Arthur se sentit tiré du sommeil par le sentiment d'un danger imminent. Il était confortablement installé, dans son lit douillet, lorsqu'il avait ressenti une présence dans la pièce.

Il entrouvrit légèrement les yeux, étant donné le peu de luminosité, on devait bien être encore au milieu de la nuit. Qui pouvait bien se glisser dans sa chambre à une heure aussi incongrue et pourquoi ?

Le jeune prince se tint sur le qui-vive, prêt à attraper son épée, toujours à proximité de son lit mais ne fit aucun mouvement. L'intrus s'approcha de lui et commença à se pencher, il n'eut pas le temps d'achever son action, qu'il se retrouva projeté sur le lit, Arthur au-dessus de lui, lui maintenant les poignets.

- Bonjour Sire, désolé de vous avoir fait peur. Ce n'est pas que je n'aime pas votre accueil chaleureux mais est-ce que vous pourriez desserrer un peu votre étreinte ?

Arthur réalisa que l'intrus n'était autre que Merlin et qu'il était actuellement à califourchon sur lui, à moitié nu. Une bouffée de chaleur lui traversa le ventre. Ça faisait quelques temps qu'il avait de drôles de sensations lorsque son serviteur était prêt de lui. Depuis plusieurs années qu'il était à son service et malgré son incompétence notoire Arthur s'était attaché à lui.

On peut même dire que le jeune homme était devenu son ami, ce qui n'était déjà pas pour plaire au roi Uther. Il ne comprenait pas son fils, qui, en dépit du protocole qui lui avait pourtant été inculqué depuis sa plus tendre enfance, appréciait la compagnie de gens du peuple et plus particulièrement de son valet.

Cette amitié était déjà tout juste tolérée, alors que dirait le roi s'il apprenait que son fils avait dans la tête des pensées bien moi amicales envers son serviteur. En même temps, Arthur n'avait jamais vraiment voulu savoir ce qu'il y avait derrière ce besoin qu'il avait d'avoir toujours Merlin près de lui, de le taquiner parfois trop durement, de ressentir ces agréables frissons lorsque son serviteur l'habillait en frôlant son corps nu de ses mains si chaudes.

A ces pensées le corps d'Arthur commença à réagir, se souvenant de sa position, il sortit de sa torpeur et se déplaça rapidement pour que Merlin ne sente pas son trouble. Celui-ci se dégagea et se mit assis dans le lit, une légère coloration rouge sur les joues. Arthur recouvris complétement ses esprits et pour reprendre contenance pris le ton le plus hautain qu'il avait l'habitude d'utiliser

- Merlin ! pourquoi viens-tu fouiner dans ma chambre au milieu de la nuit, comme un voleur… un voleur incompétent, ça au moins c'est une constante chez toi.

- C'est votre père qui m'a demandé de venir vous chercher, une affaire urgente. Je ne voulais pas vous réveiller trop violemment, je sais comme sa seigneurie peut être désagréable quand elle se lève du mauvais pied, lui répondit-il, un grand sourire narquois sur les lèvres. Le roi vous attend dans la salle du trône

Quelques minutes plus tard, Arthur avait rejoint son père qui était en conversation avec ses conseillers, quelques villageois se tenaient sur le côté, ils semblaient terrorisés.

- Enfin Arthur, te voici, ces gens arrivent d'un village pas très éloigné de Camelot, ils pensent avoir aperçu Morgane et Morgause. Il n'y a pas une minute à perdre, mets-toi en route tant que la piste est encore chaude. Si tu t'y prends bien, nous avons une chance de les retrouver.

Le roi ne s'était pas remis de la trahison de sa pupille, il avait fait savoir à travers tout son royaume et même au-delà, qu'une forte récompense serait attribuée à quiconque lui fournirait des informations sur les deux fugitives. Il va s'en dire, qu'avec l'appât du gain, les « témoins » s'étaient succédés depuis des semaines.

Arthur n'en pouvait plus de battre la campagne sur de fausses pistes. Il ne savait pas ce qu'Uther comptait faire, une fois Morgane retrouvée. Souhait-il obtenir des explications, lui pardonner ou la punir ? En tout état de cause, c'était devenu une véritable obsession pour lui. Et le jeune prince se dit que sa nuit allait, encore une fois, en faire les frais, car il était bon pour partir dès maintenant. Ce n'était même pas la peine d'essayer de discuter avec son père.

Arthur pris les renseignements nécessaires, fit prévenir deux de ses chevaliers et se prépara pour une nouvelle chasse sans beaucoup de conviction.

Et quelques heures plus tard, ayant atteint la piste désignée, l'ayant explorée de bout en bout, le prince se rendit à l'évidence : encore une fausse piste ! Que de temps perdu.

Sur le chemin du retour, la tension étant redescendue et n'ayant plus la préoccupation des sorcières fugitives à l'esprit, le regard d'Arthur s'appesantit sur le dos de son valet et les sensations du matin se firent à nouveau sentir. Cela commençait à l'agacer ! Habituellement il préférait regarder les demoiselles du château. Mais sa proximité quotidienne, le fait qu'il essayait toujours de le réconforter à sa façon tout à fait irritante et aussi le fait qu'il avait plusieurs fois risqué sa vie pour lui devaient expliquer que les sentiments du blond avaient changés.

Bon c'était de la reconnaissance, de l'amitié…. Mais il n'y avait pas que ça, il y avait le désir de sentir ses lèvres si fines sur les siennes, de caresser la peau de son torse.. oh la ! Voilà que ses pensées lui jouent encore un vilain tour. Enfin J'ai juste des besoins normaux à assouvir se dit-il. Avec toutes ces tentatives contre Camelot, ces trahisons Arthur n'avait pas eu de femme dans son lit depuis très longtemps. Voilà l'explication ! Il ferait le nécessaire dès sa mission achevée et tout rentrerait dans l'ordre.

De retour au château, après avoir fait son compte rendu bien évidemment sans aucun intérêt, (ce qui mit Uther dans une colère noire), le prince se mit en quête d'une compagnie pour la nuit. Il était plutôt bien fait et son statut aidant un peu, il n'avait jamais eu beaucoup de mal à convaincre de jeunes et jolies femmes à se joindre à lui pour une nuit. Du moment qu'ils prenaient des précautions pour qu'aucun batard ne naisse de ces étreintes, ça ne posait de problèmes à personne.

Seulement, ce soir, personne ne trouvait grâce aux yeux d'Arthur, non, aucune des jeunes filles qu'il croisait n'éveillait le même désir que… non ça suffit ! Le blond retourna dans sa chambre, où bien sûr Merlin ne tarda pas à la rejoindre le noyant sous un flot de paroles totalement inintéressantes, mais qui le firent bizarrement se sentir bien, à sa place. Après tout, l'amour physique avec des hommes n'était pas interdit, puisqu'il s'agissait juste d'un besoin physique il pouvait aussi bien l'assouvir avec son valet, et après tout reprendrait son cours normal.

Lorsque, comme chaque soir, Merlin commença à aider son prince à se déshabiller, enlevant, lentement les boutons de sa chemise, frôlant son torse à chaque fois, Arthur sut qu'il allait craquer. Avant qu'il n'ait pu finir sa tâche, Merlin se retrouva coincé contre le mur, les lèvres d'Arthur sur les siennes, sa langue quémandant l'entrée, ses mains parcourant son dos… Merlin et Arthur semblèrent se perdre plusieurs minutes dans une danse sensuelle dont ils ressortir tous deux essoufflés, et les joues en feu.

Les sensations étaient encore plus fortes que ce à quoi Arthur s'était attendu mais il voulait garder le contrôle et être sûr que la situation était claire pour Merlin, il n'y avait pas de sentiments, ce n'était bien que l'assouvissement de pulsions humaines.

- Ne t'inquiètes pas, je n'oublierai pas de te rétribuer correctement pour « ça ».

Merlin eu l'impression de prendre une claque ! Pour qui le prenait-il ? une fille de joie. Toute l'intensité du moment était redescendue et, quand Arthur se pencha de nouveau sur lui, Merlin le repoussa. Le blond n'apprécia pas du tout ce mouvement de recul et le plaqua contre le mur, lui prenant la bouche de force. Merlin fit briller ses yeux et le blond ne comprit pas comment il réussit à perdre l'équilibre, ses pieds semblant s'être pris dans une corde. Son valet en profita pour lui échapper et sortir de sa chambre.

Le jeune sorcier était démoralisé, ça faisait un moment qu'il s'était rendu compte que son attachement pour le prince était de plus en plus fort, qu'il ne le protégeait plus seulement parce que c'était son destin, qu'il était important pour Albion mais surtout parce qu'il ne supporterait pas qu'il lui arrive quelque chose.

Quant Arthur l'avait embrassé, une foultitude d'émotions s'étaient succédées en lui après tant de semaines de désir contenu et, quand il avait proposé de le payer, le ciel aurait pu lui tomber sur la tête. Quelle image pouvait-il avoir de lui ? Qu'il ne veuille pas de lui comme amant ne l'aurait pas surpris, mais là cela voulait dire qu'il ne le considérait même pas comme un ami mais bien comme un simple serviteur dévoué corps et âme à son altesse royale ! Quel crétin arrogant !

Il se dirigeait vers sa chambre, lorsque Gauvain croisa sa route, un peu éméché comme à son habitude à cette heure de la soirée. Il tituba vers Merlin qui le rattrapa de justesse et lui proposa de le raccompagner pour éviter qu'il finisse par s'endormir au milieu du couloir. Ça lui avait valu quelques ennuis la dernière fois. Il passa son bras sous l'épaule du chevalier et le tira tant bien que mal vers sa chambre.

Arthur était frustré, énervé mais à bien y réfléchir il n'avait pas été très délicat avec Merlin. Même s'il était profondément agacé que son serviteur lui ai désobéi une fois de plus,(surtout dans son état d'excitation) il voulait quand même le retrouver pour s'expliquer avec lui, pas s'excuser non plus, ça ce n'était pas dans ses princières habitudes. Il allait essayer de le convaincre de revenir avec lui et peut être finir ce qu'ils avaient si agréablement commencé, il l'avait pourtant senti assez réceptif à ses caresses…

Le blond en était là dans ses pensées, quand il croisa son valet dans les bras de Gauvain. Il avait toujours su que ces deux-là s'entendaient bien mais pas à de cette façon-là ! Donc c'est pour ça que Merlin l'avait repoussé ! La frustration mêlée à la jalousie n'étaient pas bonne conseillère et Merlin risquait de l'apprendre à ses dépens car Arthur venait de prendre une décision draconienne pour le châtier. Il ne lui adressa pas la parole et repartit vers ses appartements.