrile. Les années ont passé, aujourd'hui je me souviens d'un troll gigantesque, d'un échiquier géant et de ce sentiment d'être un héros a tes yeux qui me rendait si fier me faisant oublier ma terreur. Tout est confus à présent, ce n'est plus qu'une succession d'images, de sons et de sensations qui s'entremêlent dans un joyeux brouillard.

Un souvenir malgré tout reste vivace, d'une précision, d'une acuité incroyable. Je me tiens figé près d'un lit à l'infirmerie, je te regarde mon cœur serré dans un étau d'angoisse priant pour que tu te réveilles. Je comprends alors qu'on ne peut pas toujours tenir ses promesses parce que je sais maintenant que je ne pourrais jamais te détester. J'ai vu une part du petit garçon que j'étais encore s'effilocher lentement alors que j'affrontais ma pire terreur dans la forêt interdite juste pour pouvoir t'entendre à nouveau me houspiller.

Les jours défilent encore, nous grandissons sans vraiment le voir, préférant ignorer ces changements terrifiants, cette enfance qui nous fuit, cette vie d'adulte pleine d'embûches qui se profile. Pourtant un soir, je suis devenu un homme sans le vouloir, j'ai vu l'enfant que j'étais s'enfuir, sans doute effrayé par le monstre qui m'habitait ce soir là. Etait-ce de l'amour ? Du désir ? Je ne sais pas, je sais juste que c'était terrifiant et que je me suis réfugié dans la colère pour oublier.

Je t'ai longuement contemplé dans ta jolie robe alors que moi j'étais engoncé dans cette tenue ridicule, la honte me broyant les entrailles. Je me sentais si ridicule, je t'en ai tellement voulu d'être si belle quand moi j'étalais aux yeux de tous la preuve irréfutable de ma pauvreté. Quand à lui je le haïssais de toutes mes forces, je l'ai maudis comme jamais je n'avais maudis personne pour avoir révélé à tout le monde à quel point tu étais splendide.

Je le savais déjà mais je le gardais au fond de moi comme un secret inavouable et lui sombre crétin s'était emparé de ce secret et l'avait brisé, sans que je puisse rien faire pour l'en empêcher. Pourtant le plus inconfortable était cette petite voix cruelle et sournoise qui me soufflait que c'était contre moi que j'étais furieux parce que je savais que, si seulement j'en avais eu le courage, j'aurais pu être l'instigateur de ta transformation

Je suis devenu un homme ou du moins son ébauche parce que pour la première fois j'ai eu envie de toi si fort que mon corps m'a fait mal. Le soir dans mon lit alors que je te haïssais, tremblant malgré tout de désir pour toi, j'ai dit adieu a mon innocence pour toujours parce qu'a partir de cet instant ce désir ne m'a plus jamais laissé en paix.

La vie a suivi son cours à nouveau mais le temps ne passait plus aussi vite. J'avançais lentement avec ma jalousie dévorante, cette envie qui me tenaillait les entrailles. C'était tellement dur d'y faire face jours après jours alors que je n'avais qu'une envie c'était fuir le plus loin possible de toutes ces émotions douloureuses.

Pour mieux oublier je me suis jeté dans d'autre bras moins accueillants mais tellement plus rassurants, plus anonymes aussi. Je te voyais souffrir, une part de moi en était contente. J'étais heureux parce qu'à ton tour tu connaissais les mêmes tourments. C'était toi que la jalousie dévorait, toi qui ressentais cette envie brûlante et douloureuse. J'avais honte de ce sentiment de joie puérile, dernier vestige de l'enfant qui subsistait au fond de moi.

A partir de ce moment le temps a filé a toute allure pour ne plus s'arrêter, emporté dans le tourbillon de la guerre, de l'horreur quand le froid et le faim s'insinuait sournoisement dans ma chair et me faisait devenir quelqu'un que je ne connaissais pas. J'ai découvert la noirceur qui se cachait en moi, affronté mes pires peurs, je t'ai fait du mal encore mais pour finir j'ai gagné ton respect et ton admiration.

Ma plus belle victoire. Une victoire que tu as scellée par un baiser fougueux échangé au cœur d'une tourmente sans nom. J'ai su alors que chaque goutte de sueur, chaque larme versée en valaient la peine parce qu'à cet instant j'ai compris qu'on pouvait arrêter le temps.

Je me souviendrais sans doute toute ma vie quand enfin nous avons compris que Harry avait vaincu et que contrairement à ce que tout le monde pensait il avait survécu. J'ai pris une profonde inspiration, respirant cette odeur si particulière de terre acre, de sueur et de sang. La senteur d'un temps désormais révolu, la fragrance d'une liberté gagnée dans la douleur.

Aujourd'hui je suis là, mon corps nu se frotte contre le tien. J'explore de mes mains, de ma bouche, chaque relief de ton corps que j'ai si souvent imaginé sans jamais le voir. La guerre est loin et je me sens si libre prisonnier de cette étreinte que j'ai si ardemment désirée.

Je te contemple t'offrir a moi, un abandon qui me rend si fier et je sais que cette impression grisante de puissance ne me quittera plus jamais. J'éveille ta sensualité alors que je m'apprête à devenir un homme dans tes bras.

Je me fonds en toi avec violence tant j'exulte à l'idée de te posséder enfin, te couvrant de baiser pour te faire oublier la douleur que j'ai provoquée dans mon empressement maladroit. Mais tes yeux plantés dans les miens me rassurent bien vite, tu le veux autant que moi et déjà ton bassin vient à la rencontre du mien.

Je me perds dans tes chairs brûlantes qui m'enserrent si fort, m'abreuvant de chacun de tes gémissements à chacune de mes poussées plus profondes et puissantes jusqu'à ce que je perde la tête et me laisse emporter par une vague de jouissance titanesque.

A présent alors que tu dors à mes cotés je pense que j'ai fini de grandir et que je commence à vieillir. Un curieux sentiment de nostalgie m'étreint le cœur, une sensation de vide m'envahie, j'ai l'impression que le petit garçon que j'ai pu être n'est plus qu'un petit frère désormais disparu.

Je vais vieillir mais je n'ai pas peur parce qu'avec un peu de chance ce sera avec toi.