Dépêche-toi. Dépêche-toi. Allez. Plus vite.

Il se parlait à lui même, élançant ses longues jambes l'une après l'autre d'un entrain presque agressif, faisant ainsi défiler des couloirs tous identiquement larges et vides qu'il regardait sans voir.

Allez bon sang. C'que c'est long.

Il accéléra encore sa marche la rendant semblable à une course lente qui n'était pas autorisée dans l'établissement.

Ça y est, je suis arrivé!

Il reconnut la porte qu'il cherchait à atteindre depuis son arrivé dans le bâtiment - il y a de cela cinq minutes environ-, et la franchit violemment d'un bras finement musclé, entrant ainsi dans une salle trop grande pour la quantité de personne présente.

Elle était composée d'allées d'interminables tables destinées aux étudiants et disposées à différentes hauteurs – permettant une vue de périphérie à tous- , et d'un bureau centré et isolé -celui du professeur- orné d'un micro métallique.

Deux-trois filles se retournèrent vers lui intriguées par l'entrée agressive d'un si bel homme, elles rougissaient déjà fasse à ce comportement froid et hautain et devant ses yeux couleurs de nuit bleutée.

D'autres personnes en revanche se concentraient sur leurs discutions festives de petit groupe -se formant à peine-, alors que certains plus loin détaillaient de leurs chaises ce qu'ils pouvaient entrevoir des fines tailles ou des cheveux détachés des jolies brunes de la salle.

L'arrivant pouvait aussi trouver -en surplombant les alentours-, des garçons solitaires déjà installés, qui jouaient avec leurs stylos -les faisant tournoyer autour d'un doigt épais- et qui s'imaginaient plein d'espoir des épisodes fictifs de cette nouvelle année scolaire.

Ceux ci étaient majoritaires, il y en avait plus que des pervers qui scrutaient leurs potentielles futurs copines, plus que des bavards qui rigolaient à plusieurs. Et lui, notre héros, était de cette première catégorie, du moins il pensait qu'il allait bientôt en faire parti.

Il choisit une place pas trop loin d'un des escaliers -pour pouvoir se retirer le plus vite possible dès le cours fini- et ouvrit son sac à bandoulière en cuire marron pour prendre de quoi noter.

C'est là alors qu'il avait entreprit de s'amuser comme les autres avec sa plume -un stylo à encre de qualité- qu'une voix ni assez grave pour être celle d'un garçon, ni assez aigüe pour appartenir à une fille, se démarqua du brouhaha et retint son attention.

Son propriétaire, car il s'agissait d'un jeune homme, était entouré de plusieurs personnes et semblait partager une conversation basée sur des histoires abracadabrantes. La petite bande dont il faisait parti était plus joviale que toutes les autres. Mais lui -parmi tous ses camarades- était celui qui attirait le plus les regards, et bien vite des étudiants au départ à l'écart se levèrent et vinrent à sa rencontre, agrandissant ainsi le groupe d'étudiant -retenant ainsi l'attention du beau distant-.

Ce dernier était interpellé par ce garçon au premier coup d'œil d'une banalité inintéressante, mais qui en réalité possédait un charisme inexplicablement puissant.

Il n'entrait ainsi dans aucunes des catégories de personne, n'étant ni un malsain chasseur de jolies filles, ni un bavard social d'un des groupes nouvellement formés, ni un solitaire perdu dans son imagination et s'amusant d'un stylo.

Il était lui, un garçon séduisant mais froid qui entamait sa première journée à la fac et qui était presque arrivé en retard. Un garçon observateur et réfléchi qui s'interrogeait sur la nature des gens qui l'entouraient. Mais aussi et surtout un garçon qui s'intéressait aujourd'hui, non pas à une étudiante, mais à un étudiant. Il s'appelait Kageyama Tobio.