L'éclaircie



Chapitre I : Météo Maussade



Auteur : Lojie

Avertissements : Ni Bosco de TW, ni Susan de ER ne m'appartiennent ç_ç

Note de l'Auteur : Les épisodes crossover TW/ER m'ont vraiment plu et j'ai trouvé qu'une véritable alchimie s'est développée entre Bosco et Susan au cours de ces épisodes, plus encore que Susan et Faith. Ils sont tous les deux partis sur de mauvaises impressions l'un envers l'autre, et peu à peu chacun a gagné le respect de l'autre. Leur dernière scène est même très sensuelle je trouve. Bref, tout ça pour dire que j'ai craqué pour ce couple et j'ai voulu les mettre en scène sous forme de fanfictions. Sur ce…

Bonne Lecture !



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Susan souleva avec lenteur ses lourdes paupières. Elle frissonna en sortant de sous sa chaude couette, une main pour éteindre son braillard réveil. Puis le silence retomba dans son petit appartement. Un chat sauta sur son lit et vint frotter son visage contre le sien en ronronnant. C'était l'heure du petit déjeuner. Elle se redressa péniblement, les gestes encore engourdis par le sommeil, et prit son petit félin dans ses bras. Il se mit à tasser contre son avant-bras et cligna de ses yeux dorés plusieurs fois. Susan jeta un coup d'œil à sa droite. Il n'y avait qu'elle dans le lit… Elle soupira.

Ces derniers temps, sa vie n'était pas au beau fixe, loin de là. Mark, son plus fidèle confident, un homme qu'elle avait aimé, était mort. John, le jeune étudiant naïf qui avait le béguin pour elle, était devenu l'aîné des urgences et ne cessait de veiller avec parfois un peu trop de paternalisme, sur Abby. Elle aimait se montrer la plus forte, celle qui pouvait régler toutes les situations, une sorte de super-Susan. Mais elle savait que tout ceci n'était qu'apparence. Elle était fragile et elle avait besoin de quelqu'un pour la soutenir dans les moments difficiles. Or il n'y avait personne, juste un chat.

La pluie tapant avec force contre les carreaux de sa fenêtre la força à sortir de ses songes. Elle se leva et posa ses pieds nus sur le plancher. Susan tenait toujours son chat dans ses bras et partit dans la cuisine. Elle lui servit à manger, se prépara du café et alluma la télé. C'était l'heure de la météo :

Aujourd'hui, temps pluvieux sur toute la côte Est et dans l'Illinois. Aucune chance d'éclaircie, couvrez-vous bien en sortant car les températures chutent rapidement en ce mois de novembre. De forts vents sont aussi à signaler en fin de matinée-

Susan éteignit la télé. Elle aurait préféré une météo moins maussade. Et puis elle n'avait qu'à regarder à sa fenêtre pour se rendre compte du temps qu'il faisait. Heureusement pour elle, aujourd'hui serait une courte garde de six heures. Elle consulta l'horloge murale de sa cuisine. Il était peut-être temps qu'elle s'active un peu si elle ne voulait pas être en retard aux urgences…



²²²



La pluie continuait de battre contre les fenêtres de la salle d'examens. Cela n'avait pas arrêté de la matinée. Gallant soupira en y jetant un bref regard. Puis il réorienta son attention vers son nerveux patient.

" _Va te faire voir et appelle-moi un vrai médecin ! " S'exclama le jeune homme sur le ton le plus désagréable possible.

" _Mais je suis étudiant en médecine ! " Rétorqua Gallant tentant vainement de garder son calme, et maudissant intérieurement Carter de lui avoir refiler ce fameux dossier.

" _Etudiant ! Pas médecin ! " Rétorqua le patient en faisant mine de se lever de son lit.

" _Non ! Non ! Restez là ! " S'exclama Gallant. " Je vais chercher un autre médecin, d'accord ? "

" _Oui bah dépêche Junior ! J'ai mal moi ! "

Le jeune étudiant se dépêcha de sortir de la salle d'examens. Il se dirigea rapidement vers le bureau des admissions et jeta un bref coup d'œil autour de lui, cherchant un docteur qui pourrait le sauver de cet exécrable patient. Certes, beaucoup de malades étaient souvent désagréables, être enfin examiné pour une broutille après trois heures d'attentes interminables dans la salle de triage en était souvent la cause, mais celui-ci dépassait tout ce dont Gallant avait eu d'horribles patients au long de sa courte carrière.

Son regard se posa alors sur Susan Lewis pour ne plus s'en détacher. Sans se soucier de quoique ce soit, la jeune femme déposa un dossier dans le râtelier, puis effaça ce même dossier au tableau. L'étudiant s'approcha timidement d'elle :

" _Docteur Lewis ? " Murmura-t-il avec sa réserve habituelle.

" _Oui ? " Dit-elle en se retournant vers lui.

" _J'ai un problème avec un patient, " expliqua-t-il en gigotant nerveusement. " Un homme de trente ans s'est pris un stylo dans la main, et il se l'ait enlevé lui-même après. "

" _Je ne vois pas le problème, " rétorqua Susan. " La procédure pour ce genre de cas est simple. "

" _C'est pas la procédure qui me pose problème docteur Lewis, " reprit Gallant en s'humectant nerveusement les lèvres. " C'est le patient en lui-même. "

" _Quoi ? Qu'est-ce qu'il a ? " Demanda-t-elle piquée par la curiosité.

" _En fait, il est vraiment très désagréable avec moi, il veut un vrai médecin et pas un étudiant. "

" _Il faut savoir s'imposer dans la vie Gallant, " répondit Susan en prenant le dossier de ce fameux patient des mains de l'étudiant. Elle le consulta brièvement. " Allons le voir, je vais lui expliquer que tu es parfaitement capable de t'occuper de lui. "

" _Merci docteur Lewis, " dit Gallant visiblement soulagé.

Susan, suivie de Gallant, traversa rapidement les couloirs des urgences jusqu'à la salle d'examens. Elle poussa la porte et ne reconnut pas tout de suite l'homme de dos, assis dans la pénombre striée de lumière par les stores de la fenêtre. La pièce était silencieuse excepté le bruit de la pluie. De taille à la limite de la moyenne, il avait sa main droite couverte de compresses pourpres. Il portait un jean sombre, un polo dans les tons beiges et un blouson de cuir marron. Il releva le regard en entendant les gonds de la porte et resta bouche bée en reconnaissant la docteur.

Susan ne parvint pas elle aussi à articuler un son pendant quelques secondes et Gallant comprit rapidement qu'il avait loupé un épisode.

" _Officier B… Besco…" Balbutia-t-elle tentant de retrouver son nom exact, ne pensant même pas à regarder sur son dossier qu'elle tenait à la main.

" _Boscorelli, " la coupa-t-il alors qu'un léger sourire amusé se dessina sur ses lèvres. " Docteur Lewis, " la salua-t-il d'un hochement de tête.

" _Ravie de vous revoir, " dit-elle en reprenant finalement ses esprits.

Elle approcha un tabouret à roulettes du lit où était installé le policier, et s'assit à califourchon dessus. Gallant se sentit soudainement de trop dans la pièce. Comment connaissait-elle cet homme ? L'avait-elle bien appelé officier ?

" _Comment va Suzie ? " Demanda-t-il alors qu'elle commençait à examiner sa plaie.

" _Bien, elle n'a pas gardé trop de séquelles de son enlèvement. Et l'officier Yokas ? Comment se porte-t-elle ? "

" _Bien aussi. "

Une sorte de silence gênant s'installa dans la pièce. Susan alluma une lampe qu'elle plaça près de la main de Bosco pour mieux examiner la plaie. Le policier fixait ses longs doigts minces qui s'activaient autour de sa plaie. Elle était en train de la désinfecter soigneusement. Gallant se racla bruyamment la gorge.

" _Vous avez besoin de moi docteur Lewis ? " Demanda-t-il, déjà prêt à sortir de la pièce.

" _Je me débrouillerais seule, allez-y Gallant, " dit-elle sans détourner les yeux de sa tâche.

" _Te perds pas en retournant à la crèche, " glissa Bosco juste avant que l'étudiant ne sorte de la pièce. Celui-ci feignit de ne rien avoir entendu.

Susan releva les yeux vers Bosco et fit une petite moue en signe de mécontentement, mais malgré tout amusée.

" _Quoi ? " Rétorqua-t-il en ayant noté son regard.

" _Vous n'avez pas changé officier Boscorelli, " remarqua-t-elle en souriant. " Toujours aussi prévenant et aimable, " ajouta-t-elle ironiquement.

" _Vous aussi ne semblez pas avoir changer, toujours aussi… calme et forte… " Répondit Bosco. " Pour information, mon prénom c'est Maurice. "

" _Maurice, " répéta songeusement Susan, elle fronça subitement les sourcils. " Mais au fait, comment vous êtes-vous fait cette plaie ? Et que faites-vous à Chicago ? "

" _J'étais en week-end amoureux ici, " répondit Bosco subitement gêné. " Mais il y a une heure, ma copine a su par sa meilleure amie que je l'avais un peu… trompé… Et elle est devenue complètement folle, elle a prit un stylo et me l'a enfoncé dans la main. J'ai fuit de l'hôtel et je suis venu directement à l'hôpital. "

" _Vous avez vos affaires ? " Demanda Susan alors qu'elle préparait une seringue.

" _Non, tout est à l'hôtel et je ne veux plus y remettre les pieds. Je vais prendre le prochain avion pour New-York, " expliqua-t-il d'un ton désolé. " Vous allez faire quoi avec la piqûre là ? "

" _Ne soyez pas trouillard, " le taquina-t-elle avec malice. " C'est juste pour vous anesthésier la main, je vais devoir vous faire quelques points de suture. Et pour votre avion, vous n'aviez pas de billet retour ? "

" _Il est à l'hôtel lui aussi… " Dit-il en voyant Susan qui enfonçait l'aiguille dans la peau de sa main. Il grimaça. " Je n'ai même pas d'argent sur moi. Mais heureusement, j'ai l'habitude de toujours garder mes papiers sur moi, réflexe de flic. "

Elle attendit quelques instants que l'anesthésie locale se fasse avant de commencer les points de sutures.

" _J'ai fini ma garde dans un peu moins d'une heure, si vous voulez je peux vous conduire à l'aéroport. "

" _Je ne voudrais pas- "

" _Vous avez, vous et l'officier Yokas, retrouvé ma nièce, je peux au moins faire ça pour vous. "

Le ton de Susan était sans appel et Bosco acquiesça. Elle finit de faire les sutures et posa un bandage stérile autour de sa main. Puis elle nota quelques inscriptions sur le dossier et releva le regard vers le policier :

" _En attendant que je finisse, je vais vous conduire au foyer, vous pourrez vous y reposer. "

" _Merci, " répondit Bosco avec sincérité.

Ils sortirent tous deux de la salle d'examen et elle le conduisit au foyer. A l'intérieur ils croisèrent Carter, un gobelet de café à la main. Celui-ci jeta un regard curieux au nouveau venu et Bosco crut déceler dans ses yeux une pointe de méfiance.

" _John, je te présente l'officier Boscorelli, c'est lui qui a retrouvé ma nièce, " expliqua Susan ravie. " Maurice, je te présente John Carter, le chef des internes du service. "

Ils se serrèrent tous deux la main, mal à l'aise.

" _Bon boulot pour la petite, " rétorqua Carter en souriant malgré une certaine réserve, ce Boscorelli ne lui semblait pas franche dans son attitude. " Que faites-vous à Chicago ? "

" _Je suis simplement de passage, " rétorqua Bosco décelant à présent clairement la méfiance dans le regard du docteur.

" _Nous devons retourner au travail, " coupa brusquement Susan, ayant elle aussi remarqué la gêne entre les deux hommes. " A tout de suite Maurice. "

Il acquiesça simplement et partit se servir un gobelet de café. Susan et John sortirent de la pièce et le docteur put enfin poser la question qui lui brûlait les lèvres :

" _Que fait-il dans l'hôpital ? "

" _Il est venu pour une blessure à la main, pour des raisons un peu compliqué il n'a plus assez d'argent sur lui pour prendre un taxi et je me suis proposée de l'amener tout à l'heure en voiture à l'aéroport, " expliqua-t-elle un peu agacée.

" _Juste par simple bonté ? " Rétorqua Carter un peu jaloux.

" _Il a retrouvé ma nièce, " renchérit Susan a présent exaspérée. " Et si tu veux faire ta crise de jalousie, va voir Luka ! "

" _Ca veut dire quoi ça ? " Lança-t-il alors qu'elle s'éloignait le laissant en plan sur place.

" _Tu le sais très bien ! " S'exclama-t-elle sans se retourner et en disparaissant dans l'angle d'un couloir.



²²²



Bosco avait le front collé contre une vitre froide des fenêtres du foyer. Il soupira et observa les gouttelettes de pluie glissant le long des parois. Il venait juste de recommencer à pleuvoir et ce mois de novembre était vraiment morne, un peu à l'image de sa vie. Il attendait depuis tant de temps une éclaircie qui ne venait pas qu'il commençait à perdre espoir. Retrouver Susan Lewis l'avait surpris. Surpris car il s'était aperçu qu'il était heureux de la revoir…

Il se rappela non sans mélancolie la première fois qu'il l'avait vu. Bosco avait vraiment pris Susan pour une tante un peu possessive, n'ayant pas hésiter à faire le trajet Chicago New-York pour se joindre à leur patrouille. Faith avait tout de suite accepté cette femme, comprenant ses peurs et ses doutes. Comme à son habitude, il avait été un peu plus réticent. Mais il se méfiait toujours de tout, c'était dans sa nature et il savait qu'on ne changeait pas comme ça du jour au lendemain.

Peu à peu, sa méfiance avait laissé place à une profonde détermination pour retrouver la petite Suzie. Il s'était surpris à éprouver de la peur à ne pas retrouver une enfant qu'il n'avait jamais vu. Et il avait frappé son kidnappeur avec tant de plaisir, mais aussi de crainte qu'il ait fait du mal à la petite, que Faith avait eu du mal à le stopper. Bosco s'était complètement identifié à Susan, il avait souvent du mal à rester neutre durant les enquêtes les plus éprouvantes…

Ses songes furent interrompus par la porte d'entrée qui grinça. Une petite brunette et un grand homme au regard clair entrèrent en discutant. Ils stoppèrent aussitôt en voyant l'intrus appuyé contre une fenêtre. Ils se servirent des cafés en lui jetant de brefs coups d'œil furtifs. Finalement l'homme rompit le silence :

" _Vous êtes un patient ? " Demanda-t-il avec un accent peu commun.

" _Pas vraiment, " rétorqua Bosco avec nonchalance. " Le docteur Lewis m'a soigné et j'attends qu'elle ait fini sa garde. "

" _Vraiment ? " S'exclama l'infirmière avec un sourire narquois. " Il n'est pas commun qu'un patient attende la fin de la garde de son médecin. "

" _Nous nous connaissions déjà avant, " expliqua brièvement Bosco ne voulant pas entrer dans les détails.

L'infirmière et le docteur s'échangèrent un court regard chargé de sous-entendus. A ce moment, la porte d'entrée s'ouvrit à nouveau et Susan entra, elle n'avait plus sa blouse qu'elle avait déjà déposé dans la salle des casiers. Un long caban noir cachait ses vêtements alors qu'une écharpe de grosses mailles emmitouflait son cou et le bas de sa mâchoire.

" _Je ne vous ai pas trop fait attendre ? " Demanda-t-elle à l'adresse de Bosco.

" _Non, " répondit-il toujours aussi peu bavard.

Susan remarqua Abby et Luka qui s'étaient installés sur le sofa, ils gardaient le silence mais leurs attitudes parlaient pour eux. Elle fit mine de ne pas remarquer leurs airs soupçonneux.

" _Alors, allons-y ! " S'exclama-t-elle avec entrain.

Bosco lui emboîta le pas et ils sortirent de la salle du foyer. Sitôt que la porte se referma, Abby adressa un petit clin d'œil à Luka :

" _Susan a plutôt bon goût… "



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Le trajet en voiture se déroula plutôt silencieusement. Susan et Bosco ne pouvaient pas nier qu'ils ne se connaissaient pas. Hormis leurs noms respectifs, ils n'en savaient pas plus l'un sur l'autre que deux inconnus se croisant dans la rue. Bosco se perdait dans la contemplation du défilement des rues faute de mieux. Alors que la pluie avait redoublé d'ardeur, un fort vent fouettaient les rares passants osant s'aventurer hors de chez eux. Ils arrivèrent enfin en vue de l'aéroport du nord de la ville. Susan gara la voiture et accompagna Bosco vers l'aile réservée aux vols intérieurs vers l'est.

" _Nos chemins vont se séparer ici, " remarqua Susan en apercevant de loin des files de gens aux trois guichets pour New-York. " Au fait, comment allez-vous payer le billet ? "

" _Je vais essayer de m'arranger, " rétorqua Bosco pensif. " J'avais un billet réservé. Je peux toujours dire que je l'ai perdu et montrer ma carte d'identité pour confirmer que c'est bien moi qui avais payé ce billet. "

" _Vous croyez que ça marchera ? Sinon je peux vous avancer, " proposa Susan.

" _Vous en avez déjà assez fait, " rétorqua-t-il avec gêne. " Bien plus que la plupart des gens. "

" _Vous avez retrouvé ma nièce, " se justifia-t-elle têtue.

" _C'était mon travail, " reprit Bosco. " Comme le vôtre était de m'avoir soigné. "

Il regretta d'avoir employé un ton un peu trop sec. Susan voulait bien faire et il l'avait limite envoyé sur les roses. Il s'humecta nerveusement les lèvres, jeta un coup d'œil aux files d'attentes, puis se retourna de nouveau vers Susan :

" _Merci, " dit-il.

" _De rien, " répondit-elle.

Ils restaient plantés l'un devant l'autre ne sachant pas vraiment ce qu'ils étaient censés faire. Se dire en revoir ? Adieu ? Ils ne connaissaient même pas…

" _Alors peut-être… à plus tard… " Murmura Bosco dont la voix fut à moitié étouffée par le brouhaha ambiant.

" _Oui, peut-être… " Répéta Susan un peu songeuse.

Malgré tout, Bosco n'arrivait pas à se décider, ses pas refusaient de s'avancer vers une file d'attente et il attendait un signe. Il ne savait pas pourquoi mais quelque chose le retenait, lui disait de ne pas partir. Soudainement, des grognements de mécontentement retentirent dans tout le hall. Tous les gens autour d'eux relevaient la tête en montrant d'un doigt agressif le panneau d'affichage. Susan leva elle aussi les yeux et lut les inscriptions rouges qui venaient de s'afficher à la place des destinations des vols. Ils étaient tous annulés pour causes météorologiques. Sûrement à cause du vent.

Susan tourna son regard vers Bosco qui observait lui aussi avec surprise le panneau d'affichage. Etait-ce un signe….

" _Je crois que vous allez devoir prolonger votre séjour ici, " remarqua Susan avec ironie.

" _Je crois aussi, " répondit Bosco pris d'un petit rire nerveux. " Putin ! Pour le prix qu'on paye leurs foutus billets, ils pourraient au moins fabriquer des avions qui puissent voler par n'importe quel temps ! "

Il passa sa main valide sur son cuir chevelu en signe de défaite. Susan hésita longuement puis reprit :

" _Si vous n'aviez pas d'argent pour le taxi, vous en avez sûrement encore moins pour l'hôtel. Les conditions météos ne risquent pas de s'améliorer avant plusieurs heures. "

" _En effet… " Soupira-t-il en lui adressant un faible sourire.

" _J'ai un canapé très confortable, " répondit-elle en lui rendant son sourire.

Il eut un petit haussement d'épaules et un air amusé.

" _Je n'en doute pas. "



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" _Si on m'avait dit que je finirais mon week-end sur votre clic-clac… " Remarqua Bosco avec une pointe d'ironie.

" _Si on m'avait dit que je vous reverrais ce matin… " Rétorqua Susan sur le même ton.

Ils s'échangèrent un sourire malgré tout encore un peu gêné. Cette situation avait quelque chose de peu commun, un petit parfum d'aventure et en même temps ils ressentaient tous deux un terrible mal à l'aise. Ils étaient accoudés à une table du Doc Magoo près des fenêtres. La pluie continuait de battre alors que la chaleur humaine du petit bar bondé avait embué les vitres du côté intérieur. Il était quasiment impossible de voir à l'extérieur. Ils avaient commandé le plat du jour.

" _Ce John Carter a l'air de tenir à vous, pas vrai ? " Demanda soudainement Bosco sans cacher sa curiosité.

" _Nous avons été plutôt proches, " répondit Susan en baissant le regard en direction de son plat. " Il est du genre protecteur, ne faites pas attention s'il a été un peu… rustre avec vous, il n'est pas méchant. "

" _Et sinon, cela ne dérangera personne que je vienne dormir chez vous ? " Demanda-t-il à nouveau en adoptant un rictus un peu grimaçant.

" _Non… personne, " dit-elle sans pouvoir cacher une pointe de déception dans sa voix, elle espérait qu'il ne l'avait pas remarqué. " Hormis peut-être Kittie, " ajouta-t-elle d'un rire nerveux.

" _ Kittie ? "

" _Mon chat ", précisa Susan.

Le silence les enveloppa de nouveau. Les discussions autour d'eux allaient bon train. Bosco l'observa à la dérobée. Il se rappelait alors quand elle était dans leur patrouille. De temps en temps, il l'observait par le rétroviseur. Elle semblait toujours si triste, ses yeux glacés perdus dans un autre monde. A l'époque, il pensait que c'était par peur de ne pas retrouver la petite Suzie. Mais à présent qu'il l'avait revu, il avait aussi retrouvé cette même tristesse dans son regard, une sorte de manque qu'elle n'arrivait pas à combler.

Susan faisait de même de son côté. Elle se rappelait encore de l'arrogant et brusque policier qu'elle avait rencontré. Puis peu à peu, cette image s'était effacée et elle avait entr'aperçut le véritable Bosco, le Bosco dont Faith parlait avec tendresse. Certes, il brusquait les suspects, il n'hésitait pas à jeter violemment au sol les fuyards qu'il poursuivait, à frapper les kidnappeurs d'enfants qu'il retrouvait. Mais tout ceci n'était le fruit que d'émotions exacerbées, une sensibilité qu'il avait beaucoup de mal à contrôler et dont la seule issue pour l'évacuer, était malheureusement la violence.

" _Votre main vous fait toujours mal ? " Demanda Susan, ne sachant pas réellement quoi dire d'autres.

" _Non, je survivrais, " répondit Bosco. " J'ai eu pire, bien pire… "

" _Comme ? "

" _Je pense que ça doit être pareil pour les médecins que pour les policiers, " rétorqua-t-il songeusement. " Le pire ce ne sont pas les blessures physiques, ce sont les blessures émotionnelles. Je me rappelle un soir, nous avions été appelés pour une voiture accidentée. Il y avait quatre jeunes dedans. Ils ont brûlé vif à l'intérieur et on a rien pu faire, rien du tout… Le lendemain, ambulanciers et policiers, on s'est retrouvé sur la plage autour d'un feu, on pouvait pas rester seul et garder toutes ces émotions pour nous. Ce fut vraiment une sale nuit… "

" _C'est pareil pour les médecins, " répondit-elle avec amertume. " Il n'y a rien de plus horrible que d'être impuissant face à quelque chose qui nous dépasse… J'ai un ami qui est mort il y a peu de temps d'une tumeur au cerveau, seulement trente-huit ans… et c'est dur… "

Susan sentit ses yeux qui la piquaient. La peine était toujours là, bien présente et profitant de chaque défaillance de son être pour rejaillir à la surface. Elle sentit la main de Bosco venir prendre la sienne et la serrer. Ce geste avait quelque chose de rassurant et réconfortant. Elle serra lui aussi sa main, une sorte de chaleur bienveillante remonta le long de son bras et envahit tout son corps. Elle se sentait comprise.



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A suivre…



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Le Petit Mot de la Fin : Second chapitre prévu pour la semaine prochaine ! Surtout envoyez-moi des reviews pour me dire ce que vous en pensez, cette fic me tient particulièrement à cœur et j'espère qu'elle satisfera autant les fans de TW que de ER.