Enfant du démon… Ou démon de l'enfant ?
Résumé : Je suis Sachiko. Sachiko Hasegawa. Ma vie, ça n'a jamais été la plus belle. Mais bordel, comment ai-je fais pour atterrir dans ce trou ? ! Et qu'est-ce qu'IL fait ici ? ! Comment est-ce que tout ça à commencé..?
Disclaimer : Les personnages, excepté Sachiko, ne m'appartiennent aucunement. Dommage…
Rating : K+
Autre : Ma petite Sachiko que je crée sur tous les forums rpg où je m'inscris, bien que certains détails changent continuellement, a enfin sa propre petite fanfic 3. J'espère que vous aimerez =)
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Plic. Ploc. Plic. Ploc.
Les seuls sons que j'entends depuis quelques jours. Le bruit incessant, et royalement agaçant, des gouttes d'eau qui tombent sans relâche sur le sol froid et dur. Le bruit de mon cœur qui bat, aussi. Mais pour combien de temps ? Combien de temps me reste-t-il ?
Depuis combien de temps suis-je ici, au juste ? Je ne sais pas, je ne sais plus. J'ai affreusement maigrie. Mes cheveux sont devenus plus longs et gras, je sens les ordures. Je ne sens plus depuis longtemps les bracelets de fer qui me retiennent prisonnière. Depuis combien de temps suis-je dans cette cellule crasseuse ? Et pourquoi, déjà ? Quand est-ce que tout cela à commencé ? Je ne sais pas, je ne sais plus…
Plic. Ploc. Plic. Ploc.
Ce son va finir par me rendre folle. Mais ne le suis-je pas déjà ? Ça expliquerait tant de choses. La porte grince soudainement. Surprise, je lève faiblement la tête. Mes yeux s'écarquillent de stupeur en voyant la personne qui se tient dans l'embrasure. Est-ce vraiment lui ? Non… C'est impossible, il est mort !
Plic. Ploc. Plic. Ploc.
Le temps semble se figer un instant alors qu'une larme roule sur ma joue. Comment est-ce que toute cette histoire à bien pus commencer ? Quand a-t-elle commencée, exactement..? Je ne sais plus. Peut-être qu'en me concentrant, je pourrais me rappeler… Me rappeler de tout ce qui s'est passé pour que j'en arrive à moisir ici pendant quelques semaines déjà…
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Je suis nerveuse, terriblement nerveuse. Mes cheveux de la couleur des douces fleurs de lilas tombent doucement sur mes épaules frêles. Mes grands yeux rouges brillent d'anxiété sur ma peau pâle. Ma petite main potelée et tremblante est posée avec hésitation sur la porte. Je fête mes quatre ans, aujourd'hui. Vous vous rendez compte ? Je suis grande, maintenant ! Et aujourd'hui, parce que c'est mon anniversaire, mes parents m'offrent le plus beau des cadeaux. Je vais pouvoir sortir à l'extérieur, voir le monde autour de moi. Mais j'avoue que je suis bien nerveuse. Après tout, il paraît que c'est très grand, dehors ! Encore plus grand que ma maison, vous vous imaginez ?
Je me tourne pour regarder mon père. Celui-ci me fait un grand sourire rassurant. Maman ne peut pas être là, elle est malade. C'est peut-être parce qu'elle et papa se sont disputés, hier soir. Mais ce n'est pas important. Il est juste derrière moi, je n'ai rien à craindre. Pourtant, il doit bien y avoir une raison au refus de mes parents de vouloir me laisser sortir dehors pendant toutes ces années ! Ça doit être dangereux, non ?
Je renvois son sourire à mon père. À ses côtés, il y a mon grand frère. Ils sont gentils avec moi. Par contre, c'est différent pour maman. Je ne sais pas trop pourquoi, mais elle est toujours occupée quand je veux lui parler. Des choses plus importantes que m'écouter, ou du moins ne serait-ce que me regarder. Mais bon, ce n'est pas important, pas pour l'instant.
Percevant visiblement mon hésitation, onii-san me dit gentiment :
- Tu peux y arriver, Sachiko. Ce n'est pas effrayant, dehors, tu vas voir !
Sachiko, c'est moi. Je suis Sachiko Hasegawa. Lui, c'est mon frère ainé. Il a sept ans et il va à une super académie ninja ! C'est trop chouette, non ? J'ai hâte de pouvoir y aller, moi aussi. Mais pour ça, il faut d'abord que je traverse cette porte ! Un sourire déterminé sur le visage, j'hoche vigoureusement la tête.
- Oui !
Puis, sans la moindre hésitation, je pousse la porte, pour faire mon premier pas à l'extérieur. Je suis aussitôt ébahie par la grandeur de cette chose, ainsi que par le nombre de personnes déambulant en son sein. Le village caché d'Iwa… C'est énorme ! Et y'a des tas de maisons comme la mienne ! Je suis époustouflée.
Les gens me regardent bizarrement, visiblement bien amusés par mes réactions exagérées. Mon frère garde résolument sa main appuyée contre mon épaule droite, pour je ne sais quelle raison. Une drôle de bête, mignonne comme tout, vole près de mon visage, me faisant sursauter. Elle se pose sur mon nez, ce qui me chatouille. Intriguée, je demande :
- Onii-san, c'est quoi ce truc ?
- Un papillon. Il y en a beaucoup, ces temps-ci.
- C'est beau !
Il sourit doucement.
- Oui, magnifique.
Mon frère à toujours aimé ce qui était joli. Néanmoins, il a sa propre vision de la beauté et je sais très bien qu'il ne m'approuve que pour me faire plaisir, mais ça fonctionne. Il me regarde un instant, de ses yeux aussi bleu que le ciel. Il est joli, mon frère ! Sa peau est plus dorée que la mienne. Ses cheveux, longs et blonds, ne sont jamais attachés. Il a presque l'air d'une fille, du moins jusqu'à ce qu'il parle ! Mais il a quelques différences qui le complexent beaucoup. Cependant, seuls moi, papa et maman sommes au courant. Il garde précieusement son secret, mon onii-san !
Il se fait soudainement interpellé par un de ses amis.
- Oï, l'artiste ! C'est à cette heure là que tu te décide à sortir ?
Oh oui. Mon frère se fait toujours appelé « l'artiste », et ça lui fait plaisir. Parce qu'il aime l'art. C'est aussi simple que ça. Et même qu'il me fait souvent toute sorte de figurines. C'est super joli ! Enfin.
Le garçon, du même âge que mon frère, arrive près de lui. Il me regarde un instant, perplexe.
- Dis-moi, c'est qui cette fille ?
- Je suis Sachiko ! Sachiko Hasegawa !
- Hasegawa ?
Un grand sourire se peint sur son visage.
- C'est donc elle, la sœur dont tu ne cesse de me parler !
Je sens mon père, rester en retrait depuis le début, tressaillir, mais il ne dit rien. Mon frère, quant à lui, sourit, sans enlever sa main de mon épaule.
- Oui, c'est bien elle.
- C'est vrai qu'elle est mignonne ! Un peu bizarre, mais mignonne !
Je lève de grands yeux surpris vers l'inconnu.
- Je suis bizarre ?
- Sûr ! T'es toute petite ! En plus, j'ai jamais vu des gens avec des cheveux de la même couleur que les tiens ! Et tes yeux, bon sang ! Ils sont trop coooooool !
Je rougis légèrement, peu habituée à tant de compliments. La main d'onii-san se crispe sur mon épaule. Visiblement agacé, son ami lance :
- Oh mais lâche-la un peu, elle ne va pas s'envoler !
Il enlève brusquement la main du blond de mon épaule, laissant celle-ci à nu puisque je suis en débardeur. Il peut ainsi voir le magnifique petit tatouage sur ma peau. C'est un petit chien, avec cinq grandes, grandes queues ! Et bah il parait que ce gros chien, il dort dans mon corps, mais c'est un secret !
L'enfant face à moi devient tout pâle, ça fait presque peur. Bégayant, les yeux tout écarquillés, il cria :
- Ta… Ta sœur ! C'est… C'est elle ! Le Jinchuriki de Gobi, cette gamine disparut depuis quatre ans ! Tes parents la cachaient, c'est ça ? !
Les gens autour de nous se tournent tous pour me fixer. Au fur et à mesure qu'ils voient mon tatouage, des rumeurs montent dans la foule. Jusqu'à ce que la foule en devienne menaçante. Je commence à trembler devant les regards haineux qu'ils me lancent. Une roche de la grosseur de mes deux poings réunis vole soudainement vers moi alors que quelqu'un dans l'assemblée hurle :
- Prend ça, enfant du démon !
Sans réagir, j'observe le caillou qui fonce vers moi. Mais soudainement, mon père apparaît devant moi, balayant le projectile d'une simple pichenette. Me prenant dans ses bras musclés, saisissant onii-san par le poignet, il murmure :
- Venez les enfants. Nous ne sommes visiblement pas désirés ici.
Il jette un dernier regard hargneux vers la foule, avant de disparaître, sa progéniture dans les bras…
Oui, je crois bien que c'est là que tout à commencé. Le début de la descente en Enfer…
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J'ai vieillit, beaucoup vieillit. J'ai treize ans, maintenant. J'ai compris bien des choses, durant toutes ses années. Je suis une Jinchuriki. Ce tatouage sur mon épaule droite, c'est mon sceau, celui qui fait que Gobi est scellé en moi. Mais ce gros chien se réveille peu à peu, c'est ce qui fait peur aux gens. Mon physique étrange n'arrange pas les choses. Je suis toujours aussi petite comparée à la moyenne. Mon frère est devenu mon protecteur attitré. Je m'en veux de lui faire subir pareille souffrance. Il me défend lorsque je me fais insulté, il fait toujours en sorte d'éviter la bataille, il me rassure dans mes pires moments. C'est bien le seul être à faire ça avec moi. Ma mère me hais autant que tout le monde, c'est pour ça qu'elle refuse de m'adresser la parole. Elle ne supporte pas d'avoir mis un démon au monde. Quant à mon père… Il est plus compréhensif qu'elle, mais il reste tout de même un peu réservé. Jamais il ne m'a affirmé qu'il m'aime, qu'il est fier de moi. Ça, c'est le job d'onii-san…
Pourtant, ils auraient de quoi être fier. Ça fait déjà deux ans que j'ai été promue Genin. Je suis plus puissante que la moyenne, mais ça ne fait qu'accentuer mon rejet. Les gens disent que c'est parce que je me sers du pouvoir démoniaque de Gobi. Est-ce vrai ? Le ferais-je sans m'en rendre compte ? Ce n'est pas très important.
Il fait nuit depuis un moment déjà. Mais je ne parviens pas à m'endormir. En bas, dans la cuisine, mon père et ma mère se dispute, encore. Mais ça semble plus violent que jamais, cette fois. Je veux dire, violent en matière de sentiments. Jamais ma mère et mon père ne se sont battus. De toute façon, ça ne serait pas équitable. Mon père est un Jounin et ma mère n'est qu'une civile. Enfin.
Soudainement, la voix de mon frère se joint à la partie. Là, je comprends que c'est vraiment important. Perplexe, je me lève d'un bond, avant de me diriger silencieusement mais rapidement à la cuisine, comme me l'a apprit à contrecœur mon senseï. La première chose que j'entends, c'est la voix tremblante de rage de mon frère.
- Et tu as pensée à elle là-dedans ? ! T'es qu'un égoïste ! Si tu crois que ça te fait plus mal qu'à elle, tu te fourre le doigt dans l'œil, et jusqu'au coude !
La voix de mon père, toute aussi bouillante, après tout ils ont le même caractère, retentit à son tour :
- Elle n'a pas de sentiment, tu le vois bien ! Elle n'en a plus ! Elle s'est habituée à ce traitement ! Pas moi ! Et je refuse de devoir subir ça sous prétexte qu'elle est ma fille ! Je n'ai pas décidé d'en faire un Jinchuriki, c'est le Tsuchikage qui l'a fait ! Je n'ai pas à payer pour ça !
Ils parlent de moi. Ils se disputent à cause de moi, encore. Je détruis ma famille contre mon gré et ce depuis ma naissance. Je mets bien en place mon masque d'impassibilité, ce masque que je me suis construit pour résister à ce genre de chose. Pour résister aux insultes, aux attaques, pour faire comme si elles ne me touchaient pas…
- C'est faux ! Ça lui fait mal, tout ça ! Seulement, elle ne le montre qu'en face de moi ! Bordel c'est ta fille, tu devrais le savoir ! Et puis, tu crois vraiment qu'elle a choisit d'être un Jinchuriki peut-être ? ! Elle n'a pas non-plus à payer pour ça !
Mon père ne répond rien, alors que moi j'ai de la difficulté à rester de marbre devant ces paroles. Devant le silence pesant qui s'installe, je peux entendre parfaitement les sanglots étouffés de ma mère. Qu'est-ce qui se passe ? Le blond, la voix accusatrice, lâche :
- Après, si t'es trop lâche pour pouvoir protéger ta propre fille, c'est ton problème.
J'entends le bruit caractéristique des vêtements qui claquent lorsque mon frère se tourne brusquement. Il sort de la cuisine, où il peut ainsi me voir, tremblante. Nos regards se plantent l'un dans l'autre. Il voit ainsi très clairement toute ma détresse, d'autant plus que mes cheveux ont passés au blanc, signe que je suis sur le point d'éclater. Nous nous fixons pendant un instant, puis j'entre en courant dans la cuisine.
Mon père est là, près de la fenêtre. Ma mère est, quant à elle, roulée en boule au sol, pleurant comme je ne l'ai jamais vu pleurer. Ils sourcillent à peine devant la couleur peu habituelle, du moins pour moi, de mes cheveux. La voix légèrement tremblante, je demande :
- Qu'est-ce qui se passe ?
C'est onii-san qui répond, arrivant derrière moi et posant ses mains sur mes épaules comme il a l'habitude de le faire. C'est la position qu'il prend lorsqu'il veut me protéger moralement. Fixant mon père, hargneux, il répond :
- Ce connard a décidé de foutre les voiles.
J'écarquille les yeux. Regardant à mon tour l'homme m'ayant mise au monde, je demande :
- Tu… Tu pars ? Tu vas déserter, c'est ça ? !
Il ne répond rien. Ça ne sert pas à grand-chose, de toute façon. Les larmes me montent rapidement aux yeux.
- C'est ma faute, c'est ça ? ! Je vous ai entendu vous disputer ! C'est à cause des réactions des gens hein ? !
Encore une fois, il ne dit rien. Dans le mile. Il ne fait que lever son regard d'encre vers moi, me fixant longuement. J'aurais tant voulut qu'il me rassure, ce regard. Mais non. Au contraire, il est bien plus accusateur que d'autre chose. Mon père se tourne, de sorte à faire face à la fenêtre.
- Adieu, lâche-t-il avant de disparaître.
Je sens comme un déchirement dans ma poitrine. Deux oreilles pointues poussent sur ma chevelure, prouvant que ça ne va vraiment pas. Mais mon visage est impassible. Je ne dois rien montrer. Sans un mot de plus, je monte vers ma chambre, ne me souciant guère de ma mère, cette femme inconnue à mes yeux. Onii-san se charge déjà d'elle, de toute façon. Je me glisse silencieusement dans mon lit, incapable d'abandonner mon orgueil pour pleurer.
Soudainement, mon frère s'allonge dans le lit. Surprise, je me tourne vers lui, juste à temps pour voir ses bras puissants m'entourer pour le serrer contre son torse. C'est tout ce qui me fallait. Je me blottis contre lui, comme lorsqu'on était enfant, et je pleure enfin. Mes cheveux redeviennent de leur couleur initiale alors que je laisse libre court à mes sanglots silencieux. Et malgré toute sa bonne volonté, je sens bien ses propres larmes…
Nous nous sommes endormis ainsi, complètement épuisés par toutes ces émotions.
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Deux ans se sont écoulés depuis cet événement terrible. Depuis ce jour, les gens sont encore plus distants avec moi, d'autant plus que j'ai rapidement été promue Jounin de part ma puissance, ce qui les terrifie. Ce qui me fait mal. Mais mon frère est fier de moi, alors je continue de progresser. Le blond est désormais ma seule famille, même si on ne se ressemble guère. En fait, personne ne pourrait déterminer que nous sommes de la même famille. Sa peau est dorée, la mienne est blanche comme la mort. Il a les cheveux longs, blonds et attachés en queue de cheval, tandis que les miens sont lilas, mi-long et toujours relâchés sur mes épaules. Je suis bien plus petite que la moyenne alors que lui est plutôt grand. Ses yeux sont de la couleur du ciel alors que les miens sont de la couleur du sang. En bref, nous ne sommes pas très semblables. La seule chose qui pourrait trahir notre lien de parenté, c'est l'esprit très protecteur de mon onii-san à mon égard.
Aujourd'hui, comme nous avons terminé notre mission respective plus ou moins au même moment, nous rentrons ensemble à la maison, silencieux. Nous n'avons pas besoin de mot pour savoir que nous sommes heureux de nous voir. De toute façon, ça n'aurait pas été très subtil. Nous parlerons une fois arrivés à la maison.
Évidemment, je n'avais pas prévu ce qui arriva une fois arrivé.
L'horrible odeur qui régnait dans l'habitation nous alerte aussitôt. Onii-san me fait signe de l'attendre pendant qu'il inspecte la maison. Je secoue la tête, lui répliquant, toujours à l'aide de signes, que je vais le couvrir. Il soupire, mais ne réplique rien. Il me fait seulement savoir de rester derrière lui.
Je le suis donc silencieusement dans la maison. Mes cheveux commencent à pâlir, sans pour autant devenir blancs, sous l'effet de l'anxiété. J'ai un mauvais pressentiment, qui s'accentue lorsque nous arrivons près de la cuisine, là où l'odeur est la plus écœurante. Nous nous stoppons un instant, nous jetant un petit regard perplexe. Mon frère me fait signe d'attendre son signal avant d'entrer dans la pièce. J'hoche doucement la tête, le regardant disparaître derrière la porte de cette pièce macabre.
Il ne s'écoule qu'une fraction de seconde avant qu'un mot ne fuse dans la maison. Un mot emplit de surprise, de colère et de tristesse.
- Bordel…
Suivit d'un bruit de quelqu'un qui vomit. Surprise, je m'approche de la porte pour entrer, mais Onii-san l'ouvre brusquement, m'obligeant à reculer de quelques pas.
- N'y va pas !
Je le fixe un instant, perplexe, avant de reculer d'un autre pas. Le blond me remercie du regard, avant de jeter un kunaï dans la pièce. J'entends le bruit caractéristique d'un corps heurtant le sol. Le Jounin ferme la porte avant de planter ses prunelles couleur du ciel dans les miennes, où brulait l'interrogation. Il soupire, puis il répond à ma question silencieuse :
- Disons simplement que nous sommes maintenant orphelins.
- Ah.
Pour nous, papa est mort le jour où il a déserté, même si nous ne sommes pas certains qu'il est bel et bien décédé. Néanmoins, pour que mon frère dise que nous sommes orphelins, ça ne signifie qu'une chose. La voix impassible, je demande simplement :
- Un assassinat, un accident ?
Il secoue légèrement la tête. C'est suffisant pour que je comprenne, avec ce qu'il vient de faire. Ça ne m'étonne pas vraiment d'elle. Cette femme n'a jamais réussis à passer par-dessus la désertion, et la probable mort, de mon père. Elle s'est plutôt laisser tuer à petit feu par son chagrin. Moi et Onii-san, nous savions parfaitement que ça allait arriver un jour ou l'autre…
Il me tend soudain une enveloppe avec mon nom inscrit à la main dessus.
- De sa part.
Il ouvre la sienne en même temps que moi. Je suis bien surprise par la longueur de cette lettre, écrite par une inconnue à mes yeux. Mais je ne lis que la première phrase. « Tout ça est de ta faute. ». Dans un mouvement de rage, je déchire le parchemin. Comment avait-elle osée ? ! Une lettre probablement emplit d'insulte, le tout sur son lit de mort !
Mes cheveux ont brusquement virés au blanc, alors que des oreilles pointues et couvertes de fourrure de la même couleur ont poussées sur mon crâne. Mes dents sont devenues plus aiguisées, devenant des canines, et mes ongles forment maintenant des griffes. Je la connais à peine, mais je la déteste déjà !
Mais lorsque je vois une larme rouler le long de la joue d'onii-san, lui qui ne pleure jamais, je me calme immédiatement. Reprenant une apparence normale, je demande, inquiète :
- Ça va aller ?
Il sursaute violement, détachant ses yeux de sa lettre. Visiblement, il n'a pas remarqué ma saute d'humeur. Il sèche machinalement la perle salé qui perlait toujours sur sa joue, avant de mettre rapidement le parchemin dans sa poche. Vraisemblablement, maman avait été plus douce avec lui qu'avec moi, le contraire m'aurait étonné. Remit d'aplomb, orgueilleux comme il est ça ne m'étonne guère, il lance :
- Je vais me remettre. Et toi ?
- Je m'en suis déjà remise.
Il me fixe un instant, surpris. Habituellement, il me faut un bon moment pour me remettre de la mort des gens. Je suis trop sensible. Mais pas cette fois.
- C'était une inconnue à mes yeux. C'est tout.
Il approuve d'un mouvement de tête, ne pouvant démentir mes propos. Il me saisit délicatement la main, avant de me tirer doucement vers l'extérieur. Je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il tremble. Beaucoup. Lorsque nous sommes finalement à l'air libre, il me demande, fixant le ciel d'un air absent :
- Sachiko… Est-ce qu'un lien t'unis à ce village ?
Je suis tétanisée par la surprise provoquée par sa question. Mais ma réponse est immédiate.
- Non.
Il baisse les yeux et se retourne, me regardant gravement.
- Je vois.
Il se replonge dans ses pensées sombres, se grattant le menton de sa main gantée, comme toujours. Il refuse d'enlever ces gants, d'ailleurs. Seule moi sait pourquoi, dorénavant. M'enfin, là n'est pas le sujet. La voix dure, je demande :
- Qu'as-tu derrière la tête, onii-san ?
Il pousse un léger soupir.
- Et bien… La seule raison qui me poussait à rester ici, à te forcer à rester ici par la même occasion, c'était que je ne voulais pas laisser maman seule. Mais maintenant qu'elle est morte…
J'hausse un sourcil. Déserter. Cette option ne m'a pas effleuré l'esprit qu'une fois. Nous avions l'occasion rêvée. La nuit était tombée depuis un petit moment, les gardes de nuit ne devaient donc pas être efficaces à cent pourcents. Parfait.
- Je vais te répondre bien sincèrement.
J'exécute une série de signes à une vitesse incroyables sous les yeux ébahis de mon frère, qui doit se croire attaqué. Je plaque ma main au sol alors qu'il recule d'un bond.
- Doton, Yomi Numa !
Comprenant soudainement mes intentions, il se retourne brusquement pour fixer notre maison, qui se fait maintenant ensevelir à une vitesse incroyable par des marécages mouvants. Je me lève d'un bond. En passant près de lui, je déclare doucement :
- Si tu veux rester quelques instants pour lui dire quelques mots, je comprendrai. Je t'attendrai au parc près d'ici.
- Ça va aller.
Il jette un dernier coup d'œil à cette maison, à nos souvenirs qui s'enterrent. Puis le blond se tourne vers moi et murmure :
- Allons-y.
Ce soir-là, nous sommes partis du village, discrètement, sans bataille aucune. Bien sûr il y en a eut plusieurs par la suite, mais pas cette nuit-là. Nous avons fait un campement de fortune à quelques kilomètres du village. Et malgré tous ses efforts pour se dissimuler, j'ai bien vu les larmes de mon frère. Mais je n'ai rien dit qui pourrait le blesser. Après tout, lui était bien plus attaché à notre mère que moi-même.
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Ça, se n'est que ce qui nous a conduit à l'histoire principale. La véritable histoire, elle commence maintenant. Le pourquoi c'est impossible que LUI se retrouve face à moi, le comment je me suis retrouvée ici…
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Le premier qui me dit qui est le fameux onii-san, je lui donne un cookie =D (Remarquez, avec tous les indices que j'ai mit, ça devrait pas être trop compliqué XD)
Long chapitre d'intro pour décrire, en gros, ce qui s'est passé pour notre petite Sachiko. Les autres chapitres devraient être moins longs, mais plus intéressants =)
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