Voici un minuscule O.S sur la meilleure série qu'il me fut donné de voir ! Et je pèse mes mots ! « The following » ou « comment perdre la tête en cinq épisodes ? » Mais si vous êtes ici, c'est que vous connaissez déjà la série, que vous connaissez Paul, que vous connaissez Jacob. Et je les aime quand ils s'aiment… Sous l'impulsion d'émotions fulgurantes, d'un surplus d'amour et de larmes intarissables, j'ai écrit ce court texte… J'espère que vous apprécierez, et sur ce, bonne lecture !
Je suis désolé.
Les excuses perlaient abondamment au creux de ses lèvres. Et les joues rougies, les yeux brillants, Paul se serait émerveillé de la beauté de ses sanglots, certainement, si Jacob, de ses mains fébriles, ne lui maintenait pas un oreiller sur le visage. L'air était dense, moite, collait à la peau et se lestait d'un mélange âcre de sueur et de sang, mais n'osait à peine s'insinuer entre les deux corps enfiévrés. Alors, Jacob peinait à respirer, un peu, puis s'il fermait les yeux, assez fort, il pourrait probablement halluciner un autre sofa, une autre journée, une autre maison – celle où ils auraient pu rester, ensemble. Paul n'y suffoquait pas, Jacob ne l'y étouffait pas… Ici, les halètements demeuraient souffreteux quand sa mémoire lui en rappelait d'un autre ton. Jacob pressa plus fort. Il demanda pardon.
Je suis désolé.
La réalité s'élimait tandis que sa vue se brouillait, et au final, rien ne perdura sinon de vieilles réminiscences – à peine une étreinte, un réconfort, une chaleur pulsante quand elle ne s'écoulait pas d'une blessure béante. Puis, il y avait ces mains dont il ne parvenait à se détourner et dont la jointure exsangue l'horrifiait ! Comment pouvaient-elles presser si fort ? Il en hurla intérieurement, se mordit la langue et pria pour qu'elles se décrispent de leur prise, ne réalisant pas qu'elles lui étaient rattachées. D'ailleurs, la perception de son corps s'évanouissait totalement au profit d'une torpeur désespérée. Jacob luttait pour oublier, pour ne pas comprendre, mirant celui qu'il sentait lutter pour une unique goulée d'oxygène. Sous lui, Paul convulsa brutalement, comme l'adjurant de lui revenir, en entier, quand bien même il n'en soit que plus lourd par le poids de sa lâcheté. Parce que Paul aimait Jacob intégralement.
Je suis désolé.
« Tu me le dois », Paul se référait à un souvenir, mais Jacob savait qu'il lui devait plus qu'un secret gardé. Cette gratitude lui étreignit la gorge, l'empêchant de respirer, lui comme Paul, car c'était bien elle qui, également, insufflait à ses bras la force nécessaire pour se racheter. Paul avait tant subi, plus qu'il ne l'aurait cru, plus qu'il ne l'aurait espéré. Alors, s'il voulait mourir de ses mains, celles-ci ne lui ayant jamais rien offert d'autre, il n'aurait su refuser. Cet instant, aussi bref soit-il, se revêtait d'une préciosité que seul le chagrin permettait. Car malgré son aveuglement, ne subsistait qu'une fin possible...
Jacob donna à Paul tout ce qu'il lui restait, plus grand-chose, ses rêves, son innocence, sa conscience. Il aurait pu réchapper de ce scénario absurde sans trop de dégâts, il aurait pris le parti de l'inconscience. Il était jeune, naïf, pire idiot, et s'il le fallait, fou. Il aurait pu s'en sortir, tout recommencer comme si ces derniers jours ne furent qu'un cauchemar – ces dernières années furent loin d'en être un. Perdu à la nervosité de ses convictions, une paume calleuse sur sa joue le ramena à la constance de son affection. Son visage se froissa sous la pulpe de ces doigts. Parce que quand Jacob le tuait, Paul le réconfortait – comme toujours, comme avant.
