Call him B.

Prologue

Il fallait massacrer la lettre de référence. La belle et noble lettre. Ce "L" devant lequel rampaient le monde policier et les agents secrets. Cet esprit brillant en déductions qui supplantait plusieurs bureaux d'enquêtes à la fois.

L'équation était d'une simplicité mortelle : L.A.B.B. - L. is after Beyond Birthday

Beyond en était certain : il avait été reconnu par le destin dès sa naissance, s'étant vu offrir un œil de la Mort. Dès lors, lui était l'élu et les autres des rats de laboratoire.

La vie était une vaste blague pour Beyond !... Où il était permis de rire de tout, de rien.

B.B. avait ri le jour de la mort de ses parents. Son père avait été froidement abattu par un malfaiteur. Et sa mère avait péri dans le déraillement d'un train. B.B. avait ri. Et ce qui l'avait le plus chagriné, dans l'histoire, était qu'il jugeait le ton de son rire inapproprié. "De toute manière, ils auraient péri un jour ou l'autre ; ils étaient destinés à cela. Muhahahaha ! non, non... ça ne va pas !... Voyons... huhuhuhuhu ! Non... toujours pas. Gnark gnark gnark !... C'est mieux. Mais ça reste perfectible."

Beyond aimait manipuler les gens pour les conduire à la mort, voire l'administrer lui-même, dans des conditions qui auraient pu paraître atroces mais qui demeuraient expérimentales à son œil de shinigami.

A dire vrai, B. s'amusait de manière ignoble et morbide avec les cadavres, les positionnant à sa guise, contre-nature souvent, exerçant sur eux des sévisses innombrables. Et la police fouillait. La police pédalait. Et B.B. s'en amusait. Il attendait que les yeux de L. se fixent enfin sur lui. Il patientait, dans l'ombre, pour faire son entrée en pleine lumière, sur un lever de rideau triomphal. Il était déterminé à offrir à L. une affaire inclassable et insoluble. Il voulait voir le grand L. peiner dans ses déductions pour, au final, s'avouer vaincu.

Il ne supportait pas l'idée qu'on avait voulu faire de lui la copie conforme de L. Une copie de sauvegarde "au cas où". Non. B.B. valait mieux !...

On l'avait vu surpasser L. à maintes reprises. Et cela n'avait pas plu en haut lieu.

Dès lors, on s'était appliqué à lui faire entendre raison. Mais de raison, B. n'en avait plus ou si peu. C'était par pure ironie qu'il se grimait en L. - généralement, les témoins n'y voyaient que du feu. Pourtant, B. était bien mieux charpenté que L. Il était aussi plus sauvage. Les termes, durs, crus, claquaient dans sa bouche. Il ne rechignait pas à en faire usage, qu'importe l'interlocuteur. Il n'avait aucun garde-fou. D'ailleurs, il n'était pas fou.

B. était un génie. Du crime, certes. Mais un génie. Il avait appris à déchiffrer la logique implacable de L. Il avait été enseigné à l'imiter jusque dans les moindres détails. Il n'était là que pour assurer la succession, dominer les polices du monde entier, solliciter Interpole. Mais Beyond s'en fichait comme de sa première évaluation !... B. jouissait d'une arme supplémentaire sur L. : son œil de shinigami.