center u b World of Warcraft
Naissance d'une Réprouvée
Disclaimers : On pourrait croire que cet univers m'appartient, mais il est la propriété de l'éditeur de jeux vidéos Blizzard.
Avant propos : Cette fiction est une introduction à la vie de la guerrière que j'incarne sur le serveur « La Croisade Ecarlate » Vous n'avez pas besoin de connaître World of Warcraft. Juste de lire. Tout est expliqué dans ce récit.
Mourir. C'est déjà laid en soit. Songer à tout ce que l'on a laissé inachevé. A ce que l'on n'a pas eu le temps d'accomplir. Mails il y'a différentes morts. Et celle qui s'approcha à pas lents de moi est des plus atroces. L'ange blanc à la peau bleutée se penche sur chacun des lits de mes compagnons d'armes. Des guerriers, blessés au combat. Quelle chance que la leur, et quelle honte pour moi.
Je m'appelle Ara. Je suis née à Thern, province rural qui serait bientôt oubliée face à la splendeur de Lordaeron. Fille de Seigneur, enfant du milieu, j'ai cherché ma place toute mon enfance dans cette fratrie innombrable , pour finalement choisir la voie des armes. Depuis lors, j'ai toujours cru périr au fil d'une de ces infâmes lames démoniaques. Mais c'est terrassée par la maladie qu'à présent j'attends la mort.
Allongée, immobile tant mes muscles me donnent l'impression de fondre, seuls mes yeux regardent encore la vie autour de nous… ou ce qu'il en reste.
Dehors, j'entends les cris de terreurs et le choc des armes contre la chair putride. Un fléau s'est abattu sur nous. Un fléau tel qu'il ramène à la vie les corps et les retourne contre leurs propres familles. Je me trouvais détachée à Brill lorsque l'appel aux volontaires avait été lancé. J'avais alors été affectée à la protection du Glas où un hôpital de campagne avait ramené quelques vies en cette nécropole. Etait-ce parce que nous avions déjà perdu tout espoir, que les blessés soient évacués vers la ville cimetière, pour faciliter les derniers honneurs aux guerriers déchus?
Et voilà que la mort par maladie m'emporterai bientôt. Regarde moi Ange de lumière !
N'ai-je donc pas gagné le droit de mourir au combat ? Ne l'ai-je pas mérité ? Moi qui ai porté le coup fatal à mon frère devenu goule ?
Mais regarde moi, maudit ange ! N'ai-je donc pas assez souffert ? Me laisseras-tu agoniser encore longtemps ? Ne pourrais-je donc jamais rejoindre mes sœurs, disparues depuis tant de jours ? Si tu ne me le permets pas, alors laisses moi me lever ! Laisses moi me battre ! Mais écoutes moi donc!
Epuisée d'avoir tenté de capter son attention, des larmes coulent et je ferme les yeux. J'ai souhaité mourir le jour où ma sœur partie pour Stormwind est tombée sous les coups du fléau. J'ai voulu la venger, le jour où son fantôme est venu hanter Père. Je me suis battue avec mes sœurs survivantes. Nous devions être fortes. Pour notre famille. Mais maintenant que toutes sont morts, que me reste-t-il ? Cette soif de vengeance ? Le désir compulsif de détruire ce fléau qui m'avait tout pris ? Seigneur Arthas, vous nous guidez à travers les ténèbres, mais sommes nous seulement assez fort pour leur résister ?
Je ne sens plus mes jambes. Après tant de jours passés à délirer sous le coup de la fièvre, un froid salvateur se répand en moi. Une douce torpeur m'envahie, et alors que je lâche totalement prise pour me baigner de ces ténèbres apaisantes, un cri retentit en moi.
« Je n'ai pas fini de combattre. »
« Alors rejoins moi. Obéis moi. » Susurre la voix douce et envoûtante.
« Obéir ? mais pourquoi ? Qui êtes vous ? »
« Viens à moi. Je te guiderai dans la maîtrise de ta nouvelle forme. Mais pour cela ne me résiste pas. Viens à moi. »
J'aurais souhaité me jeter vers lui, tel un insecte sur la flamme. Mais quelque chose du plus profond de mon âme me hurla de m'éloigner.
« Jure moi fidélité et obéissance et tu retrouveras le monde des vivants. Suis moi. Viens à moi. »
Fidélité. Obéissance. Le serment des Soldats. Mais aussi un pacte avec les démons. Car seuls les démons pouvaient être entourés de tant de flammes, capables de transpercer l'étreinte de la mort qui enserrait mon corps et mon âme. Et c'était bien mon âme que cette voix exigeait pour libérer mon corps. Or un corps sans âme n'est rien de plus qu'une marionnette, un pantin désarticulé, un soldat du fléau.
« Viens à moi. Ne tarde plus. » Je sens sa présence se renforcer, tenter d'embrouiller mes pensées. Mais mon esprit n'est que mien. Malgré le froid et l'oubli, mes barrières se dressent, images mentales des murailles de Thern. Je l'entends hurler : « Non tu es à moi ! » Et se heurter à grand coup à ces murailles. Sa force est grande et les pierres vacillent. Je projète l'image de la cité de glace, royaume oublié du Berceau de l'Hiver. J'avais tant apprécié la quiétude des lieux, leur froid apaisant et leurs puissance tranquille.
Les coups deviennent sourds, puis cessent. Surprise du silence retrouvé, je baisse légèrement mes écrans pour voir ce qui se passe de l'autre coté. Quelle erreur. Le démon s'élance sur moi, et détruisant tout sur son passage, me heurte et vole en éclat alors qu'à nouveau, les ténèbres me submergent.
Il ne me fallut pourtant à peine quelques secondes pour reprendre connaissance et ouvrir les yeux dans une pénombre poussiéreuse. Non loin de là, des chandeliers déversaient une lumière diffuse qui éclairait à peine la pierre noire et couverte de toiles d'araignées. J'avais donc perdu connaissance plus longtemps que je ne l'avais cru. Et ils avaient transféré les blessés dans les murs même de la nécropole.
Des points blancs apparaissent dans mon champ de vision. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Je ferme les yeux, cherchant dans ce corps que je connaissais bien d'où venait cette sensation… d'asphyxie.
Respirer ! m'écriai-je en aspirant une grande goulée de cet air renfermé. J'avais oublié de respirer. Je pris quelques minutes, laissant le temps à mon corps de s'alimenter en air, avant de recommencer à analyser mon environnement. Je sentais un certain relâchement de mes muscles et le froid courait jusqu'au plus profond de mes os en certains endroits, comme le bout de mes doigts.
Lentement, je me redressai, prenant une position assise, conservant les yeux fermés. Ce n'est qu'une fois les jambes dans le vide et surprise par le fracas d'os contre la pierre que j'ouvris les yeux. Je n'eu pas le temps de regarder d'où était venu le bruit, qu'un homme se tenait devant moi..
« Bien Bien, une nouvelle sœur vient de s'éveiller. Quel était votre classe avant de mourir ? »
Perplexe, je parvins à murmurer un vague guerrière.
« Bien Bien, Dame Sylvanas sera ravie d'une telle recrue. Vous trouverez vos premières armes à l'entrée du Glas, ainsi qu'un sac à dos et quelques fournitures pour votre voyage à Brill où l'on testera votre détermination. Puis vous vous rendrez à Undercity où le Seigneur Varimathras vous indiquera où vos talents seront les plus utiles. L'alliance ne respecte plus nos accords et le fléau gagne de ce conflit. »
Il déversa ce flux d'information à un tel débit que je reconnus à grande peine les mots de Brill, Alliance, Fléau. Je pris les bottes de mailles qu'il me tendit et vis que c'étaient mes os qui avaient frappé la pierre. Il s'aperçut de ma surprise.
« Et bien, avez vous des questions ? »
« Que suis-je ? Morte ? » Demandai-je, levant mes mains ou ce qu'il en restait pour les observer. La peau s'était tendue, par endroits déchirée, et les ligaments étaient à présent saillants. Je tentais de me redresser pour m'asseoir droite, mais les muscles de mon dos devaient être dans le même état, car ce me fut impossible. J'étais condamnée à rester légèrement voûtée.
« Nous préférons le terme de Non-mort. Ou Réprouvé, à ce mort vivant que nous crachent les humains. Comme vous pouvez le voir, il vous faudra quelques temps pour vous réhabituer à vous mouvoir… »
Et en effet, le saut de ma couche funéraire manqua de m'arracher un genou dont la peau avait totalement disparue, laissant mes os à nu. En parlant de peau, il fallait avouer que la mienne avait pris une teinte franchement bleue. Et bien au moins, plus de problème pour teindre mes cheveux. Adieu le noir, bonjour mes reflets bleus.
Je me mordis la joue comme j'en avais l'habitude quand je réfléchissais, mais mes dents se refermèrent sur du vide. Mon hôte, voyant que ma surprise ne décroissait pas, s'empressa de saisir son registre et d'en tourner vigoureusement les pages.
« Ah… Alors … oui… oui… c'est cette alcôve… Ne vous inquiétez pas. A présent que vous êtes réveillée votre décrépitude va considérablement ralentir… Donc nous disions cette alcôve. Oh vous avez de la chance. Vous n'êtes pas beaucoup touchée pour quelqu'un qui est mort il y'a 250 ans. »
Panique. Ce qui m'avait paru un instant était donc en réalité plus de deux siècles ? Depuis ce temps, ma guerre avait eu mille fois le temps de s'achever et de recommencer. Et mes talents de guerrière étaient encore recherchés ? Que c'était il passé pendant toutes ces années ?
« Ah 250 ans… Vous n'avez donc pas connu la trahison d'Arthas, ni la destruction du Royaume de l'Est. Alors, pour faire un récit court, lors de l'attaque des Démons, deux camps se sont formés : l'Alliance, constituée des Humains, des Elfes, des Gnomes et des Nains, et la Horde, constituée des Orcs, des Trolls, des Taurens et plus tard, les Réprouvés, menés pas Dame Sylvanas qui a su nous rassembler pour échapper à l'influence du Roi-Liche et nous enfuir des rangs du Fléau. » Je ne pus réprimer la grimace à l'annonce de mes alliés.
« Oh vous verrez que nos alliés sont sans doute moins barbares que la plupart des militaires fanatiques de l'Alliance. Bref, ces deux clans ont persisté après la chute des démons, accusant chacun l'autre d'avoir trahis. Certaines provinces sont la proie de batailles incessantes. » J'en déduisis qu'il me faudrait vite retrouver le contrôle de mon corps si je voulais pouvoir voyager sans être inquiétée.
« Et le fléau est actuellement de retour. Avez-vous saisi la situation ? » Demanda-t-il en penchant la tête, comme s'il s'apitoyait et cherchait à vérifier que mon cerveau ne s'était pas lui aussi atrophié.
« Ma lame appartient à mon peuple, ou ce qu'il en reste. Je fais à présent partie des Réprouvés. Je combattrai pour la Horde et la Gloire de Sylvanas, notre guide. »
« J'aime votre réponse. Et bien je vais vous laisser à votre nouvelle vie. Il ne me reste plus qu'à inscrire dans ce registre votre nom Réprouvée. Vous pouvez tourner les pages si vous manquez d'inspiration. »
J'acceptais le livre épais, portant les noms de deux siècles et demi de Réprouvés. Je n'avais pas vraiment besoin d'inspiration, ce que je voulais c'était vérifier une chose. Et mon intuition ne me trompa pas. Face aux noms vivants de mes sœurs, de nouveaux noms avaient été apposé ainsi qu'une classe. Adley, Démoniste. Azury, Mage. Ainsi nous nous retrouverons sur les champs de bataille petites sœurs. Et bien, le Fléau et l'Alliance n'avaient qu'à bien se tenir. Je venais de renaître, guerrière de mon état, et mon nom serait…
« Kylara. »
« K.I.L.L A.R.A ? »
« C'est ce que mes ennemis entendront quand mon nom raisonnera dans la bataille. » Répondis-je avec un sourire qui se voulait carnassier. Il hocha la tête, approuvant mon attitude. Puis il me remit un carnet de route, où plus tard on retrouvera inscrit la liste de mes exploit. Sang et Honneur, tels avaient été autrefois les mots de mon instructeur de Thern, sans que jamais un tel comportement ne fut autorisé. Je crois que j'allais aimé être une Guerrière Réprouvée.
Notes de l'Auteur : ici commencèrent les aventures de Kylara, jeune guerrière réprouvée. Mais ceci est l'histoire du jeu
Angharrad - Octobre 2006
