Cet OS a été écrit dans le cadre de la nuit du Fof, le sujet ici était : Orage. Bonne lecture à toutes et à tous. Pour plus de question, venez visiter notre merveilleux forum.
ORAGE
Regulus détestait l'orage. Depuis qu'il était tout petit, les éclairs et, surtout, les roulements de tonnerre, le faisaient frissonner d'angoisse. Il tremblait de la tête aux pieds, se cachait sous ses couvertures. Quand il n'était encore qu'un tout petit enfant, il avait essayé de rejoindre ses parents dans leur chambre, pour essayer de dormir dans la sécurité de leurs bras. Mais Orion et Walburga l'avaient rabroué, lui rappelant qu'un Black n'avait peur de rien et se devait de montrer sa bonne éducation en toute circonstance.
Regulus avait rejoint son lit.
Et ce soir, il était à nouveau seul, le souffle coupé par les éclairs qui se succédaient devant sa fenêtre, la peur le prenant au ventre. Il avait remonté sa couette aussi haut que possible sur son menton mais la chaleur était telle qu'il la supportait à peine.
Dehors, l'orage grondait.
Dehors, la tempête faisait rage.
Regulus, dix ans, reniflait dans son lit. Depuis le rejet de ses parents, il avait souvent trouvé le réconfort en la personne de son frère. Sirius avait toujours eu les mots qu'il fallait pour l'aider à surmonter sa peur. Un soir, il lui avait raconté que l'orage était un courroux d'un magicien très ancien qui en voulait à la terre entière.
« Pourquoi est-il si méchant ? avait demandé le jeune Regulus.
_ Parce que les gens sont méchants avec lui, Reg. Tu vois, comme papa et maman quand ils parlent des moldus. Un jour, ils se retourneront contre nous. »
Regulus se souvenait avoir fait la moue. On lui avait toujours dit que les moldus étaient des monstres en matière d'égoïsme et de tortures. Or, Sirius avait eu l'air de dire l'inverse. Mais eux, ils étaient des sorciers, des vrais, de sang-pur. Il n'avait pas compris et ce soir, il n'avait toujours pas trouvé la clé de l'énigme.
Le tonnerre gronda si fort que les objets tremblèrent sur les étagères. Au même instant, l'éclair zébra le ciel, illuminant la chambre. Regulus laissa échapper un gémissement de détresse et, les larmes aux yeux, plongea sous la maigre protection qu'offrait sa couette.
« Sirius ! »
Mais son frère n'était pas là. Ce soir, il ne répondrait pas présent. Il était même à plusieurs centaines de kilomètres, là où l'orage ne menaçait pas. A l'heure qu'il était, il était certainement profondément endormi, rêvant de Quidditch ou de n'importe quoi d'autre qui valait le coup.
Les larmes roulèrent sur les joues de Regulus alors qu'un autre coup de tonnerre faisait vibrer les vitres. L'orage était déchaîné. Chaque éclair renvoyait à l'enfant l'horrible absence de son frère et la terrible indifférence de ses parents. Parce que, si être de sang-pur signifiait ne pas considérer les siens, alors à quoi cela valait-il ? Pourquoi sa mère ne venait-elle pas le prendre dans ses bras ? Pourquoi son père refusait-il de venir le réconforter ou de lui tenir compagnie jusqu'à ce qu'il s'endorme ?
Comme les autres enfants.
Les enfants normaux.
Regulus savait que ça se passait ainsi ailleurs. Il le savait parce qu'il l'avait lu dans un livre. Beedle le Barde lui-même en avait parlé et, comme l'avait si bien dit Sirius quelques années plus tard, les bardes ne mentaient jamais, surtout Beedle.
Sirius ne pouvait pas lui avoir menti n'est-ce pas ? Mais le doute s'insinuait dans l'esprit du jeune garçon au fur et à mesure que la tempête se déchaînait au-dessus de la maison. Après tout, son frère avait été envoyé à Gryffondor et d'après leur père, la honte avait été jetée sur la maison des Black.
L'enfant se demandait dans quelle mesure Sirius ne l'avait pas fait exprès. Mais dans quel but ? Quel intérêt y avait-il trouvé ?
Il tendit l'oreille. Est-ce que l'orage n'était pas en train de se calmer ? Il sortit prudemment de sous sa couverture. Les éclairs ne zébraient plus le ciel et le roulement continu commençait à s'estomper. Alors un sourire naquit sur le visage de Regulus parce que c'était la pensée de son frère qui l'avait aidé à tenir le coup. Même loin, Sirius avait réussi à le tirer de ce mauvais pas. Une fois de plus.
