Bonjouuuuuur:)

Alors haem... Je suis ici pour vous présenter une fic que j'ai attaquée fin Juin dernier (ça date hein) et que j'ai achevée aujourd'hui. Je vous laisse prendre connaissance de la fichette technique pour davantage de précisions...


Auteur : Westyversionfrench

Titre : Des Ailleurs

Rating : M

Pairing : Fred/George Weasley (d'où le M car twincest + lemons)

Fic à l'écriture : Achevée. En correction.

Fic à la publication : 1° chapitre posté.

Bêta-Lecteur : Non.

Rythme de publication : Tous les samedi soirs.

Résumé : Fred et George ne s'étaient jamais disputés. Aucun des deux n'avait jamais élevé la voix sur l'autre. Aussi Fred ne comprend-il pas comment George peut être aussi odieux pour une simple retenue avec Snape.


Chapitre I

C'est une drôle de chose que de tomber amoureux de soi. C'était ce que George, allongé sur son lit, dans la tour Gryffondor, était en train de penser. Il a avait les bras croisés sous sa tête, les jambes en tailleur. On aurait dit un sablier humain. Blafard, peau de roux oblige. Il savait que personne ne viendrait le déranger avant une heure ou deux. Il aimait rester là, nu, sur son lit, après avoir pris une bonne douche. Il sentait ses draps sous lui, c'était doux et agréable. Il sentait le vent qui lui chatouillait le ventre, intrusif, soufflant avec malice depuis la fenêtre. Il fermait alors les yeux et savourait le silence. Pour réfléchir. Ou se concentrer sur ce qu'il ressentait, dans l'instant. Le lit, lui, la chambre, la chambre, le lit et lui. Et le vent qui courait de l'un à l'autre en piaillant entre les poutres usées.

Il ne quittait pas souvent Fred, son jumeau. Seulement deux heures par jour, ces deux heures là. Celles qu'il lui consacrait pourtant, ne pouvant l'extirper de ses pensées. Alors qu'il comptait les gouttes de pluie, le sourire de son frère apparut devant ses yeux. Il crut qu'il s'était endormi, qu'il rêvait. Mais le grand éclat de rire provenant de la gorge hilare de son vrai frangin le fit sursauter. Cet imbécile était resté pendant une longue minute à l'observer rêvasser, penché à quelques centimètres de son visage. Par chance, George, qui était dans un état contemplatif, n'avait pas tenté d'embrasser sa silhouette onirique.

Son frère s'éloigna du lit. Pudiquement, George ramena son drap sur lui, soudainement. L'autre le taquina :

« Rhooo, tu sais bien qu'on a la même ! » George lui tira la langue. Ce à quoi Fred ajouta avec malice :

« Enfin... la mienne est moins raide en ce moment... »

George rougit violemment. Comment ? Non ! Pitié pas ça ! Il abattit la couverture dans un espoir vain de cacher la bosse qui formait un pic dans la plaine des draps.

L'autre se jeta sur le lit à côté de son frère. Il le regarda dans les yeux, ce qui troubla grandement George, et lui dit, l'œil lumineux de curiosité :

« Elle s'appelle comment ? »

George le détesta. Profondément. Il faillit lui balancer à la gueule la vérité sous le coup de la colère et d'une profonde tristesse aussi, mais préféra finalement répondre :

« Tu ne la connais pas ! » avant de lui tourner le dos.

Fred se hissa hors du lit de son jumeau et marcha vers la porte. Il la passa en beuglant à son fraternel :

« En tout cas, elle te fait un sacré effet ! Elle doit être belle ! »

Alors que le bruit de ses pas diminuait dans l'escalier en vis, George murmura pour lui-même :

« Pas belle... Beau... Et con. Très con. »

Et il s'enroula dans ses couvertures pour s'endormir assez vite.


Le bruit d'une explosion retentit dans le Hall de la plus prestigieuse Ecole de Sorcellerie de Grande-Bretagne. Le professeur McGonagall, qui était alors dans son bureau à corriger des copies, releva la tête avec lenteur, un air profondément las imprimé sur sa face ridée. Elle grogna et se leva avec raideur et après plusieurs minutes, atteignit le bas des larges marches du principal escalier de l'établissement. Elle fit face à un Draco Malfoy furax, couvert d'une substance rose qui semblait l'engluer totalement, le retenant prisonnier. Son homologue de Serpentard arriva à son tour dans un grand bruit de cape. Severus Snape était lui aussi de mauvaise humeur, son nez était pincé et ses yeux lançaient des éclairs. Il s'adressa directement à son élève :

« Qui vous a tartiné de la sorte, Malfoy ? » [1]

L'autre rougit. Essentiellement de colère. Mais une pointe de honte transparut lorsqu'il pointa du doigt un Ronald Weasley aux joues encore plus flamboyantes que ses cheveux. Il tenait à la main un paquet de chewing-gum qu'il avait arraché de la main du Serpentard à l'arrivée des deux professeurs. Sans aucun doute, la substance rose qui saucissonnait Malfoy comme un rôti provenait de la boîte. Ron bafouilla un peu mais finit par dire d'une voix chevrotante :

« Il l'a pris tout seul... »

Minerva et Severus échangèrent un regard. Si chacun défendait généralement sa maison, ils n'étaient pas injustes pour autant. Ils songèrent immédiatement, chacun de leur côté que Malfoy avait probablement chipé la dite friandise qui s'était finalement retournée contre lui. Suspicieuse, McGonagall demanda au dernier fils de la famille Weasley :

« Où avez vous eu ces bonbons Monsieur Weasley ? » L'autre agrandit soudainement les yeux et sa bouche forma un cercle parfait, ronde de surprise. Il marmonna enfin :

« Fred... »

Severus leva les yeux au ciel. Minerva ne broncha pas. Étrangement, Malfoy avait cessé de regarder son adversaire avec haine et cherchait des yeux le véritable coupable aux alentours. Mais cette fois, les deux bouilles hilares des jumeaux n'apparurent pas. Lorsqu'ils apprirent l'incident quelques minutes plus tard, par un Ronald fulminant de rancœur, ils qualifièrent l'événement d'heureux accident. Ils regrettèrent immédiatement ces propos lorsqu'ils furent collés en retenue, chacun dans une salle différente, sous le regard sévère d'une vieille écossaise et d'un Rogue aigri.


Evidemment, George avait écopé de Rogue. C'était pourtant cette fois l'idée de Fred de trafiquer des chewing-gum moldus grâce à un sort d'amplification. Oh oui, il avait applaudi joyeusement à l'idée de son frère et avait montré son enthousiasme en jetant lui-même le sort. Mais l'idée, c'était pas lui ! Il se contenta de vider les étagères, de les dépoussiérer, et de disposer à nouveau les flacons après les avoir triés et étiquetés. Rogue n'avait décidément aucune imagination pour varier les plaisirs de ses punitions. C'était toujours d'un ton sec qu'il laissait échapper à tout condamné : « L'armoire au fond à gauche... ».

Dire que Fred devait se contenter de lignes à copier ou d'un devoir supplémentaire. Mais à choisir, il préférait les fioles au contenu douteux au papier et à la plume. Au moins, ses gestes, mécaniques, lui permettaient de voguer tranquillement selon le fil de ses pensées. Et ses pensées, lorsqu'elles naviguaient innocemment vers la baie de son cœur, se fracassaient sur les écueils du visage de Fred. George grogna. « Pas Maintenant... » Il posa enfin la dernière fiole et presque docilement, il alla s'asseoir à sa place. Le professeur leva les yeux et le congédia d'un geste, presque surpris de tant de calme. Pas une seule provocation... étrange.

Lorsqu'il atteignit la porte de sa chambre, George constata que son frère était déjà rentré. Il pouvait entendre sa voix derrière le bois épais qui les séparaient. Une jolie voix s'éleva à son tour. Son sang se glaça. Il ouvrit la porte d'un seul coup. Il eut un hoquet de surprise en apercevant son frère lové dans les bras d'ébène d'Angelina Johnson. Elle l'aperçut alors mais, si la surprise l'avait fait sursauter, elle ne s'écarta pas du rouquin pour autant.

Lorsqu'il le vit, Fred adressa un grand sourire à son cadet. Jumeaux oui mais le jeune homme n'en démordait pas, c'était lui, le premier. Cette affirmation faisait bien entendu grincer les dents du dit cadet mais comme c'était précisément le but... George avait la mine froide. C'était très rare. Il avait toujours un beau sourire imprimé sur ses lèvres fines et violines. Fred décida de le provoquer :

« McGo' m'a lâché après m'avoir fait décoller tous les chewing-gums sous les pupitres. J'ai filé direct ici ! » L'autre marmonna : « Lâcheur... » Mais ne se dérida pas. Angelina se leva et après avoir déposé un baiser sur la joue de chacun des jumeaux, regagna sa propre chambre.

George ne pipa mot. Décidément, il était d'une humeur massacrante. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir pour « l'heureux accident », non, il ne lui en voulait jamais. Il ôta sa robe de sorcier, son t-shirt bariolé, son jean et ses chaussettes et s'enfouit sous ses couvertures, sans même lui souhaiter bonne nuit. Fred perdit son sourire lorsque son jumeau éteignit les lumières d'un moulinet de baguette magique. Il attendit quelques minutes dans le noir, confus mais persuadé que son jumeau n'allait pas se faire prier pour lui raconter sa colle. Mais non, le silence s'installa et il se concentra sur la respiration régulière et douce de George. Il ne dormait pas. Il en était certain. Au bout d'une heure, Fred commença vraiment à s'inquiéter. Rogue s'était-il montré particulièrement cruel avec son frère ? Il devait en avoir le cœur net. Il rejeta ses draps, gagna le lit de George, et, l'ayant rejoint sous les couvertures, lui tapota gentiment l'épaule. L'autre, sursauta vivement, s'éloigna au bord du lit, et l'incendia :

« Lâche moi ! »

Fred, cette fois alarmé, posa distraitement sa main sur le matelas. Il regarda son jumeau à la lueur de la lune, sans comprendre pourquoi son visage était si crispé et pourquoi ses yeux lui jetaient des éclairs. Pour la première fois depuis bien des années, il avança une voix timide pour demander :

« Qu'est-ce qui se passe ? »

L'autre lui tourna le dos, après avoir prit soin de s'enrouler totalement dans sa couverture. La fenêtre était ouverte, et sans la protection de l'épais tissu, Fred frissonna un peu. Le mutisme de son frère l'inquiétait vraiment. Il en vint à penser qu'il y était pour quelque chose dans cette bouderie inhabituelle.

« Tu sais... Je sais que c'est pas juste que tu sois tombé sur Rogue et moi sur McGo. C'était mon idée. J'aurais du prendre plus cher que trois bonbons collés sous un banc. » Pas de réaction de l'autre. Il continua :

« Je te demande pardon. » L'autre haussa les épaules. Fred se sentit mal. Son frère se moquait de ses excuses. Il vit rouge. Jamais il ne s'excusait. Jamais. C'était la première fois. Et lui haussait les épaules, comme s'il avait dit n'importe quelle banalité. Mais Fred ne pouvait se résoudre à crier sur son frère. Son comportement était bien trop inquiétant pour qu'il n'agisse aussi impulsivement. Alors, il s'approcha furtivement de son semblable et après avoir déposé un baiser sur sa joue, il regagna sa couche et s'endormit, convaincu qu'il ne pouvait rien faire de plus pour le moment.


George eut envie de le tuer. S'il ne s'était pas retenu, il l'aurait étranglé sur place. S'il ne s'était pas retenu, et s'il n'était pas paralysé par son corps qui le brûlait entièrement. Il tremblait aussi, fébrilement. Il laissa une larme couler sur sa joue. Elle était elle aussi d'une chaleur inhabituelle. Si en temps normal, il était incapable de résister à un sourire de Fred, là, l'avoir vu dans les bras de leur amie, lui avait scié les jambes et lacéré l'estomac. Un profond écœurement l'avait pris et celui-ci était plus fort que toutes les moues attendrissantes du jeune homme.

Et maintenant, toute sa rancœur avait disparue, seulement parce que les lèvres de son jumeau avaient touché sa joue. Certes, son frère ne l'avait pas embrassé depuis longtemps, mais il était certain que la dernière fois qu'il l'avait fait, George n'avait pas ressenti ce qu'il venait de ressentir à l'instant. Un mélange d'euphorie et de honte, et une pointe d'un sentiment qu'il n'identifia pas tout de suite. Et lorsque ce sentiment fit jaillir une petite irritation dans le bas de son ventre, et qu'il osa regarder entre ses cuisses, il se refusa de prononcer le mot qui convenait à la situation. Il s'enroula davantage encore dans ses draps, comme si cela servait à quelque chose, et se borna à se concentrer sur l'air qui séchait la larme sur sa joue avant de sombrer dans le sommeil, cela plusieurs heures après son jumeau.

Lorsque Fred se réveilla, George avait disparu. Son lit était fait, ses affaires rangées, et sa personne envolée. Il se frotta les yeux, mais non. Ce n'était pas un mauvais rêve. Il se doucha en vitesse, s'habilla, et se précipita dans la grande salle pour le petit déjeuner. Là, il trouva Ron, Ginny et bien sûr Harry et Hermione, attablés, l'œil un peu endormi encore. Mais pas de George. Il balaya la salle du regard mais n'osa pas poser sa question à voix haute, et se laissa tomber entre les deux filles, se saisissant d'un bol. Elles lui jetèrent un œil étonné mais aucune des deux ne releva sa présence hormis un amical « Bonjour ». Ron qui enfournait son quatrième croissant, ne lui accorda qu'un grognement de bête. Harry lui, sourit. Hermione s'attaqua au cadet des Weasley en interpellant Harry :

« Non mais c'est pas possible ! Qu'a-t-il fait à son croissant ?

-Coupé en deux. Pour pouvoir y mettre de la confiture. » Il grimaça en même temps qu'Hermione avant que Ginny ne demande : « Figue je présume... » Le Balafré hocha la tête. Et Fred entendit sa petite sœur dire : « Ronald Weasley et les figues... » Les autres éclatèrent de rire. Pas Fred. Il venait de se rendre compte qu'il n'avait jamais pris de petit déjeuner sans George. Habituellement, ils descendaient ensemble, se goinfraient de merveilles et de parts de tartes en préméditant leurs prochains forfaits, gloussant et parlant la bouche pleine. Il croqua distraitement dans une pomme. « Qu'est-ce qui me prend de manger une pomme ? » songea-t-il avant d'avaler. Il laissa la pomme sur la table et quitta les lieux.

Il sillonna Poudlard, cherchant son frère, sans vraiment avoir l'air de courir après lui. Il n'osait demander aux autres s'ils l'avaient aperçu. Parce que lorsque tout allait bien, Fred savait toujours où son jumeau était et vice-versa. S'ils ne le savaient pas, c'est que quelque chose ne tournait pas rond. Ainsi quelque chose ne tournait pas rond. Ou du moins, pas aussi rond que Fred ne le faisait justement, en errant lamentablement comme une âme en peine. Il gagna les cachots pour le premier cours et l'idée de se retrouver face à Rogue lui donnait la nausée. Il entra et ne sut stupidement pas où s'asseoir. D'habitude, c'était plutôt George qui choisissait. Mais il n'était toujours pas arrivé. Il resta planté quelques minutes et se résolut à rejoindre Lee Jordan lorsqu'il comprit que bientôt, tous les bancs seraient occupés. Lee sourit et le fait qu'il ne mentionne pas l'absence de George l'attrista.

Lorsque le regard acerbe du professeur de potions se posa sur lui, il redouta soudain ce qui allait inévitablement se produire. Naturellement, Rogue l'interpella :

« Weasley numéro 1 ! Où est passé votre fichu clone ? » Comme il était de coutume chez les Wealsey quand le malaise venait, les oreilles de Fred virèrent à l'écarlate de façon soudaine. Il devait pourtant bien répondre. Il baissa les yeux, pour la première fois en sept ans de scolarité, face à un Severus éberlué qui le camoufla grâce à la mèche qui lui barrait le visage. Fred trouva sa voix trop faible lorsqu'il dit :

« Je ne sais pas. »

Cette fois, Lee le regarda dans les yeux. Et Angelina aussi. L'incompréhension les avait saisis. Enfin. Voir la surprise dans leurs visage eut un double effet. Premièrement, il se sentit moins seul et cela l'apaisa. Mais cela confirmait aussi que quelque chose d'inhabituel se produisait. Il eut peur. Les Serpentard ricanèrent dans leur coin.

Fred ne suivit rien du cours et ne perçut qu'à peine l'acharnement du professeur à son égard.


Hermione éprouva de la peine lorsque Fred les rejoignit le lendemain matin pour le petit-déjeuner. Elle constata qu'Harry l'observait discrètement et que Ginny avait passé un bras dans le dos de son grand-frère pour le consoler. Même Ron, avait levé les yeux de son cinquième pain aux raisins, et mieux, l'avait posé sur la table, sans pouvoir y toucher à nouveau. Hermione songea que les yeux inquiets de Ron étaient magnifiques mais chassa cette idée de son esprit. Elle reporta son attention sur la marrée de hiboux qui s'engouffraient pour leur apporter leur courrier. Lorsqu'elle eut gratifié le volatile d'une mornille et d'un peu d'un morceau de biscuit, elle se plongea dans la lecture de la Gazette du Sorcier. Elle fut interrompue par la longue glissade d'Errol, le vieil hibou des Weasley, qui s'écrasa à l'autre bout de la table des Gryffondor, sous le rire enthousiaste des Serpentard.

Ron, éprouvant davantage de pitié pour le pauvre animal depuis qu'il avait son propre oiseau, se leva et alla le chercher lui et la lettre qu'il leur apportait. Il y avait juste écrit « Aux enfants ». Il décacheta alors la lettre et après avoir parcouru des yeux le papier, il leva la tête et prononça avec soulagement :

« George est à la maison. » Instantanément, Fred lui arracha la lettre des mains et regagna sa chambre à grands pas. Ce n'est que lorsqu'il fut enfermé à double tour dans sa chambre, et allongé dans le lit de son frère, qu'il osa lire.

Mes chéris,

J'ai envoyé un courrier au directeur concernant George. Il a transplané au Terrier hier matin.

P.S : Ron, je sais que tu manges trop.

P.S bis : Ginny, ma chérie, tu recevras ta robe dans un courrier prochain.

Maman

C'était si court ! Cela ne ressemblait en aucun cas à leur mère. Elle ne disait rien dans ce courrier. La seule chose qu'il apprenait enfin était où se trouvait son frère. Mais pourquoi n'en dévoilait-elle pas plus ? Et pourquoi avoir adressé des choses insignifiantes à Ron et Ginny et pas un seul mot pour lui ?

Il enfouit sa tête dans l'oreiller et l'odeur de George qui l'imprégnait encore le fit sangloter. Il huma toutefois ce parfum en songeant très fort à son frère, espérant que celui-ci rentrerait bientôt. Il avait froid et peur. Il s'ennuyait depuis deux jours, il devenait irritable, il n'espérait plus que le soir vienne et qu'il s'endorme, pour s'échapper un peu à ce vide qui l'avait soudain pris. Il se prit à réfléchir. Comment George avait-il pu transplaner ? Il avait du se rendre à Pré-au-Lard. Il avait donc fatidiquement emprunté le passage menant chez Honeyducks. Mais Pourquoi ? C'était cette question qui tournait encore et encore dans sa tête, qui ne cessait de le harceler. L'absence était dure, oui. Mais l'ignorance était pire. Il se sentait à la fois coupable et victime. Car même si son frère allait mal, lui aurait dû savoir comment le sortir de sa mauvaise passe. Et visiblement, il n'en était pas capable. Il se sentait impuissant. Et la seule chose qu'il voulait, à cet instant, était quitter Poudlard et kidnapper son frère dans ses bras pour le consoler. Mais il avait terriblement besoin d'être consolé aussi.


Lorsque Molly Weasley avait vu apparaître George devant leur porte d'entrée, elle n'en avait pas cru ses yeux. Elle avait immédiatement couru à lui dans la crainte d'une mauvaise nouvelle. Il la rassura en l'embrassant, souriant. Elle fronça les sourcils. Il ne s'attarda pas en explications et dit simplement qu'il était un peu triste, qu'il ne savait pas pourquoi, et qu'il avait eu très envie de la serrer dans ses bras et de rentrer à la maison. Elle avait immédiatement fondue devant sa mine défaite et son regard implorant.

Lorsque la silhouette de Fred se matérialisa dans la cheminée, elle fondit aussi sur lui. Mais il la repoussa après un baiser, lui indiquant qu'il devait parler à George. Elle leva la tête, signifiant qu'il était dans leur chambre. Elle s'attendait à ce qu'il transplane dans celle-ci directement, mais étrangement, il prit la peine d'emprunter les escaliers. Elle était de plus en plus inquiète mais décida de les laisser s'expliquer avant d'envoyer le pauvre Errol prévenir le directeur de Poudlard et ses deux cadets que le deuxième jumeau aussi serait absent. Puis elle s'activa aux fourneaux, noyant ses craintes dans la sauce bolognaise.

Fred crut qu'il n'atteindrait jamais la porte tant il était lent. Mais il avait peur, fichtrement peur. Peur que lorsqu'il ouvrirait la porte, George ne soit pas là. Ou pire. Qu'il transplane à sa vue. Alors, quand il posa la main sur la poignée, il s'interrompit, collant son oreille au bois de la porte. Il n'entendit rien. Cela l'inquiéta. Puis, à sa droite, lui parvinrent des bruits d'eau. Bien sûr... il était dans la salle de bain ! Cette idée le réjouit. Parce qu'une fois dans son bain, George ne pourrait plus transplaner. Cette idée fit sourire Fred qui se sentit machiavélique. Mais après tout, l'autre n'était pas décidé à lui faciliter la tache alors il devait bien se montrer ingénieux. Il changea son oreille de porte. Il attendit quelques instants avant d'entendre distinctement un corps se glisser dans l'eau. Alors, grâce à un sort, il déverrouilla la porte et entra nonchalamment, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.

A sa grande satisfaction, George proposa deux énormes billes à la place de ses yeux. Voir son frère suffit à Fred pour lui rendre toute sa joie. L'autre se couvrit pudiquement l'entrejambe de ses mains, précaution inutile à cause de la mousse qui empêchait de voir tout ce qui se situait en dessous de la poitrine de George. D'un ton badin, Fred lança :

« Tu croyais que tu allais me semer aussi facilement ? » George grogna et commença à se savonner, le regard hostile, frottant lentement ses épaules. Il prit bien soin de ne pas répondre. Fred cette fois, en avait assez de ses silences. Il devint sérieux. Jamais, Ô grand jamais Fred et George Weasley n'avaient eu de discussion sérieuse. Et ça se voyait. Fred prit une mine sombre et osa :

« Je ne comprends pas. Tu ne me parles plus. Tu n'es plus avec moi. »

George se raidit dans sa baignoire, regardant l'eau fixement. Il massait désormais sa poitrine. Fred le regarda faire en attendant. Ses yeux dévalèrent en même temps que les mains de George sur son corps. Il récidiva :

« Pourquoi es-tu parti ? »

Cette fois, George avait prit une profonde inspiration. Lorsqu'il eut recraché tout cet air qu'il avait aspiré, il dit, fermement, et sûr de lui.

« Je ne voulais plus te voir. » Et Fred eut l'impression qu'on venait de le massacrer alternativement à coup de pelle, de pioche, de marteau, de scie sauteuse et de hache. Parce que c'était vrai. Là, George ne mentait pas. Ses jambes se dérobèrent et il s'affaissa sur le sol, pitoyablement, sur les lames du plancher.

George n'osa pas sortir du bain pour le relever. Il ne le pouvait pas. Il n'entendit pas de larmes. Pour la bonne raison que Fred, la joue contre le bois, était fracassé et que rien ne se passait plus en lui. Il resta prostré au sol. Il eut vaguement conscience que George sortait de l'eau, qu'il attrapait une serviette dans laquelle il s'enroula pour finalement quitter la pièce. Lui-même resta là. Ce fut Molly qui le trouva. Elle le secoua vivement. Elle pleurait. Il esquissa un sourire pour la rassurer. Mais elle pleura encore. Elle appela George mais il ne vint pas. Fred donna un baiser sur la joue de sa mère et annonça qu'il repartait le lendemain pour Poudlard. La pauvre femme, encore secouée de tremblements dit :

« Je vais préparer ton lit. » Il répondit un peu trop violemment :

« Non ! » Avant de compléter plus posément par :

« Ce soir, je dors dans la chambre de Ron... »


[1] J'avais complètement oublié cette réplique de Snape et quand j'ai relu, je me suis payée une bonne tranche de rire.

Voilà donc pour ce premier chapitre. En espérant qu'il vous aura donné envie de lire la suite;)