Bonjour à ceux qui débarquent sur cette histoire =)
Grande fan des Draco/Hermione (et surtout grande insatisfaite du couple Ron/Hermione), j'ai décidé d'en écrire un moi-même.

Autre détail, mon histoire repose essentiellement sur les livres mais je changerai sûrement quelques petits détails ci et là. Certains points du tome 7 seront réutilisés également je pense mais dans l'absolu mon histoire ne tient compte que des six premières années à Poudlard.

J'espère que vous apprécierez de la lire autant que je prends plaisir à l'écrire :)

NB: Pas de rythme de publication annoncée, je n'ai hélas que peu de temps pour écrire comme en témoigne mon chapitre 12 toujours dans un coin de mon pc, inachevé.
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Les pensées d'Hermione sont entre '...' et celles de Draco entre ''...'' (encore que ça ne soit pas très utile pour ce chapitre).

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Disclaimer: L'univers ne m'appartient pas, je ne fais que jouer avec les personnages, ce qui n'est déjà pas si mal.

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Chapitre I: Le calme après la tempête

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Un hurlement de rage retentit dans le silence paisible et plus qu'inhabituel du Terrier, suivi d'une série de couinements suraigus et d'un bruit d'explosion. Mrs Weasley passa une main sur son visage pour tenter - vainement - de se calmer avant de déposer les restes calcinés de ce qu'elle avait cru être sa baguette magique dans un coin de la cuisine. Les jumeaux avaient beau ne plus vivre au Terrier depuis plusieurs mois, elle tombait chaque jour sur une de leurs maudites inventions qui traînait dans les endroits les plus incongrus. Tant et si bien qu'elle en venait à soupçonner que le hasard n'y était pour rien. Elle se retourna vers la table de la cuisine où étaient assis Harry et Ron, chacun se gardant bien d'émettre le moindre commentaire. Les lèvres du plus jeune de ses fils se mirent néanmoins à frémir, accentuant la fureur de Mrs Weasley.

« Va réveiller les filles! » aboya-t-elle d'un ton féroce.

Ron ouvrit la bouche pour protester qu'il n'avait pas terminé son petit-déjeuner mais le regard noir que lui lança sa mère l'en dissuada. D'un geste, il fit signe à Harry de le suivre et ce dernier hocha la tête avec empressement, peu désireux de rester en compagnie d'une Mrs Weasley survoltée.

« C'est une catastrophe Maman en ce moment, marmonna Ron en gravissant les marches. Il n'y a qu'avec toi et Hermione qu'elle est à peu près de bonne humeur. Elle lui a même donné l'ancienne chambre de Fred et George, tu te rends compte ? »

En vérité, la jeune fille n'avait fait preuve que d'un enthousiasme modéré face à cette attention, habituée à partager sa chambre avec Ginny. De plus, l'idée de dormir dans l'ancien laboratoire des jumeaux Weasley ne l'enchantait guère car elle redoutait de tomber par mégarde sur un de leurs prototypes comme cela lui était déjà arrivé l'an passé, son œil s'en souvenait encore très bien. Mais au vu l'humeur de Mrs Weasley, elle n'avait pas osé protester, ce que les trois autres jugeaient plus que raisonnable. Harry et Ron toquèrent doucement à la porte mais n'obtinrent pas la moindre réponse. Sans se poser plus de questions, Ron ouvrit la porte à la volée et pénétra à grandes enjambées dans la chambre sans qu'Harry n'ait eu le temps de l'en empêcher.

« Hé Hermione, debout!

- Hmm…

- Hermione! »

Ron leva les yeux au ciel et observa avec une tendresse mal dissimulée la tignasse de cheveux bruns emmêlés qui dépassait des couvertures. Il secoua vigoureusement l'épaule de la jeune fille, qui ne bougea pas un cil, se contentant seulement de pousser un grognement. En cet instant, Hermione n'avait pas la moindre envie de quitter son lit au demeurant très confortable. Son départ précipité de chez elle la taraudait encore et l'avait empêché de trouver le sommeil pendant une grande partie de la nuit. A cette heure-ci - mais quelle heure était-il justement ? -, ses parents devaient avoir pris connaissance de la lettre qu'elle leur avait laissée sur la petite table de l'entrée. Le début de l'été lui avait paru terriblement long, chose accentuée par le fait que ses parents, farouchement décidés à connaître les circonstances de la mort de Dumbledore (« Ah mais quel malheur! »), n'avaient cessé de la harceler de questions. Bien évidemment, leur principal souci étant la sécurité de leur fille, ils n'étaient que très peu enthousiastes à l'idée que celle-ci puisse réintégrer Poudlard en septembre. Si son père estimait qu'une fuite à l'autre bout du monde s'imposait, la mère d'Hermione avait semblé plus partagée. D'un côté, elle se rendait parfaitement compte – dans la mesure du possible en tous les cas – des dangers qui affectaient le monde des sorciers mais elle avait également pleinement conscience du fait qu'ils seraient incapables de protéger leur fille en cas d'attaque de Mangemorts. Et dans ce cas-ci, Poudlard ne serait-il pas l'endroit le plus sûr pour elle ? La mort du directeur venait cependant faire pencher la balance dans le mauvais sens (« Mais enfin tu nous as toujours dit que ce Dumbledore était le plus grand sorcier de sa génération, et si même lui a été tué... »).

Alors, et même si elle se maudissait pour cela, Hermione avait choisi de partir contre leur avis. Dire qu'elle ne leur avait pas parlé des Horcruxes, par Merlin, elle n'osait même pas imaginer leur réaction si elle leur avait annoncé son intention d'accompagner ses deux meilleurs amis dans une pareille aventure. Après mûre réflexion, elle s'était mise en relation avec Tonks afin d'organiser son transfert au Terrier sans trop attirer l'attention. Maintenant que Dumbledore n'était plus là, l'ensemble de la communauté magique vivait dans l'attente d'une prise de pouvoir imminente par le Seigneur des Ténèbres. Étrangement, le Ministère de la Magie n'avait pour le moment dû faire face qu'à quelques altercations entre sorciers dont les esprits avaient tendance à s'échauffer plus que de raison en ces temps troublés. Hermione s'inquiétait chaque jour davantage pour son meilleur ami dont les rares courriers qu'elle avait reçu au cours de l'été reflétaient un calme anormal et au fond d'elle, la jeune fille craignait qu'il ne disparaisse du jour au lendemain pour partir à la recherche des Horcruxes, comme il en avait émis le souhait à la fin de leur sixième année. Aussi s'était-elle promis de faire attention au moindre petit détail pouvant trahir un tel projet de sa part.

« Hermione, on part sur le Chemin de Traverse dans trente minutes. Réveille-toi ! »

Cette phrase lui fit ouvrir complètement les yeux. Elle bondit du lit tel un diable hors de sa boîte, plus échevelée que jamais.

« Quoi ? croassa-t-elle. Mais c'est pas vrai !

- Bien sûr que non, fit Ron d'un air satisfait. Mais c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour te réveiller. »

Un lourd coussin rouge le frappa alors en plein visage tandis que Hermione le fixait d'un œil mauvais, désormais parfaitement réveillée.

« Hé ! », protesta celui-ci en se touchant la joue plus par réflexe que par réelle nécessité.

Un léger éclat de rire se fit soudain entendre. Encore agacée, Hermione tourna son regard vers la porte et vit Harry qui affichait un petit sourire amusé. Son semblant de fureur s'évanouit aussitôt. Le voir à nouveau de bonne humeur était en soi quelque peu troublant et en totale contradiction avec le regard triste qu'il arborait en permanence. D'un bond, elle s'approcha de lui et le serra dans ses bras, étreinte qu'il lui rendit gauchement sous le regard scrutateur de Ron. L'arrivée d'Harry au Terrier ne s'était pas déroulée sans encombres et Hermione s'en voulait quelque peu de n'avoir pu l'aider davantage.

Les membres de l'Ordre avaient eu recours à un ingénieux subterfuge, impliquant du Polynectar et plusieurs exemplaires d'Harry. Si ce dernier était parvenu à rejoindre le Terrier sans grand dommages - à l'exception d'une vilaine coupure à l'arcade sourcilière gauche et d'un pull désormais immettable -, George Weasley n'avait pas eu autant de chance. Alors qu'il ne se trouvait qu'à quelques mètres à peine du point de rendez-vous, un éclair violet l'avait touché de plein fouet. Resté inconscient plusieurs jours durant, à son réveil il avait eu la désagréable surprise de constater qu'une profonde estafilade s'étendait sur toute la longueur de son visage. Il camouflait de son mieux la cicatrice avec ses cheveux roux qui rivalisaient désormais en longueur avec ceux de son frère Bill qu'il désignait comme étant son "nouveau jumeau", une remarque qui montrait bien que son sens de l'humour demeurait intact. Au cours de cette même soirée, Maugrey était tombé de son balai, une chute qui aurait pu être mortelle s'il n'avait pas atterri dans un marécage boueux dont l'odeur pestilentielle l'avait imprégné pendant plusieurs jours en dépit de multiples sortilèges de nettoyage. Malheur à quiconque osait mentionner l'incident, et pire encore attendait celui qui s'aventurait à prononcer le nom de Mondingus Fletcher, à qui Maugrey vouait désormais une haine féroce. En proie à la panique, celui-ci s'était agrippé de toutes ses forces à l'Auror, l'empêchant de faire usage de sa baguette magique et avait fini par le déséquilibrer, entraînant ainsi sa chute. Une fois la mission terminée, il s'était enfui sans demander son reste.

Harry et Ron quittèrent Hermione peu après, l'appel de leurs estomacs se faisant pressant. La jeune fille dut effectivement reconnaître que les effluves qui remontaient de la cuisine étaient particulièrement alléchantes. Le gargouillis émis par son ventre la fit renoncer à se recoucher et elle se prépara en quelques instants. Ils ne partaient pour Poudlard que le lendemain, mais aucun d'entre eux n'avait eu le temps ou même l'envie d'acheter les fournitures nécessaires à leur dernière année d'étude. En conséquence, la famille Weasley ainsi qu'Hermione comptaient se rendre sur le Chemin de Traverse. Harry, à l'unanimité générale, ne les y accompagnerait pas. Il avait eu beau protester de toutes ses forces, arguant que sous sa cape d'invisibilité personne ne le verrait, mais en définitive, il avait bien été obligé d'obtempérer. Mrs Weasley parut désolée pour lui mais néanmoins rassurée qu'il en soit ainsi, lui expliquant d'une voix aussi apaisante que possible qu'il était plus prudent pour tout le monde qu'il demeure tranquille jusqu'au départ pour l'école. Cette surveillance constante lui pesait et Hermione redoutait de le voir rester seul. Lorsque Arthur Weasley énonça d'un ton faussement détaché qui ne trompa personne son intention de rester au Terrier pour bricoler ses objets moldus, la jeune fille songea qu'elle n'était pas la seule à éprouver cette crainte.

Le reste de la matinée se passa dans la bonne humeur, Hermione écoutant d'un air amusé les blagues des jumeaux - sommés par leur mère de venir récupérer tous les objets magiques pouvant encore se trouver dans la maison - ainsi que les nombreuses anecdotes relatives au mariage de Bill et Fleur. A ce moment-là, elle en était encore à essayer de persuader ses parents de la laisser retourner à l'école et avait estimé que les laisser en plan pour aller assister à un mariage n'eut pas été la meilleure façon de les convaincre. Mrs Weasley, toujours aimable, lui avait assuré qu'elle pouvait inviter ses parents si elle le désirait mais s'était heurtée au refus poli de la jeune fille. Hermione adressa un sourire à Ginny qui lui parlait avec animation dudit mariage ainsi que de la crise de nerfs de Fleur lorsque Fred et George avaient par mégarde renversé la sublime pièce montée. Si la colère de la mariée resterait sans conteste dans les mémoires, elle n'avait été que bien peu de chose en comparaison de celle de Mrs Weasley. Selon les dires de Ginny, les jumeaux portaient encore les marques de la colère de leur mère et Hermione ne put que constater les regards mal assurés qu'ils lui jetaient de temps à autre.

Charlie, de son côté, étudiait toujours avec application les dragons en Roumanie, domaine dans lequel il était devenu une référence du monde magique, au désespoir de Mrs Weasley qui espérait bien le voir revenir au pays et fonder une famille.

« Pour ça, il faudrait déjà que je sois avec quelqu'un Maman. », lui avait-il fait remarquer lors de la cérémonie.

Et par un manque cruel de chance, il avait reçu le bouquet de Fleur en pleine figure à la fin de la cérémonie, alors qu'il sirotait tranquillement un whisky Pur Feu sans rien demander à personne. Depuis cet incident malencontreux, il était plus que jamais la cible des remarques de sa mère et des moqueries de ses frères, bien décidés à ce qu'il n'oublie pas la chose de sitôt. Reparti rapidement en Roumanie, il avait toutefois promis de revenir bientôt.

Mais celui qui causait le plus de soucis à la famille était sans conteste Percy, qui ne donnait désormais plus aucune nouvelles, alors que tout le monde pensait que les relations familiales s'arrangeraient après l'attaque de Poudlard l'an passé. Ses parents savaient seulement qu'il ne se trouvait plus au Ministère. L'attente se faisait longue et Mrs Weasley ne pouvait s'empêcher de jeter de fréquents regards en direction de l'horloge familiale, dont toutes les aiguilles restaient obstinément positionnées sur "en danger de mort". Pour sa part, Mr Weasley ne prononçait pas le nom de Percy et trouvait toujours quelque chose de très important à faire à l'autre bout de la maison lorsque l'on mentionnait son fils en sa présence.

Quant aux jumeaux, leurs affaires marchaient si bien qu'ils avaient fini par racheter un magasin à Pré-au-Lard, rapidement transformé en petit coin de paradis pour farceurs. Ils avaient fait la promesse de rester vigilants quant à l'utilisation de leur marchandise, suite à ce qui s'était produit l'an dernier.

« On ne peut pas tout contrôler vous le savez bien. Et on n'a pas du tout l'intention de fermer le magasin non plus. Les gens ont besoin de rire n'est-ce pas ? dit George en lançant un regard appuyé à Harry qui hocha la tête d'un air relativement indifférent. Puis on s'est dit que ça pouvait être utile d'être près de Poudlard par les temps qui courent. »

Harry et Ron avaient passé la fin de leurs vacances ensemble, et à la grande joie de ce dernier, son meilleur ami revenait pour faire sa dernière année à Poudlard. Le survivant ne partageait pas la liesse de son ami, désirant s'atteler au plus tôt à la recherche des Horcruxes. Il voyait cette obligation de retourner à l'école comme une entrave à son objectif. Quelques temps après l'enterrement de Dumbledore, le professeur McGonagall était venu le trouver pour lui remettre un fin rouleau de parchemin que le directeur avait laissé pour lui. Qu'il revienne terminer sa scolarité en septembre y était clairement stipulé et Harry ne voyait pas comment trahir les dernières volontés de Dumbledore. Le testament officiel du défunt directeur n'avait pas encore été lu et il se murmurait que le ministère le gardait volontairement sous clé par crainte de ce qu'il pouvait contenir. D'autres arguaient que la vraie raison était qu'aucun membre du ministère n'arrivait à desceller le testament.

Concernant la direction de Poudlard, elle était revenue sans surprise au Professeur McGonagall mais non sans quelques heurts. Le Ministère, peu désireux de voir l'alliée de toujours de Dumbledore reprendre les rennes de l'école, avait tenté d'imposer quelqu'un de son choix, entraînant la fureur du corps professoral et une multitude de courriers alarmés de parents d'élèves. Le poste de Défense contre les forces du Mal demeurait aux dernières nouvelles toujours vacant en raison de la malédiction semblant affecter tous ceux qui avaient le malheur de l'obtenir. La directrice craignait de ne trouver personne, ce qui aurait automatiquement permis au ministère de proposer un candidat. L'expérience Dolorès Ombrage suffisait, merci bien.

« Ils finiront forcément par trouver quelqu'un, fit Hermione d'un ton légèrement inquiet. Même si ce n'est pas si important que ça après tout, ajouta-t-elle précipitamment en jetant un regard inquiet en direction d'Harry.

- Après ce qui est arrivé à Quirell, Lockhart, Lupin, Fol-Œil, Ombrage et..., Ron s'interrompit brusquement, le teint virant au rouge pivoine. Enfin vous voyez ce que je veux dire, aucune personne saine d'esprit n'accepterait ce travail, franchement même si on me payait mille Gallions, je refuserais ce poste.

- Il le faudra bien pourtant, nous avons nos ASPIC cette année, fit Hermione dans un murmure.

- Tu as plutôt intérêt d'obtenir de bonnes notes Ron, observa Fred qui, comme son frère, ne se rendait pas compte du malaise qui gagnait Hermione. Sinon Maman ne te le pardonnera jamais. »

Ron fit une horrible grimace avant de mordre dans une saucisse.

« Tout cha ch'est uniquement de votre faute. Vous ne pouviez pas passer vos ASPIC comme tout le monde non? fulmina-t-il.

- Tous les espoirs de la famille Weasley reposent sur toi petit frère. », fit George avec un grand sourire.

Ginny toussota bruyamment en leur adressant un regard noir.

« Euh oui sur toi aussi, pardon Ginny. », s'empressa-t-il de poursuivre.

Après avoir tenté de réconforter un Harry maussade - que Mr Weasley essayait vainement de dérider en lui proposant avec un enthousiasme débordant de démonter avec lui un magnétophone - ils partirent pour le Chemin de Traverse. A leur arrivée, Ron et Hermione eurent un choc, l'endroit n'avait plus rien à voir avec celui de leurs souvenirs et arborait un aspect plus sinistre encore que l'an passé. Les rues étaient pratiquement vides à l'exception de quelques sorciers qui semblaient faire leurs achats comme si le diable était à leurs trousses et les rares boutiques encore ouvertes n'attiraient que peu de clients. Même la boutique des frères Weasley, d'ordinaire très fréquentée avaient été désertée. Ils aperçurent brièvement Verity qui rangeait des cartons avec l'air de quelqu'un qui s'ennuie profondément.

« Ne nous attardons pas ici, murmura Mrs Weasley en frissonnant. Je vais m'occuper d'acheter vos livres à tous. Ron, ta sœur a besoin d'une nouvelle robe, j'aimerais que tu l'accompagnes, ajouta-t-elle en lui mettant quelques pièces dans la main.

- Je vous rejoins tout de suite Ron, fit Hermione. Il faudrait que j'achète du Miamhibou pour Hedwige, j'espère que l'animalerie est encore ouverte.

- Je crois que oui. Tu pourras en prendre pour Coq aussi ? Il est intenable en ce moment. S'il continue à faire n'importe quoi, je le donne en pâture à la goule, grommela Ron.

- Bien sûr. »

Hermione se dirigea à toute vitesse en direction de l'animalerie magique, et passa à proximité de la boutique apparemment fermée d'Ollivander. Elle songea non sans un brin de nostalgie au jour où elle-même lui avait acheté sa baguette magique. Quelle ne fut alors pas sa surprise lorsqu'elle vit la porte du magasin s'entrouvrir pour laisser passer deux personnes: un homme d'un âge avancé accompagné d'un garçon sans doute à peine plus vieux qu'elle. Le vieil homme semblait être en grande conversation avec un Ollivander qui paraissait assez secoué. Sans savoir ce qui la poussait à agir de la sorte, Hermione s'approcha en silence. Il se disait un peu partout que le vieux fabricant de baguettes avait été enlevé et elle avait devant les yeux la preuve qu'il ne s'agissait là que de ragots.

« Je vous remercie de nous avoir accordé votre temps, murmura le vieil homme.

- Je suis toujours ravi de revoir un ancien client. Un mélange particulièrement intéressant que celui de votre baguette mais d'après ce que j'ai pu comprendre, vous n'en avez pas fait le meilleur des usages n'est-ce pas? »

Le vieux sorcier sourit et Hermione tressaillit violemment, l'espace d'une seconde, elle aurait juré avoir aperçu une baguette dans sa main gauche. Le regard d'Ollivander se fit soudain vague et lorsque l'homme lui murmura quelque chose au creux de l'oreille, il hocha brièvement la tête avant de retourner dans son magasin sans plus prêter attention aux deux individus qu'il venait de recevoir. De plus en plus perplexe, Hermione observa le garçon tenir dans ses mains une baguette flambant neuve qu'il examinait avec la plus grande attention sous l'œil visiblement satisfait de son compagnon.

Se sentant observé, le garçon leva brusquement les yeux et croisa le regard d'Hermione qui ne put s'empêcher de frissonner. Une fugace expression mauvaise se peignit sur le visage pâle du garçon avant de disparaître aussitôt. La jeune fille se détourna rapidement, faisant mine de s'intéresser à la devanture d'une boutique. Lorsque les deux sorciers arrivèrent à son niveau, le vieil homme tourna la tête dans sa direction et l'observa de la tête aux pieds, la jaugeant du regard.

« Bonjour, fit-il.

- Euh... Bonjour. », répondit-elle, passablement interloquée.

Par acquis de conscience, elle se rendit devant la boutique d'Ollivander et vit un écriteau apposé sur la devanture signalant la fermeture du magasin, ce qui accentua son malaise. Hermione s'empressa de rejoindre les autres une fois le Miamhibou en poche.

Leur dernière journée au Terrier se déroula dans la bonne humeur mais plus leur départ approchait, plus Mrs Weasley devenait nerveuse.

« Vous ne ferez rien de dangereux n'est-ce pas ? » leur demanda-t-elle plusieurs fois.

Harry, Ron et Hermione s'efforçaient de la tranquilliser du mieux qu'ils le pouvaient, mais la culpabilité qu'ils éprouvaient - surtout Harry - devenait dure à supporter et le jour venu ils étaient presque soulagés de partir. A sa grande joie, Harry était autorisé à prendre le Poudlard Express, à la condition non négociable que des membres de l'Ordre assurent le transit du Terrier jusqu'à la gare de King's Cross, séparément des autres, par simple mesure de précaution.

« Tu peux prendre le train Harry, lui avait assuré Mr Weasley. McGonagall a fait augmenter la sécurité à bord et toute une escouade d'Aurors a été réquisitionnée pour assurer la protection des élèves. Ce sera l'endroit le plus sûr où vous pourrez vous trouver pendant les neuf prochaines heures. »

De fait, à part l'attaque essuyée le jour de son transfert depuis Privet Drive, il n'y avait plus eu le moindre incident. Difficile d'imaginer ce que pouvait bien cacher une telle passivité. D'après ce que Hermione avait pu capter des conversations des membres de l'Ordre du Phénix, Kingsley en était venu à émettre l'hypothèse que cette embuscade, au demeurant très mal organisée, n'était qu'un subterfuge de la part du Seigneur des Ténèbres (« Sinon, c'est évident qu'il y aurait eu d'autres attaques envers Harry. Je suis intimement persuadé qu'il se joue de nous mais je ne comprends pas pourquoi. »).

A l'heure dite, tout le monde - excepté Harry - s'entassa tant bien que mal dans des taxis moldus affrétés par le Ministère dont les conducteurs seraient plus tard soumis au sortilège d'Amnésie pour éliminer toute trace de leur passage. Le chauffeur arriva à la gare en poussant des jurons dans sa barbe, exaspérés par le bruit causé par le chat et les hiboux. Coquecigrue semblait s'être fait un devoir de provoquer le plus de grabuge possible. Surexcité, il avait réussi on ne sait comment à ouvrir sa cage et s'était approché du conducteur en hululant joyeusement. Surpris, celui-ci avait failli manquer un virage et s'était garé, refusant obstinément de poursuivre le trajet tant que le volatile ne retournerait pas dans sa cage.

Arrivés à King's Cross, Ron et Hermione se mirent en quête d'un compartiment, négligeant de se rendre dans celui des préfets en tête de train, tandis que Ginny s'éloignait pour aller saluer des amis. Perdue dans ses pensées, Hermione percuta quelqu'un avec son chariot et le choc fut assez violent pour qu'elle se retrouve à terre. Elle s'apprêtait à se relever lorsque ses yeux tombèrent sur une paire de chaussures noires. La jeune fille leva les yeux vers leur propriétaire pour s'excuser de sa maladresse et eut un hoquet de surprise.

Celui qui se tenait devant elle n'était autre que le garçon qu'elle avait aperçu la veille sur le Chemin de Traverse.

Le regard froid, il l'observait de toute sa hauteur et ne fit pas le moindre geste pour l'aider à se relever. Agacée, Hermione se releva en grimaçant, sa valise lui était tombée dessus et sa cheville lui renvoyait une douleur aiguë des plus désagréable. Elle entreprit de charger sa valise et la cage de Pattenrond sur le chariot sous l'œil indifférent du garçon.

« Tu pourrais dire pardon tout de même. », soupira-t-elle.

Toujours silencieux, il finit par se détourner et commença à s'éloigner.

« La moindre des politesses serait au moins de me répondre! », s'exclama-t-elle en lui emboîtant le pas.

Le garçon s'arrêta aussitôt de marcher et se retourna lentement vers elle. A nouveau, cette expression glaciale apparut sur son visage et il sembla sur le point de dire quelque chose. Il poussa finalement un soupir excédé et s'éloigna à grandes enjambées. Sidérée, Hermione ne pensa même pas à le suivre et resta un moment immobile sur le quai. Sans qu'elle sache vraiment pourquoi, cette rencontre lui avait fait l'effet d'une douche froide. Soudain, une voix familière résonna dans ses oreilles.

« Ah, te voilà Hermione ! Où étais-tu donc ? », fit Ron d'un ton légèrement impatient.

Hermione lui lança un regard noir.

« Monsieur n'a visiblement pas remarqué que quelqu'un m'a renversé avec son chariot et que je me suis retrouvée les quatre fers en l'air. », gronda-t-elle.

Ron lui lança un regard gêné avant de l'aider à hisser sa valise à bord du train. Ils trouvèrent Harry qui les attendait dans un compartiment en compagnie de Tonks qui les salua joyeusement. Ils n'étaient pas installés depuis cinq minutes que Coquecigrue se mit à pousser de petits cris en s'agitant dans sa cage. Ils sursautèrent tous lorsqu'un majestueux hibou grand-duc toqua à la fenêtre avec son bec. Harry se leva pour lui ouvrir et tenta de saisir la lettre qu'il transportait, mais l'animal battit des ailes avec colère avant de sautiller jusqu'à Hermione, qui le fixa avec des yeux ronds. Mal assurée, elle prit la lettre au bout des doigts et le hibou s'envola par la fenêtre à l'instant même où le train commençait à s'ébranler.

« Alors ? Qu'est-ce qui se passe ? l'interrogèrent les deux autres.

- Je suis nommée préfète-en-chef, répondit-elle.

- Quelle grosse surprise, ironisa Ron. J'imagine que tu dois avoir envie de sauter au plafond.

- Oh je... Non pas vraiment en fait. »

Harry et Ron la regardèrent, franchement surpris.

« Je pensais essentiellement me consacrer à la recherche de... de... enfin vous savez, murmura-t-elle en jetant un regard inquiet en direction de Tonks qui ne parut cependant rien remarquer, perdue dans la contemplation du paysage. Or, si je suis préfète-en-chef, j'aurais moins de temps. McGonagall m'informe que je dois aller la voir avant la cérémonie de la Répartition, poursuivit-elle.

- Elle ne te dit pas qui est le préfet-en-chef ? s'enquit Ron tout en assénant une tape sur la cage de Coquecigrue pour le faire taire, ce qui ne fit cependant que l'exciter davantage.

- Non. J'espère seulement que ça ne sera pas un Serpentard.

- Comme si ils allaient nommer un de ces crétins préfet-en-chef, ricana Ron. Malefoy avait beau être détestable, il faut bien reconnaître que depuis qu'il est parti, l'intelligence des Serpentard frôle le zéro. Il suffit de regarder Crabbe et Goyle. »

En effet, ils les avaient vus passer dans le couloir, l'air désabusé et perdu sans leur chef. Celui-ci avait mystérieusement disparu après les événements de l'an dernier et il se murmurait même qu'il était mort, assassiné par Voldemort en personne. Ils avaient appris la nouvelle par un de leurs amis de Gryffondor durant l'été et malgré toute l'antipathie qu'ils éprouvaient pour Draco, ils s'accordaient tous trois à dire qu'il ne méritait pas cela.

« Il avait vraiment renoncé à... à tuer Dumbledore vous savez. Ça avait beau être un crétin, ce n'était pas un assassin », déclara fermement Harry.

Le trajet se déroula sans incident, Luna distribuait des exemplaires du Chicaneur, Neville avait perdu son crapaud comme à l'accoutumée et plusieurs élèves chahutaient dans les couloirs. Mais en dépit de la bonne ambiance apparente, les élèves les plus âgés jetaient fréquemment des regards par les fenêtres, comme s'ils craignaient de voir apparaître des Détraqueurs ou des Mangemorts. Harry et Ron passèrent la majeure partie du trajet à jouer à la bataille explosive tandis que Hermione se plongeait dans un livre qu'elle reposa bien vite en se rendant compte qu'elle lisait la même page depuis plusieurs minutes. Aucun des préfets ne semblait effectuer de ronde, et Hermione elle-même ressentait une si profonde lassitude qu'elle y renonça. Ron et elle se rendirent néanmoins dans le wagon de tête où tous les préfets convinrent que la chose état inutile compte tenu de la présence des Aurors à bord. Si tous deux espéraient trouver des informations quant à l'identité du nouveau préfet-en-chef, ils furent déçus. La seule chose notable était qu'un des préfets de Serdaigle ne se trouvait pas dans le train, un fait pas si étonnant dans la conjoncture actuelle, beaucoup de parents ayant choisi de ne pas renvoyer leurs enfants à l'école.

Le train commença à ralentir sa course et ils purent apercevoir l'imposante silhouette de Hagrid qui leur adressait des signes depuis le quai. Les yeux humides, il les serra brièvement dans ses bras lorsqu'ils descendirent du train, avant d'appeler les premières années pour le traditionnel trajet en barque.

Hermione laissa Harry et Ron à l'entrée de la Grande Salle et se dirigea vers le bureau de McGonagall. Deux silhouettes qui lui semblaient étrangement familières attendaient devant le bureau. Et pour cause, il s'agissait des deux hommes qu'elle avait vu peu de temps auparavant sur le Chemin de Traverse.

Le vieil homme parut la reconnaître et lui adressa un sourire quelque peu énigmatique.

« Nous nous sommes déjà rencontrés, dit-il.

- Sur le Chemin de Traverse, oui.

- Ce n'était pas une question.

- Oh. », fit Hermione, soudain embarrassée.

A ce moment-là, Minerva McGonagall ouvrit la porte de son bureau, les salua et fit signe au vieil homme de la suivre. Restée seule avec le garçon, Hermione n'essaya même pas d'entamer la conversation, encore échauffée par leur précédente rencontre. De temps à autres, elle le surprenait à la regarder avec un drôle d'air sur le visage.

Au bout de quelques minutes, un son étrange se fit entendre derrière la porte du bureau, aussitôt suivi d'un cri de surprise. Il y eut ensuite un bruit sourd, comme si quelque chose de lourd était tombé sur le sol puis ce fut tout. Hermione regarda nerveusement en direction du garçon qui semblait n'avoir rien entendu - ou du moins qui ne s'en souciait pas - tout en se demandant ce qui avait bien pu se passer. Instinctivement, sa main s'approcha de sa baguette magique qu'elle gardait dans la poche de sa robe.

La porte du bureau s'ouvrit alors sans faire de bruit et la tête du vieil homme en émergea.

« Vous pouvez venir. », déclara-t-il en s'écartant pour les laisser passer.

La main de Hermione était toujours posée sur sa baguette. Elle découvrit avec horreur le professeur McGonagall affalée sur une chaise, l'air complètement déboussolé.

« Mais qu'est-ce que vous lui avez fait ? s'écria-t-elle d'un ton alarmé en se précipitant à ses côtés.

- Miss Granger, je vous prie de m'excuser pour ce que je m'apprête à faire. », murmura le vieil homme.

Si quelqu'un était passé devant le bureau à cet instant précis, il aurait entendu un cri de panique suivi d'un bruit sourd. Comme si quelque chose était tombé sur le sol.

Mais le couloir était désert.

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Un premier chapitre qui plante le décor. Je reprends le début - partiellement en tous cas - du tome 7 avec le concept des exemplaires multiples d'Harry, pour une question de praticité, Harry n'étant pas ici le personnage principal je ne voulais pas m'attarder trop sur ça !

A noter qu'ici, Georges n'a pas perdu son oreille, j'ai hésité à lui faire subir autre chose pour tout vous dire, mais j'aime sans doute trop les jumeaux je le crains... Idem pour Fol-Œil et Hedwige quand on y pense. Il faudra pourtant bien que je me décide j'imagine. Mais c'est une affaire à suivre.

Vous pouvez me laisser votre avis - positif comme négatif, je prends tout - si le cœur vous en dit.

A bientôt !