Ma tête… Qu'est ce que j'ai mal à la tête… Ce fut la première pensée qui me vint à l'esprit quand je me réveillai. Tout à coup je saisis tout le sens de ce que je venais de me dire : je venais de me réveiller, mais je ne me rappelais pas de m'être endormie. Je n'ouvrai pas encore les yeux et essayais de me rappeler la dernière chose que j'avais faite… Rien, rien ne me vint à l'esprit, c'était comme si il y avait un vide à la place de me mémoire.
Je contenais ma panique en me disant que si j'ouvrais les yeux, tout allait me revenir. Rassemblant mon courage à deux mains, je les ouvris enfin pour les refermer immédiatement. C'était impossible ! Je me trouvais dans une pièce qui m'était complètement inconnue ! Je rouvris les yeux pour mieux l'observer. Je me trouvais dans un grand lit en forme de signe, les murs de ma chambre ressemblaient aux parois d'une caverne, il y avait quelques meubles…
Au moment où j'essayais de me relever légèrement, j'aperçus des yeux luire dans le noir et ne pus m'empêcher de laisser échapper un petit cri d'angoisse. Ces yeux, étranges par leur couleur dorée m'observaient attentivement et leur propriétaire était dissimulé dans la pénombre. Mais qu'est ce qui m'était arrivé ?
- C'est à vous de me le dire, je vous ai retrouvé gisante dans mon domaine. Vous aviez une blessure à la tête.
J'avais du poser ma dernière question à voix haute et on m'avait entendue. La voix était une voix d'homme, grave et séduisante.
- Je ne sais pas… Je ne me rappelle de rien…
Des larmes commencèrent à couler sur mes joues. Effectivement, je ne me rappelais vraiment de rien, ni ce de ce qui s'était passé, ni, et cela était beaucoup plus grave, de qui j'étais et d'où je venais. Je réussis tout de même à me contenir et à parler d'une voix tremblotante.
- Monsieur, je ne sais pas qui vous êtes, mais je vous remercie vous être occupé de moi…
- Ne me remerciez pas, me coupa-t-il la parole, je ne l'aurais pas fait si je vous n'avais pas retrouvée chez moi.
Je le regardais bouche bée, avais-je bien entendu ? Mon hôte était donc quelqu'un d'assez brutal dans ses paroles. J'essayai de reprendre le contrôle de moi-même.
- Merci quand même…
Je ne reçus cette fois-ci aucune réponse. Par contre l'homme se leva et approcha de moi, me révélant ainsi sa silhouette sur laquelle je m'attardais quelques instants. Il était grand, robuste, la trentaine. Il portait un costume noir très élégant et apparemment très cher. Puis je regardais son visage et ne pus cacher ma surprise : il portait un masque blanc qui dissimulait la moitié de son visage. Pourquoi ce masque ? S'il ne voulait pas que je le reconnaisse, il aurait porté un masque sur tout le visage… Ce n'était pas non plus la période de la mascarade, ou peut être si, je me rendis compte que je ne savais pas quelle date nous étions. Tout cela était tellement étrange…
Il dut s'apercevoir que je le dévisageais car la partie visible de son visage s'assombrit et il me regarda méchamment.
- C'est très impoli de regarder les gens comme ça, me lança-t-il d'un air de défi et je me sentis encore plus perdue que je ne l'étais déjà.
- Excusez moi, c'est juste que je me demandais si votre masque était pour un bal costumé… Je ne sais pas du tout quelle date nous sommes…
- Ne vous avisez plus jamais de parler de ce masque, du moins si vous tenez à ce que rien de vous arrive, me dit-il tandis que ses yeux lançaient des éclairs et que je me recrovillais sous ce regard brûlant. Nous sommes le 13 mai, je vous ai trouvée il y a deux jours. Vous dites que vous ne vous souvenez de rien, savez vous au moins votre nom ?
Je réfléchis quelques instants et un vertige m'envahit.
- Non…
Je regardais dans le vide et ne remarquais plus rien de ce qui se passait autour de moi. Quelques instants plus tard, sortant enfin de cette béatitude, j'éclatais en sanglots. Il ne fit rien, ne s'approcha pas de moi pour me consoler, rien… Il attendit juste que je me calme ce qui ne tarda pas à suivre.
- Dans ce cas Mademoiselle, choisissez vous un nom ou attendez que votre mémoire revienne. Vous êtes encore faible, je vous tolère dans ma demeure tant que vous vous rétablissez.
Je hochai la tête en guise de réponse. Ici c'était lui le maître et je sentais que je ferais mieux de ne pas le contrarier tant que j'avais besoin d'un abri.
- Je vais préparer un dîner, vous sentez vous assez forte pour vous lever ?
- Oui.
- Très bien, soyez donc prête dans une demi heure. Vous avez une salle de bain à votre gauche et vous trouverez des robes dans l'armoire.
Sur ces mots il sortit de la pièce me livrant à mes propres réflexions.
