CHAPITRE 1
… te perdre …
Chanson en écoute : Hallelujah, Rufus WAINWRIGHT
« La vie n'est qu'une longue perte de tout ce qu'on aime. » Victor HUGO
Bella,
Pardon. Pardon de ne pas avoir pu t'expliquer la situation plus tôt mais pour ta sécurité, il valait mieux que tu ne connaisse la teneur des évènements récents que le plus tard possible. Nous devons partir et mon coeur se brise en mille éclats à l'idée de ne pas pouvoir t'emmener avec moi. Les Volturi nous ont rendu visite dans la nuit et ont menacé de te tuer si nous n'obtempérions pas. Nous sommes bannis pendant deux cent ans de ces terres.
Mon amour, ne doute jamais des sentiments qui animent mon âme pour toi. Tu as fait de moi un homme, faute d'humanité, et tu as su faire repartir mon coeur mort depuis près de cent ans. Sache qu'il ne vibrera désormais plus que pour toi.
Pardonne-moi de constamment te mettre en danger. Victoria rode encore mais je te jure de la retrouver pour que tu ne risque plus rien. Ne t'inquiète pas des Volturi, ils ont eu ce qu'ils voulaient, ils ne t'importuneront pas.
Nous ne nous reverrons probablement jamais et cette pensée me déchire. Je t'en prie, ne cherche pas à nous retrouver, tu te mettrais en danger inutilement. Comprends bien, c'est la seule chose que je peux te demander, à présent. Je laisse mon coeur à tes soins en espérant de toute mon âme que tu me pardonneras un jour.
Je suis désolé.
Je t'aime plus que tout.
Edward
Six mois que je lisais cette missive tous les jours allongée sur son divan de cuir noir.
Lorsque je m'étais réveillée ce matin là, ma vie avait subitement basculé. Après avoir lu et relu cette lettre, j'avais fondue en larmes et je m'étais précipitée dehors. Heureusement, Charlie était absent. Dans le cas contraire, je n'aurais certainement pas pu atteindre la porte d'entrée. J'avais roulé comme une folle au volant de mon antique Chevrolet et avait atterri devant la villa des Cullen en un rien de temps. Je me souviens avoir été surprise que la porte d'entrée ne soit pas verrouillée. Cela n'avait pourtant pas amoindri ma détermination. A contrario de sa dernière volonté, je les avais cherchés, tous. J'avais fouillé la maison de fonts en combles à la recherche du plus petit indice sur leur destination. J'avais passé des heures sur internet à dénicher un hôpital pour lequel Carlisle aurait éventuellement pu travailler, une entreprise de décoration d'intérieur dans laquelle Esmée aurait pu avoir un rôle ou encore un lycée où tous les autres auraient pu se rendre. En vain. Mes moyens étant très limités, je n'avait pas pu me déplacer plus loin que Port Angeles avec le plein d'essence et il était hors de question que je retourne chez ma mère. C'est à Forks que tout avait commencé, et c'est là que tout devrait finir.
Je me trouvais à présent immobile devant le grand piano à queue noir de l'homme de ma vie et j'essayais tant bien que mal de me défaire de son image jouant ma berceuse. Instinctivement, je portais ma main à mon coeur, là où reposai celui d'Edward. Fait de cristal, il portait l'inscription « plus que ma propre vie » ainsi que nos prénoms entrelacés. Il se balançait au bout d'une fine chaine en argent, au creux de ma poitrine. Il l'avait laissé à mes soins, comme il l'avait si bien dit, et il ne m'avait jamais quitté.
Je sortais à regrets de la grande bâtisse, montais dans la camionnette et pris la 101 en direction du Nord. J'ignorais si je supporterai cette épreuve mais j'avais besoin de me retrouver à nouveau en ce lieu si magique. Il n'était pas plus de quinze heures lorsque je me garais au bord du sentier et m'engouffrais au coeur des bois. Après plus de quarante minutes de marche, une bonne dizaine de chute et cinq ou six égratignures, je débouchais enfin dans notre clairière.
C'est là, au milieu de ce semblant de paradis, que je sombrais. Mes jambes ne me soutenaient plus, les larmes coulaient en torrents sur mes joues et mes sanglots se répercutaient en de grands bruit effrayants dans le silence pesant de la forêt alentour. Je ne me remis qu'en pensant à lui et au fait qu'il n'aurait pas aimé me voir dans cet état. Après m'être calmée et avoir réussi à faire taire les sanglots étouffés qui s'échappaient de ma gorge, je me rendit compte que je n'étais pas seule dans la clairière.
À une vingtaine de mètres de moi, cachée par l'ombre des arbres immenses, une jeune femme pleurait. Lorsqu'elle vit que je l'observais, elle avança de quelques pas, assez pour que je puisse distinguer son visage. Fin, pâle, ses lèvres rouge sang étaient étirées dans une sourire. Contrairement à ce que j'avais pensé, elle ne sanglotait pas, elle riait. Ce n'est que lorsque je regardais ses yeux bordeaux et ses cheveux roux, que je me rendis réellement compte de l'erreur que j'avais faite en venant ici. Cette femme se moquait de moi. Ce monstre piétinait mon coeur en agissant de la sorte mais c'est certainement ce qu'elle avait voulu faire. Ce vampire, car elle l'était, s'approcha de moi. Son visage n'était plus qu'à quelques centimètres du mien et elle me fit un clin d'oeil.
« Victoria … »
À l'entente de son prénom, la jeune femme explosa de rire, un son cristallin et pourtant si terrifiant. Puis se fut le trou noir. La seule chose dont je me souviens, c'est d'avoir senti ses dents, aiguisées comme des lames de rasoir, se planter dans la peau tendre de mon cou et d'avoir entendu un unique hurlement. Le mien.
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Bisoux à tous.
EiméoN ...
