Enfin. Il rentrait enfin au Japon après deux semaines passées aux États-Unis. Non pas qu'il n'aimait plus sa terre natale qui avait eu le privilège de le voir grandir, ou qu'il n'éprouvait plus le besoin suffisent de quitter le Japon quelques jours pour voir son père. Loin de là cette idée.

Au contraire. Il était toujours extrêmement heureux de reposer ses pieds sur le sol américain afin de parfaire son entraînement au côté de son maître, qui était devenue pour lui sa seconde mère. Il présentait toujours ce même engouement quand il se bâfrait du bon traditionnel hamburger-frite-soda typiquement américain qui emplissait délicieusement ses papilles, le tout devant un bon match de la NBA.

Non. Décidément non. C'était toujours un bonheur de retourner apprivoiser ses racines. La seule différence était que Taïga Kagami avait mûri et s'était fait des amis. Des précieux amis qui lui falait reconnaître, lui manquaient.

Il eut, pour commencer, la chance de rencontrer Kuroko avec qui il avait tissé un lien particulier et fort. D'abord étant son ombre, le bleuté était très vite devenu une épaule qui l'avait remis dans le droit chemin à plusieurs reprises, dépassant le rôle de simple coéquipier pour finalement être un très bon ami. Son meilleur ami. Ils se soutenait mutuellement, se remontaient le moral l'un et l'autre tant au basket que dans la vie. Et bien que le rouge ne se confiait pas facilement, laissant à son ombre la lourde tâche de lui tirer la plupart du temps les verres du nez, l'ombre connaissait sa lumière et savait très bien comment dompter le tigre. Ce dernier finissait donc toujours par dévoiler ses craintes, ses doutes qui le tourmentaient, se faisant une confiance aveugle et mutuelle.

De plus, kagami ne serait comment remercier le passeur de Seirin pour ses précieux conseils sur sa relation avec son ami d'enfance qui, déjà à l'époque commençait à se fissurer, menaçait de réellement s'éteindre.

Tatsuya, son très cher frère de cœur qui lui avait donné l'amour du basket lorsqu'ils étaient petits. Ils s'étaient rencontrés au États-Unis mais c'était au Japon qu'ils s'étaient réconciliés, et malgré que c'avait été cet amour commun pour ce sport qui les avaient séparés, c'était aussi pour cette raison qu'ils s'étaient remis à jouer ensemble.

À cette pensée, Kagami émit un sourire nostalgique. Il était heureux. Heureux de retrouver son frère. Heureux que prenait le sens de sa vie. Il avait trouvé une équipe qui pouvait avoir confiance en leur as et sur qui le rouge pouvait se fier, partageant des moments inoubliables avec eux et cela ne se terminera pas de si tôt.

Aussi, non seulement ce sport qu'il estimait plus que tout lui avait permis d'avoir une équipe soudée, des amis, mais lui avait aussi octroyé des adversaires plus forts les uns que les autres, qui lui aliéner l'envie de vaincre, de se surpasser à chaque match, dans le seul but de ressentir ces vibrations, ce plaisir sauvage indestructible lorsqu'il se mesurer à la génération miracles.

Ryota Kise. Le dernier à avoir rejoint cette équipe de génies, et le premier qui avait reconnu le talent du tigre comme égale à la génération miracles. Ou plutôt, comme potentiellement capable d'atteindre leur niveau. Car lors de leur premier affrontement ça n'avait été qu'un match amical et le tigre avait quand même eu beaucoup de difficultés à arrêter la copie de l'as de Kaijo. D'autre part, le rouge avait été encore loin d'accéder à son plein potentiel. Mais il s'était affiné au fil des matchs et Shintaro Midorima le shooter de la génération miracles, pouvait en témoigner mieux que quiconque.

Ses incroyables sauts et sa pétulance avaient laissé le vert plusieurs fois en mauvaises postures. Qui pouvait réellement songer qu'un individu lambda venu tout droit des États-Unis, avait assez de talents et de force dans les jambes pour stopper les shoots tant redoutés par les adversaires de Midorima ? Mais fallait croire que Taïga en avait malgré les contestations du shooter, même si au fond il le reconnaissait pour sa valeur en tant que joueurs intéressant. Mais chut. Ne le dites surtout pas à Kagami. Il en serait trop fière et de toute façon, le joueur de Shutoku était trop Tsunderer pour l'avouer. Il était méthodique, ordonné et soigné, limite à l'obsession.

Tout le contraire du pivot de l'équipe de génies du collège Teiko, Atsushi Murasakibara qui n'hésitait pas à dire ce qu'il pensait. Enfin, quand cela lui arrivait de penser parce qu'excepté les friandises, les chips, les gâteaux et le chocolat, le géant exécrait toute activité physique ou mentale, les légumes, les fruits et tout ce qui s'apparentait aux devoirs en général. Considéré comme un enfant jobard, il devait néanmoins son talent pour le basket à un physique idéal pour un tel poste, vu par la plupart des équipes adverses comme de la triche. Et quand bien même, il n'était pas spécialement méchant, leur début était plutôt houleux, trouvant le violet acrimonieux jusqu'à se demander comment son frère de cœur pouvait le supporter.

Cependant, ce n'était pas comme s'il avait failli lui planter une paire de ciseaux dans le visage sûrement dans l'unique but de l'observer se vider de son sang, comme avec le capitaine de la génération miracles, Seijuro Akashi. Il s'était montré (trop) téméraire. S'incrustant dans leur touchante retrouvaille, il avait eu l'audace, ou la stupidité selon les points de vues, de défendre le jeune Furihata à cause du regard et du ton altier que s'était permis de prendre le capitaine de Rakuzan, parce que le roux voulait juste être seul avec ses anciens coéquipiers. Le dunker s'était présenté, un sourire aux lèvres avec toute la confiance en lui et en ses capacités qu'il estimait justifiées, l'air de dire « préparez-vous à bouffer le parquet car je vais tous vous écraser un par un ».

Notamment l'as de la génération miracles et l'ancienne lumière de l'ombre, Daiki Aomine.

Un scoreur sans égal, il avait toujours adoré le basket, le pratiquant depuis petit dans la rue avec des joueurs souvent plus vieux que lui. Plus son adversaire était fort, plus son sourire s'illuminait. Son amie d'enfance Satsuki Momoi avait toujours du plaisir à le regarder jouer pendant des heures.

Jusqu'à sa dernière année à Teiko où il avait perdu cette joie de sentir ses doigts glisser sur la sphère en caoutchouc qui lui avait pourtant procuré tellement de bien. Il n'avait plus trouvé de basketteur capable de lui faire cracher ses poumons tellement leur duel était intense, se rendant compte qu'il devenait trop fort pour les autres. La pression, les frissons dans le corps, l'adrénaline, l'impatience de connaître la fin du match car l'issue restait incertain, tout cela s'était éteint de même que son instinct animal.

Finalement, il avait dû attendre son entrée au lycée pour que son ancienne ombre ne lui octroya ce qu'il avait depuis longtemps si cruellement désiré : un adversaire digne des plus grands joueurs capable de rivaliser avec le scoreur. Taïga Kagami. Celui qu'il avait pourtant méprisé pour être là nouvelle lumière de Tetsu alors qu'il n'en était pas digne. C'était du moins ce que le basané avait toujours certifié depuis leur petit duel de rue, ce qui s'était davantage consolidé lors de leur cuisante défaite à l'Inter lycée.

Mais le tigre s'était juré de lui montrer la voie de la défaite. Il était parti rejoindre Alex au États-Unis dans le but de s'améliorer, de chercher son propre instinct sauvage celé au plus profond de son être.

Le premier match de la Winter Cup. La première victoire de Seirin du championnat. La première défaite d'Aomine. Il s'était fait écraser par Tetsu et Kagami. Puis ils avaient enchaîné les victoires. D'abord, contre la défense impénétrable de Murasakibara, puis ils avaient abattu la copie parfaite de Kise pour finir par se frayer le chemin vers la première place du podium, en jouant leur dernière et ultime carte contre Akashi et les rois sans couronne. À eux deux avec l'aide de leur coéquipiers et leur foi indestructible des uns et des autres, ils leur avaient rendu leur goût pour ce sport et montré ce qu'était le travail d'équipe. La génération miracles était redevenue normale.

Ils s'entendaient tous très bien avec le tigre et lui-même s'adaptaient assez facilement aux membre de l'ancienne équipe de Teiko. Au point d'être devenu le petit ami de l'as de Tōō.

Aomine Daiki et Kagami Taïga formaient un couple depuis maintenant un an et un mois. Ils s'aimaient, se disputaient, se taquinaient, s'envoyaient en l'air, se disputaient et s'envoyaient en l'air. La panthère était très jalouse et possessive. Elle ne supportait pas quand un homme ou une femme se permettait de s'approcher de trop près de SON tigre. Et dieu seul sait que le roux se faisait souvent accoster, et principalement par des femmes plus âgées.

Kagami se souvenait du jours où ils étaient allés à une soirée organisée par Kise pour fêter la sortie du nouveau magazine spécial plage, où le blond avait dû prêter son corps de sportif. Pour éviter de s'ennuyer parce qu'à part le mannequin, ils ne connaissaient personne, les tourtereaux avaient convenu d'y aller avec Kuroko et Momoi, ce que Ryota avait accepté avec grand plaisir.

Lors de la soirée, Aomine surveillait du coin de l'œil toutes les personnes que son compagnon abordait, au cas où un accident se produisait, avait-il platement expliquait à Kuroko en sentant le regard insistant de ce dernier posé sur lui.

Le plus petit lui avait conseillé d'arrêter d'être aussi jaloux pour rien car c'était « immature même de la part d'Aomine-kun ». Le plus grand avait méchamment grogné mais s'était vite calmé devant les yeux impassibles de son vis-à-vis. Il s'était alors détendu et avait arrêté d'épier son chéri, en faisant comme lui : chercher la sympathie des gens.

Une heure après, le bleu avait rejoint un petit groupe entrain de converser sur les nouvelles tendances vestimentaires. Pour dire vrai, il n'avait pas écouté un traître mot de ce qu'il s'était dit, trop occupé à chercher Taïga des yeux en manque de sa source de bonheur. Ses rubis bleu nuit s'étaient posés sur le rouge en train de rire à gorge déployée avec une femme d'une vingtaine d'années qui l'avait littéralement dévoré du regard. Elle s'était montré extrêmement tactile. Le sourire accroché au visage affichant fièrement ses dents blanches, elle avait exhibé son port de tête et son décolleté mis en valeur par sa belle robe noire en dentelle tout le long de leur discussion. Pas de doute, Kagami lui avait tapé dans l'œil et n'avait pas été contre l'idée de se le faire.

D'autant plus, qu'elle était belle et élégante aux traits fins, exactement le type de filles du dunker. Car Kagami était bisexuel et ne se le cachait pas. Son compagnon le savait parfaitement et ça ne le dérangeait pas, du moment qu'il l'aimait et qu'il n'allait pas voir ailleurs comme ça avait été le cas à cette soirée. Et de toute façon Aomine était un adepte du corps féminin à la poitrine généreuse et était fan inconditionnel de Mai Horikita.

À cette vue, les yeux dangereusement plissés tel un félin qui se retrouvait en face de son ennemi, la mâchoire contractée, la panthère à l'intérieur de lui, lui avait hurlé d'aller marquer son territoire.

Il avait donc quitté son groupe de copains pour rejoindre son amant dans le but de le sauver des griffes de cette voleuse de petit ami. Passant son bras autour du coup de son compagnon, Aomine avait toisé la brune de haut en bas qui s'était mis à dandiner, mal à l'aise. Le roux comprenant les intentions du bleu, avait fait les présentations afin d'adoucir l'atmosphère.

Après cette légère scène de ménage, ils avait pu passer la soirée tranquillement jusqu'à une heure du matin, non sans surveiller de près ou de loin, la dragueuse au cas où elle aurait été tenté d'assouvir ses besoins avec un certain roux.

Quand ils étaient rentrés dans l'appartement du rouge, Aomine s'était violemment jeté sur ses lèvres. La nuit avait été très courte pour les deux félins. L'as de Tōō avait bien fait comprendre au roux qu'il était à lui et à personne d'autre, ce que son fessier avait attentivement pris soin de retenir.

Bien entendu, sur le terrain ils étaient toujours rivaux et c'était ce qu'ils appréciaient. Ils se connaissaient par cœur, et même leurs infimes réactions n'étaient plus un secret pour l'autre. Comment faire pour battre celui que vous aimez et qui connaît le moindre de vos gestes ? Eux-mêmes ne le savaient pas mais c'était ce qui rajoutait de l'excitation, du challenge, du piment dans leur relation, et ils ne pouvaient qu'en être que plus ravis.

Kagami arriva finalement devant son immeuble. Après deux semaines passées loin de sa panthère, le voilà devant la porte de son, ou plutôt, de leur nid douillet. Car, Aomine aimait souvent venir à l'improviste pour, au final, y rester des jours voire des semaines à se sauter dessus l'un sur l'autre, et pas toujours de façon positive. Avec deux félins dominants comme eux, ce n'étaient pas tout le temps le grand amour.

Il pouvait enfin se blottir dans ses bras protecteurs, possessifs et jaloux. À l'idée d'y penser, il ne fit pas plus de cérémonie et inséra sa clé dans la serrure avant de pénétrer dans l'appartement, sa valise et son sac dans ses mains.

Mais c'était une grave erreur de se précipiter la tête la première et surtout l'odorat, dans la cage.

Un relent insoutenable lui parvint en plein dans les narines, lui coupant toute respiration. Il enjamba la direction vers la bai vitrée menant au balcon afin d'assainir son logement. Il posa ensuite ses iris écarlates sur le salon et la cuisine américaine et vit avec effroi l'ampleur des dégâts causés par son dépravé de petit ami.

Les lieux étaient complètement souillé.

La vaisselle sale était entassée sur l'évier qui commençait à s'égailler sur le plan de travail, dont quelques assiettes sales campaient sur la table-basse du salon, ainsi que des cartons de pizzas vides ou presque et de canettes de soda et de bouteilles. Des morceaux sans doute de viande cramés décoraient ses poêles posées nonchalamment sur sa gazinière. Des sacs-poubelle pleins, se disputaient le peu de place sur le sol de la cuisine, où volaient dans la pièce des mouches, apparemment en cherche de nourriture encore comestible. Des fringues épars, que Taïga reconnut pour certains comme étant les siens, jonchaient le sol formant un chemin vers le couloir ou au choix, vers le canapé.

Kagami était complètement choqué, dépassé par les événements et surtout la colère commençait à éclore à cause du bordel que lui imposait son amant. Merde ! Comment Daiki pouvait-il à ce point rendre la baraque sans dessus dessous en seulement DEUX semaines ?

Et dire qu'il avait insisté des jours, des semaines, des mois, auprès d'Aomine pour que ce dernier accepte enfin d'emménager chez lui. Pourtant, ce n'était pas faute de la mère du basané d'avoir prévenu le rouge sur le manque alarmant d'hygiène de son fils.

Kagami avait besoin de réfléchir, de faire le point sur la situation, de se calmer pour ne pas imploser. Alors qu'il s'assit sur le canapé en cuir noir, ses fesses rencontra la télécommande allumant l'écran plat dernier cri qui montrait deux jolie jeunes femmes aux formes avantageuses et à moitié dévêtues, se caresser sensuellement en glapissant.

Non. Aomine n'aurait quand même pas osé?! Ne voulant pas en voir plus, le roux attrapa la télécommande et éteignit l'écran avec d'égout. Il se leva et arracha le CD du magnétophone et le jeta dans la poubelle, dépourvu de toute compassion. Qu'Aomine outrageait les règles de vie commune et de propreté élémentaires était encore acceptable. Son compagnon avait en effet, pris l'habitude de passer derrière le bleu et d'effacer les traces de ses passages. En revanche, qu'il se payait le luxe d'apporter sous son toit ses lectures et ses films méphistophéliques était hors de question et le mettait toujours sur ses gonds. Il n'avait qu'à fermer les yeux pour imaginer la panthère imprimer son postérieur sur le canapé avec un soda à la main et mini Daiki dans l'autre. Fuck.

Le tigre vit littéralement rouge.

Décollant vertement ses fesses du meuble, il se mit en tête de nettoyer les turpitudes d'Aomine, avant qu'il ne se rendit compte avec désespoir et angoisse qu'il n'avait pas fait le tour des autres pièces. Il rejoignit alors la porte de sa chambre et l'ouvrit avec appréhension.

En réalité, le carnage dans la pièce à vivre n'était qu'une mise en bouche. L'apéritif.

Sa chambre s'était transformée en lupanar. Un remugle de fauve en rut empestait, à tel point que Kagami pensait mettre sa chambre en quarantaine pour les trente prochaines années. Des magazines érotiques servaient maintenant de parquet et des films du même genre décoraient la table de bureau. Les titres

« Des vacances aphrodisiaques » était marqué en gros sur la couverture d'une des nombreuses revues coquines annonçant clairement la couleur. Forcément, Kagami n'ayant pas été là pendant deux semaines, pour Aomine c'était comme des vacances en charmante compagnie avec ses demoiselles sur papier glacé, vêtues d'un slip de bain rose et de leurs mains qui couvraient... Kagami se demandait ce qu'elle cherchaient à couvrir puisqu'elles ne masquaient justement rien, ou presque. Elles étaient assises sensuellement sur le sable de la plage l'une à coté de l'autre. Plus il passait en vue les magazines, plus les couvertures étaient indécentes et cochonnes, même pour Kagami. « Chaudasses soumises » exposait une jeune femme à quatre pattes, offrant littéralement son jolie minois au regard du puceau qui souhaiterait se faire du bien, habillée d'oreilles de chat, d'un soutient gorge en cuire noir, dont des lacets moulaient parfaitement sa taille, ainsi que des cuissardes assorties. Le paroxysme fut lorsque Taiga découvrit un godnichet rouge fluo maculé de... mieux valait pour ses nerfs qu'il n'y prête pas attention, au pied de son lit.

Prit d'une envie meurtrière, le félin récupéra un nouveau sac poubelle dans la cuisine, qu'il emplit de ces cochonneries qui avilissaient tant son havre de paix. Et tout en rangeant, un rictus malsain apparut sur son visage. Si Daïki portait tellement aux nues les revues et films X, alors son amant lui fera un plaisir de lui apporter sur un plateau d'or le meilleur des pornos.